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UNE HISTOIRE EN MARCHE
La situation est unique depuis l’indépendance. Le président n’est pas candidat à sa réélection. D’ici février 2024, tout est possible dans l’un des pays précurseurs de la démocratie africaine.
par Zyad Limam avec Cédric Gouverneur
1. Le choix de Macky
L’histoire du Sénégal retiendra cette date du lundi 3 juillet. À la télévision, le président Macky Sall, qui a soigneusement entretenu le suspense sur ses intentions, annonce, enfin, sa décision. Et le pays reste comme stupéfait. Ainsi que son entourage. Le président a décidé seul, ou presque. Son discours n’a pas circulé. Il prend quasiment tout le monde par surprise. Y compris, et surtout, ceux de son camp, de son parti, tous persuadés qu’il irait…
Macky Sall est un combattant, un « politique », un vrai, qui vit et respire de la compétition électorale, qui a foi en son étoile, et qui a foi en son jugement. Au cours des derniers mois, il a pesé le pour et le contre, brouillant les pistes, refusant de « céder aux injonctions ». Il a évidemment contemplé la perspective d’un second quinquennat, de ce qui aurait été un troisième mandat. Constitutionnellement, lui et ses équipes soutenaient en avoir le droit. Des professeurs spécialisés s’étaient exprimés, confortant cette approche.
Les tensions, les manifestations, l’épuisement de la vie démocratique, les émeutes parfois, la popularité d’Ousmane Sonko, le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF, parti panafricaniste créé en janvier 2014), décidé à gravir les marches du palais et imposer au pays une révolution des « sans-culottes », des « laissés-pour-compte de la croissance », de la jeunesse en éruption, rendaient le pari complexe. Mais le président avait les cartes en mains. Sa popularité dans le Sénégal rural est réelle. Il peut compter sur la solidarité des populations pulaar et le soutien plus ou moins indirect des confréries, embarrassées par l’apparition justement d’un Sonko désireux de renverser les élites traditionnelles, y compris religieuses. Enfin, il n’est pas dépourvu d’alliés régionaux et d’amis internationaux. En plus d’une décennie, il s’est tissé un réseau de relations de haut niveau. Son bilan est contrasté, mais le pays a beaucoup changé, il a renoué avec la croissance et l’ambition. Les perspectives de demain sont prometteuses, que ce soit, dans un paradoxe sénégalais, sur le changement durable ou par l’exploitation des champs de gaz et de pétrole. L’homme est complexe, un mélange de rationalité, d’efficacité, d’intuitivité, un adepte du one to one personnalisé tout en étant au fond assez solitaire. Il se sentait capable d’aller plus loin.
Et pourtant, il n’ira pas : « Ma décision, longuement et mûrement réfléchie, est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 », et ce, a-t-il précisé, « même si la Constitution m’en donne le droit ». Le président ajoute face caméra : « J ’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole. […] J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété. »
Le discours va loin, il est historique. Par son « renoncement positif », Macky Sall écrit une nouvelle page de la démocratie sénégalaise. Le message vibre aussi un peu partout en Afrique, où la question des mandats indéfinis reste posée. À la fin de l’allocution en français, il bascule dans une déclaration en wolof, pour que tout le monde le comprenne, y compris ses partisans, ceux du Sénégal au-delà des villes. En quelques minutes, la situation du pays est bouleversée. « C’est comme si une brise de paix était descendue sur la ville. Certains de ceux qui voulaient l’étrangler le matin même sont émus », souligne un observateur. Le président est à la hauteur du moment, le Sénégal redevient le Sénégal. Devant les grilles du palais, les militants se rassemblent, il sort pour les saluer.
Évidemment, les motivations de Macky Sall restent à décrypter. Certainement la volonté de sortir par le haut. Certainement la volonté d’éviter des tensions encore plus vives dans le pays, d’autres victimes. Certainement une analyse des rapports de forces politiques. Et peut-être, au fond, intimement, une part d’usure.
