Décembre/Janvier #2024-10 filmguide.ch
Votre mensuel du cinéma
LA CHAMBRE D’À CÔTÉ
Almodóvar au sommet
MÉMOIRES
D’UN ESCARGOT
L’animation au service de l’émotion
BIRD
Une héroïne inoubliable
SARAH BERNHARDT –LA DIVINE
Un festival Sandrine Kiberlain
Décembre/Janvier #2024-10 filmguide.ch
Votre mensuel du cinéma
Almodóvar au sommet
L’animation au service de l’émotion
Une héroïne inoubliable
Un festival Sandrine Kiberlain
Le Nouveau Bond ? Non, Kraven !
Gagnez de nombreux lots pour la sortie de « Kraven the Hunter »
Valable 10 ans dans tous les cinémas suisses. « THERE’S NO PLACE LIKE HOME » Ton cinéma I I I
Vous tenez entre vos mains notre grand numéro de fin d’année – rempli à ras bord de films passionnants en tous genres ! La preuve que le cinéma, sous toutes ses facettes, est bien vivant.
Toute l’équipe et moi-même vous souhaitons de bonnes Fêtes de fin d’année et remercions chaleureusement nos fidèles lecteurs ainsi que nos précieux annonceurs et partenaires, sans qui ce magazine ne serait pas possible.
Bien à vous,
Voici l’histoire captivante et pleine d’action de l’un des méchants les plus légendaires de la bande dessinée, qui a maintenant son propre film !
Par Carmine Carpenito
Prêts pour beaucoup d’action, des cascades cool et un immense moment de plaisir sur grand écran ? Alors vous êtes au bon endroit avec « Kraven the Hunter », un spectacle nerveux sur le justicier du titre qui poursuit et tue les méchants. Dans le monde des bandes dessinées, Kraven est connu comme un super-vilain. Mais comment est-il devenu un chasseur surdoué ? Le film fournit la réponse et donne un aperçu des brillantes tactiques de ce traqueur emblématique. Kraven est en effet un maître du combat au corps à corps, une compétence qu’il a perfectionnée en
combattant des animaux sauvages – un avantage qui l’aide désormais à éliminer des ennemis humains.
SUPER ACTEUR
Âgé de 34 ans et né à High Wycombe, au Royaume-Uni, Aaron Taylor-Johnson, endosse dans « Kraven the Hunter » le rôle du chasseur du titre, dont la relation complexe avec son père sans scrupules Nikolai, joué par le cultissime Russell Crowe, l’entraîne dans une quête de vengeance aux conséquences brutales. Ce qui l’incite à devenir non seulement le chasseur le plus performant du monde, mais aussi l’un des plus redoutés. Résultat : un film
chargé d’adrénaline et de frissons, une action magnifiquement mise en scène et une « origin story » racontée de manière passionnante.
KRAVEN THE HUNTER EN SALLE LE 11 DÉCEMBRE
PARTICIPEZ À NOTRE GRAND TIRAGE AU SORT !
Pour gagner un set de rasage One Blade avec manche, 20 lames métalliques, crème à raser, aftershave et étui de voyage, envoyez un e-mail avant le 31 janvier 2025 avec le mot-clé KRAVEN à concours@filmguide.ch. (Fin du concours le 31.01.25)
Bien qu’il soit considéré avec insistance comme le prochain James Bond, il est encore trop tôt pour sortir le smoking du placard. En attendant, Aaron Taylor-Johnson s’impose en Kraven the Hunter au terme d’un entraînement intensif.
Par Carmine Carpenito
Lorsqu’il a été annoncé que le super méchant de la bande des sinée Marvel aurait son propre film, Sony Pictures s’est mis en quête de l’acteur idéal. C’est finalement Aaron (Golden Globe du second rôle pour « Guy ») qui l’a emporté. L’élu a passé d’innombrables heures à la gym pour être au top de sa forme. Il a été aidé par l’entraîneur person nel David Kingsbury qui, avant lui, avait déjà entraîné Ryan Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal.
UN HOMME HEUREUX
Dans sa vie privée, le Britannique de 34 réalisatrice Sam Taylor-Johnson. Ils se sont rencontrés en 2009 sur le plateau de « Nowhere Boy filles de 14 et 12 ans. Il est également le beau-père des enfants que sa femme a amenés dans leur relation et Jessie (18 ans). Entre travail et vie privée, son prochain pro jet est déjà prévu pour 2025 du diptyque culte de morts -vivants « semaines plus tard » signé Danny James Bond ? En tout cas, il a déjà le physique de l’emploi…
Avec LA CHAMBRE D’À CÔTÉ, l’immense Pedro Almodóvar a bouleversé la dernière Mostra de Venise au point d’en remporter un Lion d’or que personne n’a contesté.
Par Bernard Achour
« Ce samedi, en sortant dans la rue, je découvre que la journée est magnifiquement ensoleillée. C’est le premier jour de soleil sans ma mère », écrivait en 1999 Pedro Almodóvar dans une lettre rédigée le lendemain de la mort de celle qui fut la première femme de sa vie. Connu pour ses passions extravagantes, son goût des couleurs flashy ou ses questionnements sur les identités de genre, il l’est aussi surtout pour le rôle essentiel qu’il a toujours donné aux femmes dans son œuvre. « La Chambre d’à côté » en apporte un nouvel et éclatant exemple.
FEMMES, JE VOUS AIME
De « Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier » en 1980 à « Madres paralelas », de « Dans les ténèbres » à « Julieta » et de « Labyrinthe des passions » à « La Chambre d’à côté » en passant par « Étreintes brisées » et autre « Tout sur ma mère », il s’est fait un devoir, lui le gay farouchement militant, de les mettre en scène, elles, leurs combats, leurs souffrances, et par dessus tout leur force. Une force qui aura su panser les plaies d’une enfance parfois difficile, mais aussi celles de l’Espagne tout entière : « J’ai grandi entouré de femmes fortes comme ma mère ou mes voisines, cette génération qui a sauvé notre pays de la guerre ».
TOUT SUR SA MÈRE
Né en 1949 à Calzada de Calatrava, Pedro Almodóvar a beau avoir quitté dès 18 ans la maison familiale pour s’installer à Madrid, il a toujours entretenu une relation spéciale, presque fusionnelle, avec celle qui lui a donné le jour, l’actrice Francisca Caballero. « J’ai beaucoup appris d’elle sans que nous nous en rendions compte », dit-il. « Des choses essentielles pour mon travail, entre autres comment la réalité a besoin d’être complétée par la fiction pour rendre la vie plus facile. » De fait, on ne compte plus les films durant lesquels il parle de sa mère, à sa mère, de
sa jeunesse, de la nôtre, y compris dans le sublime et un peu sous-estimé « Douleur et gloire » où il fait à Antonio Banderas l’honneur d’être son double de cinéma et à Penélope Cruz celui d’incarner sa génitrice…
Moins autobiographique, « La Chambre d’à côté » est un de ses rares films adaptés d’un roman, en l’occurrence signé Sigrid Nunez, où deux amies de longue date, dont l’une est atteinte d’un cancer incurable, se retrouvent après des années de silence. C’est aussi le tout premier qu’il tourne en anglais, avec les grandes Julianne Moore et Tilda Swinton. « J’ai trouvé dans le livre des résonances extrêmement personnelles sur l’amitié, la mort, bien d’autres choses encore et je me les suis réappropriées dans le scénario », dit-il. Soit un double portrait de femmes gorgé de sensibilité, de compassion, de lucidité et de rebondissements narratifs, dont la richesse émotionnelle est de celles qu’on n’oublie pas de sitôt.
LA CHAMBRE D’À CÔTÉ EN SALLE LE 8 JANVIER
LE 15 JANVIER AU CINÉMA
Fastueuse adaptation d’un triomphe de Broadway inspiré par le mythe du « Magicien d’Oz », WICKED est assurément une des priorités de Noël en matière de grand spectacle et de magie.
