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Focus • L’interopérabilité tant attendue se concrétise
L’interopérabilité tant attendue se concrétise
Les répercussions sanitaires et économiques liées à la pandémie de Covid-19 ont accéléré le processus de la digitalisation, et surtout la volonté d’harmoniser l’ensemble des systèmes connectés. L’interopérabilité est aujourd’hui inéluctable, dans un univers en perpétuel mouvement et mutualisation.
TransFollow lance le Date Hub, qui offre à tous les partenaires d’une même opération de transport donnée de partager des informations en temps réel et de bénéficier de mises à jour instantanées de leurs documents. « Cet outil permet aux différents acteurs de se connecter. C’était l’axe manquant à la disponibilité de l’information. Aujourd’hui, grâce à des systèmes ouverts, c’est un univers démultiplié », note Guillaume Salembier, responsable France de TransFollow. « Date Hub peut s’adresser à tous, des grandes organisations aux gros chargeurs. Il a la même capacité de réactivité et vient s’intégrer aux systèmes existants. Il s’agit d’un outil compétitif. »
Palier l’incompatibilité des systèmes
Concrètement, Date Hub s’appuie sur les trois services indépendants, TransFollow Portal, TransFollow Connect et TransFollow Drive, qui peuvent être utilisés ensemble ou séparément. Avec l’API TransFollow Connect, les entreprises ont la possibilité de connecter facilement la plateforme TransFollow Datahub à leur système d’information existant et ainsi d’automatiser l’échange de données, telles que les preuves de livraison électroniques (e-CMR ou bordereaux d’expédition nationaux), avec leurs partenaires et leurs clients. « L’incompatibilité technique des systèmes ou le cloisonnement des données empêchent encore une libre circulation des informations stratégiques entre tous les acteurs. Seul le renforcement de l’interopérabilité des données et des systèmes d’information peut permettre aux entreprises de progresser pour tendre vers le zéro papier », précise Alexis Perinet-Marquet, directeur du développement des affaires et des produits de TransFollow. •••

Ekolis a inauguré au printemps sa plateforme baptisée Infinity by Ekolis avec un objectif clair : étendre l’interopérabilité aux remorques. Elle permet ainsi l’agrégation de données, capable de centraliser les informations issues à la fois des tracteurs et des remorques. « L’harmonisation des données répond aux enjeux des transporteurs de rationaliser les dépenses de traitement des datas et de simplifier la gestion du parc roulant souvent pré-équipé d’une solution télématique constructeur doublé d’un système embarqué additionnel », indique Ekolis. Sous la forme d’une plateforme web, Infinity by Ekolis exploite les informations issues des tracteurs, porteurs et remorques connectés, qu’ils soient équipés en usine ou par le biais d’un boîtier télématique de seconde monte. Une cartographie affiche la position des véhicules, tandis que l’ensemble des informations techniques de toute la flotte est accessible via l’application. Ekolis ne veut pas s’arrêter là, et envisage de compléter prochainement Infinity de fonctionnalités : gestion des temps de service, connexion au TMS, solution d’écoconduite ou encore possibilité d’intégrer une application mobile pour le conducteur.
Ouverture aux logiciels tiers
Les constructeurs de poids lourds aussi ont compris l’enjeu de l’interopérabilité. Daf a étendu les fonctionnalités de DAF Connect en s’ouvrant aux logiciels tiers de gestion de flotte. « Un nombre croissant de camions sortant de la chaîne de production de Daf sont désormais équipés de la plateforme de gestion de flotte en ligne DAF Connect. L’amélioration qu’apporte la plateforme ouverte, qui représente également une innovation, met en évidence les avantages de DAF Connect par rapport aux autres systèmes de gestion de flotte », déclare Jorg Wijnands, son directeur marketing. « Basé sur des partenariats de confiance entre des tiers sélectionnés, DAF Connect permet désormais une intégration facile avec les systèmes de gestion de flotte (FMS) et les systèmes de gestion de transport (TMS) existants. » Cette plateforme ouverte propose également aux fournisseurs de gestion de flotte tiers de récupérer des données directement depuis Connect. « Cela limite le nombre de modules matériels coûteux dans le véhicule, et permet une intégration prête à l’emploi qui réduit le coût total d’exploitation pour nos clients », fait valoir Jorg Wijnands.
Un éventail de partenaires
Traton, qui regroupe aujourd’hui plusieurs marques (Scania, MAN, Volkswagen), n’a pas attendu pour jouer la carte de l’ouverture en multipliant les partenariats. Via son offre Rio, le constructeur réunit déjà plus de cinquante partenaires sur sa plateforme. À tout moment, les clients peuvent réserver vingt-trois services adhérents de la place de marché Rio. En outre, trente et une solutions innovantes peuvent être intégrées sur demande via le service de Partner Management de la marque digitale de Traton. « Depuis le tout début, nous sommes partis de deux hypothèses. D’une part, Rio veut mettre en réseau tous les acteurs de la chaîne logistique de manière simple. D’autre part, il ne fait aucun doute que nous ne pouvons pas développer toutes les solutions nous-mêmes, mais que nous devons compter sur des partenaires performants », relève Jan Kaumanns, président de Rio. Dans le domaine du suivi des véhicules, les partenaires de Rio sont des sociétés comme Timocom, Trans.eu et Sixfold. S’ajoute le tracker de LOSTnFOUND qui permet de suivre sur la plateforme Rio des véhicules sans télématique propre, qu’il s’agisse d’engins de construction ou d’outils de chargement comme les palettes. En ce qui concerne la gestion des itinéraires et des commandes, on re-


