Projet de fin d'études - 2017

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LE TERRITOIRE DE LA GOËLE

UNE FRANGE MÉGAPOLITAINE FRANCILIENNE

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Studio de PFE: Bâtir, Ici, et Maintenant Sous la direction de Emilien Robin et de Yvan Okotnikof. Avec la participation de David Albrecht ENSA Paris-Belleville Juin 2017 Antoine De Champs, Antoine Contour 3


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Sommaire 6 Introduction 8 10 12 14

Frange mégapolitaine Un territoire péri-urbain Connecté à la mégapole Dans l’orbite du Grand Roissy

20 22 24 26

Enjeux territoriaux Un territoire étalé Un territoire dépendant à la voiture Un teritoire à l’urbanisme générique

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Disjonctions territoriales Entre les politiques publiques et la réalité constatée Entre les documents d’urbanisme eux-même

36 Problématique 38 37 38 40

Repenser le règlement Un nouveau territoire de projet Une assemblée pour l’aménagement Elaboration d’un PLUi transitoire et d’un diagnostic territorial

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Réponses Urbaines et Architecturales Le Centre-ville Linéaire Une Route Départementale Active La Butte Habitée Un Pavillonaire Evolutif

82 Bibliographie 5


Introduction « Si l’on s’interesse à la qualité de la production ordinaire dans des territoires dont les caractéristiques sont très diversifiées, on ne peut qu’interroger la manière de concevoir les projets de territoires, et, ce faisant, interroger la manière de concevoir la règle d’urbanisme. » Frédéric Bonnet

A la marge de l’agglomération parisienne, le territoire de la Goële est représentatif de cette production ordinaire et générique de la ville. Malgré sa distance à la capitale, le territoire participe pleinement au fonctionnement économique et social de la mégapole francilienne. L’économie florissante et la démographie en forte hausse, liées en grande partie à la proximité avec l’aéroport Charlesde-Gaulle, témoignent de son dynamisme. Et à l’heure où, en Île-de-France, il faut bâtir 70 000 logements par an jusqu’en 2030 (Schéma directeur de la région Île-de-France 2013), cette frange de l’agglomération, au paysage agricole dominant, contribue en partie à l’effort de construction. Pourtant, à hauteur d’œil, si l’espace urbain construit reste relativement faible en comparaison de l’espace agricole disponible, la qualité de l’urbanisme produit interroge : centre commercial occupant plusieurs hectares en entrée de ville, lotissements pavillonnaires s’étalant sur les plaines agricoles, barrière visuelle induite par les bâtiments de stockage et de logistique sur 400 mètres de longueur... L’attention portée à l’aménagement du territoire semble bien faible au regard de la croissance 6

exponentielle que connait celui-ci. L’évolution économique est sociale est-elle imcompatible avec la préservation du cadre de vie? Au delà de la réponse formelle, la situation amène à s’interroger sur le manière dont le territoire, et de manière générale les territoires ordinaires, sont planifiés par les politiques publiques. Car s’ils sont délaissés par les architectes, ces territoires sont, pour beaucoup, négligés par les politiques d’aménagement. Non pas que les documents n’existent pas - il existe bien des SCOT (schéma de cohérence territoriale), des PADD (projet d’aménagement et de développement durable), des plans de zonage - mais leur contenu est souvent peu spécifique et peu adapté aux territoires qu’ils entendent règlementer. A Dammartin, c’est cette «disjonction ordinaire» entre le règlement d’urbanisme et la réalité construite que nous avons choisi d’interroger.

Le territoire de la Goële sur la carte de l’EtatMajor (1820)


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FRANGE MEGAPOLITAINE

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Aperรงus

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Un territoire péri-urbain

Le territoire de la Goële est le nom que nous donnons à six communes situées autour de la butte de Dammartin-en-Goële. Ce territoire, dans le nord de la Seine et Marne, en deuxième couronne de l’agglomération francilienne, à environ 40 kilomètres de Paris, émerge de la plaine de France aux portes de la Picardie. Historiquement agricole, le territoire de la Goële s’urbanise depuis les années 70 et constitue aujourd’hui une frange péri-urbaine de l’agglomération parisienne, entre ville et campagne Implantées de part et d’autre de la butte, ces six communes partagent également un certain nombre d’équipements et de services de la vie courante (écoles, gare, services publics, commerces, loisirs,...) et constituent par conséquent une entité spatiale cohérente, à l’échelle d’un bassin de vie.

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CrĂŠpy-en-Valois Soissons Laon Saint-Quentin

Le Mesnil-Amelot Gare de Saint-Mard

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Gare du Nord Porte de Bagnolet

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Infrastructures routières et transports en commun

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Un territoire connecté à la mégapole

Bien que séparé spatialement de la continuité urbaine de l’agglomération parisienne, le territoire de la Goële lui est très bien connecté. Une demiheure de Transilien (ligne K) ou 45 minutes de voiture (via la RN2) sont nécessaires pour rejoindre la capitale. D’autre part, la ligne du Grand Paris Express viendra, en 2030, s’arrêter aux portes de la Goële, à la gare du Mesnil-Amelot, et ainsi renforcer la connexion du territoire avec le reste de l’agglomération. Cette très bonne desserte par les infrastructures de transport favorise la situation pendulaire du territoire et un grand nombre de ses habitants travaille dans l’agglomération parisienne.

