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Sociétés familiales

La ‘New Generation’ à la barre

Une nouvelle génération prend le relais dans les comités de direction de plusieurs entreprises familiales du secteur du transport et de la logistique. Parfois étonnamment vite, parfois avec la préparation requise. Mais toujours avec une passion pour le métier que l’on ne trouve que dans les entreprises familiales.

TRANSPORT MATTHEEUWS CONTINUER SANS ERIC

Mathieu Vander Paelt et Celine Mattheeuws. Celine Mattheeuws et son mari Mathieu Vander Paelt ont dû faire des adieux inopinés à leur (beau)-père et fondateur Eric Mattheeuws en début d’année. Aujourd’hui, ils poursuivent leurs activités avec Bie, la maman. « Sur le plan opérationnel, nous avons pu encaisser le choc rapidement car nous avions formellement préparé la cession », précise Celine. « Notre équipe soudée et fi dèle est d’un grand soutien. Mais lorsqu’il s’agit de décisions importantes, nous devons désormais nous passer des conseils de papa. Parfois, c’est émotionnellement éprouvant. » « Eric avait prévu de lever le pied, mais savoir qu’il n’est plus là est un choc. Rendre visite aux clients sans lui, c’est nouveau pour moi », confesse Mathieu. Celine et sa sœur ont été impliquées très tôt pour eff ectuer de petites tâches dans et autour de l’entreprise. Selon Celine, il n’était pourtant pas écrit qu’elle reprendrait l’aff aire. « Il était important pour Mathieu et moi, en tant qu’entrepreneurs, de travailler ensemble sur un projet. Lorsque Mathieu, dont la famille est active dans la comptabilité, a pris goût au transport, notre premier projet a été de reprendre un transporteur local et de créer la nôtre. Puis papa a décidé qu’on le ferait ensemble. Mais je suis sûr qu’il nous aurait soutenus de la même manière si nous avions eu d’autres projets. »

Et même si, au départ, Eric ne voulait pas de la belle famille dans l’entreprise, lui et son gendre Mathieu ont vite formé une équipe soudée, au point que certains clients pensaient qu’ils étaient père et fi ls. Celine et Mathieu souhaitent désormais poursuivre l’activité, fi dèle à la philosophie d’Eric. « Mon père a réalisé que gagner de l’argent était important, mais que le travail doit aussi être agréable. Cette entreprise était comme un hobby pour lui. Il aimait aussi apprendre d’autres personnes du secteur. »

BEVERTRANS TROIS SŒURS AUX COMMANDES

Depuis la mort du fondateur Geert Verhegge, Bevertrans, spécialisée dans le transport citerne et ADR, est dirigée par ses trois filles : Liselotte, Marlotte et Charlotte. Le beau-frère Tom (gestionnaire de flotte) et le cousin Frederick (planificateur) font également partie de l’entreprise. Ce n’est qu’en 2021 qu’un premier employé non issu de la famille a rejoint la société.

En 2019, la famille Verhegge s’est fait accompagner par le Voka pour préparer l’arrivée de la nouvelle génération dans les cinq ans, soit au moment où Geert comptait partir à la retraite. Son décès n’a fait qu’accélérer le mouvement. « Nous sommes reconnaissants d’avoir encore eu un an pour préparer la transmission », se souvient Marlotte. « Quitte à reprendre l’entreprise, il était clair que nous le ferions ensemble », déclare Liselotte. « Même s’il avait fallu d’abord accumuler un peu d’expérience ailleurs, notre destination finale aurait toujours été Bevertrans. »

