’ ’ KEYNOTES MASTERCLASS PANELS TEACH IN SESSIONS DECOUVERTES
ELHAJJ BARA DIENE, CEO CIFIA Mise en place de cadres règlementaires conformes aux principes de la finance islamique 11
À LIVRE OUVERT
La théorie du quatrièmemarché et les voies de différenciation dans l’industrie financière islamique avec DR Ahmad TAHIRI JOUTI
REPORTAGE: IFC FORUM 2021 ROADSHOW CÔTE D’IVOIRE
20 Allocutions
TOURE Sory, CEO de DEXTERITY AFRICA
Dr. DIABy Moussa Abdoul Kader, DG de l’INPHB, MBAYE Sidy, Représentant du SG du CREPMF, OUATTARAOumar Cheikh, Représentant du Ministre du Plan et du Développement, Adama DOSSO, représentant du Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat
Keynotes 23
Dr. GUINDO Ibrahim, prise en compte du capital spirituel dansles activités économiques, selon la perspective musulmane, Père Eric Norbert ABEKAN, prise en compte du capitalspiritueldans les activités économiques, selon la perspective chrétienne. Pr. Hossein ASKARI, indice d’islamicité, batteries d’indicateurs et instruments de mésure de performance, Dr. Zamir IQBAL, Economie et finance islamiques pour la relance économique et le développement durablede l’après COVID 19, Dr. Adama DIEYE, crises économiques et sociales en Afrique, quelles propositions de solutions de l’économie islamique ?
Sommaire Pages
06 L’EDITO Mot du CEO de DEXTERITYAFRICA 08 ACTUALITES Point sur la financeislamique en Afrique et dans le reste du monde 10 REGLEMENTATION
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Avis des participants 38 Les temps forts de la cérémonie en images 37 20 21 21 22 22 23 24 26 27 34 4 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 Maguette SAKHO, Une passionnée du TAKAFUL
11 Directeur de publication sory.toure@ dexterity-africa.com Rédacteur en chef yahaya.toure@ dexterity-africa.com Secrétaire de rédaction Tenan SORO tenan.soro@ dexterity-africa.com Correction pefagneli.sanogo@ dexterity-africa.com Marketing et vente publishing@ dexterity-africa.com Contributeurs Infographie otniel.ibo@ dexterity-africa.com 48 61 66 72 84 48 ECONOMIE ISLAMIQUE Interview avec Dr. Adama DIEYE, Economiste , Auteur Réflexions: Lagassane OUATTARA, Senior Investement Officer, BID; La marche vers le premier véhiculesouverain ivoirien Développement : Interview avec M. Cheick O. OUATTARA, Conseiller technique du Ministre du Plan et du Développement(Côte d’Ivoire NABIL KESRAOUI, Directeur Général de ZITOUNA TAMKEEN; Pour une tarification responsable des IMF Interview avec M. RIPERT BOSSOUKPE, Secrétaire Général du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) GROS PLAN SUR LA CÔTE D’IVOIRE Panorama de l’industrie de la financeislamique 54 Perspectives: PND 2021-2025: la voie vers l’émergence 72 MICROFINANCE 76 MARCHÉS FINANCIERS SUKUK, fonctionnements et opportunités pour l’Afrique 76 84 91 CALENDRIER DES ÉVÈNEMENTS 54 61 62 66 90 BIBLIOTHÈQUE 5 Publié par Dexterity Africa Abidjan Côte d’Ivoire Contributeurs Tel +225 27 22 558 120 Email: publishing@ dexterity-africa.com
C’est avec enthousiasme que nous vous présentons ce premier numéro de IFC MAGAZINE. Un document qui se veut une référence en termes d’information et d’analyse de l’industrie de l’Economie et de la Finance Islamique. Après le lancement des IFC FORUM en Côte d’Ivoire, une nouvelle porte s’ouvre pour la compréhension de l’écosystème et des enjeux de cette alternative financière en plein essor
Les Islamic Finance Conversations se veulent un cadre d’échanges pour comprendre les dynamismes des marchés, les enjeux stratégiques, les démarches conceptuelles et les opportunités offertes pour le développement d’une véritable industrie de l’économie islamique au service de l’inclusion financière et du développement durable en Afrique
Islamic Finance Conversations a pour objectifs de:
• promouvoir l’industrie de la finance islamique sur notre continent à travers l’information et les rencontres entre acteurs,
• contribuer à son intégration dans les programmes de développement des économies africaines,
• proposer aux secteurs public et privé de nouvelles sources de financement,
• positionner la Finance Islamique comme un levier d’inclusion financière et de lutte contre la pauvreté en Afrique
L’industrie de la Finance Islamique a connu des progrès dans de nombreux pays de l’Afrique ces dernières années, offrant de nouvelles opportunités de financement aussi bien aux citoyens qu’aux secteurs privé et public. Deux pays (le Maroc et le Nigeria) sont comptés aujourd’hui parmi les pays au monde ayant connus les plus grands taux de croissance du secteur de la finance islamique
Adaptation du cadre règlementaire dans de nombreux pays et zones( Afrique du Nord, UMOA,CIMA), ouvertures de nouvelles fenêtres, émission de sukuks, lancement de nouvelles start-ups dans la fintech islamique , octroi de nouvelles licences dans tous les compartiments de l’industrie, nouveaux codes de l’assurance Takaful, etc, telles sont les initiatives de plus en plus courantes qui présagent d’un nouveau dynamisme dans cette industrie d’avant-garde.
Cependant, de nombreux défis restent encore à être relevés pour le développement de cette finance éthique. Ceux-ci sont la revivification des principes fondateurs de cette industrie basée sur l’économie islamique, l’intégration des ODD avec les maqassid shariah, plus d’innovations que d’imitation dans les produits, l’accélération de l’adoption des technologies financières sans oublier la sensibilisation et la formation des différentes parties prenantes. Avoir une forte population musulmane, il faut le rappeler, ne garantit pas toujours le succès d’un produit de la finance islamique
Cela passe aussi par une révision de l’approche conceptuelle des professionnels de la finance conventionnelle vis-à-vis de la finance islamique, ces derniers ayant du mal très souvent à se libérer des principes du modèle dominant lorsqu’il s’agit d’appliquer les règles de la finance islamique.
Espérons que IFC MAGAZINE contribuera à relever chacun de ces défis, à travers son triptyque: « Connecter, Apprendre, Impacter ».
Bonne lecture à toutes et à tous !
Fraternellement !
Directeur de publication, Chief Executive Officer, Dexterity Africa
Positionner la finance islamique comme un levier d’inclusion financière et de développement durable en Afrique
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 6
ACTUALITES
Chiffres clés mondiaux de l’industrie en 2020 (IFDI, 2021)
❖ 14% de croissance annuelle des actifs de l’industrie
❖ 3 374 Milliards US $ d’actifs
La Gambie va enregistrer davantage d’activités de finance islamique en 2022 Pour cause, un partenariat a été conclu entre une start-up gambienne spécialisée dans la fourniture de services informatiques et de comptabilité et Fineopolis Institute, un cabinet de conseil en finance islamique basé à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis
La Banque Centrale du Nigeria (CBN) a publié une circulaire intitulée "Compendium of Resolutions of the FRACE" dans le cadre de ses efforts visant à assurer une réglementation et une supervision efficaces des institutions financières Islamiques (NIFls). La circulaire favorisera la compréhension globale des décisions charia prises par le Financial Regulation Advisory Council of Experts (FRACE) sur les produits et services développés par les NIFls ’’
❖ + 4900 Milliards US $ de prévision d’actifs en 2025
❖ 1595 Institutions financières islamiques
❖ 1008 Etablissements d’éducation en finance islamique
❖ + 2800 Travaux de recherche publiés sur la finance islamique
Désormais en possession de son autoristaion d’exercer, l’entreprise Taawouniyate Taamine Takaful offira sous peu des services d’assurances Takaful Taawouniyate est une fililale de la Mutuelle Marocaine d’Assurances (MCMA) et de la Banque Centrale Populaire (BCP)
Un Sukuk Ijarah sera bientôt émis par l’Etat de Gombe pour financer le développement de certains projets Ce Sukuk d’une valeur de 83,96 millions de dollars US et d’une maturité de 7 ans pourrait être sursouscrit au vu de la bonne note attribuée au pays par l’agence Fitch Ratings suite à l’annonce
La Direction Générale des Impôts (DGI) du Maroc a publié le 26 janvier dernier une circulaire contenant les dispositions fiscales de la loi des finances pour le budget 2022, dans laquelle sont présentées les mesures d'harmonisation du traitement fiscal en matière de taxe sur la valeur ajoutée des opérations Takaful et re-Takaful avec leurs homologues conventionnelles
Lancement dès Avril prochain par la Société Générale Assurance Méditerranéenne (GAM Assurances) de ses premiers produits Takaful après la mise en place de sa fenêtre Takaful
❖ 1,28 milliards US $ de fonds de charité distribué par les institutions financières islamiques
Dans le cadre de sa stratégie d’extension des activités de finance islamique à l’ensemble de son réseau, la Banque Nationale d’Algérie (BNA) ouvrira courant 2022 une douzaine de ses agences à la finance islamique. Ces ouvertures feront suite à celles de deux autres agences déjà en service dans le pays
Mise à disposition prochaine de nouveaux produits de microfinance islamique verts et durables par l'autorité égyptienne de régulation financière (FRA)
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Mise en service par l'Institut de recherche de la Banque islamique de développement (BID) d'une nouvelle application mobile permettant la lecture de livres électroniques en économie et en finance islamique Développée en partenariat avec l’entreprise technologique Koraspond Digital Marketing Agency, une filiale de la société Ethmar Advertising basée au Royaume d'Arabie Saoudite, elle permet la lecture de livres en arabe, en anglais et en français
L'application est téléchargeable sur Apple Store, Google Play et a été aussi intégrée au site Web de l’institut (https://isdbinstitute org/), permettant ainsi aux utilisateurs de pouvoir acheter des livres sur le site Web, de les télécharger et de les lire.
L’émission d’un sukuk d’une maturité de 7 ans permet au Pakistan de lever 1 milliard de dollars sur le marché financier L’actif sur lequel est adossé cet emprunt a un taux de rendement de 7,95 % Ce taux de rendement est le plus élevé de l’histoire du pays
Par ailleurs, l’opération intervient à un moment où les réserves de change brutes du Pakistan ont enregistré une baisse, passant de 19 milliards de dollars à près de 17 milliards de dollars, en raison des remboursements des précédentes dettes
Signature d’un accord entre la société Emaar et Saudi British Bank (SABB) pour faciliter son accès à un financement de 259,97 millions de dollars US. Prévu débuté en Juin 2023, le remboursement du prêt est établé jusqu’en 2029 pour permettre à Emaar de pouvoir bien tirer partie et planifier sa stratégie de développement
En 2021, la valeur des actifs sous gestions de la banque islamique d’Abu Dhabi s’est établie à 37,26 milliards de dollars US contre 34,79 milliards de dollars US en 2020 Cumulant ainsi une croissance de près de 7%
Cette performance a permis à la banque d’enregistrer sur cette période un bénéfice net en hausse de 634,24 millions de dollars US comparativement à l’exercice précédent
Lancement prochain par le Ministère malaisien de l’Agriculture et des Industries Alimentaires (MAFI) d’une assurance Takaful qui offrira aux agriculteurs victimes de catastrophes naturelles, un minimum de protection Le pilotage du projet a été confié à Agrobank, spécialisée dans la fourniture de solutions de financement à la communauté agricole
Dans le cadre de sa stratégie numérique consistant à créer des offres adaptées à sa clientèle, la Bank Aladin s’associe à Google Cloud Cette association permettra à la banque de disposer d'une infrastructure évolutive et efficace lui permettant de poursuivre sa mission qui consiste à favoriser l'inclusion financière dans le rang des personnes soucieuses du respect des principes de la charia
Le Conseil d’Administration de la BID a approuvé un financement d’une valeur de 1,6 milliards US $ au profit de certains pays membres. Cette décision a été arrêtée lors de sa 343ème réunion tenue le 18 décembre à Djeddah, Royaume d'Arabie Saoudite et présidée par son Président, S E Dr Muhammad Al Jasser Ce financement est destiné à la réalisation de 24 nouveaux projets dans 19 pays membres situés en Asie, en Afrique et en Europe
Publication par IsDB d’un nouveau livre relatif à l’application des techniques d’atténuation des risques spécifiques aux institutions financières islamiques Rédigé par le Dr Mahmoud Bekrin économiste et chercheur à IsDB, « Heavy Tails and Coherent Risk Measures in Islamic finance » est constitué de quatre parties permettant de mieux gérer les risques inhérents à la finance islamique.
La troisième édition du forum annuel de la journée de l'innovation en finance islamique (IFID) se tiendra le 27 février 2022 à Bahreïn autour de la thématique des nouvelles solutions fintech innovantes Cette édition est placée sous le patronage de la Banque Centrale de Bahreïn (CBB) Elle enregistrera la participation d'acteurs clés du secteur comme Yasmeen Al-Sharaf, directrice de l'unité fintech et innovation à la CBB, Yasmeen Al Saffar, responsable des services financiers au conseil de développement économique, et Anour Adham, cofondatrice et PDG de CrowdToLive.
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Le problème relatif à l’absence de cadre règlementaire, qui jadis constituait le principal frein au développement de l’industrie de la finance islamique en Afrique et particulièrement dans la zone UMOA, connait aujourd’hui une résolution progressive. En effet, plusieurs actions y ont été entreprises par les instances de régulations des secteurs bancaire et de la microfinance, du marché des capitaux ainsi que de l’assurance en vue de mettre en place un cadre règlementaire dédié aux activités de finance islamique dans la zone.
Secteur bancaire et de la microfinance islamique
Concernant, le secteur bancaire et de la microfinance, la BCEAO a d’abord signé le 07 septembre 2012, un protocole, pour 3 années renouvelables avec la BID, afin de promouvoir et de développer la finance islamique, dans les pays de l’UMOA. Aussi, le 18 janvier 2016, ces deux établissements ont procédé à la signature d’un protocole d’accord, à Djeddah, qui a permis au dispositif de soutien au financement
El Hadji Bara DIENE est le fondateur de la Compagnie Indépendante de la Finance Islamique en Afrique(CIFIA), spécialisée en conseils et
en formations académiques et professionnelles.En tant qu’expert, il a piloté des missions pour le compte de plusieurs institutions dont la BCEAO, le PROMISE au Sénégal etc. et est membre du conseil de conformité interne d’institutions islamiques. Expert formateur, il est le responsable pédagogique du Master Finance islamique à l’UCAD. Monsieur DIENE a dirigé le Groupe de Travail de CIFIA Academy pour la traduction et à la revue juridique des normes charia de l'AAOIFI. Il a également été le Responsable du Pôle Finance Islamique au sein du CR FSI Accounting Service de Deloitte France et de sa filiale Scacchi & Associés. Etant membre de la Commission Finance Islamique de Paris Europlace, et responsable du Pôle des Financiers du CIFIE, il a participé aux différents travaux de structuration et de certification de produits financiers Islamiques. ebdiene69@gmail.com
-L’instruction N°002-03-2018, relative aux dispositions particulières applicables aux établissements de crédits exerçant une activité de Finance Islamique ;
-L’instruction N°003-03-2018, relative aux dispositions particulières applicables aux Systèmes Financiers décentralisés exerçant une activité de finance islamique ;
-L’instruction N°004-05-2018, relative aux caractéristiques techniques des opérations de finance Islamique exercées par les
LE PROBLÈME RELATIF À L’ABSENCE DE CADRE RÈGLEMENTAIRE, QUI JADIS CONSTITUAIT LE PRINCIPAL FREIN AU DÉVELOPPEMENT DE L’INDUSTRIE DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN AFRIQUE ET PARTICULIÈREMENT DANS LA ZONE UEMOA, CONNAIT AUJOURD’HUI UNE RÉSOLUTION PROGRESSIVE.
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des PME et PMI de l’espace UEMOA de bénéficier d’un apport de 30 millions de dollars de la part de la BID. Enfin, suite à la réception au cours du mois de juin 2016, du rapport provisoire du consultant sélectionné pour la mise en place d’un cadre réglementaire adapté aux règles et principes de la finance islamique, la BCEAO a publié durant l’année 2018, quatre instructions spécifiques aux établissements de crédit exerçant une activité de finance islamique dans l’espace UMOA. Ce sont :
établissements de crédit de l’UMOA; -L’instruction N°004-05-2018, relative aux caractéristiques techniques des opérations de finance Islamique exercées par les Systèmes Financiers Décentralisés de l’UMOA.
Secteur du marché capitaux islamiques
Le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) et le Financial Sector Deepening Africa (FSD Africa), ont sélectionné, au cours du mois de février 2021, le consortium IFAAS &
KRAMER LEVIN, en tant que consultant. L'objectif principal de sa mission est d'élaborer et de promouvoir un cadre réglementaire dédié au marché des capitaux islamiques dans l‘espace UMOA. Ce travail doit, tout d’abord, permettre d’élaborer un rapport de diagnostic sur l’environnement existant. Ensuite, il doit aboutir à l’adoption d'une politique et d'un cadre réglementaire appropriés pour la mise en place d'un marché des capitaux islamiques. Enfin, il devra permettre de concevoir et de mettre en œuvre des programmes de renforcement des capacités, de promotion du cadre réglementaire et des activités de sensibilisation à l’endroit des parties prenantes (régulateurs du secteur financier et autres acteurs du marché)
Secteur de l’assurance islamique
La finance islamique offre une alternative assurancielle, à travers l’assurance Takâful, qui respecte les règles et principes de la loi islamique. A cet effet, la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance (CIMA) a publié en 2019, le Livre IX du code des assurances à travers le règlement N°003 portant réglementation des opérations d’assurance Takâful dans les Etats membres.
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REGLEMENTATION IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
AVEC
DR. Ahmad
Tahiri JOUTI
n Septembre 2021, vous avez sorti votre livre ‘The Fourth Market theory and the paths to differentiation in the Islamic finance industry’ (en français, la théorie du quatrième marché et les voies de différenciation dans l’industrie financière islamique), est ce que vous pouvez nous présenter l’idée principale du livre ?
Le livre est une synthèse de mon expérience professionnelle et académique dans les domaines du conseil, recherche et formation en finance islamique qui m’a conduit à travailler dans plusieurs pays et à chaque fois, je constatais qu’une grande partie du grand public avait les mêmes réactions voir les mêmes doutes vis-à-vis de la finance islamique. En bref, ces réactions s’articulaient autour de l’idée principale de duplication du modèle conventionnel par les institutions financières islamiques en mettant en valeur l’argument charia et en jouant avec les mots et les termes.
Donc, mon livre essaie de répondre à deux questions majeures à savoir : pourquoi les institutions financières islamiques imitent les institutions conventionnelles ? et qu’est ce qu’il faut faire pour créer une vraie différenciation?
Qu’y a-t-il de nouveau dans ce livre ? En fait, le livre est constitué de six chapitres, chaque chapitre présente un nouveau concept. Le premier chapitre porte sur la théorie du quatrième marché qui explique un peu pourquoi les institutions financières islamiques adoptent une politique de tarification similaire aux institutions financières conventionnelles et par la même occasion, ce chapitre discute les voies pour avoir une politique de tarification indépendante qui répondrait aux attentes des clients mais aussi à celles des autres parties prenantes (titulaires des comptes d’investissement et des ṣukūk, actionnaires, etc.)
Le deuxième chapitre discute de deux phénomènes
A LIVRE OUVERT
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IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
à savoir la protection des
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Ahmad Tahiri JOUTI est docteur en finance et économie. Il est CO-CEO du cabinet Almaali Group, conférencier international, chercheur et formateur. Il a conduit de nombreuses missions sur la finance islamique auprès d’institutions financières dans le monde: Afrique, Europe, Asie.Auteur de nombreux articles sur la finance islamique ,il est aussi membre du groupe de travail de l’AAOIFI sur les normes de gouvernance. Il reçoit l’équipe de IFC MAGAZINE pour discuter de sujets structurants de l’industrie de la finance islamique abordés dans son nouveau livre: La Théorie du quatrième marché et les voies de différentiation dans l’industrie de la financière islamique.
institutions financières déjà établies (ce que j’ai appelé incumbency protection) et le piège de la neutralité. A travers ces deux concepts, j’explique dans le livre que l’approche neutre qu’adoptent les régulateurs, favorise en fait les institutions conventionnelles déjà établies et force les institutions financières islamiques à ajuster leur modèle d’affaire pour s’adapter à ces contraintes et exigences. Par la même occasion, j’ai essayé de présenter une démarche pour savoir négocier avec le régulateur pour éviter cette neutralité ou bien au moins réduire ses effets.
Les chapitres suivants traitent chacun un nouveau concept à savoir le concept de migration financière (chapitre 3), l’éducation financière islamique (chapitre 4), le modèle collaboratif (chapitre 5) et les écosystèmes durables de financement social islamique (chapitre 6)
A votre avis, quels sont les freins liés à une vraie différenciation de l’industrie financière islamique ?
Le premier vrai frein relatif à la différenciation de l’industrie financière islamique est l’absence d’un modèle d’affaire cible qui intègre l’ensemble des dimensions stratégiques, réglementaires, technologiques, d’impact social et de marché. En réalité, on se limite à la Charia comme étant le seul facteur de différenciation sans trop se soucier des autres dimensions et aspects. D’ailleurs, ce que j’ai essayé de faire dans ce livre est de concevoir un modèle d’affaire qui se différencie du modèle conventionnel en constituant un avantage concurrentiel pour l’industrie.
Le deuxième frein c’est l’approche réglementaire vis-à-vis de l’industrie et les fausses phobies relatives à la possibilité qu’il y ait une cannibalisation et une déstabilisation du système financier en entier. En pratique, il serait très difficile à ce que des institutions financières jeunes viennent détrôner des institutions qui sont là depuis plusieurs décennies et si c’est le cas, ça voudra dire que le nouveau modèle est plus intéressant.
Le troisième frein c’est que les institutions financières islamiques ne commencent pas là où les institutions conventionnelles sont arrivées en termes de digitalisation et d’orientations stratégiques. Elles essaient de suivre le même cheminement de développement des institutions conventionnelles.
Le quatrième frein dans les pays musulmans c’est l’absence d’une éducation financière qui permet de différencier ce qui est licite de ce qui ne l’est pas et de doter les individus des compétences nécessaires pour bien gérer leurs fonds et générer des revenus conformément à la Charia.
A votre avis, est ce que la différenciation est réellement possible ?
La différenciation est nécessaire, ça devrait être un destin pas un choix. Je pense que le plus difficile a été réalisé. En fait, créer des institutions financières islamiques, les intégrer dans plus de 80 pays était la bataille la plus dure pour cette industrie. Maintenant, la différenciation peut se faire, c’est une affaire de volonté avant tout de la part de toutes les parties prenantes.
Dans le dernier chapitre, vous avez identifié la contribution à des écosystèmes de développement durable comme étant un élément de différenciation, Pourquoi ?
La contribution à la réalisation des objectifs de développement durable est l’affaire de tous. Encore une fois, ces institutions financières islamiques doivent construire des modèles d’affaire de durabilité qui sont différents de ce qu’on appelle la Responsabilité sociale de l’entreprise.
