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LES HOMMES DE PITTI SONT DE RETOUR

Les sourires sont revenus autour de la forteresse de Basso, à Florence. En même temps que les élégants, les dandys, les amoureux de la belle étoffe et du dessin léché, qui s’étaient une nouvelle fois donné rendezvous en Italie pour le Salon de la mode masculine le plus prisé du monde, le Pitti Uomo 2023. On vous explique pourquoi. Texte D. Saint-Aubin, photos A.M. Cabras, A. Katz, E. Labriola

Le Pitti n’est pas un Salon comme les autres. Certes, on y retrouve des stylistes exposant leurs créations aux yeux d’acheteurs venus de partout faire leurs emplettes pour la saison à venir. Il y en a des dizaines de stands dans la Fortezza di San Giovanni Battista de Florence, avec cette année une tendance évidente aux yeux de tous les observateurs présents, le retour en force de l’outdoor, comprenez ces doudounes épaisses et confortables, que l’on peut aujourd’hui assortir sans rougir à toutes sortes de pantalons et chaussures. Autre évidence, la prise de conscience de l’urgence climatique, de l’obligation de défendre l’environnement et de n’envisager le développement que durablement, une idéologie dont certaines marques ont fait leur credo. Quitte parfois à puer le greenwashing à plein nez. Aussi, rien d’étonnant à ce que les cols en renard et les rembourrages en plume d’oie se fassent de plus en plus rares. Et c’est sans doute tant mieux. Certains stylistes étaient carrément là pour faire défiler leurs créations, avec plus ou moins de réussite. On peut aimer ou détester, l’important est toujours de ne pas en dégoûter les autres. Nous éviterons, promis, craché. Cette année, en guest-star, l’Anglo-Jamaïcaine Martine Rose, que beaucoup annoncent comme la plus talentueuse du moment, a animé les podiums. En passant de Londres à Florence, elle a adapté ses créations à la cité toscane, rendant un bel hommage à l’élégance transalpine en abandonnant son style « oversized » habituel pour plus de simplicité. Elle en a tout de même conservé quelques traces, comme ses influences new wave et workwear, mais ici élégamment détournées pour l’occasion. Elle qui fut un temps consultante pour Balenciaga, bien avant la polémique pédopornographique qui a miné cette année cette marque sublime, a donné le ton des défilés de cette saison au Pitti. Moins extrême, surtout dans ses couleurs et matières, le jeune Belge Jan-Jan Van Essche a aussi fait sensation avec ses vêtements amples, modernes et sobres. Des tenues épurées pour lesquelles il apporte un soin tout particulier au choix des matières, des plus beaux cotons aux plus belles laines. Nous pourrions aussi citer Chateau Orlando, un brin excentrique, ou le plus classique mais terriblement à la mode Brunello Cucinelli, ou encore Sannino Napoli parmi les créateurs en vue cette année, même s’ils ne défilaient pas tous. Mais le Pitti, c’est surtout un défilé de dandys, d’amateurs de beaux vêtements, venus de l’Europe entière marcher dans et autour de la forteresse, créant à eux seuls un véritable événement que le monde de la mode surveille comme le lait, non végétal s’il vous plaît, sur le feu. Car, pour se parler franchement, les vraies tendances sont là, dans la rue, créées et portées par ces élégants de tout poil, venus principalement d’Europe, d’Italie bien sûr, mais aussi de France ou des pays scandinaves, ou d’Amérique et même d’Afrique. Seuls les Asiatiques, période post-Covid oblige, étaient encore aux abonnés absents. Ce n’est pas de la sape, mais un habile mélange de vêtements de marque et de fripes chinées de-ci de-là, mais surtout assortis avec goût et assurance. C’est là qu’est la différence, dans l’assurance d’assumer sa différence, de porter le bonnet juste posé sur le haut du crâne, sans lui laisser l’occasion de remplir son office, vous tenir chaud à la tête, de l’assortir d’un matou posé sur l’épaule, s’il a une jolie couleur de poils évidemment, de mettre des pantalons dans lesquels quatre comme vous pourraient tenir, avec un ourlet qui vous arrive à mi-mollet, et une paire de chaussettes bariolées pour attirer l’œil, qu’il soit averti ou pas. Assumer sa différence, c’est assumer une faute de goût, et parfois sans doute le faire exprès. Pour être encore plus différent. Ce n’est pas le réveil de la cancel culture, personne ne cherche à effacer le passé ici, au pied de la forteresse, juste à lancer des idées, de nouvelles façons de porter la doudoune, le blazer ou le bonnet, avec si possible quelques poils de barbe hirsute, autant de tatouages et l’air de ne pas l’avoir fait exprès. La mode est éphémère, mais l’élégance est une attitude qui s’adapte au temps et aux gens. C’est un peu ce que l’on retiendra du Pitti Uomo 2023.

Ci-dessus, un des modèles sobres et élégants de Jan-Jan Van Essche, tout en fluidité, et évidemment taillé dans les plus belles matières. À droite, une création de Martine Rose, qui a voulu rendre hommage à l'élégance italienne, mais avec sa patte tout de même.

Dandys de tout poil s'étaient donné rendezvous dans les allées du Pitti 2023, pour s'y afficher différents, souvent innovants, et parfois très élégants. Qu'ils soient bardés d'accessoires, ou perdus dans un pantalon deux tailles trop grand.

Le Pitti, c'est le contraste entre des défilés au goût de déjà-vu ailleurs, comme cidessus avec Martine Rose dans la forteresse, et des élégants venus s'afficher dans les allées, avec assurance et style.

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À quelques jours de l'ouverture du Salon Watches and Wonders de Genève, nous voulions vous faire un petit point des nouveautés marquantes des trois derniers mois. Comme d'habitude, il y en a pour tout le monde, pour tous les goûts.

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