Par Bernard Achour
Classique d’entre les classiques sorti en 1939, le film de Victor Fleming « Le Magicien d’Oz » avec Judy Garland est devenu au fil du temps une référence absolue, tant pour sa splendeur visuelle et la folle imagination de ses péripéties que pour sa bande originale immortalisée par la chanson « Over the Rainbow ». On y suivait les aventures de Dorothy, une adolescente transportée par une tornade dans un monde à la fois magique et terrifiant où une sorcière tentait de l’empêcher de rentrer chez elle. À l’origine du scénario, le roman de Frank L.
Baum s’est vu donner une suite en 1995 par l’écrivain Gregory Maguire dont le premier des quatre volumes déboucha huit ans plus tard sur « Wicked », grandiose comédie musicale qui, forte de près de sept mille représentations, entra dans la légende de Broadway. Et c’est de ce show triomphal qu’est tiré le film de John M. Chu.
AMIES OU ENNEMIES ?
Située dans le pays d’Oz bien avant l’arrivée de Dorothy, l’intrigue se concentre sur le destin de deux amies promises à un avenir qui les séparera inévitablement : Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte qui ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs, et Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. La première deviendra ainsi la Méchante Sorcière de l’Ouest (celle qu’on croise dans le film original), et la seconde la Gentille Sorcière du Nord. À partir de là, fort de décors et grandioses, d’effets spéciaux éblouissants, d’une musique particulièrement inspirée et de chansons dominées par le tube planétaire « Defying Gravity » en passe d’égaler « Over the Rainbow » en popularité, le
film déploie des sortilèges auxquels il est impossible de résister.
DUO DE CHOC
Mais il n’aurait pas le même impact sans la présence au sommet du générique de deux interprètes d’exception venues de la musique. À savoir Cynthia Erivo, chanteuse et actrice citée à l’Oscar en 2020 pour son tour de force dramatique dans le rôle-titre d’« Harriet » ; et l’ultra populaire Ariana Grande qui, après une apparition dans la formidable comédie satirique « Don't look up », trouve ici sa toute première tête d’affiche au cinéma. Grâce à leur duo/duel, « Wicked » est assuré de conquérir non seulement leurs fans respectifs, mais aussi tous ceux que les mots « comédie musicale » font frissonner de plaisir anticipé. En attendant une suite d’ores et déjà dans les tuyaux.
WICKED EN SALLE LE 4 DÉCEMBRE
Au croisement du réalisme social et du pur fantastique, BIRD est un film unique en son genre.
Par Bernard Achour
Chaque année, le palmarès du Festival de Cannes se distingue par quelques « oublis » plus ou moins criants. Mais Greta Gerwig et ses collègues de l’édition 2024 ont battu tous les records d’aveuglement en laissant passer l’occasion de récompenser un des plus beaux fleurons de la Compétition.
UNE VISION
Pourtant habituée des lauriers cannois, la réalisatrice anglaise Andrea Arnold, triple Prix du jury (un record !) pour « Red Road », « Fish Tank » et « American Honey », est donc cette fois repartie bredouille. Qu’à cela ne tienne. Car au-delà de cette flagrante injustice, l’essentiel demeure le film. Et quel film ! On y fait la connaissance de Bailey, adolescente métisse tiraillée entre le quotidien désœuvré que lui impose sa condition modeste, un père aimant mais fantasque, les quatre cents coups auxquels elle s’adonne avec ses amis et une secrète mais irrépressible envie d’ailleurs.
Puis un jour, sa route croise celle d’un inconnu, un homme étrange, imprévisible et bienveillant, avec lequel elle va nouer une amitié qui… On n’en dira pas davantage pour conserver la surprise d’une histoire qui, sur des bases on ne peut plus réalistes, prend de minute en minute son élan vers une dimension assez inouïe où la poésie le dispute au surnaturel. « L’idée m’est venue d’une vision, raconte Andrea Arnold. Celle d’un homme très grand se tenant au sommet d’une tour dans la brume. Je n’arrêtais pas d’y penser. Les questions se bousculaient. Pourquoi cette image ? Qui est cet homme et que fait-il là ? Est-ce un humain ou un extraterrestre ? Habite-t-il dans le quartier ? Que fait-il sur le toit ? J’ai écrit le scénario pour comprendre. »
AU CROISEMENT DES GENRES
Le secret de cette splendide réussite qu’est « Bird » ? « Andrea est capable d’attendre plusieurs heures pour capter le bon moment sans chercher à le provoquer », s’émerveille l’acteur Frank Rogowski,
hypnotique interprète de l’incroyable personnage qui donne son titre au film. Et c’est exactement ça : une succession ininterrompue de « bons moments » dont l’enchaînement débouche à la fois sur une chronique naturaliste menée tambour battant, une peinture de l’adolescence qui témoigne d’une connaissance aiguë de cette période de la vie et une fable effleurée par l’aile du fantastique dont l’épilogue dégage une intensité émotionnelle de tout premier ordre. Palmarès ou pas, « Bird » est et restera une merveille.
BIRD
EN SALLE LE 8 JANVIER
Cinq ans après l’adaptation en prises de vues réelles photoréalistes du « Roi Lion », MUFASA – LE ROI LION est une préquelle tout aussi impressionnante qui se concentre sur le personnage culte du titre.
Par Carmine Carpenito
Lorsque l’adaptation en prises de vues réelles du « Roi lion » est sortie dans les cinémas suisses en 2019, les séances étaient pleines à craquer. Plus de 600 000 cinéphiles n’ont pas voulu manquer ce qui était à l’époque un événement cinématographique majeur. Aujourd’hui, Mufasa – Le Roi lion » est une préquelle passionnante, aux effets spéciaux encore meilleurs et au scénario très élaboré qui réchauffe le cœur.
L’histoire est racontée par retours en arrière et commence avec Mufasa, un lionceau orphelin, perdu et seul, jusqu’à ce qu’il rencontre Taka, l’héritier du trône des lions. Cette rencontre fortuite marque le début d’un long voyage pour un groupe extraordinaire de marginaux en quête de leur destin. Leur complicité est alors mise à l’épreuve lorsque les amis
doivent échapper à un ennemi menaçant et mortel…
De nouveaux membres du casting vocal ainsi que d’autres déjà connus font les voix originales, dont Aaron Pierre dans le rôle de Mufasa, John Kani dans celui de Rafiki, Seth Rogen dans celui de Pumbaa, Billy Eichner dans celui de Timon, Donald Glover dans celui de Simba et Beyoncé (Knowles-Carter) dans celui de Nala.
Ce spectacle aux images magnifiques a été mis en scène par Barry Jenkins, Oscar, des meilleurs film et scénario adapté pour « Moonlight », qui livre avec « Mufasa – Le Roi lion » un classique instantané qui transformera le Noël du cinéma en une expérience inoubliable.
MUFASA – LE ROI LION EN SALLE LE 18 DÉCEMBRE
JÉRÔME SEYDOUX PRÉSENTE
GOD SAVE THE
UN FILM DE JEAN-PAUL ROUVE
Jean-Paul ROUVE
Isabelle NANTY
Claire NADEAU
Sarah STERN
Pierre LOTTIN
Théo FERNANDEZ
AU CINÉMA LE 5 FÉVRIER 2025
LES CADEAUX
Une énergie folle, un franc-parler irrésistible, une gouaille sans fard : « Je reste une gamine d’un mètre soixante-cinq prête à tout pour déconner », dit Chantal Lauby. Elle en apporte une nouvelle preuve dans LES CADEAUX.
Par Bernard Achour
Elle a d’abord été une jeune femme du sud de la France, née à Gap en 1948 et élevée en Auvergne. Issue d’une famille modeste, elle aurait pu mener une vie tranquille, mais « la routine, c’est bon pour les autres », dira-t-elle. Après des études pour devenir
prof, elle se lance dans le journalisme où elle se fait la main en tant que reporter et présentatrice d’émissions locales alors qu’elle trouve la télévision « parfois plus chiante qu’une messe dominicale ». Et elle précise : « Heureusement, j’ai vite compris que j’étais faite pour autre chose ».