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Le Grand Roissy Communauté d’agglomération Roissy Pays de France Projets de développement économique Zones d’exposition au bruit

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Un territoire proche du Grand-Roissy

Le territoire de la Goële est situé à quelques kilomètres des pistes de l’aéroport de ParisCharles-de-Gaulle, second aéroport européen pour le nombre de voyageurs (62 millions en 2013) et pour le fret (2,2 millions de tonnes de marchandises en 2015). Signe de son importance économique au niveau national, l’aéroport est le siège d’environ 700 entreprises générant 86 000 emplois pour plus de 200 métiers différents et participe à la génération de 10 % de la richesse créée en Île-de-France. En 2016, les six communes du territoire de la Goële ainsi que de nombreuses communes du Val d’Oise et de Seine-et-Marne entourant l’aéroport ont étés regroupées dans la communauté d’agglomération Roissy Pays de France. Décidé par l’Etat et la région Île-deFrance dans le cadre de la refonte de la carte intercommunale et du Grand Paris, le nouvel organe de gouvernance a vocation a administrer l’un des principaux pôle économique de l’agglomération parisienne. EPCI « géant » centré autour de la plateforme aéroportuaire, Roissy Pays de France regroupe 42 communes et accueille plus de 340 000 habitants.

Définitivement tournée vers le développement économique, la communauté d’agglomération revendique «21 300 entreprises implantées, 48 zones d’activités existantes, 12 zones d’activités en réflexion, 3 projets structurants et 12 zones en cours de commercialisation». Parmi ceuxci on note celui d’Europa City et celui de l’international Trade Center. Au sein de cette structure, le territoire de la Goële, situé le long d’un axe routier important (la RN2) est désigné pour accueillir des zones d’activité relatives à l’économie générée par l’aéroport, notamment la logistique longue portée. La proximité à l’aéroport produit un certain nombre de nuisances. Dans l’axe des pistes, le trafic aérien intense produit une gène sonore importante, notamment à Juilly et Saint-Mard où le nombre de nouvelles constructions est limité.

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SDRIF 2013 Pôle de centralité à conforter Secteurs d’urbanisation préférentiel Secteurs d’urbanisation conditionel Secteurs urbanisés

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Un territoire en croissance continue...

L’urbanisation massive du territoire de la Goële débute dans les années 1970 avec l’arrivée de l’aéroport Charles-de-Gaulle et le phénomène général de migration des classes moyennes du centre vers les périphéries. D’abord non planifiée, la croissance urbaine du territoire est, depuis le schéma directeur de la région Île-deFrance de 1994, inscrite dans les documents de planification de l’agglomération parisienne. Le territoire de la Goële est désigné comme une « ville trait-d’union » entre ville et campagne, puis comme un « secteur d’urbanisation préférentiel » et « pôle de centralité à conforter » en raison de sa faible densité, de la relative centralité constituée par la commune de Dammartin-enGoële, et de la proximité de la gare de JuillyDammartin-Saint-Mard.

ainsi aux communes d’ouvrir de nouvelles zones à urbaniser afin d’accueillir la population toujours croissante de l’Ile-de-France. D’autre part, presque toutes ces communes mènent parallèlement une politique de densification de leur centre-ville.

Si elle ralentie après les années 1990, la croissance démographique reprend à la hausse depuis plusieurs années. En 2030, le territoire de la Goële pourrait accueillir 7 000 habitants supplémentaires. Le dernier SDRIF (2013) confirme cette vocation du territoire à se développer et permet 19


... depuis les annĂŠes 70

1890 : ArrivĂŠe du train Ă Saint-Mard 1968 : 4791 habitants 1821 : 3767 habitants

1 1

1946 : 4169 habitants

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1974 : Inauguration de l’aéroport de Roissy

1975 : 10 353 habitants

1999 : 21 844 habitants 2014 : 24 622 habitants

2016 : Rattachement à la communauté d’agglomération de Roissy Pays de France

2030 : 31 886 habitants

1982 : 14 289 habitants

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ENJEUX TERRITORIAUX

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Un territoire étalé

Si la croissance démographique et économique renforce l’attractivité du territoire, elle n’est pas sans conséquence sur le paysage. Aujourd’hui, comme dans de nombreuses communes périurbaines d’Île-de-France, l’expansion des zones urbanisées produit un urbanisme étalé, dépendant à la voiture et générique. Etalé car malgré la récente tendance à la densification dans les centres-villes, l’essentiel des secteurs en construction est situé sur des terrains agricoles. Zones résidentielles à la marge des communes, grandes emprises industrielles ou commerciales le long de la route nationale 2, le territoire s’étend par morceaux monofonctionnels et disjoints. L’échelle des réalisations est frappante. À Dammartin, plus de 800 logements sont en construction dans une zone d’aménagement concerté d’un seul tenant, essentiellement des maisons individuelles. À Saint-Mard, un centre commercial et une zone d’activité sont prévus à l’entrée de la ville, occupant plus de 70 hectares de terre agricole. Au total, les différents secteurs classés à urbaniser dans les PLU des différentes communes représentent, d’ici à 2030, plus de 300 hectares de terrains. 25


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Un territoire dépendant à la voiture La dépendance à la voiture est particulièrement marquée dans un territoire dans lequel les infrastructures routières dominent largement sur les lignes de transport en commun. Si la gare de Saint-Mard relie bien les communes du bassin de vie à Paris, la faible fréquence du trafic de la ligne de Transilien limite les possibilités de déplacement. De plus, l’étude des déplacements pendulaires des actifs montre que la liaison ferrée vers Paris ne saurait combler l’ensemble des besoins d’une population qui travaille pour plus de 70% en dehors de la capitale. L’éloignement des services et des commerces, la faible densité des zones urbanisées et leur dispersion accentuent encore le caractère éclaté du territoire. Outre l’imperméabilisation des sols, inéluctablement provoqué par la multiplication des structures routières (échangeurs, ronds-points, etc.), la dépendance à la voiture se manifeste aussi dans le budget des ménages. À Dammartin, 90% des ménages sont motorisés, contre 67% pour la moyenne francillienne, et 43% possèdent 2 voitures ou plus, contre 21% pour l’ensemble de l’Île-de-France. Dans l’espace perçu, cette motorisation produit ce que Marc Augé appelle des non-lieux, soient des symptômes de la modernité, des lieux où l’on passe mais ou l’on ne s’arrête pas, des lieux que l’on traverse mais où l’on ne vit pas (parkings, autoroutes,...). 27


