Réalités Familiales n°116/117 : Loisirs et vacances en famille

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Réalités R E V U E D E L’ U N I O N N A T I O N A L E D E S A S S O C I A T I O N S F A M I L I A L E S

Loisirs et vacances en famille ISSN : 0220 9926 - Prix : 10 e

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N° 116-117 - 2016

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Réalités N°116-117 / 2016

Sommaire REVUE DE L’UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS FAMILIALES Magazine édité par L’Union Nationale des Associations Familiales 28, place Saint-Georges 75009 PARIS www.unaf.fr

Loisirs et vacances en famille

Direction : Présidente et directrice de la publication : Marie-Andrée Blanc Directrice générale : Guillemette Leneveu Rédaction : Rédaction en chef : Laure Mondet Secrétariat de rédaction : Cécile Chappe, Elise Séaume Coordination : Rhêtorikê 41 rue Paul Courboulay 72000 Le Mans Tél. : 02 85 52 16 77 http://rhetorike.fr/

ÉDITORIAL Les vacances en famille, une nécessité par Marie-Andrée BLANC, Présidente de l’UNAF.....3

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AVANT-PROPOS Des vacances pour être ensemble par Rémy GUILLEUX, Administrateur de l'UNAF.......4 PREFACE Des vacances pour les familles par Martine PINVILLE, Secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Economie Sociale et Solidaire.....................5 LES CHIFFRES-CLÉS................................................6

Crédits photos : X, Shutterstock Diffusion et abonnements : Abonnement annuel (3 numéros) : France : 22 euros Étranger : 25 euros Commande au numéro : Numéro simple : 6,50 euros Numéro double : 10 euros Numéro triple : 13 euros + 3,15 euros de frais de traitement Contact : Service Communication Tél. : 01 49 95 36 00 courriel : realites.familiales@unaf.fr Dépot légal : Décembre 2016 - n°ISSN 0220 9926

Respectueux de l’environnement, ce document est imprimé sur du papier utilisant la certification forestière PEFC (Programme européen de certification forestière). La certification PEFC donne l’assurance que le papier que nous utilisons est issu de pâtes produites à partir de forêts gérées durablement.

Tribune

• Vacances familiales : éloge de l’oisiveté par Claire LAUTRU-DURAND, Enseignante en philosophie dans l’académie de Montpellier...... 26

• Le droit aux vacances pour tous par le Réseau Vacances-Combattre l’exclusion ..............................................................29

Loisirs

Ont participé à ce numéro : Patricia Humann, Jean-Philippe Vallat, Nathalie Talibon Impression - Mise en page Hawaii Communication 78310 Coignières 01 30 05 31 51

Analyse

• Le sport, souffle indispensable pour la famille

État des lieux • Les Français dépensent près de 5 % de leur budget pour les vacances ! par Émilie DAUDEY, Sandra HOIBIAN, Sophie LAUTIÉ - CRÉDOC...................................................8

•H istoires de vacances par Claire MÉNARD, Chargée des relations parlementaires - UNAF........................................ 12

• Vacances et loisirs en famille par Jean-Philippe VALLAT et Hakim BOUDAOUD – UNAF ................................................................ 16

• L’ANCV, un acteur engagé dans le départ en vacances des familles par Dominique KTORZA, Directrice des politiques sociales - ANCV......................................................... 20

• La politique de la branche Famille en matière d’aide aux vacances par Laëtitia VIPARD, Conseillère technique jeunesse-parentalité - CNAF ............................ 22

• La MSA soutient les vacances et les loisirs en famille par Orianne FILHOL, Chargée de mission parentalité/vacances - MSA............................... 24

par Edmée DE CATUELAN, Présidente de l’association Famillathlon .................................. 32

• Favoriser la lecture dès le plus jeune âge par Colin SIDRE, Chargé de mission publics jeunes, éducation artistique et culturelle et cohésion sociale au ministère de la Culture et de la Communication (DGMIC/SLL)............34

• Mettez du jeu dans vos familles : il en sort du bonheur ! par Pascal DERU, Responsable du magasin de jouets Casse-Noisettes à Bruxelles ............37

• Séparation des filles et des garçons dans les loisirs : quel impact pour la mixité sociale ? par Yves RAIBAUD, Université Bordeaux-Montaigne - UMR Passages.......................................40

• L’impact des loisirs dans la relation aidant-aidé par Marie-Elisabeth PIUSSAN, Léa FORSTER, Mélanie FOUDI..................................................... 42

Vacances

• Les vacances en famille élargie : un moyen de créer l’histoire familiale par Nicole PRIEUR, philosophe et thérapeute familial................................................44

Reproduction interdite sauf autorisation de l’UNAF

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Loisirs et vacances en famille • Le rôle des grands-parents pendant les vacances par Claudine ATTIAS-DONFUT, Directrice de Recherches au Centre Edgar Morin............ 46

• Éduquer en vacances ?

par Didier PLEUX, Psychologue clinicien.......48

• Temps des vacances et questions de rythmes par Nadine LE FLOC’H, Maître de conférences en psychologie................................50

• Partir en vacances sans les parents ou comment appréhender la vie d’adulte par Luc GREFFIER, Elodie BRISSET Vacances Ouvertes................................................... 52

• Parents divorcés ou séparés : comment répartir le temps de vacances ? par Julie PIERROT-BLONDEAU, Avocate associée du cabinet BWG Associés...................................55

• L’été, il y a beaucoup plus de morts sur les routes de France.................... 57 • L’initiative Ville amie des enfants, quel impact pour les villes et pour les familles ? par Julie ZERLAUTH-DISIC, Responsable du Service Programme de Plaidoyer France à l’UNICEF...............................................................59

• Séjours familiaux vacances

par l'UDAF de la Réunion....................................66

• Observatoire Départemental des Familles

par l'UDAF des Deux-Sèvres...............................67

• Une épargne bonifiée pour l’Aide au départ en Vacances

par l'UDAF de la Seine-Saint-Denis..................67

• Vacances et loisirs, une affaire de famille

par l'URAF de Franche-Comté...........................68

• Vacances et loisirs en famille : nos actions

par la CNAFAL........................................................69

• Partir en Family Rando

par Familles de France........................................70

• Les vacances et loisirs en famille des initiatives partout en France

par Familles Rurales.............................................71

• La lecture au service de la famille

par l'ADMR .............................................. 72

• Faire bouger la solidarité sur les territoires

Aux côtés des familles • Deux actions autour des loisirs et les vacances en famille

par l'UDAF de l'Allier............................................. 62

• Soutenir les vacances et les loisirs en famille : des exemples en Creuse

par l'UDAF de la Creuse......................................64

• Des vacances et loisirs en famille

par l'UDAF de la Haute-Garonne...................... 65

par Vacances et Familles.................................... 73

• Vacances en famille : une pause indispensable

par le Secours Catholique...................................75

• Vacances et loisirs en famille : nos propositions par l'Association École des Grands-Parents Européens (EGPE).................................................76

• Rassembler les familles autour du sport

par Famillathlon.....................................................77

Bibliographie

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•E n librairie.........................................................84 •A nnexes................................................................86

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Edito Les vacances en famille, une nécessité Marie-Andrée BLANC Présidente de l'UNAF

80 ans après la naissance des congés payés, partir en vacances reste un enjeu de taille pour la plupart des familles et une condition importante à leur épanouissement. Pourtant, toutes n’en ont pas la possibilité, loin s’en faut : d’après notre étude de l’Observatoire des familles « Vacances et loisirs1» , 77 % des personnes interrogées ne sont pas parties en vacances en famille depuis plus de 2 ans et 14 % ne sont jamais parties.

Une parenthèse indispensable

Si cette étude confirme que le budget reste évidemment le premier frein au départ en vacances, elle nous a permis de mieux comprendre ce qui se joue lors de ces moments en famille et de saisir leur importance. Parfois considérées comme superflues par rapport aux besoins « essentiels » (santé, emploi, logement), les vacances jouent pourtant un rôle crucial dans la vie des familles. Source de multiples bienfaits pour celles qui partent, les vacances manquent cruellement à celles qui en sont privées. Ne pas pouvoir partir en vacances est alors vécu comme un marqueur social fort, excluant, et entraîne souvent fatigue, stress, et frustration.

Un précieux temps libre Pour partir en vacances, les familles doivent disposer non seulement de moyens, mais aussi de temps libre ensemble. Ainsi, l’UNAF est active sur tous les sujets qui touchent au temps familial. Associée à la concertation autour des calendriers scolaires, elle est attentive à ce que ceux-ci soient compatibles avec le rythme des familles. Loi travail, extension du travail le dimanche : l’UNAF se mobilise régulièrement contre les mesures qui mettent en péril le fragile équilibre entre vie familiale et vie professionnelle en réduisant la durée du temps passé en famille. Ces moments sont indispensables au développement et à l’éducation des enfants : comment exiger des parents qu’ils soient les premiers éducateurs de leurs enfants s’ils sont privés du temps nécessaire pour s’investir dans cette tâche ? Les vacances en famille, un temps irremplaçable et parfois unique pour éduquer ses enfants, se couper du quotidien, relâcher les tensions, transmettre des valeurs, pratiquer une activité ensemble… Ce numéro de Réalités Familiale leur est consacré.

1/ Etude de l’Observatoire des Familles « Vacances et loisirs », première synthèse publiée en sept 2016. Lire aussi l’article p. 16

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Avant-Propos Des vacances pour être ensemble Rémy GUILLEUX Administrateur de l’UNAF, Président du département « Education-JeunesseNumérique ».

J’ai été très ému par le témoignage d’une adolescente dont la famille avait été aidée à partir en vacances par la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et qui disait, je cite : « lors de mes premières vacances en famille j'ai eu l’impression de découvrir son père ». C’est dire à quel point les loisirs et les vacances en famille sont essentiels à la fois pour découvrir ses parents sous un autre jour que le train-train quotidien, pour jouer avec eux, se confier… mais aussi pour écouter ses enfants, leur transmettre des valeurs et des savoirs faire… Mais comment permettre au plus grand nombre d’avoir accès aux vacances ? Experts, acteurs de l’aide aux vacances et associations ont pris la plume pour répondre à ces questions.

Les meilleures conditions pour partir

En tant que représentante des familles et experte de leurs besoins, l’UNAF est régulièrement consultée par les pouvoirs publics, notamment autour de la question des calendriers scolaires. Aux côtés de l’Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes (ORTEJ) dont nous sommes désormais administrateurs, nous défendons un calendrier de vacances scolaires respectueux des contraintes des familles et adaptés aux rythmes des plus jeunes. Au sein de la CNAF et de la CCMSA, les plus gros opérateurs en matière d’aide au départ en vacances, l’UNAF pèse pour que les familles soient mieux prises en compte. En effet, de nombreuses aides financières leurs sont proposées en fonction de leur situation : nombre d’enfants, situation de précarité ... Malheureusement, les critères d’attribution ne sont pas homogènes selon les territoires et de nombreux opérateurs interviennent, d’où une offre peu lisible pour les familles. La plupart d’entre elles ignorent d’ailleurs que ces dispositifs existent alors qu’elles pourraient en bénéficier.

Aider les familles dans leurs projets

L’ensemble du mouvement familial est mobilisé aux côtés des familles pour améliorer leur accès aux vacances et aux loisirs. Certaines associations ont pris le temps de présenter leurs initiatives dans les pages de la rubrique « Aux côtés des familles ». En Seine-Saint-Denis, l’UDAF a mis en place un système d’épargne bonifiée pour accompagner les familles dans leur projet de vacances. Les UDAF de l’Allier et de Haute-Garonne et l’URAF de Franche-Comté enquêtent sur les besoins des familles de leurs territoires pour mieux y répondre. Pendant les grandes vacances, l’UDAF de la Réunion organise le départ d’enfants dans des familles accueillantes. Et dans la Creuse, le centre social tsigane propose aux familles un atelier pour organiser loisirs et séjours. Du côté des associations, les initiatives ne manquent pas : séjours familiaux en villages de vacances, Family rando, Famiathlon, lecture en famille ou encore soutien aux grands-parents : départ ou non, l’important est de prendre le temps de partager des activités ensemble. Ce numéro de Réalités Familiales est un nouvel outil pour mieux connaître les pratiques et les besoins des familles, identifier leurs difficultés, les dispositifs d’aides qui leur sont dédiés, et identifier des leviers d’action pour améliorer l’accès de tous aux vacances.

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© Nathanaël Mergui

Préface

Martine PINVILLE Secrétaire d’Etat chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Economie Sociale et Solidaire

Des vacances pour les familles

I

l y a 80 ans, des milliers de Français prenaient pour la première fois la route des vacances, des gares vers les campagnes et les plages qui bordent les côtes de notre pays. C’était l’été 1936, lorsque le gouvernement du Front populaire instaurait le droit aux congés payés, une étape fondatrice dans l’histoire sociale de notre pays. Ce fut aussi le début de l’industrie touristique dans l’Hexagone et de la politique d’aménagement des territoires pour accueillir les touristes français et du monde entier. Plus de six Français sur dix profitent des vacances au moins une fois chaque année, en France ou à l’étranger, à l’hôtel, dans les campings ou les centres de loisirs mais aussi près de chez eux, au café ou au musée, en famille, en couple ou entre amis. Ces moments de détente, d’ouverture sur les autres et le monde à travers le sport, la lecture ou le jeu, participent au bien-être, à l’enrichissement et à l’épanouissement personnel de chacun mais aussi au bon vivre ensemble en France, en dépit des terribles événements venus récemment les perturber. C’est pourquoi le Gouvernement est mobilisé : pour que les vacances restent des moments privilégiés de loisir et de repos, accessibles à tous. Beaucoup trop de nos concitoyens sont encore privés de partir en vacances, pour des questions financières ou pratiques. L’engagement de mon Ministère s’inscrit dans la continuité des avancées sociales de notre pays pour lutter contre ces inégalités. En 1982, l’Etat créait les Chèques-Vacances pour permettre aux plus modestes de financer les dépenses en hébergement, restauration ou loisirs. Aujourd’hui, un label « 80 ans des congés payés » récompense les professionnels engagés dans un tourisme « juste ». Le label « Destination pour tous » permet aussi de valoriser les territoires les plus avancés en matière d’accessibilité des sites et infrastructures. Notre plan d’action est global, et nous permet déjà de proposer des séjours touristiques adaptés à tous les revenus et aux besoins spécifiques, en particulier pour les jeunes, les séniors mais aussi les familles nombreuses et recomposées. Alors que j’engage la renégociation du contrat d’objectif avec l’Agence Nationale des Chèques Vacances (ANCV), j’entends renforcer ses missions et assurer son développement. L’ANCV, comme nos autres partenaires publics et privés qui témoignent dans ce numéro, la CNAF, la MSA, le CREDOC, la Maison des aidants, UNICEF, le Secours catholique ou encore Vacances et familles, connaissent l’ampleur de la mission, au même titre que les collectivités locales et les services de l’Etat : tous sont mobilisés pour garantir l’accès et le succès des vacances en France, et faire bénéficier au plus grand nombre du patrimoine matériel et immatériel unique de nos territoires.

Mobilisés pour que les vacances restent des moments privilégiés accessibles à tous.

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Les loisirs et les vacances en France

Chiffres

clés

Part du tourisme en France %

7

Date

1936

Paris

du PIB

c’est ce que représente le tourisme, dont 5 % pour le tourisme des nationaux en France.

Les congés payés sont créés. Innovation sociale majeure : ils désignent les périodes de congé au cours desquelles le salarié est payé par l'employeur en raison d'une obligation légale.

Dijon

Lyon Bordeaux Montpellier Marseille

Définition

Vacances = 4 nuitées Selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), on appelle vacances, depuis 1995, l'ensemble des déplacements d'agrément comportant au moins quatre nuits consécutives hors du domicile. Sont exclus des vacances : les déplacements professionnels, les voyages d'études, les séjours motivés par la maladie ou le décès d'un proche, les séjours de santé dans des établissements spécialisés, les courts séjours d'agrément (deux ou trois nuitées) et les week-ends réguliers.

Rythme scolaire

Accès aux vacances %

38

ne sont pas partis en vacances au cours des 12 derniers mois, en 2015. (Source : Crédoc)

Accès aux loisirs

16 300

C’est le nombre de lieux de lecture publique en France : 7 100 bibliothèques et 9 200 points d’accès au livre, en 2014.

de classe en maternelle et en primaire, c’est désormais la norme de temps scolaire, depuis la réforme des rythmes scolaires.

95

d’aides ont été versés par les CAF pour l’aide aux vacances en 2013. (Source : CNAF)

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39,15 millions

d’individus âgés de six ans et plus sont allés au moins une fois au cinéma dans l’année, en 2014. (Source : INSEE 2014-2016)

(Source : INSEE 2014-2016)

5 demi-journées Coût de l'aide aux vacances millions d'euros

des Français

Budget

18 millions

de licences sportives et autres types de participation (ATP) ont été délivrés par les fédérations sportives agréées par le ministère en charge des sports, en 2014. (Source : INSEE 2014-2016)

5

la part du budget des familles consacré % C’est aux vacances. (Source : Crédoc, juillet 2016)

97,12 milliards

c’est le total des dépenses culturelles et de loisirs en 2015. (Source : INSEE)

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État des lieux En 2016, les congés payés ont 80 ans. Pourtant, 38 % des Français ne sont pas partis en vacances cette année, selon le Crédoc. Quels sont les obstacles au départ en vacances et les conséquences sur les relations familiales ? Comment les acteurs publics accompagnent-ils les familles ?

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État des lieux

RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Les Français dépensent près de 5 % de leur budget pour les vacances ! Partir en vacances est un besoin important pour nos concitoyens, tant les vacances sont facteur de bien-être et un marqueur de l’intégration sociale. Le budget vacances de ceux qui partent représente 5 % de leurs dépenses de consommation. Les derniers travaux du CRÉDOC à partir de l’enquête Conditions de vie et aspirations montrent que les Français ont repris la route des vacances : le taux de départ s’établit cette année à 62 % contre moins de 55 % de 2008 à 2010.

Émilie DAUDEY, Sandra HOIBIAN, Sophie LAUTIÉ CRÉDOC

Consommation et modes de vie

Ce regain des départs peut être lu comme signe d’une amélioration de la situation économique convergeant avec d’autres indicateurs : reprise du pouvoir d’achat, des investissements des entreprises, légère diminution du chômage,

llet>2016

N°>284>•>ISSN>0295-9976>•>Jui

moral économique des ménages en hausse… Le départ en vacances constitue en effet une source de dépenses importantes. En moyenne, un ménage qui part consacre à ses vacances 4,6 % de l’ensemble de ses dépenses de consommation. C’est leur quatrième poste de dépenses, bien plus élevé que celui de l’habillement, de la santé ou des communications.

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dépenses de vacances : près

Les vacances représentent 4,6

de

5 % du budget des famiLLes

% des dépenses de consommation

des ménages qui sont partis

Transports 13

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées

11,4

Loisirs et culture

7,8

Meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison

4,6

Vacances

4,6

Articles d'habillement et chaussures

3,9

Santé

3,8

Communications Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants Enseignement

>On>dépense>plus>pour>

2,3 1,0 0,6

2015 2016

2010

2005

2000

1995

1990

1985

> 0 3 t>ou>la>santé 6 est un besoin important 9 12 Champ : a effectué Partir en vacances 15 que>pour>l’habillemen Le budget consacré aux vacances dans lesSource : calculs au moins un séjour d’au moins 4 nuits hors du domicile tant les vacances sont CRÉDOC à partir du module en reportages fleurissent intègre leslesdifférentes spécifique aux vacances adossé 2010. pour nos concitoyens, dépenses liées la période estivale, par des à l’enquête Budget des familles l’intéChaque année, avant au transport, des Français, illustrés 2011. et un marqueur de facteur de bien-être les départs en vacancesà l’hébergement, loiou sillonnant transport et forfaits, principaLes ceux la campagne aux médias et évoquent sirs, etc. Il varie àévidemment budget vacances de dépenses des vacances à la plage, à la montagne, et aspirations la gration sociale. Le de vie selon images de vacanciers composition Ventilation des postes de dépenses les Conditions du foyer. En moyenne, 5 % de leurs dépenses partis des ménages du CRÉDOC sur concitoyens sont qui partent représente les routes. L’enquête lors du dernier séjour effectué (en de nos une personne Le forfait comprend… 62 % seule du %) dépense 650 euros Ce que, cette année, . Les derniers travaux Plusieurs réponses possibles (en %) hors de leur domicile. des Français révèle pour consécutives de consommation séjour, un couple de quatre nuitsun sans enfant entre 52 % l’enquête Conditions la crise, oscillant en vacances au moins près de pendant l'hébergement 1 000 euros, CRÉDOC à partir de un couple nt contracté ont avec de Français Français 69 taux s’était particulièreme deux enfants divers, beaucoup montrent que les le transport jusqu'au 1 400 euros, vie et aspirations et 2010. À des degrés en bas âge de départ de et 2016, le taux et 54 % entre 2008 un couple avec 2011 lieu de villégiature 30 trois enfants dont undes des vacances : le taux Autres des vacances. Entre classes route de la celui ont repris la route % à 86 %, donc retrouvé Loisirs 5 plus de 14 ans de179 Forfait tout compris 700 euros, etc. moyennes inféannée à 62 % contre revenus est passé Forfait 31 10 départ s’établit cette des ménages à hauts Deux 70 %,captent, celui desà classes remoneux deux, de 67 % àpostes 24 % à 39 %. de 37 la la restauration 2008 à 2010. Cette Alimentation moyennes supérieures moitié des moins de 55 % de ménages à bas revenus 26 complète 54 % et celui des dépenses touristiques. Celui une dépense 11 l’un des signes d’une rieures de 49 % à du transportpartir en vacances reste tée peut être lue comme les plus modestes, représente près les loisirs Restauration 22 4). du quart, l l l Pour les catégories 23 %, loin devant (cf. page Transport situation économique. les autres postes. 11 aspiration non satisfaite amélioration de la le la restauration 23 très lourde ou une L’importance du transport 12 varie fortement selon Hébergement est élevée, en demi-pension Le budget vacances même si la majorité des le 15 le transport sur place vacances se aux deux extrêmes, 11 lieu de séjour avec, passe sur le territoire (location de voiture) français : selon les campagnes françaises La route des vacances voyage au vert dans d'autres prestations 3 de la Direction au moins quatre nuits Les français retrouvent l’enquête en vacancesgénérale le des mois, êtes-vous parti sans se ruiner et entreprises intitulée Suivi Au cours des douze derniersdomicile qui permet de partir %) de la demande ? (en 0 10 20 30 40 50 votre touristique, 60 70 80 consécutives hors de qui entraîne de nombreux 71 % des séjours de Source : CRÉDOC, à partir voyage à l’étranger nos de l’enquête Budget des familles départ concitoyens Taux dese 2011, INSEE. Champ : ménage étant parti passent dans l’Hexatrois quarts des séjours au moins une fois en vacances 62 frais. De fait, près des au cours des 12 derniers 66 Les Lecture gone. : le transport représente 23 70 66 mois. 65 64 63initiatives . collaboratives liées 60 59 % des dépenses pour un 63 64 65 65 séjour. 58 58 57 62 61 transport 63 ont lieu en France métropolitaine 61 au 65 61 62 58 telles 58 58le covoiturage 59 que ou du CRÉDOC mon56 54 tie leur origine. Finalement, 53 l’autopartage remportent 54 60 Les résultats de l’enquête le budget 52 en résidence secondaire) 51 un réel sucsont loisirs (sorties, activités, constituent les jeunes seniors cès. En 2013, selon l’Ademe, etc.) ne repré55 trent également que plus de la moitié des 21 % des : sente que 10 % du budget séjours (56 %) ménages disaient avoir clientèle touristique vacances. 50 eu recours à ce et sont peu onéreux aujourd’hui la première Un quart des dépenses : 325 euros en celui type de déplacement est affecté à des 45 afin, principaledépasse depuis peu moyenne par unité postes dénommés « forfait de consommaleur taux de départ ment, d’alléger leurs frais. est ». La plupart 40 tion soit 325 euros pour leur budget vacances comprennent l’hébergement une personne L’hébergement des plus jeunes et et une est lui aussi un poste 35 À seule, 490 euros pour les classes d’âge. autre prestation (souvent un couple. Les important des dépenses la restauration) le plus élevé de toutes 30 (15 %), même dépenses varient dans est et 31 % sont des forfaits une fourchette nouveau, le départ si près de six séjours sur tout compris. 25 dix font appel à l’opposé, ce n’est pas réduite et économique par rapport l’hébergement gratuit chez les ménages les plus 20 aux autres types de séjours. des proches. moins fréquent pour >>La>campagne,>valeur>sûre> Une fois Là encore, les méthodes dans ce domaine sur deux, les enquêtés de vie et aspirations.alternatives et, à partir de 2008, modestes ; leurs dépenses motivent ces des>vacances>p Conditions qui ont enquêtes fleuriuniquement as>chères poids ces dernières en décembre-janvier Source : CRÉDOC, voyages par l’envie de années en représentant un passer du temps initialement posée en juin. sont faibles tout Nota : la question était (couchsurfing, location àetun avec leur famille ou leurs particulier, fois par an : en décembre-janvier Les séjours en France amis plutôt elle a été posée deux échanges de avec hébergemaison…) trouvent en important de leur budget. qu’une envie de loisirs. par1 famille, ment gratuit (en Ces séjours, qui chez des amis, se déroulent souvent de vie des conditions à la campagne, 2 observation l’étude et l’

Consommation et modes de vie n°284 - juillet 2016 pour centre de recherche

centre de recherche pour l’étude et l ’observation des conditions de vie

C

ette remontée peut être lue comme l’un des signes d’une amélioration de la situation économique. Le budget vacances varie fortement selon le lieu de séjour avec, aux deux extrêmes, le voyage au vert dans les campagnes françaises qui permet de partir sans se ruiner et le voyage à l’étranger qui entraîne de nombreux frais. De fait, près des trois quarts des séjours ont lieu en France métropolitaine. Les résultats de l’enquête du CRÉDOC montrent également que les jeunes seniors sont aujourd’hui la première clientèle touristique : leur taux de départ dépasse depuis peu celui des plus jeunes et leur budget vacances est le plus élevé de toutes les classes d’âge. À l’opposé, ce n’est pas nouveau, le départ est moins fréquent pour les ménages les plus modestes ; leurs dépenses dans ce domaine sont faibles tout en représentant un poids important de leur budget.

On dépense plus pour les vacances que pour l’habillement ou la santé

Chaque année, avant la période estivale, les reportages fleurissent dans les médias et évoquent les départs en

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vacances des Français, illustrés par des images de vacanciers à la plage, à la montagne, à la campagne ou sillonnant les routes. L’enquête du CRÉDOC sur les Conditions de vie et aspirations des Français révèle que, cette année, 62 % de nos concitoyens sont partis en vacances au moins quatre nuits consécutives hors de leur domicile. Ce taux s’était particulièrement contracté pendant la crise, oscillant entre 52 % et 54 % entre 2008 et 2010. À des degrés divers, beaucoup de Français ont donc retrouvé la route des vacances. Entre 2011 et 2016, le taux de départ des ménages à hauts revenus est passé de 79 % à 86 %, celui des classes moyennes supérieures de 67 % à 70 %, celui des classes moyennes inférieures de 49 % à 54 % et celui des ménages à bas revenus de 37 % à 39 %. Pour les catégories les plus modestes, partir en vacances reste une dépense très lourde ou une aspiration non satisfaite. Ce regain des départs peut être lu comme signe d’une amélioration de la situation économique convergeant avec d’autres indicateurs : reprise du pouvoir d’achat, des investisse-

ments des entreprises, légère diminution du chômage, moral économique des ménages en hausse… Le départ en vacances constitue en effet une source de dépenses importantes. En moyenne, un ménage qui part consacre à ses vacances 4,6 % de l’ensemble de ses dépenses de consommation. C’est leur quatrième poste de dépenses, bien plus élevé que celui de l’habillement, de la santé ou des communications.

Le transport premier poste de dépense

Le budget consacré aux vacances intègre les différentes dépenses liées au transport, à l’hébergement, aux loisirs, etc. Il varie évidemment selon la composition du foyer. En moyenne, une personne seule dépense 650 euros pour un séjour, un couple sans enfant près de 1 000 euros, un couple avec deux enfants en bas âge 1 400 euros, un couple avec trois enfants dont un de plus de 14 ans 1 700 euros, etc. Deux postes captent, à eux deux, la moitié des dépenses touristiques. Celui du transport représente près du quart, 23 %, loin devant les autres postes. L’importance du transport est élevée, même si la majorité des vacances se passe sur le terri-

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État des lieux

La campagne, valeur sûre des vacances pas chères

Les séjours en France avec hébergement gratuit (en famille, chez des amis, en résidence secondaire) constituent plus de la moitié des séjours (56 %) et sont peu onéreux : 325 euros en moyenne par unité de consommation soit 325 euros pour une personne seule, 490 euros pour un couple. Les dépenses varient dans une fourchette réduite et économique par rapport aux autres types de séjours. Une fois sur deux, les enquêtés motivent ces voyages par l’envie de passer du temps avec leur famille ou leurs amis plutôt qu’une envie de loisirs. Ces séjours, qui se déroulent souvent à la campagne, sont plus souvent effectués par des personnes seules, des jeunes et des étudiants. Les séjours en hébergement non

1_ETAT DES LIEUX -Nov16.indd 9

Les Français retrouvent la route des vacances

Au cours des douze derniers mois, êtes-vous parti en vacances au moins quatre nuits consécutives hors de votre domicile ? (en %) Taux de départ

70 65 60

62 61

65

63

64 65

66 62

65 61 61

66 64

63 63 59

58 58

54

55

58 56 54 53 52

51

58 58 57

60 59

62

50 45

Source : CRÉDOC, enquêtes Conditions de vie et aspirations. Nota : la question était initialement posée uniquement en décembre-janvier et, à partir de 2008, elle a été posée deux fois par an : en décembre-janvier et en juin.

40 35 30

2015 2016

2010

2005

2000

1995

1990

25 20

1985

toire français : selon l’enquête de la Direction générale des entreprises intitulée Suivi de la demande touristique, 71 % des séjours de nos concitoyens se passent dans l’Hexagone. Les initiatives collaboratives liées au transport telles que le covoiturage ou l’autopartage remportent un réel succès. En 2013, selon l’Ademe, 21 % des ménages disaient avoir eu recours à ce type de déplacement afin, principalement, d’alléger leurs frais. L’hébergement est lui aussi un poste important des dépenses (15 %), même si près de six séjours sur dix font appel à l’hébergement gratuit chez des proches. Là encore, les méthodes alternatives qui ont fleuri ces dernières années (couchsurfing, location à un particulier, échanges de maison…) trouvent en partie leur origine. Finalement, le budget loisirs (sorties, activités, etc.) ne représente que 10 % du budget vacances. Un quart des dépenses est affecté à des postes dénommés « forfait ». La plupart comprennent l’hébergement et une autre prestation (souvent la restauration) et 31 % sont des forfaits tout compris.

9

Dépenses de vacances : près de 5 % du budget des familles

Les vacances représentent 4,6 % des dépenses de consommation des ménages qui sont partis 13

Transports Produits alimentaires et boissons non alcoolisées

11,4 7,8

Loisirs et culture Meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison

4,6

Vacances

4,6

Articles d'habillement et chaussures

3,9

Santé

3,8

Champ : a effectué au moins un séjour d’au moins 4 nuits hors du domicile en 2010. Source : calculs CRÉDOC à partir du module spécifique aux vacances adossé à l’enquête Budget des familles 2011.

2,3

Communications Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants

1,0

Enseignement

0,6 0

3

6

9

12

15

Transport et forfaits, principales dépenses des vacances Ventilation des postes de dépenses des ménages lors du dernier séjour effectué (en %)

Le forfait comprend... Plusieurs réponses possibles (en %)

69

l'hébergement

Autres Loisirs 5 Forfait 10 24 Alimentation 11 Restauration Transport 11 23 Hébergement 15

le transport jusqu'au lieu de villégiature

30

Forfait tout compris

31

la restauration complète

26 22

les loisirs la restauration en demi-pension le transport sur place (location de voiture)

12 11 3

d'autres prestations 0

10

20

30

40

50

60

70

80

Source : CRÉDOC, à partir de l’enquête Budget des familles 2011, INSEE. Champ : ménage étant parti au moins une fois en vacances au cours des 12 derniers mois. Lecture : le transport représente 23 % des dépenses pour un séjour.

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

État des lieux

10

marchand, à vocation de loisirs, et qui se déroulent à la mer ou à la montagne sont plus souvent le fait de hauts revenus et de diplômés. Une petite partie des séjours en hébergement non marchand a lieu en résidence secondaire (5 %) essentiellement par des seniors (67 % des

cas) avec une certaine aisance financière (deux tiers des cas également). Les vacances en France en hébergement marchand (hôtel, camping, résidences de tourisme, etc.) constituent 16 % des séjours. Ils sont plus souvent choisis par les familles

Les quatre grandes familles de séjours Part des séjours effectués en % 60

Coûts moyens des séjours par unité de consommation

56

Ménages modestes (les 25 % les plus pauvres) Moyenne Ménages aisés (les 25 % les plus riches)

50

950 €

40

760 €

30

19

20

550 € 425 €

16 9

10

1 400 € 1 120 €

880 € 715€ 530 €

340 €

380 €

160 €

0 France métropolitaine

Étranger

Hébergement gratuit (75 %)

France métropolitaine

Étranger

France métropolitaine

Hébergement payant (25 %)

Étranger

France métropolitaine

Hébergement gratuit (75 %)

Étranger

Hébergement payant (25 %)

Source : CRÉDOC, à partir de l’enquête Budget des familles 2011, INSEE. Guide de lecture : 56 % des séjours ont lieu dans un hébergement gratuit situé en France métropolitaine. En moyenne, des vacances dans l’Hexagone coûtent 425 euros pour une personne. Un voyage en France métropolitaine varie entre 160 euros pour une personne dans un ménage pauvre et 550 euros pour une personne dans un ménage aisé.

Le coût d’un départ en vacances selon la configuration de la famille (en euros) France métropolitaine Hébergement gratuit

Étranger Hébergement payant

France métropolitaine Hébergement gratuit

Étranger Hébergement payant

une personne seule

420

760

710

1 120

un couple sans enfant

640

1 140

1 070

1 680

un couple avec deux enfants en bas âge

890

1 590

1 500

2 350

un couple avec trois enfants dont un de plus de 14 ans

1 105

1 970

1 860

2 910

Source : CRÉDOC, à partir de l’enquête Budget des familles 2011, INSEE.

Les dépenses pour l’étranger sont deux fois plus élevées Dépenses moyennes par unité de consommation et par séjour 870 € 710€ 600 €

660 €

605 € 510 €

490 €

Ensemble Étranger France des séjours métropolitaine

Mer

Montagne

Ville

Champ : séjours effectués au cours des 12 derniers mois. Source : CRÉDOC, à partir de l’enquête Budget des familles 2011, INSEE.

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Campagne

avec enfants, les employés et les ouvriers. Ils se passent souvent à la mer (53 %) et plus rarement à la montagne (28 %). En raison des frais d’hébergement, la moyenne de ces séjours grimpe à 710 euros par séjour et par personne (unité de consommation). Les séjours à l’étranger avec héberge- ment gratuit (19 %) chez des amis ou de la famille sont plus souvent le fait de ménages non diplômés, à bas revenus et coûtent eux aussi plus cher à cause des transports : en moyenne 760 euros par personne. Enfin, les séjours à l’étranger avec hé- bergement payant sont plus rares (9 % des séjours). On le comprend tant le coût est important : 1 120 euros en moyenne par séjour et par personne.

Ceux qui partent à l’étranger dépensent deux fois plus

En moyenne, les Français partant à l’étranger dépensent près du double de ceux qui restent sur le territoire français. C’est certainement une des raisons du peu de séjours effectués à l’étranger : moins de un sur trois. Lorsque l’on reste dans l’Hexagone, les dépenses sont très différentes selon les lieux. Passées souvent en famille ou dans la résidence secondaire, les vacances à la campagne font partie des séjours à bas coût. À l’opposé, les vacances à la mer ou à la montagne où l’hébergement est souvent payant se révèlent plus coûteuses. Les vacances à la mer sont plus chères aussi parce qu’elles durent plus longtemps (13 jours en moyenne) que les vacances à la montagne (12 jours) qui incluent pourtant les séjours au ski, particulièrement onéreux. Les budgets consacrés par les partants pour l’ensemble des vacances de l’année sont au final très variables : d’un côté, 15 % des vacanciers dépensent moins de 400 euros sur l’année pour partir en vacances ; de l’autre, 15 % consacrent plus de 3 800 euros sur l’année.

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État des lieux

Les seniors champions des vacances Les 60-69 ans réunissent, aujourd’hui, toutes les conditions pour être de bons candidats aux vacances : pour la plupart en retraite, ils ont un large temps libre ; avant 70 ans, la plupart sont en très bonne santé et peuvent encore sans difficulté effectuer de nombreux séjours hors domicile ; et, pour beaucoup, les dépenses liées au logement et aux enfants n’étant plus d’actualité, ils peuvent se permettre d’affecter une part importante de leur revenu aux vacances, 6,12 %, contre 4,4 % pour les 30-49 ans par exemple. Au final, c’est la classe d’âge qui part le plus souvent en longs séjours (2,3 fois par an contre 2 en moyenne) et ils dépensent aujourd’hui en moyenne 2 280 euros par an en vacances, soit deux fois plus que les moins de 30 ans. Ils sont aujourd’hui un peu plus nombreux à partir que les moins de 25 ans alors que pendant longtemps les voyages étaient l’apanage de la jeunesse.

que parmi les ménages les plus riches. Et le budget qu’ils peuvent y consacrer est beaucoup plus limité : 460 euros par séjour et pour une personne seule. Malgré leurs efforts pour

Les vacances sont inabordables pour de nombreux ménages aux revenus modestes, certains renonçant à partir : parmi les ménages ayant le plus bas niveau de vie, les partants sont deux fois moins nombreux

partir « pas cher », ces dépenses représentent 8,1 % de leur revenu, soit deux fois plus que ce que représente le poids des vacances pour les foyers les plus aisés. l

Les données du CRÉDOC sur les départs en vacances

Les données portant sur les taux de départ en vacances s’appuient sur l’enquête Conditions de vie et aspirations du CRÉDOC menée en face à face en juin de chaque année depuis 1978 auprès d’un échantillon de 2 000 personnes de 18 ans et plus, vivant en France, représentatives de la population française, sélectionnées selon la méthode des quotas (région, taille d’agglomération, âge-sexe, PCS). Un redressement final est effectué pour assurer la représentativité par rapport à la population nationale. Les données portant sur les dépenses en matière de vacances sont tirées d’une exploitation par le CRÉDOC du module Séjours hors du domicile de l’enquête Budget des familles 2011 de l’INSEE dédié au budget vacances des Français et s’appuyant sur une enquête en face-à-face auprès de 10 000 ménages entre octobre 2010 et octobre 2011. Un questionnaire spécifique sur les « Séjours » (7 679 ménages ont déclaré au total 14 992 séjours pour des raisons autres que professionnelles ou scolaires au cours de l’année) a été administré avec pour objectif d’inventorier les séjours hors du domicile habituel de plus de 4 nuitées (les 5 derniers séjours en commençant par le plus récent) ayant occasionné des frais à une ou plusieurs personnes du ménage (lieu, situation, motif, période, nombre de personnes, durée) et de décrire plus précisément le séjour le plus récent.

Les seniors partent autant aujourd’hui que les 18-24 ans 70

Un budget très lourd pour de nombreuses familles

11

60 50

66

18-24 ans

64

59 60-69 ans

40 30 20 10 0

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Source : CRÉDOC, à partir de l’enquête Budget des familles 2011, INSEE.

Les dépenses de vacances représentent 8 % du budget des familles aux faibles ressources contre 5 % de celui des familles aisées

Dépenses totales

Dépenses totales par personne (UC) et par séjour

Part du revenu consacrée aux vacances hors domicile

1er quartile (< à 13 555 e)

36

1,7

1 080 e

460 e

8,09 %

2e quartile (13 555 e - 18 990 e)

49

1,7

1 190 e

500 e

4,74 %

3 quartile (18 990 e - 26 600 e)

62

1,9

1 650 e

620 e

4,60 %

4 quartile (26 600 e et +)

78

2,3

2 690 e

830 e

4,17 %

Ensemble

58

2

1 890 e

655 e

4,9 %

e

e

*Le niveau de vie est défini comme le revenu total du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC) selon l’échelle de l’OCDE, visant à tenir compte de la composition du foyer : une unité est comptée pour le premier adulte du foyer, 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus ; 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans. Source : CRÉDOC, à partir de l’enquête Budget des familles 2011, INSEE.

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Vacances 2014 : L’éclaircie, enquête menée pour la Direction générale des entreprises, Jörg Müller, CRÉDOC, janvier 2015, http://www.credoc.fr/pdf/Rapp/R320.pdf

IRCIE VACANCES 2014 : L’ÉCLA Étude réalisée à la demande

de la DGE

: L’ÉCLAIRCIE

Nombre de séjours dans ’année

à lire...

N°320 - VACANCES 2014

Niveau de vie

Pour les partants uniquement

Est parti au moins une fois dans l’année

COLLECTION DES RAPPORTS

Caractéristiques des départs et des dépenses de vacances, selon le quartile de niveau de vie* du ménage

Sandra HOIBIAN Jörg MÜLLER

JANVIER 2015 www.credoc.fr

N° 320

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État des lieux

12

RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Histoires de vacances La création et l’évolution des congés payés est une histoire à croiser avec celle des grandes et des petites vacances du calendrier scolaire.

Claire MÉNARD Chargée des relations parlementaires de l’UNAF

1936

1939

Avec l’arrivée du Front populaire au pouvoir, les accords de Matignon sont signés. Le 9 juin, un projet de loi est déposé par le gouvernement de Léon Blum dont l’exposé des motifs précise : « tous les travailleurs sont concernés, [que] les ouvriers connaîtront dans leur labeur journalier une trêve d’au moins deux semaines et [qu’]ils pourront se consacrer librement au repos et aux satisfactions de la vie familiale et sociale, (…) quels que soient leur sexe et leur âge, la nature du travail et la branche d’activité ». Le projet est voté le 11 par la Chambre des députés à l’unanimité. Le Sénat suivra le 17 juin avec seulement deux voix contre. La loi est promulguée le 20 juin, ouvrant ainsi un droit à congés payés de 15 jours par an.