PAS SI NULLE
En 1984, Canal+ voit le jour et offre une toute nouvelle plateforme à des talents déjantés. Chantal Lauby y rencontre trois comparses : Bruno Carette, Alain Chabat et Dominique Farrugia. Ces quatre-là forment très vite un groupe unique, à l’énergie explosive, baptisé Les Nuls. Ils deviennent le fer de lance de « l’humour Canal », totalement libre, irrévérencieux, sans tabous. « Je n’ai jamais ressenti que c’était moi “la fille des Nuls” », raconte-telle. « Franchement, on était juste quatre potes qui voulaient rigoler et envoyer valser tous les clichés qu’on nous imposait. »
ÉCRAN TOTAL
Après plusieurs années de succès télévisuel, Les Nuls décident de passer au grand écran avec « La Cité de la peur », une parodie de thriller sortie en 1994 où Chantal Lauby incarne une attachée
de presse hilarante et névrosée qui tente de promouvoir un film d’horreur grotesque durant le Festival de Cannes. Le film devient un phénomène culte en France grâce à son humour décapant, ses répliques cultes et son absurdité assumée. Son succès est tel qu’il propulse encore davantage sa notoriété et celle de ses compagnons.
DE SES PROPRES AILES
Après la fin des Nuls, Chantal Lauby poursuit sa carrière en solo et, en 2003, réalise son premier film, « Laisse tes mains sur mes hanches », une comédie qui aborde la quête de soi et la féminité avec une sensibilité nouvelle. Mais c’est en 2014 qu’elle connaît son premier triomphe commercial avec « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » (photo) (plus de 20 millions d’entrées dans le monde) en mémorable bourgeoise coincée confrontée aux choix amoureux multiculturels de ses filles. Ce film et ses suites lui permettront de rester une actrice aimée et respectée, capable de toucher le public sans perdre son esprit subversif. Et dans « Les Cadeaux », irrésistible comédie de Noël où elle a Gérard Darmon et Camille Lellouche pour partenaires, elle affiche ses 76 ans avec une classe et une malice qui n’appartiennent qu’à elle. « Quand viendra le moment du grand départ, je sais déjà quelle sera ma dernière pensée », affirme-t-elle. « Je me dirai : « Qu’est-ce que je me suis marrée, quand même ! »
LES CADEAUX EN SALLE LE 25 DÉCEMBRE
Magnifique histoire d’amitié, spectaculaire épopée d’aventures, SAINT-EX permet à son réalisateur de gagner sur tous les tableaux.
D’où vient votre intérêt pour Antoine de Saint-Exupéry ?
Pablo Agüero : Je suis né au pied de l’Aconcagua, à l’endroit même que SaintExupéry survolait tous les jours à la recherche inlassable de son ami perdu. Chez moi, il n’y avait qu’un livre : « Le Petit Prince ».
Ce conte philosophique m’a aidé à surmonter l’extrême précarité de mes conditions de vie, me poussant à bâtir mon propre univers imaginaire. Après avoir vécu la deuxième moitié de ma vie en France, l’idée de retourner à la Cordillère des Andes pour filmer les aventures de Saint-Ex et les origines de son œuvre s’est imposée comme une nécessité. Je voulais tout simplement rendre au « Petit Prince » ce qu’il m’a apporté et partager avec les spectateurs le bonheur simple de s’envoler avec SaintExupéry au-dessus des montagnes.
Pourquoi, si on excepte l’épilogue, le scénario de votre film se concentret-il sur une seule semaine de sa vie ?
J’ai voulu faire un film dans l’esprit de Saint-Exupéry : un récit poétique, un conte. J’ai choisi de raconter une semaine de sa vie qui a été déterminante à la fois pour l’aventurier et pour l’écrivain. La recherche de son ami Guillaumet, perdu dans la Cordillère, forge le grand pilote, celui qui finira par donner sa vie dans la lutte contre le fascisme. La série de rencontres et de découvertes qu’il fait en
Argentine inspire le poète, celui qui écrira, dix ans plus tard, l’un des contes les plus universels de l’Histoire.
Quelle vision de Saint-Exupéry avezvous souhaité donner ?
Avec son interprète Louis Garrel, on a construit un Saint-Ex décalé, éternellement enfantin, presque naïf, avec une touche d’humour et de second degré Désinvolte et inconscient, son Saint-Ex n’est pas une imitation du Saint-Exupéry des archives historiques, mais la quintessence du rêveur.
L’esthétique de votre film est très singulière, comme onirique… Inspirés par les dessins du « Petit Prince », on a cherché à donner au film une apparence très simple, dépouillée, presque rustique. Paradoxalement, cette recherche de
simplicité et d’épure a été très complexe. On a passé deux ans à tourner par intermittences sur la Cordillère des Andes et en Patagonie, en hiver, par -20°, en été seulement au crépuscule et au lever du jour, pour obtenir des images à la fois organiques et irréelles.
Qu’aimeriez-vous que le public retienne de votre film ?
Saint-Ex est aussi l’homme qui tombe mille fois et se relève systématiquement. Son exemple m’a toujours aidé à me surpasser. J’ai fait ce film pour partager cette influence avec les spectateurs, pour qu’eux aussi soient inspirés par ses valeurs intransigeantes et par la puissance de son imaginaire.
SAINT-EX EN SALLE LE 11 DÉCEMBRE
JOUER AVEC LE FEU
Dans JOUER AVEC LE FEU, Vincent Lindon endosse une nouvelle fois à merveille un rôle d’homme solide, fracassé par la réalité. Ce qui lui a valu d’être primé à la Mostra de Venise.
Par Bernard Achour
Bien qu’il soit un des acteurs les plus intenses du cinéma français, il refuse de s’apposer l’étiquette de comédien. « Je suis un observateur qui vit, regarde, écoute et rend compte de ce que j’en retire à l’écran », affirme Vincent Lindon. Quand il s’adresse à ses metteurs en scène, il ne dit jamais :
« Le personnage », mais : « Je ». Pourquoi ?
« Parce que ce sont mes yeux, ma voix, mon corps. »
HÉRITIER CONTRARIÉ
Né en 1959 à Boulogne-Billancourt, il est le fruit d’un arbre généalogique prestigieux, indéniablement lourd à porter, qui n’est pas étranger aux choix engagés qu’il adoptera au cours de sa carrière. Pour s’en
émanciper, il occupe toutes sortes de petits boulots (aide-costumier, assistant-radio à New York, branche-micro sur les tournées de Coluche) avant de s’inscrire au Cours Florent. Et à partir de 1983, des petits rôles dans « Le Faucon », « Notre histoire », « 37°2 le matin » ou encore « Quelques jours avec moi » lui mettent le pied à l’étrier, avant que son charme de musicien bohème épris de Sophie Marceau dans « L’Étudiante » ne fasse craquer le public.
RIRE, SÉDUIRE, RÉFLÉCHIR
Mais le succès de cette bluette romantique n’est qu’un trompel’œil. « On ne va pas au cinéma pour s’échapper, mais pour voir la vraie vie », assène Vincent Lindon. C’est ainsi qu’on le retrouve à l’affiche de comédies de plus en plus sociales, notamment chez Coline Serreau dans « La Crise » en 1992, triomphe populaire ou le beau et doux bourgeois rangé commence à prendre le visage de la révolte. Puis, de « Septième ciel » en « Fred » et de « Welcome » en « Loi du marché » (qui lui vaut le doublé Prix d’interprétation à Cannes/César du meilleur acteur »), sans oublier les percutants « En Guerre », « Un autre monde » et le récent « Le Choix », ses rôles se teintent de gravité, d’engagement, de tragédie, même s’il ne dédaigne pas s’offrir quelques respirations plus légères comme « Le Deuxième acte » chez Quentin Dupieux.
UN SOMMET
Dans « Jouer avec le feu », grâce auquel il a reçu la Coupe Volpi du meilleur acteur à Venise, il hisse jusqu’à l’incandescence son génie de la force intérieure brusquement réduite en charpie lorsqu’il constate qu’un des ses deux fils cède aux noires sirènes de l’extrême droite. « Dès la lecture du livre de Laurent Petitmangin, nous avons pensé à Vincent Lindon, nous avons écrit le scénario en pensant à lui », dit la coréalisatrice du film Delphine Coulin. De fait, c’est avec un charisme, une autorité et une sensibilité totalement bouleversants qu’il y trouve un de ses plus grands rôles.