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Un territoire à l’urbanisme générique

Pavillons préfabriqués répétés à l’envie, immeubles de logement aux décors néo-classiques ou modernes tout droit sortis des rayons de promoteurs, structures métalliques revêtues de simples bardages, le territoire de la Goële se parcours tel un catalogue d’architecture générique à échelle 1. La rapidité de mise en oeuvre satisfait la demande : les primo-accédant qui font construire et les entreprises désireuses de s’installer rapidement dans les nouvelles zones d’activité y trouvent leur compte. Rationnelles et peu coûteuses, ces constructions discount répondent à la forte pression du marché immobilier dans un territoire contraint ni par sa géographie - les grandes plaines agricoles et leur caractère d’openfield favorisent l’implantation de produit standardisés -, ni par le règlement. Ce paradigme fonctionnaliste d’urbanisation est à rapprocher de la Generic City que décrit Rem Koolhaas, où l’approche contextuelle est volontairement absente et où la primauté est donnée à l’efficacité. Symbole de la métropolisation croissante du territoire, les grands promoteurs et constructeurs nationaux occupent la majorité du marché : Nexity, Kaufmann and Broad, Bouygues immobilier, Promogim se partagent la plupart des chantiers.

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DISJONCTIONS TERRITORIALES

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...entre les politiques publiques et la réalité constatée Disjonction entre la tendance actuelle en matière de développement durable et le mode d’urbanisme effectif

Depuis les lois SRU (2000), Grenelle (2009), ALUR (2014), les pouvoirs publics nationaux, conscient des problèmes environnementaux que pose l’étalement urbain, incitent les communes à plus de responsabilité dans le mode d’urbanisme qu’elles se donnent, en favorisant notamment la densification et la mixité. En observant les dernières opérations d’aménagement, on remarque que des mesures sont prises - notamment dans la densification des centresvilles - mais que, par ailleurs, certains schémas d’aménagement dispendieux continuent d’être mis en place. Incompatibles avec les ambitions de développement du Grand Roissy et les terrains ouverts à l’urbanisation par la planification régionale, les injonctions à la densification et à l’économie dans la consommation d’espaces agricoles semblent faiblement prises en compte. Il y a donc une disjonction entre des politiques publiques et la réalité constatée.

Disjonction entre la communication et la réalité

De la même manière, on peut observer une disjonction entre la volonté qu’ont les communes et les promoteurs immobilier de proposer un cadre de vie agréable, proche de la nature, protégé, etc. et le mode d’urbanisation qu’ils se donnent, qui nuit justement à ce cadre de vie.

Disjonction entre protection et développement du territoire

Ensuite les politiques d’aménagement locales elles-mêmes, ont une attitude presque schizophrénique, favorisent à la fois la protection du territoire, et un développement économique rapide qui endommage ce même territoire, que ce soit au niveau des zones agricoles qui sont remplacées par des zones urbanisées ou des commerces de centre-ville qui sont concurrencés par des grandes surfaces. A Saint-Mard, par exemple, cohabitent l’opération coeur de ville qui propose de réintroduire des commerces de proximité, et la construction d’un grand centre commercial à l’entrée de la ville. 31


Rapport de présentation - établit un diagnostic du territoire - précise les besoins en matière de développement économique, d’équilibre social,... - analyse la consomation d’espaces naturels ou agricoles

PADD N

A AU

N

UE

A

AU

UX

UE UC

Plan de zonage

UC R

UF N N UF

N

UE UA

N

UC

- Spatialise les zones sur le territoire de la commune

UD

N UB

N

UB

AU

AU

- Définit les orientations du projet d’urbanisme - Enonce et spatialise des intentions de projet (renforcement du centrebourg, création d’un mail autour de la ville, ...) - N’est pas opposable aux permis de construire.

N

UC UF

UE UF

UX N

AU

A

N

Règlement de zone - S’applique sur une parcelle cadastrale - Reglement l’usage, la volumétrie, les ouvertures, les alignements, les places de stationnement, la désserte en réseaux,... - Opposable au permis de construire 32


...entre les documents d’urbanisme eux-mêmes

Les ambiguïtés des discours entre développement économique et préservation du cadre de vie se retrouvent à l’intérieur des documents d’urbanisme. Les rapports de présentation des différents PLU et les PADD, qui énoncent les principales orientations de l’aménagement du territoire communal, sont, dans les faits, souvent contredits par leurs outils d’application que sont les plans de zonage et les règlements de zone. Si les objectifs vertueux sont pourtant bien énoncés, les outils d’application semblent manquer ou être inopérants pour les mettre en oeuvre. Ainsi à Saint-Mard, la volonté retenue par le PADD de maintenir la forme urbaine concentrée de la ville est niée par l’installation du centre commercial, inscrit dans une zone à urbaniser du plan de zonage. De même, la densité préconisée de manière générale par le rapport de présentation est, dans certaines zones pavillonnaires, paradoxalement limité par le règlement. De plus, tel qu’il est écrit, le règlement de zone défini des contraintes applicables à la parcelle (volumétrie, retraits et alignements, usage des sols,...) mais est inopérant pour mettre en

oeuvre des projets transversaux concernant les transports en commun, les espaces public, etc. Ainsi, à Dammartin, la diversité typologique des constructions prônée dans le rapport de présentation se heurte à un règlement à la parcelle qui, de fait, conduit à la répétition de bâtiments identiques puisque tous soumis au même réglement quel que soit le terrain. De la même manière, le projet de mail piéton et les pistes cyclables, inscrits dans le PADD au début des années 2000, n’ont jamais été réalisés. Enfin on peut s’interroger, plus généralement, sur le mode de représentation et donc de transmission de l’urbanisme. Des plans d’aménagement du territoire, à valeur effective sont souvent réduis à de simples schémas en deux dimensions où les bâtiments sont symbolisés par des formes élémentaires. Non pas que l’usage d’un schéma à deux dimensions est à proscrire, au contraire il est nécessaire à un moment du projet, mais il ne doit absolument pas devenir un dessin définitif, sinon des bâtiments schématisés par un carré tendent à devenir, dans la réalité, des carrés extrudés, des boîtes. 33


