UNE FEMME PUISSANTE EST UN AUTRE GENRE DE MONSTRE.
— CHRISTINE AND THE QUEENS
INFORMATIONS
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres — Livre premier, d’Emil Ferris. Traduit de l’anglais par J.-C. Khalifa. Lettré à la main par Amandine Boucher. 20 x 26,5 cm. 416 p. couleurs. 34,90 euros. ISBN : 979-1090724-47-1. Août 2018. • Premier tirage : 18 000 exemplaires • Une publication de Monsieur Toussaint Louverture. • Presse sylvie@chabroux.com 06 64 25 48 42 • Librairie virginie.migeotte@gmail.com 06 77 78 58 44 • Diffusion-distribution Harmonia Mundi Livre RÉCOMPENSES
Nommé au prix Eisner 2018 dans cinq catégories (dont Meilleur Album & Meilleur Auteur/Artiste) • Prix Lynd Ward 2018 • Prix Ignatz 2017 pour le meilleur livre • Prix Ignatz 2017 de la meilleure artiste pour Emil Ferris • Personnalité de bande dessinée de l’année 2017 par Comics Beat • Finaliste du prix Hugo 2018 ADAPTATIONS
À la suite d’enchères et sous l’impulsion de Sam Mendes (American Beauty, Skyfall), Sony a remporté les droits d’adaptation cinématographiques. • Les droits de traduction du livre ont été acquis pour l’Espagne, l’Italie, le Brésil, l’Allemagne, la Corée du Sud, le Canada et la France. • Moi, ce que j’aime, c’est les monstres s’est écoulé à plus de 100 000 exemplaires en moins de six mois.
SÉLECTIONS
The New York Times : La seule bande dessinée dans les meilleurs livres de 2017 • The Washington Post : Les 10 meilleurs romans graphiques de 2017 • Entertainment Weekly : Les meilleurs romans graphiques de 2017 • Forbes : « Peut-être une des 5 meilleures bandes dessinées de tous les temps. » • The Boston Globe : Meilleurs Romans Graphiques • NPR : Meilleures lectures de 2017 • Book Riot : Meilleurs livres de 2017 • Entropy Mag : Meilleures bandes dessinées et romans graphiques 2017 • Comicbook.com : Nommé parmi les meilleurs romans graphiques de l’année • Publishers Weekly : Meilleur roman graphique de l’année • The Turnaround Blog : Meilleures bandes dessinées de 2017 • Third Coast Review : Les meilleurs livres que nous avons lus en 2017 • The Irish Times : Bandes dessinées et romans graphiques préférés de 2017 • YALSA : Meilleur roman graphique pour les adolescents • New York Public Library : Les 10 meilleurs livres de 2017 • Vulture : Une des 10 meilleures bandes dessinées de 2017 • Paste Magazine : Une des 25 meilleures bandes dessinées de 2017 • Omnivoracious Review : Les meilleures bandes dessinées de 2017 • The A.V. Club : Les meilleures bandes dessinées de 2017 • Chicago Public Library : Meilleurs livres de 2017 • NewStatesman : « En course pour être la meilleure bande dessinée de l’année. » • Amazon Best Selling List : Les meilleures bandes dessinées de 2017.
EMIL FERRIS, UNE FEMME PUISSANTE APRÈS S’ÊTRE RELEVÉE D’UN COMBAT QUI SEMBLAIT PERDU D’AVANCE, EMIL FERRIS LAISSE UNE EMPREINTE INDÉLÉBILE SOUS LA FORME D’UN LIVRE EXTRAORDINAIRE — MOI, CE QUE J’AIME, C’EST LES MONSTRES — QUI A INSTANTANÉMENT CONQUIS LES LECTEURS, LES CRITIQUES ET LES PROFESSIONNELS. VOICI SON HISTOIRE.