JOUER AVEC LE FEU
EN SALLE LE 22 JANVIER
«Une
JAMAIS SANS MON PSY
Figure majeure du stand-up français, Baptiste Lecaplain forme dans JAMAIS SANS MON PSY un irrésistible tandem comique avec Christian Clavier.
Par Bernard Achour
« J’ai toujours voulu faire rire les gens, mais jamais je n’aurais imaginé que ça devienne une carrière », confie Baptiste Lecaplain. La réalité s’est brillamment chargée de le démentir.
GRAINE DE CLOWN
« Je rêvais de voler, de devenir super-héros, de jouer au basket avec Michael Jordan, bref, de faire tout ce que la vraie vie rend impossible », se sou vient-il en évoquant son enfance normande. Il grandit dans une famille modeste et affec tueuse, où son humour naïf et sa capacité à imiter les gens font de lui le clown de la famille. « J’aimais faire rire, mais je n’étais pas du tout le mec qui rêvait de scène. Mais à la fin de son adolescence, un événe ment l’influence profondément : la décou verte de Jim Carrey. « Je me suis dit : lui, il fait ce que moi, j’aimerais oser faire… Il joue avec son visage, il fait des grimaces, il va au bout de la folie. »
BÊTE DE SCÈNE
Le véritable virage arrive en 2008. À cette époque, il est animateur dans un centre de loisirs, ce qui lui permet d’exprimer sa créativité. « C’était le stand-up, mais sans scène », dit-il en souriant. Encouragé par ses amis, il décide de tenter sa chance à Paris, là où de jeunes talents comme Gad Elmaleh ou Florence Foresti commencent à imposer le stand-up comme un nouveau genre d’humour. « Je montais sur scène sans rien préparer, juste avec l’envie de parler et d’improviser. Au début, je me plantais souvent, mais j’ai
compris que l’échec, c’est aussi un moteur. » Depuis, malgré une polémique pour plagiat où il a laissé quelques plumes, ses spectacles se jouent à guichets fermés.
JAMAIS SANS CLAVIER
Côté cinéma, après un personnage secondaire magnifiquement charismatique en 2012 dans « Nous York », le rôle principal de », celui d’un jeune homme rêveur qui refuse de se plier aux exigences de la société moderne, le révèle au public des salles obscures. Qualifié par certains de », des films comme « Le Beau » ou l’acclamé « Nous, les » le confirmeront dans cette voie. Revers de Certains n’ont pas marché, j’ai refusé trop de propositions, et j’avais peur qu’on ne m’ap», dit-il. Mais avec « Jamais sans mon psy », où il incarne un jeune homme pétri de névroses qui tombe amoureux de la fille de son thérapeute, le doute n’est plus permis. « Quand j’ai dit à mes deux filles que j’allais jouer avec le monsieur qui fait Jacqouille dans “Les Visiteurs”, j’ai eu droit à la carte Super Fan de Papa ! », raconte-t-il. « J’admire Christian Clavier depuis toujours, et travailler à ses côtés a été une joie absolue. » Et communicative, si on en juge par les tsunamis d’hilarité qui ont accueilli le film lors des avant-premières. JAMAIS SANS
Drame (2 h 16)
Matthew Rankin
Rojina Esmaieili, Saba Vahedyousefi , Mani Soleymanlou
Comédie (1 h 29)
Outside the Box
Situation au moment de la clôture de la rédaction. Toutes les données sont fournies sans garantie.
Edward Berger Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow
Drame (2 h 00)
Ascot
Gilles Bourdos
Vincent Lindon
Drame (1 h 16)
Pathé
Jon M. Chu
Shunsuke Nakashige
Animation (1 h 56)
Guillaume Senez
Romain Duris, Mei Cirne-Mazuki, Judith Chemla
Drame (1 h 38)
Cineworx SAINT-EX
Pablo Agüero
Louis Garrel, Vincent Cassel, Diane Kruger
Aventures (1 h 38)
Zem, Bella Kim
Comédie dramatique (1 h 44)
Pathé ALL WE IMAGINE AS LIGHT
Payal Kapadia
Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam
Drame (1 h 58)
Trigon
NOËL EN FAMILLE
Jeanne Gottesdiener
Didier Bourdon, Noémie Lvovsky, Christophe Montenez
Disney LE CHOIX
Comédie (1 h 30)
JMH
BOULOT !
François Ruffi n, Gilles Perret
Documentaire (1 h 24)
Adok Films
Kari Juusonen, Jorgen Lerdman
Animation (1 h 25)
Praesens KRAVEN THE HUNTER
J.C. Chandor
Aaron Taylor-Johnson, Ariana DeBose, Fred Hechinger
Fantastique (1 h 59)
Sony Pictures VINGT DIEUX
Louise Courvoisier
Clément Faveau, Luna Garret
Comédie dramatique (1 h 30)
Filmcoopi
Barry Jenkins
Animation (2 h)
Fowler
Ben Schwartz, Idris Elba
Aventures/animation (1 h 45)
Warner
Robert Eggers
Nicholas Hoult, Lily-Rose Depp, Willem Dafoe
Horreur (2 h 12)
Universal Pictures
Georges Cachot
Documentaire musical (1 h 40)
Nabil Ayouch
Nisrin Erradi, Joud Chamihy, Jalila Tlemsi
Drame (1 h 42)
Filmcoopi
Pedro Almodóvar
Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro
Drame (1 h 47)
Andrea Arnold
Nykiya Adams, Franz Rogowski, Barry Keoghan
Drame (2 h)
Frenetic
NEVENKA
Michael Gracey
Damon Herriman, Steve Pemberton, Alison Steadman
Biopic musical (2 h 14)
Ascot Elite
Halina Reijn
Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas
Drame (1 h 54)
Praesens
Arnaud Desplechin
Documentaire (1 h 28)
Maryam Moghadam, Behtash Sanaeeha
Lili Farhadpour, Esmaeel Mehrabi
Comédie dramatique (1 h 36)
Cineworx
Bonh-joon Ho
Robert Pattinson, Toni Collette, Naomie Ackie
Fantastique (2 h 19)
Warner
Phil Meyer
Documentaire (2 h 03)
Filmcoopi
Robert Guédiguian
Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérald Meylan
Drame (1 h 40)
Agora
PARFAIT INCONNU
James Mangold
Thimothée Chalamet, Edward Norton, Elle Fanning
Biopic musical (2 h)
Disney
Outside the Box RENARD ET LAPINE SAUVENT LA FORÊT
Gianluca Jodice Guillaume Canet, Mélanie Laurent
Drame historique (1 h 41)
Xenix
Iciar Bollain
Mireia Oriol, Urko Olazabal, Ricardo Gomez
Drame (1 h 57)
Xenix WOODWALKERS
Mascha Halberstad
Animation (1 h 12)
AU PRÉSENT
John Crowley
Andrew Garfi eld, Florence Pugh
Comédie dramatique (1 h 44)
Damian John Harper
Emile Cherif, Martina Gedeck
Aventures fantastiques (1 h 43)
Christian Gudegast
Gerard Butler, 50 Cent
Thriller (2 h)
Ascot Elite
Eliza Kubarska
Documentaire (1 h 26)
Vinca Films
Drew Hancock
Sophie Thatcher, Lukas Gage, Jack Quaid
Fantastique (2 h)
(1 h 50)
Pathé ON BECOMING
Jasmin Gordon
Ophelia Kolb, Jasmine Kalisz Saurer, Paul Besnier
Drame (1 h 20)
Outside the Box
Walter Salles
Fernanda Montenegro, Fernanda Torres, Selton Mello
Drame (2 h 15)
DCM Films WOLF MAN
Rungano Nyoni
Elizabeth Chisela, Susan Chardy
Drame (1 h 35)
Trigon
INSÉPARABLE
Anne-Sophie Bailly
Laure Calamy, Charles Peccia-Galletto, Julie Frogier
Drame (1 h 34)
Xenix
Leigh Whannell
Christopher Abbott, Julia Garner, Sam Jaeger
Horreur (1 h 50)
Universal Pictures LE MOINEAU DANS LA CHEMINÉE
Ramon Zürcher
Maren Eggert, Britta Hammelstein
Drame (1 h 57)
Filmcoopi
Avec SEPTEMBRE SANS ATTENDRE, le réalisateur espagnol signe une comédie romantique franchement pas comme les autres.