« La commune de Dammartin-en-Goële aura, dans le cadre de la réalisation de la Ville Trait d’Union, pour enjeux principaux (…)d’éviter de réaliser de grosses opérations en offrant un type unique de produit. » Rapport de présentation du PLU de Dammartin-en-Goële

« Ce site est voué à être totalement urbanisé par le Schéma Directeur de Dammartin en Goële (Vocations « d’extension urbaine mixte » et de « parc urbain »). Ses qualités paysagères exceptionnelles, liées à sa topographie et aux éléments remarquables de ces lisières, rendent particulièrement indispensable qu’une attention toute particulière soit portée à l’insertion environnementale de ces futurs développements. » Rapport de présentation du PLU de Dammartin-en-Goële

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« Il ne faut toutefois pas céder à la tentation de s’étendre sur le plateau de façon inconsidérée » «Orientation du PADD : Conforter la commune dans sa position de pôle économique stratégique du bassin de vie de la Goële et du Multien » Rapport de présentation du PLU de Saint-Mard

« Afin de préserver l’espace, la densification est indispensable » Zone UD : « La densité et la typologie urbaine imposées par le règlement de PLU ne vise pas à la densification » Rapport de présentation du PLU de Saint-Mard 35


Aux « disjonctions ordinaires » repérées dans le territoire de la Goële, on peut trouver deux explications. D’une part, l’absence de projet territorial à la mesure de la dynamique de croissance, qui seul permettrait de concilier évolution économique, démographique et préservation du cadre de vie, explique les décalages entre discours et réalité. Rapidement planifiées, au coup par coup, et bien souvent sans lien avec l’existant, les opérations d’aménagement du territoire semblent par conséquent subies plutôt que choisies. Le manque de moyen (en terme de culture d’aménagement territorial et d’ingénierie de la planification) contraste nettement avec l’ampleur du phénomène d’urbanisation. D’autre part l’inadaptation des documents d’urbanisme rend impossible la réalisation des projets, même lorsque ceux-ci sont énoncés. Le PADD, non opposable aux permis de construire, instaure des projets sans règles et, à l’inverse, le plan de zonage, aboutissement et principal outil règlementaire du PLU, définit des règles sans que celles-ci constituent en elles-mêmes un projet. De plus, le zoning qui en est la conséquence, par l’éloignement des 36

fonctions qu’il induit, augmente la dépendance à la voiture. Par ailleurs, l’uniformisation de ces documents, quel que soit le contexte (au sein du territoire mais également de manière plus générale) tend à favoriser le caractère générique des constructions. Dans un territoire où l’architecture ordinaire (par opposition à l’architecture très communiquée, primée, d’architectes célèbres, etc.) est d’avantage l’expression d’un règlement que d’une volonté formelle, il nous semble pertinent de s’interroger sur la spécificité du règlement d’urbanisme. Car au delà de la logique de produits standardisés adoptée par les constructeurs, le caractère générique des constructions est également dû au caractère générique des règlements d’urbanisme eux-mêmes. Agir sur la qualité des constructions ordinaires implique par conséquent de repenser le règlement.

Comment repenser le règlement d’urbanisme pour lui permettre de concrétiser un projet territorial spécifique?


Problématique

Le travail proposé pour ce projet de fin d’études présente donc deux volets. D’une part, il s’agit d’imaginer des stratégies et des scénarios permettant une meilleure intégration des activités économiques et de la croissance démographique dans le territoire de la Goële. Comment limiter la consommation des terrains agricoles? Comment réduire la dépendance à la voiture? Comment inscrire l’urbanisation dans sa géographie et dans le paysage? Sans prétendre répondre de manière absolue à ces questions, certaines interventions ponctuelles peuvent aider à y répondre. D’autre part, nous proposons de modifier le règlement en repensant la structure de la planification territoriale. Depuis l’an 2000 et la loi SRU, le passage des plans d’occupation de sols aux plans locaux d’urbanisme (des POS aux PLU) est censé marquer le passage d’un plan servant à administrer et définissant des valeurs foncières (par le calcul du volume capable constructible de chaque parcelle) à un plan servant à réaliser des projets territoriaux. Mais la planification actuelle répète bien souvent les anciens schémas. Le plan de zonage, divisé en

zones monofonctionnelles et règlementant uniquement à la parcelle, est inopérant lorsque les projets sont transversaux. Comment prendre en compte la structure paysagère, les éléments naturels, les vues sur grand paysage, les nouveaux usages, l’évolution des modes de vie? Comment règlementer les densités en fonction des lignes de transport en commun? Autant de questions auxquelles le seul plan de zonage ne peut répondre. Les orientations d’aménagement (loi SRU 2000), puis les orientations d’aménagement et de programmation (OAP, loi Grenelle 2, 2010) ont vocation à combler ce manque. Pourtant, elles ne sont pas systématiquement mises en place voire parfois bâclées (voir l’OAP de la zone d’activité à Saint-Mard). Le décret de modernisation du contenu des PLU de 2015 oblige toutefois la mise en oeuvre d’OAP dans toutes les zones 1AU du plan de zonage. En s’inspirant des OAP, nous proposons de tourner le règlement d’urbanisme vers le projet, en transposant l’outil à une échelle territoriale.

