TH I N K S M AR T, LOOK AM A Z I N G
MAI - JUIN 2021 — 5,90 €
CHARLOTTE GAINSBOURG “Oser est devenu normal pour moi” TÉMOIGNAGES MON PÈRE, CE HÉROS REPORTAGE RÉFUGIÉES SYRIENNES, LEUR FIERTÉ ET LEUR DOULEUR
MODE
CROCHET, SHORTS, LINGERIE ET COULEURS CHAUDES EN ROUTE POUR L’ÉTÉ !
Reconquérir son bien-être
BEAUTÉ
LE MAKE-UP FAIT SA RÉVOLUTION GREEN
MENTAL - SOMMEIL - NUTRITION LES CONSEILS DE NOS EXPERTS POUR ALLÉGER NOTRE QUOTIDIEN
LE GRAND HÔTEL ©Jérôme_Mondiere
L’EXPÉRIENCE DU LUXE & DU BIEN-ÊTRE AU CŒUR DU PAYS BASQUE.
Une nouvelle évasion s’offre à vous. Face au Grand Hôtel, l’océan et la baie de Saint-Jean-de-Luz... Séjournez en toute sérénité dans notre hôtel et succombez à nos chambres lumineuses et reposantes. Profitez de nos soins, inspirés du mouvement des vagues, dans notre Thalasso & Spa pour vous régénérer face à l’océan. Un séjour bien-être en toute tranquillité.
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BOUTIQUE MESSIKA Place du Grand Sablon 20 - BRUXELLES +32 2 669 88 80
ÉDITO
Depuis 2019, nous sommes fiers de nous concentrer sur ce qui fait l’ADN de notre magazine : la mode et l’empowerment, les reportages journalistiques qui proposent une vraie vision du monde et les nouveautés de chez nous, en mettant l’accent sur la durabilité et le style. Une sauce légèrement provocante, qui mêle infos pointues et plaisir nécessaire. Car nous sommes là aussi pour vous divertir. Cette voie a prouvé qu’elle était la bonne. De tous les magazines belges féminins, versions francophone et néerlandophone confondues, Marie Claire est celui qui a affiché la plus belle progression des ventes en 2020. Durant cette année passée sans aucun événement ni action au niveau du marketing et malgré des numéros qui ont sauté en raison de la situation financière difficile, vous avez choisi Marie Claire, pour son style et son contenu uniques. Et vous n’êtes pas les seuls ! Le plaisir que cela me procure est immense. C’est un summum. Et quand on atteint le summum, il faut s’arrêter. Avec une motivation sans faille, j’ai fait partie pendant cinq ans d’une équipe bien rôdée et professionnelle, mais de nouveaux défis s’offrent à présent à moi. En ce mois de diversité professionnelle, j’espère que la bonne personne sera choisie pour me succéder, quels que soient sa couleur, son âge ou son genre. Nul doute que x/elle/il a encore pas mal de pain sur la planche. Nous vivons une époque passionnante ! Du fond du cœur, mille fois merci! Marie Geukens Rédactrice en chef mge@marieclaire.be N’hésitez pas à réagir.
SASKIA VANDERSTICHELE.
CHERS TOUTES ET TOUS,
p. 24 Syrie, leur fierté et leur douleur
SOMMAIRE ÉDITO
17 TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER MAI & JUIN
ÉPOQUE
20 NEWS L’actu qui nous touche, p. 31 Les tendances décryptées
par Marie Claire
nous interpelle
24 REPORTAGE Syrie, leur fierté
TÊTE-À-TÊTE(S)
44 RENCONTRE Charlotte Gainsbourg,
Abécédaire d’une délicieuse inquiète
50 ENTRETIEN Tahar Rahim : «Je n’ai
aucune honte à pleurer »
CULTURE
et leur douleur
56 AGENDA Expos et sorties
STYLE
60 FOIRE DU LIVRE Marie Noble,
PAR MARIE CLAIRE
62 CINÉMA Déborah François contre
31 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES
58 LIVRES Fabienne Blanchut,
Maman ne répond plus
Jamais sans mon livre la pandémie
64 CINÉMA Jasmila Žbanić, le courage
d’une réalisatrice
Suivez-nous sur marieclaire.be/fr
66 MUSIQUE London Grammar à l’école
des femmes
AGLAÉ BORY. PRESSE.
6
mollybracken.com
Soin de peau et d’esprit
Charlotte Gainsbourg, photographiée par Luna Conte. Réalisation Anne-Sophie Thomas. Assistante stylisme Agathe Gire. Coiffure Yoann Fernandez/Artlist Paris, avec les produits Leonor Greyl. Maquillage Sandrine Cano Bock/Artlist Paris. Manucure Laura Forget/ Artlist Paris. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Alix Cantal. Blouson en cuir, caraco en soie, short en veau velours et collant Saint Laurent par Anthony Vaccarello. Bijoux personnels.
huile sèche aux notes florales, fraîches et délicates
Blouse en satin rose saumon, Zara. Blazer rouge, Dondup. Poncho en toile de coton mélangé, KASSL . Pantalon de jogging rétro à imprimé monographique, Gucci. Chaussettes de sport, Falke. Mocassins, Sebago. Sac à main bordeaux, KASSL. Chapeau, Le Bonnet
p. 112 Sport chic
MAGAZINE
68 SOCIÉTÉ Vu et entendu
74 TENDANCE Les courbes en ligne
de mire
78 TÉMOIGNAGES Mon père, ce héros…
82 MODE Isabel Marant : « La mode doit 86 92 96 98
apporter du plaisir… » SÉCIAL FEEL GOOD À la reconquête de son bien-être PSYCHO Dépression périnatale : les mères à vif WOMAN@WORK Heidi Delobelle : « Je ne suis pas ambitieuse » MOI LECTRICE « J’ai vécu l’enfer avec un homme-enfant »
102 112
MODE
Acapulco flow Sport chic
MODE D’EMPLOI
122 LINGERIE Le soleil est près de moi
124 FOCUS Le Château des Dames sous
le prisme de Chanel
p. 132 Prix International du Parfum Marie Claire 2021
BEAUTÉ
132 PALMARÈS Prix International
du Parfum Marie Claire 2021 140 ENQUÊTE Le make-up passe au vert 144 PLANÈTE News green 146 SHOPPING Les rouges à lèvres 148 NEWs Les 5 envies de mai & juin
LIFESTYLE
152 ÉVASION Nouvelle-Calédonie,
un paradis secret
156 REPÉRAGES News design 158 MASTERCLASS Le cookie Suivez-nous sur marieclaire.be/fr
160 HOROSCOPE
162 LE QUESTIONNAIRE Alex Vizorek
KLAARTJE LAMBRECHTS. LUNA CONTE. MATHIEU TRAUTMANN.
Amsterdam.
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BELGIQUE
REGARD SUR LE MONDE
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DURABLE
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STYLE
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COURTESY OF J.W. ANDERSON/MONCLER.
IMAXTREE. GETTYIMAGES. @SUKIICAT. @COEURCONFINÉ. PRESSE.
marieclaire.belgique
(*) Moncler Genius Podcast, sur Spotify, renseignements sur moncler.com
TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER MAI & JUIN Par Nathalie Dolivo, avec Aurélie Lambillon et Elvira Masson.
TOCADES
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MAI & JUIN
UNE FLAMME QUI SENT L’ÉTÉ
Fruit en botanique, légume en cuisine et signe que l’été approche quand elle revient dans nos assiettes. Faute de la déguster en salade, on savoure le parfum de cette tomate insolite qui nous met déjà l’eau à la bouche. Bougie Tomate de Carrière Frères, 46 € les 185 g. carrierefreres.com
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DES PLANCHES POP
LES COULEURS ONT-ELLES UN SON ? UNE ODEUR ? QUE PRODUISENT-ELLES SUR NOUS ? LES RÉPONSES SE TROUVENT DANS L’EXPOSITION « COLORS, ETC. », QUI A INVITÉ DE NOMBREUX·SES ARTISTES À CRÉER SUR CE THÈME DES ŒUVRES IN SITU. ÉNERGISANT.
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TOCADES
COURTESY OF VANESSA SEWARD/LA REDOUTE. PRESSE. THE EASTON FOUNDATION, NEW YORK, COURTESY OF GALERIE KARSTEN GREVE KÖLN PARIS ST. MORITZ, PHOTO ANTONIO
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Vanessa Seward est de retour à La Redoute. Cette fois, la minicollection fait, entre autres, une belle place au denim, travaillé de mille manières, de la jupe à la combinaison. De ravissants imprimés ont aussi été conçus avec l’artiste Jason Glasser, inspirés de ses toiles. Déjà des musts ! Vanessa Seward x La Redoute, sur la redoute.be
UN SPOT MYTHIQUE
DES SHAMPOOINGS MADE IN AFRICA
Akibé signifie « respect » en fang, la principale langue bantoue au Gabon. Un joli nom pour cette jeune marque qui affirme ainsi sa volonté de créer des produits sains, naturels et efficaces dans le respect de la nature, des producteurs et des consommateurs. Démonstration avec ces quatre shampooings solides adaptés à toutes les chevelures. 44 € le pack de quatre + frais de port, sur akibe.fr
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Hôtel du Cap-Eden-Roc, par Alexandra Campbell, éd. Flammarion, 75 €.
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ÉPOQUE
NEWS
LA PIONNIÈRE OUBLIÉE
GRACE O’MALLEY
% 55
Illustration tardive (1793) de la rencontre entre Grace et Elizabeth I.
*
Carte de l’Irlande de 1572 par Graham Ortellius.
d’un courage rare. Guerroyer sans merci. Ne pas hésiter à se venger, si nécessaire. Toute jeune, Grace O’Malley est surnommée « la chauve ». Son père refuse de l’emmener sur l’un de ses navires sous prétexte que les longs cheveux de sa fille risquent de s’emmêler dans les cordages ? Elle se rase la tête ! La mer devient son terrain de jeu. Plus tard, elle se marie deux fois, chaque fois accroissant son pouvoir. Elle fait des enfants, conquiert des châteaux, attaque des navires. Quand son premier mari est assassiné, elle pourchasse et tue les coupables. Conquiert
des femmes commencent la journée avec le sourire s? E t vo u e t e s t l Fa i t e s
.b vi t tel
(*) Le trône de fer, L’intégrale (éd. J’ai lu).
L’ouvrage qui réhabilite les pionnières
Y avait-il des femmes parmi les artistes de la préhistoire ou parmi les copistes et enlumineurs du Moyen Âge ? Existait-il un « female gaze » dès le XVIIe siècle ? Est-il possible de faire de la nudité féminine une arme de protestation ? En mettant en avant des figures extraordinaires du monde de l’art, de la peintre abstraite Hilma af Klint à la performeuse Marina Abramović, de la sculptrice afro-américaine Augusta Savage (photo : Lift Every Voice and Sing (The Harp), 1939) à l’artiste britannique Salvia, qui affole Instagram avec ses toiles postgenre, l’historien de l’art Roger Cotentin souligne l’inventivité des femmes artistes face aux rapports de domination. Brillant. Wonder women, de Régis Cotentin, éd. RMN-GP, 24,90 €.
L BROWN COLLECTION. HATHI TRUST DIGITAL LIBRARY.
Des paysages sublimes, la lande battue par les vents, des châteaux qui surplombent des rivages aux reflets d’azur… C’est dans le comté de Mayo, au nordouest de l’Irlande, que naît Grace O’Malley vers 1530. L’écrivain George R.R. Martin, l’auteur de la saga Game of thrones*, connaissait-il son destin ? Probablement, tant cette pirate qui régnait sur les mers, n’ayant peur de rien et sûrement pas des hommes, fait penser à Yara Greyjoy, la seigneure des Îles de Fer dans la série. Les similitudes sont troublantes. Se choisir un destin interdit aux femmes. Y faire preuve
encore plus de châteaux. Mais aussi, ce qui explique en partie sa popularité en Irlande, elle résiste aux Anglais avec férocité. Sauf que le représentant de la couronne finit par tuer l’un de ses fils et emprisonner l’autre. Grace demande à rencontrer Elizabeth I. Requête acceptée – ce qui est rarissime. La reine d’Angleterre versus la « reine des pirates », comme on la surnomme : on aurait aimé voir ça. L’audience se déroule en latin, Elizabeth ne parlant pas gaélique et Grace ne prononçant pas un mot d’anglais. Les scribes du royaume racontent que la rebelle refusa de saluer et commit impair sur impair. Il paraît que la reine en a ri. Grace O’Malley sauve sa tête mais pas ses terres. Les Anglais s’établissent pour de bon en Irlande. Et Grace de terminer paisiblement ses jours dans l’un de ses châteaux, à 70 ans passés. Winter was coming !
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e
* Enquête sur la vitalité des Belges. Janvier 2021 (N=1500). Plus d’info sur vittel.be
Méconnue quoique légendaire en Irlande pour avoir, notamment, résisté à l’envahisseur anglais, cette pirate conquérante aurait pu inspirer le personnage de Yara Greyjoy, l’une des figures de femmes fortes de la série Game of thrones. Par Françoise-Marie Santucci
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ÉPOQUE
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PHÉNOMÈNE
CES POÉTESSES QUI DONNENT DE LA VOIX
scène ou dans les cafés –, et avant lui celle du « spoken word » – manière de faire vivre un texte en le mêlant à de la musique, du théâtre ou de la danse, popularisée dans les années 50-60 par la Beat generation et les poètes afro-américains. Au Royaume-Uni, Kae Tempest en est actuellement l’héritière la plus acclamée. En Belgique, Lisette Lombé est arrivée au slam sur le tard : en 2015, alors formatrice, elle écrit un texte sur une agression qu’elle a subie dans un train, l’apprend par cœur et monte le dire sur scène. C’est cette rencontre avec le public qui, pour elle, insuffle à la poésie un renouveau inédit : « Je ne suis pas dans une quête esthétique mais dans une attention au rythme et à l’accessibilité. J’écris pour le partage. Ce qu’on peut nous reprocher dans la littérarité des textes, nous le contrebalançons par notre présence scénique. » Au pays de Charles Baudelaire et de Victor Hugo, les résistances à ces prises de parole en public sont nombreuses. La poésie évoque plus les récitations scolaires de poètes morts depuis des siècles qu’un joyeux happening et le milieu, élitiste, a longtemps cultivé l’entre-soi. Mais ici aussi, les choses changent. « Cela fait des années que nous allons à la rencontre des publics, rappelle Valérie Rouzeau (6), poétesse aguerrie et traductrice de Sylvia Plath. Les festivals français sont aussi populaires que les festivals anglais. » Des
En illuminant de sa prose presque slammée la cérémonie d’investiture de Joe Biden en janvier dernier, la jeune Amanda Gorman a offert un visage à toute une génération de poétesses qui, en librairie mais aussi sur scène, sur disque ou sur Instagram, tente de décloisonner le genre.
Cécile Coulon
“UNE ÉLÉVATION.” Voilà ce que Lisette Lombé a ressenti le 20 janvier, à l’écoute du poème d’Amanda Gorman (1), étudiante afro-américaine de 22 ans, déclamé devant le nouveau président des États-Unis. « Tout d’un coup, on est passé des discours au ras du sol de Trump à quelque chose qui nous transportait au-dessus de la noirceur du monde », se remémore la poétesse belgo-congolaise (2). « Par son énergie, sa vivacité, sa dignité, elle a créé un appel d’air pour les autres poétesses », s’enthousiasme l’auteure et poétesse française Cécile Coulon. Du jamais vu dans un genre littéraire resté longtemps masculin et figé dans ses références classiques. Pourtant, ces dernières années, de plus en plus de femmes font bouger les lignes, en s’appuyant notamment sur les réseaux sociaux. La plus célèbre, Rupi Kaur (3), s’est imposée en 2015 avec une série de photos sur les règles, aussitôt censurée par Instagram. Le scandale a permis au public de découvrir ses vers illustrés : en 2014, son premier recueil, Lait et miel (4), s’est vendu
Rupi Kaur
à cinq millions d’exemplaires et est aujourd’hui traduit dans plus de trente-cinq langues. Reine des « instapoètes », la Canadienne d’origine indienne a fait émerger un mouvement porté par de nombreux anonymes heureux de trouver en ligne un public réceptif. En France, la tradition du livre reste forte, mais les éditeurs s’adaptent. Cécile Coulon, déjà romancière, a fait connaître sa poésie en la mettant en ligne sur Facebook. « Pendant huit ans, il n’était pas imaginable de la publier en papier, se souvient-elle. Mais quand on est arrivé à vingt mille personnes autour de mes poèmes, un éditeur m’a contactée. » Son premier recueil, Les ronces (5), a reçu le prix Guillaume-Apollinaire 2018. LA POÉSIE SE RENOUVELLE ÉGALEMENT PAR LA SCÈNE. Au XXIe siècle,
elle s’écoute autant qu’elle se lit, ce qui s’avère plus facile dans les pays attachés à la transmission orale. Les États-Unis font figure de référence avec leur tradition du slam – poésie dite à haute voix, sur
KELIA ANNE. ÉDITIONS ALCOCK/MYOP. BALJIT SINGH.
Amanda Gorman
ÉDITIONS ALCOCK/MUOP. UNIVERSAL MUSIC. GUILLAUME BELVÈZE, COURTESY OF GALERIE VERDEAU.
Par Géraldine Dormoy-Tungate
Lisette Lombé
Kae Tempest
rencontres sont également organisées dans les collèges et les lycées. Le Printemps des Poètes déploie 350 évènements par an. « En France, la poésie fait peur, mais si elle est lue à haute voix, les barrières tombent », résume Cécile Coulon. ENCORE FAUT-IL POUVOIR ÊTRE ENTENDUE. Les poétesses ont toujours été là mais, jusqu’à récemment, les gardiens de la poésie étaient des hommes blancs peu enclins à l’ouverture. D’origine congolaise, Lisette Lombé regrette de n’avoir jamais croisé un poète racisé au cours de ses études. Cécile Coulon s’est fait insulter lorsqu’elle a reçu son prix. Le machisme du milieu remonte à loin : Louise Colet, grande poétesse du XIXe siècle, reste plus connue pour sa liaison avec Gustave Flaubert que pour son œuvre. Heureusement, les mentalités évoluent : « Depuis dix ans, les textes les plus revendicatifs et les plus novateurs que je lis sont féminins », assure Jean-Yves Reuzeau, cofondateur des éditions
Le Castor Astral. Avec les nouveaux féminismes et la révolution #MeToo, le mouvement s’accélère : les poétesses actuelles n’ont jamais été aussi engagées. Lisette Lombé cherche les personnages, les images et les histoires qui opposeront « langue de feu contre langue de bois ». Et tant pis si son père trouve ses paroles impudiques : il faut parfois cela pour faire avancer les choses. « Le littéraire ne se suffit plus à lui-même, constate-t-elle. Il se mêle au social, au politique, à l’intime. » LES POÈMES ÉCRITS PAR DES FEMMES D’AUJOURD’HUI SONT DES CRIS DE
RAGE, estime la libraire Célestine Colombier (7). Certains thèmes – discriminations, agressions, viols, harcèlement – sont durs, mais ils mènent à des lectures poignantes et fédératrices : « Depuis Sappho dans la Grèce antique, chaque poétesse écrit sur ce qui lui tord le ventre, analyse-t-elle. Elles le font différemment, mais se rejoignent pour dire ce que c’est qu’être une femme. Et c’est souvent violent. » Elles s’emparent des tabous et font du corps un thème central. « Il manque beaucoup de choses dans une littérature écrite et transmise par des hommes, remarque Rim Battal, poétesse marocaine vivant à Paris. Quand j’étais enceinte de ma fille, j’avais envie de lire des textes qui poseraient des mots crus, directs, précis sur l’expérience
Rim Battal
existentielle de la maternité. Je n’en ai pas trouvé. J’ai commencé à prendre des notes, c’est devenu L’eau du bain (8). » Affranchies du « male gaze », ce regard masculin qui fait des femmes un objet de désir, les poétesses sortent du rôle de muse dans lequel les hommes les avaient enfermées et délaissent le langage de la séduction. « Avant de regarder l’autre, c’est bien de commencer par rentrer en soi, suggère Cécile Coulon. J’aimerais que des poètes me racontent un corps masculin qui vieillit, par exemple. » La poésie va-t-elle continuer de se féminiser et de se démocratiser ? Toutes y croient. Célestine la voit évoluer à l’image de la société : « Il y aura bientôt plus d’éditrices, le public d’amateurs ne cesse de s’agrandir et les libraires seront là pour les défendre. » À vos plumes ! 1. La colline que nous gravissons, à paraître en français aux éd. Fayard en mai 2021. 2. Dernier ouvrage paru : Brûler, brûler, brûler, éd. L’Iconopop. 3. Dernier ouvrage paru : Home body, éd. Nil. 4. Éd. Charleston. 5. Éd. Le Castor Astral. 6. Dernier ouvrage paru : Éphéméride, éd. La Table Ronde. 7. Librairie Gallimard, 15, bd Raspail, Paris 7e. 8. Éd. Supernova Project.
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ÉPOQUE
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REPORTAGE
SYRIE, LEUR FIERTÉ ET LEUR DOULEUR Au printemps 2011, un vent de liberté a soufflé sur la Syrie. La population est descendue dans la rue pour réclamer la démocratie. Yara Al Hasbani, Basma Bouch et Rukaia Alabadi y ont cru, avant le piège de la répression de Bachar el-Assad. Attaques chimiques, bombardements, tortures, meurtres : dix ans plus tard, cette guerre est, avec ses plus de quatre cent mille morts et ses millions de déplacés, “la pire catastrophe provoquée par l’homme depuis la Deuxième Guerre mondiale” selon l’ONU. Et les crimes de l’État islamique ont ajouté à l’horreur. Réfugiées en France, Yara, Basma et Rukaia ont laissé une part d’elles dans ce pays. Mais ne regrettent pas d’avoir voulu vivre dignement. Et librement. Par Laure Marchand Photos Aglaé Bory
À gauche : Yara, menacée par le régime de Bachar el-Assad, construit désormais son parcours artistique en France. Ci-contre, la boîte à bijoux musicale qu’elle a rapportée de Syrie. Ci-dessous : une vue des toits de son quartier.
“En exil, j’ai trouvé ma liberté.”
YARA AL HASBANI, CHORÉGRAPHE
Son père était son plus grand admirateur. « Il était fier de moi quand j’ai été admise à l’Institut supérieur d’art dramatique de Damas. Il m’a transmis une grande force », raconte Yara Al Hasbani. Avec une immense douceur dans la voix, la jeune femme de 27 ans décrit « un homme incroyable dans ce pays où un dictateur contrôle même les pensées. Lui gardait des livres interdits à la maison et nous parlait de ses opinions politiques ». Au début de la révolution, ce receveur de la compagnie de téléphonie syrienne a encouragé sa fille à y prendre aussi part, malgré son inquiétude. Il a été arrêté, à son domicile, devant son épouse, Yara et son petit frère. Il était environ 19 h 30, l’immeuble était encerclé par des soldats. Son corps a été rendu. Torturé. « En bas de l’immeuble, j’ai entendu les hurlements de ma mère, au 3e étage. J’ai compris. » Une semaine plus tard, Yara a reçu un coup de fil : « Tu ne comprends pas qui te parle ? C’est toi la prochaine. » La famille la fait sortir du pays en urgence. Elle a 18 ans. Le Liban, la Turquie, puis Rochefort, en Charente-Maritime et l’asile politique avec sa mère, son frère et sa sœur. Sa bouée de sauvetage sera la danse. Elle cherche des mots précis en français pour bien se faire comprendre : « Ce n’est ni une passion ni une profession, je vis avec. Je bois de l’eau et je danse, c’est pareil. »
Elle est « montée » à Paris, a fréquenté le Centre national de la danse. Au fil des années, la danse s’impose comme son moyen d’expression politique. Elle a chorégraphié la torture, les enfants gazés par l’aviation de Bachar el-Assad à la Ghouta, la banlieue damascène… En Syrie, les corps étaient sous contrôle. L’enseignement reçu presque exclusivement classique. « Comme pour tout, l’instruction avait une dimension militaire. » En exil, elle a rencontré la puissance libératrice de la danse contemporaine. « Au début, j’étais gênée de réaliser un mouvement moche qui incarne un sentiment lourd. Comment danser pour dire la fatigue et la tristesse ? » Cette recherche la porte bien davantage que « le défi de cinq pirouettes techniquement parfaites ». Elle va en faire profiter des enfants syriens, à Idlib, région que Bachar el-Assad n’a pas encore reconquise. Les ateliers auront lieu par vidéoconférence. « Je veux leur apprendre à découvrir leur corps. » À Paris, les salles de danse sont actuellement fermées. Yara habite près des Halles, dans une colocation avec des étudiants français et des étrangers qui ont dû quitter leur pays. Elle a gagné une bourse de la région Île-de-France dédiée aux jeunes créateurs. C’est dans une petite pièce de vie collective de l’immeuble qu’elle prépare son prochain spectacle, créé avec deux compatriotes. « Je veux exprimer à quel point nous, les femmes au Moyen-Orient, sommes entravées dans nos corps. Nous devons nous libérer par nous-mêmes. Même ici, j’ai vu les opposants politiques nous manquer de respect parce que nous étions des femmes. Cela me met en colère et cette colère est un moteur pour ma création. » Mais Yara ne « regrette » pas : « Nous avons payé un prix très cher, surtout quand je pense à mon père, aux victimes, un arrachement. Mais dans cet exil, j’ai découvert quelque chose de plus précieux, ma liberté. »
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ÉPOQUE
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REPORTAGE
“Cette révolution, c’est notre tragédie mais aussi l’histoire de notre vie.” BASMA BOUCH, MÉDECIN
Ci-contre : Basma, réfugiée politique, vit désormais à Strasbourg, mais la guerre en Syrie la hante. Avec son mari et ses deux fils, elle habite dans un nouveau quartier écoresponsable. Ci-dessus : la vue depuis son appartement. En haut, à gauche :
son fils, Hady, lors d’une remise de diplôme. Dans la petite boîte rose, les dents de lait de ses enfants. À droite : des photos, souvenirs d’un bonheur perdu. Dans son exil, Basma n’a pu emporter que quelques objets.
Sa vie d’avant est étalée sur la table du salon d’un petit appartement strasbourgeois. Les dents de lait, la guitare et le violon de ses deux fils, les lettres d’amour de son mari, des photos jaunies de pique-niques, de baignade dans une rivière, de bougies d’anniversaire soufflées… « Une valise de vingt kilos ne suffisait pas », sourit Basma Bouch. Cette médecin, qui travaille à l’hôpital de Bischwiller, en Alsace, a quitté Damas avec son mari Alaa et ses enfants en 2016. « Nous sommes partis parmi les derniers, nous y croyions à la révolution. Bien sûr, nous savions que le régime était plus fort que nous mais nous pensions que la communauté internationale n’allait pas laisser faire. » Eh bien si, elle a fini par laisser faire. Mais Basma y croyait tellement que même l’arrestation en 2014 d’Alaa, son mari, par les moukhabarat, les services de renseignements, ne l’avait pas décidée à renoncer à ses rêves de démocratie. Pharmacien, Alaa faisait passer clandestinement des médicaments et de la nourriture dans les quartiers assiégés par Bachar el-Assad. À l’évocation de ce souvenir, les larmes embuent les grands yeux bleus de Basma ; des marques rouges apparaissent sur son cou. « Pendant trois mois, j’ai gardé le silence, je ne pouvais pas dire qu’il était détenu, je serais devenue suspecte à mon tour. Aux enfants, je répétais : “Nous avons choisi notre chemin, votre père est fort.” » Assis à ses côtés, Alaa raconte avoir été enfermé dans un sous-sol, sans lumière, entassé avec d’autres activistes : « C’était comme une tombe. » Mais les mois passent et la répression s’intensifie. À trois reprises, leur appartement est touché par des roquettes. « La dernière est passée juste à côté de Zain, qui était assis dans le canapé. » C’est leur aîné, il vient alors d’avoir 18 ans. Ses parents craignent qu’il ne soit à son tour arrêté. Décision est prise de partir. Mais comment ? Oser envoyer un mail à l’ambassade de France en Turquie leur prend des mois. Puis, la fuite. Pendant le trajet, sur la route, « une peur, vous n’imaginez pas ». Enfin, les visas accordés, la possibilité de s’envoler vers la France. Comment continuer à regarder devant soi ? La culpabilité du survivant l’accompagne. « Pourquoi mon frère est-il mort et pas moi ? » Mais pour les enfants, « il ne faut pas tomber ». Leur mère les pousse à embrasser leur nouvelle existence sans « jamais oublier ce qu’ils ont vécu là-bas, tout le monde n’a pas eu cette chance. Pendant quelques mois, un paradis, un incroyable espoir ». Les deux jeunes hommes ont renoué avec leur vie. Hady, 20 ans, est en classe préparatoire école de commerce. Zain, 22 ans, en licence de cinéma, à la Sorbonne Nouvelle.
Basma fait tout pour s’acclimater. Un maniement du français impressionnant, alors qu’elle n’en parlait pas un mot en atterrissant à Roissy, des sorties culturelles… « Avec Alaa, nous avons même fait les fêtes de la bière dans le coin », rigole-t-elle. Mais cette solitude que tant de réfugié·es connaissent resurgit à l’évocation de leur « maison en Syrie qui était toujours remplie d’amis ». Son mari ne parvient pas à retrouver un emploi. La pandémie ne facilite évidemment rien. À l’hôpital, dans le service de rééducation gériatrique qu’elle a intégré, son vécu en Syrie se révèle finalement être une aide. « Comme j’avais l’habitude de travailler pendant la guerre, le Covid me stresse moins que mes collègues. J’essaie de leur montrer que des solutions existent et je rassure mes patients âgés. J’adore ce que je fais. » La passion de soigner lui permet de rester debout. « Nous avions le droit de demander la liberté », souffle-t-elle. Un grand sourire : « Je crois que je suis toujours un peu optimiste. » La révolution est leur tragédie mais « c’est aussi l’histoire de notre vie ».
“Comme j’avais l’habitude de travailler pendant la guerre, le Covid me stresse moins que mes collègues. J’essaie de leur montrer que des solutions existent.”
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ÉPOQUE
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REPORTAGE
“Mon corps est ici, ma tête, là-bas.”