Comment est né « Septembre sans attendre » ?
Jonas Trueba : C’est un film que j’ai eu du mal à accepter car il est né après l’abandon d’un autre projet. Je me posais alors beaucoup de questions sur mon rapport au cinéma… Puis je me suis dit que j’allais essayer de faire une comédie, et elle a surgi rapidement.
Le scénario gravite autour d’un couple qui organise une fête pour « célébrer » sa séparation, au détail près qu’on ne connaît pas l’origine de cette rupture…
Pour moi, c’est important qu’il n’y ait pas de raison concrète, que ce soit presque un mystère, pour éviter que le film devienne trop réaliste. Habituellement, les films sur des couples et des ruptures contiennent un drame évident : les enfants, une infidélité… Pas ici. Je voulais vider le film de tout élément commun, reconnaissable ;
qu’il reste éthéré. Ce qui le fait résonner avec les comédies romantiques hollywoodiennes classiques.
Le rythme du film repose sur l’annonce répétée de l’idée qui consiste à fêter les divorces plutôt que les unions. C’est dans la réaction à cette annonce que réside la comédie ? Le couple répète sans cesse la même annonce, presque toujours avec les mêmes mots. Mais il y a une variation dans les réactions de ceux qui les écoutent. J’apprécie la répétition dans le cinéma, en général. Je peux même dire que l’un de mes films préférés, celui que j’ai le plus regardé, c’est « Un Jour sans fin » de Harold Ramis. C’est un film fondamental pour moi. Enfant, je suis allé le voir plusieurs fois, et je vivais moi-même dans la répétition de la vision de ce film. Dans « Un Jour sans fin », Bill Murray change mais les autres agissent toujours de la même façon, alors que dans « Septembre sans attendre », c’est la réaction des autres qui change.
Vous questionnez également la place des femmes dans la comédie romantique à travers une discussion sur « L’Amour est une grande aventure » de Blake Edwards. Depuis quelques années, on s’interroge sur la place des femmes dans la sociéte et dans le cinéma. Cela fait partie de mes conversations avec ma compagne Itsao, avec mes amies. On questionne certains films. Depuis que j’ai rencontré Itsaso, mon regard a changé : à partir de mon film « La Reconquista », les personnages masculins ont cessé d’être le cœur de mes films. Je ne le fais pas parce qu’il faut le faire, mais parce que j’ai pu adopter le point de vue de ma compagne, qui s’est mélangé au mien. Et depuis « Eva en août », je ne pense plus les personnages féminins de la même manière.
« J’AI L’IMPRESSION QUE SARAH BERNHARDT ÉTAIT INATTEIGNABLE »
Dans SARAH BERNHARDT – LA DIVINE, Sandrine Kiberlain ressuscite une actrice iconique avec une fougue et des nuances exceptionnelles.
Pourquoi un film sur Sarah Bernhardt ?
Sandrine Kiberlain : Tout le monde la connaît, et pourtant j’ai le sentiment que sa modernité et son excentricité restent dans l’ombre. C’est pourquoi, avec le réalisateur Guillaume Nicloux, nous nous sommes fait un point d’honneur à concevoir le film pendant le centième anniversaire de sa mort.
Comment expliquez-vous le fait qu’elle soit auréolée d’une telle légende ?
Elle est actrice jusqu’au bout des ongles. Elle joue en permanence, y compris quand elle n’est pas sur scène, et même avec ses plus proches. Elle est dans une sur-dimension permanente. Elle est démesurée, excentrique, elle dort et elle répète dans un cercueil, elle est entourée d’animaux sauvages… Elle est libre de tout et aussi de ses paroles, mais on ne peut même pas appeler cela du courage tant ce n’est en rien ni pensé, ni calculé, ni conscient. Elle est sans limite.
Y compris dans son comportement ou ses engagements… Oui, elle tient des rôles d’hommes, elle réécrit les pièces, elle dirige un théâtre, elle choisit des amants plus jeunes qu’elle, ou des femmes, tout ceci à une époque où c’était inconcevable. Elle va jouer à l’étranger pour les soldats. Personne ne l’empêchera de rien. J’ai été très étonnée de voir à quel point elle a réussi à imposer tout ce qu’elle voulait. Comme si sa parole était plus forte que la stupéfaction qu’elle suscitait.
On la voit aussi inspirer Émile Zola avant qu’il décide de rédiger son « J’accuse » en faveur du capitaine Dreyfus. Elle le prie à un moment où lui n’est pas encore disposé à prendre parti. Elle le convoque et l’implore d’utiliser les mots dont il se sert si bien. J’ignore si elle l’a vraiment aidé à prendre position dans l’affaire Dreyfus, mais il est avéré qu’elle a pris des risques en défendant des gens qui n’étaient pas dans la lumière. Je pense à la cause des femmes.
A-t-elle éprouvé la misogynie de son époque ?
J’ai l’impression qu’elle était au-delà, inatteignable. Elle revendiquait la femme et l’artiste qu’elle était, ses prises de positions, ses envies de jouer des mecs, de n’être freinée par rien ni personne. Elle devait leur clouer le bec à être dans une telle indifférence à toutes les conventions…
Comment avez-vous construit un tel personnage ?
Peut-être en évitant toute « construction » volontaire, justement. Il ne fallait surtout pas penser à ce qu’elle représente, à son aura de « monstre sacré » comme la surnommait Jean Cocteau. Ça aurait été intimidant. Je me suis attachée à des données plus impalpables : son énergie, sa liberté, en essayant de me dégager le plus vite possible de ce qui aurait pu être frein.
SARAH BERNHARDT – LA DIVINE EN SALLE LE 18 DÉCEMBRE
ENFANTS APRÈS EUX
Tiré d’un magnifique Prix Goncourt, LEURS ENFANTS APRÈS EUX déploie une histoire de famille, d’amour et de rivalité d’envergure presque mythologique. Notamment grâce à l’interprétation prodigieuse de Paul Kircher.
Par Bernard Achour
Au départ, donc, un roman signé Nicolas Mathieu paru en 2018, fresque chorale de toute beauté où un adolescent introverti, Anthony, tente de trouver sa place dans le monde, écartelé entre un père violent, une mère sous emprise, la naissance d’un amour et la haine qui l’oppose bientôt à un autre jeune homme pour une histoire de moto volée. À l’arrivée, un film comme on en voit peu où l’intimisme se voit sublimé par un élan lyrique enthousiasmant jusqu’au frisson, où les personnages se voient parés d’une exceptionnelle humanité, où les sentiments se télescopent avec une puissance qu’on dirait tout droit sortie d’une pure légende. Prodige d’écriture et de mise en scène, « Leurs enfants après eux » est à nos yeux le seul candidat susceptible de disputer à « Emilia Perez » le prochain César du meilleur film.
Indissociables de cette bouleversante réussite, ses acteurs méritent d’être cités un par un. Un Gilles Lellouche métamorphosé, qui trouve de loin son plus grand rôle en patriarche dévoré par ses démons, incapable d’exprimer son amour et pourtant conscient de tenir à sa famille comme à la prunelle de ses yeux. Une Ludivine Sagnier qui fait oublier pour la
première fois son physique et sa voix d’éternelle adolescente pour composer une magnifique figure maternelle, à la fois terrifiée et prête à tout pour combattre sa peur. La révélation Sayyid El Alami, qui habite avec une majesté de prince un personnage de « méchant » tout sauf caricatural.
