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L’HOMME ET LA MATIÈRE
from Cotejhg
L’artiste-sculpteur, inventeur et designer belge Xavier Lust a investi récemment une ancienne imprimerie. Il y a installé au sous-sol son studio de travail et une galerie. Au rez-de-chaussée et à l’étage, il y vit en famille. C’est dans cet immense espace qu’il expose certaines de ses pièces dessinées pour les plus grands éditeurs de mobilier, mais aussi celles qu’il auto-produit.
PAR Anne Pericchi Draeger PHOTOS Nicolas Millet
GRIS-BLEU
PAGE DE GAUCHE Sur la terrasse, jeu d’ombres et de lumières sur cette façade à l’architecture moderniste. Banc « Oxyd Metal Bench » en acier patiné, oxydé et verni, 20 pièces, table pour enfant « PicNik » en aluminium, pièce unique, chaise « Gun Metal Chair » en aluminium laqué mat, sur commande, le tout Xavier Lust.
PAGE DE DROITE Le mur de briques de la terrasse a été peint d’un gris bleuté en référence au ciel de Bruxelles. Comme un tableau, sont disposés devant, le banc « Volupté », créé pour un projet mandaté par DuPontTM Corian® , Xavier Lust, et « La Table Basse » en aluminium laqué, Xavier Lust pour MDF Italia.
ÉCRIN BRUTALISTE
PAGE DE GAUCHE Le designer-artiste et sculpteur Xavier Lust devant la console « Concave » en acier noir canon de fusil, édition limitée. Sur le mur, sculpture « Reflecteur », en Inox poli miroir, édition limitée, le tout Xavier Lust.
PAGE DE DROITE Côté rue, on entre dans la maison, une ancienne imprimerie construite en 1927, par cette façade à l’architecture brutaliste.
L’homme se décrit comme un designer-artiste-sculpteur. « Le designer peut tout dessiner sans limites d’échelles. Véhicule, mobilier, objet fonctionnel, le spectre est très large. Le terme d’artiste est plus diffus et peut réunir de nombreuses disciplines. Je me sens aussi en phase avec le terme de sculpteur qui induit un lien avec la matière. » Pour Xavier Lust, ce choix de devenir designer remonte à l’enfance et à des aptitudes innées à vouloir décomposer le monde, les objets en cherchant à tout comprendre, intéressé par le démontage et remontage de mécanismes, et tout autant par leurs résolutions techniques. Après son baccalauréat, il se lance dans des études en architecture d’intérieur et design à l’École Saint-Luc. Son travail de première année est un paravent en métal repéré et acquis par Ralph Lauren pour son département Home and Furnishing, à New York. Interrogé sur ses sources d’inspirations, il confie être fasciné par l’orchestration du vivant, « la nature nous offre à voir les plus beaux designs, les plus performants, les plus intelligents. » Selon lui, technique et esthétique ne sont pas opposées, mais convergent ensemble et en même temps vers un projet. « Furtive, l’idée doit être figée par un croquis. Je ne suis pas un designer qui rend hommage à mes prédécesseurs, je me considère davantage comme un inventeur. C’est dans cette optique que j’ai mis au point, à la fin des années 1990, une technique permettant de galber en 3D des surfaces planes en métal. Cette invention m’a permis de réaliser de nombreux projets. » Ainsi en 2000 commence son aventure italienne lorsque qu’il présente sur le SaloneSattelite du Salone del Mobile de Milan ses dernières créations dont le « Banc », réalisé à partir d’une feuille d’aluminium déformée par la technique de pliage 3D. Cette exposition sera le point de rencontres avec de nombreux éditeurs comme MDF Italia, De Padova, Driade, FIAM Italia, Baleri, Extremis, Skitch, Pianca… Au Salone del Mobile 2022, MDF Italia a présenté « Fossil », un trio de petites tables d’appoint en ciment. Parallèlement, il dessine des meubles et objets qu’il choisit d’auto- éditer, aux formes simples, organiques et sensuelles. Un univers composé de nuances, de contrastes que l’on perçoit lorsque l’on pénètre dans sa maison-studio à l’architecture moderniste. À l’entrée, un magistral escalier en laiton, créé sur mesure par le designer-inventeur, mène au studio de travail. Rien n’est laissé au hasard dans ce vaste espace