Les agritech en Suisse : la panacée pour concilier productivité et protection du climat ?

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RÉDUIRE L'UTILISATION D'ANTIBIOTIQUES ET DE PESTICIDES L’utilisation par l’agriculture de produits phytosanitaires est souvent débattue sur la place publique. Dans la grande majorité des cas, les agriculteurs sont conscients des impacts sur l’environnement et tentent de diminuer cette utilisation. Dans ce contexte, le recours à l’agriculture de précision gagne en importance. Au lieu de pulvériser des produits en grandes quantités, il est plus judicieux, y compris économiquement, d’en répandre de manière ciblée uniquement là où cela fait sens, à la juste quantité et bonne fréquence. Les drones ou multicoptères ont ici un rôle crucial à jouer et les entreprises qui proposent des services d’épandage grâce à ces objets volants sont de plus en plus nombreuses. Ce mode de traitement est en effet plus précis et moins nuisible que ceux pratiqués par hélicoptère ou souffleries installées sur des tracteurs. Sans parler de leur impact sur la pollution de l’air, du bruit, voire du compactage des sols (voir pages 26 et 32). La Suisse est ainsi à la pointe internationale du développement d’applications pour drones dans la viticulture, surtout sur terrains escarpés. Dès 2019, elle fut ainsi le premier pays d'Europe à autoriser les drones pulvérisateurs. On remarque ici l’importance du cadre légal et d’une bonne coordination entre les instances publiques pour faciliter les processus d’autorisation. Ces technologies devraient gagner en importance y compris dans d’autres domaines comme la culture maraîchère, mais aussi pour des interventions préventives de précision dans les grandes cultures. Les drones sont ainsi également utilisés pour repérer les faons couchés dans les champs. De jeunes entreprises comme Aero41 (canton de Vaud) (voir page 90), Remote Vision (canton d’Appenzell RhodesExtérieures), Agrostar (canton d’Argovie), Agri. Aero, Altidrone ou AgroFly (toutes trois dans le canton du Valais) sont déjà actives et ne cessent de se développer. Déjà mentionnée (voir page 21), ecoRobotix propose une solution, tractée ou autonome, de pulvérisation précise, réduisant drastiquement l’utilisation des produits phytosanitaires. Même si l’utilisation de drones dans l’agriculture suisse est actuellement assez faible, cette technologie présente un potentiel particulièrement intéressant pour l’avenir du secteur. A l’image de start-up telles que SenseFly, Gamaya (voir page 21) et Wingtra (voir page 94) développent sans cesse de nouvelles applications utilisant cette technologie.

De manière générale, la Suisse est bien positionnée au niveau des capteurs, des systèmes de contrôle et guidage (Involi) ou encore le traitement des données. Le projet SmartFarming, développé par l’Institut Agricole de Grangeneuve (Fribourg), en partenariat avec Agroscope et d’autres partenaires industriels dont Swisscom, Icube et ecoRobotix, vise à développer une nouvelle approche de l’agriculture, en utilisant des données multimodales. Cellesci sont issues de différents capteurs, dans le but de contrôler et d’automatiser l'utilisation de ressources telles que l'eau ou les produits phytosanitaires. Les résultats de ce projet sont attendus pour 2023. Au niveau de l’élevage d’animaux, la Suisse n’est également pas en reste. Depuis 1999, elle interdit le recours aux antibiotiques administrés de manière préventive ou pour stimuler la performance dans l’alimentation. Grâce à différents programmes et campagnes de sensibilisation, la quantité totale d’antibiotiques utilisés est en constante baisse depuis 2008. Dans le canton de Fribourg, l’Office de l’agriculture a lancé en 2016 un projet pilote, baptisé ReLait. Ce dernier propose, de manière proactive, des stratégies aux agriculteurs pour diminuer l'utilisation d’antibiotiques. Le projet permet les échanges d’expériences entre les producteurs. Et cela fonctionne, avec des baisses importantes constatées. Ce sont les exploitations utilisant le plus d'antibiotiques qui ont diminué de la façon la plus sensible les traitements, sans sacrifier la qualité ni le volume de la production. D'abord simple initiative cantonale, le programme fribourgeois bénéficie du soutien financier de la Confédération. Il va poursuivre sa 2e phase avec 150 nouvelles exploitations jusqu'en 2024, en collaboration avec la Faculté vétérinaire de l'Université de Berne. De son côté, l’entreprise TwentyGreen (canton de Lucerne) a mis au point un complément alimentaire probiotique qui favorise la croissance des animaux, tout en limitant l’utilisation d’antibiotiques. Enfin, Greenastic (canton de Vaud) a développé la GreenApp, basée sur le savoir botanique, scientifique et sur les interactions recensées en permaculture. Cette application conseille et guide son utilisateur dans la conception de son jardin sans pesticides et en recréant les associations naturelles de plantes et légumes.

SOLUTIONS ACTUELLES ET EN DÉVELOPPEMENT 23


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