RUKAIA ALABADI, JOURNALISTE
En novembre 2018, à son arrivée à Paris, Rukaia Alabadi logeait sur l’avenue des Champs-Élysées. Bombes lacrymogènes, barricades, affrontements… Plongée immédiate dans le grand bain politique et social français avec le mouvement des Gilets jaunes. Quel décalage avec la Syrie ! En 2011, lorsqu’elle est descendue dans les rues de Deir ez-Zor avec d’autres étudiants qui réclamaient le départ de Bachar el-Assad, elle « ne comprenai(t) pas très bien ce qu’il se passait. Avant la révolution, manifester était inconcevable, parler politique trop dangereux, les murs ont des oreilles là-bas. J’avais peur ». Entre ses premiers pas contestataires mal assurés et son existence parisienne, cette femme de 34 ans, aujourd’hui réfugiée politique, aurait pu mourir tant de fois. Arrêtée par les sbires du régime, elle a passé vingt-sept jours dans la prison de Deir ez-Zor. « C’était très dur. J’ai été fortement battue. » Son pouce droit en a conservé une difformité : un os cassé qui ne s’est pas ressoudé correctement. « Je n’ai pas été violée mais j’ai subi beaucoup d’attouchements sexuels. » Elle a été ensuite transférée par avion dans « l’unité Palestine », un centre de détention des services de renseignements militaires, à Damas. Elle y fut atrocement malade mais pas torturée : « J’y ai été oubliée. » Elle en est sortie deux mois plus tard grâce à un pot-de-vin de 5 000 dollars payé par son père. Dans une molaire creuse, elle avait caché un minuscule papier sur lequel elle avait écrit les numéros de téléphone des familles de dix-sept codétenues. Rukaia sourit encore de ce pied de nez aux autorités (qui aurait pu lui coûter la vie). Pourtant, quelques heures après sa libération, elle apprenait que Mahmout, son « chéri » et « révolutionnaire », avait été tué par Daech. D’un tiroir, elle sort un sac en plastique bleu soigneusement noué. À l’intérieur, des clés USB qu’il lui avait confiées, contenant des vidéos et des photos d’activistes appelant à prendre les armes contre Assad. Après ces mois de captivité, la peur l’avait quittée. Rukaia se transforme en journaliste-activiste pour documenter sur les réseaux sociaux le quotidien de sa ville désormais contrôlée par l’État islamiste. « Je me déplaçais en niqab, c’était pratique. »
“Je veux que le monde comprenne ce qu’il s’est passé, montrer la réalité de ce régime qui prétend être fort.”
Elle a aussi organisé un réseau de distribution de nourriture et de vêtements. Jusqu’à ce jour de janvier 2015 où son père lui a dit : « Si Daech t’attrape, tu es morte. Il faut partir. » Pendant trois ans, en Turquie, elle a poursuivi ses activités de journaliste. Mais des confrères syriens y sont également assassinés par les djihadistes. Les menaces se rapprochent. Il faut fuir, à nouveau. Ce sera donc la France et ses Gilets jaunes en bienvenue. L’année dernière, au début du premier confinement, Rukaia a rencontré son actuel petit ami français sur le site OkCupid. Le coronavirus a servi d’accélérateur. Le premier soir, elle n’a pas dit un mot. Johann se demandait s’il ne s’embarquait pas dans une drôle de galère avec cette belle Syrienne tourmentée. Une bouteille de vin a détendu l’atmosphère. Les semaines qui ont suivi, les jeux de société et la série Le bureau des légendes ont accéléré son apprentissage du français. « Je sais désormais que ma vie est en France », résume-t-elle sobrement. Elle fait encore beaucoup de cauchemars. Elle aime rire aussi. La farouche envie de vivre qui la porte l’a sauvée, peut-être. Elle s’immerge totalement dans son nouveau pays, jusqu’à faire les vendanges dans le Beaujolais ! Chaque mardi, cette réfugiée politique fait du bénévolat au Secours catholique pour aider les demandeurs d’asile à surnager dans les méandres administratifs. Fidèle à la révolution, elle continue de produire des articles sur la Syrie. Elle vient aussi d’écrire les premières pages de son livre : « Je veux que le monde comprenne ce qu’il s’est passé, montrer la réalité de ce régime qui prétend être fort. Pourquoi alors emprisonner une vieille femme, avec un dentier, à moitié morte ? »
À gauche : en Syrie,
cachée sous un niqab, Rukaia documentait les activités de l’État islamique dans la région de Deir ez-Zor. Aujourd’hui, elle vit à Paris et continue de produire des articles sur la Syrie. Ci-contre : dans son appartement. Sur la table, les clés USB (également en haut à gauche) que son petit ami syrien, tué par Daech, lui avait confiées et qu’elle conserve précieusement. En haut, à droite :
la vue de chez elle.
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FILIPPO FIOR/IMAXTREE.COM. COURTESY OF MICHAEL KORS/IMAXTREE.COM. COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM. COURTESY OF EMPORIO ARMANI/IMAXTREE.COM.
SUR INSTAGRAM
DESSOUS DESSUS Ci-dessus, défilés printemps-été 2021, de g. à d. : Drome, Michael Kors Collection, Givenchy, Koché, Emporio Armani.
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CARRÉ ROSE LA PANOPLIE
Pour mettre en lumière une tenue en noir et blanc, on mise sur un petit sac rose bonbon, l’une des couleurs les plus fraîches de la saison. Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx.
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1. LE LOOK PODIUM Défilé printemps-été 2021 Valentino. 2. UNE BLOUSE SANS MANCHES Opaline, en coton Paul & Joe, 265 €. 3. DES SANDALES CLOUTÉES Pixel, en cuir Ash, 235 €. 4. UN SAC ROSE DRAGÉE en cuir de vachette Lancel, 495 €. 5. UNE CHEMISE AJOURÉE Gitalki, en coton Isabel Marant, 650 €. 6. UNE MANCHETTE EN OR Bone Elsa Peretti pour Tiffany & Co., prix sur demande. 7. UNE BAGUE BOMBÉE en argent plaqué or Bottega Veneta, 750 €. 8. UN BERMUDA À PINCES en laine Comptoir des Cotonniers, 115 €. 9. UN PETIT SAC BANDOULIÈRE En cuir Jacquemus chez De Bijenkorf, 500 €. 10. DES BALLERINES BICOLORES En cuir de veau agl, 255 €. 11. LA CHEMISE IDÉALE Chemise longue Inès de la Fressange pour Uniqlo, 29,90 €.
DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X10). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
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TACHES BRUNES ? MANQUE D’ÉCLAT ?
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DÈS 2 SEMAINES**
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FLEURS SUR LA VILLE LA PANOPLIE
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Associés à un short en denim et des sandales, blouses et tops fleuris forment l’un des combos urbains les plus vivifiants de la saison.
«CE SOIN A VRAIMENT CHANGÉ MA VIE !»
Réalisation Alexandra Conti et Linda Heynderickx.
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1. UNE BLOUSE FLEURIE Joy, en viscose Ba&Sh, 160 €. 2. DES SANDALES TRESSÉES en cuir Minelli, 129 €. 3. UN BODY EN CROCHET en maille de coton et viscose Sessùn, 135 €. 4. LA BONNE SILHOUETTE Chemise Carl, en coton et tencel Berenice, 175 €. Top en polyamide et viscose Claudie Pierlot, 95 €. Ceinture en cuir Vanessa Seward pour La Redoute Collections, 39 €. Short en denim de coton Roseanna, 190 €. 5. UNE BAGUE FLEURIE En métal doré Pandora, 79 €. 6. UN SAC BOHO En suède LOU Doillon X IKKS, 275 €. 7. LE LOOK PODIUM Défilé printemps-été 2021 Chloé. 8. UN SHORT DE VILLE En coton Gigue, 129 €. 9. DES SANDALES À BOUCLES en cuir NeroGiardini, 120 €.
FILIPPO FIOR/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X8). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
FIEN DEQUECKER, BLOGUEUSE BELGE
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Thiamidol breveté en France, en Belgique et aux Pays-Bas. ** Scorage clinique réalisé sur 32 à 35 sujets (selon le produit testé). Ceci représente un exemple, les résultats individuels peuvent varier. Valable pour la gamme Eucerin Anti-Pigment.
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Imaginer l’avenir en s’inspirant du passé : de Gattaca à Marine Serre ou Prada, le monde d’après n’a jamais eu autant d’allure. Réalisation Agathe Gire 1
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le cinquantième anniversaire de Star Trek. 8. Uma Thurman dans Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol (1997). 9. Lunettes Dior Eyewear. 10. Chemisier sans manches A.W.A.K.E Mode. 11. Baby Simone Rocha.
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COURTESY OF PRADA/IMAXTREE.COM. COLUMBIA TRISTAR FILMS.
1. Bague Bea Bongiasca. 2. Manteau Moncler 4 x Simone Rocha. 3. Sac à main The Row. 4. Plastron col roulé Totême. 5. Défilé printemps-été 2021 Marine Serre. 6. Défilé printemps-été 2021 Prada. 7. Timbre 2016 pour
USPS. PRESSE (X7). COURTESY OF MARINE SERRE/IMAXTREE.COM.
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LE DÉCOLLETÉ DANS LE DOS COME-BACK
1974
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Mireille Darc en Guy Laroche, dans Le retour du grand blond
Défilé Givenchy printemps-été 2021
“COUVREZ CE SEIN QUE JE NE SAURAIS VOIR.” Plus de trois cents ans ont passé depuis la célèbre réplique de Molière
dans Le Tartuffe ou l’Imposteur, mais peu de choses ont changé : la poitrine des femmes est trop souvent condamnée à rester cachée. Sur Instagram, en 2021, les seins nus, les décolletés et les tétons sont encore censurés. Il faut alors bien des astuces pour déjouer les prudes algorithmes. Au cinéma, c’est la même affaire. Dès les années 30, à Hollywood, le « code Hays » interdit de dévoiler ne serait-ce que la base de la poitrine. Qu’à cela ne tienne : s’il est impossible de découvrir l’avant, on décollettera le dos ! Sophistiqué, le dos nu est souvent souligné par quelques accessoires. En 1961, dans le film Diamants sur canapé, Audrey Hepburn est habillée par Hubert de Givenchy, qui lui dessine une robe fourreau dont le dos est marqué par cinq rangs de perles nacrées. Pour son rôle d’espionne dans Le grand blond avec une chaussure noire, Mireille Darc imagine en 1972 avec son ami Guy Laroche une robe de sirène iconique pourvue d’un décolleté abyssal : plongeant jusqu’à la naissance des fesses, la folle chute de reins est juste soulignée d’une chaînette dorée. À l’été 2021, Givenchy renouvelle l’exercice de style. Avec malice, un détail coloré met le focus sur la taille, comme un rappel amusant du jean avec string apparent, grande tendance des années 2000. Côté verso, aucune limite à l’esprit subversif et décalé, n’en déplaise aux puritains.
GAUMONT INTERNATIONAL/PROD DB/AURIMAGES. COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM.
Pied de nez à la censure qui sévissait dans le Hollywood des années 30, il refait surface dans un monde où la poitrine des femmes est toujours sous haute surveillance. Comme une façon de se jouer, encore et toujours, des esprits pudibonds. Par Louise des Ligneris
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PEOPLE
DORÉS NON PÉRISSABLES
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SUR LE FIL INSTA DE
ADUT AKECH BIOR
TENDANCE
Sur Instagram, la mannequin australo-soudanaise partage sa fierté d’être tout à la fois réfugiée, diplômée et femme engagée. Et un modèle, joyeux et pugnace, pour son 1,2 million d’abonné·es. Par Louise des Ligneris
SA COVER CULTE
Sac en laiton et cuir Chanel, prix sur demande. Mule La Seize, en cuir Saint Laurent par Anthony Vaccarello, 595 €. Sac Rendez-vous, en cuir de veau, avec détails en métal Monogram Louis Vuitton, 3 300 €.
Sur son compte, les unes d’Adut Akech se multiplient à grande vitesse. Parmi les plus emblématiques, celle du Business of Fashion, en duo avec Pierpaolo Piccioli, directeur artistique de la maison Valentino. Ce grand numéro annuel dévoile le classement BoF 500, qui désigne les personnalités les plus influentes de l’industrie de la mode.
SES PREMIERS PAS
De haut en bas et de gauche à droite
Septembre 2017, Paris. À 17 ans, Adut Akech (au centre) lance sa carrière de top à l’international et défile en exclusivité pour Saint Laurent. Elle partage les photos de ce « rêve devenu réalité » sur Instagram. Une apparition féerique en robe mordorée, comme le signe de son début de carrière magique.
Photo et set design Mélissa De Araujo Réalisation Anna Quérouil
SON ENGAGEMENT HUMANITAIRE
Née dans la nuit de Noël 1999 alors que sa mère faisait un périlleux voyage du Soudan vers le Kenya, Adut Akech a ensuite vécu une partie de son enfance dans un camp, avant de s’installer en Australie où sa famille obtient le statut de réfugié politique. Aujourd’hui, elle ne manque pas une occasion de mettre sa notoriété au profit de la cause des réfugié·es et s’engage avec force. INSTAGRAM.COM/ADUTAKECH.
Ceint de clous ou protégé par une cage dorée, deux sacs dont ces versions sont appelées à devenir de nouveaux classiques s’associent à de fines mules de cuir à talon.
SON ANGE GARDIEN
Il est son ami, son mentor : Edward Enninful, qu’elle appelle même « papa Enninful », est le nouveau directeur éditorial européen du magazine Vogue et une figure ultra-présente dans la vie de la jeune mannequin. Pour son anniversaire, elle lui adresse un beau message très personnel, accompagné de leurs meilleurs souvenirs en images.
SA FORCE RÉCOMPENSÉE
Sacrée mannequin de l’année 2019 aux British Fashion Awards, elle célèbre cet accomplissement symbolique. Dans son discours, ce jour-là, elle évoque son parcours : « Si une réfugiée sud-soudanaise à la peau noire et qui est partie de rien peut le faire, alors vous aussi, vous pouvez y arriver. »
SA PROMESSE TENUE
Sur son compte, la jeune femme partage quelques moments privés, façon journal intime, qu’elle accompagne de notes personnelles. Elle qui avait promis à sa mère de finir ses études, de lui offrir une maison et une voiture, a tenu son engagement. Réussir à décrocher un diplôme et se hisser la même année au sommet des podiums : voilà qui méritait bien un post !
x Voyage Hotel
Le top du plaisir et de la zénitude Idéalement situé le long de la splendide Riviera turque, le magnifique complexe Voyage Torba vous propose son tout nouveau concept. La destination parfaite pour des vacances relaxantes en famille ou une escapade romantique en tête-à-tête.
CONFORT ET ÉLÉGANCE
Au Voyage Torba, vous séjournez dans des chambres spacieuses et confortables équipées de la climatisation, d’un minibar, d’un téléviseur LCD avec tuner satellite intégré, d’une machine à café et d’un kit pour bébé. Installé dans un écrin de verdure luxuriante, l’hôtel se compose de bungalows bien pensés et aménagés avec goût à coups
de matériaux naturels. Ceux·celles qui privilégient l’intimité ne seront pas en reste. La partie privée du complexe a cédé la place à un lagon tout aussi privé accueillant 26 petites villas luxueuses sans oublier un assistant de voyage et un service « bonne nuit ». Chaque chambre donne directement sur la piscine d’un bleu turquoise : le must pour qui aime démarrer la journée en piquant une tête. Le lagon privé dispose également d’un bar réservé exclusivement à ses résidents. CUISINE GASTRONOMIQUE
Le Voyage Torba a tout prévu pour combler les papilles des fins gourmets. En plus du restaurant principal qui propose un buffet copieux, il met à leur disposition 7 restaurants à la carte, 1 restaurant privé, le Cuisine 24 avec service 24/7, 2 snacks, 13 bars et même une pâtisserie pour les plus gourmands. Les kids ont également droit à des menus adaptés dans le restaurant pour enfants. Cerise sur le gâteau : vous pouvez savourer de bons petits plats en profitant en live de la musique et des spectacles organisés dans la zone
commune aux restaurants à la carte, elle aussi remise à neuf.
UN VOYAGE DE NOCES INOUBLIABLE
Le Voyage Torba est également aux petits soins pour les jeunes mariés, qui peuvent y célébrer cet événement dans le plus grand luxe et vivre une lune de miel qu’ils ne seront pas près d’oublier. Le concept « lune de miel » s’est lui aussi réinventé. Il offre entre autres un dîner gratuit dans l’un des restaurants à la carte et 20 % de réduction sur un massage bienfaisant au spa. Tous les résidents de l’hôtel ont en outre accès à la Comfort Zone à l’arrivée et au départ. Un endroit où tout est prévu pour tuer le temps de manière agréable en attendant votre check-in ou votre transfert vers l’aéroport. La garantie d’un voyage qui commence et s’achève dans la zénitude et d’un prolongement de cette merveilleuse sensation propre aux vacances.
PLAISIRS AQUATIQUES À L’INFINI
Pour vous rafraîchir, rien de tel que les eaux cristallines de la mer Égée ou l’une des 8 superbes piscines du complexe. Quel que soit votre choix, vos vacances seront synonymes de plaisirs aquatiques. D’autant plus que le Voyage Torba vous propose également un parc aquatique qui compte six toboggans pour adultes et un pour enfants: des heures d’amusement en perspective ! L’aire de jeux Tugi Kid’s Word a aussi fait peau neuve pour se métamorphoser en véritable paradis pour les tout-petits. SE RESSOURCER
Vous souhaitez garder la forme pendant vos vacances ? Direction la salle de sport entièrement équipée. Après un entraînement intensif, que diriez-vous d’un passage au salon de coiffure à moins que vous ne préfériez un massage réparateur ou un soin relaxant dans le spa flambant neuf. De quoi vous sentir renaître.
PRESSE.
Qui n’aspire pas à un séjour farniente dans un endroit à couper le souffle ? Idéal pour se débarrasser en un clin d’œil de tout le stress accumulé ! Voyage Torba vous accueille dans une baie idyllique bordée par la mer Égée, à 5 km à peine de la pétillante Bodrum. Ce pur bijou vous offre tout ce dont vous pouvez rêver : une plage de sable de 300 m de long pour lézarder en toute tranquillité, un grand choix de bars et restaurants sans oublier un service sur mesure incomparable. Le complexe écologique a revisité son concept avec à la clé de nombreuses nouveautés pour cet été : nouvelles chambres et piscines, parc aquatique doté de 6 toboggans, spa et bien plus encore...
Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Voyage Hotel. voyagehotel.com
SECTION
RENCONTRE
RUBRIQUE
TÊTE-À-TÊTE(S)
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Charlotte Gainsbourg Nous avons grandi avec elle, propulsée dans la lumière à peine venue au monde. Pourtant, on connaît peu de choses de la chanteuse et actrice tant les projecteurs sous lesquels elle évolue depuis si longtemps semblent n’avoir jamais réussi à saisir complètement sa vérité. Alors que l’on devrait la retrouver bientôt au cinéma dans Suzanna Andler* de Benoît Jacquot, ce sont donc ses mots que nous sommes allés chercher au fil des lettres de l’alphabet. Un exercice dans lequel elle se dévoile avec une rare sincérité, plus attachante que jamais.
VESTE, BLOUSE, SHORT ET COLLANT SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. BIJOUX PERSONNELS.
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CRÉDITS
Par Philomène Piégay Photos Luna Conte
Un premier jour de mars éclaboussé de soleil, et dans son vaste salon comme un air de printemps précoce qui se faufile entre le piano à queue, les fauteuils jaune safran et les grands rideaux vibrant d'un turquoise profond. Flottement et léger trouble de la voir apparaître, silhouette si familière, comme tout droit sortie d’un album de famille qu’on feuillette depuis des décennies. Charlotte petite, Charlotte ado, Charlotte jeune femme, Charlotte hier timide et lointaine et pourtant si populaire… Charlotte Gainsbourg à chaque fois différente et inchangée, au gré des tranches de vie que sa famille et elle nous ont données à voir depuis toujours. Subtil mélange d’intimité dévoilée et de pudeur jalousement préservée. Elle propose un thé, raconte que le virus n’a pas entamé un rythme dense : deux tournages, un album en cours d’écriture, un agenda familial très rempli, entre le documentaire qu’elle prépare sur sa mère et le trentième anniversaire de la mort de son père qu’elle s’est décidée, cette fois, à célébrer. « En rentrant à
Paris il y a quelques mois, après avoir vécu six ans à New York, je me suis dit : mais qu’est-ce qui t’a pris de te mettre tout ça sur le dos ? » L’arrivée de Rita, un bébé bull-terrier, à la rentrée dernière est venue adoucir ce passage à vide. « J’adore ces chiens, même s’ils ne sont pas commodes. Mon père en avait un, j’en ai déjà eu un moimême à 21 ans… c’est ma madeleine de Proust. » Drôle de période aussi où se mêlent l’attente, d’un côté, que Suzanna Andler*, magnifique portrait d’une femme blessée adapté d’une pièce de Marguerite Duras et signé Benoît Jacquot, puisse enfin rencontrer son public, et un sentiment d’urgence de l’autre : « Je n’ai plus le temps d’attendre », assure-t-elle. Mots précis et voix sur le fil, comme gorgée d’émotions prêtes à jaillir, elle a accepté d’égrener avec nous un bel abécédaire truffé de confidences, parsemé de souvenirs. Un portrait morcelé où se faufile entre les lettres, tel ce printemps qui vient, un doux air de fantaisie, de mélancolie et de légèreté. (*) Avec aussi Niels Schneider et Julia Roy, prochainement en salles.
Abécédaire d’une délicieuse inquiète
46 TÊTE-À-TÊTE(S) RENCONTRE
« Un mot qui dit la finesse, et qu’on cherche trop à effacer de notre vocabulaire, comme si l’époque l’interdisait. Il faut être cash, appartenir à un camp ou à un autre. Pour moi, l’ambiguïté dans la séduction est importante par exemple. Il y a des pas à ne pas franchir, bien sûr. Mais je trouve dangereux de vouloir établir trop de règles. Dans ma musique aussi, je veux continuer d’insuffler de l’ambiguïté. »
B comme Ben
« Mon fils aîné. C’est compliqué tout d’un coup de parler de ses enfants quand on a passé sa vie à vouloir les protéger. Un jour, j’ai eu le goût de faire des clips avec eux, ils n’étaient plus un sujet tabou. Ben, cela me touche d’avoir vu ses débuts au cinéma, dans Mon chien Stupide, et bientôt dans le prochain film d’Yvan (Yvan Attal, le père de ses enfants, ndlr). Il a une telle candeur, un tel plaisir à faire partie de l’équipe, il me rappelle mes premiers pas. Il déteste se regarder, moi aussi je suis passée par là. Ma fille Alice, elle, a tellement aimé la vie à New York qu’elle est restée y étudier. Nous voilà à Paris avec notre dernière fille de 9 ans. C’est une nouvelle vie, à trois, qu’il faut inventer. »
C comme Charme
« C’est inné, et de l’ordre de la magie. Je pense à mon père forcément. Lui-même disait qu’il n’était pas beau, mais il avait un charme fou. Je trouve ça beaucoup plus fort que la beauté plastique. C’est ce qui me touche le plus chez l’autre. »
D comme Douleur
« J’ai appris à faire des choses négatives – la douleur, mais aussi ma timidité ou mon manque de confiance en moi – une force. Les films de Lars von Trier m’ont fait explorer des parcours douloureux. J’y ai pris du plaisir, et j’ai aussi une grande tolérance à la douleur. Voire un côté un peu masochiste ! Je ne cherche pas à souffrir dans la vie, mais quand j’explore ça pour des rôles, j’aime bien. Après la mort de mon père, ma complaisance dans la tristesse a duré très longtemps. Même aujourd’hui, je peux encore aller m’enfermer rue de Verneuil et broyer du noir. Je dois sortir de ça. »
E comme Enfants
« Encore eux ! Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans enfant. Avant, j’étais tournée vers la mort et quand mon fils est arrivé, ça a été une révélation. Leurs premières années, je me suis sentie tellement utile, il y avait quelque chose de si simple. Eux grandissant, j’ai pu avoir plus de mal à trouver ma place. Je n’ai pas de grands principes d’éducation, je ne suis pas sûre de ne pas me planter. Je me fie souvent à Yvan pour son côté rigoureux, chez moi c’est plus instinctif. Les enfants, il faut aussi apprendre à se passer d’eux, les voir partir est difficile. »
F comme Fringues
« Quand j’ai commencé à m’habiller, vers 16 ans, il me fallait des “fringues” ! J’allais aux puces, je voulais du vécu. Aujourd’hui, au contraire, j’adore les vêtements neufs. La bascule s’est faite quand j’ai rencontré Nicolas Ghesquière chez Balenciaga. Il m’a initiée à la mode. Grâce à lui, j’ai pris du plaisir à faire les tapis rouges, alors que c’était cauchemardesque avant. Nicolas a joué de mon corps longiligne, sans seins, il m’a permis de dépasser mes complexes. Ma sœur Kate aussi a joué un rôle en me photographiant dans des robes haute couture. Avec elle, je me suis sentie jolie, chez moi c’était nouveau. Après, j’ai rencontré Anthony Vaccarello, j’ai adoré notre relation, je l’ai suivi chez Saint Laurent. Je suis sélective. Je n’aime pas attirer l’attention dans la rue, je ne peux pas mettre de jupe… J’aime de plus en plus les vêtements pour homme. Marre des jeans trop serrés ! En ce moment, sans doute un effet du confinement, je ne fais aucun effort. Même pour Yvan, c’est terrible, je ne fais rien. (Rires.) Je ne pensais pas me retrouver en jogging le dimanche… J’avais des limites, que mon séjour à New York m’a fait franchir allègrement ! Cela sera agréable de retrouver le côté ludique de l’habillement. »
G comme Ginsburg
« C’est mon vrai nom. Je suis née à Londres et quand j’ai été déclarée, ils ont vu le passeport de mon père : Ginsburg, dit Gainsbourg. Pour moi, ils n’ont gardé que Gainsbourg, mon seul nom jusqu’à mes 18 ans. Là, j’ai dit à mon père que je voulais m’appeler comme lui : Charlotte Ginsburg, dite Gainsbourg. En mars, on a fêté les trente ans de sa mort. J’ai longtemps été en révolte, je trouvais ça atroce qu’on célèbre cet anniversaire. Maintenant je m’y suis faite. Vivre loin de la France m’a permis d’avancer sur le projet de musée rue de Verneuil. C’était un mausolée où j’allais me recueillir, au cimetière il y avait toujours du monde. Et je me suis sentie prête, aussi, à parler de lui. Avant, j’avais honte de ne pas avoir toutes les anecdotes en tête, de ne pas tout savoir sur lui. Je trouvais tous les autres témoignages plus légitimes que le mien. En revanche, je n’arrive toujours pas à écouter ses chansons, mais je suis heureuse quand mes enfants le font. »
MANTEAU ET CARACO PACO RABANNE. SHORT, COLLANT ET ESCARPINS SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO. BIJOUX PERSONNELS.
A comme Ambiguïté
Assistante stylisme Agathe Gire. Assitant photo Florent Redolfi. Coiffure Yoann Fernandez. Maquillage Sandrine Cano Bock/ Artlist. Manucure Laura Forget/Artlist. Production Zoé Martin, assistée de Ludovic Del Puerto et Alix Cantal.
48 TÊTE-À-TÊTE(S) RENCONTRE
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L comme “Lemon Incest”
H comme “Ho ! Hisse !”
