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VAN
La numérisation du service se développe de jour en jour. Et les ventes ?
LE RÉSEAU BELGE DES CONCESSIONS VAN
EN ATTENDANT LE GRAND CHAMBOULEMENT
Depuis quelques années, un regroupement s’opère dans le monde des concessionnaires, mais cette évolution semble devoir déboucher, dans les années à venir, sur une toute nouvelle relation avec les importateurs. Pour le moment, dif cile de dire à quoi elle ressemblera. En attendant, faisons le point sur la situation actuelle du réseau belge des concessions.
Arnaud Henckaerts - arnaud.henckaerts@transportmedia.be
La concentration des concessionnaires dans des groupes plus importants est une tendance née il y a quelques années déjà et qui devient de plus en plus nette. L’union fait la force, semble-t-il. Sopadis, qui regroupe un grand nombre de concessionnaires qui distribuent des produits importés par D’Ieteren Automotive (dont Volkswagen Commercial Vehicles), a déjà connu ce mouvement de concentration. Il était toujours, l’an dernier, le plus grand groupe de concessionnaires en Belgique (voir cadre) et semble vouloir encore se développer avec l’intégration du groupe Jennes.
INTÉRÊT ÉTRANGER
Un intérêt marqué se fait aussi sentir de l’autre côté des frontières pour le réseau de concessionnaires belge. Van Mossel Automotive Group est l’un des noms qui revient souvent. Il était l’an passé numéro deux du classement des concessionnaires belges. Le groupe, originaire des Pays-Bas, a opéré une véritable vague de rachats ces dernières années. Après avoir repris le groupe limbourgeois Bruyninckx (PSA-FCA-Nissan) et le groupe anversois GMAN (Opel), l’acquisition de l’ancien groupe belge Fidenco et du Luxembourgeois Autopolis a été of ciellement con rmée début 2021. C’était la plus grosse opération depuis des années. Avec treize succursales dans les provinces d’Anvers et du Brabant flamand, Fidenco vend
De plus en plus d’investisseurs étrangers s’intéressent aux concessionnaires belges, tels que le néerlandais Van Mossel et le suédois Hedin.
annuellement quelque 15.000 voitures de dix marques, dont Ford. Et ce n’est pas le dernier fait d’arme de Van Mossel Automotive : Opel Vervloet, Renault Devos-Capoen, Citroën Van Thielen, Ford Deprince,... ce ne sont là que quelques-uns des garages qui sont désormais liés à Van Mossel Automotive. Le réseau Mercedes est également en pleine métamorphose. La marque se débarrasse de ses 25 concessionnaires propres en Europe. En Belgique, Mercedes-Benz Drogenbos et Waterloo sont repris par le Français Saga Mercedes-Benz qui possédait déjà les 5 succursales de Mercedes-Benz Piret et Sogalux Charleroi. Autre groupe fortement actif dans notre pays, principalement chez Mercedes, mais depuis peu aussi avec les concessionnaires Toyota et bientôt Ineos Automotive : le Suédois d’origine Hedin Automotive, présent dans notre pays depuis 2018. Il ajoute les quatre succursales anversoises de MercedesBenz à son portefeuille, en plus des 15 implantations existantes aux mains du groupe. Et dans le réseau Mercedes on voit aussi resurgir Van Mossel qui ajoute les 9 établissements du Groep Vereenooghe à ses garages Mercedes (après les succursales de la marque à l’étoile de Turnhout et Brecht, et même Mercedes-Benz Trucks à Anvers). Le groupe Van Mossel pourrait dépasser Sopadis cette année dans le top 10 des concessionnaires belges. La différence de volume était l’an dernier d’un peu plus de 2.000 véhicules, soit environ 10 %.
GÉNÉRALISATION VS SPÉCIALISATION
Ce phénomène des grands groupes multi-marques a des conséquences. Les importateurs doivent traiter avec moins d’interlocuteurs, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils ont plus de contrôle sur leur réseau. Et cela pourrait être à l’avantage des clients. Les discussions du jury pour le Best Dealer VAN ont ainsi montré que les grands groupes n’hésitent pas à remettre en question la délité de leurs clients à la marque. Lorsque l’une des marques qu’ils distribuent ne peut pas fournir le type de véhicule ou la propulsion recherché par le client, ils proposent parfois un véhicule d’une autre marque a n de garantir la mobilité du client. En période de retards de livraison et de suppression de certaines options de motorisation, c’est parfois plus dif cile que prévu. Mais malgré ces frontières oues entre les réseaux des différentes marques, on mise aussi de plus en plus sur la spécialisation. Les réseaux spécifiques LCV d’un certain nombre de marques, par exemple Ford Transit Centers, Mercedes VanPro Advanced, Renault Pro, Volkswagen VAN Centers, ... s’appuient tous sur une offre de services étendue pour répondre encore mieux aux attentes des acheteurs de LCV. Du personnel avec une formation spéci que LCV, des horaires d’ouverture étendus, des véhicules de stock (même si ce n’est pas facile dans le contexte actuel), une otte de remplacement avec des options spécialisées, ... tout est mis en œuvre pour garder le client VAN mobile. Avec cela, ils s’aventurent davantage sur le domaine des garages poids lourds d’origine, tels que le réseau d’Iveco, MAN, Renault Trucks, ... où les chauffeurs, avec leurs longues journées et leur activité le week-end, sont habitués à un service plus personnalisé depuis longtemps déjà.
