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II. Volumétrie et gabarits
from PARIS RIVE GAUCHE : UNE ZAC D’EXCEPTIONS De Seine Rive Gauche à Paris Rive Gauche
by Léa Daumalle
De plus, si les ZAC n’optent pas toutes pour une division du site en secteurs, nous observons que tous les aménageurs emploient le système du macro-lot pour concevoir leurs opérations. Le macro-lot né dans les années 2000 grâce à un aménageur, Jean-Louis Subileau . C’est à travers l’exemple de la ZAC Seguin Rives 49 de Seine, en traitant les problématiques actuelles (éco-quartiers : densité, mixité sociale, mixité programmatique, biodiversité) et en concevant avec le secteur privé, que ce système de gestion voit le jour.50 La ZAC de Boulogne devient la référence de cette pratique. Cependant, le système de macro-lot arrive à ses fins. La comparaison architecturale de ces ZAC permet de mettre à jour les faiblesses de ce système : une production d’îlots denses dans lesquels des programmes se répètent, orchestrés par des maitres d’ouvrage qui font appels aux mêmes architectes dans le but d’avoir la plus belle œuvre. En effet nous constatons une innombrable liste d’opérateurs pour chaque ZAC. Ainsi cette gestion des parcelles, en plus de la coordination par secteur lorsqu’elle est présente, aboutie à un déséquilibre architectural et urbain.
Ainsi la présence d’un trop grand nombre d’acteurs, publics comme privés, dans un projet peut être perçu comme un point fort pour intégrer au mieux l’opération dans un contexte urbain. Seulement celle-ci nécessite une organisation stricte, où les rôles sont clairement définis. Dans notre système de gestion et de construction, nous observons un jeu complexe entre acteurs publics et capitaux privés, où chacun tente de trouver sa place maladroitement. Ces hésitations se répercutent sur le projet d’aménagement en produisant une nouvelle ville tangible, à l’écart de la ville traditionnelle.
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II. Volumétrie et gabarits
Paris est une ville de caractère avec une grande homogénéité dans ses gabarits. Sa skyline est globalement uniforme bien que quelques tours comme dans le quartier de la Défense ponctuent la capitale. À l’échelle de la ville, les gabarits établis par le Baron Haussmann prédominent. Pourtant, nous constatons qu’à l’échelle de certaines ZAC, les gabarits diffèrent et ne sont pas concordants.
La ZAC Clichy-Batignolles possède une certaine homogénéité dans ses gabarits. Pour autant, ceux-ci s’élèvent à une hauteur bien supérieure à ceux environnants. Ces nouvelles formes émergentes jouent un rôle de transition entre Paris et le parc. Les bâtiments s’orientent autour d’un vide central occasionné par l’espace vert. Ainsi, la hauteur des bâtiments est plus imposante depuis le parc à la différence de la ville historique. Bien que le sommet des gabarits se discerne dans la skyline parisienne, il reste moindre face aux tours. Les formes architecturales et les matérialités attirent davantage le regard. Néanmoins, on atteste d’une exception car une tour se place au Sud de l’opération. Il s’agit du nouveau Palais de justice. C’est une des tours les plus hautes de Paris. Cette architecture diffère des tours classiques : elle se monte en escalier, créant des terrasses face au parc. La hauteur s’impose progressivement. Par ailleurs
DAVOINE, Gilles. « Jacques Lucan "Le macrolot est devenu en France la pensée unique de l’urbanisme" ». 49 Le moniteur. 14/01/2013. [en ligne] Consulté le 06/02/2021. URL : https://www.lemoniteur.fr/article/jacques-lucan-le-macrolot-est-devenu-enfrance-la-pensee-unique-de-l-urbanisme.485129
si cette transition est assurée côté du parc, elle s’impose massivement du côté du boulevard du périphérique. L’architecture se place comme un mur face à cette infrastructure inhospitalière.
La ZAC Bercy - Charenton est très hétéroclite. Par sa position, elle doit assurer une transition spatiale entre l’ancien Paris et les nouveaux gabarits générés par la ZAC de Paris Rive Gauche. Nous distinguons deux quartiers en contraste. Le premier se situe dans le 12e arrondissement de la capitale. Il se compose de six tours accompagnées par des immeubles bas. Ces tours, situées au niveau du pont national, en face du secteur Bruneseau Nord de la ZAC de Paris Rive Gauche, assurent une transition avec les tours de cette dernière. Leurs hauteurs s’approcheront des 200m de haut, faisant d’elles les tours les plus hautes de la capitale, avec le palais de justice et les Tours Duo. Le deuxième quartier se situe dans la ville de Charenton-le-Pont. Il s’ordonne de bâtiments bas, similaires aux gabarits traditionnels de la capitale. Ils s'inscrivent en rupture totale avec les tours du quartier en amont. Cela crée une grande disparité dans le paysage urbain. En effet, les tours se placent ponctuellement dans un secteur encadré par des immeubles bas. Elles cassent la ligne d’horizon visible depuis la rive de la ZAC de Paris Rive Gauche. D’autre part, les infrastructures routières et l’espace verts disposés en amont des tours instaurent un vide qui accentue la monumentalité des tours. Concomitant à cette idée, l’emplacement de ces géantes au-devant des voies ferrées leur confère une allure de barrière.
La ZAC Seguin Rives de Seine se compose de trois secteurs dont deux avec des gabarits discordants. Le quartier du Pont de Sèvres est un quartier réhabilité. Il se compose d’architecture de tours et de barres des années 70. Les hauteurs sont variables avec des espaces publics larges en pied d’immeuble. Ainsi, cette zone est aérée laissant suffisamment d’espace entre les bâtiments. Le quartier du Trapèze s’inscrit en opposition. Ce quartier neuf a été pensé avec des îlots denses dotés de cours végétales. Les façades sur rue sont de hauteurs similaires créant des percées visuelles semblables à celle d’Haussmann. Bien que ces deux opérations soient pensées en simultané, nous observons différentes logiques de construction qui nuisent à la lisibilité globale du projet. Ainsi, si les hauteurs paraissent homogènes créant une belle skyline, elles sont altérées par des constructions plus hautes, avec des toitures variées.
L’homogénéité dépend essentiellement de la composition de la ZAC. La majorité des opérations étudiées s’organise en différents secteurs. Ceux-ci sont conduits par des architectes coordinateurs qui définissent les gabarits et la volumétrie générale. C’est pourquoi nous remarquons des quartiers de différentes typologies et hauteurs : des tours allant de 50 à 180m de haut, des immeubles standards de 30m de haut et des bâtiments bas. Seule ZAC de Batignolles-Clichy déroge à l’organisation en secteur. Ceci explique sa cohérence globale. Si nous révélons l’origine d’une partie des instabilités volumétriques par l’organisation en secteur, cela n’explique pas les inégalités de gabarits à l’intérieur de ceux-ci. La hauteur des gabarits témoigne également des ambitions portées par les acteurs du projet. Selon les programmes portés nous constatons une variation. Nous pouvons soumettre l’idée que la hauteur hiérarchise l’importance des programmes et des commanditaires. Nous pouvons prendre comme exemple le palais de justice dans la ZAC de BatignollesClichy ou de la BnF dans le secteur Tolbiac de Paris Rive Gauche.