Aujourd’hui, les défis auxquels les sociétés musulmanes font face sont énormes en termes de pauvreté, de famine, d’instabilité, etc. Je ne dis pas que ces institutions doivent résoudre tout ça mais au moins elles doivent y contribuer. Je saisis l’occasion de cette interview pour dire que le changement climatique est réel et on le sent au quotidien et selon les scientifiques, il est dû à l’activité humaine. Ce changement de climat aura un impact sur nos ressources d’eau, notre agriculture, notre biodiversité, notre stabilité économique et politique, etc.
La bonne nouvelle est qu’il est toujours possible de limiter les effets et l’ampleur du changement climatique à travers une dynamique collective et un engagement individuel. Je saisis cette occasion pour appeler toutes les institutions financières pour contribuer à cette dynamique, à mettre en place les dispositifs de gestion des émissions CO2 financés par leurs soins, à orienter leurs clients vers des investissements plus durables pour le bénéfice de tous.
A LIVRE OUVERT 12 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
SAKHO Maguette
Engagée depuis des années dans la promotion de l’assurance islamique, Maguette SAKHO, experte en assurance et assurance Takaful, est à la tête de Askia Takaful au Sénégal. Son ambition pour le développement de cette industrie reste grande . Dans cette interview, elle nous livre sa passion et son parcours dans cette nouvelle industrie en plein essor en Afrique et dans le monde.
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Une passionnée du Takaful…
IFC MAG: Qui est Maguette Sakho?
Une passionnée de l’assurance Takaful, issue d’une famille d'assureurs, avec une expérience de 20 ans dans le marché de l’assurance. Jai fais 4 compagnies d’assurances au Sénégal. Actuellement je suis Responsable de la fenêtre Takaful à Askia assurances Sénégal et je remercie la Directrice Générale de ASKIA
ASSURANCES Mme Oumou Niang TOURE pour la confiance.
IFC MAG: Quel est votre cursus?
J’ai eu un diplôme en Marketing et Technique
de Vente (ISG UCAD), un diplôme en Commerce International (ISG/UCAD), une maîtrise en Gestion et Commerce option Assurance (Sup'M. Maroc), un Master Africain en Microfinance (au Cesag) et un DESS en Banque et Finance Islamique au CIBE Alhuda avec un certificat en Takaful.
IFC MAG: Comment fonctionne la société Takaful?
L’assurance Takaful est basée sur les principes et les fondements charaiques qui doivent figurer dans les statuts de la société, son règlement intérieur et dans les contrats.
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 15
Le participant doit faire don de sa cotisation, la société de gestion doit avoir deux comptes séparés pour elle et pour le fonds des adhérents. La société agit en qualité de mandataire pour gérer le compte de l’assurance et mudarib ou mandataire d’investissement pour les placements des actifs de l’assurance. La société doit se doter d’un comité de supervision charaique ainsi que d’un comité d’audit interne chargé de contrôler la conformité de l’activité de la société à la charia.
IFC MAG: Comment évolue l’assurance Takaful au Sénégal?
Pour l’instant c’est un peu timide. Nous avons notre partenaire en Takaful vie, Sen Takaful qui fait son évolution sur le marché. Et bientôt Askia Takaful en IARD. Je pense que cette année In shaa Allah, avec l’ouverture de notre fenêtre et la participation des banques et institutions islamiques, on verra une grande évolution de l’assurance Takaful au Sénégal. Avec plus de couverture dans les risques en Takaful Général et famille
IFC MAG: Comment vous est venue la passion pour le Takaful?
Depuis mon enfance, l’assurance a toujours été ma passion. Mon père faisait parti des premiers assureurs à Dakar. Il a créé avec son ami Henry Pierre Delmas la première compagnie d'assurance Urbain et la Saine qui est devenue CSAR et après AXA. Issue d’une famille religieuse, je me suis toujours intéressée au volet islamique de l’assurance. Et c’est en 2011 que j’ai démissionné de Amsa assurances pour créer mon propre cabinet de consultance et formation. Et en 2016, j’ai organisé le premier séminaire international sur l’assurance Islamique au Sénégal avec comme invité le CEO, M.Zubair de ALHUDA Cibe. Et depuis 2011, je fais des recherches sur la pratique du Takaful.
IFC MAG: L’assurance de façon générale reste encore inaccessible aux populations africaines.Comment le Takaful pourrait contribuer à une amélioration du taux de
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pénétration de l'assurance et favoriser l'inclusion financière ?
Je félicite et remercie la CIMA par son règlement N 003 /CIMA/PCMA/PCE/2019, avec son livre 9, qui nous a permis de nous lancer dans les opérations Takaful. Il faut une formation, une communication sur l’assurance islamique. Je le dis souvent, on crée des services et produits suivant les besoins de nos cibles. Les compagnies Takaful et fenêtres Takaful doivent offrir des services financiers adaptés aux adhérents qui sont exclus de l’assurance conventionnelle. Pour cela, il faut un partenariat avec les banques et institutions de microfinance islamiques. Ces partenariats vont améliorer le taux de pénétration de l’assurance Takaful dans le secteur financier, le secteur formel comme informel ; ainsi que l’inclusion financière avec la distribution massive des produits d’assurance Takaful. Selon les données de la BCEAO Juillet 2019, le taux global d’utilisation des services financiers (TGUSF) est passé de 53,6% en 2017 à 57,1% en 2018, et le taux de Bancarisation élargie (TBE) est passé de 35,8% en 2017 à 41,3% en 2018. Ce qui montre un grand atout pour l’assurance islamique surtout la Bancatakaful. L’inclusion financière se fera avec l’utilisation des produits Takaful dans la politique de souscription de banques et des institutions de microfinance islamiques de telle sorte à assurer, protéger et pérenniser les activés génératrices de revenus des adhérents ainsi que la santé financière de ces institutions islamiques. Donc, pour mieux assurer l’inclusion financière avec l’assurance Takaful, on doit s’accentuer sur trois secteurs (avec des services et produits adaptés aux besoins), la banque, le secteur de la monnaie électronique et le secteur des SFD (Systèmes financiers décentralisés) mais aussi l’accompagnement de l’Etat par le biais du PROMISE.
IFC MAG: On vous connaît pour votre dynamisme et engagement dans la promotion du Takaful. Comment promouvoir l'intégration des femmes dans cette nouvelle industrie ?
Effectivement. je suis très engagée dans la promotion de l’assurance Takaful et surtout le développement de la femme africaine. Et je suis dans l’accompagnement des femmes depuis 2009
sur le volet formation et conseil. Je sais que la lutte contre la pauvreté, la réussite de l’inclusion financière et même celle de l’assurance Takaful ne peuvent se faire sans la participation de la Femme. Alors, il faut associer les femmes en commençant par l’éducation financière du Takaful dans les instituts, les écoles de formation. De même qu’au niveau des groupements, associations féminines, des tontines, des GIE etc.. Communiquer, former et sensibiliser de façon simple sur les techniques et produits Takaful. Dans le cadre de l’axe stratégique n°2, dans la Lettre de Politique Sectorielle, l’État a accordé une importance majeure à l’élargissement de l’accès aux services financiers aux couches vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. La majeur partie de ces femmes sont dans des groupements ou associations qui ont le même objectif que l’assurance Takaful (entraide). Elles ont donc une place très importantes dans le Takaful. Ces femmes une fois formées seront les premières actrices de l’assurance Takaful qui vont elles-mêmes acheter et vendre les produits et seront les canaux de distribution.
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IFCMAGAZINE
Rapports, Images, Interviews Résumés des Présentations,… IFC2021 ROADSHOW CÔTE D’IVOIRE 18 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
REPORTAGE
Lédition inaugurale des IFC a été marquée par une série d’allocutions, notamment les discours de bienvenue. du CEO de DEXTERITY AFRICA et du représentant du maire du plateau. A leur suite , se sont succédés au pupitre Messieurs OUATTARA Cheick Oumar et DOSSO Adama représentant respectivement le ministre du Plan et du Développement et celui du Budget, Chargé du Portefeuille de l’Etat, pour montrer l’importance d’une telle initiative pour le gouvernement ivoirien. Placée sous l’égide du ministère de l’économie et des finances, la cérémonie a vu également la présence de responsables d’institutions sous régionales et nationales en l’occurrence, le représentant du secrétaire général du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers de l’UMOA (CREPMF-UMOA) et la présence effective du Directeur Général de l’Institut National Polytechnique HOUPHOUËT BOIGNY (INPHB) de Yamoussoukro.
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ALLOCUTIONS
Lors de son allocution d’ouverture, M. Sory TOURE a d’abord mis l’accent sur les atouts de la finance islamique Pour lui, elle s’assimile à un catalyseur pouvant permettre aux économies africaines d’être dynamiques et
plus résilientes Le CEO de Dexterity Africa a ensuite affirmé que par sa forte connexion à l’économie réelle, la finance islamique est susceptible de contribuer à améliorer la stabilité du système financier. Il a en outre évoqué la capacité de cette industrie à favoriser une meilleure répartition des ressources tout en insistant sur le rôle important qu’elle pourrait joué dans les processus d’inclusion financière et de développement durable de nos économies Par conséquent, il a exhorté les participants à s’inscrire dans la promotion de la finance islamique et à se saisir de l’opportunité qu’offrent les « Islamic Finance Conversations » pour impulser son développement sur le continent.
Selon lui, le principal objectif de Dexterity Africa à travers l’organisation des « Islamic Finance Conversations », est de mettre en place un cadre permanent d’échanges pour aborder les thématiques de l’économie et de la finance islamiques
Les IFC constituent, de ce fait, des rencontres pour comprendre les enjeux stratégiques, les dynamismes des marchés et les opportunités qu’offre l’économie islamique pour impulser une véritable inclusion financière et un développement durable dans les économies africaines.
M. Sory TOURE s’inscrit dans la même dynamique que la banque mondiale et la banque islamique de développement qui présentent la finance islamique comme un levier à exploiter pour un développement
durable et la lutte contre les inégalités dans le monde C’est pourquoi, il a exhorté l’ensemble des acteurs de l’industrie à se réunir, en vue d’élaborer des stratégies nécessaires au bien être de nos populations africaines et à la préservation de l’environnement
“
Le principal objectif de Dexterity Africa à travers l’organisation des Islamic Finance Conversations, est de mettre en place un cadre permanent d’échanges pour aborder les thématiques de l’économie et de la finance islamiques. ”
Pour lui, par le biais des “Islamic Finance Conversations’’, il s’agira pour Dexterity Africa et ses principaux partenaires, de créer de nouveaux paradigmes, d’interconnecter les différents écosystèmes de l’économie islamique sur le continent et de participer pleinement au développement de cette industrie
Il a aussi tenu a souligné que les IFC ne se limitent pas uniquement à la Côte D’Ivoire , mais qu’elles seront aussi organisées dans plusieurs grandes capitales africaines.
Il a invité chacun des participants à adhérer à cette initiative car , selon lui, le modèle économique de la finance islamique n’est nullement destiné qu’aux populations musulmanes C’est un modèle qui prône les questions de justice, d’équité, de transparence, etc Il a conclu son propos en exprimant sa ferme volonté de contribuer à travers les différentes activités de son entreprise, au positionnement de la Côte d’Ivoire comme un Hub de la finance islamique sur notre continent.
Il n’a pas manqué de remercier l’ensemble des participants à savoir les représentants d’institutions, le Maire du plateau , les guides religieux sans oublier les étudiants qui pour lui constituent l’avenir de la finance islamique en Afrique
TOURE SORY, CEO DE Dexterity Africa
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 20
TOURE SORY, CEO DE Dexterity Africa
Dr Moussa Abdoul Kader a débuté son discours en exprimant son honneur de prendre la parole devant un public constitué de personnalités de haut rang Pour lui cet évènement est aussi le ‘’sien’’ dans la mesure où il est porté par un ami de longue date avec qui il a passé beaucoup de temps au lycée scientifique de Yamoussoukro. Il a ajouté qu’il a vu ce projet germé, lorsque Mr Sory TOURE exprimait sa volonté d’installer en Côte d’Ivoire, une industrie de la finance islamique Pour le Directeur Général de l’INPHB, l’édition inaugurale des IFC est une réussite en ce sens qu’elle a permis de réunir dans une même salle, des personnalités de tous bords pour discuter des enjeux liés à cette nouvelle industrie Selon Mr Diaby, l’ensemble des acteurs des secteurs public et privé ou des établissements supérieurs ont pour vocation de rechercher des sources de financement partout où elles se trouvent, pour la bonne marche de leurs activités Ainsi, pour lui, l’alternative offerte par la finance islamique mérite véritablement qu’on s’y accroche et qu’on apprenne son mode de fonctionnement pour faciliter le processus de développement de nos économies africaines.
“
L’ALTERNATIVE OFFERTE PAR LA FINANCE ISLAMIQUE MÉRITE VÉRITABLEMENT QU’ON S’Y ACCROCHE ET QU’ON APPRENNE SON MODE DE FONCTIONNEMENT ”
Il a également affirmé qu’il est opportun pour un pays tel que la Côte d’Ivoire qui dispose des atouts nécessaires pour parvenir à l’émergence, de maitriser ce mode de financement ainsi que ses différentes astuces Au regard, de l’importance de la finance islamique, Docteur DIABY n’a pas manqué d’inviter les acteurs académiques du pays à apporter leur pierre à l’édifice en créant des cadres d’apprentissage qui permettront d’avoir dans l’avenir plusieurs professionnels de cette industrie Il a terminé son discours en remerciant l’ensemble des participants et en félicitant Dexterity Africa pour cette belle initiative
Dès l’entame de son discours, Mr Mbaye SIDY a au nom du secrétaire général du CREPMF, adressé ses vives félicitations au CEO de DEXTERITY AFRICA pour cette belle initiative Pour lui la tenue de cet évènement qui constitue un cadre d’échange pour faciliter et surtout permettre de mieux appréhender et s’informer sur les composantes de l’écosystème de l’économie islamique vient à point nommé Il a en outre fait savoir que la finance islamique a connu au cours de ces dernières années une forte croissance dans le monde entier avec l’apparition dans l’espace UEMOA de banques et de fenêtres islamiques Toutefois, selon lui, il convient de retenir que les activités bancaires islamiques de cette zone représentent à peine 1 % du total des activités bancaires. S’intéressant au marché financier, Mr M’Baye SIDY a fait référence au rapport de l’IFSB, selon lequel, les actifs de la finance islamique ont été estimés à 2700 milliards de dollar en 2020 Il n’a pas manqué de préciser ,comme pour le marché bancaire, la faible part détenue par la zone ouest africaine (5% de cette estimation) Poursuivant toujours avec le marché financier, il a affirmé que selon la banque mondiale, les actifs de cette finance éthique et responsable devrait atteindre la barre des 3500 milliards de dollar d’ici 2023. Cette croissance, selon lui, devrait être principalement soutenue par les pays qui viennent d’adopter la finance islamique, notamment les pays de l’Afrique de l’ouest, de l’est , du nord etc Cependant, pour Mr Sidy M’baye, l’exploitation de tout le potentiel offert par cette industrie passe nécessairement par l’adoption d’un cadre juridique et règlementaire adaptée.
C’est pourquoi, il s’est réjoui d’annoncer que les travaux visant à l’adoption d’un cadre règlementaire
Dr. DIABY MOUSSA ABDOUL KADER, Directeur Général de L’INPHB
Mr , MBAYE SIDY
Représentant du SG du CREPMF
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 21
“ L’EXPLOITATION DE TOUT LE POTENTIEL OFFERT PAR L’INDUSTRIE DE LA FINANCE ISLAMIQUE PASSE NÉCESSAIREMENT PAR L’ADOPTION D’UN CADRE JURIDIQUE ET RÈGLEMENTAIRE ADAPTÉE ”
dédié au marché des capitaux islamiques a abouti a un projet de texte qui est disponible sur le site internet du CREPMF (www.crepmf.org) .
Il a clôturé son allocution en annonçant la création prochaine d’un indice boursier islamique à la BRVM afin d’attirer de nouveaux investisseurs, d’accroitre la visibilité de notre marché et d’en faire une référence
Mr OUATTARA OUMAR CHEICK
Representant du Ministre du Plan et du Développement
Mr Ouattara Oumar a commencé son allocution en remerciant au nom de Madame le Ministre du Plan et du Développement , Monsieur Sory TOURE, CEO du cabinet Dexterity Africa pour cette belle initiative Selon lui, cet évènement s’inscrit dans le même cadre que le forum africain de la finance islamique qui s’est tenue du 17 au 18 octobre 2016 à Abidjan et dont les principales récommendations visaient à promouvoir la finance islamique et à effectuer des benchmarks sur des pays tels que la Malaisie en vue de les adapter à nos économies africaines. Pour Mr Ouattara Oumar, cette conférence vient à point nommé, du fait des avancées remarquables enregistrées au niveau de l’écosystème de la finance islamique en Côte d’Ivoire au cours de ces cinq (05) dernières années Pour étayer ses propos il s’est d’abord appuyé sur les importantes émissions de SUKUKS effectuées par l’Etat ivoirien qui sont évaluées à plus de 300 milliards de Fcfa. Il a également fait mention des différentes reformes entreprises par la BCEAO, visant à encourager les activités de finance islamique Continuant dans sa démarche, il a révélé que les investissements islamiques ont connu une incroyable évolution en passant d’un volume d’environ 350 milliards de Fcfa ,en ce qui concerne les bailleurs de fonds, à un volume qui avoisine aujourd’hui 700 milliards de Fcfa
“ Le volume des investissements islamiques en Côte d’Ivoire qui étaient d’environ 350 milliards de FCFA, en ce qui concerne les bailleurs de fonds en 2016, avoisine aujourd’hui 700 milliards de Fcfa. ”
Tous ces chiffres, indiquent selon lui, que la Côte d’-
Ivoire est très attractive en terme d’absorption de financement islamique À cela, il a tenu a ajouté l’ouverture de plusieurs fenêtres islamiques au sein de certaines banques conventionnelles locales il s’est également réjoui du fait que cet évènement soit organisé à la même période que le lancement du Plan National de Développement (PND 2021-2025), qui contribuera certainement pour lui, à améliorer la réflexion sur les besoins du pays en terme de renforcement des capacités et de reformes à mener pour propulser la Côte d’Ivoire comme un véritable hub régional Il a terminé en remerciant l’ensemble des participants pour avoir contribué à la réussite de cet évènement en effectuant un déplacement massif.
l’Etat
Mr Adama DOSSO a tout d’abord remercier et féliciter le cabinet DEXTERITY AFRICA, au nom du Ministre du Budget et du portefeuille de l’Etat qu’il représente, pour cette lucarne offerte aux populations africaines destinée à s’informer sur ce nouveau mode de financement en plein essor. Pour, Monsieur Adama DOSSO, cette édition inaugurale des Islamic Finance Conversations couplée à la dédicace du livre du Docteur Adama DIEYE, qui fut un collègue à la BCEAO, vient à un moment opportun Selon lui, il est temps pour la finance islamique qui est apparue dans les années 1980 d’amorcer son développement sur notre continent
Monsieur Adama Dosso a conclu en affirmant que cette assise doit être l’occasion pour nous de tirer les grandes recommandations, d’élaborer des plans d’actions afin de les dérouler pour la création d’une véritable industrie de la finance islamique dans notre pays
Mr ADAMA DOSSO Représentant ministre du Budget et du Portefeuille de
“ cette assise doit être l’occasion pour nous de tirer de grandes recommandations, d’élaborer des plans d’actions afin de les dérouler pour la création d’une véritable industrie de la finance islamique dans notre pays . ”
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Les illustres spécialistes locaux religieux ont entretenu l’assistance sur l’épineuse question de la prise en compte du capital spirituel dans les opérations économiques et financières pour un monde juste et équitable. Cette thématique a été détaillée suivant la perspective chrétienne présentée par le père Norbert Eric ABEKAN, Curé de la paroisse Sainte-Famille d’Abidjan – Cocody et sous l’angle islamique par Dr. GUINDO Ibrahim, représentant l’Imam CISSÉ Djiguiba Abdallah, Imam de la mosquée Salam du Plateau, commune d’accueil de la cérémonie.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, Dr Ibrahim Guindo a remercié les initiateurs de cette assise et a exprimé son profond respect au Père Eric Norbert Abékan pour son engagement dans les activités interreligieuses Mr Ibrahim Guindo a abordé la thématique soumise à son analyse, à savoir:; « la prise en compte du capital spirituel dans les activités économiques et financières pour un monde juste et équitable selon la perspective musulmane »; en deux parties La première partie de son intervention s’est faite selon une approche définitionnelle de deux concepts clés étroitement liés au thème que sont: la spiritualité et l’activité. il a d’abord définit la spiritualité comme étant un lien vertical entre la créature et le créateur En plus de ce lien , elle concerne aussi, selon lui, les règles qui régissent notre vie au plan horizontal avec nos semblables Il a également défini la notion d’activité comme l’ensemble des éléments en rapport avec les actes que nous posons dans notre quotidien Avant d’aborder la deuxième partie de son exposé, Mr Guindo a fait un constat selon lequel, de nos jours, la majorité des hommes d’affaires de tendances religieuses confondues n’hésitent pas à recourir aux guides religieux en vue d’effectuer des prières avant d’entreprendre une activité Ceci est la preuve selon lui que l’homme d’affaires « véreux » d’hier commence à intégrer l’aspect spirituel dans la quête de son bien être
Dans la deuxième partie de son intervention, il s’est intéressé à cinq (05) principes fondamentaux de la spiritualité nécessaires au bon fonctionnement de toute activité. Ainsi, le premier principe qu’il a évoqué est celui de l’unité dans la diversité Il s’agit selon ses propos de l’acceptation de soi et d’autrui Plus concrètement ce principe nous invite à vivre ensemble et à accepter nos divergences Le deuxième principe qu’il a abordé est le principe de l’équité et de la justice À ce niveau, Dr Guindo a expliqué la nuance entre ces deux termes . Pour lui, l’équité est un terme plus large qui demande la prise en comptes de multiple aspects. Le troisième principe dont il a parlé est le principe de
l’égalité des chances Selon lui, ce principe peut être analysé suivant deux axes:
• Le premier axe concerne l’égalité des chances entre hommes et femmes pour permettre à toute personne quelque soit le sexe d’acter, d’agir, d’aller à la quête du bien être et de la richesse.
• Le deuxième axe est l’établissement d’un climat saint de concurrence qui ne privilégie pas une partie au détriment d’une autre Il s’est ensuite penché sur le quatrième principe qui est le principe de la confiance et de l’autorité morale Pour Mr Guindo, l’établissement d’un climat d’affaires saint passe nécessairement par l’instauration d’un climat de confiance entre les différents acteurs. Selon lui, Ceux qui exercent l'autorité portent l'énorme responsabilité d'être dignes de la confiance publique
Le dernier principe qu’il a abordé est le principe de la recherche indépendante de la vérité Expliquant ce principe, il a affirmé que les institutions et tout ceux qui détiennent le pouvoir doivent créer les conditions susceptibles de favoriser la recherche de la vérité afin d’aboutir à l’établissement de la paix, du bonheur humain, de la justice et de l’équité.