PREMIÈRES ANNÉES AU NOUVEAU MEXIQUE
Emil Ferris est née à Chicago en 1962. Ses parents déménagent rapidement et alors qu’elle n’a qu’un an, elle part vivre à Albuquerque, puis à Santa Fe au Nouveau-Mexique. Pendant que sa mère étudie et que son père travaille toute la semaine dans un camp scout, elle est élevée par « La Bruha », sa grand-mère, qui lui fait découvrir la littérature à travers Le Magicien d’Oz puis les livres de Dickens.
dessinant, puisque je ne pouvais pas le faire en marchant. J’ai développé une sorte d’obsession pour les dessins. Je dessinais avant de savoir marcher. »
Quelques années plus tard, suite à la décision de son père, « chicagolais pur souche », la famille retourne à Chicago et s’installe dans le quartier d’Uptown. Cette ville, Emil Ferris, lui restera fidèle. Ses parents, qui se sont rencontrés à l’Art Institute de Chicago, se voyaient comme « deux hippies ». Sa mère a des origines variées, elle descend d’Indiens mexicains, d’émigrés allemands, « Quand j’étais petite, j’étais atteinte d’une forme sévère de scoliose. Mes français et irlandais ainsi que de parents n’ont pas réalisé que j’avais Cryptojuifs séfarades du Nouveauun problème, ils ne savaient pas Mexique qui ont fui l’Espagne. Son pourquoi je ne marchais pas. Mais père était lui aussi le fils d’un immij’étais plutôt chanceuse à cette grant devenu tailleur, couturier et époque parce que je vivais au Noumarchand de fourrure pour de nomveau-Mexique, et j’étais entourée de breuses personnes riches et célècousins formidables qui me prenaient bres. Ce dernier avait un magasin de dans leurs bras tout le temps et me fourrure à quelques rues du « Châtrimballaient, donc c’était génial. Mais teau des meurtres » de H. H. Holmes ce que je faisais, par contre, c’était du et payait sa cotisation à Al Capone en dessin, j’ai commencé aux alentours échange de sa « protection », il disait de 16 mois, peut-être même avant. d’ailleurs du jeune Capone qu’il était J’ai donc découvert le monde en un « gentil jeune homme ». Ayant
grandi dans ce monde, le père d’Emil Ferris, « qui adorait l’histoire et tenait quelque peu du philosophe», a toujours su jouer avec les nuances d’un monde beaucoup plus complexe et impénétrable qu’il n’y paraît.
VILLE SOUS TENSIONS
Le quartier d’Uptown, où elle vit et où se situe son école était un quartier difficile, dangereux. Elle côtoie la mort à de nombreuses reprises. Dans son immeuble, les suicides sont réguliers, les gens se défenestrent, elle assiste « Mon père m’emmenait à l’Art Institute, ça ressemblait à une réunion de même à la mort d’un enfant qui, alors qu’elle est en bas dans la rue, jettera famille. Vous savez, quand un parent vous dit : “Oh, tu ne connais pas Oncle ses jouets par la fenêtre qui finissent en morceaux sur le trottoir avant de Sid”, et vous pousse à aller le voir, parce qu’Oncle Sid est génial. Eh bien, se précipiter à son tour dans le vide. mon père faisait la même chose, mais « La violence sexuelle était omnipréavec les tableaux, il adorait les peinsente dans le quartier où j’ai grandi. tres exposés au musée et me disait : “Va passer un peu de temps avec Del- En tant qu’enfant, on essaye vraiment de comprendre ce qui est en train de vaux.” Donc je m’installais devant un nous arriver. Cette violence nous tableau et je commençais à le dessitouche au plus profond. Elle est tellener. C’est comme ça que je suis enment psychologiquement destructrice trée dans le monde de l’art. » qu’elle vous connecte avec quelque chose de primitif. J’ai été confrontée Les parents d’Emil se sont renà ça, et je savais, à ce moment précis contrés durant leurs études à qu’on m’ouvrait les portes d’un tout l’Art Institute où sa mère aurait nouveau monde débordant de choses proposé à son père de « nettoyer sombres. Je l’ai vu, et je l’ai vécu, ses pinceaux à condition qu’il je pense qu’en ce sens, Karen est veuille bien lui tendre ses toiles… » mon reflet. Quand Emil était toute petite, sa Emil assiste également à de nommère lui donnait des bandes dessibreuses morts par balles, on lui nées pour qu’elle se tienne tranquille. N’ayant pas pu marcher avant répète de se tenir éloignée des fenêtres pour ne pas être fauchée par une l’âge de 3 ans (et encore, avec une « démarche bizarre ») à cause d’une balle perdue. Un jour elle reste même scoliose sévère (elle a même dû por- bloquée dans son appartement alors que l’immeuble est en feu. ter un corset médical pendant presque un an), elle a commencé à « J'avais 8 ans quand les médecins dessiner en copiant avec attention des personnages de bande dessinée. m'ont dit qu'il n'existait pas d'opération chirurgicale pour ce que j'avais.
