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CONCLUSION : Le régionalisme critique : une contribution pour une meilleure relation avec le contexte
Le régionalisme critique : une contribution pour une meilleure relation avec le contexte
À travers l’analyse de la marche vers le régionalisme critique, nous avons constaté que le terme développé dénote un style plutôt universel. Contrairement au régionalisme, celui-ci, plus critique, ne repose pas sur l’opposition au moderne, mais plutôt sur la recherche d’un entre-deux entre l’avancement de l’humanité et la localité. Même si l’utilisation de ce terme dans le contexte présent peut être considéré comme dépassée, les pensées et les idéologies sous-jacentes restent toujours applicables et même peut être encore plus pertinentes. En raison de la puissante infuence occidentale dans les ex-colonies, ces régions deviennent vulnérables et risquent de perdre leur culture face à la mondialisation. Il est donc important de maintenir ces aspects locaux et de les protéger de la standardisation du monde. Le régionalisme critique semble donc être une première solution pour le contexte marocain. À travers sa défnition, nous avons expliqué que cette longue approche évolutive est nécessaire de nos jours surtout dans la dialectique : centre/périphérie. Étant un pays postcolonial en plein essor, le Maroc offre des potentialités infnies pour concevoir son avenir. Ce dernier résiderait dans une démarche plus contextualisée, entre une situation politique mondialisée et une régionalisation avancée (1) visant à promouvoir la localité. « La production architecturale marocaine, depuis les premières dynasties jusqu’à aujourd’hui, a toujours navigué dans cette préoccupation dichotomique a priori contradictoire, mais qui pourtant la compose : l’attrait à l’universel et l’attirance vers sa propre singularité (2) ». Trouver l’équilibre et le bon compromis entre ces deux notions relève d’un déf critique. Dans l’optique du développement durable mondialement partagé et pour la recherche d’un meilleur, le régionalisme critique représente ainsi, un courant de pensée et une solution avantageuse quant au Maroc de demain.
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(1) Politique territoriale lancée en 2002, pour une meilleure gestion locale (voir introduction) (2) Younes Diouri, identité versus universalisme, aMush, Architecture du Maroc nº 62, octobre novembre 2014
LE RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC
Le contexte marocain est pluriel. Intarissable source d’inspiration et de challenge ; entre écarts de température, d’altitudes, ou de modes de vie, ce sont autant de variables qui complexifent le processus de conception architecturale. Cette complexité, cette extraordinaire et perpétuelle tension entre la volonté de création de l’architecte, les attentes des usagers et les conditions physiques et culturelles, sont les contraintes qui sculptent plus qu’elles ne freinent l’œuvre architecturale. Naviguant dans une préoccupation dichotomique entre l’attrait à l’universel et l’attirance vers sa propre singularité, la production architecturale au Maroc n’a de cesse de chercher à se renouveler. Dans une continuelle quête d’authenticité, la marche vers la modernité aboutit ponctuellement à des réfexions hybrides ingénieuses et critiques. Ces artefacts de génie inspirent les jeunes générations récentes et futures, vers une architecture en rapport au lieu. Ce royaume en construction, aux contraintes et diffcultés abondantes, reste tout de même un terrain de potentialité multiple. Puisque tout est à faire, donc tout est à penser.
À la recherche de singularité architecturale, le royaume bascule entre une image instrumentalisée d’une architecture orientale et une imitation de la modernité internationale. Depuis l’époque coloniale, au croisement de ces deux tendances, débute le génie du lieu qui, en s’inspirant, hybride les visions en vue d’une intervention innovante et contextualisée. Entre préservation et invention, la scène marocaine contemporaine cherche de plus en plus à promouvoir ses traditions séculaires, tout en exploitant progressivement ses potentialités. La posture régionaliste critique issue d’un équilibre complexe des apports internationaux et locaux prend tout son sens dans le contexte marocain. Entre habitat précaire et résidences hautement sécurisées, les réfexions contemporaines certes planifées ne préconisent que l’urgence du logement qui reste superfciellement abouti. Cette prédominance de pastiche laisse place à la remise en question critique de cette architecture. En s’inspirant du contexte des modes de vie locaux et de l’architecture vernaculaire, le régionalisme critique paraît comme une solution intéressante pour une approche plus adaptée.