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HIGGINS, MARK HIGGINS James Bond à temps partiel

Derrière tout grand homme, il y a… des hommes. C’est ce que l’on peut se dire en discutant avec Mark Higgins, pilote et cascadeur britannique à qui Daniel Craig, alias James Bond lui-même, doit son coup de volant magique. Nous avons rencontré ce pilote hors pair lors d’une leçon de sobriété en Land Rover 100 % électrique en Espagne. Paradoxal. Texte F. Montfort, photos Land Rover

Sans même le savoir, vous avez déjà vu Mark Higgins. Surtout si vous êtes un amateur des derniers James Bond, avec le blondinet Daniel Craig dans le rôle-titre. Car dans les James Bond justement, tous depuis Quantum of Solace, Mark conduit des voitures, anglaises la plupart du temps. Avant même de travailler dans le cinéma, Mark était déjà un conducteur hors pair. On lui doit le record de l’île de Man, d’où il est originaire, mais en voiture car, comme il le dit, « j’aime bien la moto, mais je préfère rester dans une voiture, surtout si c’est pour chasser les chronos, c’est plus prudent ». Bon, le garçon a quand même bouclé le tour de l’île à plus de 200 km/h de moyenne, ça va pour un mec prudent. Mark a aussi exercé ses talents dans le championnat du monde des rallyes, en prenant le départ de quarante-trois épreuves du genre, finissant sixième au RAC britannique en WRC, en 2002. Entre Colin McRae et Harri Rovanperä tout de même. Et un jour, alors qu’il passe ses journées à développer les pneus de compétition du manufacturier italien Pirelli pour le championnat WRC, un de ses amis, que l’on connaît comme « le Stig » sur la BBC, l’appelle pour lui demander si cela l’amuserait de venir travailler avec lui sur un James Bond. « Lui bossait déjà dans l’industrie du cinéma, pas moi. Mais je me suis dit que si je devais faire un jour un film, comme pilote et cascadeur, ça devait être ça, un truc fou, un James Bond. J’ai dit OK, mais rien ne s’est passé pendant des mois. » Jusqu’au jour où la production l’appelle et lui demande s’il est toujours disponible. Dès la semaine suivante, pour les trois mois à venir. C’était pour le second opus avec Daniel Craig,

Quantum of Solace. « Je me suis retrouvé derrière le volant d’une Alfa Romeo sur les rives du lac de Garde en Italie, c’était super excitant. » Si vous vous souvenez, les vilains en Alfa poursuivent 007 en Aston... et terminent mal, évidemment.

« Très vite, je suis devenu la doublure voiture de Daniel. Allez savoir, ils doivent penser à la production qu’il me ressemble, je ne vois que ça [rires]. » Depuis Skyfall, ainsi que pour Spectre et No Time to Die, Mark Higgins est James Bond, au volant.

Ça le fait, non ? C’est lui et pas Daniel Craig qui pilote l’Aston Martin DB10 prototype, spécialement fabriquée pour le film, dans les rues sombres de Rome, lui aussi qui dompte une drôle de DB5 blindée dans les ruelles de Matera en Italie, en ouverture de No Time to Die. « Dans les James Bond, les cascades sont réelles, il n’y a pas d’images de synthèse, c’est comme une règle. Ça doit être vrai. Les seules retouches, c’est pour mettre le visage de Daniel sur le mien informatiquement. Parce que les perruques, ça ne me va pas... » On pense alors aux incroyables sauts en Land Rover Defender du dernier Bond, quand trois Defender 110 de dernière génération, des engins de près de deux tonnes cinq, volent à plusieurs mètres du sol, dans une poursuite où 007 tente de s’échapper en Toyota Land Cruiser, aussi chassé par des Range Rover Sport SVR qui finissent en tonneaux. C’était donc réel ? « Oui, c’est comme cela. Moi, je conduisais le Toyota, à la place de Daniel. Et mes collègues les Land Rover, que des vraies voitures, qui à part un arceau cage pour protéger les conducteurs, n’ont pas subi de transformation. Ça n’était pas la peine, les voitures atterrissaient dans une descente, c’était tranquille. » Côtoyer double zéro sept doit altérer le sens des réalités, car franchement ce n’était pas rien. Dans les faits, sauf pour l’Aston Martin DB10 de Spectre ou la DB5 de No Time to Die, qui est en fait une carrosserie alu posée sur une structure carbone dans laquelle officient un moteur et une transmission de BMW M3 six-cylindres atmosphérique, sans ESP, les voitures ne sont que très peu modifiées. « Mais ça va sans doute changer, car à cause des règlements d’homologation récents, on ne peut plus déconnecter totalement les aides à la conduite. On doit tout démonter et refaire la partie électronique, ça devient compliqué. » Quand même, tout n’est donc pas simple et facile. Car quand on pense que Mark est là aujourd’hui pour nous montrer ce que l’on peut faire avec le nouveau Range Rover Sport hybride rechargeable, mais en évoluant en 100 % électrique uniquement, et qu’il n’arrête pas de nous dire que tout va bien se passer, on a de quoi s’inquiéter, non ? On va bien voir.

Contrairement aux idées reçues, les Defender 110 utilisés pour ces cascades étaient presque de série, à l’exception d’un arceau de protection.

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