• Par arrêté du ministre de l’Éducation nationale et des Beauxarts, Jean Zay, les congés scolaires des premier et second degrés (école, collège et lycée) sont harmonisés. Quinze jours supplémentaires sont ajoutés aux grandes vacances. Les congés payés commençaient souvent le 14 juillet, mais les élèves allaient à l’école jusqu’au 1er août. On institue donc des grandes vacances qui vont du 15 juillet au 30 septembre. Pour Jean Zay, « il faut que les vacances des enfants et les congés des parents soient mis en harmonie ». • J ean Zay organise également une coupure supplémentaire à l’origine des vacances de février. Si la date de Pâques est tard, pour couper le deuxième trimestre trop long, quatre jours sont accordés en février pour Mardi gras. Si la date de Pâques est tôt, alors quatre jours sont pris autour de la Pentecôte pour couper le troisième trimestre.

Années 30

1956

Objectif de la loi de 1936 :

[…] les ouvriers connaîtront dans leur labeur journalier une trêve d’au moins deux semaines.

1_ETAT DES LIEUX -Nov16.indd 12

Dans son discours d’investiture devant l’Assemblée nationale le 31 janvier 1956, Guy Mollet, président du Conseil, annonce : « D’ores et déjà, certaines entreprises ont porté la durée des congés payés à trois semaines. Le gouvernement entend généraliser cette mesure, qui permettra aux travailleurs une détente annuelle dont ils ont besoin. » Ce sera chose faite avec la loi du 27 mars 1956, qui augmente de quinze jours à trois semaines la durée annuelle des congés payés.

1959

Le ministre de l’Éducation nationale du premier gouver-

nement de la Ve République, André Boulloche, fixe, par arrêté du 24 mars 1959, les dates des grandes vacances, qui sont avancées au 1er juillet jusqu’au 15 septembre. Il était prévu, par circulaire du 19 septembre 1960, entre les 15 et 30 septembre, « des autorisations d’absences accordées par l’inspecteur d’académie, sur les demandes des personnes responsables, aux enfants ayant plus de douze ans occupés aux travaux agricoles » dans les départements viticoles, compte tenu des travaux de vendanges. Ces nouvelles dates suivent l’évolution de la société : avec l’aisance économique des débuts des Trente Glorieuses, des familles salariées partent en vacances dès le 1er juillet sans tenir compte de la fin de l’année scolaire, fixée jusqu’alors au 15 juillet. Le premier trimestre devient alors plus long ; en conséquence, 4 jours sont accordés autour de la Toussaint.

1964

Avec l’année scolaire 19641965, c’est la première fois que le France métropolitaine est divisée en zones. Deux zones sont appliquées par le départ et le retour des grandes vacances pour faciliter la circulation sur les routes et dans les trains. Ainsi, l’arrêté du 9 septembre 1964 précise que le groupe A rassemblant les académies de Lille, Amiens, Caen, Rouen, Paris, Reims, Nancy, Strasbourg, Dijon, Besançon, Lyon et Grenoble partira en vacances du mercredi 30 juin au soir au vendredi 17 septembre matin, et que le groupe B, rassemblant les académies de Rennes, Nantes, Poitiers, Clermont-Ferrand,

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État des lieux

Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Aix-en-Provence, partira du mercredi 7 juillet au soir au vendredi 1er octobre matin.

1969

• Après un an de débats, la loi du 16 mai 1969 portant à quatre semaines la durée minimum des congés payés annuels est adoptée. Un des auteurs de la proposition de loi initiale, Fernand Darchicourt, député du Pas-de-Calais, précisait toutefois : « Je me permettrai cependant de faire remarquer que le problème des congés payés ne peut être résolu définitivement par une simple proposition de loi. Selon nous, il devrait s’inscrire dans une grande politique de l’emploi et du pouvoir d’achat. Car s’il est bon de donner une quatrième semaine de congés payés aux travailleurs, encore faut-il qu’ils puissent — eux et leurs familles — en bénéficier, « se les payer » en quelque sorte et ne pas être condamnés, comme beaucoup, à rester chez eux parce qu’ils ne peuvent louer et séjourner à la campagne, à la montagne, ou à la mer. » • Après l’élection du président Georges Pompidou, Olivier Guichard est nommé ministre de l’Éducation nationale, du 22 juin 1969 au 5 juillet 1972, dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas. Il prend un premier arrêté en date du 7 août, supprimant les cours le samedi aprèsmidi. Fin août, le sénateur des Ardennes, René Tinant, demande au ministre de l’éducation nationale « si, suite à l’arrêté ministériel du 7 août 1969 décidant que le samedi après-midi serait libre de cours dans les classes maternelles et primaires, il prévoit de maintenir l’accueil des enfants dans ces écoles. En effet, si cette décision favorise les familles qui peuvent se libérer le samedi à midi, par contre, cette mesure gênera beaucoup les autres, particulièrement en zone rurale où il est déjà pallié à la longueur des grandes vacances d’été par la

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mise en place de garderies. » En octobre 1969, la réponse suivante lui est faite : « La décision de supprimer les heures de classe du samedi après-midi, prise dans le cadre de l’arrêté du 7 août 1969, répond aux recommandations formulées par la commission de réforme pédagogique comprenant des représentants de l’administration, différents syndicats et groupements d’enseignants ainsi que des fédérations de parents d’élèves, qui s’est réunie au cours de la présente année scolaire en vue d’étudier les réformes apportées dans notre enseignement du premier comme du second degré. Cette nouvelle organisation du temps scolaire, outre qu’elle fournit le cadre de la mise en place du tiers temps et partant de l’action de rénovation pédagogique de l’enseignement élémentaire, donne satisfaction au désir souvent exprimé par les parents de libérer le samedi après-midi de façon à adapter les horaires de l’enseignement à l’évolution des horaires de travail de la majorité d’entre eux. En ce qui concerne les garderies des enfants des classes maternelles et l’accueil éventuel des élèves de l’enseignement primaire, l’organisation en incombe aux associations de parents d’élèves en liaison avec les collectivités locales. »

1970

Une zone unique pour les vacances d’été est appliquée pour la seule année scolaire 1970-1971 par arrêté du 22 mai 1970. Quelques jours avant, aux questions d’actualité du 29 avril à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation nationale, Olivier Guichard, est interrogé par le député du Finistère, Jean-Claude Petit, sur les intentions du gouvernement : « Le gouvernement compte-t-il mettre un terme aux incertitudes permanentes des familles quant aux dates des vacances scolaires ? » En réponse, le ministre de l’Éducation nationale précise : « Le gouvernement s’est préoccupé de mettre un terme à toutes les inquiétudes quant aux dates des vacances scolaires. Dans ce but,

13

Années 50

j’ai entrepris un certain nombre de consultations, aussi bien avec les associations de parents d’élèves et d’enseignants qu’avec mes collègues du gouvernement eux-mêmes intéressés, pour des raisons diverses, à ce problème. Il est vraisemblable que, d’ici dix à quinze jours, nous pourrons annoncer les dates des vacances pour l’année scolaire 1970-1971, dès que ces consultations seront terminées. » Le député reprend la parole pour défendre les quinze premiers jours de septembre comme période de vacances : « Je remercie M. le ministre des précisions qu’il vient de nous donner. J’ai posé cette question parce que la presse se fait actuellement l’écho d’éventuelles divergences de vues au sein du gouvernement au sujet de la date des vacances scolaires. Sur le plan touristique, l’étalement des vacances est certainement nécessaire. Cependant, en toute hypothèse, la date de la rentrée ne devrait pas être antérieure au 15 septembre. D’abord, l’intérêt des élèves le commande. Lorsque la rentrée scolaire a lieu le 15 septembre, le premier trimestre est déjà trop long car, dès le début du mois de décembre, la réceptivité des élèves à l’enseignement devient insuffisante, le repos de huit jours à la Toussaint ne changeant pas grand-chose à l’affaire. Ensuite, les familles attachent une importance particulière au mois d’août pour leurs vacances et souhaitent utiliser la première quinzaine de septembre à la pré-

Repères

27 mars 1956,

la durée annuelle des congés payés passe de quinze jours à trois semaines.

16 mai 1969,

la durée annuelle des congés payés passe à quatre semaines.

7 août 1969,

Suppression des cours le samedi après-midi

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État des lieux

14

RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Années 70

sont créées pour organiser le départ et le retour de ces congés de février. Les zones s’appliqueront également aux vacances de Pâques ou de printemps l’année suivante.

1980

paration de la rentrée scolaire de leurs enfants. En zone touristique, les commerçants prennent, quand ils le peuvent, quelques congés pendant cette première quinzaine de septembre ; il faut leur laisser la possibilité d’emmener leurs enfants. L’intérêt primordial des études, l’intérêt des familles, l’intérêt des commerçants comme celui des loueurs d’appartements meublés convergent, sur l’ensemble du territoire, pour justifier une date de rentrée fixée au plus tôt le 15 septembre ; quelle que soit la zone de classement de l’académie. La grande majorité de nos concitoyens n’apprécient pas de voir la date des vacances si souvent remise en question. Ils souhaitent qu’un calendrier plus durable soit enfin établi. » Le ministre de l’Éducation nationale conclut : « Je remercie M. Petit de ses observations. J’en tiendrai d’autant plus compte qu’elles vont dans le sens des projets que j’ai moi-même soumis à l’arbitrage de M. le Premier ministre. »

1972

• Olivier Guichard prend un nouvel arrêté le 12 mai 1972, qui remplace la pause médiane hebdomadaire du jeudi par le mercredi. Cette nouvelle mesure sera effective à la rentrée des classes de 1972. • Après les Jeux olympiques de Grenoble, les sports d’hiver se développent et les congés de février sont institués en remplacement des congés de la mi-Carême. Trois zones

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De 1980 à 1982, le soin de fixer le calendrier scolaire est laissé aux recteurs d’académie, soit 28 zones au total. L’arrêté du ministre de l’Éducation nationale, Christian Beullac, en date du 9 janvier 1980, précise : « Le recteur procède à toutes les consultations préalables utiles, spécialement auprès des organismes et instances assurant la représentation des parents d’élèves et des personnels de l’éducation, ainsi que des intérêts économiques et sociaux concernés. »

1982

Dans les 110 propositions pour la France du candidat à l’élection présidentielle, François Mitterrand, il était inscrit : « … La cinquième semaine de congés payés sera généralisée. » Par ordonnance du 16 janvier 1982, ces dispositions entreront en vigueur au 1er février 1982.

1983

A partir de 1983, les vacances d’été sont réduites de la première quinzaine de septembre et ceci afin d’augmenter les vacances scolaires intermédiaires.

1986

Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Éducation nationale, prend l’arrêté du 20 janvier 1986 relatif au calendrier de l’année scolaire 1986-1987. Ce calendrier des vacances scolaires sera le seul à respecter le rythme dit 7-2 (7 semaines d’école suivies de 2 semaines de congé). Il met en œuvre une recommandation de l’avis du CES, rendu suite à une sai-

sine gouvernementale en 1980, rapporté par le professeur Lévy, médecin sensibilisé aux rythmes biologiques, et intitulé « Les rythmes scolaires ». Ce rapport préconise entre autres points un allongement de l’année scolaire de 35 à 36 semaines. Il souligne que la France est le pays où la durée des grandes vacances est la plus longue avec la journée scolaire la plus chargée. Les études scientifiques notent la fatigue des enfants à l’école, en particulier en octobre-novembre et février mars, et la nécessité de vacances de dix jours au moins à ces périodes pour l’enfant. Mais les intérêts économiques du tourisme auront raison de ces arguments : dès l’année suivante, un nouveau calendrier de l’année scolaire est défini avec trois zones pour les vacances d’hiver et de printemps, rendant mathématiquement impossible l’application pour chaque zone du rythme des 7-2.

1998-2000

Les lois Aubry de 1998 et 2000 sur les 35 heures créent le concept de RTT (Réduction de temps de travail). Les jours ainsi acquis s’additionnent aux congés légaux.

2001

Jack Lang, alors ministre de l’Éducation nationale, annonce au 20 h de France 2, le 20 décembre 2001, qu’il va rallonger, en 2002, les vacances de la Toussaint à 10 jours. Au cours de l’interview du ministre par la journaliste Françoise Laborde, il précise : « Franchement, à la fin de ce trimestre, je persiste et je signe : c’est un trimestre beaucoup trop long et déséquilibré et, en fin de course, c’est fatiguant et pour les parents, et pour les jeunes, et pour les professeurs

Notre pays n’est pas le meilleur exemple d’un bon équilibre entre le temps de travail et le temps de repos.

Jack LANG, ministre de l’Éducation nationale, 2001

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État des lieux

qui font un travail difficile. Je vais donc demander que l’année prochaine - ce sera une première étape -, les vacances de la Toussaint passent d’une semaine à 10 jours. Ainsi, l’an prochain, les deux périodes d’avant la Toussaint et après la Toussaint seront égales : deux périodes de travail de 7 semaines séparées par 10 jours de repos. C’est un commencement, parce que nous devons absolument reprendre le débat sur la répartition dans l’année du temps de travail pour les enfants et les professeurs, et du temps de repos. Notre pays n’est pas le meilleur exemple d’un bon équilibre entre le temps de travail et le temps de repos. »

2008

Par décret du 15 mai 2008, à effet de la rentrée en septembre 2008 dans les écoles maternelles et primaires, Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, supprime les cours le samedi matin, dans le but de « restituer » le week-end aux familles. Une possibilité est laissée aux écoles de répartir les 24 heures d’enseignement à raison de 6 heures par jour, sur neuf demi-journées, du lundi au vendredi, le mercredi matin étant scolarisé. Cependant, malgré le choix qui a été ainsi laissé aux écoles, la semaine de quatre jours est devenue la norme en matière d’organisation du temps scolaire. Selon une estimation du ministère de l’Éducation nationale, sur 49 498 écoles, un peu plus de 95 % fonctionnaient ainsi sur quatre jours pour l’année scolaire 2009-2010.

2012

Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, allonge les vacances de la Toussaint de 10 jours à deux semaines. Le communiqué de presse, qui en fait l’annonce le 28 juin 2012, indique qu’elles « sont ainsi portées à deux semaines pleines pour permettre un véritable repos au cours du premier trimestre, dont la longueur est préjudiciable à l’attention des élèves ».

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2013 Le décret du 24 janvier 2013 (dit décret Peillon) et celui du 7 mai 2014 (dit décret Hamon) organisent la réforme des rythmes scolaires à l’école primaire. Les 24 heures d’enseignement hebdomadaire sont étalées sur neuf demi-journées, de sorte que la journée de classe ne dépasse pas 5 heures 30 avec une pause méridienne de 1 heure 30 au minimum. En pratique, ces nouveaux rythmes allègent le temps de classe de 45 minutes par jour. Ce temps dégagé doit permettre aux collectivités territoriales de mettre en place des activités périscolaires. Le temps d’activité périscolaire (TAP) est à la charge des municipalités, chargées d’initier un « projet éducatif de territoire » (PEDT) avec l’ensemble des acteurs locaux. La quasi-totalité des communes comptant une école publique a fait le choix d’organiser la matinée de classe supplémentaire le mercredi : seules 1,5 % d’entre elles prévoient des enseignements le samedi matin. La réforme est lancée à la rentrée 2013 et généralisée à celle de 2014.

2015

En janvier 2015, une nouvelle carte des 13 régions françaises métropolitaines est adoptée. La ministre de l’Éducation Nationale, Najat Vallaud-Belkacem a, dès lors, dû se pencher sur l’adaptation des zones de vacances scolaires aux régions nouvellement remodelées. Les zones et les dates des vacances scolaires sont donc modifiées depuis la rentrée scolaire de septembre 2015.

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2013-2014

2016

Par décret du 1er août 2016, la ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Najat Vallaud-Belkacem, conforte les organisations dérogatoires prises par certaines communes et autorisées à titre expérimental par le décret Hamon de mai 2014 en matière de rythmes scolaires dans le primaire. Pris à l’époque pour mettre fin au débat sur les rythmes scolaires, le décret Hamon permet de regrouper les activités périscolaires sur un après-midi. Par ailleurs, ce décret supprime la disposition du décret Hamon, qui prévoyait une évaluation des expérimentations mises en œuvre six mois avant leur terme sous l’autorité du recteur d’académie. Le Conseil supérieur de l’éducation a voté massivement contre ce projet de décret le 25 mars 2016 dernier. Le débat sur les rythmes scolaires n’est pas tout à fait clos ! l

NOUVELLE CARTE DES 13 RÉGIONS FRANÇAISES

Zone A: Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers

Zone B : Aix-Marseille, Amiens, Caen, Lille, NancyMetz, Nantes, Nice, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Rouen, Strasbourg

Zone C : Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse, Versailles

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État des lieux

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Vacances et loisirs en famille En 2016, année anniversaire des congés payés, l’UNAF a dédié l’étude annuelle de l’Observatoire des familles, qu’elle anime avec les UDAF et URAF, aux attentes et à la vision des familles concernant les vacances et, plus largement, les loisirs.

Jean-Philippe VALLAT Directeur des Politiques et Actions familiales et des Etudes à l’UNAF

Hakim BOUDAOUD Animation et suivi du réseau des Observatoires des familles de l’UNAF

Pour 85 % des répondants, les vacances sont synonymes de « temps passé en famille entre parents et enfants. »

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Cette enquête repose sur des échantillons de 3 000 adresses sélectionnées aléatoirement, par département ou région, parmi les ménages allocataires des CAF ayant au moins un enfant à charge âgé de 3 à 15 ans. Au total, 17 000 familles, de 55 départements, ont répondu au questionnaire.

Les familles dont le référent est cadre, tout comme celles dont le référent est retraité sont celles qui mettent en avant le fait que les vacances sont l’occasion de passer du temps en famille élargie (23 % contre 19 % pour les professions intermédiaires ou encore 16 % pour les familles dont le référent est ouvrier).

Les vacances : un temps familial avant tout

L’objectif d’un entretien et d’un renforcement des liens familiaux pendant les vacances transcende donc largement les frontières sociales.

On observe à quel point la question des liens familiaux est primordiale dans les attentes vis-à-vis des vacances. En effet, pour 85 % des répondants, les vacances sont synonymes de « temps passé en famille entre parents et enfants ». Cette représentation est partagée par l’ensemble des familles, quelle que soit leur catégorie sociale : 90 % pour les agriculteurs, 88 % pour les artisans/commerçants, 87 % pour les ouvriers, 85 % pour les employés et les professions intermédiaires, puis à 74 % pour les retraités. Le partage d’activités en famille est aussi très présent chez les répondants : 45 %. C’est une représentation des vacances partagée par toutes les familles, quelle que soit leur catégorie sociale, sauf pour les familles dont le référent est sans activité professionnelle (47 % pour les cadres et les professions intermédiaires, 45 % pour les ouvriers et 38 % pour les sans activité professionnelle). Pour 19 %, les vacances sont également un moyen de passer du temps avec une famille « élargie » au-delà des liens parents/enfants (temps passé en famille avec les grandsparents, les oncles, les cousins).

tage en avant le fait de partir ou voyager (63 % contre 40 % pour les familles dont le référent est ouvrier), ce qui peut s’expliquer par des ressources financières plus importantes. Pour 26 % des répondants, c’est le coût qui est un élément très présent : les vacances sont chères. L’aspect coûteux des vacances est, sans surprise, mis particulièrement en avant par les familles dont le référent est ouvrier ou sans activité professionnelle (respectivement 35 %

Pour vous, les vacances, c’est : (3 réponses possibles maximum) Passer du temps en famille (parent/enfant) Se reposer, se ressourcer Partir, voyager (dépaysement) Partager des activités en famille Cher, coûteux Passer du temps en famille avec les grands-parents, les oncles, les cousins… Compliqué à organiser Passer du temps sans les enfants Découvrir ses proches différemment De la fatigue, du stress Faire des activités seul Les objectifs moins directement familiaux sont importants, mais à un niveau bien moindre. Ainsi, les vacances sont synonymes de repos pour 52 % des répondants. Partir et voyager (dépaysement) est également quelque chose d’important pour 48 % des familles interrogées. Même si elles apparaissent pour les autres catégories, les notions de repos, de départ et d’activités en famille apparaissent logiquement davantage chez les familles dont le référent travaille. Les familles dont le référent est cadre mettent davan-

85 % 52 % 48 % 45 % 26 % 19 % 5 4 2 2 1

% % % % %

et 41 % contre 9 % seulement quand le référent est cadre).

Les bienfaits des vacances : une rupture avec le quotidien

L’analyse des bienfaits liés aux vacances peut compléter ces renseignements sur les activités pratiquées pendant cette période. Les vacances sont sources de relâchement, de découverte et d’épanouissement. Pour les familles, les vacances sont avant tout l’occasion de cou-

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per avec un quotidien parfois routinier (66 %) en faisant des choses différentes (41 %). 34 % déclarent même ressentir un état de bien-être général à cette occasion. Pour les familles, les bienfaits sont concrets. 25 % déclarent que les liens familiaux se sont resserrés pendant les vacances. Ce sentiment est présent dans l’ensemble des catégories sociales : 27 % pour les artisans et commerçants, 26 % pour les employés et les cadres, 25 % pour les ouvriers et 23 % pour les professions intermédiaires. 7 % expriment même le fait qu’ils ont découvert des traits de caractère de leur(s) enfant(s).

Le budget : premier obstacle pour les familles

90 % des familles qui ne sont pas parties en vacances (au moins 4 nuits consécutives) mettent en avant des raisons financières pour expliquer leur non-départ. 23 % mettent en avant des raisons professionnelles. Le niveau de revenus est très lié à la catégorie socioprofessionnelle. C’est pourquoi il est très corrélé à la possibilité de départ ou non en vacances : • 93 % des ouvriers et des sans activité professionnelle, 92 % des employés et des retraités ou 88 % des professions intermédiaires avancent des raisons financières pour expliquer leur non-départ contre 72 % pour la catégorie cadre. On notera que, pour les cadres, l’obstacle financier est certes un peu moins présent, mais qu’il reste la principale raison au non-départ. • Pour expliquer leur raison du non-départ, certaines catégories mettent davantage en avant des contraintes professionnelles : 71 % des agriculteurs les mettent en avant ainsi que 43 % des artisans, commerçants et référents d’entreprise. C’est aussi le cas pour 32 % des cadres, mais seulement 24 % des professions intermédiaires, 23 % des employés et 22 % des ouvriers.

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Comme autre raison au nondépart, 14 % mettent en avant des raisons familiales. Elles restent très minoritaires pour toutes les catégories : 18 % des professions intermédiaires, 17 % des sans activité professionnelle, 16 % des cadres, 13 % des employés ou encore 11 % des ouvriers. Nous avons cherché à mesurer plus largement la contrainte financière ressentie par les familles au-delà des situations de non-départ : parmi les répondants, 63 % estiment ne pas disposer de ressources financières suffisantes pour « passer de bonnes vacances en famille », avec des différences territoriales marquées (51 % HauteGaronne ; 72 % Pas-de-Calais ; 74 % Aude). 37 % estiment qu’elles en ont les ressources suffisantes. Sur ce sentiment majoritaire, les écarts sociaux se creusent entre les familles. En effet, 76 % des familles dont le référent est cadre estiment disposer de ressources financières suffisantes pour « passer de bonnes vacances en famille » contre 52 % des agriculteurs, 50 % des professions intermédiaires, 39 % des retraités ou encore 26 % des employés, 22 % des ouvriers et seulement 12 % des sans activité professionnelle.

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Les conséquences du non-départ en vacances sur les relations familiales Ne pas partir en vacances engendre des conséquences pour les familles, conséquences que nous avons voulu préciser.

Comment avez-vous vécu le fait de ne pas être parti en vacances en famille (au moins 4 nuits au cours des 12 derniers mois) ? (Plusieurs réponses possibles) Vous culpabilisez de ne pas pouvoir offrir plus à vos enfants La situation a des répercussions sur le quotidien de la famille (fatigue, stress…) Vous vous faites plaisir autrement La situation engendre une certaine frustration au sein de la famille Vos enfants vous le reprochent parfois, cela crée des tensions avec votre (vos) enfant(s) Aucune incidence

69 % 32 % 31 % 29 % 17 % 6%

La culpabilité de ne pas offrir des vacances à ses enfants est de loin le premier sentiment éprouvé par les familles répondantes : c’est un sentiment cité par 69 % des parents qui ne sont partis en vacances avec leurs enfants. Pour 32 %, la situation a des répercussions sur le quotidien de la famille (fatigue, stress…). La frustration est également présente chez 29 % des parents. Seuls 6 % des parents déclarent que cela n’a aucune incidence sur leur vie familiale. L’enquête confirme donc le risque de dégradation de

Taux de familles déclarant ne pas avoir les moyens de passer des bonnes vacances

en % par département 51 < 58 58 < 64 64 < 74

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

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Pour la majorité des familles, les vacances sont avant tout l’occasion de couper avec un quotidien parfois routinier. l’image de soi des parents, lié au non-départ. Indirectement ou plus directement, le non-départ risque donc d’affecter les liens familiaux au quotidien.

Des dispositifs d’aides au départ en vacances méconnus

Alors qu’une proportion significative de familles répondantes ne sont pas parties en vacances depuis plusieurs années, on constate que les dispositifs d’aides au départ en vacances sont méconnus par les familles. 45 % ignorent totalement leur existence et 32 % les méconnaissent. 77 % des répondants ne connaissent donc pas ou pas assez les aides mises à disposition des familles. Chiffre d’autant plus élevé que, pour rappel, 63 % des répondants ont déclaré ne pas disposer de ressources financières suffisantes pour passer de bonnes vacances en famille.

Quel lien entre vacances en famille et loisirs en famille ?

Notre enquête, portant à la fois sur les vacances et les loisirs, nous permettait de vérifier s’il y avait, de la part des familles ne partant en vacances, une « compensation » par des loisirs en famille ou à destination des enfants au quotidien plus fréquents.

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Malheureusement, au détriment des enfants de certaines catégories sociales, cette « compensation » n’apparaît pas. Les familles qui ne partent pas en vacances sont aussi celles qui font le moins d’activités en famille. Certains pourraient parler de « double peine » pour les enfants de certaines familles qui ne partent pas en vacances et font moins d’activités avec leurs parents durant l’année. Les écarts se creusent entre les enfants, surtout pour les activités culturelles extérieures, les activités sportives extérieures et les activités récréatives extérieures.

Quels loisirs effectués ensemble ou séparément ?

Nous nous sommes penchés sur les activités pratiquées par les parents et les enfants (ensemble ou pas) à la maison et/ou en extérieur au cours des six mois précédant l’enquête. De manière générale, en ce qui concerne les activités à domicile, il n’y en a pas qui soient exclusivement faites pendant les vacances par les familles. Certaines activités sont naturellement et fortement pratiquées en famille : la télévision, les sorties « récréatives » mais aussi les jeux. Parmi ces activités naturellement « familiales », toutes ne sont pas forcément productrices de lien familial à un niveau égal. D’autres activités mobilisent davantage un des parents avec un des enfants comme les sor-

ties culturelles ou les activités sportives. Enfin, certaines activités sont beaucoup plus individualisées : pratiques artistiques (parents et enfants), mais aussi loisirs liés aux multimédias (surtout pour enfants).

Loisirs : des contraintes différenciées selon les familles

60 % des familles aimeraient pratiquer une activité avec leur(s) enfant(s) mais ne le font pas. On observe une inégalité entre les familles en fonction de leur appartenance sociale. En effet, alors que 70 % des familles dont le référent est sans activité professionnelle, ou 63 % quand il est ouvrier, déclarent qu’il y a des activités qu’ils aimeraient faire avec leurs enfants mais qu’ils ne font pas, ils ne sont « que » 47 % quand le référent de famille est cadre. La principale raison invoquée par les familles pour expliquer la non-pratique d’une activité est le coût élevé de celle-ci. Des différences sociales apparaissent : 82 % pour les familles dont le référent est sans activité professionnelle, 77 % quand il est ouvrier, contre seulement 37 % quand il est cadre supérieur. La deuxième raison mise en avant est la conciliation vie familiale et vie professionnelle. 40 % des familles ne font pas certaines activités car elles manquent de temps pour des

Si vous ne faites pas certaines activités que vous aimeriez faire avec votre (vos) enfant(s), pour quelles raisons ? (Plusieurs réponses possibles)

Le coût de l’activité est trop élevé Vous manquez de temps pour des raisons professionnelles Vous manquez de temps pour des raisons domestiques (devoirs, courses, ménages...) L’activité n’existe pas à proximité de votre domicile

67 %

Autre Vous et votre (vos) enfant(s) n’avez pas les mêmes centres d’intérêt Votre (vos) enfant(s) a (ont) déjà beaucoup d’activités Votre (vos) enfant(s) n’a (ont) pas envie de le faire avec vous

7%

Vous ou votre conjoint avez déjà beaucoup d’activités

2%

40 % 39 % 24 % 6% 5% 4%

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raisons professionnelles. 39 % mettent en avant le fait qu’elles manquent de temps pour des raisons domestiques (devoirs, courses, ménages…). En cumulant le manque de temps pour raison professionnelle et le manque de temps pour raison domestique, 79 % des parents sont concernés ; la notion de temps serait donc la première raison de non-exercice d’une activité avec leur(s) enfant(s). À noter que 24 % des familles expliquent le fait de ne pas pratiquer une activité en famille car celle-ci n’existe pas à proximité de leur domicile, notamment dans les territoires ruraux (11 % Alpes-Maritimes, 14 % Nord ; 34 % Lot, 36 % Gers et HauteSaône, 39 % Eure-et-Loir, 44 % Creuse).

La famille comme soutien

Par ailleurs, même si les parents rencontrent certaines contraintes organisationnelles, il apparaît que la solidarité familiale est largement présente au sein des familles interrogées. En effet, des adultes (autres que les parents) peuvent prendre le relais pour partager des activités avec les enfants. Il s’agit principalement des grandsparents (69 %), mais aussi des amis ou voisins (30 %) peuvent dépanner de temps à autre. La famille est un milieu propice à la transmission des goûts en matière de loisirs. Cela s’inscrit dans une découverte où l’enfant est accompagné par les parents qu’il prend pour exemple. Ainsi, 69 % des parents disent avoir transmis le goût d’une activité qu’ils pratiquent ou ont pratiqué à leur(s) enfant(s).

Conclusion

Notre enquête dresse des éléments importants pour la connaissance du « fait social » constitué par le départ en vacances et les loisirs. Pour les parents, une attente essentielle concernant les vacances porte sur le temps passé en famille et le resserrement des liens

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Taux de familles déclarant que l’activité n’existe pas à proximité de leur domicile

en % par département 51 < 58 58 < 64 64 < 74

parents-enfants, avant même celle du repos ou de la rupture avec le quotidien. La dimension des liens familiaux doit donc être une préoccupation déterminante dans l’organisation même des vacances pour les familles. Comment les favoriser, les revitaliser à l’occasion des vacances ? Notre enquête révèle aussi l’ampleur de l’obstacle financier au départ en vacances pour les familles, obstacle qui est le principal frein au départ. Face à cet obstacle, qui dépasse les seules catégories défavorisées, même s’il pèse plus fortement sur elles, les dispositifs d’aides sont dispersés, hétérogènes dans leurs critères et leurs modalités entre acteurs privés et publics. Du coup, ils sont mal connus et mal compris, même quand les familles en bénéficient. Cette méconnaissance est d’autant plus gênante que ces aides sont plébiscitées par les familles bénéficiaires et sont parfois, en dehors de leur dimension financière, le support d’actions de renforcement des liens familiaux et sociaux. Les loisirs sont aussi des moments importants d’activation du lien familial, avec

69 % des parents qui n’ont pas pu partir en vacances culpabilisent de ne pas pouvoir offrir plus à leurs enfants. un enjeu de transmission des goûts très présent dans beaucoup de familles. Certains loisirs sont davantage pratiqués « en famille » comme la télévision, les jeux de société, les sorties culturelles, mais aussi la musique ou le sport. Mais la pratique artistique et surtout l’usage des multimédias sont très individualisés. Il y a donc une véritable réflexion à mener sur les loisirs qui permettent le mieux une activation des liens familiaux. Le manque de temps explique le renoncement à des loisirs familiaux davantage que le coût ou le manque d’offres à proximité, cette dernière problématique étant tout de même particulièrement présente dans les territoires ruraux.

Retrouvez toute l’étude sur www.unaf.fr/études et recherches observatoire des familles.

Autant d’éléments qui encouragent l’UNAF à partager les résultats de cette enquête afin de favoriser le départ en vacances qui, nous l’avons vu, est loin d’être superflu pour les familles. l

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

L’ANCV, un acteur engagé dans le départ en vacances des familles

Dominique KTORZA Directrice des politiques sociales à l’ANCV

L’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV) agit en faveur de l’accès aux vacances de toutes les familles (dont les familles monoparentales, recomposées, nombreuses). Son action repose, d’une part, sur le Chèque-Vacances, un dispositif efficace d’aide au départ en vacances, qui bénéficie majoritairement aux familles avec des enfants1, et, d’autre part, sur les programmes d’action sociale destinés aux publics fragiles. En 2015, l’Agence a consacré 7,9 millions d’euros au public familial dans le cadre de ses actions de solidarité, permettant ainsi d’accompagner près de 65 000 personnes sur le chemin des vacances. Pouvez-vous nous rappeler le rôle et la mission de l’ANCV ? L’ANCV est un établissement public qui accomplit une mission originale dans le paysage des établissements publics français : favoriser le départ en vacances des publics qui en ont besoin. Dans sa lutte contre la fracture touristique, elle dispose d’un outil efficace, le ChèqueVacances, distribué sur la base de critères sociaux aux salariés et aux fonctionnaires. Parmi les 4 millions de bénéficiaires de Chèques-Vacances, les familles avec enfants représentent une grande majorité, selon une enquête que nous avions menée en 20132. En plus de cette aide directe aux familles, l’Agence a développé, grâce à son modèle économique vertueux – les

En 2015, plus de 238 000 personnes ont bénéficié des programmes d’action sociale de l’ANCV.

excédents de gestion obtenus grâce aux Chèques-Vacances financent directement les actions de solidarité –, plusieurs programmes d’action sociale. Ils ciblent principalement les publics en difficulté, éloignés des vacances faute de budget suffisant, par manque de culture vacances ou pour des raisons médicales. En 2015, plus de 238 000 personnes en ont ainsi bénéficié, s’ajoutant aux 10 millions de bénéficiaires directs et indirects du ChèqueVacances. Au-delà des chiffres, qui progressent chaque année, c’est la recherche d’une société plus juste et plus inclusive que poursuit l’ANCV dans chacune de ses actions.

Quels sont les différents dispositifs d’aide que vous avez mis en place pour les familles ?

Tous nos programmes sont accessibles aux familles (parents, enfants, grandsparents, petits-enfants). Nos dispositifs d’aide sont déployés par nos multiples partenaires

de l’action sociale (associations caritatives et humanitaires, collectivités locales, services de l’État). Ils sont faciles à mettre en place, et les professionnels de l’action sociale peuvent se les approprier rapidement, dans une démarche de co-financement avec d’autres acteurs publics. Les vacances sont en effet un terrain propice à l’action sociale. L’expérience montre qu’elles peuvent utilement servir de support d’intervention sociale, voire de levier de transformation, pour les publics fragiles grâce aux bénéfices qu’elles procurent. Nous avons quatre principaux outils d’action sociale dans le champ des vacances : les Aides aux Projets Vacances (APV), Bourse Solidarité Vacances (BSV), Seniors en Vacances (SEV) ou encore Départ 18 : 25 (voir descriptif dans l’encadré). Ils sont complémentaires et contribuent à lever les freins identifiés dans le non départ en vacances. Bourse Solidarité Vacances, par exemple, répond à la demande des familles qui souhaitent par-

1/ Les bénéficiaires de Chèques-Vacances sont plutôt des familles : 70 % des bénéficiaires Chèques-Vacances sont mariés vs 64 % des non bénéficiaires), avec enfants (53 % ont des enfants à charge vs 44 % des non bénéficiaires) - Enquête LH2 menée via le panel d’internautes de GMI auprès de 810 bénéficiaires de Chèques-Vacances et auprès de 2 741 non bénéficiaires de Chèques-Vacances salariés du secteur privé > 50 salariés et agents des trois fonctions publiques. Terrain du 28 juin au 7 juillet 2013. 2/ Idem Enquête LH2 de 2013

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tir pendant les vacances scolaires, avec des offres de séjour à petits prix, chez nos partenaires du tourisme. Ce programme bénéficie de plus en plus aux familles monoparentales, souvent des mères de famille qui vivent seules avec leurs enfants. Les Aides aux Projets Vacances (APV) servent à financer de nombreux séjours familiaux déployés par nos partenaires, les plus actifs auprès de la cible familiale : Vacances et Familles, les antennes régionales du Secours Populaire français, la Fédération des Centres Sociaux et Sociaux culturels, Solidarité Laïque… L’ensemble de nos programmes reposent sur la co-construction de dispositifs d’accompagnement ou d’offres de séjour qui répondent aux attentes et aux besoins de nos concitoyens qui ne partent pas en vacances.

Quels sont les bienfaits des vacances sur les familles ?

Les familles constituent pour nous l’un des publics prioritaires car nous savons combien les départs en vacances et l’accès aux loisirs jouent un rôle important dans le resserrement du lien familial, le soutien à la parentalité ou encore le rapprochement entre générations. Les vacances sont essentielles à l’équilibre de la vie familiale, ce temps détaché des contraintes du quotidien contribue au rapprochement entre les parents et leurs enfants, les grandsparents et leurs petits-enfants. Nous avons pu observer que dans les familles monoparentales, par exemple, où les mères de famille sont souvent confrontées à un quotidien difficile et précaire, les vacances contribuent à revaloriser la fonction parentale, les enfants voient leur parent (souvent leur mère) différemment, dans un autre contexte plus positif. Ces bénéfices sont unanimement reconnus par nos partenaires et ressortent bien dans 3/ Etude de l’observatoire des familles Quel accès aux vacances pour les familles ? – UNAF, juillet 2016

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l’étude de l’UNAF3 sur l’accès aux vacances des familles. Nous allons poursuivre nos actions solidaires en direction de ce public tout en prenant en compte les évolutions de la famille ces dernières années. l

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10

millions de bénéficiaires du Chèque-Vacances.

Focus sur les programmes d’aide au départ de l’ANCV

Diffusées par les partenaires de l’action sociale (associations, collectivités…), les Aides aux Projets Vacances sont destinées à des personnes en situation de fragilité sociale et économique, exclues des vacances, et qui ont besoin d’un accompagnement pour concrétiser l’organisation de leur séjour. Environ 70 % de ces aides bénéficient au public familial, grâce à de nombreux partenaires impliqués : Vacances et Familles, Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), Secours populaire français (SPF), Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL)… pv www.ancv.com/les-aides-aux-projets-vacances-a

Offre de séjours et de loisirs à prix solidaires, présentant jusqu’à 80 % de réduction et mise à disposition par les professionnels du tourisme social et solidaire, Bourse Solidarité Vacances s’adresse aux familles à revenus modestes, aux jeunes et aux personnes en situation de handicap. Il permet à de nombreuses familles de retrouver le chemin des vacances lors des périodes d’affluence, notamment au moment des vacances scolaires, souvent peu accessibles aux familles avec des budgets serrés. www.ancv.com/bourse-solidarite-vacances-bsv

Depuis 2007, l’Agence offre aux personnes âgées de 60 ans ou plus l’opportunité d’effectuer des séjours à tarif unique en groupe. Seniors en vacances s’appuie sur un choix de 154 destinations en France, à la mer, la campagne ou la montagne, et contribue à rompre l’isolement des seniors. Des séjours à thème ont été développés par l’Agence, notamment pour favoriser le lien intergénérationnel, entre grands-parents et petits-enfants. www.ancv.com/seniors-en-vacances

Ce programme conçu pour les jeunes de 18 à 25 ans propose, sur un site Internet dédié, des offres de séjours à tarifs abordables en France et en Europe. Il propose également une aide au départ sous forme de conseils ainsi qu’un soutien financier de l’Agence (jusqu’à 150 euros) pour les jeunes en difficultés économiques et/ou répondant à des statuts particuliers (contrats d’apprentissage, emplois d’avenir, boursiers…). Ce programme peut bénéficier aux jeunes couples, avec enfants, pour favoriser le lien parental, dans un contexte de vacances. www.depart1825.com

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État des lieux

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

La politique de la branche Famille en matière d’aide aux vacances Le soutien au départ en vacances des familles, des enfants et des jeunes a toujours été un axe important de la politique d’action sociale des Caisses d’allocations familiales depuis l’après-guerre, inscrit dans le cadre de la politique dite « des temps libres ».

Laetitia VIPARD Conseillère technique jeunesse - CNAF

C

ette politique s’adresse prioritairement aux familles ne partant pas ou peu en vacances, pour des raisons financières ou parce qu’elles se trouvent dans des situations de précarité sociale, professionnelle et/ou relationnelle, rendant impossible l’idée d’un départ, même pour une courte durée. Les Caf considèrent les temps de vacances comme un facteur d’épanouissement personnel et de cohésion familiale. Elles cherchent en premier lieu à resserrer les liens familiaux et sociaux, à favoriser l’épanouissement des enfants et des jeunes et à accompagner les familles les plus fragiles dans le cadre de leur insertion sociale. Les vacances constituent en effet un temps partagé entre les parents et les enfants, où la communication au sein de la famille peut être facilitée. Les Caf apportent un soutien global aux familles, en intervenant à la fois sur les freins financiers au départ, mais en prenant également en compte, pour les plus fragiles d’entre elles, les difficultés à se projeter dans un projet de vacances et à l’organiser. Un accompagnement par des travailleurs sociaux peut notamment être proposé aux familles, en complément du versement d’aides financières. 1/ 85 Caf et 5 fédérations de Caf adhérentes à Vacaf en 2015. 2/Sources : données Vacaf 2015

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Les aides financières versées aux familles Ces aides visent à rendre accessibles financièrement les séjours de vacances aux familles. Le frein financier reste, en effet, aujourd’hui la première cause de non-départ des familles. Elles relèvent des dotations d’action sociale des Caf, et sont donc versées selon des critères propres à chaque Caf, en fonction des besoins et orientations locales. Ces critères, ainsi que les conditions d’accès aux aides pour les familles, figurent dans les règlements intérieurs d’action sociale de chaque Caf. Ces aides financières peuvent ainsi revêtir plusieurs formes : bons vacances et autres dispositifs financiers d’aide au départ en vacances. Une partie des Caf a choisi de confier la gestion de ces aides au service commun « Vacaf »1, dont la gestion est réalisée par la Caf de l’Hérault. Dans le cadre de Vacaf, ces aides sont ainsi organisées en cinq dispositifs : • l’aide aux vacances familiales (Avf), destinée aux familles autonomes dans l’organisation de leurs vacances.