En ce lendemain de discours, personne ne parle encore de politique, mais la situation est unique dans l’histoire du Sénégal. Pour la première fois, un président installé annonce qu’il ne sera pas candidat à sa réélection. Senghor avait transmis le pouvoir à son battu par Abdoulaye Wade. Wade avait été battu par Macky Sall. Et Macky Sall ne sera battu par personne. Il ne se représentera pas. Et il reste sept mois avant l’élection – une éternité en politique. Comme le souligne un observateur : « Tout est possible. Les ambitions vont se révéler. On pourrait avoir des dizaines de candidats. Et même si Macky cherchera probablement à pousser un successeur adoubé, même s’il restera une personnalité politique centrale, rien ne prouve que son parti restera cohérent, soudé face aux enjeux. »
Macky Sall se retire, mais dans son discours du 3 juillet, le président envoie des messages. Il parle de cette jeunesse nombreuse, qui rêve d’exil ou de révolution, et qui pourtant est au centre des enjeux. Et il cible son adversaire, il s’adresse à la classe politique, et en particulier aux troupes d’Ousmane Sonko. L’acte d’accusation est sans appel. Il condamne la violence inacceptable, le radicalisme, les « menaces insurrectionnelles de ceux qui veulent détruire notre modèle de société » « L’objectif funeste des instigateurs était clair » : « semer la terreur et mettre le pays à l’arrêt », a-t-il également affirmé, parlant d’un « crime organisé contre la nation sénégalaise, contre l’État, contre la république »
2. Le cas Sonko
Le 1er juin 2023 aussi est une date que l’histoire retiendra. Celle où la rue a basculé dans la violence et la tragédie, pour soutenir son héros, l’opposant Ousmane Sonko et l’incarnation de la rupture politique. Ce jour-là, l’annonce de sa condamnation à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse » dans l’affaire du salon de massage Sweet Beauty a engendré une déflagration de Dakar à Ziguinchor (la capitale de Casamance, dont il est maire depuis 2022). Selon l’organisation non gouvernementale Amnesty International, au moins 24 personnes ont perdu la vie dans des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont annoncé quant à elles plus de 500 interpellations. Barricades, jets de pierres, dégradations et pillages du côté des émeutiers ; tirs à balles réelles de la part de la police, parfois assistée par de mystérieux individus, en civils et en armes. À Ziguinchor, la contestation a même pris une inquiétante tournure séparatiste : cette région méridionale – séparée du reste du pays par l’enclavement de la Gambie, anglophone – reste fortement travaillée par l’irrédentisme, sans parler d’une guérilla plus ou moins latente depuis le début des années 1980.
Depuis deux ans et demi, la trajectoire politique fulgurante d’Ousmane Sonko est entravée par la justice. Le 8 mai dernier, le bouillant opposant a déjà été condamné en appel à six mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts pour « diffamation » et « i njures publiques », après avoir accusé, sans la moindre preuve, le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, de détournement de fonds. Les audiences de cette affaire s’étaient déroulées, entre février et mai, dans un climat extrêmement tendu : deux reports, des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, des violences au sein même du palais de justice de Dakar, Sonko aux yeux rougis par des gaz lacrymogènes, et son jeune avocat français (le remuant Juan Branco, proche de la gauche radicale) refoulé à l’aéroport après avoir qualifié Macky Sall de « t yran » sur les réseaux sociaux… Un autre de ses avocats, Macodou Ndour, dénonçait lors de l’audience du 16 mars, des juges « en service commandé », pour « empêcher que [son client] soit candidat ».
Deux ans auparavant, le 3 février 2021, Adji Sarr, une jeune femme de 19 ans, porte plainte pour viols et menaces de mort contre un client du Sweet Beauty, le salon de massage où elle travaille. L’homme n’est autre qu’Ousmane Sonko. Cette plainte écorne une image, méticuleusement façonnée depuis
2016, de musulman pieux (aux yeux des conservateurs) et de héros du peuple parfaitement intègre (à ceux de la gauche).
L’homme a toujours nié ces accusations, admettant juste avoir fréquenté l’établissement pour des « raisons médicales ». Affirmation qui prêterait à sourire si l’avenir de la démocratie n’était pas en jeu : personne, au Sénégal ou ailleurs, ne se fait d’illusion quant à la nature des prestations discrètement dispensées par beaucoup de « salons de massage »… Et racontées dans les moindres détails par Adji Sarr au cours du procès.
Le 1er juin, l’opposant a donc été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », mais acquitté des autres charges. Alors que la plaignante envisage de faire appel, il n’hésite plus à l’insulter publiquement, déclarant notamment, au lendemain du procès : « Si je voulais violer, je choisirais une femme autre qu’une guenon frappée d’AVC. » Des propos abjects, qui ne grandissent pas leur auteur, et que l’association Réseau des féministes du Sénégal a qualifiés d’« indignes d’un homme qui aspire à la plus haute fonction ». Ousmane Sonko clame son innocence. Il dénonce une cabale menée par Macky Sall, afin d’écarter sa candidature à la présidentielle en 2024 : selon le code électoral, une condamnation judiciaire définitive entraîne en effet la perte des droits civiques, et donc la possibilité de se présenter. L’affaire du salon de massage constituait, pour le camp présidentiel, l’occasion rêvée de l’éjecter du ring, avant même le premier round : K arim Wade, ex-ministre et fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, n’a-t-il pas été incarcéré en 2013 pour enrichissement illicite ? Et l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, n’a-t-il pas subi le même sort en 2017, l’empêchant de se présenter à la présidentielle de 2019 ? Dans les deux cas, les autorités s’étaient défendues de toute instrumentalisation de la justice. Refusant de subir le même sort, le leader du Pastef crie au complot politique et, depuis, ne dévie pas de cette ligne de défense. Dès le 7 février 2021, il appelle ses partisans à se préparer à un « combat mortel » pour le défendre. En septembre, il fédère une partie de l’opposition au sein de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW, « libérer le peuple » en wolof). Et conquiert en janvier 2022 la mairie de Ziguinchor avec 56,31 % des voix, face au maire sortant.