Emil Ferris, à l’âge de 10 ans.
On m'a dit que je ne vivrai pas audelà de 30 ans, que je n'y survivrais pas. Ça me paraissait être une vie relativement longue, ma mère avait 30 ans à ce moment-là, donc je me suis dit que je vivrais aussi longtemps que ma maman, et qu'ensuite, je mourrais. Je ne me souviens pas avoir vraiment eu peur, mais je me souviens avoir cherché à déceler la beauté tapie au cœur de l'horreur, c’était une façon de gérer ma peur. »
Lors de ses séjours à l'hôpital, elle côtoiera de nombreux enfants qui, tout comme l’une de ses amies, mourront de maladie.
« Je pense que certaines choses qui arrivent aux gens les ennoblissent, si tout du moins c’est comme ça qu’ils choisissent d’agir. Je pense qu’il y a quelque chose d’honorable dans le choix de ne pas transmettre la cruauté mais il y a également autre chose. Je pense aux gens que j’ai connus qui étaient brisés par la vie puis qui ont entrepris de se reconstruire (et c’est là, pour moi, le cœur même de l’idéologie du monstre) dans le seul but de devenir plus extraordinaires et plus puissants en leur for intérieur. »
PERSONNE NE S’ATTENDAIT À EMIL FERRIS, PAS MÊME ELLE. — ART SPIEGELMAN
VIE, MORT ET RÉSURRECTION
Arrivée à l’âge adulte, elle enchaîne les « jobs » alimentaires, d’abord serveuse, puis femme de ménage pour des magnats du pétrole, réceptionniste, gérante de pet-shop. En tant qu’artiste, elle illustre à son compte les couvertures de toutes sortes de magazines et dessine des jouets pour Disney et d’autres grandes marques. En 2002, alors mère célibataire depuis quelques années, lors de la fête de son quarantième anniversaire avec des amis, elle se fait piquer par un moustique et ne reprendra vraiment ses esprits que trois semaines plus tard, à l’hôpital.
core, sa main droite, celle qui lui permet de dessiner, n’est plus capable de tenir un stylo. « Le chef du service neurologie d’un des plus grands hôpitaux m’a dit que je ne marcherai plus jamais. Il en était sûr. »
À la sortie de l’hôpital, elle emménage son lit médicalisé et sa chaise roulante chez sa mère. Alors qu’elle ne se voit plus aucun avenir, les femmes fortes à ses côtés l’encouragent — la thérapeute en charge de sa rééducation, ses amies, sa fille —, et Emil décide de se battre.
« Je me souviens qu'il y avait une peinture dans la chambre de l'hôpital, et alors que j'étais fiévreuse, je voyais les personnages du tableau aller et venir. Je voyais aussi un énorme « D'abord, il y a eu une intense fièvre caillou, puis il y a eu l'apparition de accompagnée de frissons. Puis j'ai dormi pendant des jours et des jours. l'Ange de la Mort. Et dans mon hallucination, celui-ci ressemblait à un Je ne me rendais absolument pas vieux meuble classeur en métal des compte de ce qui se passait. Ça a été années 1940, et il était simplement très compliqué pour ma fille parce apparu pour me parler. Un de ses tiqu'elle n'avait que 6 ans, elle n'arrêroirs était légèrement ouvert et il s'en tait pas de rentrer dans ma chambre en disant : “Maman, je crois que tu es échappait une lumière. Il m'a alors en train de mourir. Ça fait des jours dit : “Alors, vous restez ou vous que tu dors et que je ne fais que partez ? Il faut qu'on sache pour nos regarder la télévision.” » dossiers.” J'ai pensé à ma fille, et j'ai répondu que je restais. Je devais resOn lui diagnostique une méningo-en- ter parce qu'à l'époque, elle n'avait céphalite : elle est frappée par l’une que 6 ans. Et puis c'est à ce moment que j'ai vu le caillou, il y avait quelque des formes les plus graves du virus chose à l'intérieur. C'était de l'or. Il du Nil occidental. Les médecins lui m'a dit “Puisque vous avez décidé de annoncent qu’elle ne pourra sans doute plus jamais marcher. Pire en- rester, un long chemin vous attend. Il