épuré, immaculé. Même monochromie, même précision au rez-de-chaussée pour la cuisine, la salle à manger et le salon, meublés de ses pièces de mobilier. L’étage se pare de trois couleurs. Des aplats ocre orangé pour l’escalier et le vestibule, en référence à cette couleur du XVIIIe siècle. Des aplats bleu et rose pâle pour la chambre et l’antichambre qui rappellent la couleur des nuages. Quant au gris bleuté de la façade, il évoque celui si particulier du ciel de Bruxelles. Xavier l’a cherché longtemps, pour le trouver finalement dans une gamme de peinture hydrofuge. C’est le souci du détail qui l’amène à travailler ses matières fétiches, le métal argenté, le laiton, l’acier, l’aluminium… L’impression 3D en polyamide, en travertin, en Corian®, en porcelaine est aussi au cœur de ses recherches. Ces variations de la matière le mènent au questionnement d’un design éco-responsable. « Pour moi, le plus important est de créer des objets durables, tant par les matériaux utilisés que par leur apparence afin qu’ils traversent le temps. C’est une des raisons pour lesquelles je travaille un design essentiel, proche de la nature, intemporel, tout en étant techniquement et visuellement innovant. On entend sans cesse le mot réinventer. Je préfère simplement inventer. De même qu’un projet est véritablement abouti lorsqu’il atteint le statut d’évidence. Le design est régi par quatre intentions : fonctionnalité, technologie, beauté, culture. » Cette règle reste d’or pour le designer-inventeur. Prochaine exposition à la galerie de Ralph Pucci, à Los Angeles, dès le 27 septembre, puis Art Basel au Grand Palais Éphémère, à Paris, du 20 au 23 octobre.
GALERIE PERSONNELLE
Au sous-sol, le « White Cube » accueille l’atelier, la galerie et les bureaux. Dans cet immense rectangle blanc, le designer met en scène ses créations. De gauche à droite, bureau « Gold Graph » en verre extra-clair, courbé et orné à la feuille d’or, édition limitée. En résonance aux taches dorées, chaise « Bee Chair » en aluminium doré, édition sur demande, cabinet-bibliothèque « Oxymore » en acier patiné et cales de bronze, édition sur demande. Table d’appoint « XST » en aluminium poli miroir, édition sur demande, le tout Xavier Lust. Posé au sol, tableau de Philippe Pasqua.
LIGNES D’ÉPURE
PAGE DE GAUCHE Dans l’entrée, l’escalier et son garde-corps en laiton ont été dessinés par Xavier Lust. Sur le mur, comme un tableau, la vidéo In the mind of Giorgio De Chirico, première œuvre numérique NFT de Xavier Lust. Sur la console « Deep Dive » en acier noir canon de fusil, deux vases « Arums » en porcelaine, Xavier Lust, édition limitée.
PAGE DE DROITE Dans la salle à manger, table « S-Table Bronze » en bronze coulé, finition satin, plateau en verre extra-clair cerclé de laiton, édition limitée. Chaises « Gun Metal Chair » en aluminium laqué mat ou anodisé, et chaise « T-chair » en aluminium poli miroir, les deux en édition sur demande. Miroir « Blob IV » bombé, en acier inoxydable poli miroir, édition limitée, le tout Xavier Lust. Sur la table, bougeoir « Turner » en aluminium coulé, poli miroir, Xavier Lust pour Driade Kosmo, suspension « Fireworks », en acier chromé, diffuseurs en verre opalin soufflé, Xavier Lust pour Driade.
ESCALIER-BIJOU
PAGE DE GAUCHE La descente vers le studio se fait par un escalier avec une rampe en volutes de laiton, dessinée par Xavier Lust. Pièce d’art ciselée, réalisée sur mesure. Chaise « Gun Metal Chair », en aluminium laqué mat ou anodisé, édition sur demande, Xavier Lust. Portemanteau « Baobab » en Cristalplant®, Xavier Lust pour MDF Italia.
PAGE DE DROITE Face à son bureau, Xavier Lust a mis en scène ses meubles en écho au tableau de Joseph Albers. De gauche à droite, table d’appoint et tabouret « Continent » en aluminium massif, édition limitée, « Meuble d’Appui » en aluminium poli, édition limitée, tabouret « Floral Stool » en résine et fibres gainées de cuir, édition sur demande, le tout Xavier Lust. Au sol, tapis « Apparences », en laine himalayenne, nouée main au Népal, Xavier Lust pour Nodus.