En tout état de cause, le climat de tension permanent épuise le pays. Ces violences impactent durement une économie déjà fragilisée par les années de pandémie, puis par la guerre en Ukraine et ses conséquences. L’économie est en pause, en attente. Il faut réparer les blessures et les plaies des pillages. Diffusées dans le monde entier, les images des affrontements plombent les perspectives du secteur touristique. L’université Cheikh Anta Diop (UCAD), à Dakar, théâtre de violents affrontements – y compris entre étudiants –, est fermée jusqu’à nouvel ordre. Ziguinchor est coupée du reste du pays. Dans une Afrique de l’Ouest globalement agitée par des crises (djihadisme, banditisme, coups d’État…), le Sénégal paraît sur le point de basculer. Le choc est particulièrement traumatisant pour une nation qui se veut à l’avant-garde des démocraties continentales, qui se prévaut de l’héritage de Léopold Sédar Senghor, d’une vraie tradition culturelle et intellectuelle. Depuis l’indépendance ou presque, les Sénégalais votent, s’expriment, le débat politique est vif, animé, des présidents ont quitté le pouvoir après avoir été battus dans les urnes et, d’un seul coup, tout cela paraît vaciller, se fissurer.
La réalité, c’est que Sonko pèse dans l’arène politique. Lors de l’élection présidentielle de février 2019, il était arrivé troisième, avec 15,67 % des voix. Insuffisant pour battre Macky Sall, réélu dès le premier tour avec 58,27 % des suffrages. Mais suffisant pour se positionner face au chef de l’État et au parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (APR). L’homme apparaît alors comme un politicien de nouvelle génération, en rupture avec les élites traditionnelles, avec un discours patriotique, nationaliste, anti-FCFA, anti-Françafrique, et anti-corruption. Sonko, c’est à la fois la lutte des classes et la lutte des générations, avec une sorte de projet miraculeux qui pourrait renverser la table et rebattre les cartes…
Le « sonkoisme » s’installe et ratisse large, c’est ce qui fait sa force. Il entraîne avec lui la jeunesse déshéritée des quartiers périurbains et des cités, les enfants de l’exode rurale, de la démographie, et de l’échec des systèmes scolaires. Des jeunes qui estiment que ces aspirations au changement, exprimées lors du mouvement citoyen Y’en a marre (lancé en janvier 2011, dans le sillage du Printemps arabe), sont restées en rade. Mais il séduit aussi une certaine gauche néomarxiste, altermondialiste, à la recherche de nouveaux héros (et orpheline depuis la mort de Thomas Sankara). Il parle à ceux, classes moyennes, élites urbaines, pas forcément politisés, qui s’opposent par principe à l’éventualité d’un troisième mandat pour Macky Sall.
Mise
Idéologiquement, politiquement « à gauche », Sonko se positionne aussi, « en même temps », comme un conservateur intransigeant sur les valeurs traditionnelles. En mars 2022, il promettait qu’élu président, l’une de ses priorités serait de durcir la loi criminalisant l’homosexualité (passible actuellement d’un à cinq ans de prison), dans « un souci de préservation de [l’]humanité ». Les relations de ce musulman, polygame (il a deux épouses), avec une partie des femmes sénégalaises, soucieuses d’émancipation et de modernité, ont lourdement pâti de l’affaire Adji Sarr.