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REPENSER LE REGLEMENT

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Un nouveau territoire de projet

Alors que le quotidien s’organisait autrefois à l’échelle du village ou de la commune, il s’organise aujourd’hui à l’échelle de bassins de vie de plus en plus larges, dans des territoires dont l’extension nécessite des réseaux de plus en plus performants et nombreux. La gouvernance à l’échelle de la commune avait sa logique quand ses habitants y travaillaient, y dormaient et y consommaient, et encore aujourd’hui, elle permet de faire valoir des spécificités locales, mais elle semble dépassée, voire contreproductive à l’heure où la majorité des actions quotidiennes ne tiennent pas compte des limites communales abstraites, et où les communes sont parfois mises en compétition. Mais à l’inverse, le regroupement de la gouvernance dans des intercommunalités élargies pose aussi question. Aujourd’hui, L’EPCI du Grand Roissy, défini principalement autour d’une réalité économique, ne semble pas adapté à ce qu’on y définisse un document d’urbanisme intercommunal (de type PLUi) qui gérerait l’aménagement de territoires très diversifiés, allant des communes très urbanisées du sud du Val d’Oise aux commune presque rurales de la Seine-et-Marne.

Dans le cadre de l’élaboration d’un nouveau document d’urbanisme, nous proposons de diviser l’EPCI du Grand Roissy en territoires de projets qui tiennent compte des bassins de vie, plus adaptés à une réglementation spécifique en matière d’aménagement du territoire. Ce découpage est défini en fonction des équipements de la vie quotidienne (gare, école, commerces...), et des grandes entités géographiques (forêts, cours d’eau, buttes). Et il a donc pour but d’adapter la gouvernance aux spécificités de chaque territoire (à sa géographie, à son paysage), et à son échelle quotidienne (bassin de vie). D’autre part, il permet de mutualiser les moyens et les compétences dans le but de combler un déficit en matière d’ingénierie et de culture territoriale, qui semble déficitaire dans les petites communes qui composent le péri-urbain. Dans notre cas, le territoire de projet serait constitué des 6 communes présentes autour de la Butte de la Goële: Dammartin au centre, Longperrier à l’Ouest, Saint-Mard et Rouvre à l’Est, Othis au Nord et Juilly au sud. 39


Des balades de quartier organisées avec les habitants

Des réunions thématiques

Une page internet consultable librement

Une maquette accessible à tous 40


Une assemblée pour l’aménagement du territoire

Aujourd’hui, les décisions qui sont prises en matière d’aménagement du territoire le sont par les élus locaux, avec parfois les conseils d’experts, et avec une obligation de transparence. Cependant, il semble que les décisions soient prises rapidement, sans forcément de consultation, et en tout cas communiquées une fois le projet lancé. Certes, les dossiers des permis de construire sont visibles à la mairie, mais, dans l’état actuel, il est difficile de penser que chacun s’y rende régulièrement afin de se tenir informé de ce qui se construit à côté de chez soi. Ainsi, éloignés du processus de décision, les personnes concernées par de nouvelles opérations d’urbanisme semblent subir ces dernières. Il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse et dire que tous les habitants de la commune doivent intervenir dans chaque opération d’urbanisme. Simplement, il semble nécessaire que des habitants qui se sentent concernés, et qui possèdent une réelle expérience vécue du territoire et de ses usages, puissent à un moment ou à un autre participer aux décisions qui seront prises, et ainsi faire valoir leurs compétences empiriques. Le passage à une gouvernance plus

réduite et tournée vers le projet permettrait d’impliquer davantage les habitants aux processus de décision. D’autre part, l’aménagement du territoire nécessite une véritable culture, qui mêle connaissance sociologique, connaissance urbaine, connaissance économique, etc. qui semble aujourd’hui déficitaire, malgré la prise de conscience et l’expertise des conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE). Ainsi naît une assemblée pour l’aménagement du territoire qui rassemblerait les élus locaux, des experts de plusieurs disciplines, ainsi que des habitants tirés au sort parmi les volontaires, qui porterait un projet de territoire à l’échelle de ces 6 communes, et qui le gérerait, par roulement, dans la durée. Ce nouveau mode de gouvernance est directement inspiré de l’idée de «démocratie territoriale» de Frédéric Bonnet.

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Diagnostic de territoire

PLUi transitoire Zones agricoles Zones naturelles Centres-villes Pavillonnaires Zones d’activitÊs Equipements publics 42


Elaboration d’un PLUi transitoire et d’un diagnostic territorial

Dans un premier temps, les PLU des différentes communes du bassin de vie sont assemblés dans un document unique de type PLUi. La mise en commun du règlement permet de faire émerger les contradictions entre les différents discours. Il assure la transition avec le projet de territoire, le temps de l’élaboration du nouveau document d’urbanisme. Ensuite, reprenant les études réalisées dans les différents rapports de présentation des PLU, l’assemblée produit un diagnostic de territoire. Celui-ci énonce les enjeux, les attentes et les objectifs, notamment en termes de mobilité, de diminution des surfaces nouvellement urbanisés et d’inscription dans la géographie du territoire.

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Optimiser les surfaces dans l’enveloppe urbaine actuelle

Organiser les services et la densité en fonction des réseaux de mobilité

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Implanter l’habitat dans la géographie du territoire


De nouvelles aires de projet

Une fois le diagnostic rédigé et le PLUi transitoire dessiné, l’assemblée définit un projet de territoire. Il semble en effet nécessaire pour un territoire en voie d’urbanisation rapide de planifier précisément cette dernière afin de diminuer au maximum la part négative de l’impact qu’elle peut avoir sur l’existant. Ce projet est ainsi articulé autour de plusieurs grandes orientations, issues du diagnostic commun: organiser les services et la densité autour de la mobilité, insérer l’habitat dans la géographie existante, optimiser les surfaces disponibles dans l’enveloppe urbaine existante.

