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Focus • Le camion autonome, technologie de pointe

Le camion autonome, technologie de pointe

Les solutions alternatives au carburant, le biocarburant ou l’hydrogène, semblent avoir volé la vedette au camion autonome. Et pourtant, les constructeurs poursuivent leur développement. Volvo et Daimler ne sont pas en reste.

S’ils restent discrets sur la question, les constructeurs historiques de poids lourds n’ont pas dit leur dernier mot sur le camion autonome. Daimler a présenté fin 2020 un Cascadia totalement autonome en partenariat avec Torc Robotics et Waymo. « Nous pensons que nos récents développements, l’avènement de la technologie autonome de niveau 4, révolutionneront la façon dont nos clients exploitent les camions de classe 8 dans les opérations de flotte longue distance », a déclaré Anika Friesinger, directrice du programme du camion autonome chez DTNA. « Nous avons également compris que nous avons besoin de partenaires solides pour mettre cette technologie sur le marché. C’est pourquoi nous avons commencé à travailler avec Torc Robotics il y a un an et demi, et avons depuis acquis une participation majoritaire dans cette entreprise. Ce partenariat a porté ses fruits, nous aidant à développer de nombreuses caractéristiques de sécurité présentes sur ces camions Cascadia autonomes. » Pour l’heure, le véhicule a dépassé le stade du prototype, mais on ne le verra pas encore circuler sur les routes. « Il faudra du temps avant que la technologie autonome ne dépasse le contrôle manuel des véhicules et commence à transporter de gros volumes de fret », a reconnu Anika Friesinger. « Nous avons beaucoup à apprendre sur les performances de ces systèmes, dans de mauvaises conditions météo par exemple, et sur la manière dont les opérations et l’infrastructure s’adapteront pour faire face aux urgences de routine telles que les crevaisons et les inspections avant le départ. » Volvo de son côté, qui a même créé une entité dédiée (Volvo Autonomous Solutions), s’apprête à tester hors circuit fermé son premier véhicule autonome. Il est actuellement en test dans le port de Göteborg, en Suède. « Le développement de solutions de transport sur route et hors route est à plein régime », a indiqué Nils Jaeger, président de Volvo Autonomous Solutions. « Le transport autonome a un rôle important à jouer dans l’avenir de la logistique, et profitera à la fois aux entreprises et à la société en termes de productivité, de sécurité et de durabilité. »

Le constructeur a conclu des partenariats avec des sociétés spécialisées et un logisticien, DFDS. La première étape consiste à récolter le maximum d’informations depuis 21 capteurs (lidars, radars, caméras) installés sur le camion. Ces données serviront à la création d’un système automatisé et connecté pour un flux continu de marchandises. Jusqu’ici, Volvo a surtout développé des camions autonomes sur des circuits fermés comme des mines et des ports. Selon Rune Keldsen, directeur de la technologie et vice-président de DFDS, « Notre vision d’une chaîne d’approvisionnement automatisée s’aligne très bien avec les objectifs de Volvo pour ce projet et a fait de ce précieux partenariat un choix naturel. Les solutions autonomes ont le potentiel d’améliorer radicalement l’efficacité et d’augmenter la sécurité dans les entreprises et la société, et il faut une collaboration ouverte entre les industries pour conduire ce type de changement complexe ».