Enfin, s’il s’affiche avec son guide religieux de la confrérie mouride, les accusations d’activisme islamiste ne sont jamais bien loin. À l’université Gaston Berger, à Saint Louis, le jeune Ousmane militait au sein de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal, proche des Frères musulmans. Il a d’ailleurs reçu l’appui de l’islamologue suisse Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de l’organisation. Mi-juin, l’hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné – souvent très bien informé –, citant des sources diplomatiques marocaines et françaises, écrivait que « l’argent du Qatar inonde le Sénégal pour convaincre les mourides de voter Sonko » ! Pour le pouvoir, la messe est dite : derrière ses discours égalitaires, l’homme est avant tout un islamiste militant dont l’objectif est de remettre en cause les fondements de l’État moderne. À ceux qui l’accusent, au palais présidentiel comme à l’Élysée, de rouler pour Doha, Moscou ou même Pékin, Sonko réplique qu’il n’entend pas balayer l’influence française pour lui substituer une autre puissance intrusive. En novembre dernier, il a même taclé les Burkinabés qui défilaient avec des drapeaux russes : « Certaines nouvelles puissances ont des pratiques plus nocives à notre endroit que la France », avait-il estimé. « On ne remplace pas la France par la Russie, […] on veut surtout être libre et digne. » Avant d’ajouter une référence à la Chine et au piège de ses infrastructures financées par la dette : « Si vous ne payez pas, je prends le port. »
3. Le long chemin de la présidentielle
À l’heure où ces lignes sont écrites, Ousmane Sonko est toujours en résidence surveillée à son domicile dakarois de la cité Keur Gorgui. Le jugement dans l’affaire Adji Sarr a été publié, et à tout moment, le leader du Pastef pourrait se retrouver en prison. Le discours et le retrait de Macky Sall créent une situation entièrement nouvelle. Sur les plateaux de télévision ou de radio, les lieutenants du « président Sonko » crient victoire. La révolution est en marche contre la dictature… Le ton et la stratégie de la tension ne changent pas. Mais le troisième mandat n’est plus un chiffon rouge. Le recours à la rue devient intolérable, et Sonko doit faire face aux conséquences de ces procès. La prison n’est pas exclue. Pourtant, il maintient sa ligne. Il appelle à la mobilisation, à la résistance, il sera candidat, et donc président…
Son intransigeance, ses appels à la violence et ses insultes l’isolent. Même si son poids politique est indéniable, certains opposants ne verraient pas d’un mauvais œil son élimination directe avant la compétition électorale. Ou la mise en place d’une sorte de « front républicain », d’un front anti-Sonko, qui rassemblerait un spectre assez large de la classe politique, soucieuse avant tout de s’en défaire. Le dialogue national, qui s’est conclu le 24 juin, a ouvert la voie au retour sur la scène de Khalifa Sall et de Karim Wade. Barthélémy Dias (maire de Dakar) et Habib Sy (président de la conférence des leaders de la coalition YAW) ont de l’influence. Même affaibli par ses multiples changements de cap, Idrissa Seck reste un personnage d’influence, et sa candidature est acquise.
Macky Sall, on l’a dit, est un homme essentiellement politique. On peut difficilement imaginer que le président n’a pas prévu son propre rôle dans le processus pour les mois à venir. Et qu’il se soit retiré sans un master plan, pour essayer de faire gagner son parti et son camp. C’est le sens de sa déclaration à Paris, le 21 juin dernier, devant les militants, à l’occasion du
Sommet pour un nouveau pacte financier mondial : « Soyez rassurés. Je m’adresserai au pays dans peu de temps. Après cette déclaration, nous aurons beaucoup à faire pour aller vers la marche du progrès et vers la victoire en 2024 ! » Et d’ajouter : « Ce que je peux vous promettre, c’est que, grâce à notre travail, nous nous maintiendrons au pouvoir avec la volonté du peuple. » Les candidats ne manquent pas. On pense au Premier ministre Amadou Ba. Ou au président du Conseil économique, social et environnemental Abdoulaye Daouda Diallo, au ministre de l’Agriculture Aly Ngouille Ndiaye, ou encore au ministre du Pétrole et de l’Énergie Mouhamadou Makhtar Cissé. Mais il faudra pourtant « tenir » un parti où les expertises et les ambitions plus ou moins déclarées ne manquent pas. Et trouver, adouber et mettre sur orbite un successeur en l’espace de quelques mois relève du pari risqué.
Les sept mois qui séparent les Sénégalais de l’échéance présidentielle de février 2024 promettent d’être tempétueux… Et les enjeux sont réels : le pays se remet tout juste des impacts économiques de la pandémie de Covid-19, laquelle a stoppé net sa croissance économique (6 % en 2019). La guerre en Ukraine a déclenché une forte inflation (9,5 % en rythme annuel), et l’endettement a grimpé de 64 % du PIB en 2019 à 75 % aujourd’hui. Le front social reste brûlant. La jeunesse, qui représente les trois quarts de la population, est trop souvent frustrée dans ses aspirations et rêve d’exil. Mais l’exploitation, dès 2024, des gisements d’hydrocarbures de Sangomar et de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) changera la donne : « On est dans l’ère de la production du pétrole et du gaz », s’est félicité début juin le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba. Mais même avec tout l’or du monde, il faudra de l’expérience et de la raison pour remettre le Sénégal sur la voie de la croissance et de la cohésion. Il faudra aussi de la confiance de la part des citoyens pour retisser les liens de la nation, le vivre-ensemble, reconstruire une démocratie pour tous les habitants. Quel que soit le président élu en février prochain, la tâche sera immense. ■