370 051 personnes (dont 220 030 enfants) ont bénéficié de l’Avf en 2015, pour un montant moyen d’aide de 433 e. 56 % des familles utilisatrices de l’aide étaient monoparentales 2; • l’aide aux vacances sociales (Avs), destinée aux familles à très bas revenus ou fragilisées, ayant besoin d’un accompagnement socio-éducatif avant leur temps de vacances. En 2015, 17 496 personnes (dont 11 178 enfants) ont bénéficié de l’Avs, pour un montant moyen d’aide de 880 e. 65 % des familles bénéficiaires étaient monoparentales ; • l’aide aux vacances enfants (Avel et Aven), destinée au financement des départs des enfants et des adolescents dans le cadre de séjours collectifs de vacances (colonies, camps). 57 295 enfants ont été accueillis dans 17 751 lieux de vacances en 2015. L’aide moyenne des Caf était de 260 e ; • l’aide aux loisirs séjours (Aals) concerne les courts séjours organisés dans le cadre des accueils de loisirs sans hébergement (Alsh). 2 304 enfants ont été accueillis dans 537 lieux de vacances en 2015.

Les objectifs de la CNAF : plus de mixité, plus d’accessibilité et plus de qualité des services.

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L’aide moyenne des CAF était de 85 e. Ces courts séjours s’adressent principalement aux enfants âgés de 6 à 10 ans (53 % des partants en 2015).

L’accompagnement social des familles

L’accompagnement des familles dans le cadre de leurs projets de départs en vacances revêt de nombreux enjeux : lutte contre les exclusions en favorisant le droit aux départs et aux vacances pour tous ; développement personnel et transformation sociale, en prenant appui sur les vacances pour remobiliser les familles dans le cadre de leurs projets, favoriser le renforcement des liens sociaux et familiaux, consolider les savoir-faire et savoir-être des familles, etc. Cet accompagnement est proposé par les Caf aux familles les plus fragiles et les plus éloignées des vacances. Il peut être réalisé par les travailleurs sociaux ou des partenaires des Caf engagés aux côtés des familles sur les territoires (les centres sociaux par exemple).

L’information des familles

La dimension de l’information est essentielle pour rassurer les familles (surtout dans le cadre des séjours de leurs enfants), lutter contre le non-recours aux aides financières proposées par les Caf et favoriser les départs en vacances du plus grand nombre. Les Caf disposent de plusieurs relais d’information auprès des familles : le site www.monenfant.fr (qui dispose notamment d’un dossier thématique sur les vacances) ; l’envoi de newsletters aux familles (« Vies de Famille », par exemple) qui proposent des actualités sur les vacances ; l’envoi de brochures et dépliants sur les différentes aides proposées par les Caf, etc. En 2014, près de 85 % des Caf indiquaient avoir mis en place des actions d’information en direction des familles, relatives aux départs en vacances des enfants et adolescents, dont plus de 30 % via l’organisa-

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tion de manifestations (forums vacances par exemple).

Le soutien aux partenaires engagés dans l’accueil des familles

La Cnaf propose plusieurs dispositifs nationaux visant à soutenir le fonctionnement de structures de vacances et/ou de loisirs, dans l’objectif de favoriser plus de mixité dans les équipements, ainsi qu’une plus grande accessibilité des familles et une amélioration de la qualité des services. Il s’agit notamment de la prestation de service « vacances » (Psv), destinée à aider financièrement les structures de vacances qui favorisent l’accueil de familles non autonomes pour un départ en vacances et accompagnées par des travailleurs sociaux ou des porteurs de projets (centres sociaux, etc.). Une attention particulière est notamment portée aux familles désirant partir en vacances avec un enfant en situation de handicap. 36 centres ont été soutenus par le biais de cette prestation de service en 2015. La Prestation de service ordinaire (Pso) Alsh est versée aux accueils de loisirs sans hébergement qui peuvent notamment proposer aux enfants et aux jeunes qu’ils accueillent des courts séjours de vacances de type « mini-camps », d’une durée de 4 nuitées maximum. Ces séjours doivent être intégrés au projet éducatif de la structure d’accueil concernée. Enfin, dans le cadre du Contrat enfance jeunesse (Cej), signé entre les Caf et les collectivi-

Un accompagnement par des travailleurs sociaux peut être proposé aux familles, en complément du versement d’aides financières. tés territoriales, des séjours de vacances en direction des enfants et des jeunes peuvent également être financés par les Caf. Par ailleurs, tant pour les vacances familiales que pour celles des enfants et jeunes, des aides sont versées par la Cnaf et les Caf à différents partenaires œuvrant en faveur du départ en vacances (Secours populaire, Restos du cœur, Fédération Vacances & Familles, etc.)

Un engagement réaffirmé dans le cadre de la Cog 2013-2017 de la Cnaf

L’engagement de la branche Famille en faveur du soutien aux vacances des familles, des enfants et des adolescents est réaffirmé dans le cadre de la Convention d’objectifs et de gestion (Cog) qui lie la Cnaf et l’État pour la période 2013 à 2017. Les vacances sont ainsi pleinement intégrées dans les objectifs de soutien à la fonction parentale et aux relations parents-enfants. Dans le cadre des orientations récentes de la branche Famille en faveur de la jeunesse et leurs déclinaisons opérationnelles, l’importance des départs en vacances des enfants et des jeunes est également réaffirmée, dans un objectif d’accompagnement des jeunes dans leur accès à l’autonomie. l

Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) 32, avenue de la Sibelle 75685 Paris Cedex 14 Tél. 01 45 65 52 52

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La MSA soutient les vacances et les loisirs en famille Les vacances contribuent au bien-être des personnes et sont un facteur de lien social. La MSA inscrit l’accès aux vacances dans ses politiques de soutien aux familles et dans un objectif général d’intégration sociale des personnes (familles ou personnes isolées), en les aidant à gagner en autonomie et à développer leurs ressources personnelles. Oriane FILHOL Chargée de mission parentalité/vacances, MSA

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es freins au départ en vacances sont nombreux : frein financier (départ en vacances conditionné par le niveau de vie), frein psychologique (appréhension à quitter un environnement familier), frein méthodologique (inexpérience en matière d’organisation des vacances), freins liés aux profils des vacanciers (difficultés d’accessibilité des sites de vacances pour les personnes en situation de handicap), etc. Les ressortissants agricoles subissent les mêmes obstacles que le reste de la population, mais ils sont également confrontés à des obstacles culturels et psychologiques importants ainsi qu’à un manque de « culture vacances ». Ils considèrent souvent que les vacances ne servent à rien et craignent de laisser leur exploitation à un remplaçant. De plus, les vacances sont parfois perçues comme un « luxe » inaccessible et illégitime quand on connaît une période de chômage, de surendettement ou de crise. Pour lever les nombreux freins au départ en vacances, la MSA décline sa politique de départ en vacances en deux axes :

Les ressortissants agricoles sont confrontés à un manque de culture vacances.

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• une politique d’aide à l’accès aux vacances et loisirs de proximité avec l’attribution de bons ou de chèques vacances, • une politique ciblée sur les publics non-partants, qui sont souvent peu réceptifs aux « bons vacances » parce que le coût restant à leur charge reste élevé et qu’ils n’ont pas de culture vacances.

Un parcours d’accompagnement vers les vacances

collectifs à thématiques spécifiques : « Ensemble pour repartir », « Nos jeunes années », « Séjours aidants-aidés ».

L’AVMA, partenaire du tourisme social et solidaire

La MSA soutient l’Association vacances de la Mutualité agricole (AVMA) dans ses projets de tourisme social et solidaire en aidant au financement de projets à destination des enfants (colonies), des familles et des seniors.

La MSA est partenaire de l’ANCV depuis 2009 via le dispositif « Aide aux projets vacances : Partir pour rebondir ! » qui permet le départ en vacances des assurés MSA les plus fragiles : personnes en insertion, familles aux revenus modestes, travailleurs handicapés ou titulaires de minima sociaux…

Depuis 2015, certains villages vacances de l’AVMA proposent aux enfants en situation de handicap d’être accompagnés par un animateur supplémentaire dédié au sein des clubs enfants et ados. Cela leur permet de participer aux mêmes activités que les autres enfants et cela libère du temps libre pour les parents.

Dans le cadre de cette politique ciblée, et en plus d’une aide financière, les travailleurs sociaux des caisses de MSA accompagnent les familles dans la préparation de leurs séjours en tenant compte de leurs attentes (destination, formule d’hébergement, transport, contraintes médicales, contraintes professionnelles, enjeux socio-éducatifs, coût financier, accueil qui sera fait sur place…). Les familles peuvent partir de manière individuelle mais également en groupe dans des séjours

Pour le printemps 2017, un nouveau projet propose à des jeunes étudiants en formation aux métiers des services à la personne en Maison familiale rurale (MFR) d’accompagner des seniors résidant en Maison d’accueil et de résidence pour l’autonomie (Marpa) pendant des séjours de cinq jours. l

www.msa.fr

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Analyse Dans un quotidien parfois pressant où le temps familial peut être réduit, les moments de loisirs et de vacances sont une vraie respiration. Pourquoi sont-ils si importants ? Comment les organiser selon les problématiques de chaque famille ? Des experts et des professionnels apportent leur éclairage et leurs réponses.

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Vacances familiales : éloge de l’oisiveté

Claire LAUTRU-DURAND Enseignante en philosophie dans l’académie de Montpellier

Voilà l’été ! Le moment, pour tout un chacun, de prendre son temps, de se reposer et de profiter. Nous vivons tous des urgences incessantes, entre travail, transports pour s’y rendre, corvées administratives et ménagères, et autres tâches qui rendent notre condition parfois bien misérable. Mais justement, les vacances sont là pour nous permettre de décompresser, souffler, abandonner l’urgence, pour le farniente et (pourquoi pas ?) l’attentisme.

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es vacances désignent la cessation des activités habituelles, l’absence, la vacuité. C’est la période de congés ou de repos. Mais ce temps de repos (généralement payé) donne-t-il de fait le droit à la paresse ? Dérivé du latin vacare, la vacance signifie le vide, l’absence – son pluriel créant ainsi une parenthèse dans la vie active. Elle est l’équivalent de la skolè grecque : le loisir (duquel résulte notre « école »...). Or, en Grèce, celui qui jouit de vacances ou de loisirs et peut agir de façon désintéressée (il peut jouer) cultive l’oisiveté (ou otium), c’est-à-dire l’inaction, la paresse et l’inutilité. Par opposition à ceux qui travaillent, qui agissent en vue d’un gain, l’oisif cultive le désœuvrement et se dit davantage homme. En effet, la productivité lui apparaît déshumanisante. Celui qui travaille pour survivre étant enchaîné à la nécessité, il demeure un animal. A contrario, l’homme qui ne fait rien, le fainéant qui revendique son inutilité est humain : il dépasse l’asservissement à la nécessité pour créer sans finalité visée ; la méditation, la politique, l’art : voilà l’humanité ! Force est de constater que, dans cette idée, les vacances d’aujourd’hui font l’éloge de la paresse. Ainsi « les campeurs s’éternisent

au moment du petit déjeuner, ils réalisent le rêve populaire de la grasse matinée : disposer librement de son temps à la façon de ces rentiers qui attendaient, dans leurs draps de soie, qu’un domestique leur portât leur petit déjeuner et le journal »1. Les vacances sont le lieu du farniente, de la vacuité, voire de la vanité : se laisser vivre et c’est tout ! On ne sait pas, on s’en fiche, on a le temps, on fait ce que l’on veut, on est libre, bref : ON EST EN VACANCES ! ! !

Les vacances, un temps à rentabiliser ?

Néanmoins, plusieurs n’interprètent pas du tout les vacances comme la description qui précède. Qui plus est en famille ! On doit en revenir avec des souvenirs plein la tête. Profiter revient à voyager, découvrir, s’activer : randonnées, eaux vives, musées… On est alors bien loin de la contemplation gratuite et vaine, mais est-on encore en vacances ? Est-ce encore une forme d’oisiveté que de s’adonner à des loisirs nouveaux et parfois complètement loufoques ? Le Front Populaire, qui vote les congés payés en 1940, est sommé d’encadrer ce temps de vacances (à l’époque, 15 jours) que bourgeoisie et aristocratie voient d’un bien mauvais œil. Que les ouvriers vont-ils faire de tout ce

temps payé pour rien ? Et Léon Blum d’affirmer le résultat salvateur du repos sur la puissance productive. On les invite dès lors à voyager, à apprendre, à découvrir et, aujourd’hui encore, à consommer. En effet, les congés sont désormais moteur de l’économie. On étale les congés scolaires d’hiver et de Pâques pour faire vivre les zones touristiques durant toute la saison. Les stations balnéaires redoublent d’efforts en lorgnant les températures afin de pouvoir prétendre aux meilleures conditions pour réussir à remplir hôtels, campings et chambres d’hôtes. Alors : à quoi doivent ressembler des vacances en famille réussies ?

L’injonction des vacances actives

Sans doute apparaît-il vain à quiconque de remplir ses vacances d’activités afin de ressentir l’apaisement et de se reposer ! « Je ne suis pas en vacances pour me démener », se disent bon nombre d’entre nous. Et pourtant, aujourd’hui, on trouve différents voyagistes qui accumulent les activités. On fait des centaines de kilomètres pour tout voir d’un pays encore inconnu. Certains pensent même des vacances où l’on apprend à survivre dans la nature. On paie pour se retrouver dans des conditions de nau-

1/ P. Sansot, Du bon usage de la lenteur.

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fragés sur une île déserte2. On apprend la voile. On gravit des montagnes, parfois même au péril de sa vie. Il faut partir et avoir plein de choses à raconter aux amis et aux collègues de travail à notre retour. Il faut avoir fait, exercé, vécu des choses extraordinaires pour réussir ses vacances. Quelle déception lit-on alors dans le regard d’autrui lorsqu’on répond, à son interrogatoire de rentrée, que nous sommes restés chez nous et avons profité de notre région. Il se dira sans doute que nous n’avions pas les moyens de partir, comme malheureusement grand nombre de français. Ce ne peut être un choix, pour beaucoup, que de ne rien faire pendant les congés. Et André Comte-Sponville de s’inquiéter : « Partir, c’est vivre beaucoup”, semblentils croire. C’est qu’ils n’habitent que la mort ou le travail. Les vacances, considérées comme congés payés, restent ainsi prisonnières des formes modernes d’aliénation, dont elles sont l’expression autant que l’antidote. Est aliéné celui dont la vie est ailleurs, celui qui doit partir pour rentrer chez soi. Une société injuste mais riche devait secréter ces ersatz d’utopie. Ce sont

Allons-nous pouvoir ne rien faire et s’y sentir bien ? » Car le repos exige d’affronter le néant, l’absence de projets, le silence même, voire l’ennui… les bacchanales de notre temps – Dionysos au Club Méditerranée. On aurait tort de les mépriser comme de s’en contenter »3. Partir n’empêche toutefois pas l’oisiveté, pourrait-on objecter. Cela est juste. On pourrait très bien imaginer changer de logement seulement pour se dépayser. Profiter ensuite des uns et des autres en dialoguant, en se regardant, une fois la place de chacun légèrement floutée par ce changement de cadre originel. Néanmoins, ce n’est pas ce phénomène que l’on retrouve massivement en France. On part, certes, mais pour visiter, aller voir, rencontrer, s’activer… On prend le pique-nique et nous voilà partis sur les chemins. Le séjour n’étant même pas assez long pour tout faire ! On marche du matin au soir et du soir au matin. Et les enfants ? Le club enfants prévu à cet effet laisse faire à chacun des activités de leur âge. « Que va-t-on faire ? »

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Vacance : n. f. Mot dérivé du latin vacare. Signifie le vide, l’absence. Repos, cessation des occupations et du travail ordinaires.

serait ainsi la question fondatrice du choix du lieu des prochaines vacances (plutôt que : « pourrions-nous aisément ne rien y faire ? »).

Se préparer à l’oisiveté

S’est-on jamais posé cette question, du reste ? « Allons-nous pouvoir ne rien faire et s’y sentir bien ? » Car le repos exige d’affronter le néant, l’absence de projets, le silence même, voire l’ennui… Voilà ce que signent des vacances oisives ou symboles de l’oisiveté. Cette dernière nécessite sans doute une préparation. Apprendre à dépasser l’injonction d’avoir à raconter plein de choses, tout d’abord. Ne pas prendre au sérieux ses vacances et se laisser aller au rythme naturel de chacun, ensuite. Se faire plaisir, enfin : contempler ses enfants, s’arrêter sur sa vie, la penser, la discuter aussi avec les siens. Se confier et entendre les confi-

2/ www.fr.docastaway.com/pages/adventuremode ou encore http://www.ecolevienature.com/stagedesurvieiledesertecaraibesantilles/ 3/ A. Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, PUF, 2001. 4/ J. P. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

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Sourire et donner de la légèreté à cette vie parfois morne et articulée autour de règles et de principes qu’il convient d’oublier, le temps des vacances justement. dences de ses parents. Sourire et donner de la légèreté à cette vie parfois morne et articulée autour de règles et de principes qu’il convient d’oublier, le temps des vacances justement. Ne rien faire, est-ce du goût de tout le monde ? Un parent affirmait récemment à notre table que passer ses journées à lézarder sur le bord de la mer ou de la piscine équivaudrait à gâcher son temps de vacances. Paiet-on une location pour ne rien voir et ne rien faire alentour ? Et moi de lui opposer que l’on loue pourtant bien les mérites de l’ennui chez les enfants... Un enfant ne sachant pas quoi faire va créer et parvenir à jouer seul. Un enfant qui s’ennuie est un enfant qui apprend à trouver en lui-même le motif de sa satisfaction. Qui apprend à s’épanouir seul. À s’accomplir seul. Un futur adulte qui saura construire son bonheur, car il possède l’estime de soi qui lui est nécessaire…

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Apprendre à se connaître soi-même

L’inconnu, la rencontre ou confrontation avec l’altérité, l’étrange ou l’étranger possède également maints avantages, à commencer par celui de se voir en situation d’adversité, voire d’hostilité, et d’éprouver ses limites. Bref, faire l’expérience de soi pour devenir soi-même. En effet, nous ne savons pas qui nous sommes avant de nous vivre, c’est-à-dire de faire l’expérience de nous-mêmes dans telle ou telle situation. On ne naît pas lâche ou courageux. Nous ne sommes même pas altruistes ou égoïstes, moraux ou immoraux. Ce sont nos actes qui nous décrivent et nous disent. « L’existence précède l’essence », affirme ainsi Sartre et « nous ne sommes que ce que nous nous faisons »4. Ma fille aînée sautant du grand plongeoir pour la première fois, mon époux se débattant dans les remous du Rhône et notre canoë se retournant dans la Cèze ! C’est en vacances que nous voyons nos enfants nager ou faire du vélo sans petites roulettes. Le fait d’y être, de pouvoir les admirer en train de s’accomplir, de grandir et les accompagner, les élever, nous remplit d’une joie sans mesure et sans comparaison possible.

Faire l’éloge de la légèreté

Les vacances en famille doivent donc faire l’éloge... de la légèreté. Qu’on la pense contemplative ou active. Les horaires décalés des réveils, des repas. Flâner dans les rues, rester à lire tard, accepter de se coucher à point d’heure pour aller observer les étoiles. On autorise à ses enfants ce qui ne pourrait l’être en période scolaire. Alors peu importe si les vacances sont oisives pour certains et intensives pour d’autres. Chez soi ou à l’autre bout du monde. À prendre de l’avance dans ses rangements, préparant déjà la rentrée, ou bien à ne rien faire du tout que dormir et se vouloir inutile. La légèreté permet l’apaisement et le repos. Contempler ses enfants, ses parents, les admirer à sourire. Câliner, y compris soi-même. Bref, prendre soin des siens et de soi : voilà sans doute la recette de vacances réussies… Alors, et si l’on apprenait (un peu) à faire de son quotidien des vacances ? Si l’on se fixait comme principe de s’octroyer paresse et oisiveté de temps en temps ? Si l’on prenait le temps de vivre, y compris lorsque nous sommes affairés par nos travaux respectifs ? l

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Le droit aux vacances pour tous À l’heure où la relégation sociale est un danger pour notre démocratie, le combat du Réseau Vacances-Combattre l’exclusion est de faire en sorte que nous appartenions tous à la même société. Les vacances ne sont pas une utopie, mais une nécessité. Le non-accès aux vacances est une exclusion à part entière. La défense du droit aux vacances pour tous

Au sein des populations précarisées, partir en vacances est un marqueur social fort, un signe envoyé à l’entourage qui indique la dignité retrouvée, le sentiment d’être « comme tout le monde », le passage de l’univers des « assignés à résidence » à celui des « classes mobiles ». C’est un acte qui prouve un savoir-faire, une capacité à entreprendre, une forme d’émancipation. Ce combat pour la cohésion sociale de notre société tout entière est un combat qui s’appuie sur un appareil législatif. Le droit aux « vacances »1 est reconnu aussi bien dans la Déclaration universelle des droits de l’homme que dans la Convention internationale des droits de l’enfant. En France, l’article 140 de la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 d’orientation, relative à la lutte contre les exclusions, stipule : « L’égal accès de tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux loisirs, constitue un objectif national. Il permet de garantir l’exercice effectif de la citoyenneté. » Le droit aux vacances pour tous, et notamment pour les plus pauvres, comporte des

enjeux sociétaux et économiques dont on mesure encore mal l’importance car « l’économie du tourisme » constitue un vecteur de croissance avéré. Le tourisme représente 7 % du PIB, dont 5 % pour le tourisme des nationaux en France. Cette consommation est de surcroît « riche en emplois » (Sylvia Pinel, ministre du Tourisme, 2013). Face à ces constats, notre Réseau se mobilise pour que l’État et tous les acteurs et partenaires sociaux prennent concrètement conscience de l’intérêt de s’investir au maximum pour l’extension de cet exercice du droit aux vacances pour tous, tant sur le plan social qu’économique. Le rôle du tourisme, sans être ignoré, est plutôt sous-évalué par de très nombreux responsables politiques et économiques nationaux. Ainsi, le tourisme est classé bien bas dans l’échelle des priorités, comparé aux autres activités nationales. La réalité est celle-ci : 1 euro d’aide aux vacances engendre entre 5 et 6 euros de retombées économiques. Mais, dans une période de crise économique et sociale telle que la nôtre, le tourisme ne peut être un secteur qui s’autoalimenterait sans investissements publics suffisants. Alors, pourquoi négliger

un secteur porteur d’emplois et qui ne demande qu’à se développer2? Le tourisme participe bien à l’économie sociale et solidaire. Même si l’incitation financière au départ des organismes tels que la CAF ou l’ANCV peut sembler onéreuse3, in fine, cette économie apporte, comme nous l’avons vu, un réel gain en termes économiques et sociaux.

Les vacances, levier d’insertion sociale

Les vacances permettent de reprendre souffle, de sortir de son contexte, de se livrer à des activités sportives et culturelles, de passer des moments privilégiés avec ses enfants ou avec des amis, de découvrir des régions nouvelles. C’est un facteur d’épanouissement personnel et social incontestable. Différentes études prouvent que, après des vacances, ces personnes, qu’elles soient en famille, isolées ou sans abri, reprennent des forces pour se soigner, retrouver un travail, se former4. Particulièrement pour les familles en grande pauvreté, ces temps de rupture avec le quotidien permettent aux parents et aux enfants de se voir sous un autre jour ; quand « la figure parentale » est perçue comme

1/ Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), on appelle vacances, depuis 1995, l’ensemble des déplacements d’agrément comportant au moins quatre nuits consécutives hors du domicile. Sont exclus des vacances : les déplacements professionnels, les voyages d’études, les séjours motivés par la maladie ou le décès d’un proche, les séjours de santé dans des établissements spécialisés, les courts séjours d’agrément (deux ou trois nuitées) et les week-ends réguliers. 2/ « Les Enjeux du départ en vacances du plus grand nombre : l’impact du Chèques-Vacances et l’accompagnement des publics les plus fragiles », Philippe LAVAL, Directeur Général de l’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV), 26 novembre 2013 à l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris. 3/ In Rapport Buisson, « Lutter contre la fracture touristique française », Décembre 2012-Novembre 2013, Contrôle Général Economique et Financier. 4/Etude ANCV-CNAF sur l’impact des vacances sur les familles (réalisée par TMO), Novembre 2012.

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Notre Réseau se mobilise pour que l’État et tous les acteurs sociaux prennent concrètement conscience de l’intérêt à investir au maximum pour l’extension de cet exercice du droit aux vacances pour tous. « capable », l’enfant est conforté dans ces propres aptitudes. Partir en vacances permet de sortir de l’isolement. Choisir de partir et pouvoir partir, voilà qui est déterminant ! Cette expérience de mise en œuvre réussie est génératrice d’estime de soi, créatrice de liens sociaux. Elle place les bénéficiaires, qui sans cela ne quitteraient par leur cercle réduit – dans toute la largeur du mot –, dans une dynamique de projets. Ces moments forts favorisent également un travail d’insertion plus individualisé et plus pertinent (relogement, aides administratives, orientation médicale, accompagnement scolaire). « Levier d’insertion sociale… ou d’inclusion, les vacances ne peuvent jouer ce rôle qu’à la condition de s’inscrire dans la durée au sein d’un processus plus large. S’inscrire dans une dynamique d’insertion, c’est porter son regard au-delà du seul séjour, c’est songer à ce que pourraient être des modalités de participation à la vie sociale après le retour, penser à de futurs séjours, imaginer un plan progressif de prise en charge de ses vacances.5» Selon le CREDOC, en 2014, près d’un Français sur deux, dont trois millions d’enfants, ne sont pas partis en vacances, et parmi eux, près de 56 % ne partent jamais ! Ceux que l’on appelle les « non-partants contraints » évoquent pour 66 % des raisons financières, mais il y a aussi de puissants freins psychologiques, culturels, familiaux. C’est pourquoi de nombreux organismes et associations accompagnent les personnes démunies dans leur projet vacances afin

qu’elles deviennent actrices de leur départ et que ces vacances soient réellement un facteur d’épanouissement et d’intégration sociale. Pour favoriser cette intégration, de nombreux hébergeurs à vocation sociale désirent faciliter des séjours « mixtes » où se côtoient des publics de différents groupes sociaux. Ces hébergeurs (villages de vacances, campings, gîtes, etc., pour la plupart adhérents de l’UNAT), acteurs d’une économie sociale et solidaire, participent à cette dynamique, en accueillant dans leurs structures des familles, avec une volonté de mixité sociale et un réel savoir-faire. Ils mettent en place, en lien avec les associations accompagnatrices, les conditions de vacances réussies à travers une attention particulière aux publics les moins autonomes. Depuis quelques décennies, différents organismes soutiennent financièrement un grand nombre d’associations dont les bénévoles et les professionnels accompagnent le départ en vacances des personnes démunies. Force est de constater cependant que la demande excède très largement l’offre. •A insi, l’ANCV développe un certain nombre de programmes destinés à aider les différents publics à partir en vacances. Elle est aidée par les hébergeurs à vocation sociale qui consentent des réductions parfois substantielles sur leurs prix de séjour. Le programme APV (Aide au Projet Vacances), destiné aux publics les plus pauvres et exclus, apporte

l’aide indispensable au départ, qu’il s’agisse des familles ou des personnes seules. Le budget d’action sociale de l’Agence Nationale pour les Chèques Vacances est d’environ 28 millions d’euros. Ce montant doit baisser d’un tiers d’ici 5 ans. Or, les publics les plus fragiles, de plus en plus nombreux, ne doivent pas en pâtir. •L es CAF (Caisses d’Allocations Familiales) et les MSA (Mutualité Sociale Agricole), dans le cadre des orientations de la CNAF et de la MSA, proposent des aides aux départs en vacances, particulièrement intéressantes pour leurs ayant droits. Cependant, certains de ces organismes votent des budgets à la baisse, rendant plus difficile l’accès aux dispositifs, voire les faisant disparaitre. À cela s’ajoute la disparité des politiques mises en œuvre par les différentes caisses ; cela ne garantit plus l’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire. •E nfin, certaines collectivités soutiennent le départ en vacances des personnes les plus exclues, au sein de la région ou même en dehors de celle-ci6. Mais ces dispositifs fragiles sont souvent très ciblés sur des départs intrarégionaux et sur certains publics ; qu’en sera-t-il après la réforme territoriale ? Nous sommes très inquiets de constater que ces différentes aides se réduisent, alors même que les vacances sont un extraordinaire levier de dynamisation et de cohésion dans une société où le vivre ensemble est en danger.

Nos préconisations

Notre Réseau se mobilise pour que l’État et tous les acteurs sociaux prennent concrètement conscience de l’intérêt à investir au maximum pour l’extension de cet exercice du

5/ In « Quinze ans à la croisée du Tourisme et du Social » Jean FROIDURE, Vacances Ouvertes, 1990 – 2005. 6/ Ainsi, des récentes annonces de la région Île-de-France, qui pense à promouvoir le départ en vacances des personnes les plus pauvres dans les bases de loisirs et de plein air de la région.

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droit aux vacances pour tous, tant sur le plan social qu’économique, en s’impliquant dans la mise en œuvre de ce droit sur l’ensemble du territoire. En mobilisant les collectivités, les syndicats, les associations, les hébergeurs, les acteurs économiques autour de cette question. En soutenant l’ANCV : par la confirmation de l’exonération des charges sociales sur les chèques vacances, et par la consolidation du statut de l’ANCV, dans ses fonctions monopolistiques de diffusion des chèques vacances, afin qu’elle puisse assurer ses missions sociales. En faisant en sorte que les moyens de l’ANCV aillent toujours à destination des publics les plus exclus comme inscrit dans le Contrat d’Objectifs et de Performance signé avec l’ANCV pour la période du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2016. En améliorant la visibilité et la lisibilité des aides aux départs en vacances sur le territoire (les dispositifs d’aide aux vacances sont souvent méconnus des personnes). En harmonisant les politiques départementales des CAF afin qu’il n’y ait plus de disparité entre les territoires. En réfléchissant à de nouvelles ressources pour rendre effectives les vacances pour le plus grand nombre : • par l’augmentation de la cotisation sur le chèque vacances, inchangée depuis 19827 (commission de 1 % à l’émission et au paiement, soit 2 % sur le circuit). Une élévation significative de ces montants d’au moins 0,5 %, en amont et en aval, – soit une hausse globale de 1 % – permettrait de dégager des excédents de gestion pour continuer à soutenir la politique sociale de l’ANCV ; • en mettant à contribution d’autres acteurs économiques que les salariés, et cela dans la suite des pistes ébauchées

dans certains rapports parlementaires dont celui du ministère de la Tutelle, et en valorisant les contributions volontaires (créés par les acteurs du tourisme) au travers de fondations ; • en encourageant les coopérations interrégionales pour favoriser les départs à l’extérieur de la région ou du département du/des partant(s). Au titre de leurs compétences sociales, il existe ainsi un potentiel d’intervention important pour les collectivités territoriales dans l’accès aux vacances. Il faut aller dans le sens d’une optimisation des interventions financières des collectivités et d’une meilleure coordination et harmonisation des politiques de départ en vacances sur les territoires ; • en développant des dispositifs régionaux d’accès aux vacances complémentaires à ceux qui existent, favorisant la mobilité et qui ne catégorisent pas les publics.

Partir en vacances permet de sortir de l’isolement. Choisir de partir et pouvoir partir, voilà qui est déterminant ! En favorisant une meilleure cohésion sociale par l’atténuation des effets de « seuils », qui touchent les publics charnières en les excluant des dispositifs du droit aux vacances. En conclusion, le droit aux vacances est un droit inaliénable dont chacun, quelle que soit sa situation professionnelle ou sociale, doit pouvoir bénéficier. Pour ce faire, les différentes parties en présence doivent s’engager à un dialogue et une écoute constructive résultant concrètement à l’exercice de ce droit pour tous ceux qui en sont encore privés. Nous vous engageons donc à cette concertation, afin que le droit aux vacances contribue lui aussi à un « mieux vivre ensemble » où tous se sentent citoyens à part entière. l

Les membres du réseau Vacances-Combattre l’exclusion : Accueil Paysan, AEC Vacances, ATD Quart Monde et la Maison de Vacances familiales de La Bise, Destination Partage, Emmaüs France, La Pacifique, Les Petits Frères des Pauvres, Les Restos du Cœur, Secours Catholique, Ternelia, Vacances et Familles, Vacances Ouvertes.

7/ Code du tourisme : articles L411-1 à L411-16 , Code du tourisme : articles R411-1 à R411-8 , Circulaire n°2011-0000035 du 24 mars 2011 sur le régime social de la contribution de l’employeur pour leur financement dans les entreprises de moins de 50 salariés dépourvues de comité d’entreprise

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Le sport, souffle indispensable pour la famille Une enquête sur le temps partagé1 révèle que 43 % des parents consacrent moins de deux heures par jour dans la semaine à leurs enfants et seulement 19 % partagent avec eux des activités de loisirs ou sportives la majeure partie du week-end. Les Français sont pourtant en demande de temps en famille. Edmée DE CATUELAN Présidente de l’association Famillathlon

72%

des enfants pratiquant une activité physique ou sportive ont des parents « sportifs »

Q

uand on interroge les parents sur ce qui les empêche de passer du temps avec leurs enfants, ils citent les soucis de coordination d’emploi du temps, leurs conditions de travail et les problèmes de budget. Et le troisième frein cité, à 34 %, est l’invasion des écrans (tv, mobiles, tablettes). Cette proportion monte même à 40 % chez les familles qui comptent au moins un ado. Signe de fatigue ou de surmenage, 60 % des parents interrogés placent dans leur priorité « le besoin de prendre du temps pour soi et de faire le break » bien avant celui « de faire du sport » (39 %). Près d’un parent sur trois (31 %) partage moins d’une demi-heure d’activités de loisirs ou sportives dans la semaine avec son ou ses enfants1. Et plus de la moitié des parents ne pratique aucune activité physique ou sportive avec ses enfants2. Pourtant, 66 % des Français citent l’entretien physique (32 %), la santé (24 %) et le bienêtre (20 %) comme les premiers facteurs les encourageant à pratiquer un sport.

Les parents jouent un rôle de prescripteur pour inciter les jeunes générations à bouger.

Si pratiquer une activité physique ou sportive pour le plaisir n’est cité qu’en quatrième position par les adultes, heureusement, chez l’enfant, la notion de plaisir est primordiale : c’est, pour 23 % d’entre eux, la première motivation à la pratique d’une activité physique ou sportive2.

Les activités physiques et sportives ont des vertus reconnues

La promotion de l’activité physique ou sportive et la lutte contre la sédentarité sont des enjeux importants de santé publique. Les sports sont aussi bénéfiques pour la santé mentale : remède contre le stress et la déprime et moteur de confiance en soi. Le rapport de l’atelier « Un sport sain et éthique » de l’Assemblée du sport, en 20113, met en évidence que « le sport est l’un des leviers éducatifs dont la société dispose et il est important de définir les moyens de partager ses valeurs. Respect (de soi, des autres et de l’environnement, des règles…), solidarité, vivre ensemble, éducation, citoyenneté, équilibre physique et mental (plaisir, épanouissement de la personne…), lien social, familial, intergénérationnel, égalité des chances. » L’atelier « Sport de haut niveau » précise que « la promotion du sport et des sportifs de haut niveau comme vecteur de l’exi-

gence, de l’engagement et du travail, a toute sa place dans notre système éducatif. »

Faire bouger les familles

Les parents jouent un rôle clé pour inciter les jeunes générations à bouger : tout d’abord, le comportement des parents a une influence directe sur celui des enfants : 65 % des enfants pratiquent une activité physique ou sportive, mais on observe que ce pourcentage chute à 56 % lorsque les parents n’en pratiquent pas eux-mêmes. Il apparaît que 72 % des enfants pratiquant une activité physique ou sportive ont des parents « sportifs »2. Ensuite, les parents jouent un rôle de prescripteur pour inciter les jeunes générations à bouger : dans 66 % des cas, ils interviennent dans le choix sportif de leurs enfants. Il est important de favoriser une pratique régulière au plus jeune âge : les enfants habitués tôt à faire du sport ont plus de chance de garder cette bonne habitude à l’âge adulte.

Retrouver de la complicité entre parents et enfants

Pratiquer une activité physique en famille a d’autres bénéfices très positifs : c’est d’abord, selon le rapport « Sport, Adolescence et famille4», « une disponibilité retrouvée. Celle-ci favorise la médiatisation par l’activité d’un

1/ Enquête CCM Benchmark / Journal des Femmes pour le Famillathlon - septembre 2014. 2/ Baromètre Assureurs Prévention - juin 2015. 3/ Article 20 Minutes du 13 octobre 2015. 4/ Rapport « Sport, Adolescence et Famille » remis aux ministres Jean-François Lamour et Christian Jacob en novembre 2003.

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dialogue parents/enfants de meilleure qualité et la transmission intergénérationnelle d’une pratique. Les parents et les enfants sont amenés à dialoguer, à se redécouvrir sous un aspect différent, et à prendre davantage le temps de s’écouter. » Cela peut resserrer les liens familiaux : la joie du sport et celle de partager un bon moment ensemble contribuent à la complicité familiale ; les relations intergénérationnelles sont facilitées. C’est un excellent outil de communication à l’intérieur de la famille C’est un moyen de résoudre des conflits : pratiquer une activité ensemble peut aider à renouer un dialogue : par l’effet de l’effort commun, du but partagé, d’une motivation réciproque. La pratique d’un sport en famille « peut apporter une cohésion familiale, renforcer ou apaiser des liens parents/ enfants, confirme le Dr Marc Kopelowicz, pédopsychiatre responsable du service de l’unité pour adolescents de la clinique du Pays de Seine à Bois-le-Roi (77). Ça peut aussi modifier les places au sein d’une famille en apportant un peu plus d’égalité et ainsi donner de la confiance à l’enfant. » Parce que dans chaque sport, il y a une discipline et des règles qui sont les mêmes pour tous. Et cela génère un sentiment de reconnaissance pour l’enfant, qui se sent valorisé.

Partager des valeurs

Le partage d’une activité sportive est aussi une aide à la parentalité, transmettant de façon ludique les valeurs de partage, d’entraide, de respect d’autrui et des règles, sans oublier le sens de l’effort. Ainsi, les groupes de travail de l’Assemblée du Sport ont souligné qu’« il faut renforcer l’implication des parents dans les activités de loisirs des enfants et des jeunes et le soutien qu’ils apportent à ces activités, en les informant mieux de l’offre sportive existante sur le territoire. Il est proposé d’encourager les parents à s’investir dans l’école et

les clubs sportifs et développer les activités intergénérationnelles. »5

Bien choisir les activités sportives

« Attention, pratiquer un sport en famille ne doit pas être un moyen de satisfaire le désir des parents », alerte le Dr Marc Kopelowicz. Ça doit être un jeu, pas une compétition. La performance ne doit pas être une obligation qui répondrait à une ambition parentale qui pourrait entraver ou venir déranger le développement de l’enfant. »3 Il arrive aussi que l’enfant partage ses sports préférés avec ses parents. Ceux-ci peuvent y trouver le bénéfice de découvrir un nouveau sport, ou de reprendre une activité sportive, la présence de leurs enfants étant une source de motivation. La prudence est de mise sur les aptitudes physiques, bien sûr. Quels sports pratiquer en famille ? Ceux où la pratique peut être réellement partagée, les parents n’y étant pas spectateurs de leurs enfants. Certains peuvent être pratiqués par plusieurs générations, comme les randonnées, les courses d’orientation, les sports de raquettes, les sports de précision. D’autres se partagent avec bonheur entre parents et enfants : les parcours santé, les sports collectifs comme le basket, le hand, le volley…. Et, pour plus de sensations : accrobranche, rafting, canoë, voile, sports de glisse…

Encourager les activités en famille

En 2005, un « week-end du sport en famille » a été créé par le ministère des Sports, à la suite d’un rapport réalisé à la demande du ministre délégué à la Famille et du ministre des Sports. Au sein du groupe de travail « Sport, adolescence et famille », l’UNAF s’était naturellement déclarée « favorable à toute action médiatique valorisant le sport en famille et notamment l’organisation annuelle d’une manifestation nationale de ce sujet ». En 2005, l’association Famillathlon a pris en charge elle-même l’or-

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Pratiquer une activité ensemble peut aider à renouer un dialogue : par l’effet de l’effort commun, du but partagé, d’une motivation réciproque.

ganisation d’un événement dans ce cadre à Paris, en partenariat avec l’UDAF 75 ; le concept consistait en l’organisation d’une journée festive et sportive pour les familles. Cet événement, qui se réalise aujourd’hui dans plus de 15 autres villes, est unique par son maillage entre le monde sportif et le monde familial. Au quotidien, il existe des propositions de fédérations pour pratiquer dans l’année le sport en famille plus facilement : des licences « familles » avec des tarifs dégressifs, des horaires aménagés pour les familles qui veulent jouer ensemble, des tournois familiaux. Certaines associations proposent des activités « pères et fils ». Mais évidemment, le meilleur moment pour pratiquer le sport en famille reste le week-end et les vacances scolaires. C’est un challenge de trouver le temps et l’occasion de rassembler tout le monde, mais cela vaut vraiment le coup ! Car la famille, premier lieu de la transmission et de l’apprentissage de la vie en société́, est bien le meilleur lieu pour encourager le sport et par là même favoriser la santé physique et l’épanouissement de chacun, Et réciproquement, les activités sportives partagées sont une belle source d’équilibre pour la famille ! l

65%

des enfants pratiquent une activité physique ou sportive

14, avenue René Boylesve 75016 Paris E-mail : contact@famillathlon.org www.famillathlon.org

5/ Rapport atelier « Le sport pour tous », Assemblée du sport, juillet 2011, ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

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Favoriser la lecture dès le plus jeune âge En 2014 a été signée une convention de partenariat entre le ministère de la Culture et l’UNAF, autour du développement de Premières Pages, opération nationale de sensibilisation des tout-petits et de leurs familles au livre. La construction de cette convention témoigne des préoccupations communes de ces deux acteurs sur le livre et la petite enfance, préoccupations qui ont principalement émergé en France dans les années 1980. Colin SIDRE Chargé de mission publics jeunes, éducation artistique et culturelle et cohésion sociale au ministère de la Culture et de la Communication (DGMIC/SLL)

Naissance des réflexions sur le livre et la petite enfance

Les réflexions sur les enfants et les livres ont été profondément renouvelées tout au long du XXe siècle. En France, la création de la bibliothèque de l’Heure Joyeuse à Paris en 1924, la naissance surtout de la bibliothèque pour enfants de Clamart sous l’égide de Geneviève Patte en 1965 sont deux étapes cruciales dans la construction de collections, d’espaces et de politiques à destination des jeunes publics dans le domaine du livre et de la lecture. Dans ce contexte, les années 1980 ont connu le développement de fortes réflexions autour des tout-petits, et de leur rapport à l’art, à la culture et au monde qui les entoure. Le travail de vulgarisation mené à France Inter par Françoise Dolto dans les années 1980 en est emblématique. Des expérimentations se développent dans les bibliothèques françaises, comme à Bobigny, ou à Roubaix autour de la figure de Juliette Campagne. En 1979, le ministère de l’Éducation nationale organise un large colloque ouvert au monde

1989 : signature d’un protocole d’accord d’éveil artistique et culturel entre le ministère de la Culture et le secrétariat d’État à la Famille.