Et puis il y a Paul Kircher, sans doute le jeune comédien le plus passionnant, singulier et sensible qu’on ait vu depuis des années. Fils de l’actrice Irène Jacob, il s’est d’abord distingué en 2022 dans « Le Lycéen » avant de toucher l’an dernier le grand public en fils de Romain Duris « Le Règne animal », avec à chaque fois une présence physique, une fragilité et une intensité qui, ce n’est pas une formule toute faite, n’appartiennent qu’à lui. Autant de signes distinctifs qu’on retrouve décuplés dans l’inoubliable Anthony qu’il compose dans « Nos enfants après eux » sous la caméra des frères Boukherma. Dire qu’on guette ses prochaines apparitions avec des suées d’impatience relève de l’euphémisme.
Grand film, grands interprètes… Le mot « chef-d’œuvre » n’est pas loin. Courez-y.
LEURS ENFANTS APRÈS EUX EN SALLE LE 4 DÉCEMBRE
Bande-annonce
Grand Prix au dernier Festival de Cannes, ALL WE IMAGINE AS LIGHT révèle la sensibilité d’une jeune cinéaste à suivre de très près.
Comment est née l’idée de « All we imagine as Light » ?
Payal Kapadia : Lorsque j’ai commencé à l’écrire le film, il y a cinq ou six ans, j’étais encore étudiante à l’école de cinéma. Je pensais le réaliser pour mon diplôme de fin d’études, soit un projet de vingt minutes, mais il s’est transformé en quelque chose de totalement différent et a pris beaucoup plus de temps. Je suis née à Mumbai, et j’ai voulu parler des femmes indiennes qui quittent leur ville d’origine et leur foyer pour aller travailler ailleurs.
de femmes de différentes générations et qui s’entraidaient. C’est ce que j’ai voulu montrer à travers la relation entre ces femmes qui se soutiennent. Mais un jour, on quitte sa famille. On se fait des amis en grandissant, et peu à peu, ils deviennent une autre famille. Et c’est cette définition de l’amitié que j’ai voulu explorer.
Le film raconte aussi une histoire d’amour difficile à vivre entre une fille hindoue et un garçon musulman…
Pourquoi avoir situé l’intrigue dans votre ville natale ?
Mumbai est assez cosmopolite. Des gens viennent de tout le pays pour y trouver un travail. On y rencontre des personnes issus de toutes les classes sociales. C’est un endroit assez varié, multiculturel et relativement sûr, où il est un peu plus facile qu’ailleurs pour les femmes de travailler. Mumbai était le décor idéal.
Deux de vos trois héroïnes sont liées par une forte amitié : est-ce autobiographique ?
Une partie correspond à mon enfance : j’ai grandi dans une famille où cohabitaient beaucoup
Ce qui me frappe beaucoup, en Inde, c’est que pour les femmes de toutes classes, même celles qui sont indépendantes, un grand nombre de décisions concernant votre vie et les gens que vous fréquentez sont déterminées par votre famille et par les structures sociales. Le féminisme nous a enseigné que l’indépendance financière nous libérerait, mais en Inde, ça ne se passe pas comme ça. Car les femmes, en Inde, sont des sortes d’objets d’honneur. Cette infantilisation des femmes adultes, où on continue à leur dire qui elles ont le droit ou pas d’aimer, m’affecte, me dérange profondément, et mon film s’empare de cette question-là.
Que vous inspire le Grand Prix que vous avez reçu à Cannes ?
Le bonheur de constater que mon film avait une portée universelle et que tout le monde pouvait s’identifier à ses personnages.
UN FILM DE
ANDREA ARNOLD
NYKIYA ADAMS
BARRY KEOGHAN
FRANZ ROGOWSKI
“BEAUTIFUL, UNIQUE AND FULL OF SURPRISES”
TOTAL FILM
“BARRY KEOGHAN IS A WHIRLWIND OF EXUBERANT, VOLATILE ENERGY”
THE DAILY BEAST
“LUMINOUS AND EMPATHETIC” VANITY FAIR
SOLO LEVELING – REAWAKENING
Venu de Corée du Sud, SOLO LEVELING – ReAWAKENING quitte le cadre étroit de la télévision pour combler au cinéma les amateurs d’univers animés baignés de fantastique et de péripéties ultra mouvementées.
Par Bernard Achour
Avant de connaître les honneurs d’adaptations animées sur lesquelles nous reviendrons, « Solo Leveling » a d’abord été un véritable phénomène de l’édition moderne. Publiées à partir de 2016 sur la plateforme sud-coréenne de contenus en ligne J-KakaoPage sous la forme de quatorze romans totalisant deux cent soixante-dix chapitres, les aventures de son héros Jinwoo Sung ont fait l’objet d’un engouement mondial, aussi bien en anglais qu’en français. Déclinées ensuite toujours sur Internet en bandes-dessinées, leur popularité leur a valu au tout début de cette année 2024 finissante de devenir une formidable série d’animation dont la première saison constitue la base du film signé Shunsuke Nakashige.
Plus d’une décennie s’est écoulée depuis l’apparition soudaine d’étranges portails reliant notre monde à une autre dimension. Depuis, certains humains se sont découverts des pouvoirs surnaturels. On appelle ces individus des « chasseurs ». Ils gagnent leur vie en utilisant leurs pouvoirs pour conquérir des donjons à l’intérieur de ces portails. Parmi ces valeureux chasseurs, Jinwoo Sung, toutefois connu pour être « le plus faible de toute l’humanité ». Un jour, Jinwoo est mortellement blessé lorsqu’il tombe par hasard sur un double donjon caché. Miraculeusement rescapé et au bord de la mort, il entrevoit une quête et saisit une opportunité qui lui permet dès lors de gagner en puissance très rapidement…
UNE BELLE SURPRISE
Grâce aux bons soins de Crunchyroll, fournisseur américain de contenu spécialisé dans le manga et l’anime, « Solo Leveling – ReAwakening » franchit aujourd’hui le cap du grand écran pour offrir aux fans et aux amateurs l’occasion unique de revisiter la très spectaculaire première saison de la série via un condensé incroyablement fluide et dynamique des douze épisodes de sa première saison, avec en prime un aperçu exclusif de la seconde saison actuellement en cours de réalisation. Un cadeau que seul le cinéma en salle est capable de leur offrir.
SOLO LEVELING – REAWAKENING EN SALLE LE 4 DÉCEMBRE
Le cinéaste Adam Elliot (à gauche) montre sa Gracie à l‘éditeur Philipp Portmann
Dans « Mémoires d’un escargot », le cinéaste australien Adam Elliot raconte l’histoire touchante de la petite Gracie, à qui aucune déception n’est épargnée dans la vie. Malgré tout, il y a de quoi rire dans ce film en stop motion pour adultes. Nous l’avons rencontré au Zurich Film Festival.
Par Philipp Portmann
La mort joue un rôle important dans votre comédie. Comment cela se fait-il ?
Adam Elliot : Je suis fasciné par les morts étranges, car cela me fait toujours penser à Woody Allen ou au groupe comique Monty Python, qui étaient également obsédés par la mort. La mort est inévitable, mais elle peut aussi être extrêmement drôle. Outre des histoires sur la vie, je collectionne dans un carnet les morts comiques.
Est-ce pour cela que les pleurs et les rires sont si proches dans votre film ?
Je vois l’humour comme un moyen de réduire la tension. Si on fait suivre une scène sombre par quelque chose de drôle, le public rit plus facilement parce qu’il a vécu toute cette tension auparavant. C’est une question d’équilibre entre la comédie et la tragédie. C’est pourquoi j’aime cette citation : « Sans l’obscurité, la lumière n’a pas de sens ».
Comment l’histoire de Gracie et de son frère vous est-elle venue ?
J’ai tendance à écrire quand je suis frustré ou en colère. Il y a huit ans, mon père est décédé. C’était un collectionneur qui nous a laissé trois hangars remplis de choses. Je me suis demandé : pourquoi a-t-il collectionné tout cela ? Et pourquoi nous a-t-il laissé tous ces trucs à ranger ? C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à la psychologie de la thésaurisation, et j’ai découvert que beaucoup thésaurisent en réaction à des traumatismes comme la perte d’un frère ou d’une sœur. Cela m’a fait réfléchir.
