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poids lourd économique

Un premier chiffre pour commencer ? 6,3 milliards d’euros. Aujourd’hui, l’appellation champagne pèse l’équivalent de presque 130 Airbus A320néo. 63, s’ils sont vendus au prix catalogue d’environ 100 millions d’euros. Mais personne ne paie ces prix-là. Avec ses 300 à 325 millions de bouteilles (selon les années), la Champagne pèse 9 % des volumes des effervescents mondiaux mais un tiers de la valeur. Et cela, sur moins de 0,5 % de la surface du vignoble mondial. Un vrai poids lourd !

Le premier acteur économique de l’appellation, c’est le négoce. 370 maisons, pour 70 % des expéditions, dont 90 % de l’export, et les marques les plus célèbres de l’appellation. Dom Pérignon. Ruinart. Moët et Chandon. Veuve Clicquot. Lanson. On en passe. Les six plus gros groupes de négoce pèsent à eux seuls deux tiers de la valeur de l’appellation : MHCS, Lanson BCC, Laurent-Perrier, Vranken, Pernod-Ricard et Louis-Roederer. Ces maisons ont appris à utiliser les codes du luxe pour obtenir une meilleure valorisation. Mais le modèle économique de la Champagne n’est pas celui du luxe, c’est celui de la pénurie organisée. Un peu spécial de parler de pénurie quand on évoque une appellation qui expédie plus de 300 millions de cols chaque année, non ? Pas vraiment : il n’y a de champagne que de la Champagne. En d’autres termes : pour faire du champagne, il faut du raisin de champagne. 1,2 kilo par bouteille, pour être précis.

Et ce raisin, à 90 %, est produit par le deuxième opérateur économique de l’appellation : le vignoble. C’est ce qu’on appelle l’équilibre champenois : « Au vignoble, le raisin, au négoce, la bouteille ». La Champagne compte 16 200 vignerons. Une petite partie d’entre eux produit également ses propres bouteilles : les vignerons « récoltant-manipulant » commercialisent environ 20 % des volumes de l’appellation, essentiellement sur le marché français.

Entre le négoce et le vignoble, il y a un troisième opérateur : les coopératives. Elles ont été créées pour permettre au vignoble de peser dans ses négociations face au négoce : quand on est seul, pour vendre ses raisins, on pèse moins que si on est accompagné par une centaine de collègues. En parallèle, les coopératives produisent des cuvées, qui permettent au vignoble d’accéder à des marchés (grands volumes, export…) qui, sinon, pourraient sembler réservés au négoce. Grandes maisons, coopératives et vignerons ne sont pas les seuls acteurs de l’économie champenoise. Il faut aussi compter tous les services annexes : transport, communication, banques, prestataires et fournisseurs divers… Difficile d’imaginer le champagne sans bouteille, sans bouchon et sans étiquette.

En plus des 16 000 salariés directs des grandes maisons et du vignoble, la Champagne emploie chaque année 120 000 vendangeurs, à l’heure ou à la tâche, pour récolter les raisins qui finiront en cuvée. Et à la main, s’il vous plaît : en Champagne les vendanges mécaniques sont proscrites, toute grappe pressée doit avoir été cueillie à la main.

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