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de la culture et aux lieux d’accueil de la petite enfance, sur les pratiques de lecture à l’école. Les réflexions développées au cours de ce colloque amènent les psychiatres René Diatkine, Tony Lainé et Marie Bonnafé à fonder en 1982 l’association ACCES (Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations). Les travaux menés au sein d’ACCES par ces trois chercheurs sont fondamentaux pour le développement des actions livre et petite enfance. René Diatkine en particulier travaille sur le rapport du tout-petit au langage, et sur les compétences langagières du nouveau-né, qui apparaissent bien avant que l’enfant ne soit capable de parler. Très vite, le tout-petit sait faire la différence entre deux formes de langage : la première, allusive, elliptique, est le langage du quotidien, celui par lequel les parents échangent entre eux ou s’adressent au toutpetit, par exemple en commentant une situation ; la seconde est la forme du récit, qui permet de convoquer des éléments qui ne sont pas présents dans l’environnement immédiat du nouveau-né. Le jeu entre ses deux formes de langage est essentiel pour la construction du toutpetit : il contribue à terme à l’acquisition du langage, ainsi qu’à la constitution de ce que Marie Bonnafé décrit comme « un espace psychique intérieur pour

un premier imaginaire », un espace qui lui permettra de supporter l’absence de ses parents ». Afin de toucher les familles les plus éloignées du livre et de la lecture – et où les tout-petits peuvent connaître des carences dans cette découverte du temps du récit – l’association ACCES a développé un protocole d’actions basé sur des partenariats entre établissements de lecture publique et lieux d’accueil du livre et de la petite enfance – en particulier les PMI. L’association intervient par des lectures sur les temps d’attentes des parents (avant les consultations notamment), et réalise à intervalles réguliers des séminaires et des observatoires pour définir des bonnes pratiques. L’incitation aux parents à lire eux-mêmes à leurs enfants est forte, avant qu’ils puissent développer des liens importants. Le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan insiste, dans ses travaux, sur l’importance de la relation entre le parent et l’enfant, et la manière dont le livre peut être un outil dans le cadre de cette médiation. L’acte de lecture est important pour la consolidation de ces liens. Les pouvoirs publics s’intéressent fortement à ce sujet. Est ainsi signé en 1989 un protocole d’accord d’éveil artistique et culturel entre le ministère de la Culture et le secrétariat d’État à la Famille : ce protocole recon-

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naît notamment « les activités d’éveil culturel et artistique [...] comme facteurs du développement de l’enfant », et incite au développement de la formation aux enjeux culturels pour les professionnels de la petite enfance.

Une politique volontariste de la part des pouvoirs publics

Autour des acteurs associatifs historiques qui poursuivent leur travail de sensibilisation à destination tant des parents que des professionnels du livre et de la petite enfance, de nombreuses structures se sont mises en place pour accompagner ces réflexions. C’est ainsi le cas avec l’Agence nationale Quand les livres relient, qui s’est constituée en 2004 autour de l’association de plusieurs structures régionales, dont Lis avec moi. L’Agence se dédie à la construction d’initiatives et de partenariats en France métropolitaine comme outre-mer. Son travail commun avec l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme) a permis le développement de réflexions notables sur l’importance de l’accès au livre dans les familles pour prévenir l’illettrisme.

d’accueil spécifiques, de la construction de services destinés aux familles venant avec les tout-petits, ou de l’établissement de politiques documentaires s’appuyant sur une littérature jeunesse d’une très grande richesse. Une enquête réalisée en 2013 par le ministère de la Culture et de la Communication sur l’éducation artistique et culturelle en bibliothèques a ainsi révélé que près de la moitié des bibliothèques françaises mettaient en place des actions ou des réflexions spécifiques à l’attention des publics de moins de 6 ans.

L’opération Premières Pages

En 1991, l’opération Bookstart est lancée au Royaume-Uni. Elle vise au développement de bibliothèques de littérature jeunesse dans les familles du Royaume-Uni, en partenariat étroit avec les bibliothèques du pays : des collections d’ouvrages sont ainsi offertes à intervalles réguliers aux familles. L’opération a depuis su essaimer dans le monde entier, sous des formes plus ou moins proches du modèle d’origine.

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Inspirée en partie de Bookstart, l’opération Premières Pages a été lancée en 2009 en France. Elle vise à soutenir les projets mis en place autour du livre et de la petite enfance, afin notamment de réduire les inégalités d’accès au livre et à la lecture dans les familles. Un temps axé autour de la diffusion d’un livre de naissance dans plusieurs départements français, l’opération consiste dorénavant en la labellisation et la subvention de projets de territoires concernant le livre et la petite enfance. Cette évolution a permis de soutenir des projets d’actions plus vastes que le livre de naissance, et couvrant la formation croisée des professionnels des territoires, la mise en place d’actions de médiation, de colloques et de journées d’étude, la sensibilisation des parents, ou encore la construction de partenariats entre bibliothèques et lieux d’accueil du livre et de la petite enfance.

En 2016,

29 territoires dont

21 départements seront labellisés, pour 200 000 enfants concernés.

De leur côté, les collectivités développent dès la fin des années 1980 des politiques volontaristes autour de la problématique du tout-petit et du livre. En 1987, le Val-de-Marne est le premier département à proposer la réalisation et la diffusion d’un livre de naissance aux familles du territoire ; la Seine-Saint-Denis le rejoindra en 1995. Ces initiatives ont essaimé au cours des années 1990, bien souvent en lien étroit avec le réseau de lecture publique : à Grenoble en 2000, dans le Puy-de-Dôme en 2005, en Ardèche en 2008, etc. De manière générale, les bibliothèques se sont très vite intéressées à l’accueil des 0-3 ans au sein de leur établissement. Les réflexions ont pu porter autour de l’aménagement d’espaces

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Ces différentes actions visent notamment à accompagner les parents dans leur acte de lecture partagée avec les toutpetits. Dans le département de la Somme, ainsi, les puéricultrices apportent les livres offerts à la naissance à l’occasion de la première visite postnatale. Cette visite leur permet de revenir sur l’importance de la lecture pour les tout-petits, de présenter l’ouvrage et d’expliquer la manière de lire aux bébés. À la Réunion, le lancement de la saison 2015 de l’opération a permis d’accueillir et de rencontrer des centaines de familles. L’opération ne cesse de s’étendre depuis son lancement : en 2016, ce sont 29 territoires dont 21 départements qui seront labellisés, pour 200 000 enfants concernés sur l’ensemble du pays. Le développement des politiques nationales en leur faveur, l’implication de plus en plus notable des acteurs associatifs comme des bibliothèques autour des tout-petits et du livre, témoignent du fait que les idées développées par ACCES dans les années 1980 se sont diffusées. Certes, le travail de sensibilisation autour de ces idées reste important à mener, et à réitérer de manière régulière. Toutefois, l’une des principales questions que se posent aujourd’hui les acteurs du livre et de la petite enfance reste de savoir comment faire pour atteindre les familles les plus éloignées du livre et de la lecture, et pour travailler avec elles ces enjeux : d’où la nécessité de développer un regard plus sociologique sur le livre et les tout-petits, en lien avec l’UNAF. l

Bibliographie Les livres c’est bon pour les bébés par Marie Bonnafé, coll. Pluriel, Fayard, 2011 Livres et bébés ne feraient pas bon ménage ! « Ils sont trop petits, ils ne comprennent rien », entend-on souvent. Pourtant, les bébés, avant même de savoir parler, sont friands d’albums illustrés. Regardez-les : ils les feuillettent, les explorent en tout sens et écoutent avec passion leurs premiers récits. En plus de soins maternels, le bébé a besoin de jeux avec l’imaginaire, sans quoi il ne saurait accéder au langage ni à la vie de l’esprit. À contre-courant de l’apprentissage précoce, forcé, Marie Bonnafé, psychiatre et psychanalyste, fait l’éloge de la « lecture pour rien », de la gratuité, du plaisir qui sont les meilleures conditions pour accéder à la langue écrite. Lire des histoires aux tout-petits est ainsi un enjeu culturel et social parmi les plus importants de notre civilisation. Marie Bonnafé est psychiatre, membre de la société psychanalytique de Paris, fondatrice, avec le professeur René Diatkine, de l’association A.C.C.E.S. Quand les livres relient, ouvrage collectif, Ères, 2012 Qu’est-ce que la littérature de jeunesse aujourd’hui ? De quoi parle-t-elle aux enfants du XXIe siècle ? Quelle intelligence soutient-elle ? Quelles émotions éveille-t-elle ? Que transmet-elle du monde et de ses habitants ? Le livre de jeunesse est-il un objet culturel comme les autres ? Qu’estce qu’une histoire ? Qu’est-ce qu’une image ? Et comment les « grands » passeurs de culture s’engagent-ils dans ce travail si exigeant, lire des livres avec des enfants ? Quelle reconnaissance, quelle considération à cette « mission » ? L’Agence « Quand les livres relient » conduit depuis plusieurs années une réflexion sur la rencontre entre adultes et tout-petits autour des livres, en particulier des livres d’images. Ses membres mènent des actions dans des lieux divers (lieux d’accueil des familles, de l’enfance, foyers d’hébergement, centres sociaux, terrains des gens du voyage, hôpitaux, prisons, halls d’immeuble, associations caritatives, structures d’insertion...) sur l’entièreté du territoire national. Elle témoigne ici de ses réalisations, mais surtout elle dresse un manifeste de ses enjeux et perspectives et propose 1001 raisons de lire et de penser les trésors de la littérature de jeunesse. Des bébés et des livres : la diversité et la richesse des partenariats, article de Zaïma Hamnache, dans Bibliothèques, enfance et jeunesse, Éditions du Cercle de la librairie, p. 265-270).

L’album, une littérature pour tous les publics, ANLCI et l’agence Quand les livres relient, 2010. Disponible sur le site de l’ANLCI : http://www.anlci.gouv. fr/Mediatheque/L-album-une-litterature-pour-tousles-publics Les cahiers d’ACCES sont disponibles sur le site : www.acceslirabebe.fr

Ministère de la culture et de la communication Direction générale des médias et des industries culturelles Service du livre et de la lecture – Département des bibliothèques Bureau de la lecture publique 182, rue Saint-Honoré - 75033 Paris Cedex 01 Tél. 01 40 15 73 92 E-mail : livre-lecture@culture.gouv.fr - www.premierespages.fr

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Mettez du jeu dans vos familles : il en sort du bonheur ! Qu’elles sont belles, ces photos d’une famille qui joue ! De cette table autour de laquelle des yeux rient, où la complicité prend chair, la vie se fait joyeuse ! De cette scène de tendresse où un père, à quatre pattes sur le plancher, observe son petit, ravi de le voir soudain à sa hauteur ! De cette maman tout attentive au spectacle de ses enfants !

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n les regardant, ne sommes-nous pas pris d’une envie de vivre la même beauté dans nos familles ? De devenir artisans de légèreté et de bonheur ? Pourtant, si souvent, lorsque l’enfant nous demande : « est-ce que tu veux jouer avec moi ? », nous nous retranchons derrière ces mots si communs : « pas maintenant, je suis fatigué, j’ai encore du travail… » Dans une société où nos vies sont malmenées par le stress et le travail, personne ne peut nous jeter la pierre. Mais pour peu que nous voulions concrétiser ce chemin vers le bonheur, voici cinq pistes à explorer : • Découvrir et éprouver du plaisir. • Croire que le jeu est une source de lien. • Comprendre que le jeu est un lieu de vie où s’expérimentent des manières d’être. • Être conscients des trésors qui nous habitent et savoir que le jeu est un transmetteur facile. • Croire en la puissance du gratuit.

Découvrir et éprouver du plaisir

Tout commence donc par le plaisir. Plaisir de tricoter du bonheur, de construire un nid familial avec du rire et de la joie. C’est le premier souffle nécessaire, celui du désir, sans lequel rien ne se transforme. Je ne m’adresse donc pas aux personnes qui veulent être en ordre avec une image idéale de parents… mais à ceux qui

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portent un rêve pour euxmêmes et pour leurs enfants. Tout en même temps, je parle du plaisir réel qu’on a de jouer : de ce remue-ménage intérieur qui nous fait savoir qu’on va vivre un moment plaisant. Un adulte qui joue sans ce plaisir très concret ne transmet pas grand-chose. S’il fait acte de présence, son passage est comme une averse sur un sol chaud. L’eau de la bonne volonté disparaît dans une terre avide. « Mais que dois-je donc faire si je veux devenir ce compagnon de jeu et que mon propre plaisir de jouer n’est pas au rendez-vous ? » C’est une question que j’ai souvent entendue, formulée par des personnes honnêtes. Que celles-là soient donc rassurées : il existe pour chacun une porte d’entrée dans le monde des jeux. Les registres de jeux sont très nombreux et personne ne peut réduire le plaisir de jouer à jouer aux échecs, au Monopoly ou au Docteur Maboul… Parmi les milliers de jeux disponibles, quel est celui qui va m’enchanter ? Dixit, cet univers d’énigmes colorées qu’on invente ? Splendor, un jeu court dans lequel on peut découvrir comment la gratuité s’installe ? Monte Rolla, où, sous nos yeux émerveillés, des billes roulent dans le bon ou le mauvais sens ? Bamboleo, une surprise totale sur les lois de l’équilibre ? Les dominos Pestas, si simple, si créatif, si inépuisable ? Bonne Nuit !, pour les rêveurs, les enfants qui ont peur du noir, les gourmands de

merveilleux ? Hop ! Hop ! Hop !, pour les chercheurs de stratégies coopératives et pour ceux qui n’aiment pas perdre ? « Mais nous ne connaissons pas tous ces jeux ! » Plus que leurs titres, c’est une personne qu’il faut chercher pour que le jeu vous corresponde. Quelqu’un à qui confier votre quête, quelqu’un qui écoute à la fois votre désir et devine les ingrédients de votre non-plaisir. Quelqu’un qui a l’intuition d’un jeu qui vous irait à ravir. Ces personnes-là existent, dans de nombreuses ludothèques, de rares et précieuses boutiques, parfois en des amis qui deviendront des compagnons.

Pascal DERU Responsable du magasin de jouets Casse-Noisettes à Bruxelles, Formateur dans le domaine du jeu et journaliste

Croire que le jeu est une source de lien

Un jeu bien géré fait toujours son travail de lien. Même si le Monopoly n’est plus votre tasse de thé, ce jeu a créé des millions de liens entre cousins et cousines. Ce n’est pas le thème qui compte, mais la chance de pouvoir traverser ensemble le lieu symbolique du jeu. Ainsi, même le fameux jeu des LoupsGarous, s’il se révèlerait infernal dans une vraie vie, accomplit son travail de lien dans les groupes. « Comment puis-je mieux me relier à mes enfants ? » Le jeu est une réponse concrète et facile. Il ne pose pas la question « qui veut faire du lien avec moi ? », mais il dépose une invitation facile dans une famille : « qui

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veut jouer avec moi ? » Cette invitation est attendue par tous les enfants du monde et ils s’y précipitent avec joie. Avec le jeu, le lien est à portée de main. Dans le jeu, votre famille ne réfléchit pas sur le lien, mais elle le tisse.

Le jeu nous rend complices. Le jeu dit aux enfants et aux adolescents que des adultes peuvent aussi être des compagnons de bonheur.

C’est un lien si facile à activer et si précieux pour la vraie vie. Quand vos enfants traverseront des moments plus difficiles, ils se tourneront sans doute vers ceux avec qui ils étaient bien. Le jeu nous rend complices. Le jeu dit aux enfants et aux adolescents que des adultes peuvent aussi être des compagnons de bonheur. Le jeu leur donne une oreille plus attentive car il est normal de se raccorder aux sources qui nous veulent du bien.

Dans le jeu, votre famille ne réfléchit pas sur le lien, mais elle le tisse. Comprendre que le jeu est un lieu de vie où s’expérimentent des manières d’être

Le jeu est une école de vie et de sagesse. C’est un laboratoire dans lequel nous pouvons essayer des attitudes nouvelles sans nous en mordre les doigts. Qu’est-ce qui arrive si je triche ? Qu’est-ce qui se passe si j’essaie une nouvelle stratégie ? Bien sûr, ces audaces auront des conséquences concrètes dans le jeu. Mais elles s’arrêteront avec la fin de la partie, permettant à l’enfant de les valider ou de les réfuter pour une prochaine partie… mais aussi dans la vraie vie. Dans le superbe Les Colons de Catane, les joueurs doivent négocier. Chacun le fait intuitivement en puisant dans ses ressources habituelles : rationalité, séduction, timidité… L’adolescent expérimente sa propre efficacité et, si elle n’aboutit pas à des résultats positifs, il est en tout cas témoin de la manière dont les autres négocient : sa sœur avec son père, ses parents entre eux… Ces modèles, il peut

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aussi les essayer et en éprouver l’éventuelle fécondité. Savoir négocier est tellement nécessaire dans la vie. Celui qui a pu essayer des modèles différents dans un jeu aborde une vraie négociation autrement. Et cette douloureuse expérience d’apprendre à perdre en paix ? Nos parties de jeu ne sontelles pas le meilleur moment pour travailler cette expérience et non la subir ? Quels sont les parents qui prennent conscience que ce ne sont pas des mots mièvres qui font progresser ? À la place des « tu gagneras une prochaine fois », « ce n’est pas grave ! », quels sont les jeux que je mets en place pour que l’enfant gagne avec légalité ? Jeu de mémoire comme Pique Plume, jeu de hasard comme le jeu de l’oie ? Quelles sont les expériences que je leur fais traverser pour découvrir que quand on perd, ce n’est pas toute la vie qui s’écroule ? Osons les jeux coopératifs : Le Verger pour les petits, SOS Pirates ! ou Cacophony pour les enfants à partir de 7 ans, L’Île interdite, Pandémie ou Hanabi, pour des joueurs à partir de 10 ans. Dans chacun d’eux, on y fait l’expérience de l’émotion d’une victoire ou d’une défaite collective

et du rebond qu’elle provoque. Quelles sont aussi les paroles que je pose sur une partie de jeu, à la place de consoler les perdants ? Nous laissons si souvent la joie de nos parties de jeu s’autodétruire en accordant trop de place à la minute finale, qui crée des gagnants qu’il faut féliciter et des perdants qu’il faut consoler. Ramenons par des paroles et des symboles l’attention sur le plaisir qui a été partagé, affirmons que c’est en lui que se trouve la vraie victoire !

Être conscients des trésors qui nous habitent et savoir que le jeu est un transmetteur facile Le jeu nous fait encore d’autres cadeaux, et pas des moindres ! Dans un monde où certains disent « tout fout le camp », nos moments de jeux sont des lieux faciles pour transmettre ce qui nous semble le plus important. Cette audace ne se fait ni par un discours moralisateur ni sans un moment préalable de recul. En mon for intérieur, qu’estce que je dis sur le bonheur ? Quelles sont les valeurs et les postures qui, selon moi, y contribuent ? Aucun discours n’est nécessaire, mais chacun prend

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préalablement conscience de ce qu’il serait sans la tolérance, l’absence de guerre, le juste milieu entre l’abondance et la pauvreté, l’écoute, la confiance en soi, la générosité… Eh bien ! bonne nouvelle ! Certains jeux se prêtent à merveille pour expérimenter ensemble ces trésors de vie dont nous voulons outiller nos enfants. Sans jamais dire que c’est bien ou que c’est mal, nos jeux permettent d’éprouver ces essentiels et de les laisser s’enraciner dans nos enfants. En jouant, nous éprouvons du plaisir partagé : comment se ressent-il face au plaisir solitaire ? En jouant des jeux coopératifs, nous ne nous sentons pas menacés : comment est-ce de vivre sans craindre pour sa fragilité ? En jouant, nous pouvons être audacieux et créatifs : quelle est ma fierté d’avoir construit avec des blocs en bois, défié l’équilibre avec des Kaplas, empli une pièce d’un mouvement fluide avec des dominos Pestas ? En jouant, nous pouvons expérimenter la différence et découvrir qu’elle n’est pas une menace mais une chance : n’est-ce pas ce qui nous transforme dans Compatibility, Concept, Time’s Up !, Team Work ?

Croire dans la puissance du gratuit

Quelle parole merveilleuse pour celui qui la reçoit ! Dans un monde qui nous entraîne et nous éparpille, quelqu’un s’arrête pour être avec moi. Quelqu’un me dit, de cette manière-là, que je suis précieux à ses yeux. En Corse, dans une école, je rencontrai un ado qui était en internat. Nous parlions des visites de ses parents : « Ils me donnent mon argent de poche, reprennent mon linge sale, demandent si tout va bien… » Mais lorsque je lui demandai s’ils jouaient parfois avec lui, il me regarda comme si je posais une question qui touche au secret de l’âme : « Non jamais ! Mais ce serait si bien ! » Lorsque nous veillons sur la bonne alimentation de nos enfants, sur leur santé, sur leur besoin de chaleur en hiver, sur le planning des vacances, nous sommes de bons parents, mais nous ne leur donnons que de quoi survivre. Être femme, être homme, être enfant… c’est pouvoir se régaler de ce qui vient en plus des choses nécessaires, de ce qui tisse une part de notre humanité : la musique, la lecture, un moment de contempla-

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C’est parce que le jeu « ne sert à rien » qu’il est puissant. tion devant un coucher de soleil ou un ciel étoilé… mais aussi un temps de fête, un moment de jeu. Chaque fois que nous rejoignons notre enfant, avec la fougue du plaisir, pour chevaucher des espaces de jeu, nous bénissons sa vie en le nourrissant de notre présence et de notre confiance. En jouant avec lui, nous lui disons que sa vie vaut la peine et qu’il peut aller son chemin. Tout en même temps, notre vie prend du sens. En plus de remplir notre mission de parents et de transmettre de l’essentiel, notre propre existence s’enrichit de ce que le côtoiement de l’enfance apporte en tout adulte : une capacité renouvelée de s’émerveiller et la douceur de nous découvrir aimés tels que nous sommes. l

Le dernier cadeau n’est pas le moindre car il rend fécond tous les autres.

Merci le jeu !

C’est parce que le jeu « ne sert à rien » qu’il est puissant. C’est parce qu’il ne se situe pas sur une échelle de rentabilité économique ni ne se mérite qu’il dépose sur nos moments de jeux un sens tout particulier : je prends du temps avec toi parce que je t’aime.

Jouer ensemble, un chemin jusqu’à la joie

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Analyse

de Pascal Deru, L’instant Présent, 2016 Dix ans après la parution du livre Le jeu vous va si bien ! (Le souffle d’Or, 2006), Pascal Deru nous apprend, dans Merci le jeu !, ce que le jeu nourrit en l’enfant et en l’adulte. Merci le jeu ! s’ouvre sur des moments de jeux entre Pascal Deru et ses petits-enfants. Avec de simples blocs en bois – « mais pas n’importe lesquels », dit-il –, les parties de jeu deviennent des moments magiques et surprennent par un incroyable champ de variantes et petites œuvres, à la portée de tous. En réfléchissant ainsi sur sa propre expérience, l’auteur montre combien jouer ensemble est un chemin facile pour transmettre des valeurs. « Le jeu est, explique-t-il, un lieu où les enfants et les adolescents peuvent expérimenter des attitudes précises qui changent leurs comportements dans la vie réelle : coopérer, goûter au plaisir collectif, apprendre à perdre en paix… » Le jeu prend de la profondeur et dément une parole parfois rapide : jouer, c’est perdre son temps ! Jouer ne sert à rien ! Au contraire, sautant d’un exemple à l’autre, Pascal Deru ne cesse d‘éclairer des scènes où le jeu devient le témoignage de la tendresse. Finalement, jouer ensemble, c’est faire du chemin dans la complicité. Une complicité créatrice et tolérante, où tant l’adulte que l’enfant sont gagnants.

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Séparation des filles et des garçons dans les loisirs : quel impact pour la mixité sociale ? 75 % des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes bénéficient prioritairement aux garçons. L’approche géographique (par l’espace) de ces phénomènes dans les études d’Yves Raibaud montre que le formatage des identités sexuées détermine une lutte des places et des mobilités dès le plus jeune âge dans les villes. Explications. Yves RAIBAUD Université Bordeaux-Montaigne, UMR Passages, membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

75%

des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons.

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Retour sur une recherche (2000-2016)

Mes premiers travaux portaient sur les équipements et espaces publics destinés aux loisirs des jeunes. Je me suis intéressé dans les années 2000 aux lieux de répétition des musiques amplifiées (rock, rap, techno, reggae), puis par extension aux cultures urbaines (graff, hiphop, mais aussi sports urbains tels que skateboard et Bmx). Il m’est apparu assez rapidement que ces cultures, dont on disait qu’elles étaient l’expression des jeunes et des quartiers fragiles, étaient surtout déterminées par le sexe de leurs pratiquants, plus de 90 % de garçons. Le modèle de la « maison des hommes » convient assez bien pour caractériser ces lieux de production d’identité masculine, dont la culture commune est souvent teintée de sexisme et d’homophobie. J’ai prolongé ce travail en étudiant les skateparks et les citystades. Mis à disposition des jeunes (en réalité des jeunes garçons), ils ont pour but avoué de canaliser leur violence dans des activités positives. Il me semble qu’ils fonctionnent au contraire comme des « écoles de garçons », produisant l’agressivité et la violence qu’ils sont censés combattre. En 2009, nous avons obtenu un financement de recherche du Conseil Régional d’Aquitaine, du Conseil général

de la Gironde et de trois mairies de la périphérie bordelaise pour mener avec Edith Maruéjouls une large enquête sur les inégalités filles-garçons dans les loisirs des jeunes (Maruejouls, 2014). L’étude s’est prolongée les années suivantes dans l’agglomération de Toulouse avec Magalie Bacou (Bacou, 2014). Les principales conclusions de ces recherches peuvent se résumer en trois points : •7 5 % des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons, toutes activités confondues (de la danse au foot, en passant par la médiathèque, les centres de loisirs, les séjours de vacances ou les écoles de musique). •À partir de la 6e, les filles décrochent des activités de loisirs organisés, tandis que se met en place une offre spécifique destinée aux garçons (skateparks, citystades, musiques actuelles). Les loisirs non mixtes féminins sont moins subventionnés que ceux des garçons à qui l’on attribue des équipements plus importants et plus chers (stades, salles de musiques actuelles). •C e décrochage des filles (on leur en attribue parfois la responsabilité, alors que tous les entretiens menés avec elles nous disent le contraire) a des conséquences sur leur pratique de la ville : tandis que l’on

confirme les garçons dans leur vocation à jouer et à occuper l’espace (y compris l’espace sonore - musique forte - ou visuel - tag et graffs), la pression sociale amène une grande majorité des filles à se retirer de ces espaces.

Des conséquences dans l’occupation de l’espace public

Ainsi, dès l’adolescence, les rôles de genre sont définis dans l’espace public. Les dispositifs publics de loisirs des jeunes ne font malheureusement que suivre cette loi d’airain, souvent en l’absence de conscience des enjeux de l’égalité chez les élus locaux et de formation chez les animatrices et les animateurs. L’approche géographique (par l’espace) de ces phénomènes montre que ce formatage des identités sexuées détermine une lutte des places et des mobilités dont les hommes sont, dès leur plus jeune âge, les bénéficiaires (Raibaud, 2015). Edith Maruejouls et d’autres chercheuses ont montré le rôle central du terrain de foot (matérialisé ou non) au centre de la cour de récréation : occupé de façon permanente par des groupes de garçons, il configure une centralité masculine et une périphérie féminine, la même que l’on observera plus tard sur des lieux de ville tels que places et placettes,

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cour d’immeuble ... Un travail de recherche mené spécifiquement sur les garçons (Ayral et Raibaud, 2014) analyse comment les insultes, les blagues, le harcèlement, les violences morales ou physiques observées à l’école, dans les loisirs et plus tard dans la ville ou au travail, ont une fonction systémique de ségrégation et de hiérarchisation des sexes au profit des hommes hétérosexuels dominants. Ce mode d’intimidation qu’on se refuse souvent à identifier globalement comme une violence sexuelle (réservant cette appellation aux seuls viols et agressions sexuelles) prescrit les mobilités et les places des filles dans la ville telles que nous les avons observées. La ville ludique, récréative, celle où l’on peut flâner, rêver à la terrasse d’un café, jouer aux boules ou au ballon apparaît bien, en filigrane, comme une ville faite pour les hommes.

Mixité dans les camps, colos et séjours

Alors que les colonies de vacances emmenaient en vacances près de 4 millions d’enfants et de jeunes dans les années 1960, ils ne sont plus que 1,2 million à présent. Et 3 millions d’enfants ne partent pas en vacances du tout, perdant ainsi la possibilité d’échapper à leur routine et de se mélanger avec des enfants d’autres horizons. Les colonies de vacances étaient importantes pour créer de la mixité, qu’elle soit sociale ou de genre, comme le montre un récent rapport commandé par le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports (Bacou, Bataille et alii, 2016). Les causes de disparition des colonies de vacances sont complexes. L’une d’elles tient à la disparition des bâtiments qu’on appelait « les colos », qu’elles soient des propriétés d’origine privée (entreprises, églises) ou publique (associations laïques, communes), soumis à une gestion « technocratique » des vacances (mettant en avant d’une façon stricte la sécurité, l’hygiène, les normes alimentaires, l’accès

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handicap...). Les colos « généralistes » (longs séjours à bon marché) sont remplacées par des colos plus onéreuses, proposant une consommation de loisirs plus chère (poney, canyoning, astronomie, danse) pour attirer les publics solvables, classes moyennes et supérieures ou enfants subventionnés par les comités d’entreprises. De l’autre côté du périphérique, les séjours et activités organisées par les municipalités (Opération Prévention Été, séjours courts, Ville Vie Vacances) sont clairement orientés vers la prévention de la délinquance et proposent des activités spécialisées vers le public cible : les jeunes garçons des cités. Exit les filles des vacances des pauvres. Les colos des années 1960 mélangeaient beaucoup plus facilement les classes sociales, les âges et les sexes.

Scoutisme et usage ludique et responsable des espaces naturels

Les conclusions du rapport invitent à renouveler l’offre de vacances selon un modèle inclusif. Parmi les exemples présentés, le scoutisme (qui se sort plutôt bien de la crise) montre que le camp sous toile, associé à certaines formes d’engagement et de bénévolat, a plus que jamais les faveurs d’un large public. Plutôt que la consommation excessive de loisirs organisés, l’écoresponsabilité et le développement durable ouvrent de multiples portes pour un usage ludique des espaces naturels. Au lieu d’aller chercher des performances sportives en montagne ou à la mer, dans des lieux saturés de tourisme, il paraît profitable d’intégrer les camps et colos dans des projets de développement rural en utilisant les ressources locales, qu’elles soient alimentaires (circuits courts) ou professionnelles (emplois aidés, animateurs vacataires recrutés dans l’aménagement des temps scolaires, etc.). Ces camps et colos ont la possibilité de faire un travail sur la mixité sociale et de genre, permettant une inclu-

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La ville ludique, récréative, celle où l’on peut flâner, rêver à la terrasse d’un café, jouer aux boules ou au ballon apparaît bien, en filigrane, comme une ville faite pour les hommes. sion en douceur, avec la participation des enfants eux-mêmes, qu’ils fassent ou non partie des personnes ou des groupes généralement discriminés. Ainsi, quelle que soit l’organisation familiale, le quartier d’habitation ou le niveau social des familles, l’offre de loisirs tend à séparer les filles et les garçons par une offre de loisirs publics qui se pense neutre, mais ne fait que refléter et confirmer les inégalités entre les filles et les garçons. Les nombreux exemples mobilisés dans nos recherches montrent bien qu’il est possible de faire autrement, en mobilisant les notions de mixité, de parité et de genre pour en faire un objectif central des politiques éducatives. l

RÉFÉRENCES

Ayral Sylvie et Raibaud Yves, (2014), (dir.), Pour en finir avec la fabrique des garçons, Vol 1 et 2, MSHA, Pessac. Bacou, Bataille, Besse-Patin, Bocquel, Carton, Claude, Dheilly, Kérivel Raibaud, (2016), Des séparations aux rencontres, éd. Le social en fabrique, Paris. Bacou M., Raibaud Y, (2011), « Mixité dans les activités de loisir. La question du genre dans le champ de l’animation », Agora Débats Jeunesse n°59, INJEP, octobre 2011. Gillet J.-C. et Raibaud Y. (dir.) (2006), Mixité, Parité, Genre dans les métiers de l’animation, L’Harmattan, coll. Histoire et Territoires, Paris. Maruejouls Edith, (2014), Mixité, égalité et genre dans les espaces du loisir des jeunes, thèse de doctorat, Université Bordeaux-Montaigne.aibaud Y., (2015), La Ville faite par et pour les hommes, Belin, Paris.

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

L’impact des loisirs dans la relation aidant-aidé Marie-Elisabeth PIUSSAN Psychologue, Léa FORSTER Psychologue, Mélanie FOUDI Infirmière coordinatrice Maisons des aidants Métropole Lille et Métropole Roubaix Tourcoing

Créées dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012, les plateformes d’accompagnement et de répit des aidants familiaux ont pour mission d’apporter écoute, information et soutien aux personnes accompagnant un proche de plus de 60 ans (le plus souvent leur conjoint ou leur parent) en perte d’autonomie.

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e soutien proposé peut prendre plusieurs formes, comme du soutien psychologique individuel, des groupes de parole, des réunions d’information médicale ou juridique, ainsi que du relais à domicile pour permettre à l’aidant de s’absenter en laissant son proche aux bons soins d’un professionnel spécialisé. Pour compléter l’offre de service et répondre aux besoins, les équipes des plateformes proposent également des temps de loisirs et de détente qui se déclinent de deux façons : des activités pour l’aidant seul et des activités pour le couple aidantaidé. La majorité des prestations de soutien sont gratuites pour l’aidant. Une participation financière est demandée pour certaines activités de loisirs et le relais à domicile.

On se sent moins seul, entend-on souvent. Inviter l’aidant à rompre son isolement

Les Maisons des Aidants Métropole Lille et Métropole Roubaix Tourcoing situées dans le Nord en sont un exemple. Dans l’objectif d’apporter du répit à l’aidant et donc de prévenir l’épuisement de celui-ci, ces deux plateformes proposent une palette diversifiée d’activités de loisirs. Bien qu’il ne soit pas évident pour la majorité des aidants de franchir pour la première fois le seuil de la Mai-

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son des Aidants, les bénéfices en sont vite ressentis et l’aidant redécouvre le plaisir de se faire plaisir ! Déjà par le simple fait de sortir de chez soi, ces activités évitent que l’aidant s’isole socialement, isolement qui, une fois installé, conduit le plus souvent à des troubles dépressifs importants. De plus, le fait d’intégrer un groupe, dans lequel l’aidant est susceptible de s’identifier à des personnes vivant une situation similaire à la sienne, favorise également le maintien des relations sociales et diminue le sentiment de solitude ressenti par une majorité d’aidants familiaux. « On se sent moins seul », entend-on souvent.

Accepter la séparation pour prendre du recul sur la relation aidant-aidé

Ainsi, lors des ateliers à destination des aidants seuls (comme le Qi Gong, une gymnastique d’origine chinoise favorisant le renforcement musculaire et la détente), les aidants se réunissent une fois par semaine dans l’une des Maisons des Aidants et prennent plaisir à se retrouver, échangeant de leurs nouvelles juste avant ou après la séance. Pour s’autoriser ce « temps pour soi », l’aidant doit également accepter de se séparer de son proche, que ce soit en le laissant à domicile lorsque celui-ci est encore capable de rester seul ou en acceptant de le confier à un professionnel de la Maison des Aidants qui l’accueillera dans l’apparte-

ment adjacent. Ce temps peut également être bénéfique pour la personne aidée, qui découvre un autre regard porté sur elle que celui auquel elle a été habituée avec son entourage. Les temps d’échanges et les activités qui sont proposées aux proches aidés ont pour objectifs de les valoriser par rapport à ce qu’ils savent encore dire et faire, et leur permettre de retrouver une identité d’homme ou de femme à part entière, autre que celle de « personnes malades » ou « aidées ». De leur côté, une fois la séance terminée, les aidants peuvent exprimer un réel sentiment de bien-être qui, dans le meilleur des cas, leur permettra d’affronter avec plus de sérénité les aléas de l’accompagnement de leur proche. Des séances de sophrologie, des ateliers d’activités manuelles ou des séances d’initiation à l’informatique sont d’autres exemples d’activités pour les aidants.

Partager un moment convivial, parenthèse salutaire

Les ateliers à destination des couples aidants-aidés permettent quant à eux d’aller vers une relation plus apaisée entre l’aidant et son proche. En effet, des activités comme le chant/ choral ou la cuisine se déroulent dans un esprit très convivial, où chacun participe selon ses envies et ses « talents ». Certains couples (époux-épouses, mais aussi parent-enfant) retrouvent leur complicité d’antan et partagent ainsi un

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moment chargé d’émotions positives. La maladie et les difficultés quotidiennes sont mises entre parenthèses le temps d’un après-midi, et l’aidant est parfois étonné des réactions de son proche qui peut se révéler plein d’humour, ouvert aux autres, sans aucun trouble de mémoire quand il se met à chanter, etc. Son regard s’en trouve changé, parfois comme une bonne surprise, avec l’espoir que ce changement perdure jusqu’au domicile, parfois avec suspicion ou culpabilité (« Pourquoi n’est-il pas comme ça à la maison ? »), d’où l’importance que les professionnels accompagnent ces changements et soulignent l’intérêt de vivre chaque instant : « Carpe diem », dirait-on en latin. L’idéal est que l’aidant prenne conscience du fait qu’il est possible de vivre encore des moments de qualité à deux, malgré la maladie. Tout comme les activités à destination des aidants seuls, ces activités sont proposées régulièrement chaque mois, ce qui entretient également le sentiment d’appartenance à un groupe. Des amitiés se tissent parfois, et il arrive que certains couples se retrouvent en dehors de la Maison des Aidants, ce qui, pour l’équipe, représente une véritable réussite de maintien du lien social. On peut espérer qu’en cas de difficultés, un week-end par exemple, l’aidant pourra se permettre de contacter un autre aidant et trouver du soutien, indépendamment de celui proposé par les professionnels.