Pour conclure, Dr. Guindo a soutenu qu’il est important que nous parvenions à appliquer l’ensemble de ces principes afin de pouvoir réaliser nos activités de façon correcte et de sorte à créer un système de partenariat équitable
Dr. GUINDO Ibrahim Représentant Imam CISSÉ Djiguiba Abdallah
“ il est important que nous parvenions à appliquer l’ensemble de ces principes afin de pouvoir réaliser nos activités de façon correcte et de sorte à créer un système de partenariat équitable”
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Avant tout propos, le Père Eric Abekan a tenu a salué cette auguste assemblée, composée de représentants d’institutions, du représentant du maire du plateau, d’éminents professeurs et d’étudiants Il a également remercié Mr.
Sory TOURE, CEO de DEXTERITY AFRICA, pour avoir initié les IFC qui se définissent comme ‘’les grandes rencontres de l’économie et de la finance islamique’’
Mr Eric Abekan a débuté son keynote par cette célèbre citation de l’éminent philosophe RABELAIS; « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » , pour dire plus concrètement qu’une économie sans éthique et sans justice est une économie vouée à l’échec. Le père a abordé la question de « la prise en compte du capital spirituel dans les activités économiques et financière pour un monde juste et équitable selon la perspective chrétienne » en trois points
Le premier point de son intervention a consisté a mettre en exergue les principes de la finance chrétienne contenus dans la sainte bible Selon lui, conformément à la finance islamique, la finance dite ‘’chrétienne’’ est basée également sur des principes éthiques à savoir, l’interdiction des investissements non vertueux, l’interdiction des profits injustes (le phénomène des margouillats), l’obligation de privilégier l’épargne vertueuse, l’obligation du partage des profits et l’obligation de transparence
Pour aborder le deuxième point de son intervention qui portait sur la construction d’un avenir plus juste par les finances, le père Eric Abekan s’est appuyé sur les paroles du pape François , inspirées de l’économie de saint François d’Assise Il a révélé que la pape François s’inscrivant dans le Sillage de Saint François d’Assise, entend donner vie à l’idée d’une nouvelle forme d’économie dotée d’une âme Il s’agit plus précisément d’une économie plus attentive aux
pauvres , aux plus faibles et non exclusivement axée sur la recherche des gains et des richesses matérielles Toujours selon lui, le pape souhaite un retour aux fondamentaux de la doctrine sociale de l’église qui prône l’économie de saint François d’Assise Cette économie , conformément à ses propos est une économie qui fait vivre et qui ne tue pas; qui inclue et qui n’exclue pas, qui humanise et qui ne déshumanise pas, qui prend soin de la création et qui ne pollue pas. Parlant toujours de l’économie de Saint François d’Assise, il a affirmé qu’elle fait droit aux cris de la terre et ceux des pauvres en alliant le respect de l’environnement et l’inclusion des plus faibles Mr Eric Abékan a en outre, précisé que le pape fonde son espoir sur la jeunesse pour relever ce défi de la prise en compte du capital spirituel dans l’économie. C’est pourquoi, il s’est adressé à eux en ces termes: « vous êtes peut être la dernière génération qui puisse nous sauver » Pour insister sur ce point, il a indiqué que le souverain pontife a manifesté la volonté de mettre en place un mouvement mondial de jeunes économistes et entrepreneurs ayant pour vision de changer le modèle économique actuel et de construire un avenir plus juste “ les sept fautes sociales de l’humanité sont la politique sans principes, la richesse sans travail, le plaisir sans conscience, la connaissance sans volonté, les affaires sans morale, la science sans humanisme, et la religion sans sacrifice..”
Dans la troisième partie de son intervention,, le Père Abékan a tenu à partager avec son auditoire, cette pensée de Mohandas Karamchand Gandhi selon laquelle, les sept fautes sociales de l’humanité sont la politique sans principes, la richesse sans travail, le plaisir sans conscience, la connaissance sans volonté, les affaires sans morale, la science sans humanisme, et la religion sans sacrifice Pour conclure , il a exprimé son immense honneur pour avoir été associé a cette initiative qui contribue a inculquer de bonnes valeurs
Islamic
Islamic
Islamic
Père Eric Norbert ABÉKAN
Curé de la Paroisse Sainte-Famille de Cocody, Abidjan
L’Expérience et l’Innovation au service de la Finance Islamique
advisory services
Sharia
finance product and project development
finance and institutions services
Sukuk and funds advisory 24
Actualités-Analyses Enquêtes-Entretiens Rapports-Tendances Reportages-Dossiers
Indiced’Islamicité,batteried’indicateursetinstruments demesuredeperformancedesinstitutions
Prof. HOSSEIN ASKARI Professeur à l’Université
Georges Washington
Ancien membre du Conseil d’Administration du FMI
Dès l’entame de son intervention, le Professeur Hossein Askari a tenu à préciser que l’Afrique n’est pas le seul continent confronté aux crises économiques et sociales et que celles-ci existent partout dans le monde S’intéressant particulièrement au MoyenOrient et plus précisément aux pays musulmans, il a fait le constat selon lequel depuis près de 20 ans, le monde musulman ne parvient pas a éradiquer les phénomènes de l’oppression, de l’injustice, de l’échec économique et du désespoir Selon lui, cette situation lui rappelle la célèbre citation de Mohammad Abduh : « je suis allé à l’Ouest et j’ai vu l’islam, mais pas les musulmans; je suis revenu à l’Est et j’ai vu des musulmans, mais pas l’islam » Cela pour dire que de nombreux pays occidentaux respectent les principes de l’islam bien que n’étant pas régi par des lois islamiques Selon le Pr Hossein Askari , cette situation a suscité en lui l’interrogation suivante: quels sont les pays qui respectent effectivement les préceptes de L’islam? Pour répondre à cette question il a éprouvé la nécessité de mettre en place des instruments de mesure du degré d’islamicité d’un pays. Ainsi, pour concevoir de tels instruments, il a d’abord jugé nécessaire d’exclure les éléments mécaniques de l’islam , que sont: la prière, le pèlerinage à la Mecque, le jeûne et l’attestation de fois Pour mieux éclairer son auditoire, il a expliqué les raisons qui justifient cette décision La première raison qu’il a évoqué est qu’il les considère comme des éléments qui lient personnellement une tierce personne et Dieu et non comme des caractéristiques propres à un pays La deuxième raison avancée par le Professeur est la possibilité de comparer à travers ces indices, des pays musulmans et non musulmans ( leur prise en compte aurait biaisée les résultats pour les pays non musulmans)
hossein-askari.com islamicity-index.org
La dernière raison trouve sa source dans cette parole du prophète Mohammad (SAW) : « prier sans mettre en application les recommandations de l’islam est semblable à un corps sans tête » Après ces explications, le Professeur Hossein Askari a partagé avec le public, le procédé d’élaboration de ces indices Selon ces propos, pour concevoir ces indices , il a dans un premier temps, classé les importants enseignements islamiques en quatre grandes catégories que sont: l’économie, le système légal et la gouvernance, les droits de l’homme et les droits politiques ainsi que les relations internationales Ensuite, il a mis en place à partir de ces 04 indices, un cinquième indice global Le Professeur a aussi fait savoir que pour l’année 2020, Les indices d'islamicité montrent que la Nouvelle-Zélande est le pays qui reflète le mieux les valeurs et les institutions islamiques dans le monde, avec un progrès remarquable constaté au niveau de certains pays tels que le Canada, l’Australie, et les pays du Nord de l’Europe . Il a également ajouté que les pays musulmans les plus performants, au regard de ces indices sont: la Malaisie, les EAU et l’Albanie Dans la seconde partie de son intervention, il a mis l’accent sur l’importance des institutions au sein d’une nation Du point de vue de l’islam, une institution forte , selon ses propos, est celle qui respecte la liberté, l’équité, la justice, les droits de l’homme , les droits politiques et qui lutte contre la pauvreté, la corruption etc
Pour lui, si un pays respecte correctement ces recommandations pendant une période de dix (10) ans , il connaîtra un progrès remarquable Aussi, il a invité chacun d’entre nous à être moins corrompu, moins égoïste et nos gouvernements à être plus responsables, en vue de mettre en place des institutions fortes Pour conclure, le Pr Hossein Askari a soutenu que les indices d’islamicité constituent une référence, une boussole qui indique le chemin à suivre pour les pays qui souhaitent entreprendre des reformes et disposer d’institutions fortes (www islamicity-index org)
“ les indices d’islamicité constituent une référence, une boussole qui indique le chemin à suivre pour les pays qui souhaitent entreprendre des reformes et disposer d’institutions fortes.
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Economieetfinanceislamiquespourlarelance économiqueetledéveloppementdurabledel’après-
COVID 19
Docteur ZAMIR IQBAL Vice-président, Directeur financier de la Banque Islamique de Développement Ancien Trésorier de la Banque Mondiale
L’intervention du Docteur ZAMIR IQBAL sur ce thème s’est faite en quatre points. D’abord ils a mis en lumière l’impact générale de la COVID sur l’économie mondiale, ensuite il s’est intéressé aux différentes tendances de relance post-covid dans le monde, aussi il a abordé les questions de contraintes budgétaires des économies dans le contexte de relance post-covid, enfin il a montré les atouts de l’économie islamique qui font d’elle un excellent instrument de relance économique et de développement durable de l’après covid 19
IMPACT GENERALE DE LA COVID 19
Dr Zamir Iqbal a affirmé que selon une étude de la banque mondiale, le choc brutal produit par la pandémie du coronavirus et par les mesures d’arrêt d’activité qu’elle a suscitée, ont plongé l’économie mondiale dans une grave récession Toutefois, selon lui l’économie mondiale devrait croître de 5,6% en 2021, affichant ainsi un rebond post récession d’une ampleur sans précédent en 80 ans. Il a aussi révélé que bien que cette reprise se déroule normalement dans les pays développés, il n’en est pas de même dans les économies émergentes et dans les pays en voie de développement (graphique N°2) Cette situation tient en grande partie selon ses propos, au net redressement entrepris par quelques grandes économies, avec d’énormes écarts dans l’accès aux vaccins et des perspectives moroses pour bon nombre de pays pauvres. Il a également ajouté que le taux de revenu par habitant qui devrait atteindre 4,9% en 2021 dans de nombreuses économies émergentes et en développement devrait être pratiquement nul au sein des pays pauvres Il a tenu à préciser que dans les deux tiers des économies émergentes et en voie de développement , les pertes de revenu par habitant enregistrées au cours de l’année 2020 ne seront pas recouvrées d’ici à 2022
Poursuivant dans sa démarche, il a comparé l’impact économique de la grande crise financière de 2007 à celui de la pandémie COVID 19 De cette comparaison ,il ressort que la perte subie par l’économie mondiale durant la pandémie COVID 19 est plus importante que celle de la crise financière de 2007 (perte d’environ 10000 milliards de dollars pour le COVID 19 contre 6000 milliards de dollars pour la crise financière de 2007) (graphique N°3, Partie A). Toujours en se référant à ce graphique, l’on remarque que l’impact de la crise financière de 2007 sur le PIB des pays pauvres ou des pays en voie de développement est très différent de celui de la COVID 19 Prenant le cas des pays africains il a affirmé que ceux-ci ont été moins impactés par cette crise financière car ils n’étaient pas exposés aux actifs toxiques Cette même situation est mis en exergue dans le graphique N°3 (Partie B) qui exprime en pourcentage les pertes occasionnées par ces deux crises sur le PIB des différents pays. Après avoir exposé sur les impacts de cette pandémie, le Dr ZAMIR IQBAL a abordé le second point de son intervention qui concerne la relance post COVID 19 dans le monde À ce niveau, Dr. ZAMIR IQBAL a affirmé que la crise de la COVID 19 a eu des conséquences dévastatrices sur l’économie mondiale. Ainsi, malgré que le PIB mondial ait dépassé aujourd’hui, son niveau d’avant COVID 19, il reste encore inférieur aux projections faites avant cette pandémie ( graphique N°1) En effet, selon lui la pandémie de la COVID 19 a occasionné de grands écarts de production et d’emploi dans de nombreux pays, en particulier au sein des économies émergentes et des pays en voie de développement. Cette situation est due selon ces propos au faible taux de vaccination et au niveau d’endettement préoccupant auxquels ces économies sont confrontées En outre, il a révélé que l’un des plus grands problèmes causé par cette crise sanitaire, est l’accentuation de l’extrême pauvreté Pour étayer ses propos, il a avancé que l’impact négatif de la COVID 19 sur les ménages à faible revenu est particulièrement important, de sorte à menacer les progrès significatifs réalisés dans la réduction de l’extrême pauvreté dans le monde depuis les années 1990 Aussi, selon lui, d’ici la fin de l’année (2021), environ 100 millions de personnes devraient retombées dans l’extrême pauvreté Il s’agit concrètement des groupes de personnes vulnérables , à savoir les femmes, les enfants et les travailleurs non qualifiés ou exerçant dans l’informel qui ont le plus souffert de ces effets négatifs.
RELANCE POST COVID 19 DANS LE MONDE
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Graphique 1: écart entre réalisation et prévision pré-COVID sur
Graphique 2: Variation des prévisions de production par rapport aux projections pré-COVID
Source: Banque mondiale
Graphique 3: Impact économique de la crise financière de 2007 entre 2009 et 2010 VS COVID-19, 2020-2021
Source: Rapport sur le commerce et le développement 2021
Dans la troisième partie de son intervention, le Docteur Zamir Iqbal s’est intéressé aux contraintes sur la marge de manœuvre budgétaire et la viabilité de la dette, dans le contexte de reprise post-COVID -19
CONTRAINTES SUR LA MARGE DE MANŒUVRE BUDGÉTAIRE ET LA VIABILITÉ DE LA DETTE,
DANS LE CONTEXTE DE REPRISE POST-COVID19
Sur ce point, il a avancé que les contraintes budgétaires diffèrent de façon considérable entre les pays développés et les pays en voie de développement pour lutter contre la pandémie (graphique N° 4).
Selon lui, le faible niveau de dépenses des pays en voie de développement est principalement du à leur faible capacité à lever des fonds sur le marché mondial des capitaux, gangrené par des investisseurs spéculatifs de court terme Aussi , selon ses propos, ce manque d’autonomie monétaire et d’accès aux vaccins freine de nombreuses économies en voie de développement, creusant ainsi le fossé avec les économies développées. C’est pourquoi le G20 a accordé une suspension du service de la dette des prêts bilatéraux à un certain nombre de pays pauvres Ils se sont également vus octroyer des crédits d’urgence par le FMI et la Banque mondiale
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Graphique 4: Dépenses primaires supplémentaires en 2020 par rapport aux ratios d’endettement dans certaines économies développées et en cours de développement
Source: Rapport sur le commerce et le développement 2021
POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES ISLAMIQUES DE RELANCE POST COVID
Graphique 5: Implémentation de la finance islamique pour favoriser de relance POST COVID 19
Source: Rapport sur le commerce et le développement 2021
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SOUTENABILITÉ DE LA DETTE
• Soutient le financement à long terme au moyen d’instruments de partage des risques.
RENFORCEMENT DE LA RÉSILIENCE
• Soutenir les économies en favorisant la création d’emplois par la microfinance aux Micro, Petites et Moyennes Entreprises et en soutenant le développement des compétences
• Investir dans les INFRASTRUCTURES
LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
• Instruments de la finance sociale islamique pour l’inclusion financière et l’élargissement du réseau financier (Zakat, Sadaqa, wqaf), outils puissants de création de richesse
Abordant le dernier point de son intervention portant sur les politiques économiques et financières islamiques pour la relance post COVID 19, le docteur ZAMIR IQBAL a suggéré qu’il est peut être temps pour nos économies de recourir à la finance islamique étant donné les difficultés rencontrées par la finance conventionnelle dans le processus de relance ( poids de la dette , contraintes budgétaires défavorables pour la majorité des pays en voie de développement, etc ) Pour étayer ses propos il a montré comment la mise en œuvre des principes de l’économie islamique peut s’avérer très utile dans cette mission de relance post COVID 19(graphique N°5). Ainsi, selon ses propos, l’économie islamique possède des valeurs éthiques et morales très riches, elle favorise l’émergence d’une finance éthique et responsable, privilégie la coopération mutuelle, encourage les investissements de long terme et veille au partage des risques Toujours selon le Dr ZAMIR IQBAL, au regard de ses principes fondamentaux, la finance islamique est fortement connectée à l’économie réelle, elle est défavorable à l’effet de levier, à l’accumulation de la dette et au phénomène de financiarisation des économies. Ce qui fait d’elle, une finance favorable à
la croissance durable De plus, il a soutenu que si les principes de cette économie sont mis en œuvre , nous obtiendrons une diversité de produits qui peuvent être utilisés de diverses manières Dr ZAMIR n’a pas manqué de préciser que cette finance éthique dispose d’instruments de redistribution de richesses qui ont un très fort impact sociale surtout dans la lutte contre l’extrême pauvreté Pour conclure il a présenté un résumé des avantages que peuvent présenter la politique financière islamique dans le processus de relance post COVID (graphiqueN°6) que sont:
▪
La soutenabilité de la dette: l’économie islamique peut encourager le financement de long terme au moyen d’instruments de partage des risque
▪
Le renforcement de la résilience: l’économie islamique peut soutenir les économies en favorisant le création d’emplois par les microfinancements aux petites et moyennes entreprises et en soutenant le développement des compétences
▪
Lutte contre la pauvreté: L’économie islamique peut à travers les instruments de la finance sociale islamique ( Zakat, Sadaqa, Waqf etc) favoriser l’inclusion financière et la création de richesse.
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Quelques ouvrages des auteurs
Introduction to Islamic Economics: Theory and application, Hossein Askari and Zamir Iqbal and Abbas Mirakhor, Singapore: John Wiley and Sons, 2015.
Islam and the Path to Human and Economic Development, (Foreword by Ali Allawi), Abbas Mirakhor and Hossein Askari, Palgrave Macmillan, August 2010.
Endorsements
-Rodney Wilson, Professor, School of Government and International Affairs, Durham University ;
-Iqbal Khan, CEO Fajr Capital and former founding CEO of HSBC Amanah ;
-Jeff Nugent, Professor of Economics, University of Southern California;
-Hossein Ziai, Professor of Islamic and Iranian Studies, University of California, Los Angeles
Risk Sharing in Finance: The Islamic Finance Alternative, Hossein Askari, Zamir Iqbal, Noureddine Krichene and Abbas Mirakhor, John Wiley and Sons, October 2011.
Endorsements
-Sir Andrew Crockett Vice Chairman of JPMorgan Chase International, member The Group of Thirty, and former Head of the Bank for International Settlement (BIS)
-Robert C. Merton, Nobel Laureate in Economics, 1997, The School of Management Distinguished Professor of Finance at the MIT Sloan School of Management, University Professor Emeritus at Harvard University.
Challenges in Economic and Financial Policy
Formulation:
An Islamic Perspective, Hossein Askari, Zamir Iqbal and Abbas Mirakhor, New York: Palgrave Macmillan, 2014.
Ideal Islamic Economy: An Introduction, (Foreword by Ali Allawi), Abbas Mirakhor and Hossein Askari, New York: Palgrave Macmillan, July 2017.
Endorsements
-Dr. Ali Allawi, Author of: The Crisis of: Islamic Civilization; The Occupation of Iraq: Wining the War, Losing the Peace and Faisal of Iraq .
The Next Financial Crisis and How to Save Capitalism, (Foreword by Vittorio
Corbo), Hossein Askari and Abbas Mirakhor, New York: Palgrave Macmillan, 2015.
Endorsements
-Vittorio Corbo, Professor of Economics, Pontificia Universidad Católica de Chile, Senior Research Associate of the Centro de Estudios Públicos, Chile, and former President of the Central Bank of Chile;
-Donald L. Losman, Professor, Elliott School, George Washington University, USA;
-Rodrigo Guimarães, Founding Partner, Explorer Investments, Portugal
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Crises économiques et sociales en Afrique: Quelles propositions de solutions de l’économie islamique?
REMARQUES LIMINAIRES
Dr. Adama DIEYE est Directeur du département à la Retraite de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
De 1998 à 2006, Dr DIEYE est détaché au Cabinet du Ministre de l'Économie et des Finances du Gouvernement du Sénégal comme Conseiller Technique et membre du Conseil d’Administration de la BCEAO.
Il est titulaire :
• d'un Master en mathématiques appliquées / Université de Dakar / Sénégal (1978);
• un Doctorat en économie / Université d'Auvergne, Clermont Ferrand / France (1996);
• un Doctorat en finance islamique / INCEIF / Kuala Lumpur / Malaisie (2017).
Depuis sa retraite de la BCEAO en 2008, Dr DIEYE est :
• Enseignant à temps partiel en économie et finance islamiques au CESAG-Dakar, à Bordeaux Ecole de Management-Dakar, CIFIA/ IFASS-Université Cheikh Anta Diop de Dakar,
• Membre de la Haute Autorité du Waqf du Sénégal,
• Membre du Conseil de Conformité (Sharia Board) de la Banque Islamique du Sénégal (BIS).
La conférence du Docteur Dieye a tourné autour de
trois principaux axes. il a dans un premier temps fait des remarques liminaires sur le modèle économique conventionnel. Ensuite, il a évoqué successivement les challenges et débats actuels sur le système capitaliste ainsi que les axes de réponse de l’économie islamique aux crises économiques et sociales en Afrique.
Abordant les remarques liminaires, il a d’abord fait le constat selon lequel depuis plusieurs années, le Sénégal, comme plusieurs pays africains font l’objet d’une série de programmes d’ajustement ayant pour objectif de résoudre les problèmes économiques et sociaux auxquels ils sont confrontés. Toutefois, selon lui, ces programmes se sont soldés par des résultats mitigés. Aussi, l’avènement de la crise sanitaire de la COVID 19 qui a été dévastatrice pour l’économie mondiale n’a fait qu’empirer cette situation. À cela, il convient d’ajouter l’élargissement des disparités de revenus par rapport aux pays développés, constatées lors de la reprise post-COVID en 2021 (graphique N°1). Il a également signifié qu’au lendemain de la crise financière de 2007, de nombreuses voix s’étaient déjà levées dans le sens de repenser la politique macroéconomique qui s’était avérée inefficace face à cette crise. Pourtant, selon ses propos, dans cette période trouble, il y a une part de l’économie qui a fait preuve de résilience, à savoir la finance islamique. En outre, il a ajouté que depuis la convention de Vienne , l’on ne cesse de décrier que la finance dite conventionnelle est dépourvue de valeurs ( absence d’éthique). à travers, cette série de remarques, le Docteur Adama Dieye, a affirmé vouloir montrer l’impératif de concevoir une alternative holistique au paradigme économique dominant qui a postulé jusqu’ici une approche méthodologique neutre de jugements de valeurs comme la morale , l’éthique, voire la religion..