Et c’est ainsi que Gracie est née ? Exactement. En feuilletant mes carnets, je suis tombée sur une jeune fille du lycée qui était née avec une fente palatine [une malformation congénitale qui sépare la lèvre supérieure en deux – NDLR], avait subi de nombreuses opérations et avait été harcelée. Mais à l’âge adulte, elle est
devenue une personne sûre d’elle. Je me suis demandé comment elle avait réalisé ce changement. C’est ainsi qu’est née Gracie, qui se retire d’abord – déçue par la vie – dans une coquille d’escargot.
Que doivent retenir les spectateurs de ce film ?
S’ils ne sortent pas de la salle essorés par l’émotion, c’est que j’ai échoué en tant que réalisateur (rires). Je veux qu’ils rient, qu’ils pleurent et qu’ils réfléchissent. Peut-être qu’ils seront ensuite un peu plus gentils avec leurs semblables. J’exige beaucoup de mon public – sans doute trop. Mais je ne veux pas faire lui perdre son temps. Une bonne comédie est contagieuse, et de nos jours nous avons plus que jamais besoin du rire.
MÉMOIRES D’UN ESCARGOT EN SALLE LE 15 JANVIER
DÈS LE 11 DÉCEMBRE AU CINÉMA
LIMONOV. LA BALLADE
Présenté à Cannes, LIMONOV. LA BALLADE brosse avec fougue le portrait d’un témoin majeur d’un monde en pleine ébullition.
Militant révolutionnaire, dandy, voyou, majordome, sans abri, poète enragé, esprit tourmenté, consommateur effréné de sexe, agitateur politique, romancier de sa propre grandeur… Totem de la dissidence russe aussi génial que parfois détestable disparu en 2020, Edouard Limonov fut tout cela et bien plus : un observateur impitoyable du monde, un absolu de liberté et de contradictions, une boussole affolée qui traversa tous les soubresauts de la seconde moitié du XXe siècle et du début du millésime suivant. Biopic d’envergure irrigué par la formidable subjectivité de son réalisateur et
du livre d’Emmanuel Carrère sur lequel il est basé, le film de Kirill Serebrennikov est à son image : virtuose, énergique, provocateur et fascinant.
« Controversé, contradictoire…Ce sont les mots-clefs pour comprendre Limonov », dit le cinéaste. « Il a quelque chose d’un héros de roman, qui n’a aucun sens moral et en même temps, une forme de poésie. Il se met à haïr le monde entier à cause de la perte de son grand amour et parce qu’il n’arrive pas à avoir la gloire à laquelle il aspire. C’est
véritablement un anti-héros, une sorte de “Joker” russe. » De Moscou à Paris en passant par New York, au fil de séquences fiévreuses dont la mise en scène s’autorise parfois des trouvailles à couper le souffle, ce personnage captivant doit beaucoup à la performance immersive de son interprète Ben Wishaw. Pour les amateurs de cinéma adulte, hors des sentiers battus et volontiers rentre-dedans, « Limonov. La Ballade » est une incontestable priorité.
LIMONOV. LA BALLADE EN SALLE LE 18 DÉCEMBRE
AU CINÉMA DÈS LE 4 DÉCEMBRE
Douze ans après l’extraordinaire « Les Chevaux de dieu », son réalisateur revient enfin au premier plan avec le percutant EVERYBODY LOVES TOUDA.
La Touda de votre film est une femme d’aujourd’hui, à la fois déterminée, hardie, passionnée et illettrée. A-telle existé ?
Nabil Ayouch : Elle est une héritière d’héroïnes marocaines en rébellion contre tous les pouvoirs établis : les Cheikhates. Leur voix était une arme et leur chant, l’Aïta, des cartouches. Touda est ainsi. Elle veut transcender les frontières et les interdits, et elle se bat contre toutes les formes de domination contemporaine. Le film est porté par cet esprit de rébellion.
Comment définiriez vous l’Aïta ?
C’est une forme de poésie chantée, née il y a plusieurs siècles, venue des plaines du Maroc. À l’origine, ce chant est porté par des hommes, car les femmes n’avaient pas le droit de chanter en ces temps-là. Ce sont des membres d’une tribu, au départ, qui le soir se regroupaient et écrivaient des histoires relatives à leur région, à leurs combats, à ce qu’ils vivaient… Puis, au XIXe siècle, une femme courageuse, Kharboucha, a décidé de briser les interdits et, pour la première fois, de chanter en public. Elle est restée célèbre car elle a affronté un caïd, seigneur au pouvoir phénoménal qui était tombé amoureux d’elle. Elle lui a résisté, et la légende raconte qu’il l’a emmurée vivante… Ainsi, grâce à elle, cet art est devenu féminin.
Dans votre scénario, quel est le parcours de Touda ?
C’est celui d’une femme qui a des rêves, qui a une ambition et qui cherche à s’élever grâce à son art. Elle y croit, elle a envie d’avancer dans la vie et se donner une chance à elle et à son fils sourd-muet en étant appréciée en tant qu’artiste. Elle démarre dans son petit village, elle chante dans un cabaret où elle n’est pas forcément heureuse. Elle est en effet stigmatisée et, surtout, on attend d’elle autre chose que ce qu’elle voudrait être. Un jour, elle décide de tout abandonner et de partir pour Casablanca, la ville des lumières, avec le rêve de réussir. Mais les choses ne sont pas simples. Émancipation, révolte, combat… Elle doit relever de nombreux défis.
J’ai voulu faire un film sur la croyance, sur l’émancipation et sur la transcendance. Dès que Touda chante, elle est en transe, portée par un lien au sacré intimement lié à l’Aïta. Sa foi en son art est inébranlable et rien ne peut la faire abdiquer. Elle n’a rien de religieux mais elle incarne une forme de mysticisme. Elle ne pourrait pas faire ce qu’elle fait, elle ne pourrait pas se battre ainsi pour elle-même et pour son fils si elle n’était portée par cette grâce, par cette croyance profonde en son art. C’est une héroïne des temps modernes.
OFFSHORE
PRÉSENTE
AVEC MI-HYEON PARK TAE-HO RYU DOYU GONG KYUNG-SOON JUNG
PRODUCTEUR FABRICE PRÉEL-CLÉACH PRODUCTEUR ASSOCIÉ YOON-SEOK NAM SCÉNARIO STÉPHANE LY-CUONG ET KOYA KAMURA
ADAPTÉ DU ROMAN “HIVER À SOKCHO” D’ELISA SHUA DUSAPIN PUBLIÉ AUX ÉDITIONS ZOÉ ASSISTANTS RÉALISATEUR JAWAHINE ZENTAR WOOSANG KIM
IMAGE ÉLODIE TAHTANE DÉCOR HYEIN KI SON MARTIN SADOUX ET KINANE MOUALLA MUSIQUE ORIGINALE DELPHINE MALAUSSÉNA
MONTAGE ANTOINE FLANDRE CONCEPTION ET RÉALISATION DES SÉQUENCES ANIMÉES AGNÈS PATRON PRODUCTRICES EXÉCUTIVES LAURA LESTRADE EUNJAE JUNG
AVEC LE SOUTIEN DU CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE CANAL+ CINÉ+ RÉGION GRAND EST EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR FONDATION GAN POUR LE CINÉMA KOREAN FILM COUNCIL KFCIN GANGWON FILM COMMISSION EN ASSOCIATION AVEC CINECAP 7 COFIMAGE 34 PALATINE ÉTOILE 21 DISTRIBUTION FRANCE DIAPHANA DISTRIBUTION VENTES INTERNATIONALES BE FOR FILMS PRODUCTIONS ASSOCIÉES KEYSTONE FILMS BNP PARIBAS PICTURES PRODUCTION OFFSHORE UN FILM DE KOYA KAMURA
DÈS LE 18 DÉCEMBRE AU CINÉMA
BETTER MAN
La vie et la carrière de l’icône pop Robbie Williams sont au cœur de BETTER MAN. Mais ce n’est pas du tout ce à quoi vous vous attendez.