Des séjours ensemble et parmi les autres

Toujours à destination des couples aidants-aidés (mais aussi de certains aidants seuls lorsque leur proche ne peut plus se déplacer ou vit dans un établissement médicalisé), les Maisons des Aidants proposent une fois par mois des sorties intitulées « journées détente ». Le groupe se retrouve en général pour déjeuner au restaurant, un plaisir que certains ne s’autorisent plus par peur

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du regard des autres lorsque le proche malade présente des troubles du comportement. Est ensuite proposée une activité soit culturelle (visites guidées de lieux touristiques, de musées…), soit ludique (balade en péniche, après-midi dansant…). Le fait de suivre une organisation pré-établie par l’équipe permet à l’aidant de se détendre et de ne pas se soucier des détails. De plus, plusieurs professionnels sont présents pour permettre si besoin de décharger l’aidant de l’accompagnement ou de la surveillance de son proche, pour qu’il puisse profiter pleinement d’un moment de répit. Dans le même esprit, des « séjours de répit » sont également organisés une à deux fois par an. D’une durée de cinq jours, ces séjours sont parfois les uniques vacances dont peuvent profiter ces couples. Là encore, toute l’organisation est gérée par les professionnels, depuis le transport en bus au départ de Lille et Roubaix jusqu’aux repas en pension complète dans un hôtel de qualité (et sans connotation médicale). Des excursions avec un guide sont programmées matin et après-midi, ainsi que des soirées pour les plus hardis. Même si le premier jour et la première nuit ne sont pas des plus reposants du fait du changement des repères, l’équipe a toujours constaté que le groupe avait un effet à la fois stimulant et reposant pour chacun des participants. Le fait d’être nombreux permet de prendre du recul vis-à-vis du regard extérieur, de mettre de côté le sentiment de honte vis-à-vis des troubles, pour finalement être en vacances « comme tout le monde » ! La présence des professionnels de la plateforme permet également d’aborder de façon informelle tout un tas d’aspects de l’accompagnement du proche aidé (en discutant dans le bus, à table, en proposant de s’occuper de la personne aidée pour la toilette, au moment du petit-déjeuner…). L’aidant est invité au lâcher-prise, mais

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La maladie et les difficultés quotidiennes sont mises entre parenthèses le temps d’un après-midi.

de façon progressive, sur plusieurs jours. Certains aidants sont également surpris de la façon de faire des professionnels vis-à-vis de leurs proches, ils se questionnent et en profitent pour demander conseil. Certaines personnes aidées s’épanouissent au fil des jours et les troubles semblent moins importants qu’avant. Bonne humeur et détente deviennent de plus en plus naturelles et à peine de retour, voilà les aidants en attente du prochain séjour ! Tous ces temps de loisirs et de détente ont pour objectif d’apporter à l’aidant des moments de répit, avec ou sans son proche, mais surtout de lui faire prendre conscience de ce besoin de répit essentiel à la poursuite de son rôle d’aidant, dans les meilleures conditions possibles. Ce cheminement vis-à-vis de l’acceptation des aides extérieures peut prendre du temps et nécessite souvent de bénéficier d’autres types de soutien proposés par les plateformes d’accompagnement et de répit. C’est pourquoi chaque accompagnement est personnalisé et vise à guider les aidants dans leurs choix futurs dans le respect de leurs valeurs familiales. l

à lire... Réalités familiales n° 106-107 Être aidant familial aujourd’hui

Maisons des Aidants Métropole Lille et Métropole Roubaix Tourcoing 146 ter, boulevard Victor Hugo CS 90255 BP 59019 Lille Cedex Tél. 03 20 42 50 82 / 03 20 28 64 49 E-mail : maisondesaidants@feron-vrau.com

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INTERVIEW

Les vacances en famille élargie : un moyen de créer l’histoire familiale Les vacances en famille élargie – avec les grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines… – sont souvent partagées entre moments de complicité et tensions, retrouvailles joyeuses et attentes déçues. En trame de fond, c’est l’histoire familiale qui se crée, la transmission entre générations qui s’opère. Explications avec Nicole Prieur, philosophe et thérapeute familial. Nicole PRIEUR Philosophe et thérapeute familial

Pourquoi les membres d’une même famille cherchent-ils à se réunir pendant leurs vacances ?

On peut évidemment songer à un aspect financier, ou pratique, avec la garde des enfants, mais, bien au-delà, il y a un plaisir partagé à être ensemble. Je pense particulièrement aux vacances entre les grands-parents et leurs petits-enfants. Ces derniers se sentent attendus et reconnus par des grands-parents qui se montrent disponibles. Ce moment est important pour les petits-enfants : on ne leur demande rien de difficile, il n’y a pas d’enjeux lourds. Ce sont seulement des périodes de légèreté qui les confortent dans une image positive d’eux-mêmes. En se sentant important aux yeux de ses grands-parents, l’enfant retrouve de la confiance en lui. Pour ce qui concerne la famille plus élargie – cousins, cousines, oncles, tantes… – nous avons tous en tête une image un peu mythique de la famille unie, qui s’entend bien. C’est ce que nous recherchons lorsque nous nous réunissons pour les vacances.

On apprend à mieux connaître les membres de sa famille, on cherche sa propre place. Ces vacances permettent de créer un sentiment de filiation, d’appartenance.

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Pourquoi ces périodes, a priori de détente, sont-elles parfois sources de conflits ?

C’est souvent quand les trois générations se retrouvent – grands-parents, parents, enfants – que cela se corse ! De prime abord, on a envie de se réunir, et on le fait la plupart du temps avec plaisir. Mais ce moment, censé effectivement être léger et détendu, est bien souvent propice aux règlements de compte et à la réémergence de contentieux. Tandis que l’on se rend compte qu’on avait idéalisé les retrouvailles, surgissent des souffrances anciennes, des manques et des attentes déçues de part et d’autre. Les différences entre les grandsparents et parents se font sentir, que ce soit dans la façon de vivre ou les visions éducatives. Au bout de quelques jours, cela peut exploser. Et si l’on ajoute les oncles et tantes, les rivalités de l’enfance ont également vite fait de resurgir. Sans parler des éventuelles tensions qui peuvent exister avec les compagnes ou compagnons, avec lesquels on se sent plus ou moins proche. Le temps des vacances est un moment où l’on s’observe beaucoup. Structurellement, des individualités s’affirment, personne n’a envie de renoncer à ses besoins, et il faut prendre sur soi.

Quelle attitude faut-il adopter pour apaiser les tensions et éviter d’aggraver ces conflits ?

Pour que ce moment de vacances partagé se déroule au mieux, il faut se montrer réaliste et s’interroger sur notre seuil de tolérance en termes de temps passé en famille. Mieux vaut privilégier la qualité que la quantité : il est préférable de ne prévoir que quelques jours de vacances avec sa famille si l’on sait qu’il nous sera difficile de supporter plus. Sagesse et philosophie sont les maîtresmots ! Prendre du recul, réintroduire de l’humour, ne pas participer aux tensions mais tenter au contraire de les apaiser : ces conseils, qui paraissent évidents, sont parfois difficiles à appliquer dans des contextes familiaux compliqués. Dans un second temps, on peut également travailler sur les contentieux que l’on a avec ses parents. Accepter sa famille telle qu’elle est demande un travail psychique approfondi et exigeant, mais libérateur.

Pourquoi est-il important de maintenir des liens avec sa famille élargie ?

Entre cousins et cousines, il y a souvent une proximité d’âge, ce qui leur permet de tisser des liens d’amitié. Il y a moins de rivalités et d’enjeux avec eux

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qu’avec ses frères et sœurs, et donc plus de complicité. Le cousin ou la cousine est d’abord un ami qui fait partie de la même famille. Un lien privilégié qui peut vraiment perdurer dans le temps. Le contexte des vacances et le fait de se voir moins souvent nous donnent également une meilleure considération de nos oncles et tantes et permettent des moments de complicité et de dialogue avec eux.

le temps. Ce n’est d’ailleurs pas nécessairement une maison, mais un lieu, quel qu’il soit, où l’on revient d’année en année en famille, et qui est un continuum dans notre histoire et dans notre identité. C’est aussi un endroit sécurisant, qui nous est cher et qui est un refuge pour notre inconscient.

Quel est le rôle de ces temps de vacances dans la création de l’histoire familiale ?

La famille, ce n’est pas seulement un passé. Chacun se sent acteur et porteur d’une responsabilité et d’un avenir. Il y a d’abord une transmission des valeurs, dans la représentation et le regard sur le monde (solidarité, respect, etc.). La transmission passe par le fait de découvrir les valeurs concrètes et réelles de la famille. La transmission passe également par des choses plus concrètes : regarder les albums de famille, cuisiner ensemble, partager des activités… Montrer aux enfants des objets anciens leur permet également de se situer sur l’échelle de l’histoire et de comprendre que tout n’était pas identique à ce qu’ils connaissent aujourd’hui. C’est ainsi que l’on crée le continuum. Il est important de donner aux enfants des éléments afin qu’ils puissent, eux-mêmes, tisser le récit de leur origine. l

Ce temps privilégié permet de créer des souvenirs, de construire l’histoire de la famille. Les grands-parents sont les témoins de l’histoire des parents. C’est l’occasion, pour les petitsenfants, de découvrir une autre image de leurs parents, de revisiter leur propre représentation. On apprend également à mieux connaître les membres de sa famille, on cherche sa propre place. Ces vacances permettent de créer un sentiment de filiation, d’appartenance.

Les maisons familiales sont-elles une tradition qui se perd ?

Non, les maisons familiales sont encore d’actualité. Dans une époque où les ruptures, les séparations se multiplient, elle est un point de repère fixe dans

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En quoi les vacances sontelles propices à la transmission entre générations ?

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La famille, ce n’est pas seulement un passé. Chacun se sent acteur et porteur d’une responsabilité et d’un avenir.

à lire...

Petits règlements de comptes en famille de Nicole Prieur, Albin Michel, 2009

On a beau dire qu’« en amour, on ne compte pas », les liens affectifs se tissent autour de dons, dettes, loyautés, difficiles à équilibrer entre ceux qui donnent beaucoup, ceux pour qui tout est dû, et ceux qui ne veulent rien devoir à personne. Comment, cependant, instituer plus de justice dans les relations ? Si les comptes familiaux sont inéluctables, ils sont également impossibles, car ce qui circule n’est pas quantifiable. Il s’agit d’affectif, de symbolique, de regards, d’attention, des données impalpables… et tout cela nourrit grassement les contentieux, les règlements de comptes interminables en cas de séparation ou succession. Nicole Prieur décode le fonctionnement de notre calculette inconsciente et décrypte le livre de compte familial, selon les tranches d’âge et les étapes de la vie. Mais elle démontre surtout qu’il n’est pas nécessaire d’avoir réglé ses comptes familiaux pour pouvoir devenir soi et s’accomplir.

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Le rôle des grands-parents pendant les vacances Dans les jeux de plage avec les petits-enfants, en randonnée dans les sentiers de montagne, dans les visites aux singes du zoo, ou aux dinosaures du musée, les grands-parents sont omniprésents et dévoilent leur nouveau visage. Devenus compagnons de loisirs et de jeux, ils sont là, disponibles pour leurs petits-enfants, surtout au cours des vacances scolaires, quand les parents sont au travail, ou bien partis de leur côté en vacances. Claudine ATTIAS-DONFUT Directrice de Recherches au Centre Edgar Morin, CNRS/EHESS

La génération pivot : préalablement qualifiée de « génération sandwich », de par sa position dans l’ordre généalogique entre d’un côté les vieux parents, donc la vie se prolonge, et de l’autre les enfants adultes et petits-enfants, cette génération a une fonction importante dans le fonctionnement des familles et un rôle de charnière dans l’ordre de la filiation.

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onfier ses enfants aux grands-parents pendant les vacances est une pratique quasi générale dans les familles françaises, ainsi que dans les nombreux pays qui ont vu s’affirmer la place centrale des grands-parents dans la famille. Les gestionnaires de centres de vacances l’ont bien compris, et ont su adapter des formules de vacances accueillant des retraités avec leurs petits-enfants, une nouveauté lancée depuis la fin du XXe siècle avec un certain succès. Il reste que la majorité des séjours associant les générations se passent dans les maisons de famille ou selon différentes formules de location. Quand elles se déroulent en l’absence des parents, ces vacances font partie de la gamme des aides inestimables que les grands-parents apportent à leurs enfants pour l’éducation des petits-enfants, notamment leur garde, qu’elle soit régulière ou occasionnelle.

Les nouveaux grands-parents, figures centrales de la famille

La nouveauté de la grandparentalité, devenue figure centrale de la famille, tient

Les grands-parents sont des points de repère essentiels pour permettre aux enfants de se construire une identité.

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autant aux bouleversements de la filiation, et de la famille plus généralement, traversée de multiples ruptures, qu’à des améliorations importantes des modes de vie, de la durée de vie ou de la qualité des relations intergénérationnelles dans la famille. Confier son enfant à sa mère est une action à double signification : si elle apparaît comme une demande de service, une aide, c’est aussi un cadeau, un don qui est fait à la grand-mère. On en veut pour preuve les rivalités classiques entre les lignées, maternelle et paternelle, pour recevoir les petits-enfants pendant les fêtes ou les vacances. Les grands-parents ont souvent un véritable rôle de pivot* de la famille et de la filiation, entre d’un côté leurs parents quand ils sont toujours présents et, de l’autre, leurs enfants et petitsenfants. La phase de vie au cours de laquelle on est grandparent peut couvrir la moitié de la durée totale de la vie. Son rôle évolue fortement avec le vieillissement et aussi avec l’âge des petits-enfants. Les arrière-grands-parents peuvent être d’actifs contributeurs dans les échanges intrafamiliaux. Cette bonne forme n’est pas étonnante, avec l’amélioration de l’état de santé et alors qu’on accède au titre de bisaïeul à des âges variables, le plus souvent en étant septuagénaire. Si ces bisaïeux sont davantage per-

çus comme des symboles que comme des acteurs de la vie familiale, c’est sans doute en raison de l’ombre portée par les grands-parents, qui ont pris la relève, mais qui vont les soutenir en cas de besoin. Les tendances macrosociales qui redéfinissent les contours de la grand-parentalité – vieillissement de la population, avènement de l’État-providence, développement du travail féminin, augmentation des divorces, aspiration à l’autonomie des générations… – sont, à des degrés divers, communes aux sociétés modernes et en particulier aux sociétés européennes. Aussi, la nouvelle figure grandparentale est-elle généralisée à l’Europe, au-delà des spécificités nationales. Parler de la grand-parentalité, c’est aborder les liaisons entre la famille et le travail des femmes, les moyens de garde des jeunes enfants, donc des problèmes au cœur de la société. Comme l’avaient bien montré les féministes des années 1960, le privé est public et politique.

Une inscription dans l’histoire familiale

Les vacances sont des moments privilégiés, une source de bénéfices affectifs et éducatifs, qui vont marquer les rapports entre générations et leur devenir. Il faut rappeler pour cela ce que représentent les grandsparents. Ils sont à la fois une

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figure d’autorité et des compagnons de jeux, voire des complices, avec lesquels les enfants se sentent en sécurité et plus libres qu’avec leurs parents. En effet, ces derniers sont, aujourd’hui plus qu’autrefois, éducateurs en premier de leur progéniture, qu’ils confient bien plus rarement à élever à leurs parents ou à d’autres membres de la famille. Mais les grandsparents, tout en ayant un rôle second dans l’éducation, sont généralement plus présents qu’autrefois auprès de l’ensemble des petits-enfants, dans une fonction capitale de soutien affectif, moral et pratique (et souvent financier). Plus fondamentalement, les grands-parents sont chargés de symboles. Leur seule présence indique aux petitsenfants qu’ils s’inscrivent, avec leurs parents, dans une succession de générations. Dépositaires de l’histoire de la famille, les aïeux témoignent du temps passé, remontant aux origines. Ils permettent aussi d’ancrer les représentations de l’enfant dans l’espace, de dire d’où vient la famille, de quelle région, de quel pays. Ils sont des points de repère essentiels pour permettre aux enfants de se construire une identité. Les vacances rassemblent souvent la famille élargie et permettent la rencontre avec les cousins, renforçant le sentiment d’appartenance à un « nous ». Les grands-parents sont en effet un facteur d’équilibre. Présences rassurantes, garants des liens affectifs, chargés de liens symboliques d’ordre existentiel, représentants de l’histoire familiale et de la profondeur généalogique, ils offrent de solides appuis identitaires qui vont bien au-delà de la relation elle-même. C’est toute la force de ces liens qui se perpétuent même quand la communication a des difficultés à s’établir.

Trouver le juste équilibre

On observe d’ailleurs que les conflits sont bien plus rares entre générations qu’on appelle « alternes » (entre grands-

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parents et petits-enfants), qu’entre générations proches, entre parents et enfants. C’est pourquoi les grands-parents peuvent parfois jouer un rôle de médiation entre leurs enfants et petits-enfants quand il y a des tensions entre eux, notamment à l’adolescence, mais à condition de garder discrétion et neutralité. Et quand les vacances rassemblent les trois générations, les risques de tensions augmentent, surtout si les grands-parents interfèrent dans l’éducation que leurs enfants donnent aux petits-enfants. Le désaccord sur les modes d’éducation est une source inépuisable de conflits. La règle d’or que doivent suivre les grandsparents est de se taire, de reconnaître ainsi à leurs enfants le statut de parents, de respecter leur autonomie et de trouver la mythique « bonne distance ».

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communs. On peut observer les expressions d’ennui de certains adolescents qui suivent à contrecœur des grands-parents s’efforçant de leur faire partager leur admiration pour des monuments historiques ou des expositions artistiques. Leurs efforts pour les initier à la grande culture semblent les laisser de marbre. Ils préfèrent alors rester cantonnés à la maison avec leur smartphone, et n’en sortir que s’ils peuvent retrouver des camarades de leur âge. D’où l’intérêt de rassembler les cousins ou des amis qui viennent passer les vacances ensemble.

Transmettre un savoir et des passions

Il reste à organiser et gérer au mieux les vacances pour satisfaire toutes les générations, ce qui ce qui demande un certain talent. Et tout d’abord éviter que les enfants s’ennuient. Les programmes des vacances doivent bien entendu s’adapter aux différents âges, de la petite enfance à l’adolescence. C’est tout un art d’être à leur écoute, le plus disponible possible. Beaucoup de grands-pères et grands-mères ont rêvé, avant leur naissance, d’avoir des petits-enfants et de leur transmettre leur goût pour la nature ou les animaux, leur intérêt pour la lecture ou la musique, leur plaisir de faire du bricolage ou du jardinage, ou de raconter des histoires… Vivre ensemble pendant les vacances est l’occasion privilégiée de réaliser ces aspirations, de se replonger dans le monde de l’enfance, comme c’est l’occasion de découvertes variées pour les enfants. Il faut cependant bien profiter de leur réceptivité au cours de l’enfance, car à l’adolescence, il devient plus difficile de trouver des intérêts

Confier son enfant à sa mère est une action à double signification : si elle apparaît comme une demande de service, une aide, c’est aussi un cadeau, un don qui est fait à la grand-mère. Au-delà de la grande diversité des situations familiales, des âges et des figures grandparentales, les grands-parents remplissent une fonction essentielle de garants de la continuité familiale. On peut affirmer que c’est sur leur présence active et solidaire que repose principalement le constat du maintien de la vivacité des formes familiales et de la vitalité des liens de parenté, à travers et malgré les profonds bouleversements qui les ont transformés au cours de ces dernières décennies. l

à lire... Grands Parents C.Attias-Donfut et M.Segalen, paru aux éditions Odile Jacob, en Poche en 2014.

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Éduquer en vacances ? Le temps des vacances... Si, pour de nombreux parents, cela rime avec un moment privilégié en famille, pour d’autres, c’est plus soucieux : comment cela va-t-il se passer, les enfants vont-ils être satisfaits, que doit-on faire pour que tout aille pour le mieux ?

Didier PLEUX Psychologue clinicien

Il est souhaitable que ces mois d’été soient une période où votre enfant va vivre de nouvelles expériences.

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l s’agit bien de « vacances », d’un moment de vie différent des autres mois de l’année, mais doit-on pour autant quitter notre fonction parentale ? Certains vous diront que l’idéal est de vivre de manière totalement différente, de changer les habitudes et qu’il est important de montrer un autre visage, une autre façon d’être à sa progéniture. D’autres vous conseilleront de ne pas baisser la garde et de ne rien « lâcher » côté exigences et routines de vie, au risque d’une rentrée catastrophique. Comme le plus souvent, la sagesse pourrait bien être de savoir proposer une sorte de compromis : vivre des vacances sans être pour autant en vacance de tout.

Trouver l’équilibre entre désir et réalité

J’ai toujours pensé, et mes livres sur l’éducation en témoignent, que l’enfant, tout comme l’adulte, n’est heureux que s’il sait harmoniser ses « désirs » avec les « réalités ». Lorsque le déséquilibre est grand, l’être humain devient très vulnérable et tout aléa de vie devient vite insupportable. Tout cela est bien sûr majoré chez nos enfants, puisqu’ils sont plus vulnérables que nous. La permissivité éducative, lorsqu’elle se traduit par des carences éducatives, engendre des attitudes de « petits rois », avec leur cortège de dysfonctionnements : refus de toute contrainte, de tout effort, quête incessante de plaisir immédiat, chosification d’autrui qui n’est là que pour le bon plaisir d’un ego devenu tout puissant... Mes hypothèses ont été malheu-

reusement incomprises, et de mauvaises interprétations me prêtent un souci de « retour aux bonne vieilles méthodes », aux blouses grises, bref, à l’autoritarisme parental. Non, l’autorité « en amont » n’a rien à voir avec la répression, et les quelques conseils qui vont suivre sur la gestion des vacances avec nos enfants veulent illustrer cette volonté de compromis entre donner du plaisir à son enfant et ne pas lui faire quitter le réel pour autant. Il est possible d’appréhender le temps des vacances avec ses enfants ni de façon laxiste, ni de façon « autoritariste » !

Savoir lâcher prise tout en restant exigeant

Alors, parlons « plaisir » avant tout ! L’être humain a besoin de vivre des moments de satisfaction intense et ce n’est pas en vacances qu’il faut déroger à cette loi. Il n’est pas question que ces moments de partage avec votre enfant soient synonymes de « rééducation d’été » ! Il est donc souhaitable, dans un premier temps, que ces mois d’été soient aussi une période où votre enfant va vivre de nouvelles expériences et son autonomie doit être, bien sûr, favorisée. Peut-on lui laisser prendre certaines initiatives qui ne sont pas toujours possibles au quotidien, quand la scolarité ou les occupations professionnelles parentales ne laissent pas trop de libertés ? Choisir tel ou tel menu de repas, initier telle ou telle activité et vivre seul certains loisirs s’il est adolescent ? Ainsi, les vacances deviennent pour lui une expérience de vie où tout

n’est pas régenté, dicté, décidé, désiré par les parents, et cela est bon pour sa propre estime et sa confiance en soi. De plus, ce nouveau vécu change la perception parfois trop réductrice que les enfants ont de leurs parents, tant ces derniers peuvent paraître distants, parfois difficiles ou conflictuels et peu amènes du fait d’occupations quotidiennes quelquefois trop stressantes. Mais, attention, ne succombons pas au « tout et son contraire » ! La tentation est parfois très grande de laisser notre enfant décider d’un maximum de choses et d’oublier les exigences que nous avions tout au long de l’année. S’il est utile d’être, par exemple, plus souple sur les horaires et certains loisirs, il n’est pas opportun de lui faire vivre une vie complètement à l’opposé de celle de l’année dite scolaire. C’est pourquoi je conseille toujours de mettre le curseur au milieu : savoir lâcher prise tout en restant exigeant sur les « fondamentaux » de vos règles éducatives. Oui, il est recommandé qu’un enfant prenne l’initiative d’un dîner à condition qu’il participe au maximum à tout ce qui est contraignant : achats, préparation du repas, etc. Oui, il est justifié de ne pas garder certaines routines au niveau des horaires, à condition de refixer des limites pour l’heure du coucher ou du lever. Si votre enfant a une petite tendance à « l’intolérance aux frustrations », il faudra être très prudent : en effet, il risque bien de comprendre le nouveau mode de vie « vacances » comme celui

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qu’il voudra désormais vivre au quotidien le reste de l’année ! Un autre conseil : il sera bon de toujours rééquilibrer une nouvelle liberté avec de nouvelles exigences pour qu’il augmente son « seuil de tolérance aux frustrations ». Il n’aime pas trop les randonnées et vous adorez cela, il refuse les visites de tels ou tels lieux, il ne réclame que des activités « Club Med », tenez bon ! L’enfant doit aussi apprendre, même en vacances, que le parent existe, qu’il a ses goûts, qu’il veut proposer, partager, transmettre, et qu’il n’est pas qu’une chose qui lui apporte constamment une réponse à ses propres désirs. Combien de parents veulent faire plaisir en changeant tel ou tel programme de vacances car ils craignent d’imposer une activité qui déplaît à l’enfant ? Faire avec, partager avec ses parents, tenir compte de leur culture et de leurs choix est aussi une réalité très structurante pour l’enfant et même pour... l’adolescent, qui, contrairement à la légende psy, veut des adultes qui existent et non des punching-balls passifs et à leur solde.

Et si on changeait quelques mauvaises habitudes ?

Chez notre enfant, il existe bien d’autres réalités qu’il ne faut pas oublier !

Sa réalité scolaire : s’il a vécu une année difficile, il est conseillé de ne pas trop oublier que la trêve sera de courte durée. S’il est bon de retrouver une bulle d’oxygène en vacances, pour certains enfants, il est tout aussi souhaitable de garder un certain rythme d’apprentissage : ainsi, il est bénéfique d’accorder un temps régulier pour rattraper telle ou telle matière enseignée, de combler certaines carences avant la reprise des cours. Les fameux cahiers de devoirs de vacances peuvent être utiles. Si, par ailleurs, notre enfant a beaucoup de mal avec les règles du quotidien, ne transformons pas la période d’été en « no man’s land » côté exigences : demandons-lui certaines routines quotidiennes pour aider aux tâches ménagères, soyons prudents à ne pas trop « lâcher prise » avec les horaires de coucher, de repas, etc. Certains enfants prennent malheureusement pour acquis définitifs certaines des permissivités parentales pourtant justifiées en temps de vacances. Quant aux plus fragiles, n’hésitez pas à supprimer certains loisirs comme les longues heures passées devant les écrans pour entamer une sorte de désintoxication si les habitudes sont quelque peu addictives. Favorisez le sport chez un tempérament passif, stimulez

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la lecture chez celui qui quémande du « faire », initiez des loisirs collectifs chez celui qui s’isole, créez de l’ennui pour l’hyperactif... Prendre en fait le contrepied de mauvaises habitudes prises dans l’année. Certes, il n’est pas question, je le répète, de transformer vos vacances en un camp de rééducation, tout le monde doit trouver un second souffle et se voir vivre différemment à cette période. Mais, il nous appartient de ne pas tout oublier de la réalité (Je me souviens de l’expression du jeune Julien, 14 ans, que je voyais en consultation à la rentrée : « Maintenant c’est le retour au bagne, la vraie vie, c’était cet été... »), et d’en profiter pour aborder certains sujets qui fâchent, de passer de nouveaux « contrats », de générer de nouveaux défis pour appréhender la nouvelle année : faire le point sur tout ce qui va bien et tout ce qui doit être travaillé pour ne pas retomber dans les mêmes impasses. Les vacances, si elles se doivent d’être un moment de vie différent, ne peuvent nous éviter, à nous les parents, d’éduquer... Ce qui signifie de tenter ce savoirfaire entre « plaisirs et réalités », et pour tout dire de faire vivre l’incontournable « Amour et... frustrations » ! l

Il est possible d’appréhender le temps des vacances avec ses enfants ni de façon laxiste, ni de façon « autoritariste » !

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à lire... Développer le self-control de son enfant de Didier Pleux, éditions Odile Jacob (2016) L’éducation positive nous a proposé de bons conseils pour écouter, respecter, épanouir nos enfants. Mais il est encore très difficile de faire accepter l’effort, les partages, les contraintes, les interdits... les frustrations ! Ce livre vous aidera à donner des limites à votre enfant. La tolérance aux frustrations peut s’apprendre progressivement, assez tôt. Cette capacité à accepter les premières contraintes s’appelle la maîtrise de soi ou le « self-control ». Elle l’aidera à bien grandir.

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Temps des vacances et questions de rythmes Le temps des vacances, des « petites » ou « grandes vacances », constitue un moment attendu par les enfants et par les familles, dans les temps de la famille. Nul doute que ces moments privilégiés peuvent permettre de « revisiter » certaines données et recommandations établies par les chercheurs en chronobiologie* et en chronopsychologie*. Nadine LE FLOC’H Maître de conférences en psychologie à l’Université de Tours, équipe de recherche EA 2114 « Psychologie des âges de la vie », et membre de l’ORTEJ (Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes)

Chronobiologie : n. f. – de chrono- et biologie. Étude des rythmes biologiques, des phénomènes cycliques chez les êtres vivants. Chronopsychologie : n. f. – de chrono- et psychologie. Étude des rythmes comportementaux.

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arce que la vie sociale le nécessite, le temps de chacun, pour une majeure partie de l’année, c’est aussi l’ajustement avec le temps des autres. Paul Fraisse, le père de la chronopsychologie, soumettait une double proposition dès 1967. Il affirmait la nécessité de comprendre « comment l’Homme réagit à la situation qui lui est faite de vivre dans le changement », ce qui invitait à connaître les rythmes propres de chacun. Il ajoutait cependant que cette exigence fondamentale d’adaptation répondait à un projet, celui de pouvoir être et devenir un individu social. La famille, premier milieu de vie de l’enfant, détient ici une place de premier plan dans ce projet1. Ainsi, éduquer, c’est parfois apprendre à attendre, c’est initier à des temps partagés et ritualisés. La famille comme donneur de temps serait donc investie de cette double fonction de donneur, de gardien des rythmes de l’enfant mais aussi de vecteur de socialisation. C’est en gardant à l’esprit cette double perspective, « connaître et respecter les rythmes propres » et « s’adapter pour se socialiser », que les apports spécifiques des temps de vacances libérés d’une partie des obligations sociales habituelles peuvent être interrogés.

Entre « lâcher-prise » et contraintes…

Pendant les vacances, faut-il laisser les enfants se lever plus tard, se coucher plus tard, dormir dans la journée ? Naturellement, lâcher prise avec les contraintes horaires est une des fonctions des vacances. Pour les enfants, l’organisme doit pouvoir « oublier le rythme des horaires scolaires » et retrouver ses droits. Un enfant ou un adolescent (comme un adulte) ajuste ainsi son rythme veille/ sommeil sur une durée de deux à quatre jours, voire pour certains, sur une semaine. Le premier apport attendu des vacances, c’est de permettre à chacun d’oublier le réveil du matin contraint. L’enfant doit pouvoir satisfaire ses besoins en sommeil et en détente. Le fait de se reposer et de dormir, y compris de faire la sieste, vont être des moyens de « récupérer », de retrouver le bon tempo. L’enfant ne diffère pas ici de l’adulte. Les vacances ne doivent pas pour autant être le lieu d’une désynchronisation majeure qui échappe au contrôle attentif de la famille. Des couchers tardifs systématiques et des levers différés ne sont pas souhaitables, en particulier pour les petits. Les vacances sont aussi l’occasion de mettre en pratique un élément clé pour la préservation des rythmes de l’enfant, la régularité et la prévisibilité des horaires. Donner des repères,

structurer, y compris temporellement, c’est permettre à l’enfant ou à l’adolescent d’investir sereinement de nouveaux espaces de développement.

Vacances en famille et rythmes propres

Que chacun retrouve le message de son horloge interne, indiquant par exemple, en matière de sommeil, que le bon compte y est, voilà une des fonctions assignées aux vacances. Le nouveau rythme « ajusté » sur le temps des vacances, récupérateur, c’est aussi celui d’un sommeil naturel, sans coucher tardif et sans réveil provoqué. Différents travaux récents indiquent une perte de repères importante dans de nombreuses familles sur le « bon compte de sommeil » de l’enfant autant que sur les fonctions et propriétés du sommeil (Clarisse & Le Floc’h, 2008). Les vacances apportent à l’enfant comme aux parents l’opportunité, dans un temps sans contraintes, de repérer et d’apprendre les besoins différenciés de chacun. Enfin, rappelons que si les rythmicités biologiques et psychologiques diffèrent selon les individus et selon le stade de leur développement, en revanche, aucun organisme n’échappe à ce besoin de récupération ; qu’il prenne la forme d’une sieste, de moments d’évasion et/ou d’inactivité, de temps calme. Le temps du repos et de la rêverie

1/ « Par l’éducation, les enfants n’apprennent-ils pas essentiellement à rythmer le cycle de leurs occupations et de leurs désirs d’après le rythme des adultes ? Les premiers, les parents fixent le temps du lever, du coucher, des repas, des jeux et du travail. […] Attentes et précipitations, ces deux formes de l’adaptation, sont multipliées, exacerbées par la vie sociale. Se soumettre au temps signifie pratiquement accepter le temps des autres ». Paul Fraisse, 1967.

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est nécessaire et structurant. Mais que dire des adolescents qui veillent tard et se lèvent à midi ? Au-delà des conseils, il faut fixer avec eux des règles et veiller à leur respect, en particulier sur les horaires de coucher. C’est en premier lieu ce qui permet de ne pas avoir des rythmes de vie totalement inversés avec eux. La rencontre et le partage de moments communs restent souhaitables. Et pour l’adolescent qui dort tard, dans un premier temps des vacances, gardons à l’esprit que c’est une étape de récupération, tout à fait prévisible et même souhaitable pour les jeunes qui en ont besoin. Durant l’année scolaire, les experts le soulignent régulièrement, l’adolescent vit en privation de sommeil. Les modifications physiologiques qu’il vit ne sont pas compensées par une possibilité de sommeil en plus grande quantité. Cependant, si le jeune, durant toutes ses vacances, vit à ce rythme (à ce contre-rythme), cela doit interroger en particulier sur les horaires tardifs du coucher, mais aussi sur la part préservée à la socialisation familiale.

Vacances et « niche écologique-famille », un capital ressources pour les rythmes

Les vacances sont l’occasion pour la famille de se retrouver sur des rythmes de vie différents de ceux du reste de l’année. C’est l’occasion de moments d’attention, d’écoute réciproque, de partage d’activités communes, de découverte et de retrouvailles entre générations. Urie Bronfenbrenner (1989) rappelle la place majeure de la famille dans le développement de l’enfant. Premier milieu de vie tant dans son histoire chronologique que dans l’empreinte durable qu’elle sera pour lui, la qualité « sécure » de ce milieu de vie participe au calibrage des rythmes biologiques et psychologiques (Montagner, 2009 ; Le Floc’h & Clarisse, 2009 ; Le Floc’h, Clarisse & Testu, 2014). Le moment privilégié des vacances va participer ainsi

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Le temps du repos et de la rêverie est nécessaire et structurant.

de manière non négligeable à constituer et dynamiser ce capital affectif où puiser des ressources. Pour autant, le rythme des activités, sans obligation de « marathon », devrait aussi permettre à chacun d’alterner moments à soi et moments partagés.

Pause méridienne et repas en famille, entre rythmes et temps éducatifs

Est-il utile de rappeler que la pause méridienne durant les vacances, comme durant le reste de l’année, désigne un moment particulièrement sensible en matière de rythme journalier. Il correspond à une période de moindre efficience de l’organisme et, contrairement aux idées reçues, cette fragilité de milieu de journée n’est pas strictement liée à l’attente ou à l’effet de la prise alimentaire. L’organisation de la pause méridienne n’est pas à négliger, y compris en vacances. Temps calme, loin de l’agitation et des tensions, qui permettra à chacun de profiter dans de bonnes conditions de la suite de la journée. La qualité de l’ajustement entre rythmes propres et rythmes sociaux concerne aussi les temps de repas. Les vacances offrent des moments privilégiés pour les petits et les grands, non seulement pour bien se nourrir, mais aussi pour prendre le temps de

partager autour du repas, des goûts et de la contribution de chacun à ce moment social. Comme évoqué précédemment, la possibilité d’une sieste pour les plus jeunes ou d’un temps de repos et de la détente sur ce temps méridien est un des ingrédients à respecter, quitte à différencier le repas des petits et des grands. Réaffirmons ici qu’une bonne sieste n’empêche pas de dormir le soir, bien au contraire. Les vacances sont un bon moment pour le redécouvrir.

Mais… combien de jours faudra-t-il pour se préparer à la rentrée scolaire ?

De la même manière qu’il faudra environ quatre jours à une semaine pour oublier le rythme de l’école et profiter pleinement des vacances, pour la reprise, une resynchronisation progressive au rythme de l’école, du collège ou du lycée est souhaitable. Très concrètement, cela veut dire que dans la semaine qui précède la rentrée, la famille peut progressivement replacer l’enfant et le jeune dans les conditions horaires qu’il va retrouver (coucher et lever). Il faut l’aider à « oublier les vacances » et à redevenir disponible aux apprentissages scolaires en attendant… les prochaines vacances. l

RÉFÉRENCES

Bronfenbrenner, U. (1989). Ecological systems theory. In R. Vasta (Dir.), Six theories of child development : revised formulations and current issues, Greenwich, Conn. : JAI Press, 185-246. Clarisse, R., & Le Floc’h, N. (2008). Analyses des idées reçues et des controverses relatives au sommeil de l’enfant et de l’adolescent. In F. Testu (Ed.), Rythmes de vie et rythmes scolaires. Paris : Masson, 20-32. Le Floc’h, N., Clarisse, R., & Testu, F. (2014). Rythmicités de l’attention des enfants et synchronisation, perspective socioécologique. Psychologie Française, 59 (2), 111-126. Le Floc’h, N. Clarisse, R., Testu, F. (2009). Ajustement rôle parental et rôle professionnel, un synchroniseur externe des rythmes attentionnels de l’enfant, Pratiques psychologiques, 15, 173-189 Montagner, H. (2009). Les rythmes majeurs de l’enfant. Informations Sociales, 153, 14–20.

Une bonne sieste n’empêche pas de dormir le soir, bien au contraire !

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

FOCUS AQUITAIN SUR LE DISPOSITIF SAC’ADOS

Partir en vacances sans les parents au comment appréhender la vie d’adulte Luc GREFFIER Maître de conférences en géographie à L’IUT Université BordeauxMontaigne, UMR Passage n°5319 du CNRS Elodie BRISSET Responsable études et recherche de l’Association VACANCES OUVERTES

Le départ en vacances, devenu en quelques décennies un fait social partagé par une grande partie de la population française1, reste pour d’autres une réalité inaccessible.

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’est dans la perspective de lutter contre cette forme de discrimination sociale que l’association Vacances Ouvertes a créé en 1992 le dispositif Sac’Ados qui, prenant appui sur des professionnels jeunesse de structures locales partenaires, mobilise une nouvelle approche de l’accompagnement au départ en vacances des jeunes âgés de 16 à 25 ans. D’un point de vue opérationnel, le dispositif propose à ses partenaires un ensemble modulable d’outils sous forme de packs comprenant : • pour les structures opératrices, des supports méthodologiques d’aide à la conception et au montage de projets ainsi que des modules de formation ; • pour les jeunes, un sac de voyage individuel comprenant notamment une bourse d’aide au départ d’un montant minimum de 130 E pour les projets en France et allant jusqu’à 250 E pour les projets en Europe.

Zoom sur l’opération en Aquitaine

En région Aquitaine2, le dispositif s’inscrit depuis 2006 dans le cadre de la politique sociale du tourisme du Conseil régional. Son objectif à l’égard des jeunes est double :

•p ermettre l’accès des 16-22 ans aux vacances autonomes en France et, depuis 2014, des 18 à 25 ans à un premier départ en Europe ; • f avoriser l’apprentissage de l’autonomie, la mobilité et la responsabilité dans le cadre d’un projet de vacances par un accompagnement éducatif et une contribution financière directe. Dans tous les cas, les jeunes ciblés par le dispositif sont ceux qui ne pourraient pas partir en vacances autonomes sans un accompagnement méthodologique d’une des structures socioéducatives partenaires et/ ou sans un soutien financier du Conseil régional3. Entre 2006 et 2015, plus de 3 000 jeunes aquitains sont partis en vacances dans le cadre de 743 projets accompagnés.

Les motivations des jeunes Parmi les motivations au départ évoquées par les jeunes bénéficiaires de Sac’Ados, le temps vacancier est très régulièrement décrit comme un temps d’expérimentation et en particulier d’apprentissage de l’autonomie au sens de « se débrouiller seul » pour « des premières vacances sans les parents »4. Cet apprentissage est concomitant avec une séparation, une rupture

avec le quotidien et le contexte familial. Cette notion de rupture qui est souvent perçue négativement, comme une perte, un abandon (rupture scolaire ou familiale ; dernière les mots on sent la crise qui couve ou qui est parvenue), est ici mobilisée pour traduire une tout autre dimension. • « Nous choisissons de partir sans nos parents afin de voir comment nous arrivons à nous gérer à la fois individuellement et en équipe. » • « C’est la première fois que nous allons passer des vacances sans parent ou sans encadrant d’une structure extérieure. C’est une occasion de développer notre sens des responsabilités. »

Un premier départ « sans les parents »

La séparation est en effet exprimée de façon dynamique, « être sans » c’est aussi « être soi », c’est moins « être abandonné » qu’être « accompagné à distance ». En absence de la présence familiale, le « holding et containing » selon la terminologie de Donald W. Winnicot (1957) sont ici assurés d’abord par le processus d’accompagnement et les animateurs mobilisés par les structures partenaires, puis par le groupe lui-même ou le partenaire de voyage.

1/ (66,3% des français âgés de 15 ans et plus sont partis en voyage pour motif personnel au moins une fois dans l’année en 2014 - enquête SDT, mémento du tourisme 2015) 2/ Avant la fusion de la grande Région et la création de la Nouvelle Aquitaine. 3/ Ce soutien financier est effectif grâce à un engagement de la région évalué autour de 120 K€ annuels pour accompagner 400 départs : 300 départs en France ; 100 départs en Europe. 4/ Les citations « en italiques » sont extraites des entretiens réalisés avec les jeunes ou leurs parents et des comptes rendus d’expériences mis en lignes par les jeunes sur la page Facebook « Sac Ados Aquitaine ».

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Mais ce départ « sans les parents » n’est pas acquis pour certains jeunes qui ont bien conscience des enjeux (de persuasion, de mise en confiance ?) auxquels ils peuvent être confrontés. • « Selon les familles, il faut commencer à en parler mais délicatement (…) on a dû ménager nos parents, c’est pas évident de laisser partir son enfant en autonomie, mais au final, quand ils ont bien compris le projet et qu’on était motivés, ils ont donné leur accord. » • « Nous avons organisé un repas avec tous nos parents pour les rassurer sur l’organisation et leur permettre de se rencontrer pour discuter du projet, leur dire que nous étions prêts ». Pour d’autres, l’accord familial apparaît comme une évidence : « chacune en a parlé à ses parents, évidemment ils étaient d’accord et même enthousiastes qu’on prépare nos vacances nous-mêmes ». Ici, se joue une tension entre, d’une part, la question de la « séparation familiale » (la dimension ‘premier départ autonome’ est essentielle au sens où elle participe au transfert progressif des besoins d’attachement sur les pairs, tout en permettant aux jeunes individus de passer de relations asymé-

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triques, où l’enfant reçoit l’attention d’une figure parentale protectrice, à des relations réciproques, dans lesquelles chacun offre et reçoit un soutien) et, d’autre part, la démonstration, aux proches et à soi-même, de sa propre capacité d’autonomie. Les dynamiques d’apprentissage évoquées font référence d’une part à la liberté acquise mais qu’il faut assumer... • « Au final, nous retiendrons de ces vacances : liberté, bonne humeur, joie et nouvelles expériences ! » ; … Tout autant qu’à la capacité d’adaptation aux petits soucis du quotidien, qui même s’ils sont parfois qualifiés de « galères », sont très souvent incorporés comme des expériences constitutives de l’autonomie et d’incarnation de l’histoire commune : • « Et là première galère : le bus qui devait nous amener à Lourdes nous refuse à cause du chien, même si on avait un billet chien » ; • « A l’arrivée dans l’aéroport, un passager de notre vol a échangé sa valise avec la nôtre. Petite crise de panique, nous avons quand même récupéré sa valise qu’il avait oubliée. Grâce à son numéro inscrit dessus, nous avons ensuite réussi à le joindre et se retrouver ».