DÉBATS SUR LE CAPITALISME ET SES EFFETS SYSTÉMIQUES MONDIAUX (ÉCONOMIQUES, SOCIAUX, POLITIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX)
Dans cette seconde partie, le Docteur Adama Dieye a mis en lumière les différentes réflexions qui dénoncent les insuffisances et les inconvénients du système capitaliste. Tout d’abord, il a fait état d’une opinion grandissante dans les cercles des académiques et décideurs politiques selon laquelle: Le capitalisme contemporain est la source de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques qui affectent le monde d'aujourd'hui. Toujours selon cette opinion, IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 34
Tableau 1: Statistiques récentes sur la situation économique et sociale en Afrique
PIB (%) ΔPOP (%) Population ages %
World
young in % of working-age population Labor productivity
1990-2000 2000-2019 2000-2020 0-14 ans (2020) 2020 2000-02 2016-19
2.8 2.8 1.2 25 39 1.3 2.1 East Asia & Pacific 3.7 4.6 0.7 20 28 3.8 4.4
Europe & Central Asia
Latin America & Caribbean
Middle East & North Africa
1.6 1.7 0.3 18 28 1.7 1.5
3.1 2.8 1.1 24 36 -1.8 -0.2
3.7 3.8 1.9 30 46 -1.3 -0.4
North America 3.4 1.9 0.8 18 28 1.6 1 South Asia 5.6 6.5 1.4 28 42 1.5 4.1
Sub-Saharan Africa
2.2 4.6 2.7 42 76 2.6 -0.4
ce système est accusé d'être à l'origine de grandes inégalités entre les riches et les pauvres, de la recherche effrénée du profit sans considérations morale, éthique et sociale, de l'accumulation vénale de richesses et de la destruction de l'environnement. En outre, L'argument selon lequel le capitalisme est le moteur de l'innovation et attire les investissements est considérablement affaibli par les problèmes systémiques mondiaux. Il devient dès lors évident que le monde ne peut pas continuer sur la trajectoire actuelle et se doit de trouver d'autres règles et normes de gestion économique, sociale et environnementale . Parlant toujours des débats sur le système capitaliste, il a évoqué dans un deuxième temps, les nouvelles pistes de recherche aussi bien dans l’économie conventionnelle que dans la perspective islamique. Ainsi selon les idées avancées par Joseph E. Stiglitz. 2019). ,il est impératif de « Repenser le capitalisme pour une croissance durable et inclusive »
Repenser le capitalisme pour une croissance durable et inclusive
Dans la même veine, d’autres auteurs vont faire ressortir la nécessité de construire des sociétés postcapitalistes avec de nouvelles normes et règles afin
de les faire fonctionner de manière plus humaniste et religieuse. En effet, (Giraud et Felwine Sarr, 2021) recommandent de « Sortir l’économie de son abstraction et retrouver son ancrage dans la morale, les sciences humaines et sociales, et même les religions »
Sortir l’économie de son abstraction et lui faire retrouver son ancrage dans la morale, les sciences humaines et sociales, et même les religions
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« En Islam, le Saint Coran est la source de tous les paradigmes. Le Coran a spécifié des règles de comportement prescrites par Allah (swt) pour tous les individus et toutes les sociétés, partout et à tout moment. Ces règles ont été mises en œuvre par le Prophète (SAW) à Médine durant sa vie. Ce code de conduite régit les activités humaines dans tous leurs aspectsspirituel, moral, intellectuel, matériel et social »
Concernant les nouvelles pistes de recherche, dans la perspective islamique, il a avancé que celles-ci se fondent sur l’hypothèse selon laquelle, le modèle islamique tel que prescrit par le coran et enseigné par le prophète Mohammad (Paix et Salut sur Lui) pourrait être le meilleur. Ainsi il s’avère nécessaire d’interroger le coran pour en extraire un modèle économique islamique. Cette démarche se justifie ,selon lui, par le fait qu’en islam, le Saint Coran est la source de tous les paradigmes. Le Coran a spécifié des règles de comportement prescrites par Allah (swt) pour tous les individus et toutes les sociétés, partout et à tout moment. Ces règles ont été mises en œuvre par le Prophète (SAW) à Médine durant sa vie. Ce code de conduite régit les activités humaines dans tous leurs aspects (spirituel, moral, intellectuel, matériel et social. Aussi, il a tenu à préciser que d’un
point de vue méthodologique dans la réalisation de ces travaux de recherche, l’étude des caractéristiques du système économique islamique est basée sur une approche institutionnelle dans laquelle les institutions sont définies comme les règles de conduite prescrites dans le Coran et leurs modalités d'application, enseignées par le Prophète (saw).on voit ainsi la différence avec le modèle dominant dans lequel les institutions sont mises en place par la constitution, les lois, les règlements et les coutumes.
LES AXES DE RÉPONSE DE L’ÉCONOMIE ISLAMIQUE AUX CRISES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES EN AFRIQUE.
Abordant , le dernier point de son intervention , il a affirmé que la réponse de l’économie islamique aux crises économiques passe d’abord par la mise en place d’un
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Tableau 2: éléments nécessaires à l’instauration d’un cadre institutionnel islamique.
AXIOMES (Coran S2V 177)
Croyance au
(i) Tawhid avec comme corollaire
▪ Unité de la création => (concept al mizan S55 1-9) ▪ L'équilibre (mizan) établi par Dieu dans l'univers créé => relation humaine avec la nature, une utilisation durable des ressources de l’Univers unité de la connaissance humaine (ii) à la prophétie (iii) le retour au Créateur (maad) et pour CHAQUE individu, la reddition de comptes pour leurs activités humaines
RÈGLES RELATIVES AU CADRE LÉGAL ET RÉGLEMENTAIRE
Principles
- (i) Khilafa (gérance)=> droits d’usus et devoir de rendre comptes ; - (ii) Unité de l’humanité (S49V13) + Règles de compétition et de coopération dans les actes utiles et vertueux (S5V2) + Règle de réciprocité dans le bien (S55V60) + contrat social [règle de consultation (S3V159) + règle de discipline et de loyauté envers l’Autorité S4V59] => préserver et renforcer la paix et l’ordre ; - (iii) Travail et éthique du travail ; - (iv) Justice (S4V135 – équité - ; S5V8 impartialité dans le témoignage) [justice sociale et justice économique] - (v) Droits de propriétés ; - (vi) Sacralité des contrats ; - (vii) Règles du marché ; - (viii) Règles de distribution et redistribution (zakat sadaquah, quard hasan, infaq, waqf, règles héritage), renforcement de la solidarité sociale (S4V36)
cadre institutionnel islamique de politique économique et sociale. Ainsi, selon le coran, deux conditions doivent être obligatoirement réalisées pour pouvoir prétendre à la réussite économique. Il s’agit de la foi ou ‘’imane’’ (la condition nécessaire ) et la piété ‘’taqwa’’(la condition suffisante). De même, le coran introduit une règle d’or pour parvenir au succès social, à travers la sourate 3, verset 104: « Il est du devoir des individus et des collectivités de demander le respect des règles prescrites et d’interdire leur violation . C’est une clef de succès social » Du point de vue économique, le respect des règles, renforcé par des mécanismes de sanctions, réduit les risques associés à l’incertitude et assure une meilleure coordination sociale.
Le conférencier a en outre présenté dans un tableau récapitulatif tous les éléments nécessaires à l’instauration d’un cadre institutionnel islamique. (Tableau 2). À travers ce tableau, l’on voit clairement que le modèle islamique est orienté vers la croissance. Ce modèle favorise la création de valeurs ajoutées; la consommation mesurée, sans excès, sans gaspillage et sans destruction de biens; l’épargne; la redistribution des richesses à travers la zakat (obligation islamique); l’investissement ainsi que l’obligation de partage des risques. De même, il veille au respect des contrats tout en corrigeant les asymétries d’ informations. Par ailleurs, pour vérifier la stabilité du modèle islamique, le Docteur Dieye a mené une étude de cas sur l’économie sénégalaise. Ainsi il a prouvé à travers
RÈGLES RELATIVES AUX ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES
(i) Principles S2V275 pierre angulaire des relations économiques et financières : Autorisation du contrat ‘Al-Bay’ et l’iinterdiction du Riba => mutualisation des risques i.e. partage des pertes et profits) ; (ii) Règles de comportement par secteurs économiques : ▪ Production activités : (i) secteur licites et non nuisibles soi-même et aux autres (S2 V267) ▪ Consommation licite, principe de modération, Interdiction du gaspillage des ressources, destruction des ressources et opulence (Coran S17V26-27).
▪ investissement : Prescription circulation de la richesse dans l'économie et interdiction de sa concentration entre quelques personnes (Coran S59 V7), - Règles des finances publiques - Règles du banking - Règles des relations extérieures
une simulation contrefactuelle basée sur le modèle malaysien, qu’un programme de politique économique dans un cadre institutionnel islamique, favoriserait la stabilité macroéconomique, la soutenabilité de la croissance et de la dette ainsi que la justice sociale (graphique N°1). Pour conclure, il a affirmé qu’il y a assurément du travail à faire pour le développement des économies en Afrique. Il a précise que même si cela est aujourd'hui perçu comme une utopie, la finance islamique pourrait bientôt devenir un impératif catégorique pour prévenir les crises économiques et sociales dans le monde.
Graphique N°1: Croissance économique contrefactuelle : Modèle islamique/ Projections officielles (2019- 2024)
Source: calcul de l’auteur. FMI (2020)
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OPINIONS
EDITION INAUGURALEDES IFC
Suite à la cérémonie inaugurale des Islamic Finance Conversations, qui s’est tenue le samedi 06 novembre 2021 au CRRAE-UMOA, l’équipe de Dexterity Africa a sélectionné quelques participants, afin de recueillir leurs opinions sur l’évènement. Notre équipe tient à remercier vivement l’ensemble des participants et à les rassurer, que leurs différentes remarques seront prises en compte pour la réussite des éditions futures.
M. OUATTARA O. CHEICK, Représentant du Ministre du Plan et du Développement
Cette première édition a été un grand succès, au regard de la forte affluence et la qualité des contenus livrés par plusieurs experts mondiaux du domaine. J’en profite pour vous adresser mes félicitations, à vous et votre équipe, pour cette belle initiative et sa bonne organisation
M. RIPERT BOSSOUKPE, Secrétaire Général du CREPMF
Finance Conversations » tombent à point nommé et c’est le lieu de féliciter Dexterity pour cette initiative qui contribuera à faciliter et surtout permettra de mieux s’informer et de se former sur les composantes de l’écosystème de l’économie islamique ainsi que ses opportunités.
Le chemin à parcourir est encore long et les actions de vulgarisation de la finance islamique au sein des populations sont à encourager. Quelles que soient les innovations apportées par la règlementation, le véritable essor d’un outil est tributaire de la compréhension, de la perception qu’en ont les principaux acteurs et de la promotion qui en est faite. Une fois le cadre règlementaire mis en place, il appartiendra aux acteurs du secteur privé de se l’approprier.
Dr. Adama DIEYE, Economiste, Auteur; Conférencier principal
C’est une expérience prometteuse de promotion de l’économie et de la finance initiée des jeunes fraichement sortis de l’Université et des écoles de formation. Une expérience qui fait des émules dans les autres régions de l’Afrique au Sud du Sahara , voire audelà. En somme une expérience à soutenir par les pouvoirs publics, de jeunes de la sous région.
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LES PARTICIPANTS TEMOIGNENT
M. ZIEMOGO OUATTARA
Expert Comptable Diplômé; Commissaire aux Comptes; Expert judiciaire Près de la Cour des Comptes
L’essor de la finance islamique en Afrique noire, et plus spécifiquement en Côte d’Ivoire entraînera indubitablement un changement important dans les paradigmes économiques et financiers. Et ce changement doit être impulsé par la jeunesse entreprenante et ambitieuse africaine. C’est pour cela que l’initiative portée par Dexterity Africa, à travers les « Islamic Finance Conversations » est fort louable et mérite d’être soutenue.
MYRIAM TIE LOU ANALYSTE FINANCIER , DIPLÔMÉ MBA FINANCE ISLAMIQUE
« Islamic finance conversations est une belle initiative du cabinet Dexterity africa. Cet évènement qui est l’un des premiers du genre est une réussite en ce sens qu’il a permis de rassembler plusieurs acteurs du monde de la finance dans une même salle. Pour moi l’organisation de ce genre de rencontre est indispensable pour la promotion de la finance islamique sur le continent africain. »
OPINIONS
M. ADAMA KONE
RESPONSABLE DE LA BANQUE DES FLUX , SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUES
je suis ravi d’avoir participé à ce grand évènement durant lequel j'ai beaucoup appris sur l’industrie de la finance islamique. Rien qu'à voir l’ambiance dans la salle, je peux dire que nous n’avons pas perdu notre temps. Connaissant personnellement le CEO de Dexterity Africa qui a cette habitude de produire des travaux de haute qualité, je n’ai pas été surpris par le niveau de l’évènement. Je souhaite que vous continuez dans cet élan. Nous serons toujours disponibles pour vous soutenir non seulement par notre présence, mais par tout autre moyen. Cela va aussi de notre intérêt car nous gagnerons à nous associer à l'essor de ce paradigme naissant sous nos tropiques.
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REVIVEZ EN IMAGES LES TEMPS FORTS DES IFC 2021
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Edition inaugurale des Islamic Finance Conversations: accueil et installation des invités, Allocutions des officiels, keynotes, conférences, échanges, interviews, présentation et dédicace de l’œuvre du conférencier principal. Revivez en images les temps forts de cette belle cérémonie.
Allocution de Mr Doumbia Boubakary , représentant du Député-Maire de la commune du Plateauc
Allocution de Monsieur M’baye Sidy , représentant du Secrétaire Général du CREPMF
Allocution de Ouattara cheick Oumar, représentant du Ministre du plan et du développement
Accueil de Monsieur Ouattara C. Oumar, représentant du Ministre du plan et du développement
Allocution de Mr SORY TOURE, CEO DE DEXTERITY AFRICA
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Allocution du Docteur Diaby Moussa Abdoul Kader, Directeur Général de l’INPHB
Edition inaugurale des Islamic Finance Conversations: accueil et installation des invités, Allocutions des officiels, keynotes, conférences, échanges, interviews, présentation et dédicace de l’œuvre du conférencier principal. Revivez en images les temps forts de cette belle cérémonie.
Allocution de Mr Dosso Adama, représentant du Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat
Intervention du Docteur Ibrahim GUINDO, représentant de Monsieur CISSE DJIGUIBA ABDALLAH, imam de la Grande mosquée du plateau
Intervention du Père Eric Norbert ABEKAN,
Conférence en ligne du Professeur Hussein ASKARI( Georges Whashinton University,USA), PhD en Economie Massachussets Institute of Technology (MIT), Fondateur de l’ Islamicity Index
Conférence du docteur ZAMIR IQBAL, VicePrésident et Directeur Financier de la Banque Islamique de Développement
Conférence du Docteur Adama DIEYE sur le thème: Crises économiques et sociales en Afrique : quelles propositions de solutions de l’économie islamique?
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Conférence du Père Eric Norbert ABEKAN, secrétaire exécutif national de la CECCI
Edition inaugurale des Islamic Finance Conversations: accueil et installation des invités, Allocutions des officiels, keynotes, conférences, échanges, interviews, présentation et dédicace de l’œuvre du conférencier principal. Revivez en images les temps forts de cette belle cérémonie.
Le Docteur Sylla Moustapha, Monsieur Adama Gorou et le magistrat Hamed Coulibaly n’ont pas manqué de participer à la séance de questions- réponses avec le Docteur Adama DIEYE , suite à son intervention.
Dédicace du livre intitulé An Islamic Model for Stabilization and Growth du Docteur Adama DIEYE
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Interview accordé par le CEO de DEXTERITY AFRICA à la presse
Cette
Edition inaugurale des Islamic Finance Conversations: accueil et installation des invités, Allocutions des officiels, keynotes, conférences, échanges, interviews, présentation et dédicace de l’œuvre du conférencier principal. Revivez en images les temps forts de cette belle cérémonie.
Le Père Eric Norbert Abekan, le Docteur Ibrahim GUINDO et les représentants d’institution captés par les interventions de nos différents conférenciers sur l’économie islamique
Docteur Aminata Kane , modératrice de cette édition inaugurale des islamic finance conversations.
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cérémonie a réuni un Important public composé de représentants d’institutions, de Directeurs d’entreprises, de guide religieux, d’éminents Professeurs et d’étudiants.
Edition inaugurale des Islamic Finance Conversations: accueil et installation des invités, Allocutions des officiels, keynotes, conférences, échanges, interviews, présentation et dédicace de l’œuvre du conférencier principal. Revivez en images les temps forts de cette belle cérémonie.
Echanges entre Mr Sory TOURE, CEO de DEXTERITY AFRICA et Monsieur AJAO Faousi, tous deux alumnis du MBA finance islamique CESAG, DAKAR .
Le père Eric Norbert Abekan et le Docteur Ibrahim GUINDO devant l’affiche du cabinet DEXTERITY AFRICA, initiateur des IFC
Docteur Adama Dieye prodiguant des conseils à deux de ses anciens étudiants du MBA Finance islamique du CESAG, DAKAR.
L’on a noté la présence de plusieurs hôtesses à cette cérémonie, chargées de renseigner et d’accueillir les illustres invités
Une participante s’imprégnant des produits et services du cabinet DEXTERITY AFRICA en finance islamique: www.dexterity-africa.com
Une participante s’imprégnant des produits et services du cabinet DEXTERITY AFRICA en finance islamique: www.dexterity-africa.com
Le père Eric Norbert Abekan devant l’affiche de Africa islamic fintech hub, entité de DEXTERITY AFRICA faisant la promotion des fintechs islamiques sur le continent: www.aifh.net
Docteur Adama Dieye prodiguant des conseils à deux de ses anciens étudiants du MBA Finance islamique du CESAG, DAKAR.
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Edition inaugurale des Islamic Finance Conversations: accueil et installation des invités, Allocutions des officiels, keynotes, conférences, échanges, interviews, présentation et dédicace de l’œuvre du conférencier principal. Revivez en images les temps forts de cette belle cérémonie.
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ECONOMIE ISLAMIQUE
Dr. Adama
DIEYE
Economiste, auteur, Ancien membre du Conseil d’Administration de la BCEAO et membre de plusieurs comités de supervision Charaique
Dans ce entretien accordé à l’équipe de IFC Magazine, Dr Adama Dieye expose les principes fondamentaux de l’économie islamique , les concepts de capital spirituel ainsi que le potentiel du modèle de risque sharing dans le développement économique et social
Propos receuillis par Namariama SAKO
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Economie islamique
La prise en compte de la spiritualité, voire du capital spirituel dans la conception des politiques de développement économique est récemment devenue une préoccupation particulière dans les cercles des académiques et décideurs politiques. Comment cet impératif est pris en compte dans le système économique islamique ?
De prime abord le concept de capital spirituel peut être exploré en tant qu'élément organisateur d'une utilisation efficiente du capital social, humain et financier, voire " les effets des pratiques, croyances, réseaux et institutions spirituelles et religieuses qui ont un impact mesurable sur les individus, les communautés et les sociétés’’
Il est important d’indiquer que dans la perspective islamique, le concept de capital spirituel est intrinsèquement intégré dans le système économique et social qui tire sa légitimité du Coran. En effet, le Coran a spécifié des règles de comportement prescrites par Allah (swt) pour tous les individus et toutes les sociétés, partout et à tout moment. Ce code de conduite régit les activités humaines dans tous leurs aspects - spirituel, moral, intellectuel, matériel et social. Ces règles ont été enseignées et appliquées par le Prophète (sawa) à Médine durant sa vie. .
Plus particulièrement, Allah (swt) fixe dans le Coran les conditions nécessaires et suffisantes de réalisation de la prospérité économique avec comme condition nécessaire la foi (imane) et comme condition suffisante la piété (taqwa). Allah (swt) prescrit également dans le Coran une règle d’or qui intime aux individus et aux collectivités de commander le respect des règles prescrites et d’interdire leur violation. Du point de vue économique, le respect de cette règle renforcé par des mécanismes de sanctions réduit les risques associés à l’incertitude et assure une coordination sociale.
Le capital spirituel est défini, selon vous, comme un ensemble de règles de conduite prescrites par le Coran, enseignées et pratiquées par le Prophète (saw). Comment opérationnaliser le modèle économique et sociale dérivé desdites règles de comportement immuables prescrites par Allah (swt ) pour tous les individus et toutes les sociétés ? Quels devraient être les prérequis de l’implémentation d’un tel modèle ?
D’un point de vue opérationnelle, sur la base de notre expérience professionnelle et académique, la mise en œuvre du modèle économique et social islamique s’appuierait sur : (i) une exploration systématique du Coran, pour en extraire un ensemble de règles de conduite, articuler ces règles de manière à définir un cadre institu-
tionnel islamique de politique économique et sociale ; (ii) la traduction des règles en un ensemble de principes économiques et d'objectifs à long terme qui constitueraient la base des orientations à recommander pour les politiques économiques et sociales (iii) la conception d’un modèle analytique de simulation de politique macroéconomique et sociale qui opérerait dans le cadre institutionnel précité . Ce modèle de simulation permettrait de simuler des options de politiques et de formuler en conséquence des propositions de recommandations de politiques susceptibles de favoriser les performances économiques et sociales souhaitées par les décideurs.
Il importe de relever que les leçons tirées des études de cas sur l'introduction de la finance islami-
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A l’évidence, après des décennies d’application du modèle conventionnel de financement dont les limites sont clairement reconnues, il parait rationel d’investiguer d‘autres paradigmes de financement alternatif, notamment la finance islamique
Allah (swt) fixe dans le Coran les conditions nécessaires et suffisantes de réalisation de la prospérité économique avec comme condition nécessaire la foi (imane) et comme condition suffisante la piété (taqwa).
que dans un système financier conventionnel suggèrent des conditions communes nécessaires à la mise en œuvre du modèle islamique de développement économique et social. Ces conditions comprennent : (i) la détermination et l'engagement politiques à mettre en œuvre le modèle économique et sociale dérivé des règles prescrites dans le Coran, (ii) des initiateurs, des communicateurs et des campagnes de sensibilisation crédibles pour les réformes économiques islamiques envisagées, (iii) une infrastructure juridique et judiciaire favorable et (iv) une introduction graduelle et
prudente des réformes pour laisser le temps de développer un large consensus pour le processus, le rendant ainsi politiquement et socialement plus durable
Vous avez publié en 2020 un livre sur un modèle islamique de stabilisation et de croissance économique. Quelle est la problématique centrale abordée dans l’ouvrage ? Comment intégrer les propositions d’orientation de politiques dudit modèle dans les choix de politiques macroéconomiques et sociales des Etats africains afin d’atteindre la stabilité macroéco-
Economie islamique
nomique et la croissance économique tant recherchées?
L’ouvrage aborde les questions urgentes relatives aux politiques d'ajustement macroéconomique. Il avance et explore l'idée que des modèles macroéconomiques d'ajustement et de croissance peuvent être conçus sur la base de préceptes de l’Islam qui fournissent une approche alternative aux politiques actuelles de stabilisation et de croissance pour les économies musulmanes et non musulmanes confrontées à des chocs macroéconomiques.