Les sœurs tiennent leur rang dans un secteur encore très masculin. « Au début, certains clients demandaient encore s’ils pouvaient quand même avoir papa au téléphone. Depuis lors, nous avons prouvé que nous connaissions notre métier », déclare Marlotte. Les sœurs ont acquis ces connaissances dès leur plus jeune âge : à six ans, leur mère leur a appris à répondre au téléphone, même avec quelques mots d’anglais. Liselotte a aussi appris à conduire un camion. « Je ne conduis pas souvent, mais je voulais vivre ce que vivent nos hommes au quotidien. Ce qu’ils apprécient. Nous ne voulons pas décréter depuis le bureau ce qui doit être fait sur le terrain sans savoir de quoi nous parlons. » Le trio prend ensemble les décisions importantes, avec les conseils de collaborateurs expérimentés comme le mécanicien Kurt ou le comptable. Sans jamais de désaccord ? « Nous sommes sœurs, mais on peut avoir des avis différents, voire se disputer, mais c’est vite oublié », explique Liselotte. « Nous pouvons reconnaître nos torts. Et parfois c’est bien aussi de pouvoir dire : ‘Tu vois que j’avais raison’ (rires). »

Marlotte, Charlotte et Lieselotte Verhegge.

VINCENT LOGISTICS LES JUMEAUX MAXIM ET JULIAN REPRENNENT LE FLAMBEAU

Cette entreprise de transport et de logistique de Herstal fêtera ses 50 ans en 2022. Le fondateur Jean Vincent est toujours CEO, mais ses fils, les jumeaux Maxim et Julian, sont actifs dans l’entreprise depuis plusieurs années. A 22 ans, ils sont entre autres responsables des opérations logistiques et du recrutement. « La crise sanitaire a accéléré notre entrée dans l’entreprise », déclare Maxim. « Nous avons interrompu nos études universitaires début 2020 pour soutenir les nouvelles activités de l’entreprise. Mais notre intention a toujours été de monter à bord un jour. Nous avons grandi dans l’entreprise et connaissons nos 280 collaborateurs par leur nom. » Les jumeaux partagent désormais un bureau. « Nous prenons toujours les décisions ensemble », dit Maxim. « Notre père nous conseille aussi beaucoup. Dans le transport et la logistique, il n’y a pas deux jours qui se ressemblent. Vous devez suivre les tendances du marché afin de rester rentable et pertinent. » Entre temps, la cession de l’entreprise au groupe Berto a été officialisée, mais Maxim et Vincent restent à la barre. À 70 ans, le fondateur Jean Vincent aspire au repos.

CORNEEL GEERTS L’ESPRIT DU GRAND-PÈRE

Avec le CEO Marc Geerts, la société de transport anversoise dispose d’un ambassadeur singulier, mais ses fi ls Sven (33 ans), Kevin (31 ans) et Kenneth (24 ans) sont actifs sur le plan opérationnel depuis plusieurs années. Notons que c’est leur grandpère, le fondateur Corneel Geerts, qui a préparé les frères à jouer un rôle dans l’entreprise dès leur plus jeune âge. Sven Geerts : « Quand j’avais 12 ans, mon grand-père nous a convoqués dans son bureau pour ce qu’il appelait ‘notre première réunion’. Il voulait savoir quelles étaient les ambitions de ses petits-enfants : rejoindre l’entreprise ou faire autre chose ? J’ai vite su que je travaillerais dans l’entreprise, mon frère Kevin a développé sa carrière cycliste tout en travaillant ici à mi-temps et Kenneth nous a rejoints après ses études. Force est de constater que nous adoptons le style plus personnel de notre grand-père. Notre père est un peu plus formel dans ses relations avec le personnel, par exemple. » Enfants, les frères eff ectuaient déjà de petites tâches et ont grandi dans l’organisation. Sven s’occupe des RH, des achats et de l’entrepôt, Kenneth dirige la division Benelux et Kevin est responsable des ventes et de l’IT. Était-il concevable qu’ils n’intègrent pas l’aff aire ? Kenneth pèse ses mots : « J’ai saisi l’opportunité de devenir contrôleur aérien car j’étais curieux de voir ce qui était possible hors des sentiers battus. Mes frères ont peut-être un point de vue diff érent à ce sujet, car ils sont entrés dans le métier à des moments diff érents. Sven est arrivé dans l’entreprise en 2006 pour aider son père, ce qui était vraiment nécessaire à l’époque. En 2017, lorsque je suis arrivé, le monde et l’entreprise avaient déjà beaucoup évolué. » Les trois frères vont mettre en place un comité de direction afi n de formaliser le processus décisionnel, même s’ils souhaitent maintenir la dynamique familiale. « Nous pensons tous les trois à haute voix », dit Sven. « Si l’un d’entre nous propose une idée, un autre en souligne les points positifs et le troisième les points négatifs. Nous parvenons ainsi à une conclusion réaliste, de manière rationnelle et chiff rée. » « C’est justement parce qu’on est trois qu’on trouve toujours une solution. Et une discussion n’est pas une querelle », confi rme Kenneth. Aujourd’hui, Marc, le père, est toujours CEO. « Il évolue vers un rôle d’ambassadeur et est encore actif dans l’entreprise quelques jours par semaine », précise Sven.