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Pour certains, le voyage est également pensé comme une véritable mise à l’épreuve personnelle, un espace transitionnel vers la vie d’adulte, par le renforcement de la confiance en soi et ses capacités : • « Ce voyage m’a prouvé que je suis capable de me débrouiller seul, à des milliers de kilomètres de chez moi dans une langue et culture étrangère » ; • « Nous avons choisi de partir en autonomie et en groupe afin d’avoir un avant-goût de la vie adulte, une vie indépendante » ; • « Être maîtres de nos premières vacances en autonomie, sans adulte référent. Ainsi, nous pouvons faire nos propres choix de l’élaboration du projet (choix de la destination, du transport, du logement, etc.) jusqu’à son vécu. Ce qui implique une totale responsabilité lors du séjour face aux difficultés possibles. C’est important pour nous, à l’âge de la majorité, de nous sentir capables d’agir seules et ainsi indépendantes pour notre vie future ». • « Je suis ravie d’avoir pu réaliser ce projet, de l’avoir construit et mis en pratique et d’avoir réussi des choses dont je ne me croyais absolument pas capable. » Lorsqu’on demande aux jeunes comment cela se passe avec les

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parents, ils font le plus souvent référence à leur mère. C’est à elle que les jeunes semblent présenter leur projet en premier lieu : • « J’étais mineure à ce moment-là, ma mère a directement refusé ». Mais le premier refus n’est pas nécessairement définitif, et c’est avec elle également qu’ils le négocient si besoin : • « En fait, je lui en ai parlé. Je lui ai dit : oui, mais on va quand même organiser. On n’est pas lâchées comme ça dans la nature. On trouvera un hébergement. Et donc, au fur et à mesure, quand je lui montrais, on va aller là, on va faire ci, on lui montrait des photos, bon finalement, elle a accepté ».

Partir en groupe

Cet espace de vacances autonomes se veut aussi lieu privilégié de frottement à l’altérité, où les relations amicales mises à l’épreuve de la quotidienneté favorisent la saillance des singularités, pour mieux se poser soi et poser l’autre, et mettre au jour le fait que l’affiliation amicale n’implique pas l’uniformité identitaire. • « Cela m’a permis de voir que même dans un groupe d’amis, nous sommes tous différents et que parfois il faut savoir s’adapter et faire des compromis pour le bon déroulement du projet » ; • « On apprends beaucoup sur les personnes avec qui on part et cela nous permet de nous découvrir nous-mêmes. »

Laisser partir son enfant pour qu’il grandisse

Du côté des parents, si l’idée de départ est plus ou moins bien reçue, la capacité d’argumentation des jeunes est souvent mise à l’épreuve : • « Il a fallu qu’elle argumente, on autorise les choses à condition que ce ne soit pas irresponsable, que tout soit réfléchi, prévu, et à partir du moment où c’est clairement argumenté, où c’est cohérent, ficelé, monté, on accepte ».

Dans d’autres cas, le projet est présenté aux parents en présence du professionnel référent, dans la structure d’accompagnement, un lieu rassurant : • « On a approuvé quasi immédiatement, on lui a fait confiance. L’appréhension est venue du fait de la vie tout simplement, il peut arriver n’importe quoi mais après… Notre rôle de parents c’est aussi d’amener nos enfants à vivre des expériences pour leur permettre d’être des personnes ». Face à la demande de départ en vacances autonomes de leur enfant, deux sentiments contradictoires semblent revenir dans les propos des parents. D’abord celui d’une prise de conscience autour du fait que leur enfant ait grandi… • « Ouh là là, ça y est-elle est prête, elle nous lâche ». … et ensuite la perplexité face à cet enfant que l’on espère, puis rapidement se convainc, être suffisamment grand pour partir tout seul, sans risque : • « En réfléchissant un petit peu, on se dit qu’il va bien falloir que cela commence un jour donc, nous ados on n’a pas fait de bêtise démesurée, tout s’est bien passé jusque-là, on finit par plier et accepter ». Cette acceptation, cette prise de risque éducative n’est pas sans effet chez les jeunes : • « Ces vacances ont fait grandir ma fille, elle s’est rendue compte que ce n’était pas si évident d’acquérir son autonomie. Il faut travailler pour financer son séjour, il faut s’investir dans l’élaboration du projet pour recevoir la bourse,

elle s’est rendue compte qu’on n’avait pas tout sans effort, que la vie en commun n’était pas évidente, il faut composer avec le caractère de chacun, il faut gérer tout le matériel, faire les courses, faire la vaisselle, faire un peu de lessive, etc. Tout un tas de choses de la vie courante ont été concrétisées par cette petite semaine de vacances ». Ainsi le dispositif Sac’Ados offre un cadre éducatif expérimental unique qui permet tant aux jeunes qu’à leurs parents de s’éprouver dans le processus d’autonomisation du sujet, un micro espace transitionnel entre la vie d’enfant et celle d’adulte. • « Le dispositif est un tremplin, ils y sont allés, d’autres les ont précédés, d’autres vont les suivre, c’est une chaîne. C’est important, les parents ont besoin d’un support, cela nous paraît très structuré même si en fait ils ont été libres de leurs mouvements ». Et si comme le dit le psychiatre Serge Hefez5 « c’est le plus souvent à l’occasion des vacances qu’une famille se sent être une famille, qu’elle se reconnaît comme famille, qu’elle se fabrique », ce processus de construction identitaire peut aussi pour certains parents s’envisager dans le fait de laisser partir son enfant en autonomie, de lui reconnaître la capacité à le faire, et en retour, de recevoir de cet enfant toute la reconnaissance de la confiance accordée. Sac’Ados est à ce titre un dispositif remarquable d’accompagnement des jeunes vers leur vie d’adulte. l

Association VACANCES OUVERTES Bâtiment le Méliès - 261 rue de Pari 93100 Montreuil Tél : 01 49 72 50 33 www.vacances-ouvertes.asso.fr

5/ « Les vacances en famille, (re)composition française », hors-série vacances, été 2016.

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Parents divorcés ou séparés : comment répartir le temps de vacances ? Même si les décisions de justice s’efforcent toujours de prévoir un cadre qui s’appliquera pour les parents séparés ou divorcés à défaut d’être parvenu à un meilleur accord, il demeure compliqué, en pratique, de déterminer l’agenda des vacances scolaires de leurs enfants.

A

u-delà de la difficulté du maintien du rapport parental à l’issue d’une rupture conjugale, la recomposition des familles, les déménagements, les contraintes professionnelles ou encore la prise en compte de la volonté des enfants eux-mêmes, on entrevoit les difficultés que cela peut susciter. Pour éviter que cette organisation ne tourne au cauchemar, il n’est pas inutile de rappeler quelques règles de principe.

À quelle date les vacances débutent-elles ?

En général, le principe qui prévaut est celui de l’égalité du partage des vacances scolaires entre les parents ; sauf disposition ou accord contraire, la moitié des vacances est décomptée à partir du premier jour de la date officielle des vacances de l’académie dont dépend l’établissement scolaire fréquenté par les enfants, ce qui a le mérite d’être clair. Demeure le problème des fratries dont les enfants sont inscrits dans des écoles qui ne dépendent pas de la même académie (lorsque l’un d’eux est pensionnaire, par exemple) ou encore si, bien que dépendants de la même académie, les enfants sont inscrits dans des écoles qui répondent à des rythmes scolaires différents. En pareil cas, la solution la plus opportune est alors de pré-

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voir une clause au terme de laquelle on attribuera à chacun des parents, en alternance, la semaine commune entre les enfants, si toutefois il y en a une...

Comment se répartir les périodes de vacances entre les parents ?

Par principe, les vacances sont partagées par moitié, ce qui conduit à attribuer à chaque parent, en alternance chaque année, une semaine avec leurs enfants pour les petites vacances lors de l’année scolaire, et peu ou prou, un mois pour les vacances estivales. Par exception néanmoins, lorsque les enfants sont encore jeunes, il est d’usage de prévoir un partage « par quinzaine » pour réduire la durée d’éloignement des enfants de l’un ou l’autre des parents. Ces modalités – a priori – assez claires, sont néanmoins susceptibles de susciter des questions, plus ou moins légitimes, certains parents se livrant malheureusement à des interprétations chicanières des dispositions des décisions de justice.

Les vacances commencent en effet souvent après le 1er juillet et finissent souvent après le 31 août. Pour éviter toute difficulté, il semble préférable, comme le font désormais de nombreuses décisions, de se référer à un partage par périodes égales, par exemple : « Les vacances d’été seront partagées en quatre périodes de durée égale, étant précisé que la période des vacances s’entend de la sortie de l’école dernier jour des classes au jour de la rentrée scolaire. Les enfants seront donc avec leur père la première et la troisième période des vacances les années impaires et la deuxième et la quatrième tranche les années paires. » Mais en pratique, les parents préfèrent parfois laisser de côté cette méthode de partage assez mathématique du nombre de jours et réfléchir par quinzaine, ce qui s’adapte bien à la logique de la prise de congés.

Julie PIERROT-BLONDEAU Avocate associée du cabinet BWG Associés, cabinet dédié au droit de la famille

Comment gérer les cas particuliers ?

Que faire en cas de location ou d’un voyage organisé qui sont

En général, le principe qui prévaut est celui de l’égalité du partage des vacances scolaires entre les parents.

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généralement du samedi au samedi, alors que le partage des vacances par moitié implique un transfert des enfants le samedi soir seulement, voire le dimanche matin ? Il convient par exemple de prévoir qu’en cas de prise d’une location ou d’un départ en vacances pour une destination lointaine, l’un des parents dispose d’un jour de plus, en attribuant cette faculté à tour de rôle à chaque parent, à charge de revanche.

Il en va de même pour les stages et séjours linguistiques, pour lesquels les parents doivent s’efforcer de les imputer équitablement sur leurs périodes de vacances respectives. En synthèse, en marge du cadre fixé par la décision de justice, les meilleures solutions sont toujours celles auxquelles les parents sont parvenus à l’issue d’un dialogue constructif mené en amont, dans l’intérêt des enfants eux-mêmes. C’est aussi le rôle de l’avocat que de favoriser le recours aux modes alternatifs de règlement des litiges pour œuvrer à la recherche de telles solutions d’apaisement. l

« En marge du cadre fixé par la décision de justice, les meilleures solutions sont toujours celles auxquelles les parents sont parvenus à l’issue d’un dialogue constructif mené en amont, dans l’intérêt des enfants eux-mêmes.

La médiation familiale pour aider les parents séparés La Médiation familiale peut également être un espace particulièrement adapté pour permettre aux parents de se parler de l’organisation des vacances. En invitant les parents à échanger et à trouver des solutions concrètes sur l’organisation de la vie des enfants, le médiateur familial les accompagne également dans la mise en place des plannings de vacances qui sont fixés d’un commun accord, en fonction des besoins et des possibilités de chacun. La médiation familiale est un espace de dialogue, d’écoute, de recherche de solutions qui permet aux parents de faire grandir leurs enfants dans un climat apaisé. Christine DUCHEMIN, Responsable du service médiation familiale à l’UDAF 35

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L’été, il y a beaucoup plus de morts sur les routes de France L’été, ce moment tant attendu pour se reposer, se retrouver en famille et entre amis. Tous ces instants de bonheur partagés avec ceux que l’on aime ne doivent pas s’interrompre par un drame de la route.

L

’été est en effet la saison qui enregistre le plus d’accidents meurtriers sur nos routes. En 2015, près d’un millier de personnes (989) ont perdu la vie pendant la période estivale1 et près de 20 000 (18 961) ont été blessées dont environ un tiers ont dû être hospitalisées (7 616). En moyenne, les mois d’été, le nombre de morts par semaine sur les routes de France peut doubler et passer de 45 en hiver à 952 en été. Le pic de mortalité se situe le plus souvent en juillet.

« Tous touchés, tous concernés, tous responsables »

Ces chiffres sont d’autant plus dramatiques qu’ils sous estiment la véritable amplitude de la douleur. Comme le répète la nouvelle signature de la Sécurité routière, « Derrière chaque victime de la route, il y a des victimes dans la vie ». L’onde de choc que provoque un accident va bien au-delà des seules personnes accidentées. Ce sont un père, un frère, une sœur, des amis, des collègues qui sont affectés eux aussi, souvent à vie. Les usagers de deux-roues motorisés sont parmi les plus touchés. Un tiers des motards tués sur la route pendant l’année meurent en juin et juillet. Les enfants âgés de moins de 14 ans sont aussi les grandes victimes de la route des vacances :

40 ont perdu la vie entre juin et juillet 2015, 101 au cours de l’année.

Un facteur aggravant, la fatigue au volant

La vitesse, l’alcool, la prise de stupéfiants ou encore la distraction au volant sont les principales causes d’accidents de la route et souvent elles se cumulent. Toutefois, l’été, la fatigue et le malaise au volant s’ajoutent comme grands facteurs d’accident. Alors qu’en moyenne, sur l’année 2015, 9 % des personnes tuées l’ont été à cause de la somnolence au volant, ce pourcentage passe brusquement à 14 % durant le mois de juillet. Sont en cause les longs trajets effectués sans respecter les pauses de deux heures.

Un départ, ça se prépare

Limiter les risques en conduisant, c’est possible, et pour cela, quelques précautions avant de partir sont indispensables. Planifier son trajet et s’informer Cela peut paraître anodin, mais il est important de se renseigner sur les conditions météorologiques (site de Météo France) et sur le trafic (site de Bison Futé) avant de partir. Anticiper le trajet et en évaluer la durée est essentiel pour ne pas se laisser surprendre par des imprévus. Et puis, qui sait, peut-être, lors de vos recherches, découvrirez-

vous que vous passez devant ce magnifique château dont vous avez tant entendu parler ? Tout en faisant une pause, vous en profiterez alors pour le visiter avec les enfants. Et n’oubliez pas : ne vous fixez pas d’heure d’arrivée qui ajouterait du stress et la tentation d’aller plus vite. Vous êtes en vacances ! Vérifier l’état général du véhicule Assurez-vous que votre véhicule est en parfait état. Non seulement vous partirez beaucoup plus serein, mais en plus vous limiterez largement les risques d’accident. Veillez à examiner l’état et la pression de vos pneus, particulièrement lorsque votre véhicule est chargé. N’oubliez pas que le triangle de présignalisation et le gilet de sécurité sont obligatoires et doivent se trouver à portée de main. Se reposer La somnolence étant l’une des causes d’accident l’été, il est fortement recommandé de bien dormir la veille de votre départ et d’éviter de partir entre 2 et 6 heures du matin, car la nuit

15 à 20 min C’est la durée de pause à faire toutes les 2 heures pour s’aérer l’esprit et se dégourdir les jambes.

L’été, la fatigue et le malaise au volant s’ajoutent comme grands facteurs d’accident.

1/ Mois de juin, juillet et août. 2/ En 2014, selon l’ONISR, 45 personnes ont été tuées pendant la semaine du 20 au 26 janvier et 95 sur la semaine du 16 au 22 juin.

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amplifie le risque d’accident. Soyez également vigilant à toute prise de médicaments car certains sont incompatibles avec la conduite. Ils sont signalés, sur la boîte du médicament, par des vignettes et des pictogrammes spécifiques. N’hésitez pas à en parler avec votre médecin ou votre pharmacien.

Sur la route, prudence et vigilance

x23

C’est la multiplication du risque d’accident quand on « textote » en conduisant.

Refuser l’excès de vitesse Environ un tiers des Français reconnaissent ne pas respecter les limitations de vitesse alors même qu’en roulant sur une autoroute pendant une heure à 140 km/h (au lieu des 130 km/h autorisés), vous ne gagnerez que trois minutes sur 100 kilomètres. Non seulement la vitesse ne rapporte rien, mais en plus elle coûte très cher en amplifiant le risque et la gravité de l’accident. Pour preuve, un choc à 130 km/h correspond à une chute de 22 étages. C’est pourquoi une limitation ne signifie pas que vous devez obligatoirement rouler à cette vitesse. Il faut adapter sa conduite aux conditions – intempéries et trafic – et respecter les distances de sécurité (deux traits de la bande d’arrêt d’urgence).

Ne vous fixez pas d’heure d’arrivée qui ajouterait du stress et la tentation d’aller plus vite. Vous êtes en vacances ! Faites confiance aux femmes ! La concentration est un gage de réactivité et de vigilance. Une pause toutes les 2 heures, de 15 à 20 minutes, permet de s’aérer l’esprit et de se dégourdir (voire de se cultiver si vous avez choisi l’option château), mais vous pouvez aussi simplement passer le volant. Car malgré les nombreuses remarques et plaisanteries entendues souvent sur la conduite des femmes, les auteurs présumés d’accident mortel sont en réalité à plus de 82 % des hommes. Oublier le portable Vous êtes « accro » au téléphone portable ? Alors confiez votre « joujou » à votre copilote ou téléchargez l’application « Mode conduite » de la Sécurité routière. Elle est gratuite ! Si certains conducteurs sont distraits au volant par leurs bambins qui chahutent sur la banquette arrière, c’est avant tout le téléphone portable qui est le principal distracteur, et « textoter » en conduisant multiplie par 23 le risque d’accident. Quand vous êtes au téléphone, qui est au volant ? routeplussure.fr

Prendre toujours soin de ses passagers La première chose à faire avant de démarrer est de vous assurer que tous vos passagers sont bien attachés. Pensez également à bien vérifier, durant le trajet, que vos jeunes enfants ne se sont pas détachés. N’hésitez pas à chouchouter vos passagers pour qu’ils soient à l’aise et se sentent au mieux à bord. Prévoyez des bouteilles d’eau pour qu’ils s’hydratent, des petits oreillers pour qu’ils puissent s’endormir… Si vous avez des enfants, n’oubliez pas que le siège rehausseur est obligatoire jusqu’à l’âge de 10 ans. Comment occuper vos turbulents chérubins ? Téléchargez l’application « Sécurité routière junior » ou alors imprimez le carnet de jeux « Grands départs en vacances », téléchargeable sur le site internet de la Sécurité routière. Parents, ne l’oubliez jamais, vous êtes les premiers modèles de conduite pour vos enfants. Bien conduire, c’est déjà leur montrer les bonnes pratiques qui, un jour, pourront leur sauver la vie. C’est votre héritage le plus important. l

SÉCURITÉ ROUTIÈRE - JANVIER 2016 - AFF201601

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DERRIÈRE CHAQUE VICTIME DE LA ROUTE, IL Y A DES VICTIMES DANS LA VIE. TOUS TOUCHÉS . TOUS CONCERNÉS . TOUS RESPONSABLES

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Ville amie des enfants : impact pour les villes et les familles ? Ville amie des enfants, le terme pourrait prêter à sourire… Y aurait-il donc des villes ennemies des enfants ? De par leurs compétences, les villes ne sont-elles pas, de fait, les meilleures alliées des enfants et des jeunes pour les accompagner dans leur vie scolaire et périscolaire, leurs loisirs, la culture, le sport ?

A

près 14 ans d’expérimentation de l’initiative Ville amie des enfants, l’UNICEF France constate que la situation sur notre territoire est encore très inégale, mais que l’impulsion d’une politique transversale teintée d’innovation publique territoriale en direction des enfants et des jeunes peut faire la différence.

Faire de la ville un acteur de l’application des droits de l’enfant

L’UNICEF France a développé l’initiative Ville amie des enfants avec l’Association des maires de France, dans le sillage de la résolution prise lors de la Conférence mondiale d’Istanbul de 1996 sur les établissements humains (Habitat II), visant à faire des villes des lieux vivables pour tous. Cette Conférence a déclaré que le bien-être des enfants est l’indicateur suprême d’un habitat sain, d’une société démocratique et d’une bonne gestion des affaires publiques. Quelques années auparavant, le 20 novembre 1989, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la Convention relative aux droits de l’enfant, ouvrant la voie à un large champ de réflexion et d’action autour de la question de la place de l’enfant dans nos sociétés et sur la manière dont les institutions sont en mesure de participer à rendre effectifs les droits de ces enfants. C’est dans ce contexte international de questionnement sur les possibles rôle et place de la Ville

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dans l’effectivité des droits de l’enfant que s’est développée la réflexion autour d’une initiative qui permettrait de faire jouer aux collectivités locales un rôle important dans l’application des droits de l’enfant.

La création d’un partenariat villes/UNICEF

Ville amie des enfants a donc vu le jour en France, en 2002. Si l’impulsion est internationale, la démarche adoptée en France est unique et adaptée à la réalité territoriale du pays. Alors qu’en Italie, le projet est initié et soutenu financièrement par le gouvernement avec UNICEF Italie dès 1996, en France, l’initiative ne bénéficie d’aucune aide financière. Cette contrainte apparente a pourtant permis au projet français de se construire de manière très ouverte dans une logique de partage pour que le réseau réponde au mieux aux besoins et aux spécificités locales. L’idée était donc de créer un partenariat villes/UNICEF pour construire ensemble, accompagner les collectivités dans une meilleure application de la Convention relative aux droits de l’enfant au niveau local, mais aussi pour pouvoir partager bonnes pratiques et innovations dans un large réseau et permettre leur mise à l’échelle.

Une remise en question des collectivités membres

Après plus de 14 ans de pratique, quelles sont les conséquences de ce partenariat sur l’effectivité

des droits de l’enfant en France ? Tout d’abord, une remise en question obligatoire des collectivités membres. Le titre Ville amie des enfants est valable pour la seule durée du mandat, obligeant à remontrer patte blanche après chaque élection municipale. Le dossier est conséquent et nécessite de nombreux mois de travail et de compilation de données et d’argumentaires. À la lecture de ces dossiers, il est aisé de constater la place importante qu’occupent les questions liées à l’enfance pour les candidates, une attention particulière qui coïncide avec, ou justifie, la démarche de la ville et son entrée dans le réseau. La ville de Colomiers (31) revendique par exemple de consacrer 50 % de ses dépenses de fonctionnement et d’investissement à des actions ou projets en lien avec l’enfance ou la jeunesse.

Julie ZERLAUTH-DISIC Responsable du Plaidoyer et de la sensibilisation, UNICEF France

À chaque échelon de la collectivité, chacun a un rôle à jouer

De nombreuses villes approchent l’UNICEF dans l’objectif premier de soutenir son action au niveau international. Pourtant, elles prennent très rapidement la mesure de leur responsabilité pour améliorer l’effectivité des droits de l’enfant en France et celle de l’ampleur de la tâche. Le déclic ne concerne pas les seuls élus : à chaque échelon de la collectivité, chacun a son rôle à jouer, sa petite pierre à apporter pour consolider un édifice encore parfois bien fragile, surtout pour les enfants les

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plus vulnérables. Il est même fréquent que la rédaction même du dossier réinterroge l’organisation du travail et les échanges au sein de la collectivité entre services en charge de l’enfance et services sociaux, culturels, sportifs, aménagement urbain, espaces verts... La concertation est au cœur de la démarche et impose d’aborder l’enfance de manière plus globale et intégrée pour construire une réponse cohérente et efficace sur l’ensemble du territoire de la commune.

Des initiatives innovantes et concrètes pour les familles

Fortes de cette prise de conscience et surtout d’un portage politique solide, ces collectivités développent alors des initiatives innovantes, réponses à un diagnostic local fin et porteuses de résultats concrets pour les enfants, les jeunes et leurs familles. Citons la politique familiale de la ville de Nancy (54), proposant l’accueil des enfants en situation de handicap dans ses dix structures d’accueil « Petite Enfance » (crèches, haltes-garderies, multi-accueils) grâce à un dispositif complet incluant la formation des agents, un guide pédagogique et l’acquisition de mallettes pédagogiques emplies de jeux et de jouets sensoriels pour tous les enfants. Enfants valides et porteurs de handicap

Deux exemples d’initiatives locales Depuis 2013 et grâce à un partenariat avec l’Adapei (Association départementale des amis et parents de personnes handicapées mentales), la ville de Besançon (25) accueille dans la crèche collective du quartier de ClairsSoleils des enfants polyhandicapés sévères. Ces enfants peuvent ainsi vivre au quotidien avec des enfants valides et partager différents moments de la journée. Cette crèche permet donc de proposer une solution aux parents d’enfants porteurs de handicaps qui peuvent faire profiter leurs enfants d’espaces de jeux et de socialisation. Ville amie des enfants depuis 2012, la commune d’Ivry-sur-Seine (94) a mis en place des actions solidaires ambitieuses en direction des enfants les plus vulnérables. En effet, la ville organise des animations de quartier pour les enfants âgés de 6 à 12 ans qui ne fréquentent pas les centres de loisirs et qui restent dans la rue sans surveillance. Par ailleurs, la municipalité porte une attention toute particulière à la population Roms. Elle travaille avec un collectif de citoyens et d’associations afin de parvenir à la scolarisation de tous les enfants Roms de son territoire.

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apprennent à communiquer, à se connaître. À Abbeville (80), SaintCyr-sur-Loire (37), Cholet (49), Nantes (44), Issy-les-Moulineaux (92), Lanester (56), Luxueil-LesBains (70), etc., les dispositifs enfants/ados/parents se développent pour un accompagnement de la fonction éducative de tout premier plan. Le dialogue se construit pas à pas au travers de rencontres, conférences, ateliers, festivals, ou encore coaching. La ville de Laxou (54) a même développé « Être parent : une série de films pour expliquer les enfants ». Chacun y découvre la réponse aux questions les plus fréquentes : « Que faire dans ce caslà ? », « Ai-je raison ? ou tort ? », « Faut-il dire oui ? non ? »…

Impliquer les enfants et les jeunes dans la vie municipale

Autre bataille remportée par le réseau Collectivités amies des enfants pour accroître le bienêtre des enfants : la participation, la concertation, l’implication des enfants et des jeunes. Les plus téméraires comme Schiltigheim (67), pionnière nationale en matière de Conseil municipal des enfants à la fin des années 1970, ont su ériger la participation des enfants au rang de normalité au sein de la gouvernance municipale. Angers (49), Marcq-enBarœul (59), Elbeuf-sur-Seine (76), Vincennes (78), Mulhouse (68), Arras (59), Saint-Marcellin (38), Toulouse (31), Lorient (56), ou encore la Moselle (57), Département ami des enfants, ne sont pas en reste et proposent aux enfants de mener de véritables projets de sensibilisation auprès de leurs pairs ou d’être associés à la décision ou à la proposition politique. La consultation nationale des 6/18 ans, outil de mesure de la perception de l’effectivité des droits de l’enfant en France proposé par l’UNICEF depuis 2013, est également devenue une référence en matière de diagnostic réalisé par les enfants eux-

mêmes. De nombreuses villes en ont tiré des enseignements locaux, notamment au moment de la rédaction des projets éducatifs de territoire.

Accompagner les plus fragiles

Un dernier point semble essentiel à mentionner, le travail colossal fait au sein des Villes amies des enfants en direction des enfants les plus vulnérables. Le handicap a été mentionné plus haut, mais citons aussi la lutte contre les conséquences de la privation ou de la non-intégration sociale : l’accompagnement des enfants vivant en bidonvilles, l’élaboration des chartes d’accueil de tous les enfants, les politiques tarifaires adaptées, la lutte contre les troubles du langage ou la pratique de la musique comme gages de réussite future, ou encore les actions visant à aller au-devant des familles les plus fragiles s’excluant elles-mêmes des services offerts par la collectivité. Les familles sont directement impactées par toutes ces politiques amies des enfants car elles bénéficient d’un environnement dans lequel la place de l’enfant est essentielle. Elles sont accompagnées dans leurs fonctions parentales. Tout n’est pas rose au pays des Villes amies des enfants, mais il est honnête de constater que la dynamique est forte, que la volonté est présente et que le réseau est vivant et altruiste. Le partage, les échanges, la co-construction sont au cœur du dispositif permettant une valorisation de l’existant mais aussi la perspective d’améliorations, d’évolutions des modes de pensée, des pratiques professionnelles et des décisions. Saisissons ainsi l’opportunité d’arrêter de dire que les enfants sont les citoyens de demain et considérons qu’ils sont, dès aujourd’hui, des usagers de leur ville, de ses infrastructures et de ses services. l

3, rue Duguay Trouin - 75006 Paris Tél. 01 44 39 77 77 www.unicef.fr

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Aux côtés des familles Les associations familiales se mobilisent auprès des familles pour organiser avec elles des temps de vacances et de loisirs. Tour d’horizon des initiatives.

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Deux actions autour des loisirs et les vacances en famille 03 www.udaf03.org

La question des vacances et de leur impact sur la vie familiale a été au cœur de deux actions de l’UDAF de l’Allier : une session de l’Université des familles (Novembre 2014) et la participation à l’enquête du réseau des Observatoires des Familles menées par les UDAF en partenariat avec l’UNAF et la CNAF (mars 2016). Université des Familles : « Vacances en familles : un temps pour se retrouver, un temps pour partager »

Les diverses modifications législatives intervenues au cours des deux dernières décennies ont modifié profondément le rapport de nos concitoyens au temps de travail… mais aussi à celui que l’on peut consacrer à sa famille. Et les vacances en font partie. Vacance « en tribu », vacances « en familles » modifient la nature et la force des rapports entre parents et enfants, que ce soit sur le plan affectif, sur celui de la transmission des connaissances, en matière d’inter-générationnalité ou de prise de responsabilités. Au-delà des découvertes que l’on peut faire par le biais de l’aspect « tourisme/voyage » des vacances, ce temps peut aussi être celui de la quête d’un autre Graal : le lien familial.

Dès lors, le non-départ est vécu de différentes manières, du masquage de cette réalité à son affirmation comme un choix assumé, en passant par l’aménagement de son quotidien pour des activités de loisirs. Selon le Haut conseil de la famille, les vacances se révèlent être un temps de remobilisation pour les familles en ayant deux effets principaux : les liens familiaux deviennent plus propices au partage et au dialogue entre les membres de la famille ; il se crée une dynamique du développement de la confiance en soi à travers l’aboutissement de ce projet de vacances. Mais cette approche conduit évidemment à se poser de nombreuses questions philosophiques, psychologiques et sociologiques. Autant de questions auxquelles étaient appelés à répondre les intervenants de cette session : Claire Durand, Professeur de Philosophie et animatrice d’un Café-philo à Gien, et Bertrand Réau, Maitre de Conférence à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, et Chercheur au CNRS.

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Pour C. Durand, les départ en vacances se font encore majoritairement en famille, quel que soit le milieu social, la différentiation se faisant par la fraction des ressources que chacun peut y consacrer. Les fonctions des vacances sont diverses et dépendent principalement de la configuration familiale : familles recomposées, temps de partage parent/enfant pour le parent non-gardien, nombre de générations concernées, proximité ou éloignement habituel de ses membres… Mais qu’en est-il des familles qui ne peuvent pas partir. N’est-ce pas une autre forme d’exclusion ? Si, a répondu C. Durand, puisque les médias et la société valorisent socialement ce temps de vacances. « Dès lors, le non-départ est vécu de différentes manières, du masquage de cette réalité à son affirmation comme un choix assumé, en passant par l’aménagement de son quotidien pour des activités de loisirs ». Propos et pistes de réflexion confortés par Bertrand Réau. Après avoir rappelé que les cadres supérieurs partent trois fois plus en vacances que les ouvriers et six fois plus à l’étranger, il a d’abord mis l’accent sur des inégalités moins évidentes, mais tout aussi inquiétantes et sur des stratégies de contournement. Si, par exemple, on compare les taux de non-départ de la population « en général » (40 %) avec celui de la tranche des 5-19 ans (15 %) on peut en déduire une volonté manifeste des familles d’offrir un départ en vacances à leurs enfants en dépit des difficultés économiques qu’elles rencontrent. Mais les vacances sont aussi un temps d’apprentissage, quelle que soit la forme de celles-ci et quel que soit le groupe social d’appartenance. En effet un « relâchement contrôlé des contrôles » peut en être la source, du fait du simple changement des habitudes du quotidien. Pour B. Réau, les temps de vacances permettent tout à la fois d’être ensemble et de s’ouvrir aux autres. C’est aussi un temps de transmission des savoir-être et des connaissances.

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ENQUÊTE DE L’OBSERVATOIRE DES FAMILLES

« Vacances et Loisirs en famille » Sur les 3.000 familles allocataires de la CAF de l’Allier composant l’échantillon d’envoi des questionnaires, 316 ont accepté de répondre. Et leurs réponses sont pour le moins instructives. Trois grands champs d’interrogation structuraient cette enquête : les loisirs, les vacances et la connaissance qu’ont les familles des aides au départ en vacances. En matière de loisirs, il en ressort principalement que la famille (oncle, tante, grands-parents…) est beaucoup plus sollicitée que le cercle d’amis ou d’autres adultes lorsque les parents ne peuvent accompagner leurs enfants ou pratiquer avec eux (66% des répondants). Cette «absence» des parents trouve le plus souvent sa source dans la limite des ressources que la famille peut consacrer à ces loisirs ou dans une indisponibilité pour raisons professionnelles. En ce qui concerne les vacances, « Passer du temps en famille » est l’item le plus cité par les répondants (83%). C’est en effet un temps de partage et des resourcements, et l’impossibilité de partir en vacances génère un sentiment de culpabilité (pour 67% des répondants) ou de frustration. C’est ce qui conduit d’ailleurs 34% des familles interrogées à rechercher comment « se faire plaisir autrement ». Cette impossibilité de partir trouve le plus souvent sa source, là encore, dans le contexte économique de chaque famille, et la question de leur connaissance des aides auxquelles elles peuvent prétendre trouvait donc toute son importance. 75% des répondants ont déclaré ne pas connaitre les aides auxquelles ils pouvaient avoir droit, et 81% disent ne jamais en avoir demandé. Pour celles qui disent en avoir bénéficié, elles sont 53% à estimer que, sans ces aides, elles n’auraient pas pu partir en vacances en famille. Quel est l’intérêt d’une telle enquête ? Le premier est direct pour le Mouvement familial. Il a la charge de représenter les familles, mais cette représentation n’a de sens que si nous pouvons appuyer nos interventions sur des données avérées de ce que pensent les familles. Le second est indirect : il interdit à nos partenaires, auxquels les résultats de ce type d’enquête sont communiqués, de prétendre qu’ils «ne savaient pas» puisqu’ils disposent ainsi d’axes d’amélioration dans le service ou les prestations qu’ils rendent aux familles. l

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Soutenir les vacances et les loisirs en famille : des exemples en Creuse 23 www.udaf23.fr

Le Centre social tsigane de l’UDAF de la Creuse et l’Association familiale de Lépaud soutiennent les familles dans leurs projets de vacances et de loisirs. Propos illustrés par l’enquête de l’observatoire départemental de la famille. Organiser des moments de loisirs en famille pour les familles tsiganes

Rassemblées autour d’une table, des familles tsiganes partagent leurs idées et discutent sur les activités de loisirs et les sorties à organiser au cours de l’été. Dans cet atelier proposé par le Centre social tsigane, on parle budget, transport, bagages : autant de questions pratiques qui les invitent à construire leur projet. L’objectif de ces ateliers est en effet de permettre à des familles qui n’ont pas l’habitude de se déplacer pour un temps de vacances et de partager durant l’été des activités de loisirs avec leurs enfants. « Ces journées ont pour ambition de faire en sorte que les enfants qui ne partent pas aient des souvenirs de vacances à raconter aux copains à la rentrée des classes », explique la responsable du Centre social. Qu’il s’agisse de sorties en plein air, de visites culturelles ou dans des parcs d’attractions, ces temps de loisirs partagés en famille sont des moments de répit, des occasions de s’échapper, de redécouverte de soi et des autres. Les retours qui sont faits parlent d’eux-mêmes : « On coupe avec le quotidien, cela nous permet de faire des choses différentes, de nous faire plaisir et de prendre le temps », explique l’une des personnes incluses au dispositif.

Les temps de loisirs partagéws en famille sont des moments de répit, des occasions de s’échapper, de redécouverte de soi et des autres.

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Permettre à tous de partir en vacances

La question du départ en vacances, quelle que soit sa durée, est un enjeu important. Ne pas partir peut être lourd de conséquences et source de mal-être pour chacun des membres de la famille. L’enquête de l’observatoire départemental de la famille le montre : ils ressentent du stress, car cela ne leur permet pas de rompre avec le quotidien et de passer à autre chose, mais aussi, pour les parents, de la culpabilité vis-à-vis de leurs enfants. Parmi les familles de l’enquête qui ne sont pas parties au cours des 12 derniers mois, 92 % l’expliquent en raison de moyens financiers insuffisants. En cela, L’Association familiale de Lépaud propose aussi des sorties, et rappelle qu’il est important de pouvoir aider les familles et de leur permettre de partir à moindre coût. Trop peu de familles savent qu’elles peuvent bénéficier d’une aide : 21 % des familles de l’enquête ne font pas de démarches dans ce sens, pensant qu’elles ne font pas partie des bénéficiaires ! L’accompagnement administratif pour établir une demande d’aide au départ est donc essentiel.

Au-delà des vacances, créer du lien social

Mais les freins ne sont pas seulement financiers : un tiers des familles ne part pas pour des raisons professionnelles. Il peut être aussi difficile, pour certaines, d’organiser, de planifier, de préparer des sorties ou des séjours. En cela, les ateliers du Centre social tsigane et les activités de l’Association familiale de Lépaud sont très utiles. De plus, construire avec les familles un projet autour d’un voyage, d’une activité en famille est « un support, un prétexte à la création de liens entre des familles qui ne se rencontreraient pas », souligne MarieThérèse Jolicard, présidente de l’association. Ces sorties leur permettent en effet de se connaître, de créer une solidarité et une entraide familiale qui se poursuit au-delà du séjour. Par ailleurs, les sorties organisées pendant l’été sont aussi des déclics pour certaines, qui organisent alors à leur tour des activités similaires et retournent sur les lieux de séjour. Des résultats créateurs de lien social ! l

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Des vacances et loisirs en famille « Les loisirs et vacances sont des temps privilégiés pour les familles. Il est pour nous essentiel de leur permettre de bénéficier de ces moments de repos et de rupture dans leurs habitudes et obligations quotidiennes » Régis LEONARD, Président de l’UDAF. Les vacances et loisirs des familles haut-garonnaises

Quelles sont vos habitudes, les bienfaits et les difficultés rencontrées ? Connaissez-vous les aides existantes ? Telles sont les questions auxquelles 316 familles du département ont bien voulu répondre au printemps 2015, dans le cadre de l’enquête annuelle de l’Observatoire des familles. Alors que c’est la télévision qui rassemble le plus les familles à leur domicile, ce sont les sorties récréatives (restaurant, balade) qui ont ce rôle en extérieur. Lecture, cinéma, musique, sport, jeux de société sont également des loisirs partagés. Les vacances sont d’abord synonymes de temps passé en famille et de dépaysement. Elles ont pour principal avantage la coupure avec le quotidien. Mais toutes les familles n’ont pas la possibilité de partir en vacances, ce qui engendre beaucoup de culpabilité chez les parents. • 55% des familles aimeraient pratiquer plus de loisirs • 75% des parents ont transmis le goût d’une activité à leurs enfants • 65% des familles sont parties en vacances • 96% trouvent les aides aux vacances utiles mais 47% les estiment insuffisantes

Une conférence pour réfléchir sur le sujet

www.udaf31.fr

En mai 2016, l’UDAF a retenu cette thématique pour sa conférence départementale, organisée en partenariat avec l’Association des Maires et l’Union Départementale des CCAS. La CAF, l’ANCV (Agence Nationale pour les Chèques Vacances) et Vacances et Familles (voir encadré) ont répondu présentes à l’invitation de l’UDAF pour échanger sur les différents dispositifs et aides permettant aux familles de partir en vacances. Pour le Président du Comité Haute-Garonne de Vacances et Familles, l’objectif est bien de « favoriser l’inclusion sociale ainsi que le renforcement des liens intergénérationnels et familiaux » par l’accompagnement dans le projet vacances. L’ANCV, de son côté, met en place différents programmes au titre de son action sociale : Aide aux projets vacances, Bourse solidarité vacances, Réseau passerelle, Vac’ensemble. L’action de la CAF est très diversifiée, allant des contrats enfance jeunesse, aux aides au 1er départ en passant par les séjours sociaux ou la carte Vacances Loisirs, comme l’a rappelé son directeur. l

VACANCES ET FAMILLES :

FAVORISER L’ACCÈS AU DROIT « VACANCES » L’association, adhérente à l’UDAF 31 depuis plusieurs années, est hébergée dans les locaux. En 2016, grâce à son action, 40 familles sont parties (soit 93 enfants et 53 adultes). Si, à l’origine, le projet de Vacances et Familles était de faire découvrir la campagne aux citadins, elle s’adresse aujourd’hui à des familles que les conditions de vie défavorisent. L’association leur propose un accompagnement avant, pendant et après le séjour, dans le but de favoriser une émancipation et des départs en autonomie. Pour la plupart des familles, c’est le premier départ qu’elles ont l’occasion de vivre. Tout l’enjeu est donc de leur transmettre la « culture vacances » : Comment s’occuper pendant un séjour ? Comment et où trouver des activités touristiques adaptées ? Quoi emporter dans sa valise ? Quel budget prévoir ? De par la rencontre entre familles, bénévoles et salariés, l’enrichissement culturel et humain est au rendez-vous, la relation d’échanges et de partage reste un des moteurs du projet associatif de Vacances et Familles.

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Séjours familiaux vacances

www.udaf974.free.fr

Le service « séjours familiaux vacances » de l’UDAF a été initié en 1981 dans le cadre du Plan d’Aménagement des Hauts avec différents partenaires tels que la CAF1, l’ADEPS2 devenue l’ARFUTS3, l’AREP4, l’APR5, la Jeunesse et Sports et avait pour mission de favoriser la mobilité dans le département des enfants de 6 à 13 ans, en séjournant en famille vacances.