Le livre donne un aperçu du modèle macroéconomique de l'économie dominante (incluant l'examen des programmes macroéconomiques du FMI et de la Banque mondiale) et de celui de l'économie islamique. Avec le Sénégal comme étude de cas, la pertinence du modèle islamique est simulée à l'aide d'un cadre analytique de politique, sous les hypothèses de marchés libres et d'absence d'instruments de dette basés sur les taux d'intérêt. En utilisant la méthodologie de simulation contrefactuelle, le livre traite de la question suivante: comment l'économie sénégalaise s'ajusterait-elle en réponse à des chocs de politique économique compatibles avec les enseignements économiques tirés des règles prescrites dans le Coran? En définitive, le livre présente une étude empirique complète, qui tente de démontrer les avantages d'un programme de stabilisation et de croissance conçu en accord avec les enseignements de l’Islam.
. Préciser le concept de « risk sharing » et son importance dans l’économie islamique. Pourquoi jusqu’à présent les institutions financières rechignent à s’engager davantage vers ce modèle de risk sharing ?
Il importe tout d’abord de rappeler
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Economie islamique
deux principes fondamentaux qui régissent les activités productives et financières réelles en Islam:
(i) la licéité du contrat «al-bay» (ii) l'interdiction de «al-riba» et en conséquence l’adoption du principe de partage des risques « risk sharing » En se fondant sur un dicton du Prophète (sawa), le principe du « risk sharing » signifie que le droit au profit est en corrélation avec à la responsabilité ou le risque de perte, conformément avec le dicton du Prophète (sawa).
Une définition récente proposée par Askari et al.( 2015) est la suivante : "Un contrat ou un arrangement sociétal par lequel le résultat d'un événement aléatoire est supporté collectivement par un groupe d'individus ou d'entités impliquées dans un contrat ou par des individus ou des entités dans une communauté ".
Une autre implication des deux principes fondamentaux est que le taux de rentabilité financière est déterminé ex post par le taux de rendement de l'activité réelle.
présentation du système économique islamique d’une approche holistique du développement basée sur trois dimensions liées et interdépendantes. Quelles sont ces dimensions ? Comment fonctionnerait ce processus d’interdépendance et de liaison de façon pratique ?
Les trois dimensions interdépendantes de l’approche holistique islamique du développement sont les suivantes : - le développement individuel (de l’homme) par un processus d'évolution tirant l’homme de l’état d'obscurité créé par ses émotions et ses sentiments à la lumière de la pleine conscience de son Créateur, Allah (swt), au point que, avec son libre arbitre, il choisit se soumettre à la volonté de son Créateur - le progrès matériel et la croissance . Selon le Coran Allah SWT) a créé suffisamment de ressources pour satisfaire les besoins de toutes ses créatures. En
(outre, Tout dans l'univers est rendu inféodé à toute l'humanité par Allah (swt). Défi pour l'être humain c’est d’ acquérir plus de connaissances pour prospection et une utilisation durable des bienfaits universels - Développement de la collectivité humaine vers l'intégration, la cohésion et l'unité. En effet, il existe un lien organique entre les changements dans la conscience des individus et les changements dans la société. De ce point de vue, le respect des règles par les individus induit un changement dynamique et positif dans la société. En particulier, le Coran accorde une attention particulière au développement de la collectivité humaine vers l'intégration, la cohésion et l'unité.
Quel pourrait être l’apport de la finance islamique aux économies africaines et particulièrement aux pays membres de l’UEMOA ?
Il importe tout d’abord de mettre en en exergue les potentialités importantes de la sous région
Vous faites référence dans votre
pouvant être exploitées par politiques économiques et financières appropriées) pour relever les challenges économiques et sociaux : - un marché régional de 110 millions de consommateurs (dont 54% de confession musulmane) avec ouverture sur la CEADEAO i.e marché potentiel de 340 millions de consommateurs - un potentiel hydroélectrique dont seulement 10% sont mis en valeur ; - des ressources minières importantes : or, uranium, diamant, bauxite, `fer, les phosphates, le pétrole, le gaz, le manganèse, le marbre, le sel - des potentialités importantes dans les filières agricoles comme le café, le cacao, le coton, les oléagineux, l’anacarde , le caoutchouc, les céréales - un dispositif fiscal et un système comptable harmonisés, une harmonisation des tarifs douaniers applicables aux produits hors union; etc. A l’évidence, après des décennies d’application du modèle
conventionnel de financement dont les limites sont clairement reconnues, il parait rationnel d’investiguer d‘autres paradigmes de financement alternatif, notamment la finance islamique . En effet, la finance islamique globale ce sont des ressources de financement considérable, notamment Des actifs financiers conformes à la Charia projetés à 3 000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie (contre 2 100 milliards de dollars à la fin de 2016). une éthique des affaires fondées sur des valeurs éthiques clés prescrites dans le Coran : justice, sacralité des contrats; loyauté, honnêteté et intégrité, bonne gouvernance et transparence, compétition certes, mais également, coopération et solidarité, protection des droits; des mécanismes uniques d’inclusion financière et de redistribution (quard hasan, Zakat institutions; waqf ) respect et protection de l’environnement, exemple de la promotion des investissements
socialement responsables ; des green sukuk, etc
En somme, un cadre de politique qui concilie performance économique, éthique des affaires responsabilité sociale et environnementale.
Evidemment mobiliser ces ressources nécessitent la mise en œuvre de politiques d’attractivité et de compétitivité performantes de l’espace régionale (incluant notamment la politique des ressources humaines
Que pensez-vous que l’initiative « Islamic Finance Conversations » puisse apporter à ces processus ?
C’est une expérience prometteuse de promotion de l’économie et de la finance initiée des jeunes fraichement sortis de l’Université et des écoles de formation. Une expérience qui fait des émules dans les autres régions de l’Afrique au Sud du Sahara , voire au-delà. En somme une expérience à soutenir par les pouvoirs publics, de jeunes de la sous région.
DEDICACE DU LIVRE AN ISLAMIC MODEL FOR STABILITY AND GROWTH LORS DU LANCEMENT DES IFC Economie islamique
Le marché mondial de la finance islamique a enregistré continuellement sur ces dernières années une croissance remarquablement forte, avec un taux de croissance annuelle cumulée de 3,5 %. Le potentiel des actifs financiers islamiques sous gestion est estimé à plus de 3,5 trillions de dollars en 2024 pour un taux de croissance prévue de 5%. Ce marché à fortes potentialités
présente d’énormes opportunités à saisir par les décideurs et gouvernants de la Côte d’Ivoire, première puissance économique de l’UEMOA, qui, pour atteindre l’émergence, doit diversifier les sources de financement et exploiter au mieux les instruments de la fiance islamique encore en phase embryonnaire dans le pays.
Ld’importants développement, elle s’est majeure dans l’économie mondiale. Marquée par économie islamique a acquis une importance profondément diversifiée dans les pays les plus avancés en la matière tels que la Malaisie, le Bahreïn, l’Iran ( ) en intégrant les industries du médicament, de l’alimentation, la cosmétique, du tourisme, de la mode, des médias et du divertissement. Avec quasiment tous ses compartiments enregistrant continuellement une croissance de leurs actifs, elle a reçu à s’intégrer dans l’économie mondiale et pourrait devenir dans les années à venir l’un des potentiels concurrents du modèle financier traditionnel dans certains pays Parmi les différentes options financières islamiques en présence, le marché de la finance islamique s’est révélé être le secteur qui a enregistré, ces dernières années, la croissance la plus élevée. En effet, les actifs sous gestions dans ce secteur en 2019 ont atteint, selon la plate-forme mondiale d’informations consacrée à l’économie islamique, Salaam Gateway, plus de 2800 milliards $
Avec un taux de croissance annuelle de 3,5 % cumulé, son potentiel est estimé à plus de 3700 milliards de dollars en 2024, selon la même source. Pour cause, la finance islamique est parvenue
à tenir le rythme des rapides changements du marché en intégrant la technologie (à travers les Fin Tech), les crypto-monnaies et la banque digitale, tandis que les entreprises et les gouvernements continuent d’émettre les sukuks (titres financiers islamiques) pour lever des fonds sur les marchés financiers où, au plan mondial, 466 milliards de sukuks et plus de 105 milliards de bons islamiques ont été émis en 2018 (rapport Salaam Gateway, 2020)
Les opportunités offertes par la finance islamique sont énormes pour les pays en développement et en particulier pour la Côte d’Ivoire
En effet, pour la mise en œuvre de ses différents PND (Plan National de Développement), et l’amélioration du niveau de vie des populations, l’Etat ivoirien intervient souvent sur les marchés financiers pour lever des capitaux
La finance islamique pourrait, dans ce sens, être une opportunité que les autorités pourraient saisir pour diversifier les sources de financement. De surcroît, une option dans laquelle les produits financiers islamiques prendraient toutes leurs places cadrerait bien avec l’environnement règlementaire de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) qui lui est totalement favorable Aussi la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a-t-elle promulgué des instructions relatives au secteur bancaire et à la microfinance islamique La Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance (CIMA)
a, quant à elle, mis en place un cadre règlementaire relatif aux opérations d’assurance takaful et, le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) a entrepris un projet de textes relatifs à la mise en place d’un cadre règlementaire dédié non seulement au marché des capitaux islamiques et leurs véhicules d’émission et de gestion mais aussi aux Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) islamiques Comme on peut le constater, les différentes institutions financières nationales et sous-régionales s’ouvrent de plus en plus au format de la finance islamique La Côte d’Ivoire gagnerait peut-être à donner plus de place à ce modèle financier dynamique qui fait déjà le bonheur de plusieurs pays émergents
SECTEUR DE LA FINANCE ISLAMIQUE
En dépit de son expansion fulgurante dans les pays du Golf, au Moyen-Orient, en Asie du SudEst, en Afrique du Nord et dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire accuse un énorme retard en termes d’adoption et de dynamisation de
la finance islamique Cependant, depuis 2015, la finance islamique en Côte d’Ivoire connaît de plus en plus de mutations avec l’arrivée de nouveaux acteurs et produits tant dans le secteur privé qu’au sein des institutions publiques
Secteur bancaire
Le secteur bancaire ivoirien s’illustre comme l’un des plus prolifiques de l’espace UEMOA Selon le rapport de la BCEAO (2020) sur l’activité bancaire au sein de l’UMOA, il existe, sur l’ensemble de l’espace économique 152 établissements agréés dont 131 banques et 21 établissements à caractère financier dont une trentaine d’institutions bancaires exerçant sur le territoire ivoirien Hormis le Sénégal (27 banques) dont le nombre de banques avoisine celui de la Côte d’Ivoire, les autres pays enregistre chacun un nombre largement inférieur : le BurkinaFaso occupe la 3ème place avec 15 banques Viennent ensuite le Bénin, le Mali, le Niger et le Togo avec 14 banques chacun et la Guinée-Bissau avec 6 banques En dépit des instructions n°002-03-2018 et n°00405-2018 de la BCEAO relatives, respectivement, aux dispositions particulières applicables aux établissements de crédit et aux caractéristiques techniques des opérations de finance islamique
exercées par les établissements de crédit, le secteur bancaire ivoirien n’a pas encore enregistré la création d’une banque exclusivement islamique A ce jour, seul le groupe bancaire, Coris Bank International Baraka, a ouvert une fenêtre islamique dédiée exclusivement à la fourniture des produits financiers islamiques en Côte d’Ivoire, tout comme dans six autres pays de l’union Pourtant, au regard du faible taux de bancarisation en Côte d’Ivoire (environ 19 % selon les autorités), la finance islamique pourrait se révéler comme un puissant moteur d’inclusion financière, de lutte contre la pauvreté tout en favorisant l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD)
Secteur de la microfinance
Selon la Direction de la Réglementation et de la Surveillance des Systèmes Financiers Décentralisés (DRSSFD), au 30 novembre 2020, l’on dénombrait 45 Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) ou institutions de microfinance en Côte d’Ivoire Parmi eux, deux structures essaient de proposer des produits de microfinance islamique. Il s’agit de RAOUDA
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FINANCE, basée à Abidjan, la capitale économique, avec ses 4 agences qui proposent des produits classiques (un Livret charia compatible ouvert à l’adhésion de tout sociétaire, lui donnant accès aux autres produits), des produits d’épargne, de financement, de micro-assurance et des services de consulting, et, AL BARAKAT, basée à Daloa, ville au Centre Ouest De toute évidence, le secteur de la microfinance islamique est embryonnaire en Côte d’Ivoire L’inexistence, jusqu’en 2018, d’un cadre règlementaire adéquat tenant compte des spécificités de la finance islamiques, l’insuffisance de ressources financières et le défaut de compétences de certains agents des Institutions de Microfinance (IMF) islamiques existantes, sont quelques unes des contraintes qui ont pesé sur le développement des activités des IMF islamiques dans le pays. Dans ce contexte, les instructions n° 00303-2018 et n°005-05-2018 de la BCEAO relatives, d’une part, aux dispositions particulières applicables aux SFD, et d’autre part, aux caractéristiques techniques des opérations de finance islamique exercées par les SFD ajoutées à une relative augmentation des offres de formation en finance islamique ainsi que la disponibilité des diplômés, constituent de nouvelles opportunités qui pourraient permettre de dynamiser ce secteur en Côte d’Ivoire
Le développement du secteur de la microfinance islamique en Côte d’Ivoire pourrait permettre à des millions de personnes défavorisées des secteurs agricoles et des PME (contribuant respectivement à hauteur de 25% et 18% du PIB national et employant plus de 70% de la force de travail, selon les autorités) d’accéder à des services financiers innovants En effet, la microfinance offre des produits financiers accessibles et adaptés à
tous les secteurs Par exemple, en matière de financement du secteur agricole, le produit « salam » pourrait y être bien adapté. Cette forme de financement qui consiste en un contrat de vente à terme et à paiement au comptant pourrait permettre à de petits producteurs agricoles » ivoiriens de bénéficier immédiatement non seulement d’un apport financier pour combler les besoins de financement du fonds de roulement et de certaines charges d’exploitation de leurs activités, mais aussi de l’absence totale de taux d’intérêts, et la certitude pour l’agriculteur de l’achat de sa production par l’IMF islamique
Les contrats Salam, Moucharaka et Moudaraba conviennent au contexte des pays en développement en s’adaptant facilement au financement des secteurs agricole et celui des PME
La panoplie des produits financiers islamiques participatifs tels que la Moucharaka et la Moudaraba, conviennent et s’adaptent facilement aux besoins des PME
Dans un financement de type Moudaraba, l’IMF islamique peut prendre en charge le financement total de l’investissement, en intervenant comme associé. Cela pourrait permettre aux PME nécessitant un investissement d’amorçage d’avoir gain de cause
Quant au financement de type Moucharaka, il consiste en un contrat entre deux (ou plusieurs) parties pour le financement d’un projet dont les pertes ou les profits sont distribués au prorata des contributions respectives au capital.
Il convient de retenir que la microfinance islamique représente un grand potentiel en Côte
d’Ivoire pour répondre aux besoins de plusieurs secteurs économiques et permettre de sortir de milliers de personnes défavorisées de la pauvreté et d’améliorer l’inclusion financière.
Des actions en faveur de son développement devraient être initiées, renforcées et pérennisées par les décideurs politiques
Secteur des assurances
Selon les résultats de l’exercice 2020 publiés par l’association des Sociétés d’Assurances en Côte d’Ivoire (ASACI), le marché ivoirien des assurances se porte bien malgré la pandémie de la Covid-19 Il s’est montré résilient face à cette crise qui a bouleversé l’économie mondiale Le secteur a enregistré une croissance annuelle de son chiffre d’affaires en 2020 de 6 % par rapport à l’exercice précédente En dépit de cette grosse performance au niveau du secteur, le taux de pénétration du marché reste très faible, se situant en dessous de 2% selon le ministère de l’économie et des finances Ce contexte décrit donc un marché à potentiels énormes. En 2021, selon le site web de l’ASACI, il existait 32 compagnies d’assurances en Côte d’Ivoire Cependant, seule la compagnie d’assurance Takaful Assurance By Leadway Vie, propose à ce jour des produits de l’assurance islamique C’est dans cette configuration que la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance (CIMA), à l’instar de la BCEAO, a adopté et mise en œuvre en 2019, le règlement n°003 / CIMA / PCMA /PCE 2019 portant règlementation des opérations d’assurances Takaful dans les Etats membres de la CIMA De telles dispositions pourraient donner un coup d’accélérateur au succès du takaful aux pays membres de la CIMA en général et particulièrement en Côte d’Ivoire.
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L’assurance islamique se distingue dans ses principes de l’assurance conventionnelle Elle fonctionne sous forme d’accords d’entraide, de solidarité entre membres d’une communauté
Les primes des adhérents sont considérées comme des contributions à un fonds commun établi dans le but de répartir le risque de survenance d’un évènement malheureux touchant un membre du groupe Les adhérents sont à la fois assureurs et assurés Déjà, les pratiques associatives communautaires, communément appelées tontine, basées sur la solidarité, l’esprit de groupe sont répandues à travers les villes en Côte d’Ivoire, même si parfois on peut noter une certaine mauvaise organisation et un manque de coordination Il apparait donc évident que les atouts d’éthique, d’organisation et de professionnalisme associés au takaful seront de véritables opportunités au profit des populations défavorisées Les ivoiriens de toutes les classes sociales pourront donc souscrire à une assurance saine et crédible pour se prémunir contre la survenance de certains risques
islamique, une donation faite à perpétuité par un particulier à une œuvre d’utilité publique, pieuse ou charitable Le bien ainsi donné en usufruit est alors placé sous séquestre et devient inaliénable
Le Waqf et la Zakat constituent des instruments centraux dans l’évolution des sociétés musulmanes. Ils contribuent fortement au développement dans tous les domaines de la vie, tant religieuse, économique, sociale et même politique Dans les pays où elle est bien structurée et institutionalisée, la Zakat suscite une augmentation du revenu global permettant ainsi de réduire et d’apaiser les incidences de la pauvreté. Elle contribue également à la création de nouvelles opportunités grâce aux investissements dans des projets créés par les organismes de la zakat au profit des pauvres et des nécessiteux et financés par les fonds de la zakat.
Ces projets sociaux contribuent fortement à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales à travers leur accès à l’éducation, la santé, la formation, la vulgarisation agricole ainsi que l’équipement de l’infrastructure de base tels que les ponts ruraux, l’adduction à l’eau potable, etc.
La zakat a aussi un rôle primordial dans la cohésion de la société humaine, les nantis étant amener à transférer une partie de leur richesse aux nécessiteux.
soutenue, selon ses fondateurs, par l’ensemble des guides religieux de la communauté musulmane L’objectif de la fondation, selon les dirigeants, est, d’une part d’aider les musulmans à s’acquitter de la zakat et, d’autre part, de mieux utiliser les fonds recueillis pour le développement de la solidarité au sein de la communauté Pourtant, sur le site internet de la fondation, on peut noter les chiffres clés suivants : des kits distribués à 152 familles, plus de 1 million 200 mille de dons en nature et plus de 5 millions de Zakat distribuée.
Ces chiffres dénotent d’un faible taux de collecte et de distribution au niveau de la fondation Pour permettre au secteur de la finance social islamique en Côte d’Ivoire de contribuer plus efficacement à la lutte contre la pauvreté, pour l’atteinte des objectifs de développement durable, il est nécessaire de mieux réorganiser la gouvernance de la fondation. Cela nécessite l’adoption de nouvelles stratégies et de nouveaux outils de pilotages performants pour permettre au secteur d’atteindre les objectifs qu’il s’est assigné
Dans un premier temps, les dirigeants pourraient commencer par une meilleure structuration du site internet de la fondation pour le rendre plus flexible et l’animer fréquemment à travers la publication d’informations utiles au sujet de leurs actions mais aussi sur l’importance, le mode de détermination de la zakat et l’obligation pour ceux qui sont solvables de s’en acquitter
Ce secteur est organisé autour de la Zakat et du Waqf.
La zakat ou l’aumône légale est le troisième pilier de l’islam. Elle est une obligation imposable à tout musulman dont le capital (ou les économies) annuel atteint un certain montant, de donner une part de celui-ci (généralement 2 5 %) aux démunis de sa communauté Le Waqf est, dans le Droit
Vu son important rôle économique et social, certains pays avec l’aide technique du PNUD ont entrepris l’élaboration d’instruments pour une meilleure collecte et utilisation des fonds de la zakat pour mieux lutter contre la pauvreté et juguler le taux de chômage.
Il existe une Fondation Zakat & Waqf en Côte d’Ivoire. Elle a été créée le 30 juillet 2010 et serait
Dans un second temps, en partenariat avec les acteurs du secteur financier, en l’occurrence le mobile banking, il faudrait rendre accessible, facile et incitatif le paiement de la zakat.
Finalement, une attention particulière devrait être accordée à l’éducation de la population au sujet de la zakat ainsi qu’à la transparence dans la gouvernance de la fondation et des fonds collectés.
Le taux de pénétration du marché ivoirien des assurances se situe en dessous de 2% (Ministère de l’économie et finances, 2020)
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Finance sociale islamique
Le marché financier
La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est le marché financier des huit pays ayant en commun la monnaie FCFA en Afrique de l’Ouest Depuis 2014, ce marché a enregistré l’introduction de nouveaux acteurs ainsi que de nouveaux produits En effet, face aux besoins grandissants de financement que les investisseurs traditionnels n’arrivent plus à couvrir, quatre pays, à savoir la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Togo, ont levé, chacun, des capitaux sur le marché secondaire de la BRVM à travers l’émission de Sukuk (titres financiers islamiques), malgré l’inexistence d’un cadre règlementaire spécifique aux Sukuk sur ce marché. Le Sénégal a été le premier parmi eux à intervenir sur le marché à travers l’émission de Sukuk d’un montant total de 250 milliards de FCFA L’opération s’est déroulée en deux émissions de sukuk : le premier, dénommé Sukuk Etat du Sénégal 6,25 % (2014-2018), émis en Juin 2014 d’un montant de 100 milliards de FCFA et le second, émis en 2016 avec une maturité de 10 ans, d’un montant de 150 milliards de FCFA au taux de rendement de 6% L’Etat de Côte d’Ivoire a également eu recours aux Sukuk en 2015 pour financer ses projets d’infrastructures à hauteurs de 300 milliards de FCFA. Comme les Sénégalais, les autorités ivoiriennes ont aussi procédé à l’émission de deux sukuk : Le premier, dénommé « Sukuk Etat de Côte d’Ivoire 5,75 % (2015-2020) », d’un montant de 150 milliards de FCFA a été émis en décembre 2015 Le second, du même montant et des mêmes caractéristiques, s’étand sur la période 2016-2023. Le Mali et le Togo ont aussi lancé chacun une opération d’appel public à l’épargne d’un montant de 150 milliards Parmi ces quatre pays qui ont eu recours aux sukuk, la Côte d’Ivoire demeure à ce jour le pays qui a pu mobiliser le plus de ressources avec des taux de rendement des titres relativement inférieurs, comparatiement à ses voisins
En une décennie, la BRVM est devenue la première place financière en émission de sukuk sur le continent africain avec 850 milliards de FCFA, devant les places financières de Khartoum (65 milliards de FCFA), et de Tunis
Fort du succès des émissions de sukuk réalisé par des Etats de l’UMOA, le CREPMF a entreprit des actions de reforme du marché financier régional en vue de le doter d’un cadre règlementaire dédié au marché des capitaux islamiques
SIDI MBAYE, Représentant du Secrétaire Général du CREPMF le 6 novembre au lancement des IFC.