y a quelque chose de beau dans les difficultés, vous devrez creuser la roche pour atteindre l'or.” »
En convalescence, elle va jusqu’à scotcher un stylo à sa main pour dessiner, ce qui lui prend un temps fou… mais à force de persévérance, elle s’améliore. « Dans l’art, il y a cette chose, qu’on appelle le clair-obscur. C’est la façon dont la lumière jaillit de l’obscurité et c’est d’une beauté extrême. Je pense que voir la lumière dans des moments sombres est ce qui nous définit en tant qu’humains. La beauté n’en est que plus grande. Et pour moi, ces moments sont simples : je scotche un stylo à ma main tremblante, et je fais tomber les flacons d’encre. Ma fille me stabilise et m’aide à dessiner. Elle est avec moi. Tout le temps où je dessine, elle est avec moi. Je commence à dessiner le fauteuil roulant, puis je lui demande de me faire. Je crois qu’elle va me représenter assise dans mon fauteuil mais non, elle me dessine debout. C’est dans ces moments, où tout semble si sombre, que les plus belles choses apparaissent. »
universitaire et décider d’atteindre quelque chose de mieux était comme dire à l’univers que je refusais d’accepter la paralysie sans me battre. »
C’est à cette époque qu’elle commence l’écriture d’un roman graphique dont elle porte l’idée depuis bien plus longtemps. « J’imaginai un scénario basé sur la vision d’une fille loup-garou lesbienne blottie dans les bras d’un enfant Frankenstein transsexuel. Ces deux parias “monstrueux” ont été l’inspiration pour une nouvelle que j’ai écrite. Karen me parlait toujours (à vrai dire, elle grondait même) et c’est en me fondant sur cette nouvelle que j’ai créé le livre. »
Elle mettra six ans à mettre au point, créer et retravailler cette œuvre de 800 pages.
« C’est le stylo bille qui m’a choisie, comme un monstre le ferait dans une allée sombre. Ça m’est un peu tombé dessus sans prévenir, je me suis simplement dit que j’allais tout faire au stylo bille ! Je me souviens très bien du jour où j’ai décidé ça, et ma main crispée s’en est aussi bien souvenue Emil Ferris décide de prendre pendant les seize heures de dessin un nouveau départ et s’inscrit au quotidiennes durant les cinq années Chicago Art Institute, dont elle qui ont suivi. C’était vraiment une sortira, avec son diplôme, d’un décision folle, stupide même, c’était pas déterminé. terrible. Ça m’a pris énormément « Étudier à l’Art Institute était exacte- de temps, mais j’ai beaucoup ment ce dont j’avais besoin. Je n’avais apprécié le faire néanmoins. » pas d’éducation artistique de niveau
« JE ME SCOTCHAI UN STYLO À LA MAIN POUR DESSINER : VOICI MON PREMIER AUTOPORTRAIT APRÈS LE VIRUS. »
« Je voulais que ce soit un carnet de note. Je voulais que ce soit fait de cette façon. Et je me foutais des standards de la bande dessinée, pas du tout parce que je ne les aime pas, au contraire, je les adore, mais je n’aurai pas réussi à rentrer dans les cases, ça m’aurait beaucoup frustré. »
Après 48 refus, l’éditeur indépendant Fantagraphics accepte le manuscrit. Et suite à quelques rocambolesques problèmes de livraison, le premier tome de Moi, ce que j’aime, c’est les monstres paraît en février 2017.
« Je peux vous assurer que ce livre n’aurait jamais vu le jour si je n’avais pas été piquée par ce moustique. Ça a fait ressurgir toute la férocité en moi, m’a poussé à réapprendre à dessiner, marcher et créer. Je me suis rendue compte qu’il était bien plus important d’être généreuse et de faire de son mieux, que de quitter ce monde en n’ayant rien achevé du tout. »
Du jour au lendemain, Emil Ferris est propulsée parmi les « monstres » sacrés de la bande dessinée. Tandis que les réimpressions s’enchaînent, c’est unanime : il s’agit d’une œuvre d’exception.
