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AU-DELÀ DES APPARENCES
from Cotejhg
SOULEVER UN PAN DE LA VIE DE FRIDA KAHLO, C’EST PERCEVOIR QU’UNE MUTILATION PEUT DEVENIR UNE FORCE CRÉATRICE. EMPRUNTER LES ESCALIERS DE SAM SZAFRAN AMÈNE À UN CHANGEMENT DE PERSPECTIVES. OBSERVER DES CÉRAMIQUES ORGANIQUES ÉVEILLE À UN NOUVEAU RAPPORT AU VIVANT, SUIVRE LES TRAMES D’UN TISSAGE RAPPELLE LA COMPLEXITÉ DES LIENS QUI UNISSENT. L’ART APPREND À REGARDER PLUS PRÉCISÉMENT, PLUS PROFONDÉMENT. PAR Virginie Bertrand
instant. N° 1 L’œuvre-vie L’œuvre picturale de Frida Kahlo a marqué le XXe siècle, au-delà et à jamais. Sa vie côtoie la légende. Accidentée à 18 ans, elle fait de son corps mutilé la force vitale de l’art et revendique à travers ses partis pris vestimentaires sa mexicanité. Deux cents objets inédits de sa Casa Azul, sous scellés à sa mort, témoignent de ses combats, engagements et amours. Robes traditionnelles, colliers précolombiens, corsets et prothèses peintes… en sont les illustrations. Son passage à Paris auprès des surréalistes est aussi traité, comme son influence prégnante sur la mode. « Frida Kahlo, au-delà des apparences », du 15 septembre 2022 au 5 mars 2023. Palais Galliera. 10, avenue Pierre Ier de Serbie, 75016. Tél. 01 56 52 86 00 et palaisgalliera.paris.fr
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1. Toni Frissell, Frida Kahlo pour Vogue US, 1937. Née en 1907 à New York, actrice de formation, Toni Frissell est l’une des photographes pionnières de la photo de mode réaliste.
instant. N°2 Objets sentimentaux « Des photos de grenier » réalisées par son grand-père, qu’il borde de métal patiné, leur imaginant une sorte d’écrin. Ou encore ses propres images, de la main de son père dans la sienne, des nuages… Sculpteur, ouvrier, producteur de films et créateur, Thomas Lemut imagine un design sensible et sensitif. Métal en différentes patines et bois aux multiples essences conversent, en hommage à Josef Albers et Marcel Duchamp. L’exposition est accompagnée d’un ouvrage. « Je ne me souviens que de l’avenir », du 15 au 24 septembre. Galerie Mouvements Modernes. 28, rue SaintGilles, 75003. Tél. 01 45 08 08 82 et mouvementsmodernes.com
instant. N°3 Sujets passionnels Artiste majeur du XXe siècle, Sam Szafran se consacre à son univers proche, en retrait dans son atelier. Sa lecture poético- onirique du réel, qu’il traduit en pastel ou aquarelle, figure des escaliers aux perspectives troublantes, l’intérieur de son atelier ou encore une végétation luxuriante. Les perspectives sont tronquées, démultipliées, invitant à une exploration plus intérieure qu’extérieure. « Obsessions d’un peintre – Sam Szafran », du 28 septembre 2022 au 16 janvier 2023. Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, 75001. Tél. 01 44 50 43 00 et musee-orangerie.fr
instant. N°4 Créations telluriques Le designer coréen Wonmin Park explore le changement d’état des matériaux sous la précision de ses gestes. Il sculpte la pierre, polissant son intérieur ferreux, en opposition à son extérieur conservé en l’état. Sa pratique est enracinée dans l’esthétique coréenne, qu’il définit comme l’adoption de l’irrégularité, de la simplicité naturaliste et de l’imperfection du résultat. « Stone & Steel », du 29 septembre au 23 décembre. Carpenters Workshop Gallery. 54, rue de la Verrerie, 75003. Tél. 01 42 78 80 92 et carpentersworkshopgallery.com
2. Thomas Lemut, Fantômes, tirage photo et laiton, pièce unique, 2022, 20 x 20 cm. Courtesy Mouvements Modernes Gallery. 3. Szafran Sam (1934-2019), Escalier, 1981, pastel, 76 x 57 cm. Collection particulière. 4. Wonmin Park, table basse en pierre volcanique et acier industriel à coupe franche, 2018. Tandis que « Plain Cuts », collection 1, utilisait de fines feuilles d’aluminium pour explorer des géométries découpées épurées, « Stone & Steel » se caractérise par l’utilisation de roches volcaniques et de feuilles d’acier industrielles.