Des partenaires de choix

Les constructeurs ont bien compris que le choix des partenaires est primordial. Car l’expertise est essentielle, tant sur le plan de la technologie (très complexe) que sur la sécurité. Torc Robotics, filiale de Daimler Truck, a choisi Amazon Web Services (AWS) comme fournisseur de cloud pour ses camions autonomes en Europe et aux États-Unis. Il sera chargé de gérer l’échelle et la vitesse nécessaires au transfert de données, au stockage et à la capacité de calcul. Torc devrait commercialiser rapidement un système de conduite autonome de niveau 4 qui sera proposé aux clients du secteur du poids lourd. Ainsi que défini par la Society of Automotive Engineers (SAE, Société des ingénieurs de l’automobile), au niveau 4 de l’autonomie, un véhicule est capable d’exécuter toutes les fonctions de conduite dans des conditions d’exploitation spécifiées. « Les capacités étendues d’AWS sont conçues pour fournir un transfert de données rapide et sécurisé, un stockage intelligent à plusieurs niveaux, des outils d’orchestration et d’analyse gérés, ainsi que des microprocesseurs CPU et GPU multicœurs haute performance, pour aider Torc à faire évoluer rapidement sa plateforme de développement agile et rentable, et à accélérer les essais et la commercialisation de sa technologie », relève Daimler. La flotte d’essais de Torc Robotics au Nouveau-Mexique génère déjà des pétaoctets de données (1 pétaoctet équivaut à 1 048 576 de gigaoctets) à partir des tests réalisés sur routes publiques. Le software de la société collecte et traite des données brutes provenant de plusieurs capteurs tels que le lidar, les caméras et les radars, accessoires montés sur les camions de test. Outre l’expansion des itinéraires et de la taille des flottes, la prochaine génération de camions d’essai a intégré davantage de capteurs à plus haute résolution pour améliorer la détection des objets à plus longue distance, augmen- •••

tant encore l’ampleur des données pour l’analyse, la simulation et l’apprentissage de la machine. Le système de conduite autonome de niveau 4 de Torc Robotics utilise des ordinateurs de bord qui traitent les données des capteurs en temps réel, et un logiciel hôte qui gère les tâches de conduite dynamique pendant le parcours en autonomie. L’entreprise s’appuiera sur AWS pour accroître l’efficacité du transfert des données à partir de ses itinéraires routiers, tandis que son équipe continuera à améliorer le système. « AWS est une plateforme idéale pour l’acquisition, le stockage et le post-traitement de quantités massives de données collectées par notre flotte d’essai sur route », a expliqué Ben Hastings, directeur de la technologie de Torc Robotics. L’équipe de développement de la société utilisera AWS pour les tâches à faibles et fortes demandes, ainsi que pour le partage de données entre les équipes distantes. L’entreprise s’appuiera sur les services gérés par plateforme de services cloud tels qu’Amazon Elastic Kubernetes Service (Amazon EKS) pour exécuter des logiciels de simulation à l’échelle, Amazon Managed Streaming pour Apache Kafka (Amazon MSK), Amazon Managed Workflows pour Apache Airflow, (MWAA), ou Amazon Simple Storage Service (Amazon S3) Intelligent-Tiering pour gérer efficacement les données de test et soutenir la conformité réglementaire. Cette intégration sur AWS permettra à Torc Robotics de transférer des quantités massives de données pour l’analyse des logiciels de tests réels, tout en fournissant une puissance de calcul pour la simulation et l’apprentissage approfondi.

Des milliards de données à la seconde

La technologie évolue rapidement, même si pour l’heure aucun camion autonome n’a été commercialisé. La société américaine Plus annonce une nouvelle génération de technologies pour les poids lourds à délégation de conduite. Elle vient de conclure un partenariat avec Nvidia, entreprise spécialisée dans la conception de processeurs, cartes et puces graphiques pour PC et consoles de jeux, et compte développer d’ici l’année prochaine cette technologie en Amérique du Nord, en Europe et en Chine. Le nouveau procédé est simple : une multitude de caméras, lidars et radars permettent de visualiser l’environnement du camion à 360°. Grâce aux données recueillies par les capteurs, le système peut identifier plus rapidement les objets à proximité, prédire le déplacement de ces objets et contrôler le véhicule afin d’en assurer la circulation et la sécurité. Cette technologie repose sur les puces Nvidia, qui peuvent traiter à la seconde et en même temps près de 254 000 milliards d’opérations. C’est une puissance de calcul idéale pour gérer le grand nombre d’opérations simultanées utilisées pour les camions autonomes.

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