Par Bernard Achour
Qu’on imagine un biopic musical consacré à une star planétaire de la chanson qui apparaît à l’image sous la forme d’un… chimpanzé ! On se fera alors une idée de l’originalité, de l’audace et de la folie de « Better Man », de loin le film le plus perché qu’on ait croisé depuis bien longtemps.
DU JAMAIS VU
Signé Michael Gracey, qui s’y connaît en la matière depuis le triomphe planétaire de « The Greatest Showman », ce spectacle aux allures de jamais vu entend donc raconter la destinée personnelle et artistique de Robbie Williams, interprète de « Millenium », « Angels », « Feel » et autres tubes cosmiques, remplisseur de stades devant l’Éternel dont le style, la voix, mais aussi la personnalité follement charismatique n’ont cessé de conquérir les foules depuis ses débuts en 1991 au sein du groupe Take That. « Je sais ce que vous pensez : “Qu’est-ce c’est que cette histoire de singe ?” », dit-il malicieusement. Je suis Robbie Williams. Je suis l’une des plus grandes pop stars au monde. Mais je me suis toujours vu un peu moins évolué. »
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA GUERRE DES ROHIRRIM
Quelques semaines après « Transformers – Le Commencement », c’est au tour d’une autre saga, cela dit autrement plus mythique, riche et pérenne, de se voir déclinée sous la forme d’un long métrage d’animation.
Par Bernard Achour
Production américano-japonaise, « Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim » enrichit la légende avec un élan visionnaire, une virtuosité graphique et une puissance narrative en tous points dignes de la triomphale Trilogie de Peter Jackson. Située très exactement 183 ans avant les faits relatés dans « La Communauté de l’Anneau », l’intrigue explore l’histoire de la Maison de Helm Hammerhand, roi de Rohan. Face à l’attaque soudaine de Wulf, un seigneur vengeur et cruel, Helm et son peuple se barricadent dans la forteresse de Hornburg, rebaptisée Gouffre de Helm. Dans cette lutte désespérée, Héra, la fille de Helm, doit rassembler le courage nécessaire pour diriger la résistance contre un ennemi déterminé à détruire son peuple. Écrit par la propre fille de la scénariste de la Trilogie, le film a été validé dès 2021 pour coïncider avec les célébrations du vingtième anniversaire de son premier volet, et il a été décidé au même moment que le style d’animation, loin de la froideur métallique des images de synthèse, convoquerait au contraire l’inimitable texture du dessin effectué à la main. Grand spectacle épique, « La Guerre des Rohirrim » a donc pour pour combler les fans de l’univers jadis imaginé par J.R.R. Tolkien et des films qui lui ont déjà rendu honneur.
« L’actrice est d’une présence saisissante à l’écran »
THE HOLLYWOOD REPORTER
« Le film déborde d’énergie chaque fois qu’Erradi ouvre la bouche pour chanter »
SCREEN INTERNATIONAL
« Le film lui-même vous fait vraiment aimer Touda »
INDIEWIRE
« Une histoire riche en musique sur l’émancipation des femmes »
THE NATIONAL
un film de nabil ayouch
Touda rêve de devenir une Cheikha, une artiste traditionnelle marocaine, qui chante sans pudeur ni censure des textes de résistance, d’amour et d’émancipation, transmis depuis des générations. Se produisant tous les soirs dans les bars de sa petite ville de province sous le regard des hommes, Touda nourrit l’espoir d’un avenir meilleur pour elle et son fils. Maltraitée et humiliée, elle décide de tout quitter pour les lumières de Casablanca...
Rien de tel pour commencer l’année qu’une histoire d’amour aussi bien capable d’arracher de francs sourires que de susciter d’incontrôlables serrements de cœur. Rien de tel aussi qu’un film suffisamment habile pour contourner avec brio tous les clichés du genre auquel il appartient.
Par Bernard Achour
Ils s’appellent Tobias et Almut. Sa voiture à elle le renverse accidentellement, et les voilà partis pour dix ans. Mais attention : rien de ce qui suit ne correspond à ce qu’on pourrait en attendre. Déjà, parce qu’on apprend dès les premières minutes qu’elle est atteinte d’une grave maladie. Mélodrame ? Pas si vite. Car aussitôt après, le scénario entamera une valse ininterrompue à travers le temps, entre flash-backs et retours au
présent, prétexte à un magnifique feuilletage de péripéties et de ruptures de ton auquel il est difficile de résister. Outre une intrigue mitonnée dans ses moindres détails (il faut saluer le brio de sa construction et le tact de ses dialogues) et une mise en scène toujours à la bonne distance, la réussite du film tient essentiellement à l’alchimie entre ses deux acteurs. Loin de se laisser enfermer dans l’image du super héros qu’il incarna à trois reprises dans la franchise « SpiderMan », Andrew Garfield, qui retrouve ici
le réalisateur qui le fit débuter en 2007 dans « Boy A », témoigne d’une sensibilité à fleur de peau tout bonnement exceptionnelle. Face à lui, la moins populaire mais de plus en plus accomplie Florence Pugh (« Midsommar », « Oppenheimer ») apporte un contrepoint idéalement complémentaire. On parie que leur magistrale complicité fera sortir bien des mouchoirs.
L’AMOUR AU PRÉSENT EN SALLE LE 1er JANVIER
EVA’S SANDWICH HOUSE Avenue Sainte-Luce 2 1003 Lausanne
Téléphone 021 311 99 05
HORAIRES D’OUVERTURE
Lundi à vendredi 07:00-19:00
Samedi 08:00-19:00
« Un film historique d’une beauté hypnotique, avec un Guillaume Canet exceptionnel et méconnaissable. » B. Achour
« Vu à Cannes, magnifique documentaire sur l’amour du cinéma. » Bernard Achour
Le « Metoo » de la politique espagnole, une extrême intensité. » Bernard Achour
« Fort et audacieux, avec une grande Laure Calamy. » Bernard Achour
Comédie idéale pour les Fêtes, LES BOULES DE NOËL confirme l’exceptionnelle nature comique de Valérie Bonneton.
Par Bernard Achour
« C’est une très grande actrice, mais le cinéma français ne le sait pas assez », disait Guillaume Canet à l’époque des « Petits mouchoirs » où il lui offrit en 2010 son premier grand rôle au cinéma. De fait, Valérie Bonneton était alors surtout connue pour la triomphale série « Fais pas ci, fais pas ça » où elle incarnait depuis trois ans une mère au foyer tranquillement hystérique devenue au fil des saisons une véritable icône comique.
« Quand on m’a contactée pour ce feuilleton, je traversais une période tellement
vide que je commençais sérieusement à penser abandonner le métier », racontet-elle. De fait, hormis de beaux rôles au théâtre, quelques apparitions cathodiques et des emplois parfois remarquables dans des films souvent confidentiels, elle était encore loin d’être identifiée par le grand public. Du moins jusqu’à ce que « Fais pas si, fais pas ça » et Guillaume Canet, qui la retrouvera pour « Nous finirons ensemble », la suite des « Petits mouchoirs », ne se chargent d’inverser la tendance.
Depuis, entre les immenses succès aux côtés de Dany Boon (« Supercondriaque », « La Cht’ite famille »), de sympathiques
Dans le prochain numéro de FILM GUIDE :
PADDINGTON AU PÉROU - Le retour de notre ourson préféré
LES TUCHE - GOD SAVE THE TUCHE - Une famille formidable
CAPTAIN AMERICA: Brave New World
Dès le 5 février dans votre cinéma préféré
Éditeur
Directeur de publication
Philipp Portmann
Couverture : Aaron
Rédacteur en chef
Bernard Achour
Maquette
Romano Bassi
Design & Layout Huit Onze, Genève
réussites comiques (« Garde alternée », « Juste ciel ! ») et d’incursions remarquées dans le drame (« Eugénie Grandet »), l’étoile de Valérie Bonneton n’a plus cessé de briller. Aujourd’hui, elle forme avec Kad Merad l’explosif et hilarant couple des « Boules de Noël », où la célébration des fêtes vire à l’apocalypse burlesque. Voilà un cadeau qui ne se refuse pas !
LES BOULES DE NOËL ACTUELLEMENT EN SALLE
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