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III. Chaine entre les acteurs : de la coordination générale à la construction
from PARIS RIVE GAUCHE : UNE ZAC D’EXCEPTIONS De Seine Rive Gauche à Paris Rive Gauche
by Léa Daumalle
mais ils créent aussi un comité de site, un atelier ville et organisent des concertations et des conseils. Mais la communication sur le projet ne s’arrête pas seulement à la valorisation du projet par une transmission d’information. La SEMAPA instaure un plan directeur des lumières de Paris Rive Gauche afin d’éclairer le chantier. Cela permet une mise en valeur du site et une plus large visibilité pour les habitants parisiens et les investisseurs qui financent les constructions. Plus que simplement représenter des investisseurs, la communication visuelle du projet permet également d’attirer des financeurs à l’échelle internationale. La publicité est un moyen de communication très répandu dans le monde néo-libérale. Les investisseurs sont la clé de la construction de la ZAC. Ils dirigent une grande partie des travaux. Si ceux-ci n’interviennent pas dans le projet, la ZAC risque de rester vide.
La ZAC Paris Rive Gauche est une opération-synthèse des politiques publiques françaises. Elle regroupe, à elle seule, une grande partie des problématiques contemporaines des grands travaux d’aménagement en France. Elle allie le retour à la hauteur décidé dans les années 2010, tout en préservant le patrimoine fort et caractéristique du site, et intègre un grand campus universitaire symbole de dynamisme et de culture. Elle peut être considérée comme une maquette à échelle 0 représentant les grands axes des politiques urbaines mises en place en France.
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III. Chaine entre les acteurs : de la coordination générale à la construction
Lors de la conception de la ZAC se crée une chaine où chaque acteur et chaque moment représentent un maillon. Le projet de la ZAC a débuté, dans les années 90, lors du deuxième septennat de François Mitterrand, en même temps que s’est lancé la Très Grande bibliothèque. Il était nécessaire de prendre en compte cet ouvrage lors de la détermination des grandes lignes du projet. Ainsi, les grandes orientations envisagées découlent des choix architecturaux émis par Dominique Perrault pour cette bibliothèque. Nous en déduisons donc un lien direct entre ces deux aménagements. Si la bibliothèque peut exister seule, son aménagement environnement ne peut exister sans elle. Cette imbrication de projets marque le début de la longue chaîne de conception de cette ZAC.
Initialement les aménagements urbains étaient issus d’une affaire collective publique. Seulement au sein de la ZAC de Paris Rive Gauche, cet aménagement est laissé à de grands noms de l’architecture. Ceux-ci sont sélectionnés pour leur griffe architecturale et non pas leur capacité à concevoir un aménagement en cohésion avec le site. Cette intervention marque une rupture avec le mouvement précédant où la technique de l’architecte et l’Etat travaillaient ensemble pour concevoir un aménagement réfléchi. Pouvons-nous toujours penser que les politique maitrisent les aménagements ? Le manque de coordination entre les aménagements laisse présager à une trop grande liberté laissée aux architectes. En déléguant la construction des architectures, et en instaurant l’économie mixte pour financer la ZAC, l’Etat a mis en place une nouvelle chaîne de construction. Les investisseurs s’insèrent dans la chaine de la conception pour devenir des commanditaires de substitution. Ainsi, ce sont les banquiers et les promoteurs immobiliers qui constituent les équipes de maîtrise d’œuvre. Aucun budget, ni programme ne sont décidés en amont par les politiques. À
travers les réglementations générales instaurées par le PAZ pendant les études, il est fixé la programmation. Les investisseurs doivent être en capacité de présenter un projet répondant à un des programmes établis et de pouvoir le financer intégralement. En supplément, il est souhaité si possible que les investisseurs puissent gérer les entreprises qui s’installent dans le tertiaire. La sélection des projets s’effectue sur concours organisés par la société d’aménagement publique, autrement dit par les politiques. Pour s’assurer de remporter les concours, les équipes choisissent des stars de l’architecture, plus proche du design que de l’architecture urbaine. Ainsi, les architectes sont sélectionnés pour le caractère innovant du projet et l’image que celui-ci renvoie, dans une ère où la compétition est rude. Nous comprenons donc qu’une partie de l’exceptionnalité de cette ZAC repose sur le nouveau système de chaîne mis en place entre les acteurs. Les architectes possèdent un degré de liberté de création beaucoup plus important depuis que les investisseurs commanditent les projets, ceux-ci ne pensant pas à l’échelle nationale comme les politiques pouvaient le faire, mais à l’échelle de leur architecture et de leur image.