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PORTRAITS

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Focus

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Yves Sertelet

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CHARPENTIER

Par Aurélie Vautrin / Photos Dorian Rollin

D’aussi longtemps qu’il se souvienne, Yves Sertelet a toujours eu cette passion pour la construction. «J’aimais déjà fabriquer des choses quand j’étais petit, assembler, créer, mettre en forme. D’une certaine manière, c’est toujours ce que je fais aujourd’hui. » Son quotidien ? Concevoir des maisons, des extensions, des bâtiments publics « avec le plus de bois possible ». En plus d’avoir repris les rênes de la société que son père a fondé en 1982, Yves Sertelet vient de créer Kaïdobôh – « morceau de bois », en patois vosgien. Une entreprise entièrement dédiée à la construction de maisons « encore plus saines et respectueuses de l’environnement. Du bois naturel, du sol au plafond». Un rêve rendu possible grâce à l’achat d’une ligne de fabrication unique en France, longue de soixante mètres ; une nouvelle technologie venue de Suisse grâce à laquelle il peut créer des murs en planches croisées chevillées… Plus besoin de colle ni de polluants ou de produits chimiques. L’épicéa provient des forêts des Vosges et d’Alsace, les chevilles sont en bois de hêtre. « J’ai toujours voulu travailler en maximum en local. Du bois massif, des assemblages traditionnels. Les Vosges sont la région la plus forestière de France, aucune raison d’aller chercher ailleurs. » Depuis le temps qu’il est sur le terrain, Yves Sertelet l’assure: «Les choses commencent à évoluer dans le bon sens, de plus en plus on associe anciennes techniques et nouvelles technologies pour pallier la crise écologique actuelle. » Preuve en est, les demandes affluent depuis deux ans et le chef d’entreprise a vu son chiffre d’affaires doubler l’année dernière – et va le doubler une nouvelle fois cette année. « C’est un métier qui demande beaucoup de temps et d’énergie. C’est sûr, à cinq heures du matin je suis déjà au boulot Mais la conception et la fabrication, c’est vraiment ce que je préfère. » Plusieurs de ses réalisations ont par ailleurs reçu des prix saluant autant leurs innovations que leurs architectures. Sertelet Charpentes & Construction Bois 1, route de Saales à Provenchères-et-Colroy sertelet.com

Thomas Cronimus

PEINTRE D’INTÉRIEUR

Par Tatiana Geiselmann / Photos Pascal Bastien

Sur son plan de travail: des casseroles, une balance, un fouet et des verres doseurs. Son quotidien : élaborer de nouvelles recettes pour atteindre la parfaite mixture. Pourtant, Thomas Cronimus n’est ni pâtissier, ni cuisinier. Il est peintre d’intérieur. «On peint tout ce qui ne bouge pas, plaisante le vif quadragénaire. Murs, volets roulants, portes, colonnes, vélo, guitare. » Qu’ils soient en bois, en plastique ou en métal, tous retrouvent une seconde jeunesse sous les coups de son rouleau: «Je suis un vrai faussaire.»

Sa spécialité, ce sont les enduits à la chaux, un revêtement mural à base de calcaire qui laisse respirer les murs et favorise l’évacuation de l’humidité. Une technique plébiscitée dans les nouvelles constructions écologiques. « On n’invente pas grandchose, précise l’Alsacien d’origine. Ce sont des techniques ancestrales.» Et c’est justement à l’ancienne que Thomas Cronimus travaille la chaux: en préparant lui-même ses mélanges. Dans ses tiroirs, des dizaines de pigments minéraux s’alignent dans de petites boîtes en plastique blanc. À côté, de la chaux aérienne (pour les peintures intérieures) et de la chaux hydraulique (pour les peintures extérieures). Et l’ingrédient secret: du méthylcellulose, une poudre qui joue le rôle de rétenteur d’eau. «Ensuite, il suffit de varier les dosages.» Pour aboutir à la formule parfaite, le méticuleux patron a d’abord étudié les étiquettes des produits vendus sur le marché, il a aussi scruté le web et surtout, il s’est renseigné auprès des anciens de la région. «On essaye, on teste, et dès qu’on obtient le rendu qu’on veut, on peut le préparer en grande quantité.» Lorsqu’il s’est lancé il y a 10 ans, Thomas Cronimus préparait ses potions magiques dans son garage. Aujourd’hui, sa petite entreprise a pris du galon – lui aussi d’ailleurs puisqu’il est Meilleur Ouvrier de France – et compte une dizaine de salariés, dont trois apprentis. « C’est important de transmettre aux jeunes les bases du métier, leur apprendre qu’un peintre n’est pas là juste pour donner un coup de pinceau sur les murs, mais qu’il peut préparer lui-même ses produits. » Un retour aux origines du métier, lorsque l’artisanal primait encore sur l’industriel. Toma Peinture 1, rue Blaise Pascal à Hoerdt

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