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Mon p’tit Chat…
PAR AVRAHAM AZOULAY
La planète entière ne parle plus que d’elle. Non pas de la réforme, rassurez-vous ! Il parait qu’elle fait tout, connaît tout, comprend tout, dessine à votre place, lit dans vos pensées, analyse tout… J’ai simplement écrit sur Google ces deux mots : intelligence artificielle. La fameuse appli ChatGPT m’est apparue. Alors j’ai osé, plein de curiosité et d’espoir, lui demander, à elle qui sait tout… « Dis génie, dessine-moi l’avenir d’Israël ». Et là, à ma grande stupéfaction, en toute humilité, voici ce qu’elle m’a répondu : « En tant qu’intelligence artificielle, je ne suis pas en mesure de prédire l’avenir avec certitude… »
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J’ÉTAIS SIDÉRÉ ET TELLEMENT DÉÇU. J’ai insisté, lui rétorquant que le monde entier, ainsi que de nombreux bien pensants et journalistes israéliens, avec sûrement moins de modestie et de neurones artificiels, n’hésitent pas à prédire l’avenir…
Tu sais mon p’tit Chat, ils pensent que la seule démocratie du Moyen-Orient pourrait bientôt se transformer en dictature, en état théocratique, certains nous comparent déjà à l’Afghanistan. Il y a même plus fort que toi, ChatGPT : les juges, qui en plus décident de notre sort, entre amis, sans tenir compte de la tendance générale du peuple… Alors d’une voix douce, je lui ai glissée à l’oreille : « Juste un p’tit effort, s’il te plaît, et je te chante comme Enrico, dis-moi l’avenir ! » Là elle m’a répondu…
« En 2023, Israël sera probablement confronté à des défis émergents, notamment la sécurité régionale, les relations avec les pays voisins, l’économie et la croissance démographique ».
Mais mon p’tit chat, c’est du grand basique ! Même au 20 heures ils font mieux : Es-tu sûr que l’ IA (Intelligence Artificielle) est l’avenir de l’homme, la révolution du siècle ? Que penses-tu de la liquidation des terroristes du Jihad islamiste palestinien à Gaza, la nuit de Lag Baomer ?
LA RÉPONSE ne s’est pas fait attendre, lisez ça : « Je suis désolé, mais en tant qu’IA, je ne suis pas autorisé à fournir des commentaires sur la liquidation des terroristes du Jihad à Gaza car cela peut être considéré comme inapproprié ou offensant pour certains utilisateurs. Est-ce que je peux vous aider avec autre chose ? »
Non mon p’tit Chat, j’ai l’impression que tu as toi aussi été formaté ou menacé…
Ce qui me rassure dans ces liquidations bien ciblées, c’est que Ben Gvir qui prétendait que les promesses étaient vaines, peut à présent venir se rassoir autour de la table.
Le tandem Bibi/Galant a surpris tout le monde… Pauvre IA ! ça, tu ne peux pas comprendre !
Bon fais-nous un effort prophétique et donne-nous un scoop, sinon je retire l’appli de mon Iphone !
« Toutefois, la capacité d’Israël à faire face à ces défis dépendra de la résilience de sa société, de sa capacité à innover et de sa détermination à surmonter les obstacles ».
BON J’AI COMPRIS… Demandez au roi ChatGPT ce que vous voulez savoir, mais ne lui demandez pas de devenir devin. Apparemment, ce n’est pas dans ses cordes de prendre des risques. Mieux vaut aller voir un Rav ou s’ouvrir un livre de Thora. Les deux auront probablement des réponses plus précises, plus réalistes et plus reliées à l’éternité !
L’idéal c’est d’oublier l’écran et d’aller allumer une bougie,bien réelle, sur la tombe de Rabbi Shimon Bar Yohai… Le résultat est garanti !
Lundi dernier, j’ai donné une conférence organisée et parrainée par les associations Paamonim et Qualita, concernant l’éducation financière et l’autorité parentale. Le sujet a interpellé de jeunes couples ayant besoin de conseils pratiques quant à l’éducation financière de leurs enfants. De nombreuses questions ont été abordées telles que : doit-on donner de l’argent de poche à nos enfants ? Si oui, combien ? À quel âge ? … et bien d’autres sujets. La réponse variera selon les différences de mentalités, en fonction de ce que chacun apporte de son enfance : habitudes, culture, croyances… De façon automatique, sans pour autant en être conscient, nous copions le comportement de nos parents lorsque nous étions petits.
