Richard Dumas
RDV
LA MUSICIENNE ET CHANTEUSE QUINQUIS SORT « SEIM », UN TROISIÈME ALBUM EMPREINT DE SON HISTOIRE : UN HÉRITAGE LINGUISTIQUE PLEINEMENT REVENDIQUÉ ET UNE NOUVELLE VIE OUESSANTINE. UN RETOUR À L’ESSENTIEL. uessant est un monde à part. En apparence fermée, l’île ouvre ses bras à tous ses naufragés volontaires. Parmi eux, Émilie Quinquis. La chanteuse, qui a grandi au Folgoët, dans le pays du Léon, s’est posée sur ce caillou au large du Finistère en 2013. Seim, son troisième album, est une affirmation de cette nouvelle vie insulaire et de la langue bretonne comme matière première dans sa création Car au fil de sa discographie, le breton, parlé par sa mère et ses grands-parents, s’est fait une place de plus en plus grande dans 38
avril-mai 2022 #56
ses textes et dans l’entièreté de sa démarche artistique. Jusqu’à en devenir un élément central pour celle qui se considère comme Bretonne « jusqu’au bout des ongles, faite de granit ». Une acceptation de sa culture et de ses racines qui lui a permis de faire sa mue. Son nom de famille s’est sobrement imposé comme son nom de scène pour ce nouveau projet en lieu et place de Tiny Feet, qui signait ses deux premiers albums. « Il était trop lié à mes débuts dans la musique, à cette époque où j’étais seule sur scène, où je lançais des boucles avec mes pédales. Je me sentais
maladroite, en déséquilibre. J’ai un peu dépassé tout cela. J’ai réussi à me reconnecter à moi-même. » Un retour à l’essentiel et au substantiel qu’Émilie opère donc avec Seim (“la sève” en breton). Un disque intérieur, qui touche à la complainte. On croirait parfois entendre les gwerz bretonnes : des chants et des récits souvent tragiques que Denez Prigent, pour ne citer que lui, a su remettre sur le devant de la scène. Si Quinquis ne s’inspire pas directement de son œuvre, elle est comme lui profondément hantée par les drames qui rythment la vie bretonne depuis