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BUBBA WATSON COMPLÈTEMENT DÉCALÉ

Parmi tous les sports, le golf est sans doute l’un des plus techniques, autant pour le geste en lui-même que pour le matériel. Ce n’est pas pour rien que les grands joueurs sont tous assistés de leur propre caddie, pour réfléchir à deux cerveaux quand il s’agit de choisir le bon bois ou le fer le mieux adapté, afin d’aller déposer la petite balle blanche au mètre près, à parfois à plus de 300 mètres. Quand ça n’est pas au pied près, comprenez avec une précision de 30 centimètres, car dans le golf les distances ne se mesurent que rarement en mètres, c’est quand même surtout une pratique d’Anglo-Saxons. Pourtant, dans ce sport si technique, il existe un ovni, un joueur de classe mondiale, auréolé de quatorze victoires sur le circuit professionnel (PGA compris), dont deux vestes vertes à Augusta après avoir remporté par deux fois le master du même nom, autant que Severiano Ballesteros, mais moins que le Tigre (cinq fois) ou la légende Nicklaus (six fois, recordman), et qui pourtant n’a jamais pris le moindre cours de golf. Pas une leçon, rien. Un autodidacte complet, cela se voit à son swing, un gaucher qui a commencé par taper des balles dans son jardin, rêvant gamin d’aller croiser le fer avec les Nicklaus, Faldo et bien évidemment Woods. Ce qu’il fera plus grand, avec son 1,91 mètre sous la toise, son goût prononcé pour la couleur rose, sa gentillesse légendaire et sa générosité : c’est l’Américain Gerry Lester Watson Jr., plus connu sous le nom de Bubba Watson. Un grand joueur de golf atypique, passé professionnel en 2003, qui a remporté parmi ses nombreuses victoires deux fois Augusta donc, mais aussi le Zurich Classic, le Northern Trust ou encore le Traveller Championship. Une compétition qu’il a également gagnée par deux fois, dont la première en 2010 alors que son père, exbéret vert des Marines, menait son dernier combat contre un cancer du poumon. Il lui dédia d’ailleurs sa victoire avec émotion. Bubba est comme ça, naturel et émotif, aime jouer avec ses amis, ou mieux avec son fils adoptif Caleb. Lors de certains tournois, il reverse ses gains à des œuvres caritatives, souvent en faveur des enfants. Il est vrai qu’avec presque cinquante millions de dollars de gains en tournoi, plus ce que ses partenaires lui apportent, les Ping, Nike, Stance, Titleist ou Richard Mille, le garçon, sa femme et ses deux enfants ne sont pas dans le besoin, d’autant plus qu’il vient de rejoindre le lucratif circuit professionnel LIV, concurrent du PGA américain. De retour de blessure, il avait des choses à nous dire.

Dans chaque sport, il y a des champions plus remarquables que d’autres, pour leurs résultats, leur jeu, ou leur charisme. Le golf n’y échappe pas, avec l’extraterrestre Tiger Woods, la légende Jack Nicklaus, l’ogre Rory McIlroy ou encore le très décalé Bubba Watson, qui, s’il n’a pas le palmarès des deux premiers, a, côté jeu et charisme, ce qu’il faut pour rester à jamais gravé dans les tablettes du golf mondial. Il fallait qu’on en parle. Texte C. Boulain, photos M. Cesar.

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