A

l’origine c’était un échange entre les enfants des familles des « hauts de l’Ile » (Cirque de Salazie, Cirque de Cilaos, Cirque de Mafate…) et des régions montagneuses (telles que la Montagne à Saint-Denis, Saint-Gilles-Les-Hauts et les Makes dans les Hauts de Saint-Louis) et les enfants du littoral (villes de Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Leu…) pendant les vacances, et cela quel que soit leur milieu social d’origine. Cette opération rencontre aujourd’hui un vif succès.

Des vacances originales

Cela permet ainsi à un grand nombre d’enfants de découvrir des modes de vie différents (urbain - rural) en leur offrant des vacances originales. (3 séjours de 19 jours par enfant pour les grandes vacances6). Et effectivement chaque année en période de vacances scolaires, (grandes et petites périodes) le service séjours familiaux de l’UDAF voit partir environ 1500 enfants, qui séjournent dans des familles vacances sur tout le département. Cela favorise aussi les échanges entre les familles accueillantes, (environ 300) et celles des enfants accueillis.

Les inscriptions

Article paru dans l’hebdomadaire

BELLE

La promotion de ce dispositif se fait par voie de presse, affiches, rencontres avec les travailleurs sociaux et des permanences dans les différentes communes du département. Trois animateurs prospectent les familles, font les inscriptions des enfants, avec les familles et en liaison avec les travailleurs sociaux. Les parents ont la possibilité de choisir l’endroit où veulent séjourner leurs enfants, dès l’inscription. Avant chaque séjour, les familles accueillantes reçoivent une sensibilisation dispensée par l’équipe de l’UDAF (Directeur, Chef de service, animateurs) après avoir été sélectionnées sur des critères de moralité, de conditions d’hygiène et de sécurité.

Le transport

Le transport des enfants vers les famillesvacances s’effectue, pour la grande majorité, par autobus accompagné de quelques parents ou familles vacances volontaires. Les familles

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vacances viennent récupérer les enfants à un point défini à l’avance et facile d’accès. Un pointage est réalisé par les animateurs de l’UDAF. Les parents qui désirent connaître la famille vacances peuvent aussi emmener leur enfant, il suffit pour eux d’avoir prévenu l’UDAF.

Les activités

Durant le séjour, les familles vacances proposent aux enfants en plus des activités familiales, des activités de plein air, pique-niques, promenades... En parallèle, des activités ponctuelles sont mises en place par l’UDAF dans différentes communes, pendant le séjour. Au cours des grands séjours, une journée d’animations est préparée et consacrée au rassemblement de toutes les familles accueillantes et les parents des enfants sur une commune donnée . Tous se retrouvent pour ce moment de partage et surtout, de retrouvailles .

Coût et participation des familles

Pour ces vacances originales, les familles allocataires se voient attribuer une bourse suivant le plafond fixé par la Caisse d’allocations familiales. La demande est faite le jour de l’inscription. Si le quotient familial des parents est inférieur à 650 e, la participation demandée est de 10 epour un séjour de 19 jours. Sinon il coute 520 e aux parents. Pour les enfants relevant de foyers socio-éducatifs ou du conseil départemental, le coût du séjour leur est demandé après établissement de devis et factures. Le nombre d’enfants par famille est limité et des situations particulières peuvent être examinées par le pôle famille enfance de l’UDAF. Les familles vacances de l’UDAF sont couvertes par une assurance responsabilité civile, assurance contractée en début d’année avec toutes les autres assurances. l 1/ Caisse d’Allocations Familiales 2/ Association pour le développement des prestations sanitaires 3/ Association Réunionnaise pour la formation et l’utilisation des travailleurs sociaux 4/ Association Réunionnaise d’Education Populaire 5/ Association pour la promotion de la Réunion 6/ Janvier et Juillet-Août 7/ La commune met gracieusement à la disposition de l’UDAF toute la logistique. 8/ Environ 1500 personnes adultes et enfants accueilli par le Maire de la Commune ainsi que les administrateurs de l’UDAF.

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www.udaf79.fr

Observatoire Départemental des Familles

Chaque année, l’UDAF des Deux-Sèvres mène une enquête auprès des familles du département sur des thèmes directement en lien avec leur quotidien. En 2015 le thème retenu était « Vacances et loisirs en famille ». Renouer ou consolider les liens familiaux en partageant des loisirs et des vacances avec ses enfants est un élément essentiel du bien-être des familles. C’est un véritable moyen d’épanouissement qui permet à toute la famille de se retrouver et de se (re)découvrir sous un jour nouveau. Cependant, toutes les familles n’ont pas ou plus la possibilité d’offrir ce cadre d’évasion à leurs enfants. De plus, les habitudes des familles ont évolué. Il nous apparaissait dont important d’obtenir des données précises sur ce sujet. 515 familles du département, allocataires CAF ou MSA ayant au moins un enfant à charge entre 4 et 20 ans ont répondu à cette enquête. Il en ressort que 37% des familles ne sont pas parties

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durant les 12 derniers mois, principalement pour des raisons financières. Les dispositifs d’aide au départ en vacances sont souvent méconnus. Ainsi, lors de la restitution de l’enquête le 29 avril 2016, une association adhérente à l’UDAF, Vacances et Familles a présenté les différents dispositifs qu’elle développe afin de permettre à des familles à revenus modestes de partir en vacances. Les résultats de cette enquête sont consultables sur le site internet (www.udaf79.fr).

Toutes les personnes aux faibles revenus ne connaissent pas cette association et je pense qu’ils seraient heureux de partager cela avec leur famille, et tous ces bénévoles qui ne portent aucun jugement !

Témoignages d’une famille partie avec Vacances et Familles

Ce séjour m’a apporté une bouffée d’oxygène ! J’ai pu réfléchir sur ma vie au quotidien. Découvrir la région avec ma fille, des moments de complicité que nous n’avons pas d’habitude ainsi que des balades à vélo que l’on a apprécié.

Une épargne bonifiée pour l’Aide au départ en Vacances

E

n Seine-Saint-Denis, la CAF et l'UDAF ont mis en place dès 2013 un procédé "d'épargne bonifiée" s'appuyant sur le dispositif "VACAF" afin d’accompagner des familles modestes en leur facilitant l'accès aux vacances tout en les responsabilisant dans la gestion de leur budget. Ayant fait le constat que, malgré les aides de la CAF en matière de séjour en vacances, un certain nombre de familles renonçait à organiser leur départ compte tenu des frais de transport souvent trop onéreux et non prévus dans leur budget Pour 2016 plus de 80 familles modestes de 21 villes du département ont été orientées vers l'UDAF par la CAF pour constituer une épargne et préparer concrètement le montage financier de leurs vacances. Pour ce faire un compte spécial a été créé pour chacune d'entre elles. En moyenne, les familles ont épargné entre 20 et 80 euros par mois. La CAF bonifie cette épargne en fonction du nombre d'enfants et de l'épargne de départ. Cette épargne personnelle, par la suite valorisée à hauteur de 200 euros maximum, a

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permis en 2016 à près de 160 enfants de profiter de vacances avec leurs parents. Mais au-delà de cette aide supplémentaire, attribuée en soutien d'une démarche volontariste d'épargne, c'est l'accompagnement régulier que l'UDAF apporte à ces familles dans la mise au point de leur projet de vacances, et dans la gestion réfléchie de leur budget. Ainsi, ce sont plus plusieurs familles qui ont pu sortir de leur quartier et partager ensemble le temps des vacances. L'UDAF se félicite de l'aspect pédagogique de ce dispositif qui permet un soutien à la fonction parentale à travers un projet de vacance familiale et incite à faire des efforts dans la durée et à gérer une épargne. En ce sens cette activité, qui répond à un réel besoin, s'inscrit pleinement dans la démarche de l'UDAF dans sa volonté de développement d'un Accompagnement Éducatif et Budgétaire pour les familles, bien sur, mais surtout avec les Familles de Seine Saint Denis. l

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

OBSERVATOIRE DE LA FAMILLE

Vacances et loisirs, une affaire de famille Union régionale des associations familiales

FRANCHE-COMTÉ

URAF FRANCHE-COMTÉ 12, rue de la Famille 25000 Besançon Tél. 09 62 14 82 97 uraf.franche.comte@wanadoo.fr

Les UDAF et URAF de Franche-Comté, à travers leur réseau associatif, sont fortement mobilisées pour accompagner les familles à organiser le temps libre de leurs enfants et pour promouvoir des activités familiales. Cet élément, conjugué à l’intérêt porté à la conciliation des temps et au soutien de la fonction parentale, les ont conduites à lancer l’enquête initiée par l’UNAF auprès de 3 000 familles de leurs départements pour comprendre leur organisation et leurs arbitrages. Cette coordination a permis la construction de données départementales et régionales. Les activités de loisirs et les départs en vacances : des éléments qui structurent la vie de famille en Franche-Comté.

Parents/enfants ont besoin de partager un temps commun autour d’activités de loisirs. C’est en famille qu’elles sont les plus nombreuses et les plus variées. Elles ont un enjeu éducatif. 64 % des parents déclarent avoir transmis le goût d’une activité à leurs enfants et 42 % avoir abandonné un loisir à leur profit. Dans le prolongement, les vacances sont d’abord perçues comme un moment où l’on se recentre sur sa famille. L’occupation du temps libre est un levier pour développer la culture familiale.

Des temps de loisirs et de vacances partagés nécessaires au bien-être familial.

31

%

des non-partants soulignent des situations de stress dans leur foyer.

40

%

des ménages n’auraient pas pu partir sans les aides.

Les familles ne réservent pas leurs loisirs exclusivement à la période de congé. Elles se délassent le soir autour de supports comme la TV, la musique… et réservent aux week-ends des activités qui participent au bon fonctionnement du foyer et qui ouvrent sur l’extérieur. Le weekend est d’abord un temps commun entre parents et enfants. Moment de rupture avec le quotidien, le départ en vacances est tout aussi important. Il agit sur le climat familial. 31 % des non-partants soulignent des situations de stress dans leur foyer et 16 % des tensions parents/enfants.

Des activités de loisirs et des départs en vacances soumis aux contraintes de temps, aux disponibilités financières et à la culture familiale dans certains départements.

La moitié des parents aimeraient faire, avec leurs enfants, des activités qu’ils ne font pas aujourd’hui. 64 % mettent en avant le coût financier, mais 39 % soulignent leur manque de temps pour des raisons domestiques et 36 % pour des

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raisons professionnelles. Ces contraintes économiques n’épargnent pas les départs en vacances. 38 % ne sont pas partis au cours des 12 derniers mois au moins, 4 nuits consécutives, et n’ont pas compensé par des départs plus courts. Cette situation est récurrente. Mais, dans le Doubs et le Territoire de Belfort, des éléments propres à la famille favorisent aussi les départs. Plus les familles ont partagé de loisirs au cours de l’année, plus le départ est assuré. Partir en vacances dépend ainsi également de la culture de loisirs des familles.

Les aides aux départs aux vacances nécessaires mais mal connues.

Malgré l’ancienneté des politiques publiques en faveur du départ en vacances, 69 % des familles méconnaissent les aides qui y sont adjointes. 80 % des ménages n’ont jamais entrepris de démarches. La moitié le justifie par le fait qu’ils ne savent pas comment les engager. Mais 38 % en ont déjà profité. Les politiques des comités d’entreprise expliquent le décalage. Pourtant, ces aides ne constituent pas seulement un coup de pouce. 40 % n’auraient pas pu partir en famille sans elles. 6 % auraient privilégié le départ des enfants seuls. Aussi, la majorité des Francs-Comtois estiment qu’elles sont utiles, mais 35 % seulement les trouvent suffisantes. Activités de loisirs et départs en vacances sont devenus une norme sociale et familiale à laquelle chacun doit avoir accès. Ces conclusions seront transmises aux réseaux associatifs et aux acteurs locaux pour enrichir leur approche et développer l’information des aides disponibles. Conscientes de la relation entre activités de loisirs et départ en vacances, les UDAF ont programmé des journées des familles ou de Familliathlon, où de nombreux enfants et parents ont pu se divertir. l

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CNAFAL

Vacances et loisirs en famille : nos actions Le CNAFAL, en partenariat avec l’ANCV depuis 24 ans, a fait partir 1 560 personnes en vacances familiales en 2015 : 17 familles accompagnées par l’Association Familiale Laïque « La Pontétienne » sont parties en camping, en pension complète, à Vias plage, dans l’Hérault ; 17 familles accompagnées par l’Association Familiale laïque de « Vauxle-pénil » ont fait un séjour en village vacances, en pension complète, à Préfailles en Loire-Atlantique ; 12 familles accompagnées par l’Association Familiale Laïque du Doubs ont rejoint l’île d’Yeu en Vendée…

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e réseau de porteurs de projets du CNAFAL est composé essentiellement des bénévoles des associations familiales laïques départementales. Ils sont reconnus comme des partenaires par les conseils départementaux, les caisses d’allocations familiales, les mairies, les pôles d’insertion, des centres sociaux et diverses associations. Ils participent à l’élaboration de projets de réinsertion dont les vacances sont un ancrage vers la vie sociale, une parenthèse bénéfique ou l’aboutissement d’un processus de réadaptation. Les porteurs de projets lèvent le frein financier, par l’attribution de chèques vacances de l’ANCV, pour les bénéficiaires autonomes qui peuvent ainsi réaliser leur projet de vacances. Ils apportent une aide déterminante pour la recherche d’un lieu, d’un transport, de financements, pour la préparation du départ et quelquefois pour assurer un accompagnement sur le lieu des vacances. Ils lèvent les freins par une écoute attentive des problèmes ou des soucis lorsque les bénéficiaires pensent que les vacances ne sont « pas pour eux » ou qu’elles sont inaccessibles.

Quelles sont les familles concernées ?

Les projets concernent des familles dont le quotient familial ne dépasse pas 900 euros. Nombre d’entre elles sont au RSA. Elles vivent, pour 57 % d’entre elles, dans un territoire cible de la politique de la ville. Les bénéficiaires peuvent être autonomes ou suivis par les services sociaux, être des usagers des permanences d’alphabétisation, de défense du consommateur, de services de proximité, de structures spécialisées dans la protection de l’enfant…

de rompre avec le quotidien ; de plus, il pourra être renouvelé lors d’un départ individuel par les bénéficiaires qui seront dans les mêmes réalités de budget. Les familles ayant appris à épargner sans déstabiliser leur budget seront prêtes à renouveler cette expérience.

Conseil National des Associations Familiales Laïques cnafal@cnafal.net www.cnafal.org

Les vacances, un temps pour reprendre confiance en soi

En menant à bien le projet de vacances, les bénéficiaires prennent conscience de leur capacité à retrouver une image positive d’eux-mêmes et reprennent confiance en eux. Les familles lâchent prise avec les difficultés quotidiennes et profitent pleinement de ce temps de vacances. Ce bien-être et la décontraction qui l’accompagnent profitent à la relation parentenfant : les enfants sont plus calmes et participent à tous les moments de loisirs. Plus disponible, le parent redonne une place privilégiée à chacun des enfants. l

Un enfant sur trois, un Français sur deux, ne partent pas en vacances.

Les vacances sont un ancrage vers la vie sociale, une parenthèse bénéfique ou l’aboutissement d’un processus de réadaptation. Les projets permettent à tous de partir en vacances.

Les projets permettent à tous de partir en vacances. La mer est la destination privilégiée et le camping est le mode de vacances choisi en priorité car il encourage l’organisation et l’autonomie. Il favorise les contacts et permet

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FÉDÉRATION FAMILLES DE FRANCE

Partir en Family Rando Depuis 2014, l’Association Familles de France de Paris 15e propose aux familles des promenades ludiques et culturelles pour faire découvrir le patrimoine et l’environnement du 15e arrondissement de Paris. Randonner en plein Paris ? C’est possible !

Marcelle BERNON Présidente de l’Association Familles de France 15e http://paris15.familles-de-france.org/

Si ces rendez-vous ont été lancés en juin 2014, c’est suite à l’expression d’un souhait fort des familles, souhait réalisé par l’opportunité d’une rencontre. En effet, ces « balades culturelles » ont été réfléchies dans le cadre d’un échange avec les habitants du 15e arrondissement, sur le développement des activités en famille, et de la rencontre d’une jeune étudiante de l’École du Louvre. Du travail de réflexion avec les habitants a émergé un double constat : • les familles connaissent peu l’histoire, l’évolution et les ressources environnementales qui les entourent dans leur vie quotidienne, là même où elles habitent ; • les rythmes de vie des familles aujourd’hui, travail-école-dodo, laissent peu de place aux loisirs en commun.

Un moment privilégié en famille

La Family Rando est organisée en week-end et donne l’occasion de partager des moments privilégiés en famille. Un temps apaisé et régénérateur, puisque alliant exercice et culture. Chaque sortie accueille un groupe de 30 personnes maximum (pas plus, afin que chacun puisse suivre le guide et profiter de la visite). Le profil des participants ? Des familles avec des enfants entre 5 et 12 ans, parfois accompagnées des grandsparents (qui, au fil de la visite, deviennent euxmêmes guides et passeurs de leur histoire…).

Découvrir l’histoire et la vie de son quartier

Cette année était d’ailleurs au programme une randonnée au cœur du quartier historique SaintLambert sur le thème « Citoyenneté et patri-

Visite de la Petite Ceinture : parents et enfants découvrent la végétation qui s’est développée tout le long de la voie de chemin de fer.

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moine : histoire de l’arrondissement et de sa mairie à travers les symboles citoyens ». Notre dernière visite concernait quant à elle le quartier Necker, son hôpital des enfants malades, jusqu’à l’Institut national des jeunes aveugles. Un quartier où les associations familiales sont fortement investies (l’Udaf gère une halte-garderie au sein de l’hôpital) et où les familles ont particulièrement besoin de soutien, avec des problématiques telles que la place des parents en cas d’hospitalisation, l’accompagnement des fratries, le fait de vivre avec un handicap… Car découvrir un patrimoine, c’est aussi l’occasion de débattre de plein d’enjeux contemporains. Tout cela en une heure trente de balade !

Permettre à tous de participer

Si les activités culturelles ou de loisirs sont des rendez-vous forts de l’association (qui propose, entre autres, des activités sportives, des visites de musées, des sorties concert ou théâtre, etc.), son objectif est avant tout de permettre à tous d’y accéder. Deux bénévoles de l’association sont d’ailleurs formés par le musée du Louvre et y réalisent des visites accompagnées et guidées avec des familles défavorisées. Prochain rendez-vous : à la rentrée évidemment, sur le Champs de Mars, pour les journées « Sentez-vous sport ! », où l’association sera présente pour faire découvrir de nouvelles activités sportives aux familles, permettre aux enfants de s’initier, et à tout le monde de se bouger ! Pour les associations intéressées dans les 19 autres arrondissements de Paris, l’association Familles de France Paris 15e tient à disposition ses partenaires de la Junior entreprise de l’École du Louvre pour organiser des randonnées découverte, et re-découverte… l

Le Carré Necker et le nouveau Pôle mère enfant : la tour-escalier Keith Haring actuellement en réparation : œuvre unique créée sur l’escalier de secours de la clinique infantile : silhouettes en mouvement, avec leurs lignes joyeuses incarnant l’énergie et la volonté de vivre. Keith Haring a réalisé cette peinture pour « divertir les enfants malades de cet hôpital, maintenant et dans le futur ». Image de Keith Haring

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FAMILLES RURALES

Les vacances et loisirs en famille des initiatives partout en France Familles Rurales s’est toujours mobilisée pour proposer aux parents et aux enfants des vacances à passer ensemble, peu coûteuses et de qualité. L’association organise aussi des activités de loisirs à partager en famille, au-delà des « traditionnelles » animations prévues dans les accueils collectifs de mineurs dont Familles Rurales a la gestion. Un engagement historique dans l’accès aux vacances et loisirs

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les familles du Mouvement accueillaient les enfants des villes dans les campagnes pendant les vacances scolaires. Lorsque, au début des années 80, les femmes ont massivement accédé au marché de l’emploi, ce sont encore les familles du réseau qui ont organisé les premières « ruches ». À Familles Rurales, les notions de vacances et de loisirs sont donc intimement liées à la famille.

Des vacances accessibles pour tous

Dans la Manche, Familles Rurales propose une offre de séjours diversifiée, à 200 mètres de la plage, à Pirou. C’est une offre pérenne que les familles peuvent retrouver chaque année. Dans l’Aisne, elles ont la possibilité se rendre à la maison familiale de vacances gérée par la fédération Familles Rurales. L’accueil est adapté aux familles et aux groupes avec des personnes en situation de handicap. L’expérience de l’association Familles de Thèze (Pyrénées-Atlantiques) met en lumière le travail de Familles Rurales dès la préparation des vacances. Les freins financiers compromettent souvent ce type de projets, et organiser un départ est parfois compliqué. L’association aide donc les familles à l’anticiper au mieux en les intégrant au dispositif « Vacances familiales ». La préparation du séjour fait alors l’objet de réunions collectives et de rendez-vous individuels autour de la budgétisation des vacances, du versement d’une épargne mensuelle, de la réservation de l’hébergement…

Une diversité d’activités proposées

Les loisirs pratiqués en famille, quant à eux, recouvrent le champ des activités manuelles, culturelles, artistiques, ou encore sportives. Les

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résultats d’une enquête menée en 2013/2014 par la fédération régionale Familles Rurales Bretagne mettent en évidence qu’une association Familles Rurales sur deux dans cette région organise des activités de loisirs (activités artistiques, de loisirs créatifs, activités physiques et sportives). Dans l’ensemble du réseau, beaucoup d’entre elles animent des sorties familiales « découverte », souvent agrémentées d’un déjeuner convivial. C’est le cas dans le Finistère, lors des « samedis famille ». À La Réunion, l’association Familles Rurales du Sud Solidaire propose des randonnées dans l’île, souvent mal connue de ses habitants.

infos@famillesrurales.org www.famillesrurales.org

Proximité et convivialité : les clés de loisirs réussis

Grâce à la mobilisation de nos bénévoles, parents et enfants peuvent profiter de festivals à la programmation variée, comme Pic’Arts (Aisne) ou Mômenziks (Vendée). Notre réseau compte de nombreux rendez-vous festifs, réguliers, qui mêlent expositions, stands d’artisanat, activités pour les enfants, animations (théâtre, chants...). Les jardins familiaux (Seine-etMarne, Indre…) sont, de la même manière, des lieux d’échanges en famille, en plus d’être des lieux de jardinage. De fait, les temps partagés entre enfants et parents sont assez rares. Or, nous savons qu’ils resserrent les liens familiaux, permettent la découverte des siens dans un contexte de relations sociales, intergénérationnelles ou encore d’apprentissage du vivre ensemble. C’est pourquoi le Mouvement reste attaché à une proposition diversifiée d’activités de loisirs, basées sur les critères de proximité, d’accessibilité, quels que soient les moyens, dans un esprit de convivialité et de recherche de plaisir. l

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

UNION NATIONALE ADMR

La lecture au service de la famille www.admr.org

L’ADMR s’engage auprès des familles depuis ses origines, en apportant des services pour tous de la naissance à la fin de vie. L’ADMR s’est également fixé pour mission de développer et renforcer le lien social. Parmi les initiatives dont fourmille le réseau des 2 950 associations ADMR, la lecture tient une place importante. Bénéfique pour le bien-être psychique de personnes, non dénuée d’intérêt pour leur santé, la lecture présente de nombreuses vertus, à tous les âges de la vie. Autant d’atouts bien compris – et mis en œuvre – par les bénévoles et les salariés de l’ADMR.

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omans, nouvelles, polars, albums, beaux livres, bandes dessinées, journaux, magazines, essais, documentaires, la variété des ouvrages existants est immense ! Chacun y trouve de quoi satisfaire sa curiosité. Les personnes malvoyantes ou ayant des difficultés de lecture ne sont pas oubliées, et beaucoup de solutions existent pour qu’ils accèdent eux aussi au plaisir de la lecture. Les ouvrages en gros caractères se multiplient et les livres audio remplissent désormais les catalogues des maisons d’édition. De plus, l’accès au livre est désormais facile, indépendamment du niveau de ressources des lecteurs, avec la multiplication des livres de poche et l’essor des bibliothèques publiques.

Se rapprocher des bibliothèques

Des associations ADMR se sont rapprochées des bibliothèques, souvent très dynamiques, qu’elles soient en ville ou en milieu rural. C’est ainsi que l’association locale de Frasne dans le HautDoubs (25) a mis en place le portage de livres à domicile, en lien avec la bibliothèque munici-

Lire chaque jour permettrait de prévenir le stress, en trouvant une échappatoire aux tensions de la journée.

Lire un livre permet d’ouvrir la porte à l’ensommeillement, à condition d’éviter la lecture sur écran !

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pale, voisine de l’association. Grâce à ce projet, des salariées qui interviennent chez les clients se déplaçant difficilement apportent à domicile des livres sélectionnés par la bibliothèque. Un service personnalisé, puisque l’équipe de la bibliothèque se base sur les centres d’intérêt de la personne aidée pour choisir des livres.

Mieux vivre au quotidien

Côté santé, les atouts de la lecture sont nombreux : lire chaque jour permettrait de prévenir le stress, en trouvant une échappatoire aux tensions de la journée. Du côté du cerveau, les neurosciences ont récemment démontré que la lecture favorisait le maintien des capacités cognitives, par exemple la mémoire. Autre bénéfice de la lecture, l’impact sur la qualité du sommeil : lire un livre permet d’ouvrir la porte à l’ensommeillement, à condition d’éviter la lecture sur écran ! Enfin, cette activité serait source d’enseignements profitables pour notre vie quotidienne, nous aidant à mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Favoriser les rencontres et les échanges

Au sein des Pitchounets, le centre de loisirs géré par l’association ADMR de la Haute-Borne à Chevillon en Haute-Marne (52), la lecture a été récemment mise à l’honneur. L’équipe a monté un grand projet participatif pour les enfants avec, entre autres, des ateliers de lecture de contes à la médiathèque et un parcours dans le village pour le redécouvrir au travers des histoires lues. Point culminant de l’initiative, la rencontre avec une auteure à l’occasion de la fête organisée par le centre de loisirs : une journée entière de rencontre et de partage avec les enfants, les bénévoles, les salariés et les familles. Des échanges qui montrent à quel point la lecture favorise la découverte de nouveaux horizons ! l

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VACANCES ET FAMILLES

Faire bouger la solidarité sur les territoires Depuis 1962, chaque année, V&F favorise l’inclusion sociale et l’acquisition d’autonomie pour les 1 000 familles qu’elle accompagne dans la réalisation de leur projet vacances. Etat d’esprit et exemples d’actions concrètes. Les vacances avec V&F

V&F se référant à l’éducation populaire (reconnaissance de la volonté et la capacité de chacun à progresser et de se développer à tous les âges de la vie), souhaite une participation active des familles tant avant les séjours (verbalisation de leurs souhaits), pendant (participation à des animations collectives, incitation des familles à faire des activités par elles-mêmes), qu’après (moment de bilans partagés). Une participation financière est demandée aux bénéficiaires (entre 15 et 30 % du coût réel du séjour). La mise en œuvre de notre projet s’adapte à la situation des familles (problématiques sociales, de santé, familiales) grâce à un accompagnement personnalisé avec pour optique de leur donner les clés pour : être actrices de leurs vacances ; créer du lien social (vacances = temps d’échange et de partage avec des personnes de tous horizons) ; dupliquer les acquis dans leur vie quotidienne (capacité à se déplacer en transports en commun, à se constituer un budget et une épargne, à anticiper, à organiser des loisirs en famille…). Cet accompagnement est réalisé par des bénévoles et des salariés. Il est individualisé afin de tenir compte des particularités de chaque famille (situations sociales, familiales, de santé…). Les familles séjournent en maisons, mobil home, caravanes, villages de vacances pour des séjours d’une à deux semaines, à la mer, à la campagne, en milieu urbain.

Les impacts des vacances

A travers ce temps de plaisir vécu ensemble loin des contraintes quotidiennes, les vacances sont propices à l’affranchissement des habitudes qui coupent l’échange entre les personnes. Elles sont l’occasion de renforcer les liens familiaux, l’expérience montre que parents et enfants mettent souvent à profit ce temps libéré, hors des contraintes quotidiennes, pour en faire un moment de découverte ou redécouverte de l’autre. Les vacances sont un temps de repos, de meilleure santé, de ressourcement loin des soucis habituels. Elles redonnent de la fierté aux

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parents qui ont, « comme les autres », pu payer des vacances à leurs enfants, qui auront quelque chose à partager avec leurs petits camarades à la rentrée scolaire. Elles sont aussi le levier qui permet de se sentir mieux au retour et de se mobiliser pour faire bouger sa vie.

fede@vacancesetfamilles.org www.vacancesetfamilles.fr

Exemple 1 : L’accueil par les bénévoles de Vacances et Familles

Avant son arrivée, le bénévole prend contact avec la famille pour l’assurer qu’elle est bien attendue, comme on le ferait avec des amis. Le bénévole est là pour véhiculer la famille si nécessaire (entre la gare et le lieu de séjour, pour aller faire des courses, pour faire des activités), pour les aider à s’acclimater dans un lieu qu’elles ne connaissent pas, mais surtout pour échanger, partager, vivre ensemble des moments de complicité. Durant les séjours, des activités collectives sont organisées pour les familles reçues sur un même territoire. Ces activités sont variées, elles peuvent être culturelles, sportives, de loisirs. Elles permettent une découverte de la région et de ses attraits touristiques et sont ponctuées de pique-nique, goûters, et autres moments conviviaux. Entre la famille et le bénévole, c’est une rencontre humaine, qui peut amener à des échanges forts, tout en sachant que le bénévole laisse à la famille la latitude de vivre ses vacances comme elle l’entend. Chez V&F ces temps de partage sont primordiaux, ils permettent de faire tomber les barrières sociales et facilitent la rencontre de l’autre, chacun apportant sa culture, son vécu, son histoire. Ainsi se tissent des liens intergénérationnels, entre accueillants et accueillis, entre urbains et ruraux.

Exemple 2 : Des accompagnements in situ dans des villages de vacances

Dans l’étude réalisée par le Cabinet Eteicos sur l’Evaluation des actions de V&F auprès des familles, il ressort que l’accompagnement par les bénévoles est l’atout majeur des vacances que nous proposons. C’est pour ces raisons que nous veillons tout particulièrement à avoir pour chaque séjour la

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Des séjours itinérants dans le Nord

présence au minimum d’un bénévole proche du lieu de vacances des familles. En 2015, des propositions d’hébergements nous ont été faites par VVF et par Cap France respectivement à La Salvetat sur Argout (Hérault) et à l’Ile d’Yeu (Vendée). Or, nous n’avions aucun bénévole dans ces deux sites. Aussi, nous avons expérimenté des séjours avec la présence de bénévoles pendant les séjours. Les familles ne se connaissaient pas avant l’arrivée au village de vacances. C’est à ce moment-là que la présence du bénévole accueillant s’est avérée primordiale pour aider les familles à se rencontrer, à les rassurer en leur apportant « in situ » les clés de vie dans un village de vacances. Loin d’être pour eux, un simple séjour vacances, les bénévoles ont aidé les familles à organiser leurs temps de loisirs, les tâches de la vie quotidienne (faire les courses…). Ils ont surtout été des « facilitateurs » dans les contacts que les familles ont pu nouer sur place avec les autres vacanciers et assuré le lien entre les personnels des villages de vacances et les bénéficiaires.

Des séjours itinérants ont été mis en place dans le Nord-Pas de Calais. La première semaine, les familles sont reçues à Oost-Cappel puis une semaine à Lederzeele dans deux gîtes labellisés Accueil Paysan, les propriétaires ont bénévolement animé ces deux semaines de vacances. Les accueillants ont adapté les animations proposées à l’âge des enfants. Ainsi ils ont pu découvrir la ville de Bergues, la fabrication de la farine avec la visite du moulin d’Hondschoot, ce qui leur a permis ensuite de fabriquer des pizzas maison et cuites dans le four à bois ! La première semaine a aussi été ponctuée par une balade en calèche dans la campagne avec les ânes, de la visite d’une chèvrerie et de la découverte de la biodiversité locale. La deuxième semaine, la famille a pu aller à la plage avec les accueillants à Petit Fort Philippe, ils ont également fait une balade en bateau commentée dans les marais de Salperwick. Les enfants ont pu découvrir la vie à la ferme et ses animaux, les tracteurs, le jardin et le verger.

Des partenaires nationaux et locaux

L’action de la Fédération Vacances et Familles est possible avec le concours de ses partenaires nationaux : Bureau des Clientèles Touristiques et de la Qualité de l’Accueil ; Sous-Direction du Tourisme, Direction Générale des Entreprises ; Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique ; Direction Générale de la Cohésion Sociale ; Agence Nationale pour les Chèques Vacances ; Caisse Nationale des Allocations Familiales. Au niveau local : les Conseils régionaux et départementaux, les CAF, CCAS, Centres sociaux, des entreprises d’insertion et d’autres associations caritatives. l

Exemple 3 : Des accueils pour découvrir Paris

Traditionnellement, les séjours organisés par Vacances et Familles, permettaient à des familles issues des grands centres urbains de découvrir le monde rural et/ou le bord de mer. Depuis 2014, Vacances et Familles a souhaité, également, de faire profiter des familles non franciliennes d’une découverte de Paris et du monde urbain dans de bonnes conditions. Les familles sont logées dans des auberges de jeunesse situées près des Champs Elysées et dans le Marais. Des visites leur sont proposées (Tour Eiffel, Bateaux Mouche, La Grande Galerie de l’Évolution, Montmartre..), mais aussi des plages de temps libres pendant lesquels elles acquièrent de l’autonomie dans un environnement très différent de leur cadre de vie habituel.

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Fédération Nationale Vacances et Familles

Vacances et Familles, est une association loi 1901, forte de 1 500 bénévoles et de 30 salariés, dont l’action s’inscrit dans le tourisme social et familial. Sa vision : des vacances en famille pour construire une société plus solidaire. Ses enjeux : permettre à toutes les familles, par l’accès aux vacances, de créer du lien. Sa mission : accompagner des personnes exclues des vacances dans une démarche d’inclusion sociale par un projet vacances.

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SECOURS CATHOLIQUE

Vacances en famille : une pause indispensable Partir, cela intègre. Dans nos sociétés, depuis des siècles, ces changements de lieu, de vitesse ont été reconnus comme indispensables. Jean Viard, sociologue qui a travaillé sur les « temps sociaux », le rappelle en citant les permissions des soldats, les pèlerinages. Aujourd’hui, ce sont les vacances qui permettent ce ressourcement nécessaire, cette respiration indispensable.

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a précarité isole. Un exemple est celui de familles logées dans des hôtels : « À l’école, mon fils s’est fait traiter de clochard parce qu’il vit à l’hôtel… Pour les enfants, cela fait mal. Ils ont des amis à l’école mais dès qu’ils parlent de leur vie à l’hôtel, les rapports changent. » (Une maman en Île-de-France, en 2015.)1. Une autre maman à l’hôtel, caissière dans un supermarché, avait peur pour la sécurité de sa fille lorsqu’elle était au travail et ne pouvait la nourrir correctement car il est interdit de faire la cuisine. Elle était sur le point de craquer en craignant que, si cela arrivait, on la sépare de sa fille. Dans ces conditions, parler d’un départ en vacances, estce incongru ?

« Ce n’est pas pour nous »

60 % des Français partent en vacances. Mais ils ne sont que 40 % parmi les personnes qui ne disposent que d’un revenu mensuel de 1 200 €2. Au Secours Catholique, lorsqu’une famille nous contacte, ce n’est pas pour parler de vacances ! Lorsque les bénévoles en parlent, la réaction est le plus souvent « c’est impossible », « ce n’est pas pour nous ». Vivant dans des quartiers périphériques, exclues du marché du travail, confrontées à de multiples difficultés, ces familles s’excluent de cette possibilité de pause. Obligées de vivre au jour le jour, elles ont peu de projets et l’idée de partir fait peur. Il faut prendre le temps pour que cela devienne leur projet pour lequel elles vont se mobiliser en réfléchissant au lieu de séjour, au budget, aux aides….

Et lorsque ce départ devient réalité...

Au retour, la réussite se confirme par les enfants : « Elles (ses filles) m’ont demandé comment j’avais réussi, j’ai tout expliqué pour le Secours Catholique, elles étaient fières de moi. », « À l’école, mes enfants ont pu enfin parler de leurs vacances. », « j’étais fière de les emmener, on se dit qu’on est capable d’assumer ses enfants, on se sent reconnu ».

Les vacances permettent aux familles d’avoir un autre regard sur elles-mêmes et de croire en leurs capacités : « Je serai plus sereine, plus active, je vais chercher du travail, et ça m’a donné envie d’acheter une voiture pour faire plus de choses, partir avec mon fils. » Les vacances font aussi partie d’un processus vers plus d’autonomie : « Je n’aurais jamais pu partir en vacances, je n’avais pas le mental, ça fait partie d’une reconstruction personnelle : on se sent mieux humainement, on apprend, on prend des responsabilités. La vie, c’est pas dans son appartement que ça se passe. » À l’heure où la relégation sociale est un danger pour notre démocratie, notre combat est de faire en sorte que nous appartenions tous à la même société. Les vacances ne sont pas une utopie, mais une nécessité. Le non-accès aux vacances est une exclusion à part entière. C’est ce que rappelle le Secours Catholique avec d’autres associations (ATD Quart Monde, Les Petits frères des Pauvres, Les Restos du cœur, Emmaüs France, Vacances et Familles, Vacances Ouvertes) et des hébergeurs du tourisme social au sein du réseau « Vacances – Combattre l’exclusion ». l

Franck DUBOIS Département Solidarité Familiales au Secours Catholique*

www.secours-catholique.org

* Membre de l’UNAPP Union nationale des acteurs de parrainage de proximité, organisme associé de l’UNAF

Vacances avec le Secours Catholique Chaque année, les équipes du Secours Catholique accueillent 300 000 familles et plus de 6 000 personnes partent en vacances grâce à la mobilisation des bénévoles et des donateurs, avec l’appui financier des CAF et de l’ANCV. 72 000 journées de vacances sont également organisées avec l’Accueil familial de vacances, les camps pour les enfants et les séjours en familles. Et tout au long de l’année, des sorties et des loisirs sont prévues avec des familles et des enfants (notamment au travers de l’accompagnement à la scolarité).

1/ « De l’Hôtel au logement, c’est possible ! » Enquête réalisée par le Secours Catholique. 2/ Sources Crédoc. 3/ L’essentiel des citations est tiré d’une étude réalisée par Marie Colombe Afota auprès de familles parties en vacances avec le soutien du Secours Catholique.

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ASSOCIATION ÉCOLE DES GRANDS-PARENTS EUROPÉENS (EGPE)

Vacances et loisirs en famille : nos propositions Quel est le rôle des grands-parents dans la famille et la société ? Comment soutenir les grands-parents en difficulté ? L’association l’École des grands-parents européens (EGPE) a été créée en 1994 pour favoriser les relations entre grands-parents, parents et petits-enfants, et pour offrir des alternatives aux conflits et à l’isolement. Monique DESMEDT Responsable du service Médiation intergénérationnelle de l’EGPE allo-grandsparents.fr

L’association a développé de nombreuses actions : une écoute au téléphone anonyme, des entretiens psychologiques, des médiations intergénérationnelles, des groupes de parole. Tout est fait pour favoriser les liens intergénérationnels. Grands-parents et petits-enfants partagent des visites culturelles, des activités à quatre mains. Des bénévoles de l’association se rendent dans des écoles maternelles. Ils y animent des ateliers de langage s’adressant à des enfants ayant des difficultés d’expression. Car lorsque l’on ne maîtrise pas la parole, la violence peut s’installer...

Les vacances, un moment précieux de complicité

Les loisirs et les vacances partagés entre grandsparents et petits-enfants offrent des temps privilégiés, qui génèrent beaucoup d’attentes. L’EGPE est particulièrement attentive aux liens qui s’instaurent à cette occasion. La prise en charge de l’enfant par les grands-parents s’inscrit presque toujours dans le cadre de la solidarité familiale. Elle répond en général à la demande des parents qui cherchent des solutions de garde pour leurs enfants, car ils travaillent, manquent de disponibilité, ou sont confrontés à des changements dans leur vie (séparation, divorce, déménagement...). Ce temps de proximité concrète et affective est vécu comme une chance par les grands-parents. Il offre un bonheur partagé et contribue à la construction de liens, à la transmission de l’histoire familiale, à l’inscription de l’enfant dans sa lignée, avec une prise en charge sereine car distancée par rapport aux responsabilités éducatives qui incombent aux parents. Il introduit un « faire ensemble ». Il autorise la vacuité, qui ouvre à l’imaginaire.

La prise en charge de l’enfant par les grands-parents s’inscrit presque toujours dans le cadre de la solidarité familiale. .

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Aider les familles qui rencontrent des difficultés

Ainsi, Louise, 4 ans, observe avec un grand intérêt les torsions d’un ver de terre dans le jardin où, avec son grand-père, elle sème des graines de fleurs. Léo, 7 ans, chausse avec fierté ses bottes de caoutchouc pour aller pêcher des crabes avec mamie. Marie, 10 ans, initie son grand-père aux jeux électroniques. Un temps heureux. Mais attention : ces jours de vacances et de loisirs partagés drainent leur lot de difficultés. Parfois, des tensions surgissent. Par exemple le sentiment d’être utilisés, ou même instrumentalisés par les parents ; l’inquiétude face à la responsabilité qui leur est confiée ; les limites et les cadres à poser à l’enfant ; l’équilibre fragile entre rôle grand-parental et vie personnelle ; les rivalités entre les grands-parents maternels et paternels ou la difficulté à trouver sa place dans une configuration familiale complexe, telle une famille recomposée. Parfois, les grands-parents sont privés de ces liens privilégiés suite à des conflits, voire des ruptures, avec leurs propres enfants. L’EGPE les aide à clarifier la situation et renouer le dialogue pour pouvoir trouver leur place de grands-parents. L’EGPE permet ainsi à l’enfant de garder sa place d’enfant dans une famille où, quelle que soit sa configuration, il trouve de quoi alimenter sa formidable énergie. Les grands-parents contribuent à cette mission, par, et au-delà des temps de loisirs et de vacances. l

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FAMILLATHLON

Rassembler les familles autour du sport Famillathlon, espace de ressources et de rencontres pour les familles autour du sport, de la santé et de la solidarité, en les invitant à découvrir et faire ensemble, est une formule originale de soutien à la parentalité. Il s’agit, cette année, de la 12e édition de Famillathlon. Qu’est-ce que Famillathlon ?

