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DÉAMBULATION LIVRESQUE

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CANAPÉ-SHOW

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2. 1.

1. Inès Mélia à côté de ses dernières créations, La Prisonnière, 2022, miroir, acier, polyéthylène et encre, en arrière-plan, Page 74, À la recherche, 2022, peinture à l’huile et pages de livre marouflées sur toile, Infinite poems, Splendeur, 2022, livres et acier. 2. Totems d’œufs aux inscriptions poétiques, Page 10, À la recherche, 2022, peinture à l’huile et pages de livres marouflées sur toile, Infinite poems, Inca, 2022, livres et acier, et au premier plan, Ne me retiens pas (détail), 2022, encre sur pages de livre.

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INÈS MÉLIA S’AMUSE, MIXE LES ARTS, LES MÉDIUMS, LES RÉFÉRENCES, UN PEU À L’IMAGE DES BANDES-SON QU’ELLE RÉALISE POUR DES MAISONS, COMME HERMÈS. ELLE EXPLORE L’ORDINAIRE, LE DÉPLAÇANT DANS L’EXTRAORDINAIRE. DES FROMAGES PASSÉS AU SCANNER DEVENANT SCULPTURES PRÉHISTORIQUES AUX EMPILEMENTS-TOTEMS DE LIVRES, SES CRÉATIONS MARQUENT LES ESPRITS. PAR Virginie Bertrand

Dans L’Infra-ordinaire, (1989), de Georges Perec, l’écrivain-verbicruciste invitait à « questionner nos petites cuillères », c’est-à-dire à regarder la petite cuillère plutôt que de manger avec. Inès Mélia s’en réfère et lui emprunte cette gymnastique créative. « J’aime les pas de côté », dit-elle. Le banal s’envisage dès lors en champ des possibles, propice à toute extrapolation et association, créant ainsi un nouveau rapport au monde. « Mon imaginaire est plus réel que le réel. » Après ses créations de confinement, nommées ainsi par elle, à partir d’objets usuels, des verres en cristal en passant par les brioches jusqu’aux fromages et fleurs, elle prend, pour sa première exposition personnelle comme matière première, les livres. « Un matin, j’en ai découvert plein sur le trottoir. Je les ai recueillis. Leurs titres dramatiques m’ont inspiré les boîtes à mouchoir qu’ils sont devenus, les pages retirées ont confectionné les emballages de ces futurs présents. » À la galerie 75 Faubourg, elle poursuit ce rapport au texte en se concentrant sur le 5e tome, La Prisonnière, d’À la recherche du temps perdu de Proust. « C’est un livre confiné ! Il se passe pratiquement à huis clos, dans un appartement, où Albertine amoureuse est transie, prisonnière d’une fonction. Comme tous les personnages de Proust, ils rêvent de fuite. » Les pages de l’ouvrage, marouflées sur toile, évoluent à la surface des formes libres peintes à l’huile. Le titre se répète aussi en litanie sur une ribambelle d’œufs. Des exemplaires ouverts, disposés en rond, se voient marquer en leur pliure à la peinture rouge pour « vous faire tourner la tête ». La déambulation est livresque, les mots s’échappent, Albertine aussi. Jérôme Sans, commissaire d’exposition, critique d’art, cofondateur avec Nicolas Bourriaud du Palais de Tokyo, auprès de qui elle effectue un stage lors de ses études d’histoire de l’art et qui est aujourd’hui un peu son mentor, écrit en préambule de cette exposition baptisée « Ne me retiens pas » : « Le titre pourrait finalement se traduire avec d’autres formules : laisse-moi partir, laisse-moi tranquille. Pour l’artiste comme pour chacun.e, cette injonction n’est pas celle d’une condamnation à la réclusion en dehors du monde mais bien une invitation à en sortir pour mieux y retourner. » Une incitation en quelque sorte à l’embrasser, autrement.

NE ME RETIENS PAS

— Exposition du 9 sept. au 7 oct. Galerie 75 Faubourg, 75008. galerie75faubourg.com

e-2008

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