CROYANCES
Pâques pour le Christian Gafner
Q
uel genre de yaourt voulez-vous? Fraise ou chocolat? Bio ou premier prix? Enrichi en protéines ou en vitamines? La multiplicité des choix même dans un tel cas est typique de notre société moderne. Nous aspirons à la simplicité. Juste pour être tranquille, juste pour être libre, juste pour avoir un peu de temps en famille. La réponse à toute question doit être simple, concise et rapide. La simplicité crée de lʼordre en mettant les choses en boîte. Tout ne peut cependant pas être mis en boîte. Pâques, par exemple. Pâques concerne Jésus. «Jésus nʼétait pas facile à comprendre, même en son temps. Il ne lʼest pas aujourdʼhui», écrit le théologien N.T. Wright dans
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Quart dʼheure Pâques 2020
son livre intitulé sobrement Jésus. Jésus ne pouvait pas être classé, il ne sʼest pas laissé classer. Il nʼentre pas dans la catégorie du «juste un homme» ou «purement divin». Même la mort nʼa pu le retenir. La première Pâques Mais commençons par le début. Les origines de Pâques se situent au Moyen-Orient, dans la ville de Jérusalem. A lʼépoque, comme aujourdʼhui, il y règnait une atmosphère tendue. Le pays était sous occupation romaine. Le peuple souffrait sous cette domination étrangère. Il aspirait à la liberté. Cette aspiration avait été nourrie par les écrits des prophètes dʼIsraël. Ceux-ci avaient promis un libérateur, un Messie qui viendrait délivrer son peuple. Ces prophéties étaient connues de tous. Or Jésus est entré dans cette poudrière dʼoppression nationale et de désirs de rébellion entretenus par la prophétie. Il
nʼa pas désamorcé la situation. Il lʼa plutôt exacerbée! Ses paroles et ses actions ont montré quʼil se considérait comme le Messie attendu (cf. Evangile de Matthieu 11, 1-6). Sa venue annonçait lʼaube dʼun temps nouveau, dans lequel le Dieu dʼIsraël reviendrait à son peuple et où sa royauté se dévoilerait au monde entier: le Royaume de Dieu. Mais à quoi devait ressembler ce royaume? Les disciples de Jésus avaient à ce propos une vision simple et claire. Ils savaient ce que Jésus devait faire: chasser les Romains et régner sur Israël comme le roi juste. Jésus voulait davantage Jésus ne sʼintégrait cependant pas si facilement dans leur programme. Il a indiqué quʼil y avait une différence radicale entre leurs espoirs nationaux et la volonté divine. Il nʼest pas venu pour vaincre les Romains et libérer Israël par la force. Au contraire,
il sʼest livré à la violence. Il sʼest laissé crucifier, pour libérer Israël de la domination étrangère et pour racheter lʼhumanité entière de sa culpabilité, de son fardeau et des souffrances qui lui sont associées. Alors que les disciples voulaient simplement libérer leur pays, Jésus voulait davantage: que tous puissent être sauvés et trouver la paix. On ne sʼétonnera jamais assez du fait que Jésus a renoncé à la puissance et à la force dʼun coup dʼEtat et quʼil soit allé volontairement au-devant de la mort. Ce renoncement était et reste difficile à comprendre. Parmi ses disciples, Pierre en particulier a été déçu dans ses attentes. Il est évident que cette déception a joué un rôle dans son célèbre reniement.» On peut presque dérouler les réflexions ayant précédé cette déclaration: «Je pensais que nous allions libérer Israël des Romains. Or voilà quʼil se rend sans résistance. Je ne peux pas com-