JEUNE AFRIQUE n°3103 Aout - Agrobusiness

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PREMIER PLAN

L'actu vue par…

Thierry Déau « L’UE et Washington doivent unir leurs forces » Présence française en Afrique, concurrence de la Chine, rôle du FMI… Le futur actionnaire majoritaire de Suez s’est confié à RFI-Jeune Afrique dans le cadre de l’émission Éco d’ici, éco d’ailleurs. Extraits.

La présence, notamment militaire, de la France en Afrique est régulièrement critiquée. Est-ce un problème pour l'investisseur que vous êtes ? La France n’est pas la seule à avoir une présence militaire en Afrique. Elle y est à la fois pour protéger les populations et les États africains, mais aussi l’Europe. Elle n'est pas en mission colonisatrice. Pourtant, au travers des discours et des joutes politiques, elle est souvent prise en otage. Il faut en rester aux faits. La France est un partenaire fidèle qui, ces dernières années, a changé sa relation avec le continent. Donc, non, cela ne me pose pas de problème. L’Europe doit-elle faire cause commune avec les ÉtatsUnis pour contrer l’offensive

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JEUNE AFRIQUE – N° 3103 – AOUT 2021

économique chinoise en Afrique ? L’Europe et les États-Unis doivent unir leurs forces pour aider le continent à se développer. Les Chinois procèdent autrement [en offrant des prêts aux États]. Mais le développement des infrastructures ne doit pas entraîner un surendettement : le développement doit être soutenable. Lisez le programme Build Back Better World, élaboré par le G7 [pour riposter à l’offensive chinoise] : vous verrez qu’il préconise d’impliquer les investisseurs privés pour produire, grâce à de l’argent public, un effet de levier maximal. C’est par ces partenariats publicprivé, en toute transparence et sans endettement monstrueux, que l’on pourra atteindre un développement durable. C’est une autre vision [que celle que propose la Chine]. Les responsables africains voient-ils cette initiative d’un bon œil? Elle est bienvenue parce que c’est la confirmation, peut-être pour la première fois au niveau du G7, de ce qui se fait déjà. Des agences bilatérales comme l’Agence française de développement (AFD) et ses équivalents américain (DFI) ou britannique (CDC) soutiennent déjà la structuration et le financement de projets. Le système est en place. Il faut maintenant accélérer la cadence et mobiliser davantage de capitaux. Propos recueillis par Dominique Baillard et Julien Clémençot

ARNAUD JOURNOIS/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Lors du sommet de Paris, en mai dernier, le président Macron a souhaité que les pays développés donnent au continent une partie de leurs quotes-parts de droits de tirage spéciaux [DTS] pour mettre à leur disposition une enveloppe de 100 milliards de dollars. Ce dossier avance-t-il au FMI ? Sa directrice générale, Kristalina Georgieva, s'est prononcée en faveur de la réallocation des DTS aux pays les plus vulnérables. La nouvelle attitude du FMI et de ses actionnaires est très positive. Que l’institution tienne de tels propos est signe que les choses progressent.


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