Magazine de l'Autobobile Club de Suisse no 294

Page 10

AUTO–ACS | 294

passion automobile

Alpine, une légende française Née d’une passion exempte du profit prémédité de notre époque, l’histoire de la Berlinette Alpine a débuté en 1955, sous l’impulsion de Jean Rédélé, pilote et concessionnaire Renault. Par Gérard Vallat

E

n ce début des années cinquante, Jean Rédélé garagiste Renault à Dieppe est également pilote de rallye. Fidèle à la marque, il s’engage au départ des plus grands rallyes au volant d’une modeste Renault 4CV. Il dispute le Monte-Carlo, Liège-Rome-Liège, les Mille Milles etc, mais c’est sur les routes des Alpes que s’expriment au mieux les qualités d’agilité de sa modeste monture. Entrepreneur, Jean Rédélé décide en 1955 de passer un cap pour devenir constructeur d’automobiles, en créant la marque Alpine. Le choix technique de la petite nouvelle, baptisée A106, est axé sur la légèreté, préfigurant ainsi la mythique Berlinette A110, présentée au salon de Paris 1962. Associé à Renault dès 1965, Alpine est alors intégré au réseau de la marque au losange, qui en assurera la distribution. Le mariage pourtant solide, souffrira de quelques coups de canifs, jusqu’à ce que Renault prenne une part

majoritaire d’Alpine en 1973. Durant cette période, toujours présent dans l’entreprise, Jean Rédélé sera l’artisan des plus grands succès sportifs de la marque. En 1971, Alpine remporte le titre Européen, avant d’être couronné champion du monde des rallyes en 1973, devant, excusez du peu, Fiat et Ford. A cette période, également troublée par différents mouvements de grève, Jean Rédélé quittera l’entreprise en 1978, obtenant de Renault la garantie du maintien des emplois pendant quinze ans. Renaissance contrariée… Après l’arrêt de production de l’A610 en 1995, plus aucune Alpine n’est sortie de l’usine de Dieppe. Il faudra attendre 2012 et l’annonce de la renaissance d’Alpine par Carlos Ghosn, suite à la présentation d’un concept car préfigurant l’actuelle A110. En novembre de cette même année Renault annonçait le retour en production

d’une Alpine à l’horizon 2016. Une renaissance qui a bien failli ne jamais se réaliser, car ressusciter une marque comme Alpine après tant d’années de sommeil n’était pas une mince affaire. Directeur Général de Renault Sport Technologies au début des années 2000, lorsqu’il a travaillé sur la Clio V6 Phase II puis les Mégane RS avec un certain Carlos Tavares, Bernard Ollivier a souvent rêvé de faire revivre la marque. Plusieurs propositions seront faites à Renault sans jamais qu’une fenêtre de tir ne s’ouvre réellement. «À chaque fois, on butait sur les aspects économiques, au point que j’ai fini par croire à un moment que jamais Alpine ne renaîtrait de ses cendres». Pourtant, le destin de la future Alpine s’est noué en 2011 sur un quasi-miracle provoqué par l’homme d’affaire malaisien Tony Fernandes. Evoluant dans différents milieux économiques, Fernandes est passionné d’automobiles. Un penchant


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.