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L’UNESCO moteur pour le tourisme et l’économie

Huit ans après l’inscription des coteaux, caves et maisons de Champagne au patrimoine mondial, les membres de la mission tirent un bilan du premier plan de gestion déployé. Un coup de boost notable pour l’œnotourisme tant en termes de fréquentation que d’offres proposées.

Lorsqu’un site est classé à l’Unesco, la fondation du patrimoine enregistre 15 % de projets portés supplémentaires », indique Pierre Possémé, responsable de la fondation sur le secteur de la Champagne Ardenne.

« Et concernant le tourisme, on estime une hausse de la fréquentation de l’ordre de 30 % », abonde Philippe Harant, directeur de l’agence de développement touristique (ADT) de la Marne.

« Sans le classement à l’Unesco, nous n’aurions pas vu fleurir des projets de taille comme le musée d’Épernay ou le centre Pressoria d’Aÿ », poursuit Pierre Possémé. Huit ans après l’inscription des coteaux, caves et maisons de Cham-

L’ESSENTIEL

• 2002 : inscription des Coteaux, maisons et caves de Champagne sur la liste indicative des biens que la France souhaite présenter.

• 2007 : lancement de la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco dans la catégorie Paysages culturels.

• 2014 : le dossier champenois est sélectionné par la France.

• 4 juillet 2015 : inscription sur la liste du patrimoine mondial lors de la 39e session du Comité en Allemagne, à Bonn.

• Trois zones « cœur » sont reconnues : les coteaux historiques de Cumières à Mareuil-sur-Aÿ, l’avenue de Champagne à Épernay, la colline Saint-Nicaise à Reims.

• Une vaste zone d’engagement est déterminée, composée de 320 villes et villages.

pagne au patrimoine mondial de l’humanité, l’effet Unesco est toujours présent en Champagne. Des projets de taille fleurissent, à l’image des travaux entamés cette année à Reims par les maisons Ruinart ou Taittinger sur la butte Saint Nicaise, l’une des trois zones cœurs du périmètre d’engagement.

« Le classement à l’Unesco a eu un double impact, juge Amandine Crépin, directrice de la mission Unesco. À la fois, un intérêt marqué des visiteurs pour la Champagne, mais aussi une prise de conscience des Champenois de la richesse de leur patrimoine, et la nécessité de le valoriser. »

Ainsi, l’an dernier , la Fondation du patrimoine, qui a signé une convention de partenariat avec l’Unesco, chiffre à 120 le nombre de projets de restauration du patrimoine sur l’ensemble de l’aire d’appellation. Des projets allant de la rénovation de crayères, à l’embellissement des villages avec ses églises et coteaux, en passant par la remise en état des célèbres cadoles de l’Aube, ces petites cabanes de vignes en pierre.

“ 1 € INVESTI DANS LE PATRIMOINE, C’EST 21 € DE RETOMBÉES ÉCONOMIQUES ”

« Les commerces, les collectivités, les producteurs, tout le monde profite de la renaissance du patrimoine champenois, assure Pierre Possémé. Nous avons publié une étude il y a peu, mettant en avant qu’un euro investi dans le patrimoine, c’est 21 euros de retombées économiques pour les acteurs environnants. » Le bureau de la mission Unesco de Champagne a également tiré le bilan de ces huit dernières années et de son premier plan de gestion, qui prendra fin à l’horizon 2025. « Nous avons réalisé un audit indépendant pour évaluer l’état des projets mis en œuvre depuis 2015, souligne Amandine Crépin. Sur 35 objectifs posés lors du premier plan de gestion, trente ont pu être validés. On trouve, par exemple, la réhabilitation de l’avenue de Champagne d’Épernay, l’organisation des flux touristiques sur les trois zones cœurs du périmètre d’engagement, la gestion de l’éolien… »

Une Charte Sur Les Panneaux Photovolta Ques Venir

Sur ce dernier point, la mission Unesco se satisfait d’être devenue une référence en matière d’encadrement de l’implantation des énergies renouvelables sur l’appellation Champagne. Après une première charte dédiée aux éoliennes en 2018, suivie d’un document similaire, propre aux méthaniseurs en 2020, la mission Unesco va désormais s’attaquer à la question des panneaux photovoltaïques. « Nous ne sommes pas opposés aux projets d’énergie renouvelables dans leur ensemble, souligne PierreEmmanel Taittinger, président de la mission Unesco de Champagne. Seulement, à proximité des éléments inscrits au patrimoine mondial, c’est non. Il est important de ne pas créer de précédent, et nous avançons avec les services de l’État pour garantir l’application de ces chartes. »

La charte sur les panneaux photovoltaïques devrait ainsi être présentée une première fois cette année au conseil d’administration de la mission Unesco, avant d’être publiée. « Il est important de poser des garde-fous pour préserver la typicité des paysages champenois, insiste Jean-Luc

Barbier, directeur de la mission Unesco. Il en va de même pour le tourisme. L’idée n’est pas de battre des records de fréquentation chaque année. Nous ne voulons pas tomber dans un tourisme de masse, mais encourager un tourisme vert. » « De nombreux vignerons et communes ont également pris à bras-le-corps la thématique de l’œnotourisme, expose Séverine Couvreur, vice-présidente de la mission. Ce n’est pas vrai sur l’ensemble des 320 communes classées, mais la dynamique est bien présente. À nous de les accompagner au mieux. »

Fort de cet élan, la mission Unesco de Champagne avance sereinement vers son dixième anniversaire, qui sera célébré à l’horizon 2025. Avec, une seule devise, rappelée par Pierre-Emmanuel Taittinger, « la paix par les sciences et la culture ».

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