ESPACE MONOCHROME
PAGE DE GAUCHE La cuisine a été dessinée par l’artiste-designer. La hotte et la crédence ont été réalisées sur mesure à partir de courbes chères au créateur. Sur la table « Blow Up » en Cristalplant® , édition limitée, Xavier Lust, seau à glace « Cruise » en métal argenté, Xavier Lust pour Driade Kosmo. Autour, chaises « Lust Chair », en Dulver®, Xavier Lust pour MDF Italia,
PAGE DE DROITE Exposé au dernier Salon del Mobile, au Depot de la Galerie Nilufar, cet ensemble de sept chaises « Hula Hoop » en acier inoxydable, acier laqué rouge et Plexiglas thermoformé, édition limitée, apporte une touche de couleur dans cette installation monochrome. Table « Nomade » en acier laqué iridescent, buffet « Hard Whale », en aluminium patiné nuages, édition limitée, le tout Xavier Lust. Miroir « Caldeira » en verre fondu argenté, Xavier Lust pour FIAM Italia.
COULEURS ET RÉFÉRENCES
PAGE DE GAUCHE Du rez-de-chaussée, on accède aux chambres par cet escalier en bois et sa rambarde, typique des maisons bruxelloises de la fin du XIXe. Sur le mur orangé, une référence à une couleur du XVIIIe , est appuyé le miroir « Caldeira » en verre fondu argenté, Xavier Lust pour FIAM Italia.
PAGE DE DROITE 1. Comme un cube orange, le bureau attenant au vestibule est meublé par « Le Petit Bureau » en bois laqué mat, Xavier Lust, et la chaise « Extra Chair » en polypropylène, Xavier Lust pour Driade. 2. La salle de bain a conservé ses petits carreaux beiges de style moderniste. Sur le parquet blanc, miroir pivotant « Vice-Versa » en acier brossé et chaise « Archiduchaise », en aluminium laqué blanc, édition limitée, les deux Xavier Lust. 3. Les murs de la chambre ont été peints en bleu et rose pâle en référence aux nuages, peinture Sherwin Williams. Lit et tables de chevet « IN » en aluminium laqué brillant, édition limitée, et lampe à poser « Gamete », avec abat-jour réalisé par impression 3D, en polyamide et polyuréthane, les trois Xavier Lust. 4. Dans le vestibule, à l’étage, le palier mène à la terrasse d’un côté, et à la salle de bain et la chambre de l’autre.
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STUDIO DE TRAVAIL
Au sous-sol, le patio planté de bambou, crée un puits de lumière qui éclaire l’espace galerie. Xavier Lust au milieu de ses créations. De gauche à droite, fauteuil et chaise longue « Eminence », en acier, mousse et feutre, table d’appoint « Tavolino Travertino » en travertin, diffusée par Galerie du Passage à Paris, et par Ralph Pucci aux États-Unis, console « Eagle » en acier inoxydable patiné noir, satiné, et poli miroir, édition limitée. Elle se reflète dans le miroir « Blob IV » en acier inoxydable bombé, poli miroir, édition limitée, le tout Xavier Lust. Tapis berbère.
Adresses page 176
ÉPURE ET CULTURES
Entre architecture, design et décoration, l’Italien Stefano Trapani, installé à Paris, joue l’équilibre des cultures et des sentiments. Associant l’intensité des émotions à la rigueur du trait, l’épure à la narration, il dessine les contrastes de son appartement passant du masculin au féminin, du bavard au silencieux, de la poésie à l’impact de la ligne.
PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet
TRAIT POUR TRAIT
PAGE DE GAUCHE Dans le salon, les fenêtres sans rideaux redessinent le contour des murs. Devant le canapé modulable « 525 Nordic », Vibieffe, Coffee table « 66 », en marbre Calacatta, sculpté dans la masse, et piétement métal, Stefano Trapani, collage kraft, Pierrette Bloch, Galerie Véronique Smagghe, et tapis « Ruban », Fabien Cappello, Galerie Chevalier Parsua.
PAGE DE DROITE L’architecte et designer Stefano Trapani devant le cabinet « Majord’Home », co-réalisé avec Brigitte Noelle Legendre, dont la marqueterie est en ébène et érable blanchi, édition Hebanon Fratelli Basile 1830.