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Juan Andrés Murillo pleinement en phase avec Carmeuse

Mes valeurs personnelles sont en ligne avec celle de la société que je dirige — par Jean-Luc Manise

JUAN ANDRÉS MURILLO PLEINEMENT EN PHASE AVEC CARMEUSE

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Cela fait 18 ans maintenant que cet économiste de formation évolue chez Carmeuse, une entreprise avec laquelle il se sent pleinement en phase. Focus client, long terme, responsabilité, respect, frugalité, le poids lourd mondial belge de la chaux s’est donné 5 valeurs. “C’est sur ces fondements”, explique Juan Murillo, “que je m’appuie pour prendre les décisions compliquées.”

En 2004, Juan Murillo est auditeur chez Ernst & Young. Carmeuse est son principal client. “Quand la proposition de rejoindre le département d’audit interne de Carmeuse est venue sur la table, j’ai dis oui car mes valeurs personnelles, celles qui conduisent ma vie, sont celles que je pouvais voir à l’oeuvre dans l’entreprise. Lorsque l’on est auditeur financier, au bout de 2 ou 3 ans, soit on devient réviseur, soit on fait autre chose. Je ne me voyais pas réviseur. Je m’étais fixé des balises.

Je savais que l’employeur que je choisirais rencontrerait au moins 3 critères.”

90 usines de par le monde

“Il fallait que cela soit une boîte familiale pour la stabilité de l’actionnariat, le fait qu’on ne soit pas fixé sur un cours de bourse. Pour moi, c’est important de s’inscrire dans le long terme. Il fallait une ouverture à l’international et une société active sur un marché en croissance. Au bout de 3 ans, je suis devenu directeur de l’audit interne, puis directeur général pour la Roumanie et enfin directeur de gestion et du reporting au niveau du groupe.”

En 2018, Juan Murillo devient General Manager Carmeuse Western Europe. “Carmeuse, c’et une boîte belge dont le siège social est à LouvainLa- Neuve. Elle pèse 1,5 milliards d’Euros, 4000 personnes, 90 usines et 50 carrières. Carmeuse Western Europe représente grosso modo 10 % : 150 millions, 400 personnes, 35 millions, 8 usines (5 en Belgique, 1 aux Pays-Bas, 2 en France) et 5 carrières.”

Remettre les choses d’équerre

“Lorsque j’arrive en 2018 comme responsable, le contexte est très compliqué. On a deux carrières qui sont en fin de vie. L’une des particularités de notre métier, c’est qu’on exploite une matière première qui n’est pas renouvelable. Quand il n’y en a plus, il n’y en a plus. On doit donc s’assurer de ne

Juan Andrés Murillo: “Nous estimons chez Carmeuse que notre responsabilité à ce stade est de capturer et concentrer le CO2 pour le mettre à disposition à la sortie de nos usines.”

pas avoir de rupture d’approvisionnement. En parallèle, on doit faire face à un essouflement du marché dans la foulée de la crise de 2008. J’arrive avec une mission claire: remettre les choses d’équerre et repartir avec un nouvel élan dans un contexte où l’industrie en général et nous en particulier sommes à la croisée des chemins. La durabilité n’est plus une option. Il est temps pour Carmeuse de prendre la donne environnementale à bras le corps.”

L’industrie doit se réinventer

“C’est pour nous un énorme défi car on produit fatalement du CO2 en cuisant la pierre calcaire. Pour une tonne de pierre cuite, on dégage une tonne de CO2. C’est mathématique. Du coup, nous sommes obligés de nous réinventer. Cela commence par reconnaître notre responsabilité. Le plan

stratégique que j’essaie de mettre en place en 2018 tient compte de l’ensemble de ces facteurs. Nous agissons à 3 niveaux. La première chose à faire, c’est une gestion responsable et durable de la carrière. On fait ce qu’on appelle de la chimie minérale. On prend la pierre et on la cuit, sans aucun additif. Il n’y a pas dans notre métier de déchets au sens propre du terme: on valorise tout ce qu’on extrait puis on réhabilite le site en espace naturel. Au deuxième niveau, côté usine et en terme d’émission de poussières, nous sommes suivi par la police de l’environnement et nous mettons en place des procédures extrêmement contraignantes pour être dans les clous. Enfin, nous travaillons énormément à la réduction du charroi en privilégiant le train et le bâteau.”

