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PORTRAITS

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INTERVIEW

INTERVIEW

Hakim Kerboub

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PRÉSIDENT DU GROUPEMENT TAXI 13

Par Fabrice Voné / Photos Patrick Lambin

Pourquoi Taxi13 dans l’Eurométropole ? Une filiation avec les Bouches-du-Rhône? Un hommage à peine voilé à la saga cinématographique produite par Luc Besson? Nullement, il convient de remonter aux origines de la société, créée en 1912, pour trouver une explication un rien téléphonée. «À Strasbourg, le 13 avait été attribué aux taxis au même titre que le 12 correspondait aux renseignements», raconte Hakim Kerboub, président du groupement depuis six ans. Derrière leurs écrans, la dizaine de standardistes gère, 24 heures sur 24 et 365 jours par, an le flux des appels à destination des 200 chauffeurs de la flotte. Un chiffre en baisse depuis que la société a laissé de côté le transport médicalisé. « Vous ne pouvez pas faire les deux », indique le président. La pandémie a généré une baisse d’activité pour la profession. «Une période compliquée. On sort de ça et on rentre dans une guerre, soupire-t-il. Cela rend la vie plus difficile pour tout le monde et cela annonce l’augmentation de tout, dont le carburant. C’est devenu compliqué pour les chauffeurs, c’est du bénéfice en moins à la fin du mois. L’avenir ? On le voit difficile. Pas que pour nous mais pour tout le monde. Vous savez, nous on dépend des autres. Et s’ils n’ont pas d’argent» C’est justement là qu’intervient l’essence même de service pour ces artisans. Leurs savoir-faire? «C’est la qualité de la prestation. Quand on transporte des personnes, c’est tout un art. Il faut être ponctuel, faire attention à la conduite. Mettre un client en sécurité, ce n’est pas comme une pizza dans un coffre. C’est un métier de services qu’on doit faire à la perfection.» Cela n’empêche pas l’innovation pour Taxi13 qui propose des solutions d’e-booking auprès des entreprises et des hôtels et vient de développer sa propre application. Mais les clics ne remplaceront jamais les histoires propres à ce milieu. «On accouche dans un taxi, des histoires d’amours s’y créent, il y a de la vie», relate M. Kerboub. Et tant qu’il y a de la vie… taxi13.fr

Armelle Bouvier

RESTAURATRICE DE MEUBLES

Par Tatiana Geiselmann / Photos Klara Beck

Il y a dans votre cuisine ce vieux vaisselier au pied cassé, avec sa porte droite qui grince, son flanc maculé de griffures et son auréole marron foncé sur le plateau, vestige d’une tasse de thé posée à la hâte. On sent bien qu’il n’est plus dans la fleur de l’âge, mais bon, impossible de vous en séparer: c’est le vaisselier de votre enfance, celui dans lequel votre grand-mère rangeait ses confitures maisons et les biscuits du goûter. Ce vaisselier, c’est exactement le genre d’objets qu’Armelle Bouvier adore restaurer : « Mon métier, c’est de l’affectif, que les meubles aient de la valeur ou non, ça n’a pas d’importance, ce qui compte, c’est la valeur sentimentale.»

Originaire de Moselle, la pétillante soixantenaire s’est installée à Strasbourg il y a 15 ans, après un long séjour à Berlin. «J’étais architecte d’intérieur, mais je rêvais de travailler dans le bois.» Une formation de restauratrice et deux déménagements plus tard, la voilà donc qui ouvre son atelier dans le quartier du Port du Rhin, avant de migrer à la Meinau, près de la plaine des Bouchers. «Avant de récupérer un meuble, je me déplace toujours chez mes clients, pour voir le meuble dans son environnement. » Retour ensuite à l’atelier pour des heures passées à le bichonner.

«J’aime tous les types de meubles, qu’ils soient anciens ou non, en bois massif, plaqués, laqués, qu’il y ait des parties en métal ou en corne. » Selon la composition du meuble et selon son âge, Armelle Bouvier n’utilisera pas les mêmes techniques. «Je m’appuie toujours sur les savoir-faire de l’époque : pour une bonnetière contemporaine, je vais travailler avec de l’huile, pour un secrétaire en acajou, je partirais plutôt sur un vernis gomme laque, pour des réparations sur une armoire ancienne, je vais utiliser des colles réversibles, comme de la colle de poisson, etc.»