L’aménagement du territoire se jouant à plusieurs échelles, de l’impact climatique à la pose d’un panneau solaire en passant par l’ambiance d’un quartier, ses outils doivent également être déclinés à ces mêmes échelles. Du schéma d’aménagement du SDRIF à la RT2012, les mesures prises doivent être cohérentes entre elles. Ici, les aires de projet définissent clairement un objectif, décliné dans un règlement à l’aire puis dans un règlement à la parcelle.

Ces trois grandes orientations sont spatialisées sur un seul document consultable par tous, interactif et mis à jour régulièrement dans un souci de transparence et de lisibilité. Tous les projets d’envergure réalisés sur le territoire devront s’inscrire dans l’une de ces trois thématiques. Disposant chacun d’un règlement, ils viendront progressivement remplacer les zones du PLUi transitoire. 45


La lisière habitée

Chemin de la Cavette Habitat informel Quartier pavillonnaire de Longperrier

Ru

Le règlement d’aire prend pour modèle les orientations d’aménagement et de programmation issues de la loi Grenelle II (2010). Il prolonge cet outil d’aménagement en se rapportant à une des thématiques énoncées précédement dans le projet de territoire (par exemple : implanter l’habitat dans la géographie). Sur une aire de projet, le règlement d’aire définit donc une stratégie d’implantation. Il dessine les rues principales, les transports en commun, les différentes fonctions, propose un découpage parcellaire,etc. 46

Chemin de la Gruerie

Parcellaire en lanière des anciens vergers La forêt habitée


... avec un réglement spécifique à l’aire... Création d’une voie nouvelle à l’emplacement du chemin de Saint-Ladre Chemin rural d’Othis à Saint-Ladre Culture intensive de plein champ La lisière habitée

Ru

Quartier pavillonnaire d’Othis

Illustration du règlement de l’aire de projet de la butte de Dammartin 47


1. Les parcelles trop étroites ne sont pas constructibles et permettent une mise à distance

4. Les clôtures ne sont pas obligatoires

2. les logements doivent avoir deux orientations au moins

6. Les logements doivent avoir un espace exterieur

3. Le sol doit être laissé perméable

5. Les fondations doivent être ponctuelles

7. Les 3/4 des arbres existants seront préservés

Exemple de réglement à la parcelle visant à inscrire l’habitat de manière respectueuse dans un habitat naturel de qualité 48


... et à la parcelle

Afin que le projet de territoire se réalise, il convient que les règlements à la parcelle soient tous orientés vers ce même projet et ne soient pas des « copier-coller » des règlements de communes voisines, ou ne soient trop inspirés d’un schéma trop fonctionnel qui fontionne partout (et donc nulle part) comme cela est souvent le cas. La qualité de l’architecture ordinaire se joue essentiellement dans le règlement puisque ce dernier constitue son unique contrainte.

Par ailleurs, certaines règles peuvent être «optionnelles» ou «négociées» selon les situation (les vues sur le paysages,...) En somme, par des contraintes intelligemment choisies, le règlement doit favoriser l’imagination, l’élaboration de projets spécifiques, répondant à un enjeu particulier, localisé, plutôt que la répétition de modèles standardisés.

Ce règlement spécifique contient certaines règles visant à la protection des sites. Dans un secteur fortement boisé, on peut par exemple imposer de replanter les arbres coupés ou d’utiliser uniquement des fondations ponctuelles. D’autres règles visent à améliorer la qualité des construction, et par exemple, une double orientation des logements ou un minimum de surface vitrée peuvent être demandés

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REPONSES URBAINES ET ARCHITECTURALES 50


Une Route DĂŠpartementale Active

Le Centre-Ville lineaire

La Butte HabitĂŠe

Un Pavillonaire Evolutif

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Immeuble de logement collectif

Limite de l’aire de projet

Bande de 15 mètres desservie par les réseaux d’eau potable et d’assainissement

Partie du jardin où seules des annexes non co

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Centre-Ville de Dammartin-enGoële

Limite actuelle de la zone UA

Ligne de transport en commun renforcée

Maisons de ville en R+2 ou R+3

onnectées sont autorisées

La ville linéaire

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Te Othis

Aire de projet

Dammartin

Saint-Mard

Longperrier

Juilly

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Une première aire de projet serait une alternative au modèle de développement radioconcentrique. Aujourd’hui dans le règlement actuel seuls les centre-ville historiques accueillent à la fois la densité et la mixité, le reste étant monofonctionnel ce qui accentue la dépendance à la voiture. Pourtant les villes s’étendent et il semble illogique que ces zones restent figées dans leurs limites actuelles. Nous proposons donc d’étendre les centre-ville le long des principaux axes qui les relient, et qui sont déjà bien desservis par les transports en commun. Dans le nouveau règlement l’aire de projet concernerait les parcelles attenantes à la RD401 qui passe par quelques centre-villes. Nous avons représenté une partie de cette départementale entre Dammartin et Longperrier aujourd’hui occupée par un tissu pavillonnaire peu dense. Nous imaginons un règlement permettant de densifier ces parcelles en imposant deux contraintes principales : -un rapport à la rue puisque seuls les 15 premiers mètres sont raccordés aux réseaux d’assainissement et d’eau potable. Cela permet également de préserver les fonds de parcelles ainsi qu’une vue sur la Plaine de France -une réversibilité du Rez-de-Chaussée sera assurée afin d’accueillir, ou des commerces, ou de l’activité, ou des locaux sans modifier la structure des bâtiments Nous proposons une typologie de maison de ville inspirée des maisons du centre-ancien, présentant un socle accueillant un usage réversible : ici un garage et une salle de sport, et là de l’activité. Les maisons elles-mêmes s’appuieraient sur le socle, seraient sur plusieurs niveaux et mitoyennes afin de s’adapter à la nouvelle densité le long de la rue, présenteraient des doubles-hauteurs, des terrasses, des vues sur le paysage.