Neutre en carbone d’ici 2050

Quelle est la feuille de route de Carmeuse? “Nous voulons diminuer par 2 nos émissions d’ici 2030 et devenir carbone neutre pour 2050. Pour ce faire, nous avons deux chantiers devant nous: un moyen et un gigantesque. Le moyen porte sur le taux cuisson des pierres calcaires et sur nos rejets de combustion. Si on parvient à garder les propriétés chimiques de la chaux en diminuant le niveau de cuisson, on diminue automatique le taux de CO2 émis. C’est notre centre de recherche de Seilles qui travaille sur cette question. Au niveau du combustible, la décision est prise de délaisser les carburants fossiles pour tendre à l’utilisation à 100% de la biomasse.”

Capturer et concentrer le CO2

Et puis il y a le principal défi; “La question est de savoir ce que l’on fait du CO2 que l’on produit par la transformation des pierres calcaires en chaux. Il n’y a pas 36 solutions. Il faut le capturer puis soit le réutiliser, soit le stocker quelque part. Je vois la filière de la réutilisation -par exemple en le mélangeant avec de l’hydrogène pour en faire du gaz naturel- comme marginale. Notre défi est de concevoir et de construire des installations qui permettent de capturer et de concentrer le CO2. Nous estimons chez Carmeuse que notre responsabilité à ce stade est de mettre le CO2 à disposition à la sortie de notre usine, afin qu’il puisse être injecté dans un futur réseau de pipes et acheminé sur un site de stockage. Nous devons donc mettre au point les installations ad hoc pour ce faire: c’est pour nous un énorme challenge. C’est ce qui est à l’étude dans le principal centre de recherche de Carmeuse basé à Louvain La Neuve. Cette année, nous engageons 30 ingénieurs supplémentaires sur ce volet.”

L’IA au coeur des fours des usines Carmeuse

L’intelligence artificielle est également sollicitée. “Nous sommes déjà très très loin du point de vue l’automation et de l’informatique industrielle, des automates qui gèrent le chargement, les lignes de production et les bandes transporteuses. Voilà pour la première vague de digitalisation. Maintenant, le coeur de nos usines, ce sont les fours. Nous voulons y injecteur de l’intelligence artificielle pour mieux maitrîser différents paramètres comme la température, la pression ou la densité. Avec toujours le même double objectif: plus d’efficacité et moins d’émissions.”

Donner le cap, être aligné, animer et arbitrer

Quelle est la vision du leadership de Juan Murillo? “A mes yeux, un dirigeant est quelqu’un qui donne le cap. C’est très facile dans une salle de réunion le 1er janvier de l’année, mais c’est beaucoup plus compliqué lorsqu’on doit faire face à une ligne de production à l’arrêt, à une grève ou un problème de livraison. Deuxièmement, il doit s’assurer que l’entreprise est en condition d’atteindre ses objectifs. Ici également, c’est très facile d’être aligné le 1er janvier. Rester aligné toute l’année est plus complexe. En troisième lieu, il doit proposer un cadre de travail épanouissant et dynamique. j’ai l’ambition que chacun trouve les conditions non pour travailler pour le plaisir mais avec plaisir. je suis très atentif à l’ambiance. Je suis persuadé qu’on peut avoir une entreprise où il y a du fun, où on est détendu tout en étant pro, dynamique et efficace Enfin, il doit savoir arbitrer et trancher.”

Pour une tonne de pierre calcaire cuite, on dégage une tonne de CO2. Nos marges de manoeuvre sont très limitées. Du coup, nous sommes obligés de nous réinventer.

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