(plus de 3 milliards de FCFA) et de l’Afrique du Sud (250 milliards de FCFA) malgré le fait que les émissions de ce pays se soient réalisées sur la bourse de Luxembourg
Pour mieux structurer le marché des capitaux islamiques au niveau de la BRVM, en 2021, le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF), organe régulateur de la BRVM, a entamé certaines démarches pour la mise en place d’un cadre réglementaire En effet, suite à un appel d’offre international, le consortium de cabinets IFAAS (Islamic Finance Advisory & Assurance Services) et Kramer Levin, ont été sélectionnés par le CREPMF afin d’élaborer des projets de textes pertinents et adaptés au contexte UEMOA Ces projets de textes sont relatifs d’une part, au cadre réglementaire pour les instruments financiers islamiques et leurs véhicules d’émission et de gestion et d’autre part, aux Organismes de Placement Commun en Valeurs Mobilières (OPCVM) islamiques
A cet effet, le récent communiqué du CREPMF annonçant l’ouverture d’une consultation publique sur les avant-projets de textes livrés par le consortium de consultants, relatifs à la mise en place du cadre règlementaire est à saluer Le prochain atelier de validation des projets de textes règlementaires prévu pour le Jeudi 24 février 2022 à Lomé(Togo) devrait permettre de consolider les différentes observations avant la présentation au Conseil des Ministres de l’UMOA
Perspectives de la finance islamique en Côte d’Ivoire
Contrairement à la zone de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (CEMAC), la zone UEMOA a enregistrée une avancée notable en terme de conformité du cadre règlementaire aux principes et règles de la finance islamique. Cependant, malgré l’élaboration des textes par les différentes institutions de régulation de la zone pour encadrer la mise en place et le développement des activités de la finance islamique, des contraintes d’ordre comptable et fiscal subsistent Pour pallier ces contraintes, un certain nombre d’actions pourraient être envisagées. Dans un premier temps, l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), à laquelle sont membres tous les pays de l’union, pourrait prendre en compte la spécificité des activités de la finance islamique afin de permettre une comptabilisation conforme de ses opérations. Dans une seconde période, chacun des Etats membres de l’UMOA pourrait faire adopter des projets de lois pour faire intégrer les spécificités de la finance islamique dans la loi de finance pour juguler les problèmes de double taxation de certaines opérations.
Dans le contexte actuel, la pratique
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de la finance islamique présage de bonnes perspectives dans la zone UEMOA et particulièrement en Côte d’Ivoire. Néanmoins, un important travail de sensibilisation et de formations des différents acteurs devrait être entrepris pour leur faire prendre conscience des enjeux de ce paradigme financier naissant en Côte d’Ivoire et qui serait capable de déclencher une réelle révolution du paysage de la finance dans le pays. Pour y parvenir, le rôle de l’Etat sera tout aussi important vu que le développement du secteur de la finance islamique nécessite une volonté politique, économique des décideurs et un cadre politique, sécuritaire et économique apaisé et propice L’Etat pourrait aussi, à travers le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, instaurer des programmes de formation, un Master professionnel et de recherche, en finance islamique aux étudiants inscrits en économie, finance et droit Cette offre de formation, qui devrait être complète,
accessible et de qualité, permettrait à un grand nombre d’étudiants qui le désirent de recevoir une formation adaptée permettant ainsi de faire face aux nombreux challenges dus aux spécificités contenues dans le processus de structuration des montages financiers islamiques En dépit des avancées enregistrées en termes de conformité du cadre règlementaire dans l’espace communautaire UMOA, les défis futurs à relever en commun et pour chaque pays restent nombreux. Toutefois, ces défis ne sont pas insurmontables. Il suffit d’y porter plus d’attention, de se fixer des priorités et s’inspirer de l’expérience des pays déjà avancés dans la pratique de la finance islamique La dynamisation du secteur de la finance islamique en Côte d’Ivoire sera donc, et à terme, susceptible de favoriser une meilleure mobilisation des ressources dans le cadre du financement des PND ainsi qu’une croissance économique soutenue, et l’atteinte des ODD
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Lagassane Ouattara
La marche vers le premier véhicule d’investissement souverain
Conceptualisation
Le fonds souverain dont nous proposons la mise en place, se veut être un véhicule d’investissement stratégique dont la mission principale est de concevoir et mettre en œuvre la politique de l’Etat de Côte d’Ivoire en matière
d’investissement dans le secteur privé. Son objectif principal est de mobiliser des capitaux internes à travers divers canaux (qui feront l’objet d’un autre article) pour financer des projets à fort potentiel portés par le secteur privé, permettant ainsi de créer les conditions d’une croissance durable, créatrice d’emplois et de richesse
En tant que levier opérationnel de la politique de prise de participation de l’Etat, le Fonds d’investissement devra prendre la forme d’une entité indépendante rattachée à une structure de tutelle à définir par le gouvernement (Ministère ou Primature ou Présidence de la République etc ) Ses missions clés s’articulent autour des aspects suivants :
-Promouvoir le rôle d’Etat investisseur
• Federer les actions d’investissement de l’Etat et améliorer la rentabilité du portefeuille
• Proposer une alternative aux privatisations en protégeant les intérêts de l’Etat dans les sociétés privées
• Permettre aux ministères de se focaliser sur la formulation des politiques publiques
-Optimiser la gestion des ressources extrabudgétaires de l’Etat
• Etre un vecteur de centralisation des ressources publiques extrabudgétaires
• Fructifier les ressources collectées à travers les méthodes modernes d’investissement
-Renforcer le secteur privé local
• Mettre des capitaux à la disposition des entreprises locales
• Bâtir des champions nationaux
ivoirien
-Créer de la richesse pour les générations futures
• Constituer une épargne intergénérationnelle en réservant une part importante des retours sur investissement aux générations futures Il convient de préciser qu’en pratique, le Fonds souverain ne reprendra pas le portefeuille d’investissement actuel de l’Etat puisque la plupart des entreprises composant celui-ci ne respectent pas les critères de la stratégie d’investissement envisagée Il s’agira de créer un nouveau portefeuille au profil différend en investissant dans des niches à fort potentiel de croissance et de rentabilité Toutefois, une revue approfondie du portefeuille existant sera effectuée et un nombre limité d’actifs respectant les critères d’investissement du fonds souverain pourraient être repris dans la mesure du possible
“En tant que levier opérationnel de la politique de prise de participation de l’Etat, le Fonds d’investissement devra prendre la forme d’une entité indépendante rattachée à une structure de tutelle à définir par le gouvernement”
Comme nous le démontrerons dans les prochaines parutions, l’avènement du fonds souverain pourra significativement contribuer à améliorer la gestion des entreprises publiques à travers la mise en place de système de gouvernance robuste pour prévenir les cas de détournements et autres malversations qui ont défrayé la chronique au cours des derniers mois
A suivre…
Lagassane Ouattara travaille au sein de la Banque Islamique de Développement en tant que Senior Investment Officer Il intervient notamment sur des opérations de financement du secteur privé dans les pays membres de l’institution repartis sur divers continents dont l’Afrique, le Moyen Orient, l’Asie Centrale, l’Amérique Latine etc Au dela de ses activités professionnelles ,Lagassane produit régulièrement des réflexions portant sur des sujets économiques et financiers et qui sont publiées dans des revues reconnues comme Jeune Afrique et Tycaon
Senior Investment Officer Banque Islamique de Développement
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M. Eric Odilon Bah est titulaire d’un MBA en finance islamique et actuellement auditeur au Programme de Gestion de la Politique Economique(GPE). Il nous entretient sur les potentialités de l’industrie de la finance islamique à contribuer à la croissance économique et la lutte contre la pauvreté, challenges déterminants à la réalisation du PND.
La mise en œuvre des deux (02) PND 2012-2015 et 20162020 s’est soldée par des résultats satisfaisants aussi bien sur le plan économique que social. En effet, le taux de croissance annuel moyen était de 6,9% sur la période 2016- 2019. La réalisation des infrastructures de base a permis d’assoir un fondement solide pour cette croissance, justifiant de ce fait, la résilience de l’économie aux différentes perturbations enregistrées, notamment la crise sanitaire de 2020, les tensions sociales de 2017 etc. Ainsi, en 2020 le taux de croissance s’est établi à 2% alors que la plupart des pays du monde enregistraient une récession. Toutefois, les années 2019 et 2020, se sont respectivement soldées par des déficits budgétaires de 2,3% et de 5,5%. Quant à l’inflation, elle est toujours maintenue en dessous de la norme communautaire de 3% Par ailleurs, selon l’étude diagnostic
du PND 2021-2025 (Tome 1), l’économie ivoirienne a connu un début de transformation structurelle, même si celle-ci s’est opérée à un rythme plus lent que celui des pays émergents (Corée du Sud, Malaisie, Thaïlande). En effet, les parts des secteurs primaire et secondaire se renforcent progressivement passant respectivement de 18,4% et 19,5% du PIB en 2015 à 21,4% et 20,9% du PIB, en 2020. Sur la même période, la contribution des services a régressé passant de 47,8% à 42,1%.
Au niveau social, l’incidence de la pauvreté a baissé de 5,9 points, passant de 46,3% en 2015 à 39,4 en 2018. En dépit des progrès économiques et sociaux susmentionnés, d’importants défis restent encore à relever. Ainsi le diagnostic stratégique du PND 20212025 a permis de mettre en lumière les défis suivants :
- Le défi de l’accélération de la transformation structurelle de l’économie, - Le défi de l’accroissement des investissements privés et le renforcement de leur qualité,
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- Le défi du renforcement du financement de l’économie par l’approfondissement du système financier, Le défi du développement du capital humain et l’amélioration de sa productivité
- Le défi de la croissance inclusive, créatrice d’emplois, réductrice de la pauvreté et des inégalités,
- Le défi de la fourniture d’infrastructures de soutien à l’investissement,
- Le défi de la lutte contre le changement climatique et à la préservation de l’environnement,
- Le défi du renforcement de la consolidation de la paix et de la gouvernance dans toutes ses composantes.
Pour faire face à ces défis, le PND 2021 -2025, fondé sur Le programme Présidentiel qui invite à bâtir « Une Côte d’Ivoire meilleure, Une Côte d’Ivoire Solidaire » a pour objectif global : la transformation économique et sociale nécessaire pour hisser la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2030, au rang des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Pour ce faire, les hypothèses de croissance retenues font état d’un taux de croissance moyen du PIB sur la période 2021- 2025 de 7,65% avec un niveau total d’investissement de 58 999,9 milliards de FCFA dont 15 353,2 milliards de FCFA pour le secteur public et 43 646,7 milliards pour le privé.
Vue le niveau important de ces investissements, les sources habituelles de financement ne sauraient suffire à les réaliser. Ainsi la stratégie de financement du PND prévoit entre autre la mise en place de nouveaux instruments financiers.
Dans ce contexte, la finance islamique apparaît comme une opportunité pour contribuer non seulement au projet de développement de nouveaux produits financiers mais aussi comme un nouveau système qui va s’adjoindre au système financier classique pour apporter des réponses efficaces et rapides aux différentes problématiques relevées plus haut.
Dans ce sens, l’ouverture du système financier ivoirien à la finance islamique ouvre la voie à une précieuse source de croissance économique à travers une mobilisation plus intense des ressources financières disponibles ainsi qu’à la réalisation de projets d’investissement additionnels.
D’abord, l’accès effectif aux produits financiers islamiques facilitera les échanges
de biens et de services conformes à la législation islamique. Ainsi, l’interaction entre ces échanges, la spécialisation, l’efficacité productive et l’innovation permettra de booster davantage notre économie vers le développement. Cette interaction se produira autant au niveau national qu’au niveau international car le développement des échanges contribuera à la mobilité des capitaux qui, à son tour, va nourrir la vigueur du commerce international.
Ensuite, la finance islamique pourrait élargir les possibilités de financement du développement du système financier ivoirien. Car dans sa composante participative (Partage des Pertes et des Profits), la finance islamique tient plus en compte de la profitabilité du projet financé que de la solvabilité du porteur du projet. Dès lors, elle permettra de financer des projets viables qui ne le seraient pas en finance conventionnelle, faute de solvabilité suffisante de l’entrepreneur. Le financement islamique élargirait ainsi les possibilités de concrétisation de projets d’investissement, sources de croissance. Enfin, la coexistence de la finance islamique et de la finance conventionnelle en Côte d’Ivoire, offrira l’avantage d’élargir l’éventail des choix de financement des projets d’investissement. Elle contribuera alors à atteindre une plus
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 64 LA COEXISTENCE DE LA FINANCE ISLAMIQUE ET DE LA FINANCE CONVENTIONNELLE EN CÔTE D’IVOIRE, OFFRIRA L’AVANTAGE D’ÉLARGIR L’ÉVENTAIL DES CHOIX DE FINANCEMENT DES PROJETS D’INVESTISSEMENT. ELLE CONTRIBUERA ALORS À ATTEINDRE UNE PLUS GRANDE EFFICACITÉ DANS L’ALLOCATION DES RESSOURCES, CE QUI POURRAIT AVOIR DES RETOMBÉES POSITIVES SUR LE DÉVELOPPEMENT ET LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE.
d’instruments de la finance sociale islamique destinées à favoriser l’inclusion financière et à subvenir aux besoins des couches les plus vulnérables.
Ils permettent ainsi, de garantir une meilleure redistribution des revenus entre les différentes catégories de la société. Au vu de certaines fonctions dont il dispose, le waqf constitue un puissant instrument de redistribution de richesse et de relance économique. Ses revenus pourraient contribuer à améliorer le niveau de scolarisation, l'offre d'emploi et l'accès aux soins médicaux. A titre indicatif, les universités publiques telles que l'Université Al Quaraouiyine au Maroc, l’Université Ez-Zitouna en Tunisie, l'Université al-Azhar et l'Université du Caire en en Égypte
sont subventionnées par des fonds waqf. Ces établissements scolaires ont joué un rôle essentiel dans le développement de l'enseignement supérieur dans ces pays (Nourhan, 2015). Waqf et Zakat pourraient être actives dans les domaines sociaux que l’Etat ne couvre pas suffisamment, offrant dès lors une alternative aux services étatiques, sans décharger l’Etat de ses responsabilités. En finançant de telles dépenses, la finance islamique est susceptible alléger les contraintes budgétaires de l’Etat et améliorer le développement humain mesuré par des indicateurs tels que le taux de mortalité infanto-juvénile, le taux d'alphabétisation des adultes, le taux de scolarité ou encore le taux de pauvreté.
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 65 la transformation économique et sociale nécessaire pour hisser la Côte d’Ivoire,
l’horizon
revenu
L’OUVERTURE DU SYSTÈME FINANCIER IVOIRIEN À LA FINANCE ISLAMIQUE OUVRE LA VOIE À UNE PRÉCIEUSE SOURCE DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE À TRAVERS UNE MOBILISATION PLUS INTENSE DES RESSOURCES FINANCIÈRES DISPONIBLES AINSI QU’À LA RÉALISATION DE PROJETS D’INVESTISSEMENT ADDITIONNELS.
à
2030, au rang des pays à
intermédiaire
de la tranche supérieure.
66 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
ECONOMIE & DEVELOPPEMENT
Cheick Oumar
OUATTARA
Conseiller technique du Ministre du Plan et du Développement en charge des partenaires Financiers Arabes
Au regard du plan de travail élaboré entre 2022 et 2024 où nous prévoyons des investissements de plus de 147 milliards de F CFA, nous pouvons affirmer que la coopération avec la BID est au beau fixe et se consolide.
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IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 Interview 67
Monsieur Cheick Oumar Ouattara a accordé une interview à IFC MAGAZINE afin d’aborder les différentes questions liées à l’industrie de la finance islamique en Côte D’Ivoire et de présenter les différentes actions entreprises par son ministère de tutelle pour favoriser l’essor de cette industrie dans notre pays.
L’Etat de Côte d’Ivoire a émis deux SUKUK (produit
de la finance islamique) d’une valeur de 300 milliards de FCFA. Ce qui le positionne parmi les plus grands émetteurs en Afrique. Quelle place occupe aujourd’hui ces instruments de la finance islamique dans les objectifs de développement du pays ? Comment s’intègrent-ils dans le PND ?
Effectivement, comme vous le savez l’Etat ivoirien a émis deux sukuk pour un montant total de 300 milliards de FCFA, en 2015 et 2016. Précisons que les sukuks sont des titres financiers équivalent à des obligations, mais qui pour être conformes à la Shariah, sont nécessairement adossés à des actifs tangibles. Dans le cas de la Côte d’Ivoire les émissions sont adossées aux immeubles CCIA et Tours administratives A et B
Ce type d’émissions permet à l’Etat de diversifier ses sources de financement pour la mise en œuvre de projets et programmes du Plan National de Développement Ils contribuent ainsi au développement du pays et à l’amélioration des conditions de vie des populations
Depuis la dernière émission fort est de constater une 2 accalmie générale dans les différentes émissions dans le pays Question d’attractivité, Quelles sont les ambitions en termes d’émissions?
Ces deux émissions de sukuk sont les premières de notre histoire et courent jusqu’en 2023 L’Etat adopte donc une approche prudente Il faudra faire le bilan de ces deux émissions au terme de leur maturité et apprécier le besoin et les conditions de nouvelles émissions
De plus, il faut rappeler que ces sukuks ont été émis avec l’accompagnement de la Société Islamique de Développement du Secteur Privé (ICD), une entité du Groupe de la BID, qui a connu au cours des dernières années une certaine réorganisation Il s’agira donc d’élaborer avec la nouvelle équipe de ICD, si besoin est, les nouvelles orientations en matière de Sukuk ou d’autres instruments de financement
La Côte d’Ivoire, membre de la Banque Islamique de Dévelo3
ppement, a entrepris de nombreuses initiatives dans le développement des secteur privés et publics à travers les instruments de la finance islamique. Quel bilan peut-on faire de ces initiatives ? Quelles sont les perspectives pour les années à venir dans les relations avec cette grande institution ?
Depuis son adhésion au Groupe de la BID en 2002, la Côte d’Ivoire a reçu des financements totalisant près 1 860 millions de dollars américains, soit environ 1 060 milliards de F CFA, dont 832 milliards de FCFA au secteur public et 228 milliards FCFA au secteur privé, à travers des lignes de crédits aux banques locales. Les financements sont majoritairement orientés vers la santé, l’éducation, l’eau , l’assainissement, la construction de routes et l’agriculture Le Groupe de la BID offre généralement des conditions de financement concessionnel, qui vont
Il faudra faire le bilan de ces deux émissions au terme de leur maturité et apprécier le besoin et les conditions de nouvelles émissions ”
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 68 Interview
du prêt ordinaire aux financements islamiques, notamment l’Itisnaa et l’Ijara En particulier, grâce aux efforts continus du Gouverneur de la Côte d’Ivoire, Madame le Ministre du Plan et du Développement, les investissements ont connu une forte croissance entre 2016 et 2021, où le volume du portefeuille a doublé, passant de 600 milliards de F CFA à près de 1 200 milliards de F CFA.
grâce aux efforts continus du Gouverneur de la Côte d’Ivoire, Madame le Ministre du Plan et du Développement, les investissements ont connu une forte croissance entre 2016 et 2021, où le volume du portefeuille a doublé, passant de 600 milliards de F CFA à près de 1 200 milliards de F CFA”
Actuellement, en plus de son portefeuille actif qui comprend 21 projets, la BID vient d’approuver deux autres projets totalisant 102 milliards de FCFA dans le domaine de l’éducation et dans celui de la nutrition de la petite enfance qui démarreront en 2022
Au regard du plan de travail élaboré entre 2022 et 2024 où nous prévoyons des investissements de plus de 147 milliards de F CFA, nous pouvons affirmer que la coopération avec la BID est au beau fixe et se consolide.
Malgré l’existence d’un nouveau cadre règlementaire, la finance islamique n’est pas 4 encore à son grand décollage en Côte d’Ivoire qui regorge de nombreuses potentialités en termes d’éco-
nomie islamique Quelles raisons pouvez-vous donner ? Comment un ministère comme le vôtre peut contribuer à positionner le pays en tant qu’un hub de cette nouvelle industrie en plein essor dans de nombreux pays Africains ?
Nous nous réjouissons que conformément aux recommandations prises lors du Forum Africain de la Finance Islamique que nous avions organisé conjointement avec ICD à Abidjan en 2016, plusieurs reformes aient été adoptées par la BCEAO pour encadrer l’activité de la Finance Islamique dans notre espace sous régional.
Il est vrai, qu’au constat, la finance islamique dans notre pays demeure encore embryonnaire, même si, à mon avis, il y a une nette progression dans l’offre de produits islamiques sur le marché. Pour preuve, plusieurs banques locales, bénéficient actuellement de lignes de crédits aux PME accordées par les entités du Groupe de la BID que sont ITFC et ICD, pour offrir des guichets en finance islamique.
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Au niveau de l’Etat, nous avons lancé un programme de microfinance participative qui consiste à fournir du microcrédit islamique aux porteurs de projets et à renforcer les capacités de l’industrie de la finance islamique Nous sommes également en négociation avec la BID pour développer des projets Waqf dont les revenus contribueront à soutenir les actions sociales et lutter contre la pauvreté
Mais si la finance islamique est encore a ses balbutiements s’est aussi parce qu’il y a encore beaucoup de sensibilisation et promotion à faire sur l’offre de services actuelle Une autre contrainte importante est l’absence d’une stratégie globale de développement de l’économie
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 69
M. Cheick Oumar OUATTARA en compagnie de la Gouverneure de la BID, Madame Nialé KABA , Ministre du Plan et du Développement de la Côte d’Ivoire. C’était lors d’une séance de travail avec le Président de la BID en marge de la 46e Réunion Annuelle du Conseil des Gouverneurs du Groupe de la même institution à Tachkent en République d'Ouzbékistan le 4 septembre 2021.
islamique qui devrait permettre de capitaliser les réformes adoptées par la BCEAO, notamment par le renforcement des capacités des acteurs de la chaine de valeur de l’industrie (banques, clients, gouvernants)
pourraient être très utiles, en termes de partage d’expérience et d’assistance technique. Nous entrevoyons la possibilité de formuler des requêtes en ce sens à travers le programme « Reverse Linkage » de la BID qui permet développer ce genre de coopération entre les Etatsmembres. Nous serons ravi de poursuivre l’aventure. Par ailleurs, des pays tels la Malaisie et l’Indonésie où l’industrie de la finance islamique est mieux développée pourraient être très utiles, en termes de partage d’expérience et d’assistance technique Nous entrevoyons la possibilité de formuler des requêtes en ce sens à travers le programme « Reverse Linkage » de la BID qui permet développer ce genre coopération entre les Etats-membres
Vous étiez à l’édition inaugurale des Islamic Finance Conversations lancées le 06 novembre 6 dernier en Côte D’Ivoire à l’initiative de Dexterity Africa Une édition qui a vu la participation de plusieurs experts de renommés de l’industrie et aussi l’appui institutionnel du ministère du plan et du Développement ainsi que d’autres ministères comme le Budget, l’économie et les finances, la promotion des investissements. Que pensez-vous de cette première édition ? Quel apport dans l’édification d’une véritable industrie de la finance islamique en Côte d’Ivoire
Cette première édition a été grand succès au regard de la forte affluence et la qualité des contenus livrés par plusieurs experts mondiaux du domaine.