MOI, CE QUE J’AIME, C’EST LES MONSTRES « CE LIVRE EXTRAORDINAIRE A INSTANTANÉMENT PROPULSÉ EMIL FERRIS PARMI L’ÉLITE DES AUTEURS DE ROMANS GRAPHIQUES AUX CÔTÉS D’ART SPIEGELMAN, ALISON BECHDEL ET CHRIS WARE. VOYEZ-VOUS, ELLE A PRODUIT QUELQUE CHOSE D’UNIQUE.» — NPR: FRESH AIR
Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loupgarou: plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d’une balle dans le cœur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider ce mystère. Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s'embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les mons-
tres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement contée d’une fascinante enfant. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d’un Crumb et l’univers de Maurice Sendak.
ŒUVRE À TRAVERS CE LIVRE, EMIL FERRIS TISSE DE COURAGE, DE FORCE ET DE RÉSILIENCE, L’ÉTENDARD DE CEUX QUI SURVIVENT, DE CEUX QUI SE RELÈVENT ET NE VEULENT PLUS SE TAIRE. ET SI CE N’EST PAS UNE ŒUVRE AUTOBIOGRAPHIQUE TOUT Y EST NÉANMOINS VRAI. LA CLÉ DE CE PROJET EST LA DIFFÉRENCE, ET EMIL FERRIS L’A ÉCRIT POUR LES MINORITÉS, L’A DESSINÉE POUR LA LIBERTÉ D’ÊTRE CE QUE L’ON VEUT, HUMAINEMENT ET INTIMEMENT, ET L’A PORTÉE ENVERS ET CONTRE TOUT POUR PROUVER QUE L’ON PEUT SE RELEVER, QUE L’ON PEUT SE RECONSTRUIRE ET LAISSER SON EMPREINTE. C’EST POUR CELA QUE MOI, CE QUE J’AIME, C’EST LES MONSTRES NOUS FRAPPE SI FORT AUJOURD’HUI, CAR IL S’ADRESSE À NOUS, À NOS PROBLÈMES, À NOTRE MONDE.
Les monstres :
« Je me souviens d’une femme qui appelait un ancien combattant du Vietnam un “monstre”. Et je me souviens d’avoir pensé à ce momentlà (car le frère d’un ami était revenu complètement transformé par cette expérience de l’armée) que s’il était un monstre c’était parce qu’il avait été brisé, mis en morceaux, puis réassemblé d’une manière nouvelle et effrayante, et je me demandais comment cela pouvait-il lui être reproché ? Nous recevons tout au long de notre vie, nous recevons du vaste monde, et la lumière à laquelle nous sommes exposés est tout ce que nous avons pour créer notre lumière intérieure. » « Quand j’étais petite, je cherchais vraiment à me faire mordre pour devenir un monstre à mon tour. Je sortais les poubelles, et si j’avais quelques croûtes ou griffures ici et là, je me disais que n’importe quel
monstre pourrait sentir mon sang. Et bien sûr, j’ai fini par avoir ce que je voulais, je me suis fait mordre, mais par un moustique. »
L’Allemagne nazie :
« J’ai grandi près de Rogers Park, un quartier de Chicago, où habitait de nombreux survivants de l’Holocauste. Quelques femmes étaient les mères de mes amis. Et j’apercevais ces numéros, vous savez… Quand leurs manches se relevaient un peu, je pouvais voir les numéros tatoués sur leur peau. Et ça me plongeait dans un profond chagrin. Des survivants m’ont même raconté leur histoire. J’ai visité des maisons de retraite et j’ai collecté ces témoignages. C’est sur tout cela que l’histoire d’Anka est basée. »
L’aspect autobiographique :
« Nous sommes des aimants à histoires. Je pense que tout simplement, on combine nos émotions et nos personnages. »
DANS UN MONDE ULTRA-NORMÉ, IL N’Y A PLUS DE PLACE POUR LES MONSTRES, IL N’Y A PLUS DE PLACE POUR LA MARGE, ET TOUT EXCÈS EST INTERDIT. — GÉRARD DEPARDIEU