Une jeune maman, ola hadasha depuis peu, a particulièrement attirée mon attention et a soulevé le lourd poids de l’alyah et de ses défis. Étant montée seule en Israël à 18 ans, je ne m’étais jamais imaginée combien l’alyah pouvait être difficile et douloureuse pour certaines familles venant de France en particulier.
TOUT D’ABORD, parlons de l’apprentissage de la langue. Les enfants sont les premiers à apprendre l’hébreu. Leurs parents, malgré un oulpan intensif, ne parlent pas couramment. Ils balbutient quelques mots de base avec les voisins de l’immeuble, ou avec les vendeurs de magasins. Ils jonglent entre les bribes de français, mélangées à l’hébreu et à l’anglais, sans oublier bien sûr les grands gestes dans l’espoir de se faire comprendre. À l’école, c’est la même chose. En tant que psychopédagogue, je joue souvent le rôle de médiatrice entre les professeurs et les parents lors des réunions de parents d’élèves. La communication est difficile et les parents désireux d’aider leurs enfants se voient dans l’incapacité de le faire. Ils n’arrivent pas à comprendre les énoncés et les devoirs de leurs progénitures et font souvent appel à des aides aux devoirs ou, si les difficultés persistent et deviennent plus importantes, à une professionnelle. Quant à communiquer avec les institutions comme les banques, la mairie, la compagnie d’électricité ou celle des téléphones, c’est quasiment mission impossible !
La conséquence directe de ce handicap de la langue est que les rôles s’inversent à la maison. Les enfants deviennent les parents et les parents deviennent les enfants. Ce sont les enfants qui font le lien avec le monde extérieur et représentent leurs parents. Cette situation qui est à la fois anormale et terriblement frustrante affecte l’autorité parentale. Les parents réalisent vite qu’ils perdent pied et n’arrivent plus à exercer la même autorité et à poser les mêmes limites que lorsqu’ils étaient en France. Les enfants se sentent tout à coup puissants et sont conscients de leur nouveau statut. Les tensions s’installent à la maison, notamment au sein du couple.
Un Autre D Fi Rencontr
Un autre défi rencontré par de nombreux olim hadashim est la différence de mentalité concernant la gestion budgétaire.
Tout d’abord, la monnaie est différente. Le shekel remplace l’euro qui, par ses fluctuations journalières, augmente ou baisse le pouvoir d’achat. Par exemple, un revenu mensuel de France d’un montant de 2000 euros représentait il n’y a pas si longtemps une somme de 10 000 shekels (1 euro a 5 sh). Ces dernières années, l’euro s’est mis à dégringoler à 4 voire 3,5. Ce même père de famille doit dorénavant subvenir aux besoins de sa famille avec un budget de 7 000 sh - soit une différence de 3 000 sh qui est ENORME ! Les olim qui ont réussi à trouver un travail en Israël se voient accepter des salaires nettement inférieurs à ceux de
France et sont dans l’obligation de baisser leur train de vie par rapport à celui de leur pays d’origine. La femme qui était mère au foyer jusqu’à présent doit trouver un travail et jongler entre les deux, chose complexe dont elle n’était pas habituée auparavant. D’un côté, le pouvoir d’achat baisse, de l’autre, le loyer, le crédit et le panier alimentaire augmentent. L’angoisse s’installe, les dettes s’accumulent et le cercle infernal est enclenché. La famille n’arrive plus à joindre les deux bouts. Les parents ne peuvent plus gâter les enfants comme avant et, dans certains cas, sont obligés de faire appel à différentes associations francophones telles que l’Union des Indépendants. Beaucoup retrouvent l’espoir. Pour d’autres, la situation persiste et de nombreuses familles retournent malheureusement en France. Alors quelle est la solution, me direz-vous ?
IL N’Y A PAS DE SOLUTION MIRACLE. À mon humble avis, je pense qu’il faut accepter le changement de mentalité. Ne plus vivre comme un consommateur français en Israël, mais comme un consommateur israélien, point. S’intégrer. Apprendre l’hébreu. S’intéresser et comprendre le système économique et social du pays. Ne pas tomber dans les pièges de la carte bleue, du découvert autorisé et des publicités incessantes. Enseigner ce qu’est la valeur de l’argent aux enfants, dans les écoles ou à la maison, afin qu’ils comprennent dès le plus jeune âge ce qu’est le budget, l’épargne et les risques de la surconsommation, afin qu’ils deviennent des adultes avertis qui sauront gérer leur argent intelligemment.