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Bande de 15 mètres raccordée au réseau d’eau potable et d’assainissement 15m

Logements traversants

Rez-de-chaussée révertible

6m

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Toit terrasse aménagé

Poteau acier HPN

Etresol aménagé en salle de sport

Ligne de transport en commun

Garage

Partie reversible de la construction accueillant un garage et un entresol

LE LONG DE LA RO Maisons de ville accueillant d 1:50

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Toile de protection solaire

Structure légère démontable

Profilé IPN

Poteau acier section circulaire

Plancher en béton armé Salon double hauteur avec vue sur la plaine de France

Partie reversible de la construction accueillant un commercce

Limite des 15m à la rue maximum à laquelle les réseaux peuvent accéder

Entrée du logement ouverte

OUTE de l’activité

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De par sa situation, de part et autre de la RN2, proche de Paris, et où il est aisé d’acquérir de vastes terrains, le territoire de la Goële est tout indiqué pour accueillir des activités de logistique (stockage notamment). Cette nouvelle économie territoriale qui côtoie une agriculture extensive amène à la fois emplois et taxes (CFE sur la valeur foncière et CVAE sur la valeur ajoutée) au territoire. Cependant, les règlements actuels qui gèrent ces zones, au nom d’une efficience économique, contraignent peu l’implantation et la qualité des bâtiments. Ils laissent s’installer de grandes enclaves infranchissables, des réseaux et des parkings surdimensionnés qui perméabilisent les sols, ainsi que d’immenses boites en tôle, énergivores et peu pérennes qui perturbent le paysage. Dans un premier temps, le projet de territoire décide de l’aménagement des zones d’activité logistique uniquement le long de la RN2 afin de permettre aux camions de ne pas transiter par le territoire, et de raccourcir leur déplacement. Ensuite, nous avons simulé l’implantation d’une zone logistique de taille moyenne 30 000m² SP environ) située dans le prolongement d’une zone existante, le long de la RN2. L’aire de projet prévoit la stratégie suivant : les pouvoirs publics acquièrent les parcelles nécessaires et les redécoupent en bande d’environ 1ha dont un des côtés donne sur un accès camion le long de la RN2, et l’autre sur un chemin de campagne qui servirait d’accès aux employés.

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La route departementale active

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Nouvelle Aire Logistique

ZA des Près Boucher

ZA des Deux Moulins

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Ensuite, à la parcelle, les règlements préconisent : - une emprise au sol minimum (50% afin d’obtenir des entrepôts moyens de 5000m²) - un minimum d’un mitoyen (pour augmenter la densité) - un minimum d’un 1/3 de parkings partagés ou d’aire de giration mutualisée (pour limiter la consommation d’espaces) Au niveau du bâtiment lui-même, il est prévu que ceux-ci assurent : - 80% d’éclairage naturel - 50% de l’énergie produite sur place (photovoltaïque) - 50% de ventilation naturelle L’aire de projet prévoit qu’une partie de la CVAE soit réservée au financement d’une structure de gestion sur le long terme. Celle-ci s’occuperait de gardiennage, d’entretien des espaces publics, de gestion des déchets,… Il est également possible de penser que la CVAE finance la réalisation d’un pont piéton pour franchir la RN2, voire la réalisation d’une cantine d’entreprise, de structures de loisir, etc, dans le but de pérenniser la zone d’activité et de renforcer son attractivité. Le projet est un entrepôt d’environ 5 000m2. Il présente donc un mitoyen et une aire de giration mutualisée. D’autre part, li assure les exigences minimum avec la toiture. Celle-ci en forme de shed qui anime le paysage, permet un éclairement naturel, une ventilation naturelle, ainsi qu’une alimentation en énergie puisque des panneaux solaires inclinés vers le sud y sont installés.

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Vue sur la plaine agricole depuis les bureaux


Il sera prévu une emprise au sol minimum de 50 %

Au moins 50 % des parkings ou des aires de giration devront être mutualisées

Les bâtiments devront présenter au moins un mitoyen

Les parkings des employés seront semi-perméables

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La butte habitĂŠe

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Les parkings et les allées seront réalisées dans des matériaux perméables ou semi-perméables

H max

Les limites parcellaires ne seront pas clôturées Les logements devront présenter au moins deux orientations

La hauteur maximale des constructions sera égale à la hauteur maximale des plus hauts arbres

Les eaux pluviales devront être récupérées et réutilisées

Les fondations devront être ponctuelles L’assainissement devra être géré à l’intérieur de la parcelle

Les arbres abattus devront être replantés ailleurs sur la parcelle

Au moins 70 % du terrain devra être en pleine terre

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Ce projet a pour but de réinterroger l’opposition systématique entre ville et nature en proposant d’urbaniser certaines parties de la zone aujourd’hui classée naturelle : la Butte de la Goële. Cette aire de projet a pour but de tester la capacité du règlement à prendre en compte des éléments géographiques et topographiques. Un règlement spécifique au site s’applique à l’implantation et à la construction du bâtiment afin de préserver au maximum l’aspect naturel du site :

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-Les constructions ne doivent pas dépasser la taille des arbres -70% du site doit être laissé libre -Aucune cloture ne doit être érigée -Les appartements doivent présenter un minimu de deux orientations différentes -Les arbres abbatues devront être replantés -Les fondations devront être ponctuelles