« J’aime l’effort physique, la contrainte. J’aurais adoré être danseuse. Mais je ne faisais pas de sport, petite. J’ai commencé quand il a fallu que je me remette en forme après mes grossesses. Ce côté athlétique, aller au bout de soi-même, me plaît. L’effort empêche de réfléchir aussi, on n’a plus trop de conscience. »
I comme Intimité
« C’est un drôle de mélange de cultiver la pudeur et en même temps d’avoir du plaisir à dévoiler son intimité. D’avoir autant de complexes et en même temps d’aimer se montrer. J’ai été élevée avec l’idée qu’on avait une intimité mais qu’elle était partagée. Celle de ma famille était exposée, mise en scène. Quand Yvan réalise Ma femme est une actrice, il donne à voir une intimité, de la même manière que j’y suis allée à fond dans mes premières chansons. Je trouve ça normal d’être sincère. Quand je pleure au cinéma, je dévoile quelque chose de plus intime encore que de me montrer à poil. Être exposée m’a surtout gênée quand j’étais jeune. Aujourd’hui, je suis moins radicale. Comme je fais un peu de photo, je me suis prise au jeu d’Instagram. Mais quand j’y mets des images de ma fille, je ne suis pas sûre de bien maîtriser l’impact. J’espère qu’il y a suffisamment de distance pour que les gens n’aient pas l’impression d’être chez moi. »
J comme Juvénile
« Je sais que la vieillesse me rattrape. Au fil des séances photos, je vois le temps passer, et je n’aime pas ça. Ça a longtemps été mon seul atout, le côté juvénile ! Je n’avais pas la beauté de ma mère, ni le génie de mon père. Souvent on disait que dans les films j’étais “juste”, avec un côté sans travail qui, dans l’esprit des gens, va avec l’aspect juvénile. Celui-ci va me quitter et j’espère bien qu’il restera quelque chose derrière ! J’ai peur qu’on voie juste des rides derrière la vieille enfant. (Rires.) »
K comme Kate
« Forcément. Un K sans Kate, ce n’est pas possible. Même si j’ai beaucoup parlé d’elle. Aujourd’hui, quand j’ai du plaisir à prendre des photos, je pense à elle. J’entends parfois dans ma voix des intonations qui étaient les siennes, et je ne m’empêche pas de les avoir. Ma petite chienne me la rappelle aussi. Elle avait une telle gentillesse en elle, Kate. Elle ramassait tout ce qui était en souffrance, les êtres comme les animaux. »
« Ce serait dommage qu’on ne puisse plus enregistrer cette chanson aujourd’hui. Ce qu’on y entend, “c’est l’amour que nous ne ferons jamais ensemble”. Un amour pur entre un père et sa fille. La chanson va avec le côté provocateur de mon père, mais il n’y a pas d’ambiguïté dans les paroles. Je comprenais ce que je chantais, il me l’avait expliqué, il ne s’est pas servi de ma naïveté. On parle beaucoup d’inceste, et c’est bien que les victimes puissent s’exprimer de plus en plus. Mais la chanson de mon père n’a rien à voir avec ça. »
M comme Maman
« J’ai initié un documentaire sur ma mère il y a troisquatre ans au Japon, à l’occasion d’un concert qu’elle y donnait. J’ai commencé timidement à la regarder, c’était une manière pour moi de me frotter à elle pour m’en rapprocher. Je voulais la rendre belle aussi. Mais cette première intervention ne lui a pas plu. Elle a trouvé ça trop impudique peut-être, elle m’a demandé d’arrêter. Plus tard, je lui ai montré les images, et elle m’a dit : “En fait ça va, tu peux continuer !” J’ai fait le gros du film à la rentrée, à Paris, en Bretagne, en studio. Le prétexte, c’était les concerts mais derrière, c’est sa personnalité qui m’intéresse. On parle. La caméra est très bienveillante. Je m’approche, c’est très intime et aussi un peu trouble. Le film est presque terminé. J’ai très peur de lui montrer. Elle n’aime pas se voir, j’ai hérité cela d’elle. J’espère qu’elle sera tout de même un peu charmée. »
N comme Nuit
« Je n’aime pas la tombée du jour, source d’angoisse, mais la nuit a quelque chose d’infini qui me rassure. J’aime bien me coucher à 4 h du matin et me lever à midi. Malheureusement, avec des enfants et l’école le matin, impossible ! La nuit, pourtant, on peut perdre son temps, alors que la journée il faut être efficace. J’ai toujours tant de trucs sur mes listes de choses à faire… »
O comme Oser
« Avant, c’était quelque chose d’important, oser, comme s’il fallait sans cesse que je me jette à l’eau. Et puis, j’étais tellement timide que c’était faire un énorme pas. Aujourd’hui, je le suis moins, donc oser est devenu quelque chose de plus normal. Il y a toujours autant de plaisir, mais moins de danger. Je préfère l’idée de me surprendre moi-même plutôt que d’oser. »
U comme Usé
« J’adore l’usure du jean. Cette marque que fait le temps sur le tissu. Il y a là quelque chose de très personnel qui me plaît. User les vêtements, avoir des meubles qui ont vécu, c’est un vrai plaisir chez moi. »
P comme Peur
« J’ai peur de tout, tout le temps. Peur pour mes enfants, pour ma mère. Peur d’apprendre que quelqu’un vient de mourir à chaque notification sur mon portable. J’ai appris que mon père était mort à la télé… Les sonneries de téléphone, ça peut aussi être très angoissant ! Je suis superstitieuse, ma mère m’a transmis ça. Dès qu’on est trop heureux, on imagine que ça peut se retourner contre nous, que ça porte malchance. C’est vraiment la chanson Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve… »
Q comme Questions
« Ça va avec professeurs, avec école. J’adorais apprendre, avoir un guide. J’ai même eu un professeur quand j’étais adulte, qui m’a accompagnée dans mes lectures. C’est comme si j’avais envie de retourner tout le temps à l’école. Je n’ai pas le savoir que j’aimerais avoir. »
R comme Rire
« J’ai été élevée avec le rire. Mes parents se marraient tout le temps, ils étaient drôles ! Yvan me fait rire. Et aujourd’hui, le rire manque dans notre univers tellement contrôlé. J’ai l’impression qu’on a moins le droit de rire. On a tellement peur d’être mal interprété… »
S comme Silence
V comme Vieille
« Je n’ai plus le temps d’être dans l’attente. Je ne sais pas combien de temps encore je ferai du cinéma, combien d’albums je vais écrire, combien de temps je pourrai chanter sur scène… Le temps est compté, il faut que les choses se fassent. Je ressens comme une urgence, depuis mes 40 ans je me dis : c’est maintenant. »
W comme Web
« Je ne suis ni accro ni geek. Je ne regarde pas beaucoup mes mails, je suis tout le temps en retard pour y répondre… Je suis vite dépassée à vrai dire. Quand j’ai sorti l’album 5:55, iTunes commençait, avec le système des commentaires. Certains m’ont tellement fait mal que depuis je ne lis plus rien à mon propos. »
X comme Classé X
« J’aime la résonance de l’expression, son côté interdit. Peut-être parce que mon père en a fait une chanson. Les films X sont devenus assez effrayants, mais à l’époque des premiers pornos de Canal+, c’était plus rigolo. Un jour, toute jeune, je me promène dans la rue et je reconnais un acteur. Je me retourne, il voit ma tête, et là, oh merde, il avait compris que je l’avais reconnu ! »
Y comme Yvan
« Dans Suzanna Andler, le film de Benoît Jacquot, il y a une vraie écriture du silence, que j’ai découverte avec le texte de Marguerite Duras. Les silences y sont autant écrits que les mots. Être bien avec quelqu’un, c’est pouvoir laisser le silence s’installer sans que cela ne mette mal à l’aise. J’ai beaucoup vécu dans le silence, je parlais peu. Pendant les dîners, j’écoutais, je trouvais que je n’avais rien d’intéressant à dire. C’était plus facile pour moi d’être dans le mutisme. »
« Petite, je m’étais dit que je donnerais un jour ce prénom à mon fils. Yvan, je l’ai connu à 18 ans, on s’est mis ensemble un an plus tard, je venais de perdre mon père. Il m’a vue dans un état lamentable. Et il a eu la patience de m’accompagner. Ce n’est jamais gagné, j’ai toujours peur que ça ne tienne pas. Travailler ensemble nous aide, parce qu’on partage un projet, et en même temps ça met beaucoup de pression. Il est très exigeant, et souvent j’ai l’impression de ne pas être assez bien. Je n’en ai pas encore fini avec mes complexes ! »
T comme Tournée
Z comme Zan
« Pour la première fois, j’ai pris un plaisir immense lors de ma dernière tournée. Chanter mes propres textes m’a permis de m’approprier plus facilement la scène. Avant, j’avais l’impression de devoir faire semblant d’être à la hauteur. Là, j’ai embrassé mon malaise. Je ne suis pas une chanteuse à voix, je viens comme je suis et je me sers de ma personnalité, et même de mes complexes. On a conçu un plateau qui me ressemblait : j’étais protégée par le piano, par de grands cadres aussi, j’étais beaucoup dans le noir. »
« Les bonbons de mon enfance. Je n’aimais pas le Zan plus que ça, mais cela me rappelle l’époque où j’allais seule rue de Verneuil, quand mes parents étaient séparés. J’étais très choyée, Bambou s’occupait de moi. J’ai des souvenirs précieux de ces week-ends. Mon père remplissait une jarre de bonbons, c’était un moyen de me dire bienvenue. On choisissait un film qu’on regardait sur son grand écran, on mangeait ces bonbons. Je reste très tournée vers cette vie d’enfant heureuse, un passé que je ne veux pas lâcher. »
SECTION
ENTRETIEN
RUBRIQUE
TAHAR RAHIM
“JE N’AI AUCUNE HONTE À PLEURER”
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Mohamedou est venu sur le tournage en Afrique du Sud. Un choc ?
On avait beaucoup échangé sur Skype avant. Cet homme sort de l’une des pires prisons au monde, on lui prend son passeport, mais il réussit finalement à venir sur le tournage. Je suis un peu stressé, je ne veux pas qu’il se sente trahi, ni diminué, ni déçu. Tout cela va au-delà d’un film. Je sais qu’il est à l’hôtel et je tombe sur lui par hasard. On se prend dans les bras. J’avais l’impression d’étreindre un ami très proche. Tu ressens la personnalité, la bonté, la chaleur de quelqu’un à ce moment-là. Il était bouleversé par la précision du décor, les détails. Pour la séquence où l’avocate Nancy Hollander et lui se réconcilient, Nancy Hollander et Mohamedou sont présents, ils regardent en se tenant la main et fondent en larmes. C’était extrêmement émouvant. C’était une forme d’engagement pour vous de jouer dans ce film ?
Un engagement vis-à-vis de lui, surtout. Je voulais m’aligner avec les gens qui se sont battus pour lui rendre justice. C’est pour ça que j’ai donné de toute ma personne.
À bientôt 40 ans, il est suffisamment confiant en sa bonne étoile pour saisir à bras-le-corps son rêve américain. Alors qu’une nouvelle série dont il est le héros vient de sortir sur Netflix, Désigné coupable (1) a brillé par son absence aux Oscars 2031. Un film saisissant dans lequel l’acteur s’est beaucoup investi, physiquement et émotionnellement, et grâce auquel il nous confie avoir grandi. Rencontre. Par Catherine Castro Photos Julien Mignot
BLOUSON LOUIS VUITTON. PULL PERSONNEL.
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CRÉDITS
TAHAR RAHIM CROIT AU DESTIN, ET LE DESTIN SEMBLE L’AVOIR ÉLU COMME CHOUCHOU.
Plus de dix ans après Un prophète, l’acteur français le plus bankable d’Amérique brûle l’écran dans Désigné coupable, impressionnant blockbuster de Kevin Macdonald. Incarner Mohamedou Ould Slahi, soupçonné par les États-Unis d’avoir commandité les attentats du 11 septembre et arbitrairement détenu à Guantanamo pendant quatorze ans, a marqué l’acteur dans son corps. Imprégné des Carnets de Guantanamo, écrits par le Mauritanien, Tahar Rahim donne à revivre les dix-huit heures de torture quotidienne endurées par le Prisonnier 760, et quatorze ans du combat de son avocate Nancy Hollander – jouée par Jodie Foster – pour le sortir de là. Deux Tahar valant mieux qu’un tu l’auras, on peut « binge watcher » sur Netflix l’excellente série The serpent (2), histoire d’un serial killer français qui a dessoudé une vingtaine de touristes en Asie dans les années 70 (en ligne le 2 avril). On rencontre l’époux de Leïla Bekhti à l’Hôtel Rochechouart. Osant une photo sur le rooftop, il grimpe sur la partie du toit non accessible au public, impulsif ado de près de 40 ans. Zéro garde-fou, zéro protection, vertige total. Sauf lui. Belle petite gueule et grand talent, Tahar Rahim tisse sa légende, attachant, impeccable storyteller, toujours plus haut vers la gloire. Hollywood, nous voilà.
En vous faisant physiquement mal, en ne vous alimentant pas, en portant les menottes bien serrées, en vous faisant asperger d’eau dans une cellule d’isolement à température glaciale…
Il y a quelque chose de jouissif là-dedans, c’est très étrange. Pour jouer, je fonctionne comme ça, je récupère les énergies qui m’entourent, et évidemment les émotions que j’ai traversées dans ma vie, comment faire autrement ? Seulement, il est très rare d’avoir un personnage qui permette ça, très rare d’avoir autant de fuel pour s’investir. Là, j’ai eu l’occasion de toucher du bout des doigts la vérité du jeu. C’est ce que cherchent tous les acteurs, non ?
Évidemment ! J’ai eu besoin d’aller aussi loin, pour d’abord y croire, moi-même. Et par respect pour lui et tous ceux qui se sont trouvés dans cette situation. Oui, j’ai eu besoin de me faire mal. Quelque part dans ma tête, je savais qu’à un moment j’entendrais : « Coupez », et que je rentrerai dans ma chambre d’hôtel. Mohamedou lui, ça ne coupait pas. Il ne savait pas s’il verrait un jour le bout du tunnel. Vous dites aussi être allé chercher la honte qu’il avait ressentie.
Oui, la honte et la peur. En lisant ses
TÊTE-À-TÊTE(S)
ENTRETIEN
“Personne n’allait venir à Belfort et me proposer un rôle. La ‘working class’ d’où je viens n’a pas de perspectives folles. Il y a les études, alors oui, j’ai eu mon bac, une licence de cinéma, mais pour devenir acteur, ça ne suffit évidemment pas.”
mémoires, en conversant avec lui, j’ai compris qu’il a eu honte. Raconter la torture était difficile pour lui, notamment les sévices sexuels et l’humiliation. En discutant, j’ai vu son syndrome post-traumatique apparaître en (il claque des doigts) trente secondes, j’ai arrêté tout de suite d’en parler. Cette personne est bien réelle, ce n’est pas un personnage. Sincèrement, je me suis senti bête. C’est merveilleux le cinéma mais ce n’est que du cinéma.
•••
Qu’allez-vous puiser dans votre propre vie pour incarner la honte ?
Je vais vous raconter ce que j’ai fait une fois et que je ne referai plus. Dans un film, je jouais quelqu’un face à la mort. Peu de temps avant, j’avais perdu un proche. Je suis allé chercher en moi l’émotion que j’avais ressentie face à cette perte pour la mettre au service de mon personnage. Je m’en suis voulu, beaucoup, j’ai eu honte d’avoir fait ça. Utiliser quelque chose de sacré, en faire un outil, ça m’a dérangé. Je me suis dit : « Tu ne le referas plus, il y a des limites. » Vous êtes-vous dit un jour : “Je veux être acteur” ?
Oui, je me le suis dit à 15-16 ans. Ça s’est passé comme pour tous les ados qui peuvent rêver d’être footballeur ou pompier. J’allais au cinéma parce que je m’ennuyais. C’est devenu une passion, puis un besoin. J’étais suffisamment naïf à cet âge-là pour y croire. Je suis arrivé à Paris avec mon sac et 1 200 € en poche, je suis allé à l’hôtel, puis, en une semaine, les choses se mettaient déjà en place. Je décroche une place dans un cours de théâtre, un boulot dans un bar, un autre petit boulot, et un job de commis au Man Ray. Je ne pouvais pas faire autrement. Je
voulais être acteur, et pour vivre, il fallait que je travaille. Vous croyez au destin ?
Je crois profondément au destin, bien sûr ! Ce n’est pas comme si on n’avait pas de libre arbitre. C’est plutôt une conversation avec ce qui nous entoure. Les choses sont là, elles sont envoyées. Tu les attrapes ? Tu les saisis ? Vous ne seriez pas devenu acteur si vous n’aviez pas saisi quoi ?
Je ne serais pas devenu acteur si je n’avais pas pris ce train qui m’a amené à Paris. C’est là que ça s’est passé. La veille de mon voyage, la personne qui devait m’héberger me plante. Mon frère Ahmed me dit : « Ton train est à 8 h demain matin. Soit tu restes ici, tu sais déjà ce qui t’attend. Soit tu y vas, et tu ne sais pas ce qui t’attend. » J’ai dit : « J’y vais, je ne reste pas là. » Dans la série The serpent, vous interprétez Charles Sobhraj, tueur en série français en prison à vie au Népal. Une phrase vous a aidé à rentrer dans ce personnage auquel, à moins d’avoir la sensibilité d’une huître, il est difficile de s’identifier : “Tout ce que j’ai voulu dans ma vie, j’ai dû le prendre. Si j’avais attendu que le monde vienne à moi, je l’attendrais encore.” C’est une métaphore de votre vie ?
En tout cas de ma vie d’acteur. Personne n’allait venir à Belfort et me proposer un rôle. Et puis on évolue dans un monde où la « working class » d’où je viens n’a pas des perspectives folles. Il y a les études, alors oui, j’ai eu mon bac, une licence de cinéma, mais pour devenir acteur, ça ne suffit évidemment pas. Ma mère m’a bien fait rire d’ailleurs quand j’ai eu mon diplôme : « Ça
fait un an que tu l’as, ta licence, c’est quand que tu travailles ? »
Pour The Eddy, le réalisateur Damien Chazelle vous a engagé illico alors que Leïla Bekhti a dû passer des essais.
(Il rit.) C’est le game, parfois il faut passer des essais, parfois c’est des offres.
Votre père, professeur d’arabe, en Algérie, est devenu ouvrier chez Alsthom en arrivant en France. Est-ce qu’un déclassement pareil, ça pousse les enfants à vouloir réparer ? Est-ce que, toute sa vie, on reste marqué par cela, comme Annie Ernaux, qui dit : “J’écris de mon être dominé.”
Aucun principe féministe n’a été bafoué ?
Non, pas du tout, ce serait mal penser. C’est de l’art, on est en train de créer, plein d’acteurs ont passé des essais et c’est une bonne chose. Ça permet de savoir si le courant passe avec le réalisateur.
Ça relève de la psychanalyse ! Mon père ne m’a jamais parlé de ça. J’y ai réfléchi. C’est une force en plus. Et puis le chemin inverse existe aussi, vous voyez ? S’ils ont émigré en France, c’était pour nous, plus tard, pour que l’on accède à des conditions de vie meilleures, aux études supérieures, à de bons métiers. Son ego, il l’a ignoré. Peut-être que moi je ne l’aurais pas fait. C’est un sacrifice. Ma maman a quitté toute sa famille pour élever les enfants, travailler pour joindre les deux bouts. Je ne veux pas être misérabiliste car mon enfance était merveilleuse.
Vous pleurez parfois ?
Évidemment, ça m’arrive, ça dépend de ce qui se passe. Quand on a grandi dans une société qui pousse les jeunes hommes à ne pas pleurer, à ne pas faire état de leurs émotions, ce n’est pas facile ! Ce métier me permet de jouer avec mes émotions, justement, de n’avoir aucune honte. C’est important de se libérer émotionnellement, de n’avoir rien à faire du regard de l’autre. Vous êtes-vous dit à un moment : “Je veux travailler aux États-Unis” ?
Oui, sinon, ça n’arrivait pas. Je me sentais prêt, je voulais voir si j’en étais capable. C’était un fantasme de gosse ! Et en tant qu’acteur, les personnages qu’ils me proposaient étaient mieux que d’autres que je recevais.
Pour revenir à Charles Sobhraj, c’était un personnage qui vous fascinait avant même de jouer son rôle, je crois.
J’avais lu son livre à 16 ans. En lisant, je voyais un film. Je n’avais pas la maturité nécessaire pour me demander si c’était politiquement correct de jouer un serial killer. Plusieurs fois, on m’a demandé : « Ça ne vous dérange pas de jouer des mauvais ? » On fait du cinéma ! On peut jouer des mauvais. On est dans une cour de récréation, d’expérimentation et d’imagination sans limite.
Il faut trouver le bon agent.
Une phrase de Nelson Mandela est devenue votre mantra : “Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends.”
C e t t e p h i l o s o p h i e e s t ve n u e ave c Mohamedou. Avant, mon mental c’était « je ne veux pas perdre ». (Silence.) Au début du Serpent, j’ai vécu ce sentiment d’échec. Je n’arrivais pas à attraper le personnage, j’étais comme un sportif fâché. Pour moi, un tournage, c’est un match de boxe. Chaque jour est un round. Et la personne contre qui je me bats, c’est moi-même, je suis mon propre sparring-partner. Je dois gagner. Tenir debout, en tout cas. Parce qu’il faut aller au bout. Avant, je vivais l’échec de manière énervée, je ressassais : j’ai raté la scène. Le lendemain, j’allais sur le plateau rempli de cette mauvaise énergie. Maintenant, j’ai changé, je reviens et je défonce tout.
BLOUSON ET PANTALON LOUIS VUITTON. PULL ET BAGUE PERSONNELS.
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Il y a quelques années, j’ai changé d’agent américain. Et surtout j’ai rencontré un homme, Bob Meyer. Je l’ai rencontré en tant que coach. Et il est devenu très cher à mon cœur. Il est décédé la semaine dernière. (Les larmes montent.) Tout ce que j’ai vécu dans mon aventure américaine, c’est avec lui. Et grâce à lui. C’était un artiste, il peignait, mettait en scène, écrivait des poèmes, construisait lui-même sa maison, faisait de la poterie. Un être merveilleux.
Stylisme Agathe Gire. Coiffure et make-up Harold James/The Wall Group, assisté de Pierre-Arnaud Lesire. Remerciements à l’Hôtel Rochechouart, Paris 9e.
Vous a-t-il appris quelque chose d’essentiel ?
Il m’a dit : « Always be nice and funny. Everyday, you will fail, but be happy. Everytime you get mad, it’s just your ego. It’s fine, it’s fine. Be a man. » (Sois toujours sympa et drôle. Tous les jours tu échoueras, mais réjouis-toi. Chaque fois que tu te mets en colère, c’est ton ego qui parle. Tout va bien, tout va bien. Sois un homme.) 1. De Kevin Macdonald, avec aussi Jodie Foster, Shailene Woodley… 2. De Richard Warlow et Toby Finlay, avec aussi Jenna Coleman, Billy Howle… Sur Netflix.
“Pour moi, un tournage c’est un match de boxe. Chaque jour est un round. Et la personne contre qui je me bats, c’est moi-même, je suis mon propre sparring-partner. Je dois gagner.”
EUROPA EXPO.
350 PIÈCES ORIGINALES ET INÉDITES DE NAPOLÉON. Napoléon, au-delà du mythe, jusqu’au 9 janvier 2022 à la Gare de Liège-Guillemins. europaexpo.be
CULTURE
56 CULTURE AGENDA
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UN ARTISTE MULTI-RÉCOMPENSÉ
BRAINE-L’ALLEUD
Napoléon: de Waterloo à Sainte-Hélène
Deux cents ans après sa mort, l’empereur se voit consacrer une expo d’envergure sous le célèbre Lion de Waterloo. Divisée en quatre thèmes, elle propose une centaine de pièces authentiques, dont certaines encore jamais dévoilées au grand public. Du 5 mai au 17 octobre au Mémorial de Waterloo. waterloo1815.be LA LOUVIÈRE
Hugo Meert. Unbreakable Par Étienne Heylen et Aurélia Dejond
On dit les créations de l’artiste designer belge reconnaissables entre toutes. Passionné de céramiques, il
Peshawar, Pakistan, 1984.
Émerveillement, jusqu’au 13 juin à l’Abbaye de Villers-la-Ville. villers.be
puise son inspiration dans la fonction, la beauté et le design des objets banals et quotidiens qu’il revisite avec humour. Une expérimentation permanente pour des œuvres à part. Jusqu’au 7 novembre à Keramis. keramis.be NAMUR
Humans/machines
Une première expo dans le Pavillon de Namur, entre arts, sciences et technologies, sur les chemins de la création numérique. À travers différents regards, on y questionne les implications du développement des technologies d’intelligence artificielle et leurs limites.
Jusqu’au 13 juin au Pavillon de Namur. le-pavillon.be
ANVERS
Punk vs couture
Bien qu’ils soient en désaccord les uns avec les autres, les créateurs ajoutent régulièrement des éléments punks à leurs pièces couture. Cette expo exclusive plonge dans l’affrontement harmonieux entre les deux mondes, à travers le travail de grands designers, comme Vivienne Westwood ou Dries Van Noten, entre autres. Jusqu’au 21 mai à la Pakhuis ’t Glorie, Oranjestraat 54A. glorie.today/ punk-vs-couture
The World of Steve McCurry, à partir du 12 mai à la Waagnatie, Rijnkaai 150, Anvers. stevemccurryexpo.com
HOMMAGE À L’EAU
STEVE MCCURRY. CTRLZAK.
AGENDA
Vues du ciel ou du sol, de la mer ou des s o m m et s m o n t a g n e u x , l e s p h o t o s époustouflantes de Matthieu Ricard sont un vecteur puissant entre le spectateur et les merveilles de la planète. L’occasion d’un fabuleux voyage en images, de la Patagonie à la Corée du Sud, en passant par le Yukon, l’Islande, le Népal, les ÉtatsUnis et le Tib et , et d’une pris e de conscience de la nécessité de respecter, de
protéger et de préserver la nature pour les générations futures. Chaque photo est accompagnée d’un texte engagé, d’une réflexion philosophique ou d’un cri du cœur pour rappeler les enjeux écologiques actuels. Une expo à couper le souffle et des images puissantes à méditer dans le magnifique cadre de l’Abbaye de Villers-laVille, lieu de ressourcement, de contemplation et de méditation, à l’exemple du Jardin du yoga et des soirées de méditation organisées chaque année. Sans oublier le sentier méditatif, parcours apaisant qui invite à explorer une attitude de pleine conscience. Lieu en plein air majestueux à (re)découvrir avec sa bulle.
MATTHIEU RICARD.
SE FONDRE DANS L’IMMENSITÉ DU CIEL...
Trente-deux images grand format du photographe, auteur et moine bouddhiste Matthieu Ricard, présentées en extérieur, véritable hommage à la nature, pour une adéquation totale avec le monde.
« Il existe un aspect contemplatif ou méditatif dans la photographie, qui m’apaise l’esprit. J’aime parcourir le monde, découvrir différents paysages et cultures », commente Steve McCurry (1950) à propos de son œuvre qui montre des conflits, des cultures en voie de disparition ou des traditions anciennes, avec une dimension humaine très présente en fil rouge. Le photographe américain a remporté quatre fois le World Press Photo Award et a été intronisé au Temple de la renommée internationale de la photographie en 2019. Dans le cadre unique de la Waagnatie, deux cents photos monumentales sont à admirer, sorte de long voyage de l’Afghanistan à l’Inde, de l’Asie du Sud-est à l’Afrique, de Cuba aux États-Unis et du Brésil à l’Italie. Cerise sur le gâteau, c’est Steve McCurry qui vous fait faire la visite par le biais d’un audioguide.
Une exposition nécessaire dédiée aux défis majeurs engendrés par la raréfaction de l’eau sur Terre. Pour l’homme comme pour la nature, la disponibilité de l’eau n’est plus une chose acquise face à la croissance démographique, l’augmentation des standards de vie et le changement climatique. Parce qu’un avenir plus écologique est vital, le combat se décline à travers de modestes ou ambitieux projets qui contribuent à la recherche autour de la problématique cruciale de l’eau. Après la sécheresse l’analyse sous différents angles, qu’il s’agisse de sa raréfaction, de sa pollution, de la désertification ou des inondations. Une expo à voir en famille pour susciter le débat dès le plus jeune âge et sensibiliser à l’impact considérable que nous avons toutes et tous sur la dégradation du cycle de l’eau. Après la sécheresse, jusqu’au 25 juillet au CID, Grand-Hornu. cid-grand-hornu.be
In the Age of post-drought. Fossiled Waterness.
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CULTURE
x Dr. Hauschka
LIVRES
VITE ET BIEN
Nos quatre coups de cœur belges du mois Nos âmes sœurs de Patricia Hespel
Plongée dans deux destins de femmes que cinq siècles séparent. L’une a été victime d’un mariage forcé et contrainte par son mari âgé de vivre recluse. L’autre a été quittée par un compagnon qui lui reprochait son manque d’authenticité, emprisonnée dans le besoin de plaire à tout prix. Deux formes d’enfermement scellés grâce à la puissance de la plume de l’auteure, qui surfe avec brio entre surnaturel, suspense et fiction historique. Étonnant.
Éd. Genèse, 21 €.
L’écolière de Claude Rappé
Un magnifique hommage au premier et unique amour de l’auteur. Plongée dans les années 60 et les madeleines de Proust liées à l’école… et la relation impossible avec une écolière. En filigrane de cette passion avortée, un autre destin auquel est voué l’adolescent dont les parents sont Témoins de Jéhovah. Une prison idéologique dont on comprend à quel point elle scelle une existence tout entière, marquant à jamais la façon dont on se construit. Interpellant.
Cosmétiques naturels : le pouvoir des fleurs pour tous les types de peau
Éd. Lilys, 17,50 €.
L’HISTOIRE
Quand Zabou, 62 ans, s’apprête à souffler sa nouvelle bougie en famille, l’air est moins à la fête qu’il n’y paraît. Mère, grand-mère et épouse apparemment comblée, celle qui a passé sa vie à se consacrer aux autres soigne sa déprime à coups de bonbons et décide de rompre avec l’ennui… au point de fuguer. Parce que la liberté donne peut-être des ailes, elle permet en tout cas de mieux se retrouver et d’oser une introspection nécessaire pour rompre une routine dont on est parfois prisonnier, voire esclave malgré soi. LE VERDICT
Fabienne Blanchut, auteure jeunesse prolifique, signe son premier roman «feel good» pour adultes et (s’)interroge en profondeur sur la vie de couple et le vide parfois abyssal provoqué par le départ des enfants, la routine maritale, la quête de sens au fil de l’existence, au-delà des rôles assignés par la maternité et le mariage. On lit d’une traite ce livre truffé d’humour qui donne envie de repenser son quotidien de femme, d’épouse, de mère et/ou de grand-mère… Éd. Marabout, 17,90 €.
Depuis plus d’un demi-siècle, l’équilibre est à la base de chaque produit lancé par la marque. La nouvelle ligne de soins, qui se compose de trois crèmes de jour, a également été conçue pour équilibrer la peau. Avec leur texture légère, les fluides de jour hydratent, soignent et protègent la peau tout au long de la journée. Chaque crème traite un type de peau différent, pénètre rapidement et constitue une bonne base de maquillage.
Éd. Ker, 18 €.
Le Fluide de Jour Revitalisant favorise la production naturelle de sébum et l’hydratation des peaux sèches et ternes, ce qui leur donne un bel éclat. Des ingrédients naturels tels que l’huile de noyau d’abricot, qui hydrate la peau en profondeur et la rend douce comme de la soie, s’attaquent à la cause de la sécheresse cutanée. Le millepertuis contenu dans la formule renforce la barrière cutanée.
La fragilité des funambules de Verena Hanf
L’auteure d’origine allemande et installée à Bruxelles depuis des années signe à nouveau un roman qu’on ne lâche pas avant la fin et dont l’histoire interroge sur nos propres rapports à l’amour, l’émancipation et la résilience. À travers la vie d’Adriana, jeune femme roumaine qui vit en Belgique après avoir échappé à un viol collectif et à la prostitution forcée, et cherche l’équilibre entre sa nouvelle vie et son fils, resté au pays, qu’elle doit à présent prendre en charge. Puissant.
Le Fluide de Jour Apaisant protège et unifie les peaux sensibles sujettes aux rougeurs grâce à des ingrédients comme l’églantier, une plante aux propriétés hydratantes et revigorantes grâce à sa forte teneur en vitamines A et C. Sans oublier l’huile d’avocat biologique, pressée à partir de la chair – et non du sous-produit de l’avocat, le noyau, comme le font les marques de cosmétiques conventionnels.
Éd. Deville, 23 €.
Par Aurélia Dejond
PRESSE.
Maman ne répond plus de Fabienne Blanchut
La peau – notre organe le plus étendu – possède une impressionnante capacité d’autoguérison. Les produits de soins ne doivent pas se substituer à cette aptitude, mais bien l’accompagner dans ce processus. Les cosmétiques 100 % naturels de Dr. Hauschka soutiennent la peau de manière optimale et utilisent à cet effet le pouvoir des plantes.
Un primo-romancier qui se met en quête d’un éditeur, quoi de plus banal. Sauf quand il s’appelle Khalid, qu’il est djihadiste et que son mode d’expression est la terreur. Avec un humour extrêmement maîtrisé, Philippe Gustin décortique la société dans un récit qui lui a valu le Prix Fintro Écritures noires 2020. Un roman à la fois parodique et acide, qui amène à réfléchir sur la montée des extrémismes et nos démocraties, qui peinent à les éradiquer. Pertinent.
PRESSE.
LA PREMIÈRE PAGE
Sous la ceinture de Philippe Gustin
Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Dr. Hauschka. drhauschka.be
Le Fluide de Jour Équilibrant contribue à équilibrer les peaux mixtes qui présentent une zone T luisante et des joues sèches tout en réduisant les impuretés. La crème contient de l’anthyllide, qui possède d’importantes vertus régénératrices, ainsi que de la prêle des champs, l’une des plus anciennes plantes qui existent sur terre, laquelle donne à la peau une structure solide et claire. La capucine, quant à elle, présente un effet antiinflammatoire et aide à combattre les impuretés. CLEAN BEAUTY
Chez Dr. Hauschka, la « clean beauty » n’est pas une tendance sans lendemain, mais une véritable tradition. La marque de produits de beauté recherche la durabilité et la qualité à toutes les étapes du processus de production. Les matières premières proviennent principalement du jardin des plantes médicinales de la marque, situé à Eckwälden, en Allemagne, de la cueillette sauvage ou de ses propres projets de commerce équitable dans le monde. Dr. Hauschka a ainsi obtenu le label NATRUE, un certificat de qualité décerné à des cosmétiques naturels et vegan contenant au moins 70 % d’ingrédients biologiques.
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FOIRE DU LIVRE
JAMAIS SANS MON LIVRE
Enfant déjà, elle avait pour idole… Bernard Pivot ! À 10 ans à peine, celle qui deviendra la nouvelle Commissaire générale de la Foire du livre de Bruxelles mangeait religieusement son bol de chips chaque vendredi soir devant celui qui nourrissait son appétit littéraire. Germaniste et philosophe de formation, cette ancienne journaliste culturelle accumule les expériences fortes avec passion et une curiosité sans cess e renouvelée. Notamment Commissaire adjointe artistique de Mons 2015, capitale européenne de la culture, puis en charge du département littéraire à Bozar, c’est elle aussi qui a créé le PICTURES! Festival en 2019. Son credo : décloisonner la culture et l’ancrer au cœur de l’humain. Ce poste de Commissaire générale de la Foire du livre de Bruxelles, cerise sur le gâteau de votre parcours, hasard ou concours de circonstances ?
Elle a repris les rênes de la Foire du livre de Bruxelles en pleine pandémie, l’occasion de réinventer l’événement et de l’ancrer dans 30 lieux différents de la ville. Rendre la culture accessible et en faire une expérience de vie pour tous, c’est le défi de Marie Noble, amoureuse des livres et des mots.
Un peu des trois ! C’est représentatif de ma carrière qui n’a jamais été planifiée. Je n’ai jamais eu de véritable ligne de conduite et j’ai souvent été régie par les rencontres. Ce poste-ci, je ne l’ai absolument pas vu venir, j’ai été contactée et quand j’ai su que cette magnifique possibilité s’offrait à moi, j’ai eu une envie folle d’y aller ! Je m’y vois comme une passeuse entre gens de talent et un public, avide ou non. Ce projet pilote, qui se déroule en dehors de Tour & Taxis, permet à la Foire du livre de s’ouvrir et de sortir, de s’ancrer sur les territoires, de relier le livre et la ville, les opérateurs culturels et les habitants. J’aime l’idée que le livre soit partout et prenne une place centrale dans nos existences, au même titre que la culture en général, encore trop souvent en marge, alors qu’elle est dans tout : il faut penser de nouvelles manières d’aller vers les différents publics et la réinventer pour qu’elle ne soit pas clivante ou effrayante, mais fasse partie du quotidien de tous, exactement comme n’importe quelle autre expérience de vie.
Par Aurélia Dejond
Vous succédez à Grégory Laurent, l’alternance de genre est-elle une valeur ajoutée à ce type de poste ?
Je n’ai pas l’impression que ça ait une incidence sur cet événement littéraire précis, parce que nous sommes lui et moi complètement en phase. Mais je suis frappée, ces derniers mois, par les postes brigués et remportés par des femmes dans le domaine de la culture : je pense notamment à Passa Porta, au Varia ou au Théâtre 140, pour ne citer qu’eux. C’est assez novateur et je constate une réelle sororité, très concrète, parmi les femmes de ma génération (Marie Noble est née en 1975, ndlr), que je n’avais pas vraiment ressentie parmi mes aînées, plus « masculines » et pas nécessairement régies par la même solidarité. La tendance actuelle que j’observe est que les femmes ont vraiment la volonté de se serrer les coudes, de tisser des liens et jeter des ponts, c’est très précieux.
PRESSE.
Vous prônez un management opale. La hiérarchie, c’est ringard ?
J’ai vécu une expérience de micro-management qui m’a hérissée : être contrôlée en permanence est stérile, je me suis promis de ne jamais reproduire ce schéma. Je souhaite responsabiliser l’équipe et travailler sur l’autonomie et la confiance, les débats doivent être ouverts et partagés, je crois très fort en l’intelligence collective. C’est évidemment plus lent, cela nécessite beaucoup d’échanges et de discussions, mais il est fondamental d’avoir les mêmes valeurs pour tenir un cap. Une fois la
ligne directrice définie de manière collective, cela libère également beaucoup de créativité. J’aime que tout soit clarifié et je prône un leadership bienveillant. À quel point la pandémie a-t-elle permis de réinventer la Foire du livre ?
Le vrai défi est d’expérimenter de nouveaux modèles, d’autres manières de réussir à toucher les publics. Cela permet de dépoussiérer le concept, d’avoir une vraie vision nouvelle, d’oser tester, innover, de transformer la crise en opportunité. Occuper des lieux publics et privés, c’est décliner la notion de territorialité, c’est investir, voire envahir les espaces quels qu’ils soient, avec différents opérateurs culturels. Mon expérience à Mons 2015 a considérablement impacté ma vision de la culture et m’a énormément appris sur ce qu’elle peut concrètement apporter sur les territoires. Elle a profondément marqué mon regard sur ses potentiels énormes et les déclinaisons enrichissantes que l’on peut en faire en la démocratisant. Elle se doit d’être accessible à tous et de faire partie intégrante de la vie de chacun. Le mot culture est encore trop emprisonnant. Cela signifie qu’il faut la libérer ?
Absolument. Il faut la sortir des carcans et des stéréotypes. La culture n’est pas en dehors du reste de la vie, mais s’immisce partout. Elle n’est pas synonyme d’aller au théâtre de 20 h 30 à 22 h ou au concert tous les samedis. Elle ne s’oppose pas non plus au divertissement. Je me bats contre ces définitions réductrices. Au sein même de la culture, il faut d’ailleurs cesser de segmenter musique, livre, opéra, théâtre… Elle forme un tout, il s’agit d’une expérience totale. Votre plus grande émotion culturelle jusqu’ici ?
Vingt heures de spectacle non-stop : les sept tragédies de Sophocle, que j’ai pu voir à Athènes, dans un théâtre, et plus tard, à Mons, dans une salle. De 6 h du matin à 2 h le lendemain, une expérience partagée d’une puissance inouïe. La communion totale avec un public. Nous ne faisions plus qu’un, nous étions tous égaux, à vivre le même événement, plus rien d’autre n’existait. J’en ai des frissons rien qu’en en évoquant le souvenir avec vous! Foire du livre de Bruxelles, du 6 au 16 mai 2021. flb.be
« Je constate une vraie sororité dans le domaine culturel : c’est assez nouveau et très précieux, les femmes de ma génération souhaitent se serrer les coudes. »
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CULTURE
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CINÉMA
DÉBORAH FRANÇOIS CONTRE LA PANDÉMIE
CINÉ-MAI Pedro Almodovar adapte librement Cocteau, Toni Collette est aux manettes d’un vaisseau spatial, Gabriele Muccino offre un hymne à l’amour et à l’amitié et deux journalistes belges enquêtent sur le cyberharcèlement.
L’actrice liégeoise fait entendre sa voix dans Pandémica, une minisérie initiée par l’ONG ONE, qui alerte sur l’absence de vaccination contre la Covid-19 dans les pays pauvres. Ce n’est pas la première fois que Déborah s’engage pour une cause juste.
ON EST À L’ÉCOUTE
Pedro Almodovar a passé une partie du confinement à tourner, en équipe ultra-réduite, un court métrage. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de l’adaptation de La voix humaine de Jean Cocteau. Dans un appartement décoré dans le style Almodovar, Tilda Swinton incarne une femme délaissée par son compagnon. Durant trois jours, elle tourne et retourne en rond. Elle ne sortira qu’une seule fois pour acheter une hache et un bidon d’essence. Dans cette œuvre expérimentale très esthétique, Almodovar a eu la sensation d’être libre comme jamais. Libéré du long format de ses précédents films et de la langue espagnole. Ceci est, en effet, sa première réalisation en anglais. Quant à Tilda, sa performance est remarquable et élégante. Les robes sont de Balenciaga ce qui confère à cet opus un aspect opératique. La musique est signée Alberto Iglesias, le compositeur fétiche du réalisateur.
Par Joëlle Lehrer
virus. » Avant cette campagne Pandémica, s’articulant sous la forme d’une minisérie animée, créée par Andrew Rae, Déborah a participé régulièrement à différents colloques. Elle a, notamment, rejoint les discussions portant sur l’égalité hommesfemmes au sein du G7. L’actrice est convaincue de l’efficacité de ce type de campagne si, bien sûr, cela s’accompagne d’actions concrètes sur le terrain. 50/50
Le combat pour plus d’égalité entre les sexes dans le monde du cinéma, mené par le collectif français 50/50, lui parle aussi. Déborah estime que, même si des réalisatrices sont nominées cette année aux Oscars, les avancées sur le terrain de l’égalité restent très lentes. « C’est plus rare pour un comédien de subir des pressions ou d’être harcelé que pour une comédienne. Comme dans n’importe quelle profession, du reste. Et c’est bien que la parole se libère. » On lui fait cependant remarquer qu’en Belgique, le mouvement #MeToo n’a pas encore été déclenché, si ce n’est dans certaines affaires en Flandre. « C’est bien dommage », soupire-t-elle.
Ces derniers mois, Déborah a eu l’opportunité de travailler sur de beaux projets. « J’ai eu la chance de pouvoir participer à des tournages, ce qui n’est pas le cas des artistes qui montent sur scène. » Elle a joué, entre autres, dans L’école de la vie, une série télé pour France 2, avec Guillaume Labbé et Émilie Dequenne. On la verra aussi, prochainement, dans un film adapté d’un roman de Philippe Claudel. Et quand elle ne travaillait pas, Déborah a jardiné et cuisiné. « J’ai fait du jardinage de Parisienne, sur mon balcon », rit-elle. Quand on rouvrira la culture aussi bien que les frontières, Déborah se promet de prendre des tickets.
ON AIME À L’ITALIENNE
Dans Gli anni piu belli, de Gabriele Muccino, on suit un groupe d’amis de leurs 16 à leurs 40 ans passés. Ados des années 80, ils sont rejoints par une jeune fille qui va leur chambouler la vie. Et le cœur. Les amis vivront les manifs estudiantines, l’opération Mains propres, contre la corruption en Italie, l’avènement de Berlusconi mais aussi des événements internationaux comme les attentats du 11 septembre. Ils apprendront que ce qui compte, c’est ce qui nous fait sentir bien et que parfois, l’amitié ou l’amour opèrent d’énormes virages pour revenir à leur point de départ. C’est une chanson de Claudio Baglioni qui donne son titre à ce joli film.
Pandémica, sur le site de ONE.org
PRESSE.
L’ex-révélation pro dige des Frères Dardenne est, on le sait, basée à Paris depuis l’envol de sa carrière en 2005. C’est de là qu’elle nous parle de ce nouveau projet humanitaire, Pandémica auquel participe également Virginie Efira, Penélope Cruz, Danai Gurira, Michael Sheen et, last but not least, Bono, l’un des fondateurs de ONE, cette ONG dont la mission première est la lutte contre la pauvreté dans le monde. « Aujourd’hui, nous savons que l’ensemble des pays pauvres, et principalement ceux du continent africain, a reçu moins de 1 % des vaccins contre la Covid-19. Alors que dans les pays riches, on a stocké un surplus d’un milliard de doses nécessaires. Donc, ce n’est pas un peu plus mais un milliard de plus. Et un tiers des pays, dans le monde, n’ont pas reçu une seule dose. Cela signifie que certains pays seront vaccinés très tard, ou pas du tout. Et la circulation du virus ne sera pas stoppée au niveau mondial. Malheureusement, comme on le sait, celui-ci peut muter. » L’engagement de Déborah auprès de ONE ne date pas d’hier. « ONE ne demande pas de l’argent mais d’être entendue par la population et par les décideurs. Sa lutte se porte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables comme le sida et le corona-
The Human Voice, de Pedro Almodovar, avec Tilda Swinton, en salles en mai.
Gli anni piu belli, de Gabriele Muccino, avec Pierfrancesco Favino, Micaela Ramazzotti, Kim Rossi Stuart et Claudio Santamaria, en salles en mai.
ON SUIT
Les journalistes belges Myriam Leroy et Florence Hainaut ont mené en duo #SalePute, un documentaire sur le harcèlement en ligne dont les principales victimes sont le plus souvent des femmes. Une belle dizaine de témoignages face caméra de journalistes, politiciennes, linguistes, chercheuses et activistes révèlent les dessous bien crades de ce phénomène qui s’est emparé d’internet. Et qui a pour but de faire taire la voix des indociles féminines. Pour un retour près des fourneaux, peut-être… Le fait est que la majorité des harceleurs sur le Net sont de droite, voire d’extrême-droite. 41 % des femmes harcelées en ligne craignent pour leur sécurité physique. Un chiffre glaçant parmi d’autres. #SalePute, de Myriam Leroy et Florence Hainaut, sur Arte et la RTBF en mai.
ON S’ENVOLE POUR MARS
Avec Stowaway, le réalisateur Joe Penna confie le commandement d’un vaisseau spatial à l’extraordinaire Toni Collette. Dans cet équipage, Toni n’est pas la seule femme puisqu’elle est accompagnée d’Anna Kendrick, toujours partante pour distiller une note d’humour dans les moments difficiles. Ni l’une, ni l’autre, ni leurs collègues masculins n’imaginaient qu’il y aurait à bord un passager clandestin. Cette mission, qui les emmène vers Mars, est censée durer deux ans. Reviendrontils tous sains et saufs ? Rien n’est moins certain. Stowaway, de Joe Penna, avec Toni Collette, Anna Kendrick, Daniel Dae Kim et Shamier Anderson, sur Netflix.
Par Joëlle Lehrer
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CULTURE
CINÉMA
JASMILA ŽBANIĆ, LE COURAGE D’UNE RÉALISATRICE
STIB-MIVB
Qui d’autre que la réalisatrice bosnienne Jasmila Žbanić aurait pu réaliser un film sur le génocide de Srebrenica en nous le présentant d’un point de vue féminin ? Avec Quo Vadis, Aida ? , nominé à l’Oscar du meilleur film étranger, elle a prouvé qu’il n’y avait qu’elle pour réussir un tel exploit. Portrait. Par Joëlle Lehrer
des femmes musulmanes, filles ou veuves de ces hommes, recherchent encore les ossements de leurs chers disparus. Le nombre total des victimes serait de dix mille. Srebrenica se trouve en République serbe de Bosnie. UN VRAI FILM DE GUERRE
Ce cinquième long métrage de Jasmila Žbanić est son premier vrai film de guerre. Avec des tanks et des hommes en uniforme. Mais, en réalité, depuis toujours, Jasmila nous parle des conséquences de cette guerre, surtout pour les femmes et leurs enfants. Très féministe, la réalisatrice a choisi de raconter le
génocide à travers le regard d’une interprète. Aida a la cinquantaine. Elle est professeure d’anglais dans un lycée. Recrutée par les Casques bleus pour la traduction du bosnien vers l’anglais, elle se trouve au Q.G. des Néerlandais. Face à eux, des milliers de réfugiés, femmes, hommes, enfants, venus chercher de l’aide. Aida comprend très vite que les Casques bleus failliront à leur mission de protection des civils. Elle va tout tenter pour sauver son mari et ses deux fils. Ce drame, émotionnellement tendu comme un arc, nous épargne les giclées de sang. Mais il nous dit tout de ce qu’est la cruauté, l’ignominie, la lâcheté et le nationalisme. En cela, Quo Vadis, Aida ? est un plaidoyer contre la guerre.
MERIEM, CHAUFFEURE
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CASTING INTERNATIONAL
Ayant survécu à cette guerre yougoslave, Jasmila est convaincue que ce qui s’est déroulé à Srebrenica aurait pu arriver à Sarajevo. Et elle a surmonté tous les obstacles, tant politiques que financiers, pour réaliser cette œuvre marquante. Son casting est international car elle se fiche des nationalités et n’a aucun esprit de revanche. Ainsi, son actrice principale, la magistrale Jasna Đuričić, est d’origine serbe. Les rôles des Casques bleus sont tenus par des Belges comme Johan Heldenbergh ou des Néerlandais comme Raymond Thiry. Les figurants, pour la plupart, viennent de la région de Mostar où le film a été tourné. Parmi eux, certains sont des rescapés de l’enfer de Srebrenica. Pour que l’on n’oublie jamais. Quo Vadis, Aida ?, de Jasmila Žbanić, avec Jasna Đuričić et Johan Heldenbergh, sortie en juin.
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Cette belle femme, intelligente et déterminée, avait à peine 17 ans lorsque la guerre s’est déclenchée, en 1992, dans sa ville natale de Sarajevo. Trois ans plus tard, elle a découvert, horrifiée, le génocide de Srebrenica. Une petite ville, à deux heures et demie de route de Sarajevo, dont la population masculine musulmane a été éliminée par les forces serbes, dirigées par le Général Mladić. Les Casques bleus hollandais, censés protéger la population, n’ont rien pu faire pour éviter cette abomination. Plus de huit mille hommes, d’origine musulmane, ont été abattus le 11 juillet 1995 et les jours qui ont suivi. Mais, aujourd’hui,
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CULTURE
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MUSIQUE
LONDON GRAMMAR À L’ÉCOLE DES FEMMES
ON LA SUIT Charlotte Cardin
Cette Montréalaise de 26 ans a connu un énorme succès avant même de sortir ce premier album. L’évolution de sa carrière a été très organique, basée sur des chansons à succès et des performances scéniques intenses. Charlotte Cardin a abordé l’écriture de ses nouvelles chansons de manière hyper rigoureuse. Sa voix singulière, à la fois bluesy et rock, Charlotte persévère à la travailler et à la chouchouter. Ses influences musicales éclectiques vont des icônes d’hier comme Nina Simone et Gainsbourg aux superstars d’aujourd’hui comme Frank Ocean, Drake ou Stormzy. Sur Phoenix, les sonorités trip-hop et reggaeton voisinent avec du gospel et du R’n’B. Charlotte choisit principalement de chanter en anglais, langue qu’elle maîtrise parfaitement. Sa personnalité et son physique d’ex-mannequin ont séduit Chanel qui l’a choisie comme égérie. « L’histoire fantastique de cette maison me plaît énormément », dit-elle.
Désormais aux commandes du trio synth-pop anglais, la chanteuse Hannah Reid, déterminée, impose un son plus personnel. Où sa voix tûtoie des sommets de grâce. Par Charline Lecarpentier “LE GROUPE A BESOIN D’UN LEADER ET CE LEADER, ÇA DOIT ÊTRE MOI.”
acolytes… Elle ose désormais montrer davantage sa vulnérabilité dans ses textes et dans sa voix, si aérienne qu’elle fait l’effet d’un voyage en ballon. Sur Lord it’s a feeling, elle évoque ainsi les relations amoureuses toxiques dans lesquelles elle voit ses amies et elle-même tomber sur une joyeuse touche électronique qui sert d’antipoison. Lose your head emprunte aux sonorités de la house music, mais garde un volume étouffé, tandis que la voix d’Hannah Reid occupe le devant de la scène. On se souvient d’un concert de London Grammar à la cathédrale américaine de Paris, où celle-ci rencontrait une acoustique parfaite. On renoue avec la même magie sur ce disque, où le désir de basculer dans un a cappella total n’est pas loin mais ne renonce finalement jamais à la force collective, qui s’incarne dans une synth-pop réconfortante.
Phoenix, Warner Music.
Californian soil de London Grammar, Because.
On roule pour le nouvel album* de MUSTANG parce qu’il est… MODESTE
Si Mustang monte parfois sur ses grands chevaux, le rappel à l’humilité revient souvent sur cet album titré d’après l’expression latine « Souviens-toi que tu vas mourir ». Sur Pas de Paris, il consigne ainsi des remarques condescendantes qui sentent le vécu. Et, sur Dissident, se glisse dans les pantoufles d’un masculiniste et ridiculise polémistes et complotistes avec un calme exemplaire.
CASH
Le trio clermontois a rhabillé le rockabilly pour le XXIe siècle, mais le chef de bande, Jean Felzine, n’en a toujours pas fini avec la coupe Pompadour de Johnny Cash bien peignée. Les textes aussi sont très directs et le titre d’ouverture, Loyal et honnête, ironise sur le prix à payer pour son franc-parler. C.L. (*) Memento Mori de Mustang, Prestige Mondial/Sony.
CROWNS & OWLS. MARIE PLANEILLE.
ROMANESQUE
L’ironie et la critique sociale des débuts cèdent la place à une mélancolie que caresse une plume d’un autre temps sur Memento Mori et Maison sur la colline. Et là où un hommage au vin aurait pu tourner en chanson paillarde, l’hymne au terroir se fait dans la douceur pop : « Le vin, c’est pour une bonne raison que Dieu fait le raisin/C’est une carte secrète aux routes compliquées. »
NORMAN WONG. JULIA DUBOIS ROSCA. SIMON VANRIE. DANNY WILLEMS.
Cette phrase est extraite du mail que la chanteuse Hannah Reid a écrit aux deux autres membres de son groupe avant de poursuivre le travail entamé sur le précédent album, Truth is a beautiful thing. Le formaliser ainsi auprès de ses deux amis, Dot Major et Dan Rothman, rencontrés dans les couloirs de l’université de Nottingham, n’a pas dû être chose aisée. Mais elle a été entendue et cette prise de pouvoir a eu des répercussions directes sur le son et l’identité visuelle de London Grammar en plaçant le chant et les textes au centre. Californian soil est donc un album en nouveau terrain pour les Londoniens, en nouveau territoire, même, puisqu’il s’inspire ouvertement de l’Amérique, sur laquelle Hannah Reid posait son premier regard lors de la dernière tournée du groupe. Si le trio a rapidement rencontré le succès après sa formation en 2009, la chanteuse de 31 ans a récemment révélé avoir peiné à trouver sa place dans l’industrie très masculine de la musique, dont la misogynie a été pointée dans le sillage du mouvement #MeToo. Hannah Reid fait donc aujourd’hui les comptes des attaques sexistes qui l’éreintent comme de la constante remise en question de sa légitimité, depuis l’ingénieur du son jusqu’au département costumes, qui lui suggère de porter des minishorts, mais pas à ses
ON RETROUVE Charlotte
Foret
Aka Charles, elle nous l’avait promis, voici son premier E.P. Composé de seulement six titres, comprenant les deux singles déjà présentés l’an passé, il navigue entre inspiration pop-rock et ballades touchantes. Conçu pour plaire tant au nord qu’au sud de la Belgique, il n’est pas improbable que The Fall, titre de l’opus, charme nos voisins hollandais et allemands. Charles a également co-composé avec Hooverphonic, The Wrong Place, la chanson représentant la Belgique à l’Eurovision. The Fall, Gare Maritime/Universal Music.
ON DÉCOUVRE Aurel
On l’a connu dans les groupes Lucy Lucy !, Paon et Sonnfjord. Aujourd’hui, Aurelio Mattern a choisi de se faire appeler Aurel, de jouer cavalier seul et de chanter en français. Avec ce premier E.P., prélude d’un album, le jeune homme évoque la joie d’une vie plus facile, la nuit qui colle à la peau et des ( petites) histoires peu banales et assez sentimentales. Notre morceau préféré : Krang, sur deux notes dynamiques un peu disco.
ON SAVOURE Arno
Le rockeur ostendais a vécu une année horrible, avant la pandémie, puisqu’il a dû soigner un cancer du pancréas. Revenu aux affaires sur un tempo plus doux et plus lent, le voici accompagné au piano par le Français Sofiane Pamart. Arno revisite quelques belles pièces musicales de son histoire rock’n’roll dans cet opus piano-voix. Tout en sensibilité et en finesse. On aimerait le revoir sur scène. Parce que - La Collection, Pias, sortie le 21 mai.
Ah ouais, Alter K, sortie en juin.
Par Joëlle Lehrer
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MAGAZINE
SOCIÉTÉ
VU ET ENTENDU Des nombreux et récents débats sur la diversité et l’inclusion dans le contexte professionnel, nous avons retenu une chose essentielle : les vraies réponses résident dans le ressenti des gens par rapport à leur épanouissement au quotidien. Ces 5 collaborateurs de H&M sont fiers du chemin qu’ils ont parcouru et des opportunités qui leur ont été offertes jusqu’ici. Par Elspeth Jenkins Portraits Raia Maria Laura
Le débat sur la diversité et l’inclusion est relativement nouveau. Lors de nos entretiens avec des collaborateurs de H&M et un certain nombre d’experts indépendants, il nous est apparu que les entreprises belges n’ont commencé que très récemment à s’intéresser à ces questions fondamentales. Après une poignée d’années, il est donc difficile de mesurer l’impact des différentes actions menées jusqu’ici. Plus concrètement, si vous avez déjà poussé la porte d’un magasin H&M, vous avez probablement remarqué qu’il y régnait une vraie diversité. Pour les dirigeants du groupe, le principe d’égalité des chances est central. Présente depuis la création de H&M en 1947, cette politique s’est renforcée au fil du temps. Empreinte du principe d’égalité des genres propre à la culture suédoise, l’entreprise est, par essence, un lieu placé sous le signe de l’ouverture. Dans un monde en profonde mutation, H&M ne lâche rien. Fortement impliquée dans des actions concrètes visant à augmenter le bien-être de ses collaborateurs, l’entreprise l’est aussi dans le développement de collections durables. En d’autres termes, H&M aspire à atteindre un niveau d’éthique perceptible à tous les échelons de son organisation. ANNEMIE DESTROOPER, RESPONSABLE DES PROGRAMMES DE FORMATION POUR H&M BELGIQUE ET LUXEMBOURG
« Ma mission consiste à conscientiser tous nos employés de l’importance de la diversité et de l’inclusion au sein de l’entreprise, mais aussi à leur transmettre nos valeurs et notre identité. Pour moi, les principes de diversité et d’inclusion sont inextricablement liés. Quand il s’agit de diversité, le résultat de notre politique est visible. Quant à l’inclusion, elle résulte de notre capacité à bien faire fonctionner ce mélange. Nous ne pouvons pas séparer les deux. Cette sensibilisation est un processus lent et progressif. Notre travail consiste à observer comment nos différentes équipes peuvent travailler ensemble et s’exprimer librement. Nous souhaitons que tous nos collaborateurs disposent des mêmes opportunités et qu’aucun d’entre eux ne soit lésé. Dans notre politique de travail, le concept de progression est fondamental. » HANAN CHALLOUKI, FONDATRICE D’INCLUSIFIED, UNE AGENCE CENTRÉE SUR LA COMMUNICATION ET LE MARKETING INCLUSIFS
« La diversité et l’inclusion sont deux concepts différents. Vous pouvez être une entreprise diversifiée où se côtoient des collaborateurs d’origines ethniques, d’orientations sexuelles et d’âges différents. Mais cela ne signifie pas que vous êtes automatiquement un employeur inclusif.
Ce que j’observe dans différentes entreprises, c’est que les décisions sont prises par des hommes blancs entre 40 et 50 ans. En réunion, ce sont toujours les mêmes personnes qui s’expriment. Les autres n’osent rien dire. Il est capital que les entreprises fassent la différence entre les deux et définissent clairement les défis qu’elles ont à relever. Dans le contexte d’une entreprise, il faut toujours garder à l’esprit qu’un bon fonctionnement interne est le premier pas vers un bon fonctionnement externe. En tant que chef d’entreprise, il est essentiel de remettre en question votre fonctionnement structurel et de vous demander si votre manière d’agir va dans le bon sens. L’inclusion est un concept très difficile à mesurer en termes de chiffres. C’est pourquoi il est souvent préférable de demander aux collaborateurs d’une entreprise comment ils perçoivent leur environnement de travail. On parle d’entreprise inclusive quand tout le monde y jouit des mêmes opportunités de croissance. Vous ne pouvez jamais être inclusif à 100 %. » ELLIS AUKEMA, DIRECTRICE DE PREVENT AT CAVARIA, UN PROJET EUROPÉEN CENTRÉ SUR LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL AU SEIN DE LA COMMUNAUTÉ LGBTQI
« Pour moi, l’inclusivité concerne le bien-être mental des employés d’une entreprise. S’il est difficile d’énoncer des chiffres, c’est que les travailleurs n’osent pas toujours dénoncer des actes de discrimination ou des faits de harcèlement. L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a mené plusieurs études sur le sujet en 2012 et en 2019-20. En Belgique, le résultat est plutôt alarmant. En 2012, 15 % de la communauté LGBTQI subissait une discrimination lors de la recherche d’un travail. En 2020, le chiffre avait grimpé à 18 %. Si la Belgique n’est pas à la traîne au niveau législatif, notre communauté souffre d’un manque d’actions stratégiques visant à améliorer la situation sur le terrain. Les personnes trans et intersexes font l’objet de davantage de discriminations que les LGB.Des statistiques récentes publiées par StepStone montrent que 4 personnes trans sur 10 qui évoluaient dans un environnement professionnel non sécurisant ont récemment changé d’employeur. Dans le cadre de ce projet européen, nous travaillons en direct avec les entreprises. Notre mission consiste notamment à examiner la manière dont les offres d’emploi sont publiées. Une entreprise qui souhaite tendre vers davantage d’inclusivité a le pouvoir de le faire. Chaque action, même petite, compte. Tout commence par une communication inclusive. Sur le site d’une entreprise, il est important de ne pas faire référence à un genre. Idem pour le texte d’une offre d’emploi.»
Steffi VISUAL MERCHANDISING MANAGER
« H&M est une entreprise où l’on peut vraiment être soi-même et qui invite les gens à s’exprimer. Comme j’ai un physique assez atypique, H&M était mon premier choix en tant qu’employeur. J’ai travaillé dans une usine avant de décrocher un poste dans ce magasin suite à un stage. Pour en arriver là où je suis aujourd’hui et diriger l’équipe de Visual Merchandising du magasin, j’ai travaillé dur. Je n’ai jamais été victime de remarques désobligeantes émanant de clients. Les femmes plus âgées me complimentent d’ailleurs souvent au sujet de mes cheveux. »
India CONSEILLÈRE DE VENTE
« Je travaille au sein d’une toute petite équipe composée de très nombreuses nationalités. Certaines de mes collègues sont russes, roumaines ou sénégalaises. Avant d’être engagée dans ce magasin, je n’avais jamais travaillé dans un environnement aussi multiculturel. Je n’avais donc pas d’idées préconçues. Au fil des mois, j’ai appris pas mal de choses. J’ai l’impression de m’être enrichie au contact des autres. »
Nika VISUAL MERCHANDISER
« Quand j’ai quitté la Géorgie pour rejoindre la Belgique, il y a quatre ans, je ne parlais pas trois mots de votre langue. Malgré ça, j’ai décroché un poste dans ce magasin. Le premier jour, j’ai supplié mes collègues de ne pas me parler anglais. Je voulais m’intégrer à tout prix. Rien de tel que de se mettre tout de suite dans le bain. J’ai pu constater que cette entreprise offrait les mêmes chances à tous ses collaborateurs. Peu importe votre origine ou la langue que vous parlez, si vous avez envie de grandir, on vous en donne la possibilité. »
Tous les collaborateurs de ce reportage sont habillés par H&M. Maquillage et coiffure Gladys Ferro
Giorgia DEPARTMENT MANAGER
« Mon style est très androgyne. Les clients m’appellent souvent monsieur. Quand je leur réponds que je suis une fille, ils sont généralement sur la défensive. Ça m’est franchement égal. L’opinion des autres ne me touche guère. Depuis que je travaille dans ce magasin, je suis beaucoup plus sûre de moi. Récemment, lorsqu’un homme s’en est pris à moi au sujet de mon apparence, mes collègues sont montées au créneau pour me défendre en lui rétorquant que... j’étais une fille, point à la ligne. »
Nadia DEPARTMENT MANAGER
« Quand j’ai reçu un coup de fil de l’agence d’intérim, j’ai d’abord voulu savoir si mon foulard poserait un problème pour ce poste. Avant de me décider, je voulais être certaine qu’on ne ferait pas de différence entre les autres filles et moi. Je pense queH&M est l’une des seules entreprises où le fait de porter le foulard ou d’afficher tout autre symbole religieux n’est pas un problème. La preuve : après deux mois, on m’a proposé un CDI. »
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LES COURBES EN LIGNE DE MIRE Hanches généreuses, poitrines plantureuses, fesses rebondies… Désormais, les filles aux formes assumées inspirent les créateurs et les marques qui n’hésitent plus à les inviter sur leurs images de campagne. Gros plan sur une mégatendance. En passe de devenir la norme ? Nous avons enquêté. Par Marie Honnay
Avant de démarrer une conversation avec Deborah Dauchot, collaboratrice de l’agence de mannequins belge Dominique Models, il est nécessaire de réviser votre vocabulaire. Pour évoquer avec elle le succès phénoménal - et assez récent - des mannequins taille 38 et +, vous êtes notamment priés de ne pas utiliser le terme « plus size », mais bien « curve », un terme qu’elle trouve moins péjoratif et connoté. « Ma division démarre là où l’autre s’arrête, donc avec des filles taille 38/40. Ce qui prime, c’est qu’elles dégagent une image saine. Contrairement à la division dite “ classique ” qui doit répondre à un certain nombre de standards pour séduire les créateurs et les marques, celle-ci est beaucoup moins cadenassée », nous explique-t-elle. En janvier 2020, quand Odile Farber, directrice de Dominique Models, lui a demandé de prendre en charge un nouveau département en plein essor au sein de l’agence, la jeune femme a pu capitaliser sur sa propre expérience de terrain. « Pendant plusieurs années, j’ai travaillé comme mannequin. À l’époque, ma taille 38 - qui, le plus souvent, tirait vers le 40 - m’a valu d’être rappelée à l’ordre par mon agence, voire d’être temporairement privée de casting. Si certaines filles résistent bien à ce type de pressions, ce n’était pas mon cas. Je prenais ça comme une sanction, un rejet de qui j’étais. » Alors, aujourd’hui, quand vous demandez à Deborah Dauchot si le département qu’elle gère avec un plaisir manifeste est lié à une tendance sociétale certes réelle, mais potentiellement éphémère, elle grince des dents. « Quand j’observe la joie de vivre qui émane des shootings auxquels les filles de ma division participent, j’en conclus que cette approche est logique. Si on examine les demandes de nos clients, on remarque une réelle volonté de présenter davantage de mannequins auxquelles les consommatrices peuvent s’identifier. » THE GIRL NEXT DOOR
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Isadee ou la révolution des formes dans le registre de la lingerie (Dominique Models). À droite: 1. Rousse et ronde : Denise incarne cette nouvelle beauté qui plaît aux marques. 2. La nouvelle campagne LolaLiza célèbre l’inclusivité. 3. Nouvelle recrue de l’agence Dominique Models, Sidney Vanden Bussche (21 ans) refuse de changer quoi que ce soit à son apparence pour plaire aux marques.
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Tout est relatif, évidemment. Un petit tour dans la galerie de portraits de la division Curve de Dominique Models remet d’emblée les choses à leur place. On est bel et bien en présence d’un gang de filles sublimes et désirables. Pourtant, sur sa page Instagram, la Belge Sidney Vanden Bussche (21 ans), nouvelle recrue de l’agence, annonce d’emblée la couleur. « Mental Health Matters »,
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la phrase écrite en gras en haut de son statut est sans équivoque. Plus qu’un simple clin d’œil, ce message à l’adresse de ses followers résume bien la minirévolution qui s’opère actuellement dans le secteur. « Si j’adore me retrouver devant l’objectif d’un photographe, je refuse de changer quoi que ce soit à mon apparence sous prétexte de plaire à une marque ou à une agence. Dans le passé, j’ai été confrontée à une double forme de rejet, précise-t-elle. Considérée comme trop ronde par certaines agences et trop mince par d’autres, j’avais l’impression de ne rentrer dans aucune case. » Désormais à l’aise dans son 44, la jeune mannequin avoue ne pas avoir toujours entretenu un rapport serein avec son corps. « Plus jeune, j’étais plutôt fine. Il y a environ cinq ans, j’ai commencé à grossir. À l’époque, les filles que je suivais sur Instagram étaient toutes très maigres, semblables aux standards en vigueur dans l’industrie de la mode. En matière de “ Body Positivity ”, les réseaux sociaux soufflent le chaud et le froid. Pour ma part, j’ai choisi de ne plus suivre les marques ou les filles qui ignorent ces différences. Sur ma propre page, j’essaie d’être la plus honnête possible. Pour chaque photo de moi que je publie, je poste une story où l’on me voit au naturel. » Ce boycott par la jeune génération des labels mode qui refusent de célébrer la « Body Positivity », nouveau leitmotiv des milléniaux, n’a forcément pas échappé aux labels mode. On pense notamment à Etam Lingerie, une marque connue pour ses shows très buzz, mais peu inclusifs, qui a fait défiler une poignée de filles pulpeuses lors de son dernier défilé parisien. LES MARQUES S’ALIGNENT
De l’avis de Sidney, les marques de prêt-à-porter ont encore beaucoup de progrès à faire pour habiller toutes les femmes : les rondes, mais aussi les grandes, les petites... Sur le terrain, le changement est néanmoins manifeste. Un nombre croissant de marques prennent le virage « curvy » avec beaucoup de sérieux. « Avant, ce marché ne concernait pas les très jeunes mannequins », précise Deborah Dauchot. Aujourd’hui, si les marques « bookent » des filles rondes de 20 ans (une première), cette diversité se vérifie à bien d’autres niveaux. « Parmi mes clients, on compte plusieurs marques belges qui s’inscrivent pleinement dans
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cette évolution et n’hésitent plus à choisir des filles rondes et des mannequins aux profils moins classiques : des rousses bourrées de taches de rousseur ou des petits gabarits qui, il y a quelques années, n’avaient pas leur place dans la plupart des agences. On remarque aussi une nette progression de l’entre-deux tailles : des mannequins taille 40 que l’on peut difficilement mettre dans la case des rondes, mais pas non plus dans celle des minces », ajoute-t-elle. L’autre point frappant concerne l’origine des demandes. « Jusqu’il y a peu, Paris et Milan semblaient encore très fermés à cette nouvelle approche. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Pourtant, dans la pratique, certains obstacles demeurent. On imagine facilement le travail supplémentaire à fournir pour adapter dans l’urgence des prototypes en vue d’un shooting avec une fille taille 44. « Malgré ça, je constate que les marques choisissent des mannequins qui leur plaisent, rondes ou non, puis développent ou modifient leurs modèles en conséquence », ajoute Deborah Dauchot. Du côté des labels, on reconnaît qu’il reste pas mal d’efforts à faire, mais la volonté de changement est manifeste. En charge des shootings pour la marque belge Lolaliza, Louise De Bast précise : « Puisque notre objectif est d’habiller toutes les femmes, il est logique que notre communication reflète cette volonté. Qu’il s’agisse de campagnes saisonnières, de médias sociaux ou de collaborations avec des influenceurs, nous essayons de présenter des morphologies variées, mais aussi des mannequins modernes, souriantes et bien dans leur peau. L’harmonie qui résulte de la présence sur une même image de filles aux silhouettes très différentes nous importe beaucoup. » L’ANTI-PHOTOSHOP
Si plus personne n’ignore la pression exercée par de nombreuses agences sur les mannequins taille 34, on peut se demander comment ça se passe du côté de leurs homologues aux formes plus généreuses. « Plutôt bien », nous rassure Deborah Dauchot en souriant. « Si elles veulent être bookées par des marques de lingerie, je leur conseille juste de faire du sport, histoire de conserver un corps tonique. Et comme, dans ce créneau, chaque taille constitue un marché à part entière, elles doivent nous prévenir en cas de variation. Pour le reste, aucune règle stricte n’est d’application. »
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À 32 ans, la Belge Aglaë Dreyer est l’une des mannequins stars de l’agence Dominique Models. Cette sublime jeune femme aux yeux gris-bleu, visiblement très à l’aise dans son corps et sa tête, incarne cette nouvelle génération de tops qui donne aux filles taille 44 et + une nouvelle légitimité. Des pubs pour la marque de collants Falke à la couverture de Marie Claire, la belle revendique sa différence sans se départir de son regard critique sur une industrie qui, à son sens, pourrait appuyer sur la pédale d’accélérateur. « Le vrai challenge, c’est de ne plus segmenter le marché. Quand les agences n’auront plus besoin de créer des divisions spéciales et que toutes les marques feront le pari de la diversité, on aura gagné. En attendant, peu de créateurs ou de maisons de luxe s’engagent vraiment. Sur le catwalk, on aperçoit l’une ou l’autre mannequin grande taille chez Versace ou Jacquemus. Celle du dernier défilé Chanel faisait un… 40. Ce type d’apparitions reste donc un évènement. On ne peut pas encore parler de normalité », précise-t-elle. Sur leur page Instagram personnelle, les filles de la division Curve de Dominique Models véhiculent un idéal de santé et de bien-être inspirant. « On remarque par ailleurs qu’en studio, les mannequins et les équipes tout entières (photographe, styliste…) sont beaucoup plus décontractées. Les filles sont généralement moins dans la concurrence que lors d’un shooting classique » ajoute Deborah Dauchot. Et Aglaë Dreyer d’ajouter : « Notre force, c’est d’avoir pu nous exprimer par le biais des réseaux sociaux. Contrairement aux années 90 où l’on mesurait nos hanches, nos seins et nos fesses en permanence, les femmes ont désormais une voix qui leur permet de dénoncer l’illogisme de la dictature du 34-36. Et quand elles prennent la parole pour réclamer plus d’ouverture dans la mode (tant en termes de taille, que d’âge ou de couleur de peau), leur message d’inclusivité est à ce point explicite et percutant qu’il ne peut que toucher les marques », conclut-elle.
1. Cool et décontractées, les mannequins Curve vivent leur carrière avec sérénité. 2. Depuis que les filles osent dénoncer les diktats de la minceur, la mode se cherche de nouvelles muses. 3. Une image ultra-sensuelle, annonciatrice d’un renouveau dans la mode.
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MADELEINE, 35 ANS, STYLISTE
« Mon père peut être fier de la femme que je suis devenue grâce à lui ! » MAR S 2019. CE N’E ST PAS U N PR I NTE M PS COM M E LE S
AUTRES POUR THÉO, 45 ans, qui se voit confier la garde
En Belgique, 8 familles monoparentales sur 10 ont à leur tête une maman. Dans l’imaginaire collectif, l’éducation reste en effet l’apanage des femmes, comme si le cordon ombilical justifiait le stéréotype. Pourtant, être élevé exclusivement par son père n’est pas un handicap dans la construction de soi. Ce qui compte ? L’amour et la bienveillance, clés d’un développement équilibré. Parce que l’amour parental n’a pas de genre. Par Aurélia Dejond
NICK WILKES. UNSPLASH.
MON PÈRE, CE HÉROS
exclusive de ses deux enfants, Emma et Paul, 6 et 3 ans, suite à une décision judiciaire. Un cap qu’il franchit avec soulagement, même s’il le sait atypique. Deux ans plus tard, ce webdesigner du Brabant wallon regarde dans le rétroviseur avec fierté et émotion, heureux d’avoir pu construire une relation équilibrée avec sa progéniture. « Mon ex-compagne souffre de graves problèmes psychologiques et est régulièrement internée, prioriser ma progéniture m’a paru évident. Je n’ai pas l’impression de sacrifier quoi que ce soit. Je sens parfois une certaine perplexité autour de moi, comme si, en tant que père, j’étais moins légitime qu’une mère. Si j’étais une femme, personne ne se poserait la question de savoir si je suis apte ou non à élever mes enfants seule. Les pères solos restent stigmatisés. Aux yeux de la société, encore très conventionnelle malgré certaines avancées de taille, s’occuper d’enfants reste très genré. » Au point qu’en Belgique, les familles monoparentales ayant à leur tête un homme restent minoritaires : si 36 % des parents ont la garde exclusive de leur progéniture, seules 2 familles monoparentales sur 10 ont un papa comme chef. Pas étonnant, dans un monde où la garde des enfants reste très rarement revendiquée par les pères. Sonia*, juge bruxelloise en charge de ces décisions depuis vingt ans, confie d’ailleurs qu’il reste rare qu’un jugement soit en faveur du père. « On ne vous l’affirmera pas de but en blanc, parce que cela s’apparenterait à du favoritisme, voire à du sexisme, mais en notre for intérieur, nous sommes souvent convaincus qu’une femme est plus encline à prendre en charge l’éducation de ses enfants. Un homme aménagera moins volontiers sa vie en fonction d’eux. Chez une maman, c’est plus spontané : adapter son horaire professionnel et/ou réduire son temps de travail, être présente pour assurer un suivi scolaire, préparer les repas, faire les lessives, accompagner dans les activités extrascolaires… cela semble aller de soi. Nous pensons avant tout à l’intérêt de l’enfant, mieux vaut donc le confier au parent qui s’en occupera le plus et le mieux, à savoir la maman, de manière générale. Quand nous le confions au père, cela reste souvent pour une mauvaise raison dans le chef de la mère : alcoolisme, prison, problèmes financiers ou de santé… Je suis consciente que cela entretient les stéréotypes, mais je ne pense pas que la société soit prête à une égalité parentale aussi forte en cas de garde exclusive.
« Mon frère et moi avons perdu notre maman alors que nous étions encore très petits. Papa nous a élevés seul et nous sommes devenus un trio très solide, dont il a été et est toujours le pilier fondateur. Jamais nous n’avons vécu l’absence de maman comme un handicap, nous ne nous sommes pas construits sur le manque ou la douleur, malgré le vide abyssal : mon père a réagencé toute notre existence de manière remarquable, plaçant l’amour au cœur de tout, envers et contre tout. Il a même revu ses ambitions professionnelles à la baisse, alors qu’il était un jeune avocat très prometteur. Mon frère et moi avons développé une hypermaturité et un lien indéfectible. L’adolescence a été un peu compliquée pour moi, j’ai commencé à me mettre en quête de mon passé, à idéaliser ma mère que j’avais si peu connue, à avoir des comportements régressifs, puis à vouloir lui ressembler à tout prix... Cette crise a été le moyen de faire véritablement mon deuil. À force de vivre dans son souvenir idéalisé, j’étais un peu dans le déni. Depuis, je suis complètement apaisée. La vie est bien faite : papa, qui nous a consacré toute son existence sans jamais penser à la sienne, a rencontré quelqu’un pile au moment où mon frère et moi, diplômés et mariés, volions de nos propres ailes. Celle qui est devenue ma belle-mère ne
remplacera évidemment jamais ma mère auprès de lui et de nous, mais c’est une présence féminine à laquelle nous nous sommes attachés de façon particulière. Elle est arrivée au bon moment : plus tôt, cela aurait été prématuré, notre trio n’était pas prêt, il était impénétrable. Aujourd’hui, je suis enceinte et pour la toute première fois de ma vie, je ressens un très grand manque : j’aimerais que ma mère soit là, connaisse son petit-fils et qui sait... soit fière de moi ? J’ai peur de ne pas être une bonne mère, n’en ayant pas eu moi-même... J’espère être à la hauteur de ce rôle pour lequel je manque de repères. Ce regard maternel aurait très certainement été source d’une plus grande confiance en moi comme future mère. J’ai l’impression de sauter dans le statut de maman sans filet, je n’ai aucun modèle véritable. Je pense que mon père est très ému et que cela le renvoie à sa propre paternité et aux souvenirs qu’il a de ma mère enceinte... Il peut être fier de la femme que je suis devenue grâce à lui, je lui dois tout ce que je suis, c’est un homme absolument merveilleux dont j’admire la force et le courage, il a traversé la tempête avec une dignité qui force le respect. »
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Nous ne contribuons peut-être pas à la parité, mais la pandémie nous conforte dans l’idée que malheureusement, même en cas de couples non séparés, prendre soin d’un enfant n’est pas la priorité d’un père, même quand il en a le temps. » Fait peu surprenant pour le psychopédagogue belge Bruno Humbeeck, qui rappelle à quel point la prédominance de la maternité, perçue comme évidente et naturelle, reste ancrée dans l’imaginaire collectif, de génération en génération. « Au contraire de la paternité, qui nécessite un apprentissage et se construit, car l’homme ne porte pas l’enfant. Comme si, parce qu’elle donne la vie, la mère était plus instinctive, alors que devenir père ne va pas de soi. D’ailleurs, l’image d’un papa affectif n’existe pas depuis si longtemps. Dans les années 50 et 60, prendre un enfant sur ses genoux ou lui faire un câlin “ ne se faisait pas ”, c’est tout juste si on ébouriffait ses cheveux en guise d’affection suprême ! », rappelle le spécialiste. Le contraire s’apparente par contre au tabou. « Une mère mal-aimante scandalise. Pire, une maman qui ne revendiquerait pas un droit de garde ou se satisferait de voir son enfant à raison d’un seul week-end par mois serait quasi automatiquement reléguée au rang de mauvaise mère. Le mythe de la tendresse maternelle colle à la peau de toutes celles qui engendrent, un peu comme si on ne pouvait pas défier les lois de la nature », ajoute Bruno Humbeeck. Pour le psychologue Patrick Traube, le discours selon lequel un père seul éduquant ses enfants est « moins naturel » relève d’un préjugé tenace. « Un stéréotype résistant de la part de celles et ceux qui n’ont pas encore compris une chose essentielle relative à l’humanité de l’homme : ce qui précisément la caractérise, c’est… son antinaturalité. L’homme est un animal culturel par nature ! En outre, si on interroge la nature, on constate qu’elle est contrastée : chez certaines espèces animales, le mâle est investi d’une fonction a priori maternelle. Certains batraciens portent les œufs, comme certaines espèces d’oiseaux assurent la couvée. » De quoi remettre l’église au milieu du village des stéréotypes vissés aux familles monoparentales. Car le patriarcat a assurément de beaux restes. « Si la figure maternelle est indispensable à la construction de soi, la figure paternelle l’est tout autant. Les préjugés subsistent : le choix préférentiel de la mère pour la garde des enfants dans le chef des décideurs judiciaires et des services sociaux en témoigne. On peut parler d’inégalité parentale, même s’il faut rester conscient d’une réalité sociologique non contestable : les hommes s’avèrent effectivement et généralement moins enclins que les femmes à revoir, voire abandonner, le cas échéant, fusse pour un temps limité, leur carrière au profit de la garde de leur enfant. Bien sûr, des exceptions existent ! », se réjouit le psychologue. C’est le cas de Benoît, 57 ans, papa de Céline, 26 ans, dont la maman lui a confié la garde quand leur fille avait 4 ans. « J’étais un véritable papa poule, elle était par contre complètement désinvestie, n’avait aucun instinct maternel ni intérêt pour Céline. Elle voulait vivre sa vie, ne trouvait pas sa place dans ce
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« On n’est pas un meilleur parent quand on a été relié à l’enfant par un cordon ombilical. » Bruno Humbeeck, psychopédagogue
ÉVELYNE, 30 ANS, CÉLIBATAIRE
« Mon père a façonné ma vie, il est tout pour moi. » « J’ai été élevée par mon père dès l’âge de 2 ans. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir une éducation différente de celle de mes amis. J’avais des femmes autour de moi : une nounou venait me chercher à l’école et s’occupait de moi le mercredi après-midi, et ma grand-mère a également joué un rôle très important dans ma vie jusqu’à sa mort. Papa était bien entouré. Il est plutôt fermé sur le plan émotionnel, nous n’avons jamais eu une véritable conversation de fond sur la situation. On avait l’habitude de dire que maman était malade et ne pouvait pas s’occuper de moi. Environ deux ans après le divorce, un juge a décidé qu’elle pouvait venir me rendre visite, on l’a revue progressivement. Nous entretenons de bonnes relations et nous parlons régulièrement. Avec le temps, les gens ont commencé à devenir plus curieux, mais nous n’avons jamais dit grand-chose... Ce n’était pas un sujet de discussion chez nous non plus. Ce n’est qu’à mon adolescence que j’ai réalisé à quel point ma mère était gravement déprimée. À cette période, de nombreuses pièces du puzzle se sont assemblées. C’était dur. Cela m’a permis de clarifier la relation qui existait entre mes parents. Cela m’a aussi beaucoup réconfortée : j’ai compris qu’être élevée par mon père était le bon choix. Il m’a protégée de l’instabilité psychologique de ma mère,
ma jeunesse en a été plus confortable. Je serais devenue une personne complètement différente si mes parents avaient obtenu un droit de garde partagée. Mon père a façonné ma vie, il est tout pour moi. J’ai majoritairement vécu avec lui et j’ai déménagé à seulement trois ou quatre pâtés de maisons de chez lui. La première fois que j’ai eu mes règles, c’était à la maison, avec papa. Il m’a aidée et m’a emmenée chez grand-mère. Il a choisi mon premier soutiengorge avec moi, nous sommes allés faire du shopping ensemble... Pour parler maquillage ou cheveux, il y avait les filles du club sportif. Bien sûr, ma mère m’a manqué, même si elle a toujours fait partie de ma vie, mais pas sur le plan éducatif. Elle n’est pas une figure maternelle typique et a eu peu d’influence sur mon parcours de vie. Je regrette le fait qu’une femme incapable d’élever son enfant soit considérée comme un tabou. L’exemple de mon père prouve à quel point les hommes peuvent aussi éduquer des enfants sans les traumatiser. J’ai toujours eu l’impression d’avoir une éducation agréable, normale et positive ! »
trio. Elle a revendiqué une année sabbatique… qui ne s’est jamais arrêtée. J’ai décidé de tout dire à ma fille, pour ne rien construire sur des non-dits. Avoir tout clarifié a été source d’apaisement. Céline savait pourquoi sa mère n’était plus là, je ne l’ai jamais diabolisée. Aujourd’hui, ce sont deux étrangères, mais cela n’a pas empêché ma fille de se réaliser pleinement. » Et Bruno Humbeeck de confirmer que ce schéma, même atypique, n’est pas un frein pour le développement de l’enfant. « La fonction de maternage associée à la femme n’est pas une condition sine qua non pour mener l’éducation d’un enfant à bien. Les rôles ne sont pas aussi figés ou binaires : une maman affective et un papa structurant, c’est de l’ordre de la caricature ! Chaque parent peut être un peu des deux, le double rôle peut d’ailleurs être joué par les deux. Sauf en cas de décès de la mère, le parent absent ne l’est de toute façon jamais vraiment. On la fantasme, bien sûr, on peut la détester ou désirer sa présence plus que tout, l’absence n’empêche pas de tisser un lien avec elle, quel qu’il soit, même fin. Exactement comme la majorité des enfants confiés à leur mère qui bâtissent quand même une relation avec un père absent. Si la mère manque à l’appel, le père peut tout aussi bien être une figure d’attachement. Être élevé par son papa solo n’est pas pathogène ! Il ne faut pas avoir peur d’une éducation majoritairement paternelle, cela peut même donner beaucoup de force et être tout aussi équilibrant. On n’est pas un meilleur parent quand on a été relié à l’enfant par un cordon ombilical. » Quant aux représentations féminines, elles peuvent être compensées par d’autres modèles. « Une grandmère, une marraine, une amie… une mère manquante ne signifie pas un univers exclusivement masculin. Le tout est de trouver son équilibre affectif », conclut le spécialiste. « La maman de ma meilleure amie est comme une copine, je peux tout lui dire, même mes plus grands secrets. J’ai aussi ma prof de guitare et une tantine très cool… Maman a des problèmes depuis que je suis petite et je ne la vois presque jamais, elle ne me manque pas tellement, car j’ai compris que c’était mieux pour elle et pour moi… ça n’aurait pas été bon pour moi qu’elle vive avec nous », confie Estelle, 9 ans. La vérité sort de la bouche des enfants… *Le prénom a été modifié. Sources chiffrées : Le Ligueur 2018.
CHARLOTTE, 21 ANS, ÉTUDIANTE
« Ma situation familiale m’a rendue très ouverte d’esprit .» « J’ai été adoptée par deux papas. La seule figure maternelle que j’ai, c’est celle d’une femme qui m’a abandonnée car incapable de m’élever. Je pense que la vie entière est régie et structurée par l’amour. C’est lui qui détermine tout ce que l’on devient. Je n’ai pas été voulue par ma mère mais immédiatement rejetée. Mes papas, eux, m’ont désirée plus que tout et aimée tout de suite. C’est une chance inouïe : grandir dans la tendresse et la bienveillance est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir, peu importe qu’il soit offert par une mère, un père, deux pères, deux mères... Je n’ai jamais souffert d’avoir des parents homos. Parfois, à l’école, j’ai eu un peu de difficultés à trouver mes marques, essentiellement à cause du regard des autres... et surtout des parents ! Ce sont eux qui semblaient les plus déstabilisés par le fait que je n’avais pas de mère, certains répercutaient ce jugement sur leurs enfants qui à leur tour me faisaient comprendre que ce n’était pas tout à fait normal... Je me souviens de la maman d’une copine qui avait “ peur ” que je devienne homo, sous prétexte d’être la fille d’un couple gay. Hormis ces quelques souvenirs, jamais ma situation familiale n’a posé de réel problème : j’étais comme tous les enfants. Je ramenais des copines dormir à la maison, on faisait de grandes fêtes d’anniversaire, j’ai eu un premier amoureux, mes parents
venaient me voir au spectacle de fin d’année ou à mes matches de hockey... Depuis deux ans, j’ai un petit ami, ses parents s’entendent très bien avec les miens, je n’ai pas l’impression que mon copain est différent de moi sous prétexte qu’il a été élevé par une mère et un père ! J’ai toujours eu des femmes autour de moi, dont une marraine formidable. Finalement, c’est plus difficile pour mes papas : dans leur milieu professionnel respectif, on sait qu’ils sont pères, mais pas qu’ils sont en couple avec un homme. Avoir été élevée par eux m’a rendue très ouverte d’esprit, tolérante et réaliste, aussi : je sais que ne pas avoir de mère reste choquant aux yeux de certains, je reste donc discrète sur ma vie, notamment à l’unif, où je ne me confie pas à tout le monde, le climat homophobe ambiant ne prêtant pas toujours à la transparence totale. Aujourd’hui, je me considère comme une jeune femme très épanouie, heureuse et extrêmement chanceuse d’avoir un foyer aimant. Quand je serai mère à mon tour, mes enfants auront la chance d’avoir deux grands-pères extraordinaires ! »
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ISABEL MARANT Elle est la créatrice parisienne que le monde nous envie. Celle qui a fait de la joie de vivre une philosophie imprégnant ses collections, saison après saison. Autant dire que dans le contexte morose de ces derniers mois, elle a fait mouche comme jamais. Rencontre rassérénante. Par Nathalie Dolivo Photo Marguerite Bornhauser
“La mode doit apporter du plaisir, de la joie, l’envie d’aller au-delà de soi.”
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epuis plus de vingt ans, le succès d’Isabel Marant ne se dément pas. Mieux, elle s’est imposée comme la créatrice emblématique d’un certain cool, urbain mais bohème. Dans l’époque – difficile – que nous traversons, elle envoie de la joie. Comment ? En faisant de cet optimisme une philosophie qui imprègne sa mode. Le confinement nous entrave ? Elle nous rêve en robettes rose bonbon. Les pistes de danse ne sont qu’un lointain souvenir ? Elle nous offre des tops en lamé et des microshorts du soir. Nos vies cadenassées sont bien trop casanières ? Elle nous voit en cow-girls conquérantes, filles des grandes plaines. Dr Feelgood de la mode, elle est, pour de vrai, une personnalité solaire qui rit à tout bout de champ de son rire rauque. En plus de tout cela, elle parle cash. Nous l’avons rencontrée en une journée de mars pleine de lumière et de promesses. Interview.
Le 5 mars dernier, vous avez présenté votre collection automne-hiver en vidéo. Votre première fois sans défilé physique…
Oui, mais l’idée m’avait déjà traversé la tête il y a une quinzaine d’années, à une époque où j’avais éprouvé un ras-le-bol des défilés ! Je trouve ça intéressant parce que défiler toujours sur le même mode, je trouve que ça peut finir par être redondant… Cette fois, nous avons fait un film. On pourrait appeler ça un « défilmé ». L’énergie du show physique, avec public et montée de stress, ne vous a pas manqué ?
Avec une vidéo à faire, on a quand même l’énergie des mannequins qui arrivent, des maquilleurs, des coiffeurs… S’il n’y a pas de public, il y a malgré tout du monde au balcon ! (Rires.) Je me suis sentie dans le même état que si j’allais dévoiler un show. Qu’est-ce qui vous a inspirée, cette saison ?
Comme toujours, l’idée d’une fille urbaine et pleine d’énergie mais empreinte d’ailleurs : une sorte de cow-girl futuriste. Et puis, nous avons tourné dans un endroit incroyable, un parking brutaliste, très Oscar Niemeyer, à Noisy-le-Grand. Votre précédent défilé, présenté juste avant le deuxième confinement, mélangeait les mannequins et les danseurs du collectif La (H)orde. Il avait fait sensation…
C’est vrai, il a suscité des retours de dingue ! J’avais envie d’avoir une vraie
réaction à ce contexte morose, mais une réaction spontanée et naturelle… C’était très joyeux. Vous vous considérez comme une activiste de la joie ?
Je pense que la mode doit apporter du plaisir, de la joie, l’envie d’aller au-delà de soi, de jouer avec soi. Il y a quelque chose de ludique dans la mode. Il ne faut pas prendre tout ça au sérieux non plus ! À quoi sert-elle, justement, la mode ? Quel sens donnez-vous aux vêtements ?
Pour moi, ils sont une vraie thérapie. Quand je ne me sens pas bien, moche, ou nase, il suffit que je trouve un beau truc dans mon placard ou une boutique pour que ça me change ma journée. Et même si j’ai un souci avec le consumérisme dans la mode, je ne pourrais pas m’empêcher de vouloir avoir quelque chose de nouveau, qui me fait vibrer… Ça amène une joie extrême, la mode ! Je reçois souvent des messages de femmes qui me disent : « Vous m’avez permis de me trouver, vous m’avez donné de la force… » On amène ça, aussi, à travers un vêtement. J’ai commencé à faire de la mode pas parce que la mode m’intéressait – je ne savais même pas ce que c’était ! Mais j’avais une idée précise de ce dont j’avais envie et pourquoi. Ce qui m’intéresse, c’est une approche sociologique… Avec un peu de psychologie, aussi ?
À chaque collection, je me demande : avec tous les vêtements qu’on a, qu’est-ce qui va faire qu’on va encore avoir envie de quelque chose ? Qu’est-ce qui va faire la différence ? C’est cet aspect-là dans le vêtement qui m’a toujours passionnée. Pensez-vous que la mode a une responsabilité vis-à-vis de l’image des femmes qu’elle crée et renvoie ?
Bien sûr. Mais la mode est là aussi pour faire rêver. Elle doit proposer de décoller un peu de la vraie vie. Mais cela passe plus par une attitude, la manière dont on s’approprie les vêtements. C’est ce contraste que j’ai voulu montrer lors du défilé avec La (H)orde, ces danseurs pleins de vie à côté de ces tops impassibles. Ma mode peut être tout aussi cool sur des corps joyeux, en mouvement, plutôt que sur des sortes de femmes piédestaux qui n’existent pas… Comment avez-vous travaillé ces derniers mois rythmés par la crise sanitaire ?
La crise du Covid nous a forcés à nous organiser encore mieux. Et j’ai appris à m’ex-
traire un peu au lieu d’être tout le temps au bureau, les mains dans le cambouis… J’ai plus de recul sur mon travail. Désormais, je me prends un jour par semaine sans rendez-vous, où je ne suis pas accessible. Cela permet de penser vraiment à ce pour quoi on fait les choses, comment on les fait, quel sens ça a, et s’il faut continuer comme ça à faire le hamster dans la roue…
ler pour le quotidien. Un jour, quelqu’un m’a fait un compliment que j’ai beaucoup aimé : « Vos vêtements sont comme des vieux amis qu’on a toujours eus dans son placard. » J’aime faire des vêtements pas intimidants, avec toujours une légère patine. Une mode pour la vie…
Comment gérez-vous les impératifs écologiques et environnementaux au sein de votre marque ?
Vous êtes gentille, en fait, ça fait presque trente ans ! (Rires.) Mon premier défilé a eu lieu en 1994. J’ai monté ma boîte en 1989, je faisais des bijoux et de la maille. J’ai quelques années de vol… Pourtant, j’ai l’impression d’avoir commencé hier et d’être toujours une jeune créatrice qui débute. Je veux aller de l’avant. Voilà pourquoi nous avons cédé une partie de nos parts : nous avions besoin d’aide pour développer la marque à l’international.
On est conscients depuis longtemps des enjeux liés à la RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise). On se fixe tous les ans des objectifs pour faire mieux et réduire notre empreinte carbone. On fait attention à la manière dont on traite nos déchets et tout ce qui est inutilisé. On est très attentifs au sourcing des matières et des tissus. On a toujours privilégié les matières naturelles. On essaie d’utiliser des tissus recyclés quand c’est possible et de ne pas surcommander. On a quand même beaucoup de soucis dans la mode en ce qui concerne les emballages, le transport, etc. Après, l’écologie, c’est une question complexe. Quand on vous vend du coton bio, on ne vous dit pas qu’il consomme quand même des tonnes d’eau. Derrière les beaux discours, il y a beaucoup de « greenwashing » dans la mode. C’est assez simple : si on veut être vraiment écologique, il faut moins consommer. Je sais que j’en fais hurler certains, mais la mode, ce n’est pas écologique !
Qu’est-ce que ça a changé concrètement ?
On avait un petit diamant qui n’était pas encore très bien exploité ! On a mis en place, grâce à Montefiore, un développement conséquent. On a explosé en Asie et notamment en Chine, où l’on a désormais une douzaine de boutiques. Grâce à cela, notre business a été relativement peu impacté par le Covid-19. Les marchés européens et américains ont ralenti, mais le marché asiatique a décollé. Notre e-shop est aussi en progression spectaculaire. Je dois vous avouer que j’ai mis des années à comprendre comment on pouvait acheter des vêtements sur Internet, mais maintenant, c’est tellement bien fait… Il y a un confort à acheter comme ça. Même si je dois dire que pour moi, regarder, toucher les pièces, être dans une jolie boutique, ça me fait quand même un peu plus plaisir.
Vous êtes d’une franchise assez rare… Vous n’avez jamais peur des réactions sur les réseaux sociaux ?
Je vais très peu sur les réseaux sociaux même si je regarde beaucoup d’images sur Instagram. Mais je ne lis pas les commentaires qui me concernent. Il faut apprendre à se connaître et se découvrir soi-même : se laisser dicter sa conduite ou ses idées par les autres, c’est une aberration.
Comment envisagez-vous les prochaines années ? Avez-vous envie de ralentir, de sortir du rythme frénétique de la mode ?
Vous avez de nombreuses fidèles, depuis vos débuts. Que viennent chercher les femmes dans votre mode qu’elles ne trouvent peut-être pas ailleurs ?
J’ai toujours essayé de m’adresser à toutes les femmes. Avec l’idée d’un réalisme du vêtement. C’est ça le « prêt-à-porter » : des vêtements portables tout de suite, que différents types de femmes peuvent s’approprier. Les tenues pour des occasions particulières, ça ne m’a jamais intéressée, ce n’est pas ma vie ! Moi j’ai envie de m’habil-
“J’ai toujours essayé de m’adresser à toutes les femmes. Avec l’idée d’un réalisme du vêtement.”
Vous avez lancé votre marque il y a plus de vingt ans. Pourquoi, en 2016, avoir cédé 51 % de vos parts à Montefiore ?
FILIPPO FIOR/GORUNWAY.COM.
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J’ai toujours été très claire là-dessus : je ne me vois pas finir dans ma boîte jusqu’à mes vieux jours. Je forme mes équipes depuis un moment. J’ai aujourd’hui des collaboratrices, à mes côtés depuis plusieurs années, en qui j’ai ultra-confiance. J’aimerais bien pouvoir prendre un peu plus de recul pour réfléchir aussi à comment emmener ma société sur un chemin qui corresponde complètement à mes convictions. Un chemin plus écolo, plus responsable. Essayer de recentrer les choses le plus possible.
Défilé automne-hiver 2021-22.
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À la reconquête de son bien-être ! Fatiguée par les longs mois d’hiver et de confinement ? Lassée de toutes les contraintes qui pèsent sur nos vies ? Voici dix conseils nutrition, beauté et psycho pour regagner en énergie et alléger son quotidien. Bref, pour se faire (enfin) du bien au corps et au mental. Par Nolwenn du Laz, Catherine Durand et Elvira Masson Collages Anna Muller
1 “On s’offre une cure de
printemps de compléments alimentaires” MARIELLE ALIX, COACH BIEN-ÊTRE HOLISTIQUE
« Pendant un mois, on mise sur eux pour retrouver son peps. Au quotidien, Omnimag d’UNAE (unae.fr), un magnésium de quatrième génération pour l’énergie. Et dans son smoothie, une cuillérée à soupe de poudre de son de riz de Jasmin Tocos de Sun Potion (bazar-bio.fr), remplie de vitamines A, B, C et E, pour limiter l’oxydation et l’inflammation et booster l’éclat de la peau. On dope aussi ses jus, en alternance, avec la Chlorella Bio de Kiki Health (moncornerb. com), une algue qui aide à éliminer les toxines, même les métaux lourds. Elle stimule le renouvellement cellulaire, avec un effet détox sur l’acné ou le “mascné”. »
2 “On fait de la banane son encas fétiche” HÉLÈNE TCHERIATCHOUKINE, MÉDECIN NUTRITIONNISTE
« Ce fruit cale immédiatement et, comme il est à index glycémique bas, il évite les fringales. Grâce à sa teneur en tryptophane
et en sérotonine, il est antistress et antidépresseur. Il est aussi riche en fer, potassium et fibres. On peut en manger jusqu’à quatre par jour, à condition de le consommer un peu vert – moins sucré – et plutôt avant 18 h. Et prendre deux bananes, après un œuf dur, constitue un déjeuner express bien plus sain qu’un sandwich. »
3 “On se lave à l’eau froide du visage aux pieds”
ANNE BIANCHI, ENSEIGNANTE DE YOGA KUNDALINI, SEXOTHÉRAPEUTE
« Le matin, après avoir brossé votre corps doucement du bas vers le haut, puis l’avoir massé avec de l’huile d’amande douce ou de sésame, lavez-vous à l’eau froide du visage aux pieds, en évitant le sommet du crâne où réside le septième chakra et en vous savonnant peu. Ce rituel réveille la circulation sanguine et lymphatique et donne de l’énergie. Le soir, passez vos pieds une minute sous l’eau presque glacée avant de sauter dans votre lit pour les masser avec une crème bien riche. Deux gouttes d’huiles essentielles appliquées en tournant au niveau du sternum et vous dormirez comme un bébé. »
4 “On opte pour les fruits et légumes fermentés” RACHEL TAYLOR, FONDATRICE D'ATELIER CULTURES*
« Voici deux recettes express, à la fois vertueuses et anti-gaspi. BROCOLIS À LA POLONAISE : détaillez les tiges de brocolis (ou les fleurettes) en bâtonnets, mettez en saumure à 3 % de sel – 30 g de sel pour 1 l d’eau – avec des brins d'aneth, une gousse d’ail et quelques baies de genièvre. Laissez fermenter à température ambiante. Une semaine après, c'est prêt. EAU DE FRUITS : lavez des pelures de pommes, poires, ananas ou mangue dans un mélange de vinaigre blanc et bicarbonate de soude. Puis mettez-les dans une bouteille en verre à bouchon mécanique (type limonade), avec trois cuillérées à soupe de sucre, blanc ou roux, les épices de votre choix – curcuma par exemple, allié antiinflammatoire –, puis remplissez d’eau. Laissez infuser à température ambiante quinze jours. Les sucres sont digérés par les bactéries, ne restent que les vertus des fruits fermentés. Attention au dégazage à l’ouverture de la bouteille ! Se garde au frais une fois ouverte. » (*) ateliercultures.com
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5 “On maîtrise son gua sha” MÉLANIE HUYNH, FONDATRICE D’HOLIDERMIE* « POUR UN VISAGE REPOSÉ : pompez avec la pulpe des doigts sur les nœuds lymphatiques au niveau des clavicules, sous le menton, le long des os de la mâchoire puis devant et derrière les oreilles avant de drainer, en lissant avec le plat du gua sha, du centre du visage vers l’extérieur et du bas du cou vers le haut. POUR UN CORPS TONIQUE : avec les petites dents d’un gua sha corps, grattez les malléoles, puis, avec les grandes, drainez des chevilles au genou en passant par le mollet. Avec les petites, lissez du genou aux cuisses, devant et derrière. Grattez sur la culotte de cheval. Finissez par le ventre, du nombril vers l’extérieur. »
(*) holidermie.com
6 On sirote des tisanes au chanvre
La culture de chanvre bio breton est au cœur du travail de Ho Karan (« Je vous aime » en breton), marque de soins spécialiste des vertus du cannabis sativum. Elle s’est associée avec le sommelier du thé Kodama pour créer cette merveille d’infusion : notes de caramel, fleur de souci et feuilles d’oolong, touche de riz soufflé, et ce chanvre, à 6 % de CBD, promesse de soirées la tête dans les nuages. OKLM de Ho Karan, 22 € les 35 g, sur hokaran.com
7 “On s’autorise 15 min
“Pour déconnecter et débrider sa créativité, il faut se connecter à ses sens en pleine conscience, en s’isolant un quart d’heure par jour sans exception.” Vanessa Cahierre et Nadège Fougeras
de pause sensorielle” PAR VANESSA CAHIERRE ET NADÈGE FOUGERAS*
« Pour déconnecter et débrider sa créativité, il faut se connecter à ses sens, en pleine conscience. 15 min par jour sans exception, on s’isole et on met son portable sur mode avion pour s’accorder une pause en y associant du plaisir : allumer une bougie, lire ou préparer un petit plat. Le mieux est d’associer plusieurs sens à la fois : un bain en musique avec une bougie allumée. » (*) La technique des étincelles, 80 clés pour rebondir en période de changement, éd. de La Martinière.
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8 “On tient un carnet de gratitude”
DEBORAH NARDER FENWICK, COACH DE LEADERSHIP ET DE PRISE DE PAROLE EN PUBLIC
« Sur un cahier ou dans les notes de son portable, noter trois choses concrètes le matin, les plus simples possible, dont on est reconnaissant (odeur du café, beau temps, couleur vitaminée d’un T-shirt) et trois choses accomplies le soir (conversation constructive, dossier bouclé, livre lu). Autant de points positifs qui apprennent à voir le verre plein. »
9 On réfléchit sur soi EN APPRENANT À SE CONCENTRER SUR L’ES-
SENTIEL Vivre mieux avec moins, en meilleure santé, sans superflu ni relations toxiques, en se concentrant sur ce qui est essentiel pour soi, c’est le credo des coachs américains Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus – leur site theminimalists.com compte plus de vingt millions de lecteurs, héros de documentaires sur Netflix (Minimalism : a documentary about the important things et Less is now). Saurat-on tenir ces bonnes résolutions dans le monde de l’après- Covid ? On peut déjà commencer par lire leur mode d’emploi : Minimalisme, qu’est-ce qui vous rend vraiment heureux ?*
(*) Éd. J’ai lu, collection Bien-Être. EN ACCEPTANT NOS FRAGILITÉS « Le bonheur et le malheur dansent ensemble comme un couple d’opposés », écrit Boris Cyrulnik en préface de ce traité de sagesse du psychiatre flamand Dirk De Wachter, L’art d’être malheureux*. Le succès est une illusion, le bonheur compulsif exhibé sur les réseaux sociaux également. Nos fragilités et notre vulnérabilité ont au contraire du sens dans notre société vouée au progrès scientifique et à la technologie qui nous privent de l’essentiel : l’affection et le rêve. C’est dans nos malheurs que se situent nos talents, nous rappelle cet essai salutaire.
(*) Éd. de La Martinière.
10 “On fait le plein
de fruits et de légumes” STEPHAN JAULIN, NATUROPATHE
« Le légume est le balai de l’intestin qui chasse les déchets. Mon conseil est de boire, à vie, un litre de jus au quotidien, à raison d’un grand verre avant le déjeuner et le dîner. À faire soi-même à l’extracteur idéalement, ou à acheter en bouteille dans un magasin bio : jus de betterave, de
carotte, de choucroute, de céleri… Les deux premières semaines pourront être un peu pénibles (ballonnements), mais on obtient ensuite plus de bienfaits que tous les compléments alimentaires réunis. Comme les fruits sont aussi sources d’énergie, on remplace un repas par jour (le petit-déjeuner, par exemple) par une purée mixée au blender, composée de trois bananes ou trois poires ou trois pommes, arrosée d’un jus de citron et agrémentée de trois pruneaux pour le transit ou de dattes ou de raisins secs pour l’énergie. Un vrai plein pour la voiture de course que vous êtes. »
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PSYCHO
Dépression périnatale: Bouffées d’angoisses, sentiment que leur bébé va leur “prendre” leur vie, pensées obsédantes, idées noires : 10 à 20 % des femmes qui accouchent sont sujettes à la dépression du post-partum. Des chiffres énormes pour une maladie encore mal dépistée, diagnostiquée et prise en charge. Et une réalité qui vient sérieusement écorner le mythe de la maternité heureuse, comme nous le racontent celles qui ont vécu ce “tsunami”. Par Laure Marchand
les mères à vif
CRÉDITS
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ALENA ZHANDAROVA, VERONIKA, DE LA SÉRIE HIDDEN MOTHERHOOD, 2019. COURTESY DE L’ARTISTE.
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PSYCHO
Tu verras, c’est que du bonheur. » Pendant neuf mois, Aurélie y a cru, à cet avenir radieux que les uns et les autres lui promettaient à la vue de son ventre arrondi : « Ma grossesse s’est très, très bien passée, l’accouchement aussi, le papa était très impliqué… J’étais dans le monde des Bisounours. » Une réalité brutale l’a rattrapée en quarante-huit heures. Sa fille, Agathe, est née le 23 juin dernier. Deux jours plus tard, cette mère de 35 ans sombrait dans une angoisse qu’elle n’aurait jamais soupçonnée auparavant. Une journée lui paraissait un mois. Ce bébé si attendu lui « prenait » sa vie d’avant. Les pleurs ininterrompus étaient insupportables. « J’ai même fait une recherche sur Internet : “Comment faire adopter un enfant ?” » Telle une ritournelle obsédante, « Tu verras, c’est que du bonheur », revenait cogner dans sa tête dans les moments les plus sombres. « Est-ce que les gens réalisent la portée de ce qu’ils disent ? J’aurais voulu qu’on me prévienne du tsunami que l’on pouvait se prendre. » Comme au moins 10 à 20 % des femmes qui accouchent, Aurélie a fait une dépression périnatale. Ce pourcentage montre que l’expérience est tout sauf marginale. Mais le mal-être lié à la naissance d’un enfant souffre toujours d’un manque de reconnaissance. Il est encore mal identifié et donc mal soigné… Tel est le diagnostic du rapport Les 1 000 premiers jours qui fait de la prise en charge de la dépression du post-partum « un enjeu de santé publique majeur ». Plus de la moitié ne serait pas diagnostiquée et « environ 30 % des mères mériteraient une attention particulière en raison d’une fragilisation plus ou moins grande », selon cette étude pilotée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Tout en estimant qu’il reste beaucoup à faire, Isabelle Derrendinger, directrice d’une école de sagesfemmes, constate malgré tout une nette évolution en trente ans d’exercice : « Au niveau professionnel, des sages-femmes et de la gynécologie obstétricale, il y a eu une prise de conscience collective. La dépression du postpartum est désormais enseignée lors des études, et des questions sont posées à la mère qui ne l’étaient pas avant. Ces avancées sont liées aux luttes féministes sur les violences obstétricales. » Depuis plusieurs mois, l’accouchement connaît d’ailleurs une « déglamourisation » express sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #MonPostPartum, de jeunes mères montrent leur teint blafard causé par des nuits sans sommeil, exposent leur corps malmené, posent avec des couches, parlent hémorroïdes… À des annéeslumière des clichés de Kate Middleton prise en photo sur le perron de la maternité à la naissance de chacun de ses enfants – perchée sur des talons, un nouveau-né emmailloté dans les bras, elle semblait aussi fraîche que la rosée matinale.
“Je le regardais sur la table à langer, il dépendait de moi, ce que je ressentais était abyssal. La panique, j’étais seule.”
Où en parler, que lire ? WM’S - WONDER MUMS Un groupe
Facebook où les mères se soutiennent et expriment sans tabou leurs difficultés (et leurs joies).
CECI EST NOTRE POST-PARTUM
Un livre dans lequel Illana Weizman, s’appuyant sur de nombreux témoignages, explore le versant sociologique de cette maladie invisibilisée. Éd. Marabout.
CHÈRE SCARLET. L’HISTOIRE DE MA DÉPRESSION POST-PARTUM
Une B.D. de Teresa Wong, qui apaise et raconte tout en délicatesse l’histoire de sa lutte contre la dépression du post-partum.
Éd. Dunod.
Sophie, avocate
L’IMPRESSION DE BASCULER DANS UN “MONDE PARALLÈLE”
Et pourtant… Nombre de mères racontent être tombées des nues en découvrant le cataclysme psychique qui a accompagné la venue au monde de leur enfant. « Lors de la préparation à l’accouchement, on m’a appris à donner un bain au bébé, jamais, on ne m’a parlé de la possibilité d’une dépression, explique Élodie. Une séance a été consacrée au baby-blues mais il a été évoqué sur un mode anecdotique : “Ça peut arriver, ne vous inquiétez pas, c’est la chute d’hormones.” » Après la naissance de son fils, « petit à petit », elle a « glissé dans un truc terrible ». Au bout de quatre mois, elle avait « basculé dans un monde parallèle » : elle trouvait normal de discuter avec un moucheron en le suivant dans la maison. Et le soir de Noël, après avoir déclaré à sa mère « Je veux mourir, prends mon enfant, je te le laisse, j’en veux pas », elle fit une tentative de suicide. Pourtant avant, pendant et après l’accouchement, les signaux de la dépression étaient là. « À aucun moment, quelqu’un s’est dit : “Tiens, peut-être que la maman va mal.” » Toute l’attention des professionnels était dirigée sur le bébé. En s’ouvrant de sa dépression à ses amies, Aurélie, la mère de la petite Agathe, a découvert que certaines étaient également passées par cette épreuve : « L’une m’a dit : “Je n’allais quand même pas t’en parler alors que tu étais enceinte.” » Ces non-dits font penser à ceux qui entouraient autrefois les jeunes filles ignorantes de ce qui les attendaient lors de la nuit de noces. L’entourage des futures mères se tait aussi, comme s’il était le gardien du mythe de la maternité heureuse. Le silence autour de cette réalité aggrave les difficultés quand elles adviennent. Déborah Guy, chercheuse en sociologie, a mené de nombreux entretiens avec des femmes souffrant
née qui suit la naissance de leur enfant, selon Le rapport des 1 000 jours, et seulement la moitié d’entre elles trouve à qui s’adresser. » Combien de liens bancals entre la mère et l’enfant qui pourraient être évités si ces souffrances ne passaient pas sous le radar ? D’issues tragiques ? DES CHANGEMENTS PSYCHIQUES COMPLEXES
d’une dépression du post-partum : « Il en ressort que le rôle social attribué à la mère a un effet très performatif sur ce que ces femmes doivent être, savoir faire… C’est très puissant dans la régulation des comportements. » Résultat : elles « font façade », se comportent comme si tout allait bien car elles se sentent coupables. Confier ses difficultés, c’est risquer un rappel à la norme. Le jugement de « la mauvaise mère ». Et c’est ainsi qu’un tabou se perpétue. Comment devenir mère ? La génération précédente était moins isolée que la nôtre. La mère pouvait compter sur des grands-parents, une tante, les voisins… La famille de Sophie habite en Auvergne. À la maternité déjà, la perspective de la sortie angoissait beaucoup cette avocate mais son mal-être est passé inaperçu. À dix jours, son bébé a frôlé la mort subite du nourrisson. De retour à la maison, « je le regardais sur la table à langer, il dépendait de moi, ce que je ressentais était abyssal. La panique, j’étais seule ». Son compagnon « était tout aussi angoissé par la fragilité du bébé, il fuyait le domicile familial ». L’absence du père, qui ne prend généralement que quelques jours à la naissance avant de retourner au travail, est connue pour être un facteur de risque supplémentaire ou aggravant dans la survenue de la dépression car toute la responsabilité repose sur la mère. En Belgique, le congé de paternité passe à quinze jours à partir de cette année et à vingt jours en 2023. Cet allongement était très attendu, même s’il ne comble pas l’écart avec les pays européens les plus avancés. Comme en Suède où les deux parents ont tous les deux droit à 480 jours de congés cummulés, dont 60 jours sont réservés à la mère et 60 au co-parent. « Cent mille femmes sont en grande détresse lors de l’an-
Avec le recul, Claudia est persuadée que « la parole l’a sauvée ». Faisant fi des commentaires de sa tante – « Tais-toi donc, c’est pas bien ce que tu racontes, on va t’enlever tes gosses » –, cette mère de 35 ans a frappé à toutes les portes pour demander de l’aide. « Sans doute, un réflexe professionnel car je suis assistante sociale. » Ses premières phobies d’impulsion ont surgi le jour de la rentrée des classes de son aînée. Son mari était parti l’accompagner à l’école. Claudia et sa fille de 2 mois étaient seules à la maison. Et si elle se jetait par la fenêtre avec Meredith dans les bras ? Ou alors n’attendrait-elle pas le retour de son époux pour se trancher la gorge avec un couteau dans la cuisine ? Des pensées obsédantes et violentes de ce type l’ont assaillie longtemps. « Dès le début, mon psychiatre m’a rassurée : je ne passerais pas à l’acte car j’avais parlé. » Lorsqu’elle était au plus bas, son beau-père l’emmenait se promener en forêt. « Les premières fois, je voyais des cordes pendues aux branches. Il me disait : “Ne t’inquiète pas, ça va passer.” » Mois après mois, grâce à une famille aimante et une prise en charge thérapeutique adaptée, ses phobies se sont espacées. Claudia a appris à moins paniquer en les laissant se manifester. « Elles finissent toujours par partir » et ses filles vont « super bien ». Passagère ou profonde, la dépression questionne en fait la maternité. « Il faudrait soulever le couvercle pour reconnaître simplement que devenir mère engendre des changements psychiques extrêmement complexes, résume Francesca Arena*, historienne de la santé et des questions de genre à l’Université de Genève. Chez la mère... comme chez le père. « Prenons garde à ne pas enfermer la parentalité autour de la femme et regardons ce qu’il se passe du côté des hommes. Il serait bien qu’ils puissent également libérer la parole sur ce sujet », ajoute la chercheuse. La science s’intéresse à eux depuis quelques années. Et c’est ainsi que l’on découvre que l’arrivée d’un enfant provoque des dépressions chez les pères aussi.
(*) Trouble dans la maternité, Pour une histoire des folies puerpérales, XVIIIe-XXe siècles, éd. Publication université Provence.
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WOMAN@WORK
«JE NE SUIS PAS AMBITIEUSE»
« Ne pensez pas que vous devez cocher toutes les cases, car vous avez déjà accumulé beaucoup d’expériences inconsciemment. Ainsi, même dans un domaine qui vous est totalement inconnu, vous possédez déjà des acquis sur lesquels vous pouvez compter. »
L’accélération de la numérisation, des taux d’intérêt historiquement bas, la mise en place d’une organisation à l’épreuve du futur, la communication sur la durabilité et les relations avec les travailleurs sont autant de thématiques auxquelles Heidi Delobelle, la nouvelle CEO d’AG, est confrontée. Mais grâce à sa curiosité, son authenticité et son énergie, elle semble capable de prendre tout ça à bras-le-corps. Par Marie Geukens
Pendant vingt-trois ans, Heidi Delobelle (50 ans) a gravi les échelons de la compagnie leader sur le marché de l’assurance-vie, jusqu’à devenir CEO en octobre 2020. « Je ne m’y attendais pas, ce n’était pas mon ambition, et parfois je dois encore m’y faire. Je connais très bien l’entreprise bien sûr. J’ai régulièrement changé de fonction, ce qui m’a obligée à sortir maintes fois de ma zone de confort. Je pense donc que grâce à ces expériences, je suis bien armée pour relever ce nouveau défi. »
N’avez-vous jamais eu l’impression d’avoir dû davantage faire vos preuves en tant que femme dans le secteur des assurances ?
Non, pas vraiment, mais c’est peut-être lié à ma façon d’agir et aux gens qui m’entourent. Chez AG, la culture était bien plus hiérarchique à mes débuts : le chef déterminait ce que nous devions faire et il tapait du poing sur la table, que ça nous plaise ou non. Il est ressorti de mes premières évaluations que j’étais un cadre trop proche du personnel. Mon empathie semblait donc représenter un désavantage. Et pourtant, j’ai toujours atteint les objectifs fixés. Je n’ai jamais supporté les intrigues politiques. Et une fois qu’une telle remarque figure dans votre évaluation, ça revient sans cesse. Alors j’ai posé la question à mon mentor : « Qu’est-ce que je fais de ça ? Si je dois changer sur ce point, je ne serai plus moi-même. » Ce à quoi il a répondu : « Mais Heidi, tout ça, c’est de la foutaise. Ce sont précisément tes points forts, tu dois t’appuyer dessus. »
Avez-vous recherché ce changement vous-même ?
Je ne tiens pas longtemps en place. Après quelques années, j’ai dit à mon chef : « J’ai l’impression d’avoir fait le tour, tu n’aurais pas quelque chose pour moi ? » Je n’avais pas en tête une promotion verticale, mais bien le contenu du job en lui-même. En l’espace de trois à six mois, j’occupais un nouveau poste et ma hiérarchie a toujours été très attentive à mes besoins. Parfois, c’était même mon mentor qui me disait qu’il était temps de changer : « Jette un œil à l’organigramme de l’entreprise et dis-moi où tu te verrais bien travailler, ne te limite pas à ta propre expertise. » Pour moi, c’était un peu tiré par les cheveux, mais grâce à cette ouverture d’esprit, j’ai fini par me dire : « Oh oui, pourquoi pas ? » J’ai ainsi franchi plus d’étapes que ce que j’aurais pu imaginer. Mon mentor avait parfaitement cerné ma personnalité et il croyait en moi, je le sentais. Il a même dit une fois : « Je sais que tu as un potentiel énorme, c’est pourquoi j’ai moi-même demandé à être ton mentor. »
En tant que femme, accordez-vous plus d’attention au bien-être physique et mental de vos 4000 employés ?
Oui, tout à fait ! À chaque fois qu’on me disait quelque chose comme ça, j’avais du mal à le croire. Je ne suis pas ambitieuse, c’est plutôt l’envie de faire de nouvelles choses qui m’anime. J’ai eu plusieurs mentorats, dont j’ai pu tirer à chaque fois les bénéfices. Ceux-ci sont organisés de manière structurelle au sein de l’entreprise. Les mentors sont issus du comité de direction et du niveau hiérarchique inférieur. Aujourd’hui, j’accompagne à mon tour plusieurs employés.
PRESSE.
Cela a dû booster votre confiance en vous ?
Il faut que les hommes y veillent aussi, sinon ça ne fonctionne pas. Ce que je fais probablement plus, c’est me rendre sur le terrain. Deux fois par semaine, j’ai une discussion informelle avec deux personnes que je ne connais pas et qui appartiennent à des départements différents, ça me permet de me tenir au courant de ce qui se passe. Ensuite, deux fois par mois, il y a « un café avec Heidi », au cours duquel je m’entretiens avec dix membres du personnel. Là, je remarque que beaucoup se posent encore des questions à propos de la manière dont on va sortir de cette crise liée au Covid par exemple. Lors des formations numériques, je fais un petit discours... Il existe plusieurs moyens de maintenir le lien avec l’entreprise et les collègues tout en travaillant à domicile. J’essaie d’être très présente à distance et je remarque que c’est très apprécié. Ma communication est authentique et humaine, et ça semble plaire également. Ça représente deux fois un quart d’heure dans mon agenda,
mais c’est tellement important pour ces personnes et pour moi. Ce n’est jamais qu’une demi-heure de travail en plus le soir. Vous succédez à un homme. Détenez-vous la marge de manœuvre suffisante pour mettre l’accent sur d’autres aspects ?
Je suis en effet complètement différente de mon prédécesseur. Pour la majorité des membres du comité de direction, mon style n’est peut-être pas assez dur parce qu’ils sont eux-mêmes plus rudes. Mais ils voient bien que nous parvenons tout de même à trouver une solution au terme d’un dialogue pacifique. Je ne pense pas que je doive faire plus d’efforts parce que je suis une femme. C’est à nouveau une question d’équilibre, mais nous finissons toujours par y arriver. Le travail est très agréable, mais aussi très stimulant. Généralement, les choses qui me parviennent sont en lien avec ce qui se passe mal. Il faut donc être bien dans sa peau, adopter une attitude positive et être capable de gérer beaucoup de stress, sinon ce n’est pas possible. Mais fort heureusement, je n’ai pas de problèmes de sommeil et je suis vraiment heureuse lorsque nous réussissons à aider un client ou un agent immobilier, ça me procure beaucoup d’énergie. Vous avez une famille de trois enfants, sont-ils fiers de vous ?
Ils sont très fiers. Au début, combiner vie privée et travail n’était pas une mince affaire. Les journées étaient très longues, j’étais morte de fatigue avant même de monter dans le train, et je devais rattraper mon sommeil le week-end. Lorsque l’aîné est entré en 1ère primaire, mon mari est devenu enseignant, et ça a été un véritable soulagement. Je n’ai plus eu à me soucier de l’organisation du ménage et c’est la raison pour laquelle je suis là où je suis maintenant, sinon ça aurait été impossible. Si mon mari n’était pas devenu enseignant, je ne pourrais pas exercer mon travail, c’est aussi simple que ça. Ça s’est fait naturellement. Nous sommes tous deux diplômés en mathématiques avec une spécialisation en actuariat. Mais je me suis ennuyée à mourir à la maison pendant mon congé de maternité – notre bébé a très vite fait ses nuits – alors que pour mon mari, c’était une période vraiment spéciale. Il a d’ailleurs pris un congé parental. Par ailleurs, son travail dans l’enseignement le satisfait pleinement. Je n’ai jamais beaucoup vu les enfants pendant la semaine, mais le week-end, je les emmenais à leurs activités. Je n’ai jamais rien annulé avec eux, même si ça signifiait que je devais rattraper mon travail en retard le soir. J’entretiens une très bonne relation avec mes enfants. Mais c’est vrai, il a fallu faire preuve de flexibilité : ma plus jeune fille a dû réviser son test de lecture par téléphone pendant que je marchais d’un bâtiment à l’autre, ou quand j’étais dans le train. Je parviens donc toujours à trouver des solutions. Êtes-vous consciente de votre rôle inspirant ?
De plus en plus. Mais c’est parce que je continue à recevoir ce genre de réactions. Le fait que j’aie une famille offre aux autres des perspectives. Osez franchir le pas, ne pensez pas que vous devez cocher toutes les cases. Nous avons tendance à sous-estimer l’expérience acquise. Or, elle peut très vite être réinvestie dans d’autres domaines.
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MAGAZINE
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MOI LECTRICE
Q uand je regarde des photos de Fabrice, mon ex, posant à côté de notre fils aîné en costume cravate, je vois un ado : jean troué, Converse, manches retroussées pour montrer ses tatouages, montre à gousset tendance dans la poche… Le plus gamin des deux n’est pas celui qu’on croit. Mes derniers mois de vie commune avec lui ? Régulièrement, quand je rentrais du bureau, je le découvrais, avec ses copains motards, affalé dans le salon, bière à la main, comme s’il était toujours célibataire. C’était sa dernière passion : retaper des motos pour les revendre. Depuis des semaines, je protestais contre les pneus graisseux à réparer trônant sur le canapé. La cuisine était maculée de cambouis. Un matin, j’avais même retrouvé des pièces de moteurs qui cuisaient dans le four pour une opération de décapage. Ça, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : je ne le supportais plus. Tout avait pourtant commencé comme dans ces comédies romantiques où l’héroïne rencontre enfin l’âme sœur. J’avais 30 ans, je papillonnais, rien de sérieux. À l’époque, j’étais hôtesse de l’air sur longs courriers, lui, contrôleur aérien. On était faits pour s’entendre. C’est une amie commune qui nous a présentés. On a toutes fait l’expérience de ces dîners traquenards, des rencontres plus ou moins provoquées par les copines qui ne marchent jamais. Mais il avait un look de surfeur, sans être fadasse, et il était débordant de joie de vivre… Une vie insouciante a commencé : pas de plan de carrière, pas de dossier à rapporter le soir à la maison et des vacances de rêve grâce aux avantages de mon poste. Sous la couette, il cochait toutes les cases. Doué, tactile, à l’écoute.
“J’AI VÉCU L’ENFER AVEC UN HOMME-ENFANT” MOI LECTRICE
Claire, 45 ans, s’est longtemps accommodée de l’insouciance de Fabrice, le gentil geek en Converse avec qui elle a eu deux garçons. Jusqu’à ce que celui que ses copines appelaient “Chouchou” se transforme en monstre manipulateur. Par Corine Goldberger Illustrations Joel Burden
J’AI ÉTÉ AMOUREUSE DE LUI CINQ ANS, jusqu’à ce que, un mariage et deux enfants plus tard, je commence à me poser des questions sur notre couple. Nos journées me semblaient inconsistantes. Notre vie, un bateau ivre, sans direction, sans projet familial, sans cadre. Car toute discussion sérieuse l’ennuyait. Dans notre monde de Bisounours, il se déguisait tout le temps – j’avais l’impression de vivre avec le croisement du père Noël et d’un GO du Club Med – et faisait mine de ne rien voir quand les enfants faisaient une bêtise. Bien sûr, je passais pour la Mère Fouettard quand je voulais les sermonner. J’avoue que, pendant plusieurs années, je me suis accommodée tant bien que mal de sa personnalité fuyante : mon métier m’éloignant souvent et longtemps de ma famille, c’est lui
qui gérait la maisonnée. Une vraie mère bis, mais sans valeurs éducatives à transmettre. Impossible d’avoir une conversation franche et carrée avec lui : détestant le conflit, il avait aussitôt les larmes aux yeux et la tremblote, s’éclipsait à la moindre c o n t ra r i é t é o u l o r s q u’ i l fa l l a i t s e positionner. Ses comportements me laissaient perplexes. Comme ces enfants qui zappent d’une activité à l’autre, il enchaînait les engouements : golf, hockey sur glace en nocturne, vente de planches à voile puis de motos d’occasion, son emploi du temps lui laissant de larges plages de congés. Choisir un lieu de vie, acheter une maison, déménager, lancer des travaux, réfléchir aux orientations scolaires des enfants : je devais prendre toutes les grandes décisions seule. Lui était d’accord sur tout. “Du moment que ça te fait plaisir.” Des détails agaçants m’ont sauté aux yeux. Comme sa manie, le soir, de se gaver de bonbons et de corn-flakes, de siroter du lait, comme un bébé qui tête. Ses comportements en public me mettaient de plus en plus mal à l’aise : propos qui sonnaient creux, blagues dignes d’un gamin de 10 ans… Il brassait du vent, un éternel sourire collé au visage. Sans doute pour éviter des conversations trop plombantes à ses yeux, il fuyait les maris, préférant “passer les plateaux” et ne discuter qu’avec mes amies. Il aimait parler fringues, raconter ses souvenirs d’école et courir en forêt avec elles. Elles l’appelaient “Chouchou”, le chéri de leur bande… Je n’ai pas oublié le regard sidéré de mon père, un chef d’entreprise qui déteste les enfantillages, quand, lors d’un repas de famille, Fabrice s’est soudainement jeté à terre pour marcher à quatre pattes autour de la table en aboyant et en remuant l’arrière-train. Amuser notre fils, âgé de 5 ans à l’époque, était visiblement plus urgent que de participer à la conversation des adultes. Pour aider mon père à gérer l’important p at ri m o i n e i m m ob i l i e r fa m i l i a l et reprendre ma vie en main, j’ai changé de métier. Acheter des immeubles, gérer des budgets… je m’épanouissais professionnellement. Mais quand je rentrais à la maison, la tête pleine de chiffres, je le retrouvais toujours en train de s’amuser, ou se plaignant d’être fauché, car tout son (confortable) salaire passait dans ses motos qui ne lui rapportaient rien. Au fond, ce diplômé de l’École nationale de l’aviation civile, ancien matheux, avait tout du geek, ces passionnés brillants mais immatures.
MAIS JE N’ÉTAIS PAS SA PSY. Un jour, à bout, j’ai réalisé que j’avais besoin d’un homme, pas d’un troisième enfant. J’ai décidé de faire chambre à part. Je voulais tenir pour les enfants. J’ai fini par le tromper. Euphorique, je me sentais femme à nouveau. Mais au bout de trois mois, Fabrice est tombé sur un SMS et j’ai alors découvert une facette inconnue de Chouchou. Le lendemain, devant moi, il s’est tapé la tête contre un mur à en saigner. Il a aussi déchiré son T-shirt et appelé le 17… Deux gendarmes se sont présentés à la maison tandis qu’il accourait en hurlant : “Regardez ce qu’elle m’a fait !” J’étais tétanisée. Toutes les apparences étaient contre moi. Le cauchemar a duré six mois car il a récidivé. J’ai ainsi passé douze heures au commissariat à tenter de m’expliquer face à des photos de ses bras couverts de bleus… Armé de son téléphone, il m’insultait aussi tout en me filmant, me réveillant parfois en pleine nuit pour me pousser à bout, pour que je le frappe, pour se faire passer pour la victime d’une folle violente, preuves à l’appui. Quand les enfants s’inquiétaient de ce qu’ils voyaient, il les prenait dans les bras : “Maman ne va pas bien en ce moment, ne vous inquiétez pas, on va se mettre à l’abri.” Non, ce n’était pas une stratégie pour avoir la garde exclusive des enfants. Il ne l’a pas demandée. C’était pour que, de guerre lasse, je déguerpisse de cette maison pourtant payée par moi, et tous les moyens étaient bons. Comme voler tous mes vêtements, revendant les plus belles pièces, et mes bijoux : une forme sophistiquée de harcèlement. Le pompon ? J’ai eu le sentiment d’avoir épousé un gigolo quand il m’a réclamé une prestation compensatoire de 2,5 millions d’euros pour “conserver son niveau de vie”, alors qu’il touche un très bon salaire. Malheureusement, d’après mon notaire, il existe un petit risque que je doive la payer. Si Fabrice réussissait à convaincre le juge que, même s’il gagne bien sa vie, notre divorce l’a appauvri et qu’il n’a pas évolué dans sa carrière pour me permettre de poursuivre la mienne en s’occupant plus souvent que moi des enfants, j’en serais malade. D’autant que le faux gentil espionne mes moindres faits et gestes pour tenter de prouver que je mène une vie de princesse, alors que je ne gagne que mon salaire grâce auquel, aujourd’hui, j’élève seule nos deux garçons en essayant de leur inculquer le sens des responsabilités. Je me le suis promis : eux ne seront pas des hommes- enfants. »
Polo en éponge Vilebrequin, jupe en lin Acne Studios. Chapeau en polyester et lycra Vaillant Studio, sautoir en laiton Alberta Ferretti, bolo tie en cuir et pierre turquoise, et ceinture en cuir El Paso Booty. Au poignet droit : manchette en argent et turquoise Harpo, jonc en or jaune Aurélie Bidermann, bracelet en perles et coquillages Balaboosté. À la main et au poignet gauche : bague en argent et turquoise Harpo (à l’index), bague double Chanel, bandana en coton Hippie Market.
Aqua - barbie girl
MEXICAN GIRL
SOUS LES TROPIQUES OU SUR LA TERRASSE, LA MODE NOUS EMMÈNE EN VOYAGE. Photo Mia Dabrowski
MODE
ACAPULCO FLOW Chapeaux façon Stetson, cravates bolo, gros ceinturons et bijoux d’inspiration amérindienne se rêvent sous le soleil brûlant des tropiques. Photos Mia Dabrowski Réalisation Anna Quérouil
Haut en viscose MM6 Maison Margiela, jupe en jersey de coton Prada. Chapeau en polyester et lycra Vaillant Studio, ceinture en cuir et bolo tie en cuir et pierre turquoise El Paso Booty, bracelet charms doré à l’or fin Gas Bijoux x Françoise, bracelet en laiton Acne Studios, bague en laiton Acne Studios (à l’index), bague en argent et turquoise Harpo (au majeur). À droite Lunettes de soleil en acétate Burberry Eyewear.
Sur toutes les pages
Créole dorée à l’or fin et martelée Gas Bijoux. Boucle d’oreille en laiton Acne Studios.
T-shirt en coton
The Attico sur matchesfashion.com,
short en cachemire Kujten. Lunettes de soleil en acétate Burberry Eyewear,
bolo tie en cuir et pierre turquoise et ceinture en cuir El Paso Booty. À la main et au poignet droits : bague en laiton Acne Studios (à l’index), bague en argent
et turquoise Harpo (au majeur), jonc épi Aurélie Bidermann,
manchette en argent et turquoise Harpo, bracelet en perles et laiton Balaboosté,
bracelet en laiton
À gauche
À la main gauche : bague en argent et turquoise Harpo (à l’index), bague en métal et strass Chanel.
Vaillant Studio.
Acne Studios.
Robe en maille Bottega Veneta. Chapeau en polyester et lycra
Col roulé en gabardine Miu Miu, brassière en coton Boss. Bolo tie en cuir et pierre turquoise El Paso Booty.
À droite
Polo en coton Comptoir des Cotonniers, jupe en organdi de soie brodé de perles Emilio Pucci, culotte de maillot Dos Gardenias.
Chapeau en polyester et lycra Vaillant Studio, sautoir en métal et strass Chanel, bolo tie en cuir et pierre turquoise, et ceinture en cuir El Paso Booty, panier
en plastique recyclé
Fendi, mules en maille et cuir Bottega Veneta.
Chemisette en coton
Mes Demoiselles… Paris, soutien-gorge en soie Alberta Ferretti, short en gabardine Miu Miu. Bolo tie en cuir
Manteau en lin Marni. Bolo tie en cuir et pierre turquoise El Paso Booty, sac en maille Bottega Veneta. À la main et au poignet droits : bague en laiton Acne Studios (à l’index), bague en argent et turquoise Harpo (au majeur), bracelet en laiton Acne Studios. À la main gauche : bague en argent et turquoise Harpo (à l’index), bague double Chanel.
et pierre turquoise et ceinture en cuir El Paso Booty. À la main et au poignet droits : bague en laiton Acne Studios (à l’index), bague en argent et turquoise Harpo (au majeur), manchette en argent et turquoise Harpo, jonc épi Aurélie Bidermann, bracelet en perles et coquillages Balaboosté, bracelet charms Gas Bijoux x Françoise, bracelet en laiton Acne Studios. À la main gauche : bague en argent et turquoise Harpo (à l’index), bague double Chanel.
T-shirt en maille de viscose et plumes d’autruche Saint
Laurent par Anthony Vaccarello. Chapeau
Veste en denim Levi’s, T-shirt en coton Phipps, short en jacquard Dior. Lunettes en acétate Burberry Eyewear, bolo tie en cuir et pierre turquoise El Paso Booty,
ceinture en cuir vintage, manchette en argent et turquoise Harpo, jonc épi Aurélie Bidermann, bracelet en perles et coquillages Balaboosté, bracelet charms Gas
Bijoux x Françoise,
bracelet en laiton Acne Studios bague en laiton Acne Studios (à l’index), bague en argent et turquoise Harpo (au majeur).
Assistante stylisme Manon Baltazard. Assistante photo Iris Della Roca. Mannequin Lynca N./Metropolitan Models. Casting Nicolas Bianciotto/Ikki. Coiffure Nelson. Maquillage Saloi Jeddi. Manucure Eri Narita. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto.
en polyester et lycra Vaillant Studio, bolo tie en cuir et pierre turquoise El Paso Booty, bague en laiton Acne Studios (à l’index), bague en argent et turquoise Harpo (au majeur), manchette en argent et turquoise Harpo, jonc en or jaune Aurélie Bidermann,
bracelet en perles et coquillages Balaboosté, bracelet charms Gas Bijoux x Françoise, bracelet en laiton Acne Studios.
Sport chic
Robe polo rayée, Lacoste. Foulard en soie imprimée,
Charlotte Beaude.
Veste, Louis Vuitton. À droite Chemise en coton blanc, Filippa K. Culotte en jersey, Christian Dior. Short à carreaux, Miu Miu sur Mytheresa.com. Blazer cannelle vintage chez Bernard Gavilan à Bruxelles. Chaussettes de sport, Falke. Mocassins en cuir, Sebago. Lunettes de soleil, Tom Ford.
Une allure sportive et habillée, urbaine et confortable, pile dans la tendance du moment. Photos Klaartje Lambrechts Production & Stylisme Christine Van Laer
Chemise blanche en popeline de coton, Cos. Pantalon de jogging vert, Zara. Jupe plissée à carreaux, Plan C. Pull en angora, Vince. Mules blanches, Superga. Chapeau, Le Bonnet Amsterdam.
Short en soie avec imprimée monogramme, Gucci sur Mytheresa. com. T-shirt avec logo, Lacoste. Chemise blanche en coton fin, Filippa K. Blazer oversized en lin, Arket. Lunettes de soleil, Laurence d’Ari.
À gauche Polo en jersey vert bouteille, Uniqlo.
Pantalon maxi plissé, H&M. Foulard en laine fine avec imprimé, Charlotte Beaude. Sac en cuir blanc, Twinset. Bomber beige, Lacoste. Chaussettes, Arket. Mocassins léopard, Sebago.
Chemise blanche en popeline de coton, Cos. Survêtement rétro avec imprimé monogramme, Gucci. Jupe plissée en mousseline couleur sable, Max Mara. Blazer maxi vert bouteille, The Frankie Shop. Mules rouges, Superga. À gauche Blouse rayée, Le Sarte Pettegole. T-shirt blanc, Arket.
Bermuda en sequins, Meryll Rogge. Pantalon de survêtement bordeaux, Stella McCartney sur Mytheresa.com. Blazer en laine, H&M. Ceinture,
Essentiel Antwerp. Chaussettes, Urban Outfitters. Mules blanches, Superga. Sac
à bandoulière, Coccinelle.
Survêtement en nylon Polaroid séries, Lacoste. Chemise blanche en popeline de coton, Cos. Pull rouge, Sebago. Trench kaki, Sportmax. Chaussettes de sport, Falke. Mocassins en cuir, Sebago.
À droite Top couleur peau avec fermeture éclair en jersey fin et chemisier de jogging rétro, Miu Miu.
Mannequin Emma@ Modèles Paparazzi. Assistante styliste Delphine Dumoulin. Assistante photo Charlotte Verhagen. Merci à Sporthal Gooreind. Coiffure & Maquillage Sanne Schoofs pour Dior & Label M-Hair. Capture Total C.E.L.L. Super Potent (Eye) Serum, Capture totale C.E.L.L. Energy Creme. Dior Backstage Face and Body Foundation, Dior Backstage Face and Body Primer, Dior Forever Skin Correct Concealer 00, Dior Backstage Rosy Glow. Eyes Diorshow Khôl Beige, Diorshow Iconic Overcurl Waterproof Black, Diorshow 5 Couleurs Couture 679 Tribal, Dior Backstage Brow Palette 02. Lips Dior Lip Sugar Scrub, Rouge Dior 348 Coral Peony, Dior Vernis Muguet.
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MODE D’EMPLOI
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LINGERIE
Le soleil est près de moi
6. CHANTILLY Combishort en satin et dentelle Sessùn, 225 €. 7. LITCHI ET MELON Soutiengorge Shiloh Hunkemöller, 34,99 €, et culotte Christy Marie Jo, 49,90 €. 8. NEIGE Body Marguerite, en tulle brodé Eres, 420 €. 9. PISTACHE Caraco en soie et dentelle de Calais, Caudry Carine Gilson, 700 €. 10. MERINGUE ET ANANAS Soutien-gorge au crochet, en coton Innovation Colour Story H&M, 29,99 €, et culotte en dentelle PrimaDonna, € 54,90. 11. GIVRE ET BLEU CIEL Soutien-gorge Generous Invisible, en polyamide et élasthanne Dim, 37,90 €, et culotte en coton Petit Bateau, 24,90 € le lot de deux.
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Des shortys, culottes, soutiens-gorges et caracos aux tons lumineux, à porter dépareillés pour plus de fraîcheur. Nos onze propositions. Photos Thierry Legay Réalisation Alexandra Conti, Julie Cristobal et Timon Van Mechelen
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1. MIMOSA ET PERLE Soutien-gorge Day to Night, en maille Spacer et dentelle, Chantelle, 75 €, et culotte Rosita Love Stories, 50 €. 2. AIGUE-MARINE ET CORAIL Soutien-gorge satiné en polyamide Monki, 15 €, et culotte en coton Maison Lejaby, 25 €. 3. ROSE DRAGÉE ET CITRON Soutien-gorge en dentelle et soie Stella McCartney, 105 €, et culotte en polyamide et élasthanne Sloggi, 17,95 €. 4. LILAS Caraco en polyester Etam, 24,99 €. 5. PÊCHE ET AZUR Soutien-gorge Horizon, en lyocell Princesse Tam·Tam, 49 €, et culotte en soie & Other Stories, 25 €.
MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
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MODE D’EMPLOI
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FOCUS
LE CHÂTEAU DES DAMES SOUS LE PRISME DE CHANEL
1. La légèreté du style Renaissance de Chanel. 2. Les joncs et le noir et blanc sont une signature Chanel. 3. Le logo CC de Catherine de Médicis et Coco Chanel. 4. Un hommage au sol de la salle de bal. 5. Du tweed façon châtelaine. 6. Des fleurs pour le breakfast.
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La collection des Métiers d’Art est une vitrine annuelle du savoir-faire exceptionnel délivré par 38 ateliers et manufactures, symboles de l’artisanat de tradition, cher à la maison Chanel. Pour cette collection, Virginie Viard s’est inspirée des nombreux secrets du château de Chenonceau, mais aussi des figures féminines qui y ont vécu. L’occasion de dresser un parallèle entre leur personnalité étincelante et celle de Gabrielle Chanel. Un rendez-vous sous le signe de l’artisanat d’art empreint d’un certain féminisme. Par Elspeth Jenkins Photos Juergen Teller et Benoit Peverelli
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L’ÂME FÉMININE DU CHÂTEAU
Le château et les jardins de Chenonceau figurent parmi les plus beaux joyaux de la Loire, un incontournable de tout périple dans cette région. Surtout si vous avez la chance d’admirer ces paysages par une journée ensoleillée quand la bâtisse et ses abords se reflètent dans l’eau. L’ambiance était légèrement différente en décembre dernier lorsque l’équipe de Chanel, accompagnée d’une petite armée de mannequins, a pris possession du lieu pour y planter le décor de son défilé des Métiers d’Art. Qui dit défilé Chanel, dit normalement chaos et hystérie. On imagine des journalistes, des stars, des influenceurs et, autour d’eux, une armada de paparazzis... Sauf que depuis un an, toute cette folie n’est plus d’actualité. Organisé dans la plus stricte intimité, le show des Métiers d’Art n’a donc pas privé le château de
Chenonceau du mystère qui l’entoure. De mystère, il en était également question pour ce défilé dont l’atmosphère magique cadrait parfaitement avec l’esprit de la collection. Le « Château des Dames », surnom donné à ce château où se sont succédé des habitantes au destin hors norme, est un petit bijou de la Renaissance construit dans la vallée du Cher. Bâti en 1432, l’ancien château a été racheté par le roi François Ier en 1513. La légende qui relie le domaine royal aux femmes qui y ont vécu débute en 1535 quand Henri II, fils de François Ier, en hérite et le cède à sa maîtresse Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. Après la mort de son mari, Diane n’a porté que du noir et du blanc jusqu’à la fin de sa vie. Cette bichromie, on la retrouve d’ailleurs dans la collection des Métiers d’art. En tant que maîtresse du roi, Diane a été contrainte de faire « ménage à trois » avec Catherine de
Médicis, épouse d’Henri II. Cette cohabitation qui aura finalement duré vingt-cinq ans (et qui fera de Diane l’une des femmes les plus puissantes de France) sera couronnée par un acte hautement symbolique : quand le pape Paul III a remis à Catherine de Médicis la rose d’or, un ornement que les papes de l’Église catholique présentaient en signe d’affection à la famille royale, il a, le même jour, offert un collier de perles à la maîtresse royale. L’architecture actuelle de Chenonceau est l’œuvre des Médicis qui y ont apporté des modifications structurelles pendant trente ans. Quant au célèbre pont-levis et à la salle de bal dans laquelle la collection Chanel a été présentée, ils ont été commandés en 1555 par le Duc de Poitiers, tout comme les jardins exubérants plantés d’arbres fruitiers que l’on peut admirer le long de la rive du fleuve. À la mort d’Henri II en 1559, Catherine de Médicis ordonne à
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MODE D’EMPLOI
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FOCUS
« Un étrange sentiment fait de sympathie et d’admiration m’a toujours portée vers les femmes qui vécurent de François Ier à Louis XIII, peut-être parce que je trouve qu’elles ont été grandes entre toutes avec une simplicité magnifique et une majesté imbue de lourds devoirs. » Citation extraite de l’article de Gabrielle Chanel, « Quand la Mode illustre l’histoire », publié dans le magazine Revue des Sports et du Monde de juin-juillet 1936.
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Diane de quitter Chenonceau. Elle décédera finalement en exil à l’âge de 66 ans après être tombée de son cheval. En 1589, la belle-fille des Médicis y élit domicile après l’assassinat de son mari Henri III, fils de Catherine. Louise de Lorraine - qu’on appelait aussi « la reine blanche » ou « la veuve inconsolable » - et y vivra jusqu’à sa mort en 1601. Sa chambre était décorée dans des tons très sombres, dont beaucoup de noir… LA LÉGENDE DU DOUBLE C
Catherine de Médicis et Gabrielle (Coco) Chanel ont beaucoup plus en commun qu’il n’y paraît. Devenues toutes deux orphelines très jeunes, elles partageaient le même monogramme (le fameux double C), mais aussi les mêmes angoisses liées à la mort violente de leur amour, tous deux décédés à leur apogée. Dans le cas de Catherine, il s’agit d’Henri II, mortellement blessé lors d’une joute à la lance rue Saint-Antoine à Paris. Quant à Gabrielle Chanel, c’est Boy,
1. Envie d’un jeu de dames? 2. L’esthétique Renaissance de Coco. 3. Les imprimés floraux font référence aux jardins de Catherine et Diane. 4. Le double C comme armoirie de la mode. 5. Des
colliers de perles en guise de ceinture.
l’amour de sa vie, qu’elle a perdu dans un accident de voiture sur une route du Var. Née sous le signe du Lion, Gabrielle en a fait son emblème. Symbole de force, on le retrouve à Chenonceau : dans les statues à l’entrée du château, mais aussi sculpté sur la porte d’entrée. Ultra-ambitieuses, Catherine et Gabrielle étaient des bâtisseuses que rien ne pouvait arrêter dans la réalisation de leurs projets. Deux femmes qui, si elles ne se sont jamais rencontrées, sont à jamais connectées au travers de ce double C, symbole de beauté infinie. À PROPOS DE LA COLLECTION
La passion de Gabrielle Chanel pour les éléments de la Renaissance tels que les volants et les colliers de perles se reflète dans cette collection. Les célèbres tapisseries qui habillent les murs du château deviennent des capes de tweed. Le sol en damier de la salle de bal fait écho à un
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motif échiquier vu sur les jupes. Sur chaque pièce, on perçoit le savoir-faire des différents ateliers avec lesquels la maison collabore : une robe longue en dentelle noire avec maillage signée Lemarié, des sandales compensées argentées bicolores, des bottes noires à revers de l’Italien Massaro ou encore une grande coiffe Milady noire de Maison Michel. Un travail d’orfèvre réalisé par 38 maisons (12 ateliers et 26 manufactures) dont le savoir-faire a donné naissance à cette collection mythique. Si la légende du « Château des Dames » évoque la force de femmes illustres accablées par le deuil, la collection Chanel dégage quant à elle un charme contemporain et une joie de vivre traduite, entre autres, au travers de longues robes à l’allure dramatique. La dentelle et le denim rehaussé d’imprimés floraux fait référence à la beauté intemporelle des jardins du château. Comme si, des siècles après
le départ de ses habitants, ce fleuron du Val de Loire abandonné reprenait vie. En 2021, Chenonceau ne voit plus défiler ni reines, ni touristes. Par la magie de la mode, Virginie Viard est néanmoins parvenue à faire revivre l’esprit de Gabrielle Chanel dans les couloirs d’un château où plane encore l’ombre des femmes emblématiques qui y ont vécu. Leurs plus belles réalisations, mais aussi les périodes de solitude et de deuil qui ont émaillé leur vie à Chenonceau, sont encore perceptibles ici et là, en pointillés. À la différence de ces héroïnes dont la vie a pris fin il y a plusieurs siècles, la mode a le pouvoir de durer toujours. Et si, cette fois, la présentation de toutes les merveilles s’est tenue à huis clos, elle n’en reste pas moins la démonstration la plus royale d’une (vraie) beauté qui ne meurt jamais. La collection Métiers d’Art 2020-21 est actuellement disponible dans les boutiques Chanel.
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6. Stylo Yeux Waterproof 88 Noir
Intense, 26 €.
7. Le Crayon Lèvres 162 Nude Brun, 26 €. 8. Baume Essentiel Transparent,
42 €.
9. Poudre Universelle Libre, 49 €. 10. Les 4 Ombres 334 Modern
Glamour, 55 €.
11. Le smoky cat-eye,
un must.
« Cette collection est l’incarnation de l’esprit de la Renaissance. C’est une interprétation moderne de la femme dans ce qu’elle a de plus fort. Les maquillages sont graphiques et racés. Agrandis au maximum, les yeux jouent les premiers rôles. Une peau mate et légèrement floutée. Du noir pour le regard. Une bouche brillante. » Lucia Pica, directrice créative de Chanel Beauty.
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HÂLER EN PAIX Profitez de l’été ! Les soins solaires dermatologiques Louis Widmer protègent efficacement des UVA et UVB. Louis Widmer, c’est une expertise de plus de 60 ans de la beauté de la peau saine. Tant d’années de recherches et d’innovations, en collaboration avec les instances dermatologiques et les cliniques universitaires, ont permis de développer cette gamme répondant aux plus hautes exigences… qui se distingue aussi par sa texture fine et son excellente tolérance cutanée. Sun Protection Face 50+ est une crème anti-âge ET une très haute protection solaire en un seul tube, parfaitement adaptée à la peau sensible du visage. La texture extraordinaire pénètre rapidement sans laisser de film gras. Votre peau retrouve une sensation douce et soyeuse. La lotion After Sun à l’aloe vera apaise, rafraîchit et soigne la peau. La lotion ne contient pas d’émulsifiants et convient donc également aux peaux sujettes aux allergies. Le résultat ? Un bronzage confortable et durable et une peau douce, souple et élastique.
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Actu des marques Page réalisée par le service commercial
MOLLY BRACKEN ODE À L’ÉTÉ
Des références vintage pour un dressing aux touches rétro et un style romantique à prix doux. La collection Molly Bracken SpringSummer est une jolie invitation au voyage, une promesse d’ailleurs et d’évasion. Des créations colorées et des imprimés qui font rêver, entre retour aux sources et l’envie d’un été libre et solaire. De quoi égayer son dressing estival. Collection Molly Bracken Spring-Summer (robe plissée présentée sur la photo, 108 €), mollybracken.com
MINI COOPER CABRIO
MINI 3 portes, MINI 5 portes et MINI cabrio, en exposition au showroom temporaire Dreamcar&Bike à Bornem, sur réservation, mini.be
CAROLINA HERRERA
Bad Boy de Carolina Herrera, en exclusivité chez Ici Paris XL, 50 ml, 73,20 € - 100 ml, 101,60 €, carolinaherrera.com et iciparisxl.be
MIXAGE
UNE ROBE, SINON RIEN !
La talentueuse créatrice belge Ariane Spica, connue pour ses sublimes robes de mariée, décline son savoir-faire au gré d’une collection capsule de robes chemises colorées pour l’été. Des créations 100 % belges et artisanales, coupées et confectionnées par la conceptrice et sa couturière dans les ateliers bruxellois de la marque. De jolies pièces inspirées des sixties qui égayeront les beaux jours.
Collection disponible sur rendez-vous chez Executive by Pop, 50 B avenue Louise, 1050 Bruxelles, 265 €, mixage.be
AURÉLIA DEJOND. PRESSE.
INDOMPTABLE
Un élixir dans lequel les opposés s’attirent : sauge, bergamote verte et poivre se mêlent aux fèves tonka, au cacao et au bois ambré, subtil écho aux parts d’ombre et lumière qui incarnent l’esprit rebelle masculin. Un magnifique flacon en forme d’éclair, ode à la dualité de l’homme moderne : fort et sensible, puissant et empathique, héroïque et vulnérable. Enivrant !
DÉBARDEUR ET CULOTTE PETIT BATEAU. CEINTURE CHANEL VINTAGE CHEZ VALOIS VINTAGE.
RELOOKING
Vingt ans après le lancement de la MINI moderne, le langage de son design se réinvente dans une esthétique très épurée et s’ajoute au plaisir de conduite et au style individuel qui rendent les nouvelles petites anglaises d’autant plus uniques. Pionnière du segment haut de gamme des petites voitures, elle a l’art de se réinventer pour toujours mieux se démarquer. Fun et stylée !
ENQUÊTE
LE MAQUILLAGE DÉMARRE SA RÉVOLUTION VERTE… ET VERTUEUSE. Ci-dessus, une photo de Mélissa De Araujo.
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PALMARÈS
Prix International du Parfum Marie Claire 2021 Notre prix consacre le meilleur des fragrances féminines et masculines de l’année. Découvrez le palmarès de cette neuvième édition, établi par les vingt-cinq éditions internationales de Marie Claire. Par Nolwenn du Laz Photos Mathieu Trautmann en Laura de Coninck
Prix du meilleur parfum féminin LIL FLEUR DE BYREDO
Prix de l’audace CALIFORNIA DREAM DE LOUIS VUITTON
MATHIEU TRAUTMANN/AGENCE OPOS. SET DESIGN COLINE LE CORRE.
C’est une fragrance hors des sentiers battus qui remporte, de loin, ce prix du meilleur parfum féminin. Ben Gorham, directeur de la création et fondateur de Byredo, souhaitait capturer l’esprit de la jeuness e, entre humeurs tumultueuses et émotions changeantes, de la tristesse à la joie. Le jus, composé pour lui par Jérôme Épinette, est aussi complexe que l’adolescence et fascine bien au-delà de l’âge de 18 ans. La rose de Damas se fait turbulente et singulière. Elle est pétillante et aveuglante, rafraîchie par l’effervescence de la mandarine et du cassis, puis se calme avec une pointe de safran, avant de s’assombrir et de se salir élégamment avec le cuir. Le fond devient douce étreinte grâce à l’ambre, la vanille et les bois blonds. Ajoutons à cela un effet attachant et familier, un peu plastifié comme une tête de poupée en celluloïd. C’est une rose en clair-obscur, exigeante et passionnante, qui ose les montagnes russes et n’a rien de consensuel.
Il faut du cran pour prétendre pouvoir capturer le coucher de soleil californien dans une senteur et un flacon. Et pourtant, Jacques Cavallier-Belletrud, le parfumeur maison, y parvient dans ce parfum de Cologne, aérien comme une brume fruitée et sophistiqué comme un floral. Dans cette composition vibrante, entre fraîcheur explosive et notes plus douces et caressantes, l’exquise mandarine est enveloppée dans la douce chaleur des muscs, de l’ambrette – aux inflexions de poire et de terre mouillée – et du benjoin. L’artiste Alex Israel, qui vit à Los Angeles et s’est notamment illustré par ses fresques baptisées Sky, bien inspiré par cette évocation, a eu l’idée de teinter le verre du flacon d’un dégradé subtilement irisé, de l’orange au bleu du ciel. Le jury célèbre tant d’audace et surtout le charme d’un si beau voyage immobile, qui n’a jamais été aussi essentiel que cette année.
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PALMARÈS
Prix du meilleur flacon féminin LOUBIWORLD DE CHRISTIAN LOUBOUTIN
Prix du meilleur parfum masculin L’HOMME À LA ROSE DE MAISON FRANCIS KURKDJIAN
Si dans les pays orientaux, les hommes succombent volontiers aux charmes de la rose, cette fleur est ailleurs souvent réservée à la parfumerie féminine. Francis Kurkdjian, qui aime jouer avec les genres, a décidé de la célébrer comme jamais au masculin. Elle trône dans une eau de parfum florale boisée et musquée, séduisante et singulière au très haut pouvoir de diffusion. Ici, la rose n’est ni surannée, ni mièvre, ni oppressante mais aérienne et éclatante. L’essence de rose damascena de Bulgarie flirte d’abord avec le pamplemousse et la sauge, dans une envolée verte, fusante et emplie de vitalité, puis la rose Centifolia de Grasse vient caresser les bois de ses pétales veloutés et s’épanouit dans la sensualité lumineuse des notes ambrées. Hyper-moderne et raffiné.
Encore un prix remporté haut la main ! Christian Louboutin charme avec Loubiworld, une collection originale de sept fragrances explorant ses rêves et ses souvenirs. Aidé par son amie, l’illustratrice Hélène Tran, il a imaginé des flacons poétiques et souriants qui suscitent l’envie et réveillent notre âme d’enfant. Chaque objet en verre rouge laqué flamb oyant est surmonté d’une coiffe argent liée autant à l’univers du créateur qu’à la senteur. Ainsi, un crocodile dément pour Loubicroc, sillage s ensu el autour de la myrrhe, du cypriol et du santal, le fameux talon haut à semelle rouge pour Loubirouge, épicé oriental de cabaret entre cardamome, iris et vanille, une couronne pour Loubicrown, oriental aristocratique nourri de cèdre et de patchouli ou encore un chaton porte-bonheur pour Loubidoo, fraise malicieuse enivrée de rose et de bois. On les collectionnerait tant ils sont joyeusement luxueux et extravagants.
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PALMARÈS
Les finalistes des 3 prix féminins internationaux
J’Adore Infinissime de Dior
Meilleur parfum féminin
Chloé Rose Tangerine de Chloé
Meilleur parfum féminin
Coco Mademoiselle L’Eau Privée de Chanel
My Way de Giorgio Armani
Les finalistes du prix du meilleur parfum masculin
Bitter Peach de Tom Ford
Meilleur parfum féminin, Prix de l’audace
Meilleur parfum féminin, Prix de l’audace, Meilleur flacon
Meilleur parfum féminin
Rozu d’Aesop
Voce Viva de Valentino
CK Everyone de Calvin Klein
Meilleur parfum féminin
Meilleur parfum féminin
Prix de l’audace
L’Ombre des Merveilles d'Hermès
Meilleur parfum féminin, Prix de l’audace
Rose Prick de Tom Ford
Prix de l’audace
Narciso Eau de parfum Ambrée de Narciso Rodriguez
Dior Homme de Dior
Acqua Di Giò Profondo de Giorgio Armani
Tobacco Mandarin de Byredo
Paula’s Ibiza de Loewe
L’Homme Le Parfum d'Yves Saint Laurent
Eau Capitale de Diptyque
Colonia Futura d'Acqua di Parma
Météore de Louis Vuitton
Meilleur parfum féminin
Prix de l’audace
Givenchy Gentleman Eau de Parfum Boisée de Givenchy
Match Point de Lacoste
Nos 24 éditions internationales
Prix de l’audace
Atelier des Fleurs de Chloé
Meilleur flacon
Musc Invisible de Juliette Has A Gun
Prix de l’audace
Gucci Bloom Profumo di Fiori de Gucci
Meilleur flacon
Sì Passione Intense de Giorgio Armani
Meilleur flacon
So Scandal ! de Jean Paul Gaultier
Meilleur flacon
Black Orchid Gold de Tom Ford
Meilleur flacon
The Favourite de Penhaligon’s
Meilleur flacon
Dylan Turquoise de Versace
Meilleur flacon
Colonia Futura d’Acqua di Parma
Prix de l’audace
L’Eau d’Issey Igo d’Issey Miyake
Meilleur flacon
PRESSE.
Bubble Bath Replica de Maison Margiela
Arabie saoudite
Argentine
Australie
Belgique NL
Belgique FR
Brésil
Chine
Corée
Émirats arabes unis
Espagne
États-Unis
Grèce
Hong Kong
Hongrie
Italie
Japon
Pays-Bas
RoyaumeUni
Russie
Suisse
Taïwan
Tchéquie
Turquie
Ukraine
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PALMARÈS
Prix Belgique Avant de décerner ces prix, notre rédaction a testé toutes les fragrances sorties récemment. Des jus populaires aux parfums de niche, nous n’en avons loupé aucun. Notre objectif: récompenser des créations innovantes, qualitatives et mixtes dont le prix nous paraissait totalement justifié. Par Laura de Coninck
Prix de l’avant-garde CRI DU KALAHARI D’ELLA K
Innovant et enchanteur, ce parfum affiche un style unique et avant-gardiste. Malgré son caractère résolument boisé, il conserve une certaine fraîcheur. À la fois lumineux et intense, il explore l’ensemble de sa propre palette olfactive. Un assemblage autour du bois de santal, du bois de cèdre et d’une touche de patchouli irradiée par un trait de poivre vert qui évoque le paysage aride du déser t du Kalahari. Aussi addictif sur une peau d’homme que sur celle d’une femme. 195 € les 70 ml, sur ellakparfums.com
Prix de l’audace RADICAL ROSE DE MATIÈRE PREMIÈRE
Ce jus contient la plus haute teneur en roses centifolia jamais utilisée dans un parfum. Des roses bios cultivées par le parfumeur Aurélien Guichard, fondateur de la marque. Le caractère épicé de la rose est rehaussé par le safran et les baies de poivre, puis doucement chahuté par le patchouli et le Labdanum. Le résultat ? Une rose de caractère qui reste toutefois subtile et totalement reconnaissable. On aime son côté très poudré avec juste assez de profondeur et de douceur pour créer un équilibre parfait. 190 € les 100 ml, sur matierepremiere.com
Prix du meilleur flacon ROSE PRICK DE TOM FORD
Un parfum unisexe proposé dans un flacon rose tendre. Clin d’œil au côté sulfureux de son nom, cet habit sobre et gourmand affiche une symbolique ultra-sensuelle que chacun interprètera comme il l’entend. 277 € les 50 ml, chez Ici Paris XL et Senteurs d’ailleurs.
BEAUTÉ
ENQUÊTE
LE MAKE-UP PASSE AU VERT Des rouges à lèvres sans cire d’abeille, des fonds de teint sans huiles minérales, des poudres et des fards sans microbilles de plastique: dix ans après le soin et l’hygiène, le maquillage entre enfin dans une nouvelle ère, plus vertueuse pour la peau et la planète. On s’y met? Par Joy Pinto et Charlotte Deprez Photos Mélissa De Araujo Stylisme Agathe Gire
Depuis une dizaine d’années, nos salles de bains se sont teintées de vert. D’abord avec les produits d’hygiène, puis avec de véritables soins, aussi compétents et désirables que leurs équivalents traditionnels. Mais malgré quelques initiatives isolées, le make-up green était, lui, toujours à la traîne. « On observe du côté des marques de make-up green énormément d’innovations : il est aujourd’hui possible de trouver des mascaras, des encres à lèvres ou encore des fards à paupières avec une vraie qualité, une vraie pigmentation et une très bonne tenue, le tout à base d’ingrédients d’origine naturelle et sans composés nocifs » explique Margaux Rouben, chargée de communication pour l’e-shop de cosmétiques écologiques belge GreenMeow. Avec des teintes un peu tristes et des performances
très limitées, le maquillage bio, vert ou clean est resté longtemps le parent pauvre de la cosmétique, boudé même par les plus engagées des consommatrices. « Le soin est étroitement associé à la santé qui en est la valeur cardinale, alors que le maquillage est vu comme une parure », décrypte Candice Colin, cofondatrice de Clean Beauty et Beautylitic. Telle la mode éthique, souvent perçue comme un peu rébarbative, les fards green ont peiné à convaincre des femmes accros aux couleurs vibrantes et aux packagings siglés du secteur. « Le maquillage est particulièrement émotionnel : quand une femme a trouvé sa couleur fétiche, elle y est très attachée », commente Cécile Lochard, directrice du développement durable chez Guerlain. D’autant que s’il était complètement intégré que le soin pénétrait la peau, les femmes ont eu du mal à se rendre compte que le maquillage n’était pas simplement de la couleur en surface. Puis, l’histoire a suivi son chemin et les mamans qui scannaient frénétiquement leurs produits sur Yuka ont commencé à se demander si leur fond de teint était aussi inoffensif que ça. « Enceinte, je me suis mise à tout scanner. Quand j’ai découvert ce qui composait les rouges à lèvres que je mangeais malgré moi tous les jours, j’ai eu envie de créer Le Rouge Français », se souvient Élodie Carpentier, fondatrice de la marqu e de maquillage. Pendant ce temps-là, aux États-Unis naissaient des marques green carrément sexy comme Kjaer Weis ou RMS Beauty. La machine était lancée. Elle a fini par s’emballer. « Depuis que le masque s’est imposé dans nos vies, de plus en plus de femmes mettent en doute leur fond de teint habituel. Et de plus en plus de clientes arrivent avec leur trousse et changent tout d’un coup », témoigne Héléna Marino. Et aujourd’hui, elles ont l’embarras du choix. LES PLANTES, SOURCE D’INNOVATIONS
Si le secteur a mis tant de temps à décoller, c’était certes par manque de pression des consommatrices, mais aussi à cause de contraintes inédites dans les autres secteurs. Les marques qui ont pris le parti du naturel souffrent du manque de silicones ou de polymères, si utiles pour faire glisser un produit de teint sur la peau ou l’y fixer sur les yeux ou les cils. Celles qui sont également véganes ont dû composer sans la cire d’abeille, très utilisée dans les rouges à lèvres classiques. Guerlain, qui renforce son engagement en faveur de la
Mannequins Orlane/ Elite Model et Elsa Gelhard/Viva Paris. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Mathieu Guignaudeau/Capsule Agence. Maquillage Annabelle Petit/Wise & Talented, assistée de Larisse Kouame, avec les produits Gucci Westman. Manucure Eri Narita. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Alix Cantal.
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peau et de la planète et arrive aujourd’hui avec une poudre Terracotta et des rouges à lèvres KissKiss complètement revisités, décrit un parcours du combattant : « Nous sommes sur le sujet des ingrédients depuis 2015. Rien que pour trouver des substituts naturels qui apportent la glisse des silicones et de la cellulose, nous avons screené une centaine de molécules naturelles », soupire Brigitte Noé, directrice développement et innovation galénique chez LVMH Recherche. Pas très convaincu par les pigments à base de dioxyde de titane, interdits dans l’alimentaire l’an dernier en France et qui composent l’immense majorité des rouges à lèvres, Le Rouge Français s’affranchit des fournisseurs de matières premières pour formuler avec des plantes tinctoriales dont la garance, qui pousse dans l’hexagone. Une idée désormais brevetée et une société que les investisseurs s’arrachent dont L’Occitane, qui est entrée au capital de la start-up. « J’ai mis au point une bibliothèque de plus de cent plantes pour une palette infinie », précise Élodie Carpentier. Chez All Tigers, marque de make-up green, Alexis Robillard, qui formule énormément à l’aide de fournisseurs italiens particulièrement en pointe, guette chaque innovation à la loupe : « Je m’apprête à tester un pigment rouge issu d’un radis rouge chinois très prometteur », s’enthousiasme-t-il.
« On n’a pas trouvé de solution naturelle pour tous les pigments de nos rouges à lèvres, notamment les vrais rouges. En revanche, nos bases de rouges à lèvres sont 100 % naturelles et nous sommes véganes, donc sans carmine, ce pigment rouge vibrant si prisé mais issu de cochenilles écrasées, qui est pourtant autorisé en bio », témoigne Alexis Robillard. Même amende honorable chez Guerlain : « Pour nous, travailler avec les contraintes du clean, c’est comme jouer d’un piano auquel il manquerait des touches. Alors, on relève le défi au mieux, on accompagne nos fournisseurs vers la transition, mais on ne parvient pas encore à se passer de certains pigments comme le dioxyde de titane dans les fonds de teints et on souffre un peu de devoir formuler sans le BHT, une molécule super-antioxydante qui serait vraiment utile pour protéger une formule très naturelle qui s’oxyde donc plus vite », explique Brigitte Noé. Chez Guerlain, exit aussi la cire d’abeille et les cires synthétiques, bienvenue à la cire de tournesol, pas aussi solide, mais suffisamment pour le packaging fourreau du rouge à lèvres KissKiss. Chez Westman Atelier, la marque hautement désirable de Gucci Westman, les produits abritent une once de phénoxyéthanol, un conservateur hyper-efficace, décrié car il peut irriter la peau. Sur le site de Victoria Beckham Beauty, on s’excuse de ne pas être parfait mais on joue la carte de la transparence avec la liste des ingrédients que la marque s’interdit, mais aussi celle de ceux qu’elle utilise avec la plus grande parcimonie, décryptés un à un avec une certaine sincérité. « Le Graal de demain, ce n’est peut-être pas d’être complètement naturel. La question des ressources planétaires se pose ainsi que celle des formules aux ingédients extrêmement modifiés sous prétexte que leur origine est naturelle. À mon sens, c’est la chimie verte qui va permettre d’inventer de nouvelles molécules qui vont complètement renouveler le genre, attend Candice Colin. Pour avancer plus vite, il faudrait que les grands groupes en demandent un peu plus aux fournisseurs, mais aussi qu’ils intègrent des formulateurs spécialistes en chimie verte. »
“Nos bases de rouges à lèvres sont 100 % naturelles et nous sommes véganes, donc sans carmine, ce pigment rouge vibrant si prisé mais issu de cochenilles et pourtant autorisé en bio.” Alexis Robillard, fondateur de All Tigers
BODY ET COLLIER BOTTEGA VENETA.
L’IMPORTANCE DU SOURÇAGE
Au lieu d’attendre que tout soit complètement vertueux, chaque maison choisit son cheval de bataille pour faire avancer les choses à sa façon. Et surtout, sans lâcher sur les performances, qui n’ont plus rien à envier aux maisons traditionnelles, même les plus luxueuses. Pourtant, la partie est difficile à jouer car il ne suffit pas d’être naturel pour être clean, puisque certains ingrédients sourcés dans la nature sont transformés par des procédés qui ne la respectent pas forcément. Un ingrédient naturel, c’est bien, mais seulement s’il est sourcé au bon endroit, par les bonnes personnes, comme le mica, cette roche qui donne son effet irisé aux fards mais qui est trop souvent extraite par des enfants en Inde. Être bio, c’est formidable, mais il faut penser à ne pas vider la planète de ses ressources et ne pas oublier d’être véganes. Sans oublier, et probablement avant tout, d’être efficaces, aussi efficaces que ces produits qui ne s’imposent que par leurs performances. Alors, chacun fait comme il peut, en attendant de faire mieux demain.
DES GESTES RÉINVENTÉS
Chez le Rouge Français, on affiche une fo r mu le sa n s co m p ro m i s m a i s qu i demande une légère adaptation à l’application. « Le raisin de nos rouges peut sembler un peu sec de prime abord et doit être chauffé pour fusionner avec la peau », admet Élodie Carpentier. Même écho chez Héléna Marino : « Il faut souvent
chauffer un peu les matières. Du coup, je privilégie les applications au doigt, faciles et intuitives. » Partenaire idéal des looks naturels avec ses pigments issus de la nature, le make-up green fusionne bien avec la carnation. « Côté fond de teint, on peut se tromper d’une ou deux teintes sans effet masque car les pigments s’adaptent. Et le naturel insuffle du naturel au visage, plus frais », poursuit Héléna Marino. Brigitte Noé confirme : « Avec la nouvelle Terracotta, le résultat est encore plus naturel, plus
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fusionnel. » Se sublimer sans se transformer ? L’idée est plaisante. Aussi plaisante que les visuels de ces marques d’un nouveau genre qui laissent de côté la sempiternelle association make-up et séduction (ouf !) et abandonnent le style éthéré des premières marques bios pour mettre en valeur des femmes fortes. « J’ai baptisé ma marque All Tigers en hommage aux femmes comme je les connais : courageuses, déterminées, pleine d’énergie », confirme Alexis Robillard. Ni fatale ni romantique, juste soi.
Notre sélection ultra-naturelle
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1. Le Sérum Noir de La Bouche Rouge, 39 €. 2. Multi Stick At Last d’Ilia Beauty, 37 €. 3. Lip2Cheek Glow Quad Mini de RMS Beauty, 25 €. 4. Terracotta Originale de Guerlain, 50 €. 5. Fard à Paupières Let Your Eyes Talk de All Tigers, 14,80 €. 6. Rouge 011 Le Rouge Alizarine de Le Rouge Français, 45 €. 7. BB crème SPF15 de Zao, 27,90 € sur greenmeow.be. 8. Correcteur minéral liquide de Bare Minerals, 26,50 €. 9. Palette Lip Suede Les Rouges de Westman Atelier, 91 €, sur net-a-porter.com. 10. Minimalist Corrective Serum Foundation de Gressa Skin, 58 €. 11. Smoky Eye Brick de Victoria Beckham Beauty, 60 €.
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x Minami
PLANÈTE
NEWS GREEN Le point sur les tests sur les animaux dans les cosmétiques, une collaboration qui appelle à respecter les océans, la distinction entre naturel et clean : des sujets pour penser plus vert. Par Aurélie Lambillon
Le décryptage
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE NATUREL ET CLEAN ?
Deux notions plutôt floues, puisqu’elles ne répondent à aucune définition ou charte officielle. « La cosmétique naturelle est développée à partir de matières premières naturelles pouvant contenir des ingrédients controversés, comme certaines huiles essentielles. La clean beauty exclut toutes les substances controversées, quelles que soient leur origine », précise Candice Colin, CEO et cofondatrice des applications Clean Beauty et Beautylitic.
(source : Yves Rocher)
Le livre À LA POURSUITE DES DIAMANTS VERTS
Cet ouvrage nous promène, d’Alsace en Nouvelle-Zélande, à la découverte des huit jardins de plantes médicinales de la maison suisse. Une plongée bucolique dans une agriculture « du vivant » qui nous rappelle l’équilibre fragile entre la nature et l’homme. Les jardins de Weleda, éd. du Rouergue et Weleda France 2021, 35 €.
L’éclairage VALÉRIE MICHAUT, DIRECTRICE INERNATIONALE
MÉTHODES ALTERNATIVES ET PEAUX RECONSTRUITES CHEZ L’ORÉAL, CLARIFIE LA QUESTION DES TESTS SUR LES ANIMAUX.
POURQUOI LES MARQUES INDIQUENT-ELLES ENCORE “CRUELTY FREE” OU “NON TESTÉ SUR LES ANIMAUX” SUR LEURS PACKAGINGS PUISQUE CES TESTS SONT COMPLÈTEMENT INTERDITS EN EUROPE DEPUIS 2013 ?
L’interdiction s’est faite progressivement, d’abord sur les produits finis en 2003, puis les nouveaux ingrédients en 2013. Il ne nous semblait pas nécessaire d’écrire sur les étiquettes que nous étions conformes à la réglementation. Mais ce n’était pas une évidence pour tous les consommateurs. C’est pourquoi aujourd’hui nous certifions certaines gammes et marques. PAR QUOI ONT-ILS ÉTÉ REMPLACÉS ?
Par des tests biologiques in vitro sur des peaux reconstruites, formées de tissus issus de cellules humaines, qui nous fournissent désormais les preuves essentielles pour évaluer la sécurité de nos ingrédients.
La collab’
BIOTHERM X COCO CAPITÁN
« Comment naviguer respirer sans l’océan ? » interroge l’artiste activiste espagnole (photo). Un slogan coup de poing apposé sur trois soins emblématiques de la marque pour sensibiliser le plus grand nombre à la nécessité de préserver le poumon bleu de la planète. Le Lait Corporel L’Original de Biotherm, 25,99 € les 400 ml, en édition limitée.
Les oméga 3, des graisses idéales pour rester en bonne santé
CERTAINS PRODUITS COSMÉTIQUES IMPORTÉS EN CHINE SONT ENCORE TESTÉS SUR LES ANIMAUX PAR LES AUTORITÉS CHINOISES. COMMENT Y RÉPONDEZ-VOUS ?
Par le partage technologique et scientifique avec les autorités chinoises. Nous les laissons s’approprier nos connaissances pour qu’elles opèrent leur mutation. Nous avons créé une filiale d’Episkin (centre de recherche et d’évaluation prédictive, ndlr) pour rendre nos modèles de peau disponibles dans le pays. Et les choses avancent : depuis 2014, les autorités chinoises se servent de nos méthodes alternatives, ne testant donc plus sur les animaux les cosmétiques simples que nous fabriquons en Chine. En 2021, elles vont accepter de reconnaître nos données sur les produits importés. Les prochaines étapes seront de fournir nos tests pour les nouveaux ingrédients et les produits plus techniques.
Les oméga 3 sont le numéro 1 des acides gras pour rester en forme et en bonne santé. Cerise sur le gâteau : ils prêtent main forte à votre cœur et contribuent ainsi au fonctionnement normal de votre organisme. De tous les muscles de notre corps, le cœur est celui qui travaille le plus. Raison pour laquelle nous devons en prendre le plus grand soin. Et cela passe par le repos et la pratique régulière d’un sport sans oublier l’alimentation qui joue un rôle crucial. Le secret d’un cœur solide et en bonne santé ? Un régime alimentaire riche en fruits et légumes, en graisses végétales et en poissons gras pour leur teneur en vitamine D et en acides gras oméga 3. Ces derniers contribuent au bon fonctionnement du système cardiovasculaire à raison d’une prise journalière d’au moins 250 mg1. Ils sont présents dans les poissons gras, mais aussi dans les algues, les crustacés et les fruits de mer. Vous n’êtes pas branché·e poisson ou préférez miser sur la sécurité ? Mieux vaut dans ce cas prendre chaque jour un complément à base d’oméga 3. LE TOP DU TOP SHUTTERSTOCK. PRESSE.
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L. DOOLAN, B. JONKMANNS, M. PEUCKERT, B. VON WOELLWARTH. ARNAUD MORO. JIM ROSENBERG.
Le chiffre
C’EST, EN TONNES, LA QUANTITÉ DE PLASTIQUE VIERGE ÉCONOMISÉ DEPