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DANS L’AURA DE CHACUN

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CANAPÉ-SHOW

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2. 1.

1. Photographie intitulée Kirsten, Paris 1990, prise par Paolo Roversi pour Vogue Italie. Kirsten Owen est son modèle anti-modèle. Plus de soixante-quinze séances en quinze ans avec Paolo Roversi et une présence forte dans son livre Nudi (Édition Steidl, 2000), 46 Polaroids de nus sans légende. 2. Photographie de Roos Abels, Paris 2017, prise par Paolo Roversi pour son livre Dior Images (Éditions RizzolI, 2018). Les deux images sont exposées en tirage chromogénique petit format.

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PAOLO ROVERSI EST UN GÉANT DU PORTRAIT. CAPTURANT L’INSAISISSABLE, SUR POLAROID, TECHNIQUE D’UN AUTRE TEMPS, IL S’ATTACHE AUX REGARDS ENTENDUS, AUX ÉMOTIONS SUSPENDUES, ENTRE LUI ET SON SUJET QUI N’EN EST PAS UN, MAIS PLUS JUSTEMENT UN ALTER EGO, UNE FORCE CRÉATIVE, POÉTIQUE, ELLIPTIQUE. SES TIRAGES SENSIBLES, SONT À DÉCOUVRIR EN CETTE RENTRÉE. PAR Virginie Bertrand

Événement rare tant l’homme pratique la discrétion. À 75 ans, il s’est réservé à quelques créateurs de mode, de Yohji Yamamoto, Romeo Gigli, Nino Cerruti, Rei Kawakubo de Comme des Garçons, John Galliano… et collabore toujours avec quelques magazines triés sur le volet, tels que Vogue Italie et Égoïste. Il distille aussi quelques ouvrages. La plupart étant épuisés. Après « Angeli, les anges » en 1993, « Studio » en 2002, « Secrets » en 2014, sa galerie française dévoile « Portraits ». « Que Paolo Roversi photographie ses modèles favoris Kristen Owen, Nadia Vodianova, une création de Dior ou un oiseau, c’est toujours d’un portrait qu’il s’agit », dixit Didier Brousse. Le galeriste fut avant d’ouvrir Camera Obscura, au début des années 1990, le tireur de Paolo Roversi. Il poursuit en le citant. « Toute photographie est à la fois un portrait et une autobiographie ». Invitation à une introspection rétinienne. Paolo Roversi travaille le Polaroid, technique née la même année que lui en 1947, en 20 x 25 cm, qu’il loge dans une imposante et antique chambre photographique. Dans son studio à la lumière picturale, décrit-il, celle des peintres, venue du Nord, sur un mur sans fioriture si ce n’est celle du temps, il entame un face à face, un pas de deux, une valse à trois temps avec son sujet. « Je l’isole, le nettoie, le libère pour qu’il devienne le centre du monde », délivre-t-il sur France Culture. « Je cherche à dévoiler le mystère de la beauté. Plus on pense, moins on voit. On ne voit pas avec la pensée mais avec le cœur. » De ses clichés presque toujours en noir et blanc, les visages se révèlent, l’âme au bord des lèvres. Les corps à la fois tendus et graciles, se déploient et dansent même quand la prise de vue est terminée, sur les tirages exécutés. Platine, argentique ou au charbon par le roi de la technique Tod Gangler, chacun renferme une part de magie. « La photographie, c’est une enfance sans fin, un émerveillement et une curiosité continuelle. Un espace de liberté . Quand je ferme la porte de mon studio, tout ce qui est rationnel, logique, pratique, technique, reste dehors. C’est le monde de la fantaisie, de l’imagination, du rêve, de la poésie, de la mémoire. Tout peut arriver. »

PORTRAITS

— Exposition du 3 sept. au 29 oct. Galerie Camera Obscura, 75014. galeriecameraobscura.fr

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