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instant. N°5 Charge symbolique Les femmes portent une part du monde. Inde, Tanzanie, Maroc, Mongolie, Bhoutan… elles sont des millions, à transporter des millions de kilos, sur des millions de kilomètres. Sur leur tête, sur leur dos, sur leurs épaules, à bout de bras ou tout contre elles : enfants, bois, eau, nourriture, briques, coton. L’artiste américaine engagée Lekha Singh, réalisatrice du film Beyond Right and Wrong qui explore le rôle du pardon dans la quête de justice au Rwanda, en Israël, en Palestine ou en Irlande du Nord, leur rend hommage à travers ses photographies. « Les femmes portent le monde », jusqu’au 2 janvier 2023. Musée de l’Homme. 17, place du Trocadéro, 75016. Tél. 01 44 05 72 72 et museedelhomme.fr
instant. N°6 Forces vives Trois chapitres, « Naturalisme », « Imaginaires Organiques » et « À l’intérieur », narrent l’évolution de la céramique, expression de la nature. Les artistes, de Bernard Palissy à Johan Creten ou Giuseppe Penone, mettent en lumière les liens qui unissent le monde minéral, animal et végétal. Avec près de 350 œuvres dialoguant en regard de peintures, de pièces d’orfèvrerie ou d’objets scientifiques, l’ensemble interroge le rapport au vivant. « Formes vivantes », du 9 novembre 2022 au 7 mai 2023. Sèvres – Manufacture et Musée nationaux. 2, place de la Manufacture, 92310 Sèvres. Tél. 01 46 29 22 05 et sevresciteceramique.fr instant. N°7 L’idée du voyage Trente-deux artistes contemporains, Martin Parr, Abraham Poincheval, Pierre Huyghe, Andy Goldsworthy, Ange Leccia et bien d’autres questionnent le voyage aujourd’hui. Ce qu’il devient par temps de pandémie, de changements climatiques, de migrations forcées. Quels nouveaux imaginaires cartographient-il s ? « Leurs récits, leurs fantaisies, leurs représentations nous invitent à réétalonner les nôtres pour composer notre voyage. », souligne Laurence Lamy de la Fondation EDF. « Faut-il voyager pour être heureux ? », jusqu’au 29 janvier 2023. Fondation EDF. 6, rue Récamier, 75007. Tél. 01 40 42 35 35 et fondation.edf.com instant. N°8 Dans le paysage Si la figure humaine reste le sujet de prédilection de l’artiste Alberto Giacometti, le paysage s’intercale. Il y met en place un système d’équivalences entre la figure humaine et la nature, une écriture plastique dans laquelle les femmes debout rappellent des arbres et les têtes, des pierres. Dans de nombreux portraits, les bustes massifs ressemblent à la montagne rocailleuse de son enfance. « Alberto Giacometti, un arbre comme une femme, une pierre comme une tête », jusqu’au 18 septembre. Institut Giacometti. 5, rue Victor-Schoelcher, 75014. Tél. 01 44 54 52 44 et fondation-giacometti.com
5. Lekha Sing, photographie en Inde, 2005. Femmes et jeunes filles récoltant du coton, qu’elles transportent dans d’énormes paniers. Lekha Sing, photographie au Rwanda, 2004. 6. Pascal Convert, vases-bras anthropomorphes, 1995, porcelaine dure, Manufacture nationale de Sèvres. Paris, Centre national des arts plastiques. 7. Inka & Niclas Lindergård, Watching Humans Watching X, 2010, photographie. 8. Alberto Giacometti au col de la Diavolezza, en Suisse, dans le canton des Grisons. Fondation Giacometti.
instant. N°9 Formes organiques Le Volet 2 de l’exposition « Patio » s’inscrit dans le Parcours du Marais de la Paris Design Week. C’est la rencontre des arts et du design autour d’un espace architectural entre intérieur et extérieur. Les pièces présentées sont signées de Perron et Frères – banc et lit de repos en bois brûlé, sablé, patiné –, de Charlotte Anne Declercq – assise en travertin et console en acier –, et du Studio Corkinho. Se joignent à ce mobilier sculptural, les céramiques de Ciprian Tocu, inspirées des architectures des jardins publics. « Patio Vol.2 », du 8 septembre au 8 octobre. Galerie Sinople, Hôtel de Retz. 9, rue Charlot, 75003. sinople.paris
instant. N°10 Toutes « Pénélope » Douze artistes femmes, venant d’Italie, d’Angleterre, du Japon, de Grèce, des États-Unis, d’Espagne, de Suède, et de France utilisent le fil brut, filé, recyclé comme médium d’un processus réflexif, méditatif et artisanal. Au sein d’Amelie, Maison d’Art, s’entrecroisent les objets sculptés de Matilda Dominique, les broderies de Patricia Kelly, les dessins tissés de Jessie Mordine Young, les tableaux échevelés de Jessica Ozlo… « Les trames du possible », du 8 au 24 septembre. Amelie Maison d’Art. 18, rue Séguier, 75006. Tél. 07 56 87 90 68 et amelie-paris.com
instant. N°11 Hyperréalisme surréaliste Un corps qui interpelle, vrai, faux ? On se questionne. Le mouvement hyperréaliste en sculpture, apparu dans les années 1960 aux États-Unis, avec les artistes Duane Hanson, John DeAndrea et George Segal se prolonge aujourd’hui avec Maurizio Cattelan, Ron Mueck, Sam Jinks ou Fabien Mérelle. Tous cherchent à imiter les formes et les textures du corps humain afin d’en offrir une illusion parfaite. « Hyperréalisme, ceci n’est pas un corps », du 8 septembre 2022 au 5 mars 2023. Musée Maillol. 59-61, rue de Grenelle, 75007. Tél. 01 42 22 59 58 et museemaillol.com
9. Laetitia Jacquetton, vase « Marostica », pierre rose de Lessinia, verre noir « cristallo nero » soufflé à Murano, pièce unique. 10. Jessica Ozlo crée à partir de fibres brutes naturelles. 11. Sam Jinks, Untitled Kneeling Woman, 2015, silicone, pigment, résine, cheveux humains. Collection particulière de l’artiste. Il a renouvelé le langage de la sculpture contemporaine en utilisant la modification de l’échelle de représentation. En élargissant ou en réduisant les dimensions, il vise à révéler des aspects émotionnels de la conscience de soi.