CYCLE 4 (4e/3e)
PROPOSITION D’OUVRAGE POUR EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE
Ce document ainsi que le matériel pédagogique qui y est présenté ont été réalisés et sont mis à votre disposition par les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Ils s’adressent aux enseignants de français, d’histoire et d’histoire des arts, dans le but de leur faire découvrir le roman graphique Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, d’Emil Ferris, et ses possibilités d’exploitation pédagogiques en classe. Le livre publié en France en 2018 est disponible en librairies et en bibliothèques. Encensée par la presse généraliste comme spécialisée, plébiscitée par les libraires et adorée par tout type de lecteurs – de bande dessinée comme de roman –, cette œuvre ambitieuse a remporté de nombreux prix aussi bien aux États-Unis qu’en France : PRIX EISNER DU MEILLEUR ALBUM & DE LA MEILLEURE AUTRICE
GRAND PRIX DE LA CRITIQUE ACBD 2019
FAUVE D’OR DU MEILLEUR ALBUM ANGOULÊME 2019
« Labyrinthique, vertigineux, émouvant, inspiré. Un chef d’œuvre. » — Télérama « L’une des réussites majeures de ces dernières années. » — Lire Un roman graphique unique en son genre . . . . . . . . . . . . . . 2 Extrait d’un article paru dans Libération . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Emil Ferris, une femme hors norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Des thématiques en lien avec le programme . . . . . . . . . . . 5 Exemple de travail autour d'une double page . . . . . . . . 6-7 Des ressources à votre disposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 1
UN ROMAN GRAPHIQUE UNIQUE EN SON GENRE POURQUOI FAIRE LIRE UN ROMAN GRAPHIQUE EN CLASSE Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, est une œuvre profonde, foisonnante, qui s’adresse à tout type de lecteur à partir de 14 ans. Roman graphique unique en son genre, il s’agit d’un livre important qui, au même titre que Maus, de Art Spiegelman, a toute sa place dans le milieu éducatif. Il peut s’inscrire dans la formation artistique et culturelle des élèves du cycle 4 (à partir de la 4e pour des raisons de sensibilité) et plus particulièrement dans les dispositions du français, de l’histoire, de l’histoire des arts et d’un Enseignement Pratique Interdisciplinaire. À travers son héroïne, ses histoires et son approche de l’art, il aborde de nombreux thèmes en lien avec le programme du collège : « La Seconde Guerre mondiale », « La ville lieu de tous les possibles », « Dénoncer les travers de la société », « Se raconter, se représenter », mais également le harcèlement scolaire, la crise identitaire, l’amour, la famille, les différentes formes de violence. Il s’inscrit dans une « ouverture vers l’éducation aux médias et vers d’autres formes d’expression artistique (particulièrement des œuvres picturales et cinématographiques) » et présente « la lecture et la littérature comme des ouvertures sur le monde qui nous entoure, propose des réponses aux questions que se pose l’être humain ».
RÉSUMÉ Chicago, fin des années 1960. Karen, dix ans, adore les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loup-garou : plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint Valentin, sa voisine, Anka Silverberg, se suicide. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider ce mystère. Elle va découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. 2
POINTS FORTS UNE ŒUVRE QUI MET EN AVANT DES THÉMATIQUES FORTES ET DES ÉMOTIONS COMPLEXES .
UNE RÉFLEXION SUR LA FIGURE DU MONSTRE ET SA PRÉSENCE DANS NOTRE SOCIÉTÉ .
UNE GALERIE DE PERSONNAGES PROFONDS ET ATTACHANTS .
UNE ENQUÊTE QUI NOUS ENTRAÎNE DANS UNE DES PÉRIODES LES PLUS e
SOMBRES DU XX SIÈCLE , LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET LES CAMPS DE CONCENTRATION .
UNE NOUVELLE FAÇON DE LIRE LA BANDE DESSINÉE .
UN PROCÉDÉ NARRATIF ATTRACTIF , LE JOURNAL INTIME .