Le renforcement des capacités reste un axe majeur dans le développement de cette nouvelle 5
Au niveau de l’Etat, nous avons lancé un programme de microfinance participative qui consiste à fournir du micro-crédit islamique aux porteurs de projets et à renforcer les capacités de l’industrie de la finance islamique industrie Comment le pays pourrait -il relever ce défi et participer à l’émergence d’experts dans l’industrie ?
Il convient de préciser que le Ministère du Plan et du Développement qui gère le portefeuille des bailleurs de fonds arabes, dont la BID, offre périodiquement des cours de formation sur les produits de financement islamique aux équipes intervenants sur les projets financés par ces bailleurs.
Pour une action à plus grande échelle, nous nous sommes engagés à soutenir les initiatives du secteur privé dont celles des cabinets comme le vôtre, à travers des partenariats structurants. C’est l’approche que nous privilégions et encourageons. C’est d’ailleurs, dans ce cadre que nous avons collaboré à l’organisation de la première édition de Islamic Finance Conversations et nous serons ravi de poursuivre l’aventure. Par ailleurs, des pays tels la Malaisie et l’Indonésie où l’industrie de la finance islamique est mieux développée
Cette première édition a été grand succès au regard de la forte affluence et la qualité des contenus livrés par plusieurs experts mondiaux du domaine. J’en profite pour vous adresser mes félicitations, à vous et votre équipe, pour cette belle initiative et sa bonneorganisation
J’en profite pour vous adresser mes félicitations, à vous et votre équipe, pour cette belle initiative et sa bonne organisation
Ce genre d’évènement contribue très certainement à combler le gap informationnel entre la réalité de la finance islamique qui est une industrie à part entière, génératrice de services financiers et technologiques et certaines fausses perceptions qui la confine dans un univers purement religieux ou idéologique, coupé de la modernité et du développement économique’ organisation périodique de l’évènement en mode hybride (virtuel et présentiel), tel qu’adopté, contribuera à faire de notre pays, un véritable hub de réflexion, d’innovation et de promotion de la finance islamique et à favoriser l’essor d’une industrie locale dans ce domaine.
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 70
Interview
Une analyse du Pr Nabil KESRAOUI
Favoriser l’inclusion financière et économique des jeunes entrepreneurs et des populations défavorisées a toujours été au cœur de la mission des institutions de microfinance en Tunisie et dans les pays en développement Toutefois, le coût de sortie des IMF a été toujours considéré comme exorbitant(par exemple en Tunisie le Taux Effectif Global Moyen du secteur de la microfinance a dépassé 33% en 2020), créant ainsi une disparité entre la mission socioéconomique à laquelle se sont dévoués les acteurs de ce secteur et l’image que reflète les marges élevées qu’ils appliquent à leur clientèle. De ce fait, il y a une grande confusion entre les coûts de sortie des banques et ceux des IMF chez les clients des IMF ayant une culture financière limitée. La différence se situe au niveau de l’importance des différents éléments du coût de revient des IMF par rapport à ceux des autres institutions financières, à savoir le coût des ressources, le coût du risque et le coût d’exploita-
tion Le graphique ci-dessous montre la décomposition du rendement du portefeuille (YIELD) entre les différents coûts et la marge nette des secteurs de microfinance de certains pays de la zone MENA en 2016
Le graphique montre qu’en moyenne, en 2016, les IMF en Tunisie avaient un niveau de rendement du portefeuille (YIELD) relativement faible par rapport aux autres pays arabes de la zone MENA (en, 2020 le Yield en Tunisie était de 28,48%)
Coût du risque Garantir l’accès aux services financiers à une catégorie de bénéficiaires non bancarisés par les IMF entraîne certainement un coût de risque élevé supporté par ces derniers. De même, en Tunisie, ces derniers n’étant malheureusement pas éligibles aux instruments de garantie offerts au secteur bancaire (à l’instar du Fonds National de Garantie et de la Société Tunisienne de Garantie SOTUGAR) se trouvent plus exposés au risque de crédit que les banques
31.46% 30.89%
0.00% 0.05% 0.10% 0.15% 0.20% 0.25% 0.30% 0.35% Egypt
Nominal Yield
Weighted
Funding Cost Provision Cost
Cost
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 73 MixMarket MICROFINANCE
30.53% 28.20% 26.37%
Lebanon Jordan Morocco Tunisia
Composition -
Average 2016
Opex
Margin (Nominal)
M. Nabil KESROUI est le Directeur Général de ZITOUNA TAMKEEN : la première microfinance islamique en Tunisie Ancien universitaire, chercheur en économie, gestion et finance islamique, Il est titulaire de plusieurs certifications en finance islamique du CIBAFI Il est aussi certifié expert en microfinance par Frankfurt School et Vice-président de l’Association Professionnelle des IMF-SA de Tunisie.
Coût des ressources
Le coût de ressources des IMF est assez élevé En effet, contrairement aux banques autorisées par la réglementation à collecter l'épargne, les IMF en Tunisie ne sont pas autorisées à le faire La mobilisation des ressources auprès des bailleurs locaux et internationaux est une activité fondamentale au sein des IMF qui affecte in fine la tarification des services financiers offerts par ces dernières
Le coût moyen des ressources en Tunisie a augmenté de plus de 4% entre 2017 et 2020 pour atteindre 11,87% en 2020 De même, le coût maximal des ressources pour certaines IMF a dépassé 16% en 2020, surtout pour les lignes de financements internationaux contractées en monnaies étrangères et qui nécessitent une couverture contre les risques de change
Le graphique montre qu’en moyenne, en 2016, les IMF en Tunisie avaient un niveau de coût de ressources relativement assez élevé par rapport aux autres pays arabes de la zone MENA et moins élevé que celui des IMF égyptiennes
Coût d’exploitation
Le coût d’exploitation des IMF est plus élevé que celui des banques, vu que l’industrie de la microfinance nécessite
difficultés pour rembourser leurs dettes une proximité entre les agents de crédit et les bénéficiaires lors des différentes phases du crédit (prospection, étude de projet, octroi du crédit, suivi des projets, recouvrement, ) impactant considérablement les charges d’exploitation. Le ratio des charges d’exploitation des IMF SA en Tunisie atteignait 11,87% en 2020
Quelques pistes de solutions existent. La création d'un fonds de refinancement du secteur de la microfinance comme celui du fonds marocain Jaida s’avère nécessaire pour permettre aux IMF de jouer pleinement leur rôle de véhicule d'inclusion financière et de lutte contre la pauvreté Ce fonds pourrait être financé par des bailleurs de fonds qui supportent la microfinance dans le monde et par des investisseurs cherchant l'impact social par des investissements à travers l’émission de Sukuks sociaux (maintien et création d'emplois, ) Les Fondations et les revenus des sociétés du Waqf pourraient aussi faire partie de ce fonds. Par exemple, le FIBA (Fonds d’investissement spécialisé dans le financement de biens immobiliers awqaf, créé par la BID en 1997 pour permettre l’institutionnalisation du soutien de la Banque en faveur des awqaf) a approuvé une opération Mourabaha, à savoir l'acquisition d'une propriété immobilière waqf au profit du Towfiq Trust kenyan, afin de
soutenir l'éducation et la santé en Somalie Les revenus de la location du bien immobilier ont dépassé les 98000 $ dans les années de remboursement des dettes A l'issue des 16 années de remboursement, le bénéfice net passera à 585000$ dollars par an. Les revenus acquis ont servis à aider des étudiants, orphelins, agriculteurs et victimes de catastrophes naturelles, dans l'ensemble. Les revenus de telles opérations pourraient être traduits en Qardh Hasssan aux profits des IMF ; ce qui réduirait le coût des ressources et contribuerait à une offre de microfinance en harmonie avec les bénéficiaires cibles
La mise en place d’un fonds de garantie dédié au secteur de la microfinance permettra de couvrir les microfinancements des IMF contre les risques de crédits. Il sera un facteur qui augmenterait l’appétence au risque de ces institutions qui pourraient servir les populations les plus défavorisées n’ayant pas la possibilité d’apporter les garanties exigées Ce fonds de garantie pourra être financé entre-autres par les Fonds de la Zakat dont l’une des missions est de soutenir les personnes ayant des
Les divers produits de micro-assurance (contre les risques de mortalité bétail, incendies, impayés, ) représentent aussi un excellent outil pour mitiger les risques de crédits lorsqu’ils sont commercialisés avec les produits de microfinance
Enfin, les IMF dans le but d’optimiser leurs coûts d’exploitation d’une part, et les coûts transactionnels des clients d’autre part, devraient digitaliser leurs processus de financement et de recouvrement pour une efficacité opérationnelle et une amélioration de la qualité de leurs services
Ces différentes actions pourraient contribuer ensemble à réduire le coût des différentes composantes du coût de revient des IMF. Cela, afin d’offrir des produits financiers adaptés à la clientèle cible de la microfinance, avec une tarification responsable ; permettant ainsi à ces institutions de jouer pleinement leur mission de lutte contre la pauvreté
IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 74 010% 008% 007% 005% 002% 000% 002% 004% 006% 008% 010% 012%
MixMarket MICROFINANCE
Egypt Tunisia Jordan Morocco Lebanon Average Cost of Funds (2016)
Par M. SalomonNOUAMAN IFCMAGAZINE
1 SUKUK MURABAHA SUKUK MUDARABA SUKUK WAKALA Marchés Financiers
76 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
SUKUK HYBRIDE
IJARA
Aujourd’hui, le marché des sukuk représente la deuxième plus grande composante de l’industrie de la finance islamique avec 16% des actifs selon la Société Islamique de Développement du secteur privé (SID, 2020) après les banques islamiques (69% des actifs). Le sukuk est un instrument de financement alternatif pour les entreprises et les entités étatiques en Afrique.
Le développement delafinance islamiqueestuneréponseaubesoin d’unmarchédanslemonde musul-
man où des investisseurs sont à la recherche de produits financiers conformes aux principes de la législation islamique En dehors du monde musulman, l’intérêt s’explique par la rentabilité de cette nouvelle industrie et des principes économiques et financiers véhiculés par celle-ci
La crise financière de 2008 qui a frappé durement le système bancaire classique à travers le monde alors que les structures de la finance islamique sont épargnées, a été un stimulant pour comprendre davantage la force intrinsèque des produits de la finance islamique Face à cettesituation, le modèle économique
islamique en tant que finance éthique tente d’apporter une autre vision du commerce et de l’investissement Cela en se basant principalement sur le principe de partage des pertes et des profits, la prohibition de l’intérêt usuraire et l’adossement de tout financement àdes actifs réels Forte de ces postulats d’éthique, la finance islamique n’a pas cessé de proposer sur le marché des produits innovants, parmi lesquels figurent en bonne place les Sukuk islamiques L'AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial), dans sa norme charia 17, définit les sukuk comme étant des certificats ayant une valeur égale et représentant des parts indivises de propriété d'actifs tangibles, d'usufruits et de services, ou encore depropriété d'un
projet particulier ou d'une activité d'investissement spécifique Plus simplement, les Sukuks (Saak au singulier) sont des titres dont le rendement est lié à la performance d'un actif sous-jacent Le concept de Sukuk constitue dans l’industrie financière islamique un instrument phare apportant, d’une part des alternatives fortement intéressantes en termes de rentabilité, et pouvant répondre à tous les agents économiques ayant des besoins de financement ou de liquidité D’autre part, ils apportent une solution de diversification aux investisseurs soucieux de trouver des produits financiers conformes à leurs attentes
SUKUK MUCHARAKA SUKUK
3 4
I- Approche conceptuelle des sukuk islamique A- Définition
77 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
La première étape de l'opération d’un Saak est la mise en place d’une SPV ou d’un fond commun de créances créé par l’initiateur du saak La SPV, à son tour, émet des certificats de participation aux investisseurs, qui peuvent être des banques islamiques, des compagnies d'assurance islamiques Takaful ou des sociétés d'investissement qui souhaitent détenir leurs liquidités sous une forme conforme à la charia. La structure SPV lance un appel aux
SPV conclut un contrat de location avec le client et lui verse en retour des loyers
échéance régulier, la SPV perçoit des loyers La SPV redistribue ces loyers aux actionnaires, c’est-à-dire aux porteurs de sukuk
terme du contrat de location, la SPV revend l’actif soit au locataire mentionné en 5 soit à une tierce contrepartie
de l’actif verse au comptant le montant de la transaction à la SPV La SPV reverse aux porteurs des Sukuk (Cash Flows de remboursement final)
Achat de l’actif Loyers Vente de l’actif Contrat de location Livraison de l’actif Achat de l’actif Achat des sukuk Livraison des titres Rémunération finale des porteurs des sukuk Rémunérations périodiques Client/ locataire Acheteur final de l’actif Special Purpose Vehicle (SPV) Fonds commun de créances émettrice des sukuk Vendeur de l’actif Assureur/garant Assurance/ imposition Investissement en sukuk Porteur de sukuk 2 3 4 7 8 5 6 9 10 1 l’investisseur intéressé achète des sukuk 1 2 Et la SPV
délivre
des titres de participations qui
La
3 Le vendeur
devient
4 5
6
7 8
9
10 78 Marchés Financiers IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
investisseurs en émettant des sukuk sur le marché Structuration générale des sukuks
lui
en échange
font office d’investissement
SPV achète au comptant le bien auprès du vendeur
livre l’actif à la SPV La SPV
propriétaire de l’actif et doit assumer les risques liés à cette propriété
La
À
Au
L’acheteur
Marchés Financiers
B- Classification des sukuk
❖ Classification des sukuk selon le contrat
Théoriquement, un sukuk peut être adossé sur n’importe quel contrat basé sur la Charia. Cependant, la plupart des sukuk sont basés sur les contrats de vente,
Contrat basé sur la vente BBB
Contrat basé sur le bail
Ijarah
de bail, de partenariat et de mandat comme l’indique le graphique suivant
Wakalah bi Istithmar
salam
Murabahah Istisna
Ijarah Muntahiyah bi Tamlik
Ijarah Mawsufah fi Zimmah
Contrat basé sur le partenariat Contrat de mandat Mudarabah Musharakah
Les sukuk sont émis sur la base d’un contrat conforme aux préceptes de la sharia, ce qui implique que les règles liées à leur émission et à leur négociation doivent être conformes au droit musulman Par consé-
quent, une levée de fonds via des sukuk ne peut être utilisée que dans des actifs ou des projets sharia-compatibles
Catégorie Nom Description
Murabaha
Contrats de vente
Vente d’un actif existant avec la divulgation du prix de revient et du bénéfice réalisé par le vendeur. Salam
Istisna
Contrat de location Ijara
Mudaraba
Vente d’une marchandise à produire avec paiement intégral immédiat et une livraison différée de la marchandise.
Vente d’un actif à construire où à fabriquer
Contrat de location avec possibilité de transfert de l’actif au locataire en fin de période de location.
Contrat dans lequel une partie (ou plusieurs parties) fournit la totalité du capital et l’autre fournit l’expertise et la totalité de l’effort pour la réalisation d’un projet selon une clé de répartition du profit connu d’avance.
Contrat de partenariat
Mucharaka
Contrat de mandat Wakala
Contrat de partenariat dans lequel deux ou plusieurs parties cofinancent un projet ou actif spécifique et partageant le profit ou la perte qui en découle.
Tout dépôt assorti d'un mandat donné par le déposant, de réaliser des investissements pour son compte, en contrepartie d’une rémunération fixée librement entre les parties.
79 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
Répartition des sukuk 2020
En 2020, les sukuk Wakala représentent 51% du total mondial des sukuk émis suivie des sukuk Hybrides 20% Les sukuk basés sur Ijarah et Mudarabah représentent respectivement 18% et 6% 5% de part de marché pour le sukuk Murabahah
Tableau de comparaison sukuk asset-backet/ sukuk asset based
Sukuk Asset-backed Sukuk Asset based
-Il y a un transfert réel des actifs qui sont sortis du bilan de l’initiateur.
-Les détenteurs de sukuk ont donc uniquement un droit de recours sur les actifs et non pas sur l’initiateur.
-En cas de défaut de l’initiateur, seuls les détenteurs de sukuk ont un droit de recours sur les actifs du sukuk
-Seul le droit sur le revenu des actifs est titrisé
-L’initiateur conserve la propriété légale des actifs qui restent enregistrés dans son bilan.
- En cas de défaut, les détenteurs ont le même droit de recours sur ces actifs que les autres créanciers, et peuvent ne récupérer que partiellement leur principal.
C- Les points de différence entre sukuk et obligation
❖ Classification : asset backed asset based
On distingue deux types de sukuk : Le sukuk adossé à des actifs (asset-backed) et le sukuk basé sur des actifs (asset-based). Le sukuk adossé à des actifs, la vente d'un actif par l'initiateur au SPV (émetteur) est exécutée au moyen d'un S & P. L'actif est légalement transféré au SPV. Un sukuk reposant sur un actif par contre, bien qu'il puisse y avoir une «vente» de l’actif par les acteurs au SPV (qui est l’émetteur du sukuk), d'un point de vue juridique, les détenteurs de sukuk ne peuvent exercer aucun recours ni participer au capital sous-jacent La principale différence entre les deux réside dans le transfert réel et la détention des actifs par la SPV
Les sukuk sont des produits financiers adossés à des actifs tangibles ou à leurs usufruits, à échéance fixe, et qui engendrent des flux financiers permettant la rémunération des porteurs de titres L'émission de ces certificats revient dans les faits à une opération de titrisation Les sukuk représentent des certificats ou titres à valeur égale représentant des parts indivises dans la propriété ou l'usufruit d'un actif tangible ou dans le bénéfice d'un service L'investisseur détenteur du titre est par conséquent théoriquement associé aux risques inhérents à ces actifs En contrepartie, il perçoit une part des profits attachés au rendement de l'actif sous-jacent.
Investissement annuelactuel
Le tableau ci-dessous présente les principales différences entre les sukuk et les obligations conventionnelles.
Marchés Financiers
80 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
Sukuk Obligation
Les actifs sous-jacents titrisés dans une émission de sukuk doivent être licites au regard de la Sharia
Les détenteurs de titres sukuk sont liés aux dépenses et aux risques relatifs aux actifs sous-jacents
Dans les sukuk, on ne retrouve pas de relation classique « créancier/débiteur » mais les porteurs de sukuk s’exposent aux risques liés aux actifs titrisés
Ni le capital, ni le rendement ne peuvent être garantis contractuellement
Les sukuk représentent des participations dans des actifs existants et / ou bien définis
La vente d'un sukuk représente en général la vente d'une part d'un actif
II- Le marché mondial des sukuk
A- Les sukuk en chiffres
Au plan international, le marché du sukuk a, non seulement, maintenu sa trajectoire de croissance positive, mais a enregistré sa meilleure année jusqu'à présent en termes d'émissions de sukuk, ce qui a clairement placé ce secteur comme l'un des principaux moteurs de l’industrie islamique, bien que 2020 ait été une année difficile moteurs de l'industrie en raison de la pandémie du COVID-19 Le total des émissions mondiales (long terme et court terme) s'élevait à 174641 milliards USD en 2020 et représente une augmentation d'environ 19,84 % par an soit 145702 milliards en 2019 à 174641 milliards USD en 2020 (IIFM, Sukuk report 2021) La forte croissance du marché de ṣukuk a été soutenue principalement par l'augmentation des émissions de la Malaisie, de l'Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie
B- La répartition géographique
En 2020, le marché intérieur a représenté environ 75,80% (USD 132,233 milliards) de l'ensemble du marché Sukuk. Le marché intérieur se compose de sukuk à plus long terme et à court terme libellés dans plus de 26 devises. La Malaisie, avec une part de marché de 65,50% du marché intérieur total des Sukuk pour la période 2001 à 2020 domine le marché
Les pays du Golf et l’Indonésie y ont respectivement 15,23% et 9,51% de part de marché
L’obligation peut être émise pour financer presque n'importe quel type d’activité tant qu’elle est légale dans sa juridiction
Les détenteurs d’obligations ne sont pas concernés par les dépenses et les risques sur les actifs sous-jacents de l’émetteur
Dans une obligation, la relation entre l’émetteur et le souscripteur est quasi identique à celle d’un créancier et d’un débiteur (prêt d’argent) dans laquelle il y a versement d’intérêts (riba)
Le capital et le rendement sont contractuellement garantis
Les obligations représentent des dettes pures dues par l'émetteur
La vente d'une obligation est essentiellement la vente d'une dette. C’est un titre de créance représentatif d'un emprunt
Malaisie Indonesie Autres pays Asiatiques pays du Golf Afirque Europe
Schéma: la répartition régionale des émissions nationales (Janv2001-Déc 2020) IIFM report 2021
C- La répartition par type de sukuk
Les gouvernements et les institutions financières sont les principaux émetteurs de Sukuk à l’échelle mondiale ( voir schéma). Les sukuk souverains et quasi-souverains restent la force dominante sur le marché et représentent 69% du total des émissions de sukuk pour l’année 2020.