Une multitude de compétences que la Strasbourgeoise d’adoption souhaite pouvoir transmettre. Elle propose parfois à ses clients de restaurer eux-mêmes leur meuble, sous ses conseils avisés et au sein de son atelier. De quoi rendre hommage à mamie et à son vaisselier fatigué. Acajou Restauration 8, rue Leitersperger à Strasbourg acajou-restauration.com

Robert Arbogast RÉPARATEUR D’ÉQUIPEMENTS AUDIOVISUELS

Par Lucie Chevron / Photos Christophe Urbain

Dans le sud du quartier Neudorf, à proximité du collège-lycée Jean Monnet, est installée depuis 25 ans une discrète petite boutique de réparation d’équipements audiovisuels. À l’intérieur, trônent de multiples téléviseurs, enceintes, chaînes HiFi, amplificateurs et platines vinyles plus ou moins récentes. Partout où l’on pose les yeux, des dizaines d’appareils. Une véritable caverne d’Ali Baba. Robert Arbogast a commencé sa carrière en 1972, comme apprenti spécialisé en télévision chez Wolf Musique. Une institution désormais disparue. Après son CAP, il intègre cette même entreprise et y restera durant plus de deux décennies, avant que la boutique ne soit obligée de réduire ses effectifs pour raisons économiques. Lui vient alors l’envie de s’installer à son compte. Ainsi a ouvert en 1997, A. Robert TV, dont la réputation n’est plus à faire dans le quartier, et plus largement dans la capitale alsacienne. Depuis, il ne compte pas ses heures pour satisfaire sa clientèle. Chaque matin depuis toutes ses années, il tient à se déplacer chez les particuliers. «Rencontrer les personnes chez elles, voir leurs intérieurs, entrer dans leur intimité, ça crée du lien.» Et parfois, ce sont de véritables trésors qu’il déniche. Sur une petite table, un amplificateur Pioneer de 45 ans d’âge en parfait état. «Un appareil tout à fait extraordinaire.»

Ce qu’il regrette: la disparition de son métier due à l’absence de formation. «Les personnes de ma génération sont les dernières à avoir été formées. Aujourd’hui, il m’est impossible de prendre des apprentis, parce que je ne peux leur apporter que la pratique, et non la théorie. » Qu’à cela ne tienne, tant qu’il le pourra, il continuera à travailler, apporter son savoir-faire, pour rendre service. Robert TV 146, rue de Bâle à Strasbourg aroberttv.site-solocal.com

Thomas Hampé-Kautz TRANSFORMATEUR DE VÉLOS

Par Aurélie Vautrin / Photos Thomas Lang

La mécanique, Thomas Hampé-Kautz en connaît un rayon. Pareil pour l’électronique. Ajoutez à cela un côté geek assumé, une conscience écolo affirmée et huit kilomètres à faire en vélo matin et soir pour se rendre à son travail, et vous aurez le point de départ de l’aventure Ohm & Watt. «Il y a deux ans, j’ai découvert sur internet qu’il existait des kits pour transformer un vélo classique en vélo électrique. J’ai tout de suite adoré l’idée.» Seulement comme souvent, l’internet moderne propose du très bon comme du très mauvais, et l’installation de la chose n’est pas des plus aisées – pour peu que l’on ne soit pas trop bricolo. Mais lui l’est! Alors lassé de son ancien job, poussé par l’envie d’être son propre patron et porté par des parents jeunes retraités ultra motivés, le trentenaire se lance dans une nouvelle aventure: une start-up qui offrirait une solution clé en main pour motoriser les deux-roues selon les besoins. «Tout a commencé dans mon garage. Aujourd’hui, la boutique-atelier vient de fêter sa première année d’existence, et les carnets de commande sont pleins.» Car quelque soit le type ou la forme du vélo, Thomas Hampé-Kautz a une réponse à apporter: kit de motorisation dans la roue ou dans le pédalier, autonomie de 40 à 100 km, capteurs sur les freins pour couper l’assistance électrique… «C’est important de montrer que ce n’est pas du bricolage à la va-vite: on propose un vrai service avec des pièces choisies avec soin. Les batteries par exemple sont fabriquées sur mesure ici-même, et recyclées par la suite à plus de 80%. En sortant de l’atelier, votre vélo est devenu un vrai vélo à assistance électrique, parfaitement aux normes et homologué. Et ce, pour la moitié du prix d’un vélo neuf, et en plus vous avez fait un geste pour la planète en réutilisant votre ancien vélo.» À présent, Thomas Hampé-Kautz rêve d’une autre boutique sur Nancy, et pourquoi pas développer tout ce qui est énergie solaire ou éolienne… Affaire(s) à suivre! Ohm & Watt 25, route du Polygone à Strasbourg ohmetwatt.com

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