tiendra des noms et des produits connus tels que CarLo de Soloplan, WinSped de Lis et Translogica d’InfPro IT Solutions. « Notre choix de partenaires se fonde sur les processus organisationnels et la chaîne de valeur que les chargeurs et les transporteurs gèrent quotidiennement. Nous intégrons les données obtenues auprès des flottes de camions et les leur transmettons. Grâce à nos interfaces standardisées, appelées API, le client peut consolider ses données dans le système partenaire de son choix, et il ne s’agit pas nécessairement de la plateforme Rio. Au final, il ne doit utiliser qu’un seul système informatique », développe Johan Carlberg, responsable de la gestion des partenariats de la marque digitale de Traton. Les comptes rendus automatisés des dépenses, et surtout les modules logiciels de suivi et d’archivage des temps de conduite et de repos, sont les outils les plus importants du tachygraphe et de la gestion du temps. Des fournisseurs tels que VDO TIS-Web, TachoWeb de Dako ou modulon Spesen sont accessibles sur la marketplace de Rio. « Nous continuerons à observer le marché afin d’identifier quels nouveaux partenaires potentiels aideront non seulement Rio mais surtout nos clients à se développer efficacement. En 2021, nous voulons, d’une part connecter les écosystèmes du transport et de la logistique, souvent séparés, et d’autre part, rendre encore plus facile l’échange bidirectionnel de données entre Rio et nos partenaires », conclut Jan Kaumanns.

L’arrivée du protocole rFMS
Avec l’arrivée progressive des camions autonomes, l’interopérabilité va se développer, la centralisation des données du véhicule étant obligatoire pour qu’il circule. Le protocole rFMS (Remote Fleet Management System) permettra de dématérialiser directement sur le Cloud l’accès aux données télématiques de chaque camion. Une entreprise de transport pourra alors, comme elle le souhaite, ajouter des logiciels de gestion de flotte, toute marque confondue. Le dirigeant pourra centraliser toutes les informations : l’état de santé du véhicule, le comportement de son conducteur, la consommation, la sécurité. Le protocole rFMS pourrait s’appliquer aux véhicules non autonomes déjà en circulation. L’interopérabilité n’en est qu’à ses balbutiements.
