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Judith Leinen
Trier
Judith Leinen traverse New York à vélo et franchit l’East River en direction de Manhattan pour atteindre son atelier, dont la taille, tout à fait honorable à l’échelle de cette ville, peut sembler minuscule en comparaison des espaces auxquels sont habitués ses collègues européens. Plantée dans ses 18 mètres carrés, elle déborde pourtant d’enthousiasme : « Ici, je peux me concentrer exclusivement sur mon travail. C’est un cadeau, et les journées sont bien trop courtes pour tout ce que je veux faire ! » C’est à la prestigieuse bourse Balmoral de la Fondation pour la culture du Land de Rhénanie-Palatinat, qui inclut notamment six mois de « résidence illimitée » à New York, qu’elle doit de connaître cet état d’euphorie. Depuis quelques années déjà, cette native de Prüm se sent chez elle aussi bien en Allemagne qu’aux États-Unis, où elle enseigne à l’université de Denver. Le travail de cette voyageuse entre les continents gomme littéralement les distances. Judith Leinen réunit des matériaux provenant de contextes différents, à partir desquels elle crée de nouvelles structures. L’un de ses magasins préférés à Manhattan est « Canal Rubber », une entreprise familiale en quatrième génération spécialisée dans le caoutchouc sous toutes ses formes, dimensions et qualités. Eva Hesse y était cliente à son époque et y a souvent puisé son inspiration. Au milieu des accessoires pour artisans, techniciens et autres vendeurs de reptiles, Judith Leinen trouve à son tour les matériaux pour son art. Aux matériaux provenant des lieux dans lesquels elle expose, elle associe ainsi des objets qu’elle trouve ou crée spécialement là où elle vit. Elle témoigne ce faisant de son attachement géographique aux deux lieux, élevant la logistique au rang de processus. Ses installations et objets unissent et représentent également ses deux lieux de vie. L’envoi et le montage d’après instructions sont érigés en principe, dont font partie la réintroduction des matériaux régionaux dans le cycle économique et la disparition à terme de l’objet. L’artiste voit cette circulation des marchandises et des idées comme un pendant du lifestyle virtuel, où l’on prône le refus de la propriété et la culture du partage.
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Dans une veine moins abstraite, ses photographies de New York montrent pour la plupart des situations urbaines et sont associées à des dessins ou des matières telles que la mousse ou le caoutchouc.
Judith Leinen radelt durch New York, über den East River nach Manhattan, wo sie ein für New Yorker Verhältnisse großes, für europäische Verhältnisse eher winziges Atelier erreicht. In ihren knapp 18 Quadratmetern ist sie voller Enthusiasmus: „Ich kann mich hier ausschließlich auf das Atelier konzentrieren. Das ist wie ein Geschenk, der Tag ist viel zu kurz für meine Ideen!“ In diesen Glückszustand hat sie das angesehene Balmoral-Stipendium der Stiftung Rheinland-Pfalz für Kultur katapultiert. Es beinhaltet unter anderem sechs Monate „Residency Unlimited“ in New York. Die 1985 in Prüm geborene Künstlerin, die an der University of Denver unterrichtet, sieht bereits seit einigen Jahren Deutschland und die USA als ihr Zuhause an. Leinen ist eine Grenzgängerin zwischen den Kontinenten und eine Künstlerin, die Distanzen aufhebt. Sie bringt Materialien aus verschiedenen Welten zusammen und baut damit neue Strukturen auf. Eines ihrer Lieblingsgeschäfte in Manhattan ist „Canal Rubber“, ein in vierter Generation betriebener Laden, der Gummi in jeder erdenklichen Form, Größe und Qualität verkauft. Schon Eva Hesse hat hier eingekauft und sich inspirieren lassen. Mitten im Zubehör für Reptilienhändler, Handwerker und Techniker findet Leinen Elemente für ihre grenzenlose Kunst. Denn sie verbindet Materialien aus den Orten, an denen sie ihre Kunst zeigt, mit Objekten, die sie an ihrem Standort dafür herrichtet, findet oder speziell entwickelt. Hiermit macht sie ihre regionale Verbundenheit mit beiden Orten deutlich, ernennt die Logistik zum Prozess. Ihre Installationen und Objekte vereinen und repräsentieren auch ihre beiden Lebensorte. Das Verschicken des Materials und der Aufbau nach genauen Anweisungen wird zu ihrem Prinzip. Das Rückfließen der regionalen Materialien in den Wirtschaftskreislauf und das spätere Verschwinden des Objekts sind mit inbegriffen. Diesen Waren- und Ideenkreislauf sieht sie als Pendant zum virtuellen Lifestyle, in dem die Abkehr von Besitz gelebt wird und sich eine SharingKultur entwickelt. Weniger abstrakt sind die in New York aufgenommenen Fotografien, die mit Materialien wie Schaum oder Gummi oder auch einer Zeichnung kommentiert sind und die oft Stadträume oder urbane Situationen porträtieren.
2.1. fehlt, 2019, Installation (assiettes de petit-déjeuner Villeroy&Boch) / Installation (Frühstücksteller Villeroy&Boch), Courtesy Judith Leinen 2019, VG Bildkunst Digestion de 130 Éclairs, 2019, Installation, Courtesy Judith Leinen 2019, VG Bildkunst
Watch the Gap, 2019, Photographie et collage, impression UV / Fotografie und Materialcollage, UV- Druck, Courtesy Judith Leinen 2019, VG Bildkunst