C’est le grand rendez-vous national des familles pour pratiquer ou essayer de nombreux sports et animations proposés et encadrés par des professionnels : running, marche nordique, sports collectifs, arts martiaux, escrime, ping-pong, skate, tir à l’arc…on peut tout essayer ! Et parce que le handicap fait partie de la vie des familles, Famillathlon fait découvrir aussi à tous de nombreuses activités de handisport et des sports adaptés. Accessible à tous et entièrement gratuite, cette journée a pour but la découverte du sport en famille, la facilitation du lien et de la solidarité entre les générations. Elle veut montrer plaisir et bienfaits générés par les activités sportives, et motiver les familles à prendre du temps pour les pratiquer régulièrement.

événement à Paris, sur le Champ-de-Mars, en partenariat avec l’UDAF de Paris. Aujourd’hui, il se réalise aussi dans plus de 15 villes en France et en Bulgarie.

contact@famillathlon.org www.famillathlon.org

En 2009, l’UNAF a signé une convention de partenariat avec Famillathlon, en raison de son action sur le renforcement des liens familiaux et intergénérationnels, et la promotion de la santé. Dix UDAF ont été organisatrices ou partenaires d’événements Famillathlon : pour elles, c’est un excellent moyen de communiquer auprès du grand public sur leurs missions et actions, tout en favorisant l’animation et la visibilité du réseau des associations familiales.

Un rassemblement d’acteurs associatifs, institutionnels et privés

L’originalité de Famillathlon, c’est, aux côtés des clubs, ligues et fédérations de sport, la participation active des associations familiales, ainsi que des acteurs de la promotion santé et de la solidarité. Autour de jeux et animations, les ressources des associations sont mises à portée des familles. Des stands et ateliers diffusent des messages et des conseils de santé publique : nutrition, hygiène, sommeil, prévention aux addictions, gestes qui sauvent... Le rassemblement en un même lieu de ces différents acteurs institutionnels, associatifs, privés, fait de chaque Famillathlon une véritable plateforme d’information et de rencontres.

Un partenariat avec l’UNAF

L’association Famillathlon a été fondée en 2005 par cinq femmes conjuguant leurs expériences professionnelles et de mères de famille, dans le cadre du « week-end du sport en famille » créé, cette année-là, suite aux conclusions d’un groupe de travail interministériel auquel a contribué très activement l’UNAF. Famillathlon a organisé le premier

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Aux côtés des familles

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Au fil des ans, se constitue autour de ces événements une vraie famille de participants et d’exposants et le rendez-vous se pérennise. Des partenariats durables se nouent avec les acteurs institutionnels et privés locaux. Les liens se tissent autour d’activités sportives et ludiques. L’image positive de la famille est démontrée de façon concrète et valorisée. l

Il y a une vraie cohésion familiale et sociale chez les participants du Famillathlon, c’est l’occasion de découvrir, observer et d’apprendre en toute convivialité un nouveau sport tous ensemble !

Famillathlon 2016 en images En chiffres Famillathlon, c’est aujourd’hui :

70 000

participants en France et en Europe

300

associations, clubs, ligues, animant les activités

150

animations sportives et ludiques sur l’ensemble des événements dont

25 activités handisport

500

bénévoles assurant les animations

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Bibliographie

Le centre de documentation de l’UNAF situé au 28, place Saint-Georges à l’UNAF propose une large gamme d’articles, de textes de références et d’ouvrages sur le thème.

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Bibliographie

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Dans le cadre de la politique de dématérialisation du fonds documentaire, la plupart des documents cités sont disponibles en ligne.

Sél e cti o n Bibliographique ENQUÊTE DE L’OBSERVATOIRE DE L’UNAF Quel accès aux vacances pour les familles ? Pré-synthèse de l’enquête n°9 [Réseau national des observatoires des familles] UNAF-OBS, BOUDAOUD, Hakim, VALLAT, Jean-Philippe juillet 2016 L’enquête décrit la réalité des départs en vacances, les activités des familles pendant les vacances et analyse les bienfaits liés aux vacances sur les liens familiaux. L’étude s’interroge également sur le non départ en vacances, sur ses raisons mais aussi sur les conséquences familiales du non départ. L’enquête révèle l’ampleur de l’obstacle financier au départ en vacances pour les familles et souligne qu’un tiers des répondants a déjà bénéficié d’une aide pour partir en vacances, pour l’essentiel sous forme d’une aide financière. Mais, les dispositifs d’aides au départ en vacances s’avèrent méconnus.

AIDES ET ACCOMPAGNEMENT AU DÉPART Ville, vie, vacances, un dispositif en manque de souffle SEDRATI-DINET, Caroline, Actualités sociales hebdomadaires (n° 2970-2971), 2016. pp. 24-25 Le dispositif « Ville, vie, vacances » est un programme mis en place en 1982 pour faciliter l’accès aux loisirs des jeunes des quartiers défavorisés et pour prévenir les pratiques délinquantes. Cet article dresse un bilan des trente-cinq ans d’activités culturelles, civiques, sportives, éducatives et émet certaines critiques sur la

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gestion, le financement du dispositif, mais également concernant la sur-représentation des garçons et la tendance à privilégier des animations à destination des plus jeunes. Un temps vecteur d’innovations, ce programme mériterait d’être repensé. Des vacances accompagnées pour s’évader au quotidien PAGNEUX, Florence, Actualités sociales hebdomadaires (n° 29192920), 2015. pp. 40-43 Les ASH consacrent un article à la Fédération Vacances et Familles qui propose depuis 50 ans une méthode originale d’accès aux vacances pour les familles en difficulté économique et sociale. Les bénévoles de la Fédération accompagnent les familles avant, pendant et après le séjour, en les rendant actrices de leur départ. Cet accompagnement a des effets bénéfiques sur les liens familiaux et la redynamisation des personnes. Etude sur l’accompagnement au départ en vacances familiales GUILLAUDEUX, Vincent ; PHILIP, Françoise, Dossiers d’Etudes [CNAF] (n° 162), 2013. 71 p. La CNAF a souhaité engager une démarche sociologique sur l’accompagnement social au départ en vacances des familles, ainsi que sur les effets du départ en lui-même. Cette étude a cherché à évaluer l’efficacité des dispositifs d’accompagnement social et plus spécifiquement l’aide aux vacances sociales (AVS) et l’aide aux vacances familiales (AVF). Le profil des bénéficiaires des aides est analysé, ainsi que les différents freins au départ. Ensuite, le dossier décrit la diversité des modalités d’accompagnement et les conséquences en matière d’insertion sociale des familles. Il souligne également les enjeux et les effets des départs en vacances sur la reconstruction des liens intrafamiliaux. Télécharger le document sur www.caf.fr

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Bibliographie

L’Accompagnement social des familles dans l’accès aux vacances : éléments d’évaluation CAISSE NATIONALE DES ALLOCATIONS FAMILIALES, GUILLAUDEUX, Vincent ; PHILIP, Françoise, 2012, L’E-SSENTIEL (n° 128), 2012 La Caisse nationale des allocations familiales a mené une étude auprès des bénéficiaires de l’aide aux l’ e - ssentiel vacances sociales afin d’analyser les effets de l’accompagnement et des vacances elles-mêmes sur ces familles en difficulté, dont la plupart sont des mères seules avec enfants. Le départ en vacances est un projet difficile, désD tabilisant. Mais l’étude montre que les vacances offrent un nouveau souffle, un ressourcement, une capacité à se projeter, et est propice au resserrement des liens familiaux et sociaux. 8 - no v N° 1 2 e

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bre 2012

Publication électronique de la Caisse nationale des Allocations familiales Direction des statistiques, des études et de la recherche

L’accompagnement social des familles dans l’accès aux vacances : éléments d’évaluation

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epuis les années 1990, le taux de départ en vacances des familles les plus défavorisées ne cesse de baisser avec une dégradation assez nette depuis 2007. En 2012, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), seules un peu plus du tiers (37 %) des familles ayant de bas revenus sont parties en vacances, elles étaient près de la moitié (47 %) en 2007, soit une baisse de 10 points en cinq ans. Cette tendance marque une accentuation des inégalités dans l’accès au départ : sur la même période, la part des familles les plus aisées parties en vacances a progressé de quatre points, passant de 78 % à 82 %.

Politique d’aide et d’accompagnement au départ familial Les freins au départ sont connus et ont été analysés. Ils renvoient d’abord à la pauvreté des ménages, à l’instabilité des situations professionnelles, sociales et familiales. À ces difficultés s’ajoute également l’inexpérience des familles jamais parties. Pour ces dernières, une fois même dépassé le problème financier, construire un projet vacances, savoir où et comment partir, prévoir le budget nécessaire, ne vont pas forcément de soi. Face à ces difficultés, la branche Famille de la Sécurité sociale a engagé une politique d’aide et

l’e-ssentiel

d’accompagnement au départ familial. Celle-ci s’appuie sur plusieurs dispositifs dont l’aide aux vacances sociales [Avs (encadré 1)]. L’Avs s’adresse aux familles fragilisées nécessitant un accompagnement socio-éducatif à la conception du projet vacances. Elle touche ainsi particulièrement les familles monoparentales ou les bénéficiaires de minima sociaux (tableau 1). L’enjeu de cet accompagnement est notamment de lever les freins liés aux « difficultés d’organisation et d’anticipation » que peuvent rencontrer les allocataires n’ayant pas ou peu d’expérience en matière de vacances familiales. L’Avs ne répond pas qu’à des objectifs de justice sociale ou de solidarité qui consisteraient à donner à toutes les familles la chance d’accéder à ce temps familial privilégié. Elle traduit également la compréhension des vacances « comme un temps propice au resserrement des liens familiaux et sociaux ». Les vacances offrent des espaces de temps partagés à même de favoriser la communication entre les membres de la famille, voire de renouer les fils du dialogue, et contribuent à développer ou rétablir des solidarités à l’extérieur de la cellule familiale. Facteur de redynamisation familiale, elles permettent le développement personnel et l’acquisition de compétences transférables dans d’autres domaines de la vie courante.

n° 128 - novembre 2012

Les Vacances des Français : favoriser le départ du plus grand nombre CENTRE D’ANALYSE STRATEGIQUE, 2011 L’étude du Centre d’Analyse Stratégique révèle que la proportion de Français qui partent en vacances ne progresse plus depuis dix ans. L’obstacle principal au départ en vacances reste le manque d’argent, viennent ensuite les causes personnelles, de santé ou familiales, ou encore l’isolement social. Face à ce constat, l’étude propose des pistes pour aider à la mobilité du plus grand nombre et recommande la mise en place de dispositifs permettant aux seniors et aux personnes handicapées de voyager plus facilement. En ligne sur : www.strategie.gouv.fr

ETAT DES LIEUX DES DÉPARTS EN VACANCES Les Français préservent leur capacité de départ en vacances DIRECTION GENERALE DES ENTREPRISES, GITTON, François-Pierre, 2014 , 4 p. Le 4 pages de la DGE (n° 40), 2014. 4 p. Le taux de départ en vacances des Français a augmenté au cours des dernières années. Cette progression concerne toutes les catégories de revenus. Face aux contraintes financières, les Français préservent leur capacité de départ en vacances par des comportements plus économes. La majorité des séjours a lieu en hébergement non marchand, dans la famille ou chez des amis. Différents dispositifs d’aides financières contribuent également à réduire le coût des vacances, favorisant ainsi les départs.

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VACANCES 2014 : L’ÉCLAIRCIE

N°320 - VACANCES 2014 : L’ÉCLAIRCIE

Étude réalisée à la demande de la DGE

Sandra HOIBIAN Jörg MÜLLER

JANVIER 2015

www.credoc.fr

N° 320

En ligne sur www.credoc.fr

Le Départ en vacances : définitions, enjeux et expériences Revue Partances (n° 1), 2015. 64 p. Ce premier numéro de la revue annuelle de recherche et d’études sur l’accès au départ en vacances est publié par le Conseil scientifique de l’accès au départ en vacances. Cette publication se veut un espace d’échanges et d’information auprès d’un public tant académique que professionnel à partir des recherches et des analyses, expériences et projets des acteurs du tourisme social et solidaire. Dans ce numéro, géographes, juristes, sociologues, économistes, psychologues et représentants du monde du tourisme et de l’action sociale analysent les motivations au départ en vacances et les éléments clés de l’accès aux vacances.

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Télécharger sur www.caf.fr

En ligne sur le site du ministère de l’Economie : www.entreprises.gouv.fr

Vacances 2014 : l’éclaircie : Étude réalisée à la demande de la DGE [Direction Générale des Entreprises] HOIBIAN, Sandra ; MULLER, Jörg, CREDOC : 2015, 66 p. L’étude du CREDOC apporte des éléments concernant les comportements des Français en matière de départs, les raisons des non-départs et l’évolution des pratiques des vacanciers. Pour 2014, le taux de départ en vacances est en légère hausse malgré des dépenses contraintes qui pèsent de plus en plus sur les budgets. Trois types de comportements ressortent nettement ceux qui partent hors saison, ceux qui réservent leur voyage longtemps à l’avance et ceux qui voyagent avec des compagnies aériennes low cost. Par ailleurs, une proportion croissante de la population âgée de plus de 18 ans déclare avoir bénéficié d’une aide au départ : 23 % en 2014 et 19 % en 2008. COLLECTION DES RAPPORTS

Le Départ en vacances des enfants et des adolescents : aujourd’hui : progression des inégalités et resserrement autour de la famille OBSERVATOIRE DES VACANCES ET DES LOISIRS DES ENFANTS ET DES JEUNES, 2013, 12 p. Selon l’étude de l’Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (Ovlej), un quart des jeunes de 5 à 19 ans, soit trois millions d’enfants, ne sont pas partis en vacances en 2011. L’une des raisons principales du non départ en vacances est le manque d’argent. La situation familiale, et particulièrement le niveau de revenu est décisive dans le départ en vacances des enfants. L’étude note également une évolution dans les modes de vacances et une forte progression des vacances en famille. Télécharger le document sur le site de la Jeunesse au Plein Air www.jpa.asso.fr

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2009 : Avec la crise, la recherche de vacances économes se développe CENTRE DE RECHERCHE POUR L’ETUDE ET L’OBSERVATION DES CONDITIONS DE VIE, HOIBIAN, Sandra ; HATCHUEL, Georges, 2010, 168 p. Dans le contexte de forte crise économique de 2009, cette étude analyse les choix opérés par les Français en matière de tourisme et de vacances. La première partie de l’étude est consacrée aux taux de départs en vacances (de juin 2008 à juin 2009) et met en évidence les inégalités et leur évolution. La deuxième partie étudie les nouveaux comportements touristiques, ainsi que les arbitrages et ajustements auxquels les Français procèdent pour pouvoir partir. La troisième partie analyse l’adéquation de l’offre touristique aux attentes de la population. Compte tenu de la crise économique, il s’avère que la proportion de vacanciers n’a pas diminué, mais qu’elle a même très légèrement eu tendance à s’améliorer. Malgré sa vision sombre de l’avenir, le pays reste très attaché aux vacances, et beaucoup ne semblent pas prêts à y renoncer pour l’instant. Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie

Enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français » N° 262

Mars 2010

2009 : Avec la crise, la recherche de vacances économes se développe

Rapport réalisé à la demande de la Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services (DGCIS)

Sandra HOIBIAN Sous la direction de Georges HATCHUEL

142, rue du Chevaleret

75013 - Paris

Rapport à télécharger sur www.credoc.fr

Vacances : les générations se suivent et se ressemblent... de plus en plus DAUPHIN, Laurence ; TARDIEU, Frédéric, INSEE Première (n° 1154), 2007. pp. 1-4 Depuis quarante ans, le nombre de personnes qui partent en

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Bibliographie

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

vacances augmente et les comportements touristiques évoluent. L’âge influence non seulement le taux de départ, mais aussi le nombre et la répartition des séjours dans l’année. Les jeunes seniors sont les grands bénéficiaires et les 20-24 ans partent relativement moins. L’enquête note que les séjours en hiver ou à l’étranger se développent et que la durée moyenne du séjour ne cesse de décroître régulièrement. En ligne sur www.insee.fr

VACANCES, LOISIRS ET LIENS FAMILIAUX Des vacances pour resserrer les liens familiaux PAGNEUX, Florence, Actualités sociales hebdomadaires (n° 2872), 2014. pp. 24-27 « Les séjours de vacances réunissant les parents et les enfants suivis par une mesure éducative ou confiés à l’aide sociale à l’enfance sont peu développés en France ». Et pourtant les vacances sont un moyen de retisser du lien et de sortir du cadre habituel. Reste à dépasser les multiples difficultés rencontrées par ce type de projet. Cet article retrace quelques expériences de vacances familiales et analyse les apports de cette démarche. Familles et loisirs. CEROUX, Benoît ; coord., Informations sociales (n° 181), 2014. 138 p. Ce dossier examine les rapports entre loisirs et familles. Les loisirs des enfants et des adolescents en dehors de la famille sont abordés à travers leurs pratiques culturelles, les vacances collectives ou encore la mise en place de projets participatifs. Ensuite, la réflexion s’ouvre sur les usages des technologies de l’information et de la communication par les adolescents, non seulement entre eux, mais aussi avec leurs parents, et leurs grands-parents. La dernière partie propose d’analyser les bénéfices de l’action publique sur les familles dans le domaine des loisirs : l’expérience du musée en famille, l’aide aux vacances sociales, le tourisme social. Les vacances, la pratique du sport, le partage des connaissances dans les domaines liés aux technologies de l’information et de la communication favorisent les relations entre parents et enfants. Numéro en ligne sur www.cairn.info/revue-informationssociales-2014-1.htm

Quelles vacances pour les enfants et les adolescents aujourd’hui ? : Entre fréquentation des centres de loisirs et départs en vacances OBSERVATOIRE DES VACANCES ET DES LOISIRS DES ENFANTS ET DES JEUNES, MONFORTE, Isabelle, Dossiers d’Etudes [CNAF] (n° 163), 2013. 80 p. Les vacances des enfants et des jeunes constituent en France un enjeu éducatif, social et politique. Cette étude analyse l’organisation des congés des enfants et des adolescents et l’offre d’accueils de loisirs, celle des colonies ou camps, et les séjours en famille. Les vacances avec les parents se généralisent et le modèle des vacances avec les grands parents prédomine fortement jusqu’à la fin de l’adolescence. Dans le contexte de crise économique, les inégalités sociales se sont renforcées mais l’enquête souligne l’importance des aides financières des Caisses d’allocations familiales dans l’accès aux séjours collec-

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tifs et montre que les accueils collectifs de loisirs et de vacances contribuent à réduire ces inégalités. En ligne sur www.caf.fr

Des vacances pour grandir : Dossier L’Ecole des parents (n° 591), 2011. pp. 18-36 Les vacances sont l’occasion pour l’enfant de découvrir un autre rapport au temps, aux lieux et aux autres. En famille, chez les grands parents, en centre de loisirs ou en colonie, ce dossier étudie toutes les formes de vacances des enfants. Numéro en ligne sur www.cairn.info/revue-l-ecole-desparents-2011-4.htm

Temps des familles, temps des enfants : des espaces de loisirs : Conférence de la Famille 2007 DELEGATION INTERMINISTERIELLE A LA FAMILLE ; MINISTERE DELEGUE A LA SECURITE SOCIALE, AUX PERSONNES AGEES, AUX PERSONNES HANDICAPEES, ET A LA FAMILLE, VEYRINAS, Françoise de ; prés. ; PEQUIGNOT, Jean-Pierre ; rap., Ministère de la Santé et des Solidarités : 2007, 63 p. La Conférence de la Famille 2007 est consacrée au temps périscolaire (avant et après l’école) et au temps extrascolaire (mercredi, week-end, vacances) des enfants, des adolescents et de leur famille. Ce rapport de propositions remis au ministre Philippe Bas, recherche des solutions mobilisant l’école, les collectivités locales, les parents et la société civile, pour contribuer hors du temps scolaire à l’épanouissement des enfants. Le groupe de travail qui a réuni les principaux acteurs de la politique familiale en France (mouvements familiaux, partenaires sociaux, institutions et personnalités qualifiées) a formulé 6 propositions qui visent à améliorer l’accès aux loisirs de tous les enfants, à faciliter la socialisation des grands adolescents par une intégration aux activités d’animation et à améliorer l’information des familles. Le groupe a mené ses travaux en affirmant, de manière constante, la place centrale des enfants et de la famille dans l’élaboration des propositions. Rapport en ligne sur www.ladocumentationfrancaise.fr

Temps des familles, temps des enfants : des espaces de loisirs [Annexes] : Conférence de la Famille 2007 /DELEGATION INTERMINISTERIELLE A LA FAMILLE ; MINISTERE DELEGUE A LA SECURITE SOCIALE, AUX PERSONNES AGEES, AUX PERSONNES HANDICAPEES, ET A LA FAMILLE, VEYRINAS, Françoise de ; prés. ; PEQUIGNOT, Jean-Pierre ; rap., Ministère de la Santé et des Solidarités : 2007, 252 p. Les annexes permettent de retrouver les comptes rendus des réunions de janvier et février 2007, du groupe de travail préparatoire à la Conférence de la Famille, ainsi que la synthèse des personnes auditionnées et les contributions des membres du groupe de travail dont l’UNAF. Le temps des vacances in : Hommes et migrations (n° 1243), 2003. pp. 4-63 Du séjour obligatoire au bled à la découverte des loisirs estivaux dans le pays de résidence, les comportements en vacances des immigrés et de leurs enfants évoluent au fil des ans, jusqu’à ressembler à ceux de n’importe qu’elle famille française. Cependant, la période estivale révèle aussi les réalités de l’exclusion.

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Bibliographie

Les pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs pour occuper les jeunes. L’opération « Ville-vie-vacances » permet de resociabiliser une partie de la jeunesse des cités. De leur côté, les associations communautaires s’efforcent de permettre aux familles d’immigrés les plus pauvres de prendre elles aussi des vacances. Partir ainsi, constitue souvent une première expérience de vraies vacances, où s’allient détente, découverte de la France et confrontation des cultures. On trouvera dans ce dossier, une réflexion sur le voyage moderne, rebaptisé tourisme, rédigée par Pierre Josse, rédacteur en chef des « Guides du Routard », qui pointe la tension entre, d’une part, la nécessité des sociétés pauvres de s’ouvrir pour s’enrichir et, d’autre part, celle de protéger identité et valeurs pour continuer d’exister. La France des temps libres et des vacances /VIARD, Jean ; dir. ; POTIER, Françoise ; dir. ; URBAIN, Jean-Didier ; dir., Editions de l’aube : 2002, 227 p. Cet ouvrage analyse les évolutions, durant les cinquante dernières années, de l’utilisation du temps libre et des vacances des français. Les pratiques de temps libres, qu’elles soient culturelles, sportives ou touristiques, influent sur l’organisation et la gestion du territoire, notamment au niveau des villes. Le temps libre apparaît non seulement comme aménageur spatial (logement, politiques d’équipements publics et sociaux) mais aussi comme organisateur de lien social (liens sociaux, amico-familiaux, pratiquants culturels, sportifs...). Cet ouvrage dégage les principales tendances sur l’usage du temps, de mettre à jour les répercussions en termes de mobilité géographique, de lien social ou encore d’investissement économique.

VACANCES ET HANDICAP Accéder à des vacances adaptées de qualité SEDRATI-DINET, Caroline, Actualités sociales hebdomadaires (n° 2869-2870), 2014. pp. 26-29 Cet article révèle les obstacles rencontrés par les personnes handicapées adultes pour accéder aux structures de vacances adaptées à leurs besoins. Pourtant, depuis la loi du 11 février 2005, les organismes de séjours spécifiques se sont structurés et professionnalisés et les avancées réalisées en la matière sont indéniables. Mais les situations étant très variées, la qualité des encadrements et de la sécurité reste à améliorer. Un décret en préparation devrait mieux encadrer le secteur des vacances adaptées. Développer l’accueil des enfants en situation de handicap dans les structures petite enfance : référentiel d’initiatives / CHORUM ; MALAKOFF-MEDERIC ; collab, KACZMAREK, Sylvie, 2012, 132 p. Ce référentiel d’initiatives pour l’intégration de l’enfance handicapée dans les structures d’accueil de l’enfance fait partie d’un programme plus global sur le Développer l'accueil l'accueil Développer des enfants en situation des situation handicap « S’épanouir ensemble ». de handicap handicap dans de dans les les structures petite enfance enfance structures Les initiatives présentées concernent tous les secteurs de l’accueil de l’enfance : loisirs-vacances, structures de « garde », loisirs culturels et sportifs et scolarisation. Chaque initiative fait l’objet d’une fiche descriptive et de recommandations formulées par les porteurs de projet. 1

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Le tourisme associatif en milieu rural, source de développement local et de cohésion sociale CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL, MARCON, Jean-Pierre ; rapp., Avis et rapports du Conseil Economique et Social (n° 5), 2006. pp. 5-99 Au sein du secteur du tourisme, le tourisme associatif ou solidaire occupe une place particulière et assure une double mission d’utilité sociale. Il participe à la cohésion sociale du pays, maintient et favorise le développement des territoires ruraux en déclin. Mais, aujourd’hui, cette forme de tourisme se trouve confrontée à un grave problème économique avec le désengagement de l’Etat et des organismes sociaux. Il doit aussi affronter les évolutions des attentes des Français quant à leurs vacances. Le Conseil Economique et Social formule un certain nombre de propositions qui s’articulent autour de trois axes : conforter la mission sociale du tourisme associatif en encourageant le départ en vacances des plus défavorisés et en confortant le rôle de l’Agence Nationale pour le Chèquevacances ; renforcer l’attractivité des territoires ruraux en favorisant le partenariat avec les collectivités locales ; adapter le tourisme social aux évolutions des attentes de la clientèle. Ces propositions visent à permettre à cette forme originale de tourisme de poursuivre ses missions. Le Groupe de l’UNAF approuve l’économie générale de l’avis du CES. RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AVIS ET RAPPORTS DU

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL

LE TOURISME ASSOCIATIF EN MILIEU RURAL, SOURCE DE

DÉVELOPPEMENT LOCAL

ET DE COHÉSION SOCIALE

2006

Rapport présenté par M. Jean-Pierre Marcon

En ligne sur : www.lecese.fr

Rédactrice : Sylvie Kaczmarek [Chef de projet ingénierie sociale]

Rédactrice :

Sylvie Kaczmarek, Chef de projets ingénierie sociale Directrice de publication :

Brigitte Lesot, Directrice générale de CHORUM Conception :

Tourisme et développement durable en France / UNAF-CESE, MENARD, Claire, 12/11/2014 Le CESE formule un ensemble de propositions qui visent à favoriser en France un développement durable du tourisme dans l’ensemble de ses territoires. Le Groupe de l’UNAF tient à souligner l’importance et la nécessité de revitaliser le tourisme associatif et solidaire. Cela passe notamment par un effort d’investissement visant à réhabiliter, rénover, promouvoir des lieux d’accueil anciens ou nouveaux qui permettent aux familles d’être accueillies. Mais cela passe aussi par la prise en compte du quotient familial pour permettre aux familles, à nombre d’enfants égal, d’accéder aux vacances, surtout en cas de faibles revenus des ménages. Le Groupe de l’UNAF partage la nécessité de généraliser et de mutualiser de très nombreuses initiatives prises par les acteurs sur le terrain.

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Développer l'accueil l'accueil Développer des enfants en situation des situation de handicap handicap dans de dans les les structures petite enfance structures

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TOURISME

Cyrille Le Floch, Responsable Print pour CHORUM

Développer l'accueil des enfants en situation de handicap dans les structures petite enfance

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Imprimé par ANR Services ESAT Maurice Pilod - établissement du secteur protégé

Février 2012

En ligne sur le site de l’Association Parentale d’Entraide aux Enfants atteints d’une Infirmité Motrice Cérébrale : www.apeeimc.com

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

En librairie

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En Librairie POUR LES PARENTS

Petits règlements de comptes en famille Nicole PRIEUR, Albin Michel, 2009 On a beau dire qu’« en amour, on ne compte pas », les liens affectifs se tissent autour de dons, dettes, loyautés, difficiles à équilibrer entre ceux qui donnent beaucoup, ceux pour qui tout est dû, et ceux qui ne veulent rien devoir à personne. Comment, cependant, instituer plus de justice dans les relations ? Si les comptes familiaux sont inéluctables, ils sont également impossibles, car ce qui circule n’est pas quantifiable. Il s’agit d’affectif, de symbolique, de regards, d’attention, des données impalpables… et tout cela nourrit grassement les contentieux, les règlements de comptes interminables en cas de séparation ou succession. Nicole Prieur décode le fonctionnement de notre calculette inconsciente et décrypte le livre de compte familial, selon les tranches d’âge et les étapes de la vie. Mais elle démontre surtout qu’il n’est pas nécessaire d’avoir réglé ses comptes familiaux pour pouvoir devenir soi et s’accomplir. La famille, l’argent, l’amour – Les enjeux psychologique des questions matérielles Nicole PRIEUR et Bernard PRIEUR, Albin Michel, 2016 Dans les relations familiales, l’argent peut être un véritable poison, et ce n’est pas une question de fortune. Parfois, il suffit d’un grain de sable dans la vie quotidienne pour révéler une fracture et créer des imbrications inattendues au sein des couples, des fratries et des familles, entre liens de sang, de cœur et d’argent. Les enjeux sont différents selon les circonstances : lors de la constitution du couple, de la naissance des enfants, de leur adolescence, de leur envol, puis de la retraite, de la vieillesse ou encore des séparations, du chômage, de la maladie, des successions... En prendre conscience permet à chacun de mieux se situer dans le rapport à l’argent, à l’amour, à l’autre, et d’éviter les malentendus. Nicole et Bernard Prieur mettent en lumière les sources de souffrance et d’incompréhension et donnent ainsi des outils précieux pour rendre la vie de famille plus légère, et les liens d’amour plus épanouissants. Merci le jeu ! Jouer ensemble, un chemin jusqu’à la joie Pascal DERU, L’instant Présent, 2016 Dix ans après la parution du livre Le jeu vous va si bien ! (Le souffle d’Or, 2006), Pascal Deru nous apprend, dans Merci le jeu !, ce que le jeu nourrit en l’enfant et en l’adulte. Merci le Jeu ! s’ouvre sur des moments de jeux entre Pascal Deru et ses petits-enfants. Avec de simples blocs en bois – « mais pas n’importe lesquels », dit-il –, les parties de jeu deviennent

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des moments magiques et surprennent par un incroyable champ de variantes et petites œuvres, à la portée de tous. En réfléchissant ainsi sur sa propre expérience, l’auteur montre combien jouer ensemble est un chemin facile pour transmettre des valeurs. Pascal Deru ne cesse d‘éclairer des scènes où le jeu devient le témoignage de la tendresse. Finalement, jouer ensemble, c’est faire du chemin dans la complicité. Une complicité créatrice et tolérante, où tant l’adulte que l’enfant sont gagnants. Les livres c’est bon pour les bébés Marie BONNAFÉ, coll. Pluriel, Fayard, 2011 Livres et bébés ne feraient pas bon ménage ! « Ils sont trop petits, ils ne comprennent rien », entend-on souvent. Pourtant, les bébés, avant même de savoir parler, sont friands d’albums illustrés. Regardez-les : ils les feuillettent, les explorent en tous sens et écoutent avec passion leurs premiers récits. En plus de soins maternels, le bébé a besoin de jeux avec l’imaginaire, sans quoi il ne saurait accéder au langage ni à la vie de l’esprit. À contre-courant de l’apprentissage précoce, forcé, Marie Bonnafé, psychiatre et psychanalyste, fait l’éloge de la « lecture pour rien », de la gratuité, du plaisir qui sont les meilleures conditions pour accéder à la langue écrite. Lire des histoires aux tout-petits est ainsi un enjeu culturel et social parmi les plus importants de notre civilisation. Quand les livres relient Ouvrage collectif, Ères, 2012 Qu’est-ce que la littérature de jeunesse aujourd’hui ? De quoi parle-t-elle aux enfants du XXIe siècle ? Quelles émotions éveillet-elle ? Que transmet-elle du monde et de ses habitants ? Le livre de jeunesse est-il un objet culturel comme les autres ? Et comment les « grands » passeurs de culture s’engagent-ils dans ce travail si exigeant, lire des livres avec des enfants ? L’Agence « Quand les livres relient » conduit depuis plusieurs années une réflexion sur la rencontre entre adultes et tout-petits autour des livres, en particulier des livres d’images. Ses membres mènent des actions dans des lieux divers sur l’entièreté du territoire national. Elle témoigne ici de ses réalisations, mais surtout elle dresse un manifeste de ses enjeux et perspectives et propose 1001 raisons de lire et de penser les trésors de la littérature de jeunesse.

POUR LES GRANDS-PARENTS Grands-parents, à vous de jouer ! Marcel RUFO, Editions Anne Carrière, 2012 « Dans mes livres précédents, je me suis toujours appuyé sur mes rencontres cliniques pour comprendre le fonctionnement des enfants et des adolescents avec leur famille. Cette fois, accompagnez-moi dans ma propre histoire :

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celle de ma relation avec mon unique et extravagante grand-mère. Le grand-père imaginaire que je suis pour l’instant, et qui est aussi pédopsychiatre, met en scène des situations qui pourraient survenir dans la vie de tous les petits-enfants : le divorce des parents, les disparitions, la confidence d’une transgression, la transmission si essentielle de l’histoire familiale... Surtout, en leur écrivant ces lettres, je m’engage, je leur réponds, et je leur fais des propositions, ainsi qu’à leurs parents. » Un livre pour affirmer l’arbre de vie, l’enracinement et la puissance de la filiation que représentent les grands-parents. Un livre qui parlera aux grands-parents et à ceux qui le seront. Questions de grands-parents Marie-Françoise FUCHS et Françoise CHAZE, EDLM Une centaine de témoignages, analysés par la fondatrice de l’Ecole des grands-parents européens, permettra aux papis et aux mamies de mieux comprendre les mutations de la société, des mentalités et celles des familles.

POUR LIRE EN FAMILLE Blanc sur Noir - Dès la naissance Tana HOBAN, Kaléïdoscope Des images blanches sur fond noir : biberon, canard, bavoir… De très belles photos à exposer aux nouveau-nés dans la berceau pour un premier moment d’intimité. Ma petite ferme – Dès la naissance Xavier DENEU, Milan Un livre en tissu pour caresser et découvrir les animaux familiers de la ferme avec les petites mains de bébé. Pour être un grand méchant loup ... Dès 2 ans Bénédicte GUETTIER, Casterman, 2011 Une langue rouge et râpeuse, des dents pointues, des oreilles velues, un pelage noir… mais que voilà un grand méchant loup ! Pour jouer à se faire peur un petit peu mais surtout pas trop.

» > D’autres idées de livres « bébé sur www.premierespages.fr Histoires de vacances à lire avec papa et maman – Dès 3 ans Christelle CHATEL (illustrations Madelaine BRUNELET, Marie FLUSIN), Fleurus, 2014 Les vacances d’été, c’est le moment idéal pour passer du temps avec papa et maman ! Un livre à partager en famille, sur la plage, à la montagne ou même à la maison pour ceux qui ne partent pas. Les vacances – Dès 4 ans Rhéa DUFRESNE (illustrations : ORBIE), Isatis, 2014 Les vacances partage avec les jeunes lecteurs tout ce que représente cette période magique qui est celle du temps pour soi, pour jouer, pour découvrir, pour se dépasser et pour rêver. Dans ce court texte, les enfants retrouveront ce qu’ils connaissent déjà, mais également ce qu’ils rêvent de vivre avec parents et amis pendant ces belles journées que sont les vacances. Notre camping-car – Dès 6 ans Magali ARNAL (récit et illustrations), L’école des loisirs, 2015 Youpiiiiiii, avec Papi, on ne voyage ni en avion, ni en train, ni en

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bateau, mais en... camping-car ! Notre héroïne adore cette maison sur roues, alors que son grand-père, lui, préfère prendre le grand air. Enfin, sauf quand il pleut... Une histoire toute colorée à dévorer pour les vacances d’été !

POUR VOYAGER EN FAMILLE Collection de guides « Partir en famille » Editions En voyage Cette collection de guides complets dispense des conseils pour préparer le voyage en tenant compte des besoins, du rythme et des goûts des enfants, des anecdotes pour intéresser les juniors, des idées de parcours sur les sites incontournables, des activités et jeux de piste pour visiter la ville en s’amusant. Mais aussi : des adresses de restaurant, d’hébergements et de shopping adaptées aux familles, une cartographie et un livret détachable de 24 pages dédié aux enfants. Existe pour Barcelone, Bruxelles, Londres, New York et Rome. www.guidespartirenfamille.com

Collection de guides « Graines de voyageur » Editions Graine2 22 guides destinations et 3 guides thématiques. Entre guide touristique et carnet de voyage, les guides « graines de voyageurs » s’adressent au 7-12 ans avant et pendant les vacances, mais aussi toute l’année pour découvrir sa propre région et trouver des idées d’activité. A l’intérieur, des informations sur la géographie et les faits historiques marquants, les choses à voir ou à faire, les coutumes de la régions ; mais aussi des jeux de pistes pour les guides urbains, ainsi qu’un carnet de voyage pour conserver tous ses souvenirs. Voyager avec ses enfants – La bible des parents voyageurs Guide Lonely Planet, éditions En voyage Un livre idéal pour aider les parents d’un enfant de 0 à 10 ans à choisir une destination adaptée. On y trouve des conseils généraux pour voyager avec des enfants, mais aussi des informations sur 80 pays qui répondent aux principales préoccupations des parents : les choses à voir et à faire, la santé et les risques éventuels, la nourriture, le budget à prévoir, les périodes idéales pour y séjourner… Vacances pour toute la famille – se ressourcer le temps d’un week-end Anna PIOT, Albin Michel (2007) Envie de changer d’air, de découvrir et d’explorer en famille, le temps d’un week-end ou plus ? • Jouez les chercheurs d’or en Corrèze • Découvrez les mille et un secrets du pain dans un gîte d’Ille-et-Vilaine • Initiez-vous au tir à l’arc dans la région des châteaux de la Loire • Scrutez les étoiles dans une fermeobservatoire du Gers • Partez sur les routes de Franche-Comté avec une roulotte et un cheval Les meilleures idées de destinations et de séjours aux quatre coins de la France pour se détendre et partager ensemble les meilleurs moments...

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Annexes

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RÉALITÉS FAMILIALES#LOISIRS ET VACANCES EN FAMILLE

Numéros disponibles

Pour tout savoir sur tout ce qui touche à la vie quotidienne des familles : logement, santé, éducation, consommation...

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Réalités

Réalités

R E V U E D E L’ U N I O N N A T I O N A L E D E S A S S O C I A T I O N S FA M I L I A L E S

R E V U E D E L’ U N I O N N A T I O N A L E D E S A S S O C I A T I O N S FA M I L I A L E S

« PARRAINER UN ENFANT PRÈS DE CHEZ SOI »

LA PLACE DE L’ENFANT DANS LA MÉDIATION FAMILIALE

13e

n°85-86-87 l 2008

Vivre avec la maladie d’Alzheimer : un défi pour le XXIe siècle

13e

L’Europe des familles

ISSN : 0220 9926 - Prix : 6,50 €

n°89 l 2009

L’accueil de la petite enfance

10e

n°106-107 l 2014

6,50 e

No 89 - 2009

Parrainer un enfant près de chez soi

10e

n°95-96-97 l 2011

Être aidant familial aujourd’hui

n°88 l 2008-2009

6,50 e

10e

n°100-101 l 2012

n°98-99 l 2012

Le logement, une question familiale

10e

n°108-109 l 2014

L’alimentation au cœur des familles

Soutien à la parentalité avec et pour les parents

10e

n°110-111 l 2015 Numéro spécial 70 ans d’engagements pour les familles

ISSN : 0220 9926 - Prix : 10 e

10e

6,50 e

N° 92-93 - 2011

n°92-93 l 2010

La place de l’enfant dans la médiation familiale

10e

n°102-103 l 2013 Familles et Ecole

10e

n°112-113 l 2015 Associations Familiales L’Union fait la force !

n°94 l 2011

Nouvelles technologies santé et familles

10e

n°104-105 l 2014

La place des familles dans la protection de l’enfance

10e

n°114-115 l 2016 Familles connectées

10e

n°116-117 l 2016

Loisirs et vacances en famille

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Annexes

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“RÉALITÉS FAMILIALES”

Bon de commande & abonnements Revue thématique et trimestrielle qui traite de tous les sujets de la vie quotidienne des familles (logement, santé, éducation, consommation...). Diffusion sur abonnement ou vente au numéro par correspondance.

Abonnement annuel

2 numéros par an

➜ Je souhaite m’abonner pour : …………. abonnement(s) au prix unitaire de 22 € (TTC) - Étranger 25 € (TTC)

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➜ J e souhaite commander les numéros suivants :.......................................................................................................................... Prix d’un numéro : 6,50 e + 3,15 e* de frais de traitement Numéro double : 10 e + 3,15 e* de frais de traitement Numéro triple : 13 e + 3,15 e* de frais de traitement

Nom :.......................................................................................................................... Prénom : Complément d’intitulé : Adresse :

........................................................................................

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(Chèque à joindre à la commande)

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28, place Saint-Georges, 75009 Paris - Tél. : 01 49 95 36 15 E-mail : realites.familiales@unaf.fr - Site Internet : www.unaf.fr

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Union Nationale des Associations Familiales 28, place Saint-Georges, 75009 Paris - Tél. : 01 49 95 36 00 www.unaf.fr

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Réalités R E V U E D E L’ U N I O N N A T I O N A L E D E S A S S O C I A T I O N S F A M I L I A L E S

Loisirs et vacances en famille ISSN : 0220 9926 - Prix : 10 e

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N° 116-117 - 2016

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