Marchés Financiers
66%
9,51% 2,99 15,23% 2,18 4,58
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Sukuk souverain Sukuk corporate Sukuk Ifs Sukuk quasi souverain
▪ Gap entre la demande d’investissement et l’émission des sukuk
Pour l'avenir, les émissions de sukuk devraient croître au cours des cinq prochaines années, pour atteindre 290 milliards de dollars en 2026 Cette croissance continue des émissions devrait rattraper la demande d'investissements en sukuk de la part des entreprises conformes à la charia et les investisseurs institutionnels conventionnelles, réduisant progressivement l'écart entre l'offre et la demande dans le marché des sukuk. L'écart devrait se réduire à 120 milliards de dollars en 2026, contre 178 milliards de dollars en 2021.
volume de sukuk et de montant émis depuis 2001 (base de données Global findex, Banque Mondiale)
De 2001 à 2020, l’Afrique a enregistré au total 610 émissions de Sukuk pour un montant global de 23770 million de dollars, soit 1,71% du total des émissions régionales mondiales. Sur la même période, les émissions de sukuk l’Afrique occidentale s’élèvent à 3114 millions de dollars soit 12% du total de la zone Afrique. Pour l’année 2020, l’Afrique occidentale a enregistré 1594 millions de dollars d’émissions de sukuk soit 25,65% du total de sukuk émis zone Afrique Avec 94,13% du total des émissions de sukuk en 2020 pour l’Afrique de l’Ouest, le Nigeria se positionne comme un pôle de la finance Les actifs de l’Afrique du nord s’élevaient à 35 milliard de dollars fin 2020, soit une hausse de 22% contre 28 Milliard de Dollars en 2019 (IIFM, Sukuk report 2021)
▪ Total émission sukuk zone UEMOA
Source: refinitiv, sukuk perceptions and forecast study 2021
III- Opportunités des sukuk pour l’Afrique
a finance islamique peut jouer un rôle important dans le renforcement économique des populations, dans la promotion de la culture entrepreneuriale, par l’investissement dans l’économie réelle. Un continent peuplé de 1,2 milliard de personnes, dont environ 40 % de musulmans, peut s’appuyer sur la finance islamique afin de stimuler l’inclusion financière pour laquelle il accuse un retard sur la moyenne mondiale de 69 %, avec seulement 43 % de sa population ayant accès aux services financiers en 2017 La Gambie et le Soudan se distinguent respectivementLa zone UEMOA, quant à elle, a connu six émissions de sukuk À travers ces opérations, le marché financier régional a levé plus de 12 234 milliards de FCFA dont 864 milliards sous forme de Sukuk, soit 7% des montants levés selon Monsieur Ripert BOSSOUKPE secrétaire général du CREPMF. Il faut, toutefois, noter que ces sukuk ont été émis en l’absence de cadre réglementaire. Depuis quelques temps, le CREPMF réfléchit à la mise en place de ce cadre réglementaire
31% 18% 13% 38%
Mali Togo Sénégal Côted’Ivoire
EmissiondeSukuken millionsdeDollars
Source: auteur à partir des données de l’IIFM 460 445 245 285
EmissiondeSukuken volume
L
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Source: auteur à partir des données de refinitiv
Marchés Financiers
Cette règlementation devra, non seulement, permettre au marché financier régional de diversifier ses sources de financement et d’investissement, d’explorer les opportunités offertes par la finance islamique, mais aussi permettre l’apparition de nouveaux types d’acteurs spécialisés dans le secteur Selon le rapport de l’ICA (Consortium des infrastructures pour l’Afrique) 2018, 130 à 170 milliards de dollars par an seraient nécessaires au développement des infrastructures sur le continent, avec un gap de financement de l’ordre de 68 à 108 milliards de dollars. D’ici 2040, le gap de financement pour la Côte d’Ivoire par exemple est estimé de 13,7 milliards de dollars, soit environ 8 300 milliards FCFA selon le rapport pays de la Banque Africaine de Développement, 2020 Un niveau qui illustre bien l’impérieuse nécessité pour le pays de trouver des sources de financement supplémentaires pour accélérer ses investissements dans le domaine des infrastructures. Justement dans cette optique, les sukuk sont désormais fermement établis comme une source viable de financement de projets L'intégration des considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans les mandats d'investissement devrait également stimuler, en termes d’innovation, le développement des offres Green & ISR, waqf Sukuk pour le financement
▪ Tableau des émissions en volume/ en millions de dollars
Pays Emission en volume Emission en millions de dollars Egypte 2 286 Gambie 556 43 Côte d’Ivoire 2 460 Nigeria 5 1099 Mali 1 285 Maroc 1 105 Sénégal 2 445 Soudan 40 20415 Togo 1 245 Total 610 23770
Marchés Financiers
social. Pour atteindre cet objectif, les défis sont énormes. Entre autres aspects à prendre en compte, le renforcement du cadre réglementaire, l’utilisation de la technologie tel que la blockchain donnera une impulsion positive au marché de Sukuk
d’Ivoire
Conclusion
Comme on peut le constater, les sukuk constituent l’un des produits phares de l’industrie financière islamique. Ils jouent un rôle important pour la mobilisation de ressources de financement et permettent de proposer une solution alternative aux obligations classiques qui représentent une créance, portant « intérêt » Au cours des dernières années, le marché sukuk a connu un développement certain en termes de produits tels que la Wakalah, la Murabahah Cependant, un effort concerté, non seulement de la part des chercheurs de la Shari’ah, mais aussi de la participation et de l'engagement de toutes les parties prenantes (les régulateurs, les acteurs de l'industrie et les investisseurs), doit être fait en vue de lever les obstacles pour le développement de la finance islamique Le PND 2021-2025 vise à lever les obstacles résiduels pour accélérer la transformation économique et sociale du pays amorcée avec la mise en œuvre des précédents plans de développement. Il repose sur une approche volontariste de l’Etat visant à opérer un changement de paradigme marqué notamment par : (i) la mise en œuvre d’une politique industrielle efficace et favorable au développement de grappes industrielles et (ii) le renforcement du rôle et de la contribution du secteur privé dans le développement du pays Pour atteindre l’un des axes majeurs du PND 2021-2025 « développement du secteur privé et de l’investissement », les sukuk sont un atout indispensable pour le financement du PND.2021-2026.
“D’ici 2040, le gap de financement pour la Côte
par exemple est estimé de 13,7 milliards de dollars, soit environ 8 300 milliards FCFA”
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Marchés Financiers
RIPERT
BOSSOUKPE
Secrétaire Général du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers
Les Pays Africains dans la recherche d’alternatives pour le financement de leurs économies se tournent de plus en plus vers les instruments de la finance islamique.
La zone UMOA n’est pas restée en marge de ces initiatives où des pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Togo ont pu lever plus de 850 milliards de FCFA sur ces instruments. Malgré ces succès , des défis restent à relever afin d’exploiter les énormes opportunités offertes par ces instruments.
M. Ripert BOSSOUKPE, Secrétaire Général du Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers, a bien voulu accorder à l’équipe de IFC Magazine une interview exclusive pour situer les enjeux et les défis à relever afin de faire de ces instruments de véritables outils de développement pour les pays de la Zone UMOA.
Diplômé de l’INTEC Paris, immersion à la Harvard Law School et l’IESE de Barcelone, il peut être considéré aujourd’hui comme un des architectes de l’industrie des marchés de capitaux islamique de la zone.
Propos recueillis par Sory TOURE
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Interview IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
Pouvez-vous nous presenter le CREPMF ? Ses objectifs et missions ?
LeConseilRégionaldel'EpargnePubliqueetdes MarchésFinanciers(CREPMF) estunOrganede l'UnionMonétaireOuestAfricaine(UMOA) chargé d’unemissiongénéraledeprotectiondel’épargne investieenvaleursmobilièresetentoutautre placementdonnantlieuàuneprocédured’appel publicàl’épargnedansl’ensembledesEtats membresdel’UnionquesontleBénin,leBurkinaFaso,laCôted’Ivoire,laGuinée-Bissau, leMali,le Niger,leSénégaletleTogo.
Sesprincipalesmissionsetprérogativessont:(i) l’élaborationdestextesréglementairesdumarché financierrégionaldel’UMOA, (ii)l’autorisationdes opérationsfinancièresdelevéesderessourcessurle marchéfinancieretdel’appelpublicàl’épargne,(iii) lasurveillancedestransactionsàlaBourseRégionale desValeursMobilières(BRVM),(iv)l’habilitation etl’agrémentdesStructuresCentralesdumarchéet desintermédiairescommerciauxagréés,(v)ainsique lepouvoirdesanctionnerlenon-respectdesrèglesdu marché.
Auplaninternational,leConseilRégionalest membredel'Organisation Internationaledes CommissionsdeValeurs(OICV), del'Institut FrancophonedelaRégulationFinancière(IFREFI) etdel’IslamicFinancialServicesBoard(IFSB) depuisdécembre2016enqualitédeMembre Associé.
Ilconvientd’indiquerquesuiteàl’adoptionpar laConférencedesChefsd’ÉtatetdeGouvernement del’Uniontenuele12juillet2019duTraitéréviséde l’UMOA,leCREPMFprendraladénomination« AutoritédesMarchésFinanciersdel’UMOA (en abrégéAMF-UMOA) »autermeduprocessusde ratificationparlesParlementsdesÉtatsmembresde l’Union.Ceprocessusseraachevéaucoursde l’année2022.
De plus en plus de pays africains s’intéressent aux émissions de sukuks. On pourrait citer des pays comme le Maroc, les pays de la zone UMOA, et un dynamisme dans certains pays comme le Nigeria et la Gambie. Quelles sont les opportunités de ces nouveaux instruments pour les pays africains et en particulier pour la zone UMOA ?
LesSukuksedéfinissentcommedescertificats d’investissementsconformesàlaCharia.Ilsse différencientdesobligationsclassiquesparla
Au plan international, le Conseil Régional est membre de l'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs (OICV), de l'Institut Francophone de la Régulation Financière (IFREFI) et de l’Islamic Financial Services Board (IFSB) depuis décembre 2016 en qualité de Membre Associé
nécessitéd’êtreadossésàunactiftangible spécifiqueetunerémunérationadosséeàunepartdu profitetnonàunintérêtfixe.
Pourpreuvedesarésilience,cemodèledelevée deressourcesaététrèspeuaffectédurantlesrécentes crises.Ilpermetnonseulement,derépondreàdes besoinséthiques,maiségalementdecontribuerau financementdesambitieuxplansnationauxde développementélaborésparnosEtats,àtraversla mobilisationdecapitauximportantsàlongtermeetà moindrecoûtdédiésàdesactifstangibles. Conscientsdesopportunitésoffertesparcetoutil definancement,certainsEtatsmembresdel’UMOA comme laCôted’Ivoire,leMali,leSénégaletle Togoont,àtraversseulementsix(6)émissionsde SUKUK,levéplusde850milliardsdeFCFAsurle marchéfinancierrégional,soitplusde11%dela capitalisationobligatoire,suivantlesdispositions relativesàlatitrisationdecréances,enl'absence de cadrerèglementairedédiéauxémissionsdeproduits financiersislamiques.Atitreillustratif,lemarché obligatairedel’UMOAaenregistrédepuissa
Pays Emission en millions de dollars
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Egypte 286 Gambie 43 Côte d’Ivoire 460 Nigeria 1099 Mali 285 Maroc 105 Sénégal 445 Soudan 20415 Togo 245 Total 23770 Marchés financiers
plusde300opérations.Ceslevéesderessources toutessursouscritesetdestinéesprioritairementàdes financementsdeprojetssociaux,d’électricitéet d’infrastructures(ParcdeDiamniadioauSénégal, InfrastructuresroutièresenCôted’IvoireetauTogo, LogementssociauxauMali),témoignentdel’appétit tantdesinvestisseurslocauxqu’internationauxetdes possibilitésquis’offrentànosEtats.
CesémissionsdeSukuksetparlebiaisdela financeislamiquedemanièrepluslarge,offrentde nouvellesalternativesaufinancementclassiqueet contribuentparlamêmeoccasionàunmeilleur financementdenoséconomiesconformémentàdes principesd’éthique.Lavisibilitéetl’attractivitéde notreplacefinancières’entrouventégalement renforcées.
Parailleurs,lafinanceislamiques’avèreêtreun vecteurdepromotionetdevulgarisationdumarché financierrégionalauprèsdenospopulationsestimées àplusde95%deconfessionmusulmanedans certainsEtatsmembresdel’Union.Cesegmentdela financedevraitdanslesannéesàvenir,constituerun instrumentprivilégiépournosEtatsetlesecteur privé.
financièredespopulationsetlescompétences professionnellesdesintervenantsdumarchéfinancier régionalsurlafinanceislamique.
Eneffet,lespopulationsdel’UMOAbienqu’à majoritémusulmanedansbonnombredesEtats membressontrelativementpeuoutilléesetéduquées enmatièrefinancièreetboursièredemanière générale.,et la financeislamiqueenparticulier.
Parailleurs,afindemettreàladispositiondes populationsetdesEtats,desproduitsislamiques adaptésrépondantàleursbesoins,lesintervenants commerciauxdumarchéfinancierrégionalse doiventd’êtrelespionniersdelafinanceislamiqueet doiventdisposerd’uneparfaitemaitrisedeses contours.
Auxcontraintesdurenforcementdescapacitésdes professionnelsetdel’éducationfinancièredes populations,s’ajoutel’absencedecadre règlementaireidoine.Lesmarchésdecapitaux islamiquesbienqu’ilsoffrent denouvelles perspectivesdefinancementinduisentenl’absence demécanismeadapté,uneprocédurepluslongueet pluscontraignanteadministrativementet juridiquementnécessitantplusd’intervenants. Enfin, lamiseenplaced’unmécanisme d’accompagnements’avèrenécessaireafindepallier lesinsuffisancesliéesàl’existenced’uncadre juridiqueinadéquat,àlatarificationetàunefiscalité marquéebiensouventparunedoubletaxation.
Parlant de contraintes, le CREPMF est engagé dans le développement d’un marché financier islamique dans la zone UMOA. On parle d’un projet de mise en place d’un cadre règlementaire pour les marchés financiers islamiques dans la zone UMOA. Quels en sont les points majeurs ? Et quels apports ce nouveau cadre pourrait apporter dans le développement du marché financier de la zone UMOA ?
Après les premières émissions de sukuks, nous constatons une accalmie dans la zone UMOA. Qu’est ce qui explique cette accalmie ? Manque d’attractivité ? Quelles sont, selon vous, les contraintes qui freinent le développement d’un véritable marché financier islamique susceptible de tirer les économies de la zone ?
Bienquelesémissionsaientétéréaliséesavecun francsuccès,ellesontmisenexerguecertaines limitesdontlanécessitéderenforcerl’éducation
Lestravauxengagés, sousl’impulsiondu CREPMF,pourdoterlemarchéfinancierrégionalde l’UMOA,d’uncadredédiéaumarchédecapitaux islamiquesontdéjàaboutià:(i)l'évaluationde l'environnementrèglementaireactuel,sesfaiblesses etopportunités,(ii)l’élaborationd’unefeuillede routepourledéveloppementd'unmarchédes capitauxislamiquesavecdesobjectifsàcourt,moyen etlongterme,(iii)latraductionenlanguefrançaise desnormesédictéesparl’IFSB,et(iv)laproduction d’unrapport depolitiquegénéralepourle renforcementdescapacitésdesintervenantsetla promotiondesproduitsfinanciersislamiquesau
…les intervenants commerciaux du marché financier régional se doivent d’être les pionniers de la finance islamique et doivent disposer d’une parfaite maitrise de ses contours…
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sein de l'UMOA sur une période de quatre ans Une méthodologie de mise en place d’indices financiers islamiques a égalementétéélaborée.
Le projetdecadrerèglementaireissude sesréflexionsafaitl’objetd’une consultationpubliquedel’ensembledela placefinancièreaucoursdumoisde septembre2021etdevraitêtrefinaliséau coursdupremiertrimestre2022. Ce cadre et l’ensemble des dispositions d’accompagnement visent à : (i) l’élargissementdelabasedesinvestisseurs, (ii) l’émergence de nouveaux acteurs spécialisés dans le segment de la finance islamique, et (iii) la diversification des sources de financement et des produits offerts sur le marché financier régional et (iv) la mise en place d’un comité Sharia au niveaurégional
Au-delà du cadre réglementaire, comment créer un véritable dynamisme pour le développement d’un écosystème de la finance islamique dans notre zone et en faire un véritable outil de développement et d’inclusion financière ?
Pour réussir cette réforme, l’implication de l’ensemble des parties prenantes y
compris le secteur privé est indispensable.
En outre, sans une certaine synergie et une dynamique des secteurs financier, bancaire et de l’assurance, le marché de capitaux islamiques ne peut pas, à lui tout seul, permettre le développement d’un écosystème robuste et attractif. Une certaine volonté politique et institutionnelle au sein de l’UMOA est également nécessaire afin de traiter des questions relatives, entre autres, aux procédures de rapatriement des fonds des investisseurs internationaux et à l’harmonisation de la fiscalité.
C’est l’occasion, d’exhorter les Autorités de l’Union à l’adoption d’un cadre fiscal de développement afin de
En tant qu’acteur majeur du secteur financier ouest africain, quelle est votre appréciation de l’édition inaugurale de « Islamic Finance Conversations » et quel pourrait être son apport dans la construction de cette nouvelle industrie ?
Les « Islamic Finance Conversations » tombent à point nommé et c’est le lieu de féliciter Dexterity Africa pour cette initiative qui contribue à faciliter et surtout permettra de mieux s’informer et de se former sur les composantes de l’écosystème de l’économie islamique ainsi que ses opportunités.
Le chemin à parcourir est encore long et les actions de vulgarisation de la finance islamique au sein des populations sont à encourager. Quelles que soient les innovations apportées par la règlementation, le véritable essor d’un outil est tributaire de la compréhension, de la perception qu’en ont les principaux acteurs et de la promotion qui en est faite. Une fois le cadre règlementaire mis en place, il appartiendra aux acteurs du secteur privé de se l’approprier.
faire de notre Union, un véritable Hub de lafinanceislamique
Le chemin à parcourir est encore long et les actions de vulgarisation de la finance islamique au sein des populations sont à encourager
Interview IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022 88
Le projet de cadre règlementaire issu de ses réflexions a fait l’objet d’une consultation publique de l’ensemble de la place financière au cours du mois de septembre 2021 et devrait être finalisé au cours du premier trimestre 2022.
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LES BANQUES ISLAMIQUES:ANALYSER, COMPRENDRE, INVESTIR
Notre désire d’écrire un ouvrage sur les banques islamiques réside dans la nature particulière des activités de ces dernières qui requièrent non seulement le respect des principes classiques de la finance, mais aussi le respect des principes de l’Islam.
En fait, le système financier islamique dans son ensemble interdit toute pratique de l’usure, de la spéculation, du hasard et privilégie les investissements qui portent sur des actifs tangibles. Par ailleurs, ce système financier prône une finance plus éthique et responsable qui permettrait de stabiliser l’économie mondiale à travers le respect des principes de la loi islamique, la charia. La transparence et l’équité dans les affaires, la préservation de l’environnement, le respect de la dignité humaine et la crainte de Dieu constituent la pièce maîtresse de ce système financier. Globalement, la nature de l’intermédiation financière des banques islamiques les expose à de multiples risques, à un système de gouvernance dual (gouvernance religieuse et gouvernance classique), à des traitements comptables particuliers et à une règlementation plus contraignante
A propos de l’Auteur: Né en 1991 au Cameroun dans le département de la Menoua, Wulli Faustin DJOUFOUET est aujourd’hui enseignant-chercheur et oriente de plus en plus ses réflexions scientifiques autour des financements islamiques des PME Docteur en Sciences de Gestion, il est par ailleurs auteur de plusieurs ouvrages et articles Scientifiques
LES CONTRATS DE LA FINANCE ISLAMIQUE
Le développement des contrats de la finance islamique est l’un des phénomènes notables de la société contemporaine. Cela explique que ces contrats aient déjà pu faire l’objet d’études. Le présent ouvrage entend toutefois renouveler les approches et apprécier de façon critique certains modes de financement caractérisant la finance islamique. En outre, il est une tentative de conciliation des nouveaux modes de financement participatifs, tel que le Crowdfunding, avec les principes du droit musulman régissant la finance islamique. Si ces principes ne sont aujourd’hui ignorés de personne, l’ouvrage offre une analyse juridique détaillée des différents montages contractuels, justifiant ainsi leur compatibilité avec le droit musulman. Malgré les progrès réalisés pour la réception de la finance islamique en France, le travail est loin d’être achevé. Il n’est
qu’à ses débuts. Les étudiants, les chercheurs et les praticiens trouveront dans cet ouvrage à caractère essentiellement pratique « une clé de lecture de la matière dans son ensemble » et la réponse immédiate aux questions qu’ils se posent.
A propos de l’Auteur: Chihab Mohammed Himeur Avocat à la Cour, docteur en sciences politiques, chargé d’enseignement à Paris-Est Créteil
LA FINANCE ISLAMIQUE , 2ème Edition
Premier manuel de référence en langue française écrit par une universitaire enseignant dans divers pays du monde musulman, cet ouvrage, dont c’est la deuxième édition, présente quatre particularités : Il fait apparaître la finance islamique dans son contexte historique, celui de la culture spirituelle, sociale, économique et juridique de l’Islam. C’est à ce titre, en tant que système idéologique, mettant en cause les principes de l’ultra-libéralisme, qu’elle peut séduire les non musulmans et apporter des éléments de réflexion pour une « révision éthique » du système économique et financier en crise.
Par comparaison avec le système conventionnel, cet ouvrage consacre des développements à la gestion et au mode de fonctionnement des banques islamiques, à leurs organes de décision, de gestion et de contrôle, ainsi qu’à leurs systèmes d’information et de gestion des risques. Lors de la présentation des produits financiers islamiques, il complète les aspects techniques et juridiques par la traduction comptable des opérations relatives à chaque produit afin de mieux comprendre les caractéristiques spécifiques de chacun d’eux.
Il dresse un bilan des performances des banques islamiques après quelques décennies d’existence et pose la question de savoir si elles sont restées fidèles à leur mission initiale –mission économique mais aussi sociale et sociétale – et quelle est leur place au sein du système financier global
A propos de l’Auteur: est Agrégée des universités en sciences de gestion, Docteur d’État en Gestion, Maître en Droit, diplômée Expert-Comptable Elle est Professeur invité dans plusieurs universités et établissements d’enseignement supérieur à l’étranger et est responsable d’un cours de Finance islamique à l’ESA (École Supérieure des Affaires) de Beyrouth, à l’ESAA (École Supérieure Algérienne des Affaires) d’Alger Elle exerce des activités de conseil, est spécialisée en ingénierie pédagogique des systèmes d’enseignement supérieur en management
92 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
Organisateur:
Dubai,
Londres,
Rome,
Dubaï,
virtuelle
FitchRatings Contact:https://www.fitchratings.com/ MARS 01,02 Maroc,colloqueenligne
ENCGELJADIDA-ELJADIDA Contact:
MARS 19
Calendrier 2022 Evènements Conférence
Organisateur:
Organisateur:
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Bahreïn
Royaumede
FinMark
FEVRIER 27
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MARS 15,16 Kombo,Gambie Organisateur:CIBE-UAE Contact:http://www.alhudatoday.com/ MARS 23
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RoyaumeUni
AVRIL 28,29 Abidjan,Côted’Ivoire Organisateur:DexterityEvents&Training Contact:events@dexterity-africa.com JUIN 09,10
Organisateur:ImpactInvestingWorld(IIW) Contact:https://impactinvestingconferences.com/
Italie
,Engineering andTechnology
MAI 03,04 Abuja,Nigeria Organisateur:IFN Contact:redmoneyevents.com/index.php SEPTEMBRE 23
Organisateur:WorldAcademyofScience
Contact:https://waset.org/
EmiratsArabesUnis
MAI 26 Abidjan,Côted’Ivoire Organisateur:DexterityEvents&Training Contact:events@dexterity-africa.com NOVEMBRE 12,15
Organisateur:IslamicFinanceNews(IFN) Contact:https://redmoneyevents.com/index.php
Istanbul,Turquie
JUILLET 29,30 Caire,Egypte Organisateur:WorldAcademyofScience,Engineering andTechnology Contact:https://waset.org/ MARS 12,15
Organisateur:WorldAcademyofScience,Engineering andTechnology Contact:https://waset.org/
KualaLampur,Malaisie
SEPTEMBRE 28 93 IFC MAGAZINE-FÉVRIER 2022
Organisateur:IFNetSecuritiesCommissionMalaysia Contact:https://redmoneyevents.com/
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