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ÉPURE ET CULTURES

DEMI-ROTONDE

Installé dans une demirotonde, le salon haussmannien épouse les courbes du bâtiment soulignant le mouvement des fenêtres sans rideaux. Canapé modulable « 525 Nordic », Vibieffe, « Seasidea Table » en marbre et métal, Coffee table « 66 », en marbre Calacatta, et piétement métal, en face, fauteuil « Nido » en velours et au fond, daybed en ronce d’olivier et cuir gris clair, édition Hebanon Fratelli Basile 1830, le tout Stefano Trapani. Œuvre Mit Brennender Sorge d’Angela Pellicanò, tapis « Ruban », noué en laine filée à la main, Fabien Capello, Galerie Chevalier Parsua.

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ESPACES COMPOSÉS

PAGE DE GAUCHE Dans le salon double, fauteuil et ottoman en velours, Pierre Frey, et deux « Seaside Table » en marbre et métal, le tout Stefano Trapani. Cabinet « Majord’Home », co-réalisé avec Brigitte Noelle Legendre, édition Hebanon Fratelli Basile 1830. À l’intérieur, tableau d’Angela Pellicanò, faisant partie du meuble. Tableau provenant de la Galerie Véronique Smagghe.

PAGE DE DROITE 1. Dans le couloir, l’architecte et designer face à deux de ses créations, une console en obsidienne et un banc recouvert d’un velours, Pierre Frey. 2. Détail de l’œuvre Mit Brennender Sorge d’Angela Pellicanò.

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Sacraliser l’haussmannien » en laissant les volumes parler, sans interférences, était une évidence pour l’architecte italien. Vivre à Paris, une aspiration de longue date, qu’il envisage comme un nouveau terrain de jeu venant rallier sa propre histoire. Là, où selon lui, la culture italienne conjugue souvent design et radicalité, le style français s’autorise une élégance plus souple et décorative qui trouve un écho en lui et l’invite à se rapprocher de la capitale. Pourtant, sous l’influence de ses origines, son espace est bien le fruit d’une lecture sans compromis. Au classicisme haussmannien de son appartement, il répond par le choix de l’épure. Comment moderniser l’abondance de moulures, les portes-fenêtres à petits carreaux d’un double salon et la solennité d’une demi-rotonde ? Stefano Trapani choisit le minimalisme et la mise en abîme systématique de la structure architecturale, passe au blanc les murs et les boiseries, évite la présence de textiles aux fenêtres, laisse les huisseries à nu, ne couvre pas les planchers de tapis, évite le recours à la couleur. Résultat, un vent de modernité s’empare des lieux. La répétition des fenêtres offertes aux vis-à-vis, en interaction avec la ville, rappelle l’ancrage méditerranéen de son propriétaire : « Garder la compagnie des autres aux fenêtres me plaît ! », souligne-t-il. Être architecte et designer confère à ce métier une transversalité globale très spécifique en Italie, une manière d’aborder le meuble comme un jeu de construction. Stefano Trapani crée des pièces de mobilier et des objets, sur mesure ou en séries limitées, projetant les savoir-faire dans une contemporanéité quasi artistique. Marqueterie de bois, matières nobles, alliances de matériaux et lignes fortes, portées par sa sensibilité, signent ses créations. Illustration avec la série « The Essence of Experience » qui était présentée pour la première fois en juin dernier à Design Miami/Basel 2022, dans le programme Curio. Jouant sur les contrastes des cultures, il évoque à propos du design et de la décoration, son goût pour la féminité du style français en opposition à l’italien dont l’élégance est plus distante. « J’essaye de créer des univers qui font la synthèse entre mon pays d’adoption et celui de mes origines. Je tente d’inventer des espaces entre raffinement, douceur et épure. » La sobriété des murs de son appartement forme ainsi un écrin de lumière à ses créations, qu’il met en scène comme des pièces d’art. Contrastant avec la blancheur immaculée du salon haussmannien, un couloir bleu foncé conduit vers l’espace privé. De même qu’une fresque s’affiche sur le mur de la cuisine, alors que dans la salle à manger, le canapé « Nido » s’habille de velours rose perle, sous une toile baroque d’Angela Pellicanò. Plus loin, les assiettes dentelées de Borek Sipek interfèrent avec la géométrie de la table en marqueterie d’érable blanchi. Des lignes croisées, des grands écarts, qui construisent l’identité de Stefano Trapani, naviguant entre un design ligné et de pures envolées décoratives. Stefano Trapani sera exposé, du 20 au 24 octobre, à la Galerie Véronique Smagghe, pendant la Moderne Art Fair.