UNE FAÇON LUDIQUE DE DÉCOUVRIR DES TABLEAUX DE MAÎTRES ET LA MANIÈRE DE LES ABORDER .
DE NOMBREUX NIVEAUX DE NARRATION ENTREMÊLÉS .
EXTRAIT D’UN ARTICLE PARU DANS LIBÉRATION Dans Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, la dessinatrice raconte l’histoire de Karen, enfant anxieuse qui vit dans le Chicago des années 60 et s’invente un monde foisonnant de mystères.
Un ouvrage au souffle romanesque exceptionnel, remarquable tant sur la forme que sur le fond. Un ciel noir comme la suie écrase Chicago quand résonne la voix d’une jeune fille. Elle s’appelle Karen Reyes, elle a 10 ans et vient de monter le son pour que personne ne sache ce qu’elle mijote. En guise d’introduction, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres offre un mystère. Il ne tiendra pas bien longtemps mais met d’emblée dans l’ambiance. Cette bande dessinée se présente sous la forme d’un carnet intime, celui de cet(te) enfant sauvage qui vit avec sa mère, superstitieuse et anxieuse, et un grand frère dragueur. Le cœur de Karen bat pour les créatures de la nuit. En journée, elle préfère un imper et un chapeau aux robes à frou-frou des filles de son âge. Un costume à la Marlow qu’elle endosse pour élucider un mystère qui survient un jour de Saint Valentin : la mort subite de sa voisine du dessus, Anka. Suicide, dit la police. Meurtre, pense-t-elle. C’est d’ailleurs le visage anxieux et magnifique de cette voisine d’âge mûr qui dévore la couverture… La chose pourrait être anecdotique, elle ne l’est pas. À bien y regarder, Karen est présente, elle aussi, son reflet se dessinant dans la prunelle d’Anka. Un dispositif qui en dit long sur les voies qu’emprunte l’auteure. La vérité n’est pas ailleurs, elle est seulement cachée. Accessible à qui sait observer.
changer en créature de la nuit pour aimer les filles au grand jour. Façon de préempter son entrée officielle dans le bestiaire de l’outremonde, Karen ne se dessine que sous la forme d’un loup-garou. Dans les visites régulières au musée, c’est le rôle salvateur de l’art qui est affirmé. Pour qui sait leur parler, les grands maîtres sont des amis. Derrière l’enquête sur la disparition d’Anka (qui transporte la petite jusque dans l’Allemagne de Weimar), c’est l’amour filial, la quête des racines qui se dessine. À chaque fois, l’auteure place des panneaux qui obstruent la vision sans l’empêcher complètement. Le plus beau de tous ces artifices, c’est la forme même du livre. Ce cahier à spirales pour une œuvre autobiographique fictionnelle. Se pencher sur l’âme de Karen, c’est regarder les amours et les peurs premières de son auteure.
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est une œuvre profondément intime. Plus fou, c’est un premier livre. Cela semble impossible, tant le dessin, splendide, est parfaitement abouti. Mieux, il cultive l’oxymore : l’hyperréalisme ne s’envisage pas sans onirisme ; le caractère grandiose de ce travail minutieusement ouvragé se conjugue au côté lo-fi de l’outil, un simple Bic multicolore. On pense à Crumb, à Eric Lambé pour ce stylo-bille qui ne connaît pas de limite, au jeune Daniel Clowes. Au Maus d’Art Spiegelman aussi, lui qui fut l’un des premiers à crier la splendeur de ce livre extirpé de la chair. Il faudrait ajouter que la langue est belle. Surtout, textes et images dansent ensemble. Au point qu’on en viendrait presque à réhabiliter un terme abhorré : « roman graphique ». Une absurdité des marchands de livres pour draper leurs bandes dessinées d’une fausse respectabilité empruntée à un art autrement plus noble.