Compte tenu de la situation excentrée des bâtiments vis-à-vis de la ville, ils devront répondre à des exigences d’autonomie en matière d’énergie et de traitement des eaux usées. Nous illustrons ces règles par zoom sur un coteau boisé aménaagé avec quelques constructions de logements collectifs et individuels inscrites dans la pente, orientées au Sud, et présentant des typologies traversantes. Nous avons imaginé un immeuble de 3 logements construit en structure bois sur micropieu. La toiture inversée permet de récupérer les eaux de pluies qui seront réutilisées pour les sanitaires et les machines

à laver. Des panneaux solaires orientés au sud assurent la quasi autonomie en matière d’énérgie lors des saisons ensoleillées. Les eaux usées sont traitées par phytoassainnissement et rejetées dans la nature. Un poêle à bois permet d’assurer un chauffage autonome. Pour ce qui est des qualités d’habiter, le séjour est au sud, ouvert sur la forêt et les champs, et prolongé par un balcon filant permettant à l’habitant de nouer un contact privilégié avec les éléments naturels et paysagers propres au péri-urbain.

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Pavillonaire évolutif

Dans le territoire de la Goële comme ailleurs en France, le paysage urbain du territoire est marqué par ce mode d’urbanisation. Les règlements actuels qui régissent ces quartiers pavillonnaires, au delà d’être très contraignants, dispendieux et fondés sur une approche formelle, sont très semblables, et participent ainsi à l’homogénéisation de la forme urbaine. D’autre part, la qualité de vie donnée par le jardin est mise à mal par des règlements coercitifs qui imposent des murs aveugles, des retraits, des contraintes de matériaux. On se retrouve souvent dans le schéma classique et systématique avec maison au centre, jardin et parking devant, terrasse derrière, et côtés résiduels. Plus que d’imposer de nouvelles règles promouvant l’interdit, l’idée est de révéler par l’exemple, et en soustrayant certaines règles, le potentiel spatial que réserve le tissus pavillonaire, nottament en ce qui concerne les relations entre l’espace intérieur et l’espace extérieur intime ou privé. Pour cela nous avons choisi une aire de projet située dans un quartier pavillonnaire particulier dans lequel il existe un paysage artificiel formé par les haies mitoyennes de parfois 3 mètres qui rendent invisibles les jardins depuis la rue.

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Stationnement dans l’allée

Stationnement dans la raquette

Stationnements possibles

15m

Hauteur maximum de toiture Hauteur maximum du cheneau

Hauteurs relatives maximum

Tous les côtés de la maison peuvent s’ouvir librement

15m

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Ainsi, en partant de cette situation d’intériorité donnée par la haie, on pourrait imaginer d’avantage de souplesse dans la réglementation du bâtiment dans sa parcelle. - Tout d’abord tous les côtés de la maison pourraient ouvrir sur le jardin - Sous la haie, 30% de la surface non construite pourrait être réservée à la construction d’annexes ou d’extensions non chauffées abritant différents usages. - D’autre part, il serait possible de stationner dans les raquettes et les allées à proximité, et le règlement pourrait prévoir la suppression d’un minimum de stationnement.

Le projet manifeste est un jardin d’hiver dans le prolongement d’une maison qui installe au milieu des haies, sous une verrière un lieu pouvant servir de salon, de salle à manger, de chambre l’été, de serre, de salle de jeu,… Des rideaux peuvent servir à cloisonner l’espace. En hiver, la verrière en structure métallique, permettrait par effet de serre de chauffer l’espace. En été différents outils permettent de contrôler la chaleur. Des ouvrants dans le toit et des portes sur pivot sur les côtés assurent une ventilation naturelle. Des stores enrouleurs assurent l’ombrage de l’espace.

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Conclusion

Travailler sur la règlementation actuelle dans les territoires ordinaires nous a permis de nous pencher sur les modèles conscient ou inconscient, néanmoins partagés, qui président à leur conception. Notamment : Pour les Centre-Ville : le fait de penser un aménagement radioconcentrique définit la ville avant tout par son centre-ville ancien alors qu’il ne constitue qu’une faible partie de celle-ci. On pourrait à l’inverse aménage le territoire sur le modèle de la ville linéaire en fonction de la réalité des flux Pour les ZA : l’aire de projet de la ZA montre que l’on peut considérer ces zones de travail non pas comme des zones seulement fonctionnelles et ne devant donc faire l’objet d’aucun ou de peu de soin, mais comme de vrais projet paysagers, avec une gestion collective. Pour la Butte : l’aire de projet de la zone naturelle permet de requestionner l’opposition systématique entre la nature et la ville dans l’aménagement du territoire. On pourrait imaginer un modèle de ville nature à l’image des villes finlandaises.

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Pour le Pavillonnaire : l’aire de projet du pavillonnaire interroge l’imaginaire collectif de la maison individuelle où celle-ci est au centre de parcelle, surmontée d’un toit en double pente et ouverte uniquement sur deux côtés. Au-delà de la forme contemporaine que pourraient prendre la maison individuelle de nouveaux usages sont possibles. Ainsi, à travers le règlement, un des rôles de l’architecte, pourrait être de proposer des modèles d’aménagement alternatifs aux modèles standards de conception des territoires ordinaires.


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Bibliographie

- Le bocage pavillonnaire Pauline Frileux - Nouvelles Richesses Commissariat Français de la biennale de Venise - Rapport sur le péri-urbain Fréderic Bonnet - La ville franchisée David Mangin - Generic City Koolhaas - Zwischenstatdt Thomas Sievert - Antwerp, Territory of a New Modernity Paola Vigano, Bernardo Secchi - La Ville du 20ème siècle Bernardo Secchi - La ville à trois vitesses J. Donzelot - Concertation nationale pour repenser la conception du règlement des PLU Sous la direction de Frédéric Bonnet

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