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AMBIANCES CONTRASTÉES

PAGE DE GAUCHE 1. Dans le couloir bleu foncé qui dessert la partie privée, tableau Earth’s Vibrissae d’Angela Pellicanò. Chaise « Zieta » noire, Zieta. 2. Table d’appoint « Seaside Table », fauteuil « Nido », daybed en olivier et cuir, édition Hebanon Fratelli Basile 1830, le tout Stefano Trapani, tapis « Ruban », Fabien Capello, Galerie Chevalier Parsua. 3. Détail d’une console, de forme crantée, en patchwork d’obsidienne, Stefano Trapani, chaise « Zieta » blanche, Zieta. Au-dessus, deux tableaux abstraits, provenant de la Galerie Véronique Smagghe. 4. À l’intérieur du cabinet « Majord’home » dont l’extérieur des portes est en marqueterie d’ébène et d’érable blanchi, et l’intérieur en marbre Portoro, œuvre d’Angela Pellicanò, design Stefano Trapani et Brigitte Noelle Legendre, Hebanon Fratelli Basile 1830. PAGE DE DROITE Le double salon est séparé par des portesfenêtres à petits carreaux. Le choix du blanc se prolonge d’une pièce à l’autre. Fauteuils et ottoman, en velours, Pierre Frey, design Stefano Trapani.

PERSPECTIVES ET CIRCULATIONS

PAGE DE GAUCHE Comme un cabinet de curiosités, l’armoire- vitrine de la cuisine a été dessinée sur mesure par Stefano Trapani afin que l’intérieur fasse partie du décor, carrelage « Artwork Basic 01 matt » , Casamood, et crédence en mosaïque grès cérame « Rombini carré », Ronan & Erwan Bouroullec pour Mutina. Tabouret haut blanc « Charles Ghost », Philippe Starck, Kartell.

PAGE DE DROITE 1. Dans la cuisine, le mur a été habillé d’une fresque Il quinto sole de Felipe Perez. 2. Le coin lavabo, en métal et en Silestone, Stefano Trapani, s’ouvre sur la chambre. Assiette, Fornasetti. 3. Le lit est habillé de draps, Frette, suspensions « St Shades » design Stefano Trapani. Au-dessus, installation Wicked Girls et céramiques sur la cheminée, l’ensemble Angela Pellicanò. 4. Afin de brouiller les perspectives, le petit couloir en L est habillé d’un miroir d’angle à deux faces, sur-mesure, Stefano Trapani.

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TABLE ARCHITECTURÉE

PAGE DE GAUCHE Autour de la table « Foresta » en marqueterie d’érable blanchi et loupe de myrte, canapé « Nido » et banc recouvert de velours, Pierre Frey, l’ensemble Stefano Trapani, chaise « Zieta » blanche, Zieta. Tableau Monica’s Dream d’Angela Pellicanò.

PAGE DE DROITE Un motif de rayures en marqueterie d’érable blanchi, dessine le graphisme du plateau de la table de la salle à manger. Assiettes « Lamana », Borek Sipek pour Arzenal.

LES ADRESSES DE STEFANO TRAPANI

Pour ses éditions de meubles d’art et son excellence dans l’ébénisterie, Hebanon Fratelli Basile 1830. Pour son savoir-faire dans le travail du verre et ses créations artisanales, Atelier Bernard Pictet. Pour le raffinement de son linge de lit et de bains et sa collection confectionnée à la main à partir de matières naturelles, Frette. Pour son goût de l’art abstrait et sa représentation des artistes français, des années 1960 à nos jours, Galerie Véronique Smagghe. Pour la diversité de ses tissus et ses collaborations artistiques, Pierre Frey. Adresses page 176

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