Tout sera donc question de regards : celui qu’on porte sur le monde, celui que Mais l’ampleur de la fresque que l’on a les autres nous renvoient en biais. en mains, son souffle romanesque Des yeux qui scrutent, d’autres qui font peur, concourent à dire que, oui, le terme ou qui disent je t’aime quoi que tu fasses. Dans roman n’est pas ici absurde. l’étreinte vampirique que recherche à tout prix Karen, c’est la naissance du désir qui se joue. Se
Marius Chapuis 3
EMIL FERRIS UNE FEMME HORS NORME Emil Ferris est née en 1962 à Chicago. Atteinte d’une forme sévère de scoliose, elle ne marchera pas avant l’âge de 3 ans, mais développe très vite un goût prononcé pour le dessin.
vérance, elle s’améliore. Emil décide de prendre un nouveau départ et s’inscrit au Chicago Art Institute, dont elle sortira, avec son diplôme, d’un pas déterminé. C’est à cette époque qu’elle commence l’écriture de son roman graphique.
« J’ai découvert le monde en dessinant, puisque je ne pouvais pas le faire en marchant. Je dessinais avant de marcher. » Après un déménagement à Albuquerque (Nouveau-Mexique), sa famille revient vivre à Chicago et s’installe dans le quartier d’Uptown. « La violence était omniprésente dans le quartier où j’ai grandi. En tant qu’enfant, cette violence nous touche au plus profond. Elle est tellement psychologiquement destructrice qu’elle vous connecte avec quelque chose de primitif. J’ai été confrontée à ça, et je savais, à ce moment précis qu’on m’ouvrait les portes d’un tout nouveau monde débordant de choses sombres. je l’ai vu, et je l’ai vécu, je pense qu’en ce sens, Karen est mon reflet. » Arrivée à l’âge adulte, Emil Ferris enchaîne les jobs alimentaires. En 2002, alors mère célibataire, elle gagne sa vie en dessinant des jouets et en participant à la production de films d’animation. Lors de la fête de son quarantième anniversaire, elle se fait piquer par un moustique et ne reprendra ses esprits que trois semaines plus tard, à l’hôpital. On lui diagnostique une méningo-encéphalite : elle est frappée par le syndrome du Nil occidental. « Le chef du service neurologie d’un des plus grands hôpitaux m’a dit que je ne marcherai plus jamais. Il en était sûr. » Sa main droite, celle qui lui permet de dessiner, n’est plus capable de tenir un stylo. Alors qu’elle ne se voit plus aucun avenir, les femmes fortes à ses côtés l’encouragent – la thérapeute en charge de sa rééducation, ses amies et sa fille –, et Emil décide de se battre. Elle va jusqu’à scotcher un stylo à sa main pour dessiner, ce qui lui prend un temps fou… mais à force de persé4
« C’est le stylo-bille qui m’a choisie, comme un monstre le ferait dans une allée sombre. Ça m’est un peu tombé dessus sans prévenir, je me suis simplement dit que j’allais tout faire au stylo-bille ! Je me souviens très bien du jour où j’ai décidé ça, et ma main crispée s’en est aussi bien souvenue pendant les seize heures de dessin quotidiennes durant les cinq années qui ont suivi. » Elle mettra six ans à réaliser cette œuvre de 800 pages. Après 48 refus, l’éditeur indépendant Fantagraphics accepte le manuscrit. Suite à quelques rocambolesques problèmes de livraison, le premier tome de Moi, ce que j’aime, c’est les monstres paraît en février 2017. Du jour au lendemain, Emil Ferris est propulsée parmi les « monstres » sacrés de la bande dessinée. Tandis que les réimpressions s’enchaînent, c’est unanime : il s’agit d’une œuvre d’exception.
EXEMPLES DE THÉMATIQUES ABORDÉES PAR LE LIVRE EN LIEN AVEC LE PROGRAMME FRANÇAIS
HISTOIRE DES ARTS
Dire l’amour
Les arts visuels avec le média bande dessinée
Comprendre les nuances du sentiment amoureux et quelques-unes des raisons qui en font un thème majeur de l’expression littéraire et artistique.
Comprendre le fonctionnement d'une bande dessinée et ses différentes spécificités.
• Les caractéristiques du roman graphique. • L’étude des sentiments
• Les techniques de dessin.
qui unissent certains des personnages.
• L’étude des tableaux reproduits.
• Les différents moyens d’exprimer son amour.
EPI La ville, lieu de tous les possibles La place de l'homme dans la ville, les exclus, les abandonnés. La ville, espace de création, la ville motif et support de création.
Thème 6 Les arts face au défi de la photographie, du cinéma et de l’enregistrement.
• Les différents visages d’une ville.
• La place de l’art
• Le choix de la ville dans une œuvre
dans nos sociétés hyper-connectées.
de fiction et son importance.
• Qu’est-ce que l’art nous apporte
• La ville et ses secrets.
de plus que les autres médias.
Se raconter, se représenter
Thème 7 L’émancipation de la femme artiste.
Explorer les manières de se narrer, de se peindre, de se mettre en scène et de s'interpréter.
• Comment l’art permet-il de
• Le journal intime et ses caractéristiques.
s’extirper d’un quotidien difficile.
• L’héroïne et sa façon de se représenter.
• Comment l’art permet-il de se révéler,
• Lien entre l’héroïne et l’auteur.
de s’exprimer en toute liberté.
HISTOIRE
É D U C AT I O N C I V I Q U E ET MORALE
L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales Comprendre pourquoi la Seconde Guerre mondiale est considérée comme une guerre d'anéantissement.
Respecter autrui Respecter l’autre, c’est respecter sa liberté, ses convictions et le considérer comme égal à soi en dignité.
• La montée des périls. • La Seconde Guerre mondiale et ses ravages.
• Le harcèlement scolaire.
• La persécution et le génocide des minorités.
• La différence et le regard des autres.
5
EXEMPLES DE TRAVAIL AUTOUR D’UNE DOUBLE PAGE Découvrir un tableau et son auteur.
Découvrir une technique artistique : le stylo-bille.
Étudier la relation forte qui unit Karen et son grand frère.
Aborder d’autres façons de découvrir les tableaux : « Les entendre, les sentir, les goûter, les toucher », jusqu’à s’y plonger. 6
Se représenter : comment Karen a-t-elle choisi de se dessiner.
Expliquer l’alternance des bulles circulaires et rectangulaires.
Étudier une œuvre autobiographique. Identifier les éléments qui indiquent qu’il s’agit d’un journal intime. Étudier les éléments relatifs à la BD classique en opposition à ceux du roman graphique.
Découvrir la technique artistique de composition en triangle.
Identifier les sources d’une œuvre. Définition, présentation.
Expliquer l’absence de folios (numéros de pages).
DES RESSOURCES À VOTRE DISPOSITION Nous mettons à votre disposition des fiches pédagogiques que vous pouvez télécharger sur notre site Internet, reproduire, modifier et utiliser librement. Les ressources comprennent : Une fiche pédagogique de 11 pages destinée à l’enseignant —> http://bit.ly/ficheenseignant
Une fiche élève de 11 pages pour appréhender l’œuvre —> http://bit.ly/ficheeleve
Des vidéos à propos de l’auteur et de la genèse de l’œuvre —> http://bit.ly/videosemilferris À découvrir ou télécharger sur YouTube dans la playlist « Emil Ferris et ses monstres »
L’ange de la mort
Uptown
La nuit je dessine
Consécration
Se reconstruire après un drame
À la découverte de la ville de l’auteur
Quand les rêves inspirent le dessin
Le livre qui change tout
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres Emil Ferris Traduit par Jean-Charles Khalifa Lettré à la main par Amandine Boucher 416 pages • 34,90 euros ISBN : 9791090724471 8
Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter : Éditions Monsieur Toussaint Louverture 16 rue du 8 mai 1945 / Bureau 17 33150 Cenon www.monsieurtoussaintlouverture.com lerepresentant@monsieurtoussaintlouverture.com