NUMÉRISATION ET VENTE EN LIGNE
Autre tendance persistante : les services télématiques proposés par les constructeurs. Ils permettent de contrôler à distance la consommation, le besoin d’entretien technique et l’état général du véhicule. Chez
Volkswagen Commercial Vehicles, le nouvel ID.Buzz électrique, notamment, marque une première avancée dans cette numérisation. Ford va encore plus loin et, parallèlement à son approche Ford-Pro, lance son propre service de télématique, qui permet au gestionnaire de otte de garder un œil sur ses véhicules en temps réel. Le système télématique est compatible avec les derniers véhicules Ford grâce à un modem intégré, mais pour les ottes multi-marques, Ford fournit un dongle qui permet de connecter tous les véhicules. Avec cela, Ford entre ainsi dans le domaine des fournisseurs externes de systèmes télématiques. D’autres marques proposent des systèmes similaires, mais généralement ils ne sont disponibles que sur les véhicules de la marque elle-même. Mais la digitalisation pourrait aussi revêtir d’autres formes dans les années à venir, notamment via la vente en ligne. Elle a déjà gagné du terrain du côté des véhicules d’occasion et de stock lors des con nements de ces dernières années, mais il est peu probable qu’elle connaisse une même courbe à court terme pour les ventes de véhicules neufs. Quoique tout le monde n’est pas de cet avis. Notre pays est l’un des marchés pilotes pour la relance de Lancia en Europe, car la maison mère Stellantis y voit un bel avenir pour la vente en ligne. Mais une voiture est bien sûr totalement différente d’une camionnette, et la plupart des interlocuteurs ne voient pas les ventes en ligne prendre immédiatement de l’ampleur. Mercedes-Benz Vans étudie activement cette possibilité, mais estime qu’elle s’appliquera plutôt aux plus petits véhicules ‘standard’ et vise une part d’environ 15 % des ventes en ligne. Chez Volkswagen, qui dispose déjà d’un canal de vente en ligne, les ambitions sont modestes, mais la marque dit vouloir ‘être prête’ lorsque la demande de vente en ligne viendra des clients. Ingrid Lockley de Renault voit la con guration et la conversion spécialisées comme des obstacles potentiels à la vente en ligne. En tout cas, le concessionnaire sera toujours responsable de la livraison des véhicules vendus en ligne.
QUE RÉSERVE L’AVENIR ?
Mais quelle que soit la réalité actuelle dans le monde des concessionnaires, cela changera sans aucun doute bientôt. En effet, de nombreuses marques recherchent un nouveau modèle qui devrait leur donner plus de contrôle sur ce qui est vendu et à quel prix, tout en maintenant ou en améliorant l’expérience client et le niveau de service. Dif cile de dire pour l’instant à quoi ressemblera l’avenir. Néanmoins, les préparatifs vont bon train pour mettre en place une nouvelle approche concessionnaire. Stellantis a allumé la mèche en mai dernier en annulant tous les contrats de concessionnaires existants en Europe lors de la création du groupe né de la fusion entre PSA (Peugeot, Citroën et Opel principalement) et FCA (Fiat et Jeep principalement). Le délai de préavis de deux ans expirera en mai de l’année prochaine, mais en attendant, on ne sait rien de la nouvelle structure. Ford veut également consolider son réseau de concessionnaires, réduire le nombre de points de vente et améliorer la qualité des points de vente existants. Dans ce contexte, le constructeur a fait part de son intention de résilier les contrats avec les ‘commissionnaires’, les petits concessionnaires liés aux concessions plus imposantes. L’élaboration nale du réseau renouvelé est encore imprécise pour le moment. De nombreuses marques passent de ce que l’on appelle des contrats de concessionnaires à des contrats d’agents, les ventes étant sous la responsabilité de l’importateur ou de la maison-mère, tandis que le concessionnaire est chargé de la livraison. Mais la fédération des concessionnaires Traxio craint que la position du concessionnaire ne soit vidée de son contenu, alors que les marques elles-mêmes voudraient pro ter des avantages sans vouloir subir les contraintes de la distribution des voitures. Mais tant que les derniers détails des nouveaux modèles de distribution d’un certain nombre de marques ne sont pas encore connus, et tant que les querelles contractuelles et éventuellement juridiques ne sont pas terminées, il est dif cile d’évaluer à quoi ressemblera l’avenir.
VOICI LES PLUS GRANDS GROUPES DE CONCESSIONNAIRES DE BELGIQUE
Selon les recherches du bureau d’étude Aumacon, un centre de connaissances indépendant pour le secteur de la mobilité, en 2021, environ la moitié des nouvelles voitures et des véhicules utilitaires légers dans notre pays ont été livrés par l’un des 10 principaux groupes de concessionnaires. Il s’agit de :
1. Sopadis (D’Ieteren Automotive) 2. Van Mossel Automotive Group 3. A&M Invest 4. Autosphere 5. Groupe Schyns 6. Stellantis & You 7. Valckenier 8. Mercedes-Benz Retail 9. Groep Goeyens 10. Hedin Automotive