MICHIEL LEEN Kevin, Kenneth et Sven Geerts.

Dans de nombreuses entreprises familiales, il est considéré comme acquis que les enfants reprendront un jour l’entreprise.

ACCOMPAGNER LE SUIVI

Les entreprises familiales qui réfl échissent à leur succession ne sont pas seules. L’organisation patronale Voka organise des procédures d’accompagnement sous le nom de ‘Familio’ pour les entreprises qui souhaitent préparer correctement la cession à une nouvelle génération. Au cours de plusieurs sessions, les générations cédantes et acquéreuses reçoivent les conseils d’experts et d’autres entreprises familiales. Le programme ‘Familio’ dure un an. L’antenne bruxelloise du cabinet de conseil français spécialisé Family & Co propose également un encadrement.

Amacro reprend Transport Itterbeek

Il y a moyen de grandir durablement en se renforçant mutuellement. C’est exactement la philosophie du nouveau groupe créé autour d’Amacro, Itterbeek, JF Trans & Lommat. La synergie entre des activités communes liées au transport, aux matériaux de construction, au transbordement et au recyclage des déchets de construction crée une base solide pour l’avenir. Car le tout est toujours plus que la somme de ses parties.

Les dirigeants des deux entreprises familiales se connaissent depuis des années. « Le père de Johan Cromphout (CEO d’Amacro) était mon meilleur ami », raconte Freddy Itterbeek. « Malheureusement, Michel est décédé il y a huit ans. Johan avait alors à peine 26 ans, mais il débordait déjà d’ambition … »

« Mon père Michel et Freddy s’entendaient comme larrons en foire », souligne Johan. « Je me souviens de conversations animées et truculentes dans la cave du ‘t Gravenhof. En plus d’être amis, ils travaillaient aussi ensemble. Quand mon père est décédé, Freddy m’a très bien soutenu. On se retrouvait tous les vendredis soir pour manger et sortir ensemble. On appelait cela des meetings. »

FIABLE

Jos, sa femme Mimi et Freddy soutiennent pleinement la reprise par Amacro. « Nous pourrions vendre notre entreprise à n’importe qui », déclare Jos. « Mais que se passerait-il alors ? Avec Johan à la barre, nous savons que l’entreprise est entre des mains fiables et que la continuité est assurée dans le respect de notre personnel et de nos clients. Nous resterons également à bord et aiderons Johan le cas échéant. »

Pour les salariés et les clients, les choses ne vont pas vraiment changer. « Tout d’abord, nous voulons moderniser l’entreprise », déclare Johan. « Intégrer un nouveau programme de gestion, optimiser les processus et aussi accroître la notoriété de Transport Itterbeek. De plus, nous allons encore durabiliser nos processus. Dans ce domaine, nous voulons devenir un leader du secteur, jouer notre rôle dans l’économie circulaire et continuer à écologiser la flotte de véhicules. »

« Nous y travaillons déjà très sérieusement », ajoute Jos. « Parce que notre plus vieux camion n’a que 5 ans. » Transport Itterbeek, avec ses sociétés-sœurs JF Trans et Lommat, emploie plus de 100 personnes pour une flotte de 120 véhicules. « On les trouve jusque dans les plus petites carrières, des Ardennes à la côte. C’est une excellente opportunité pour concrétiser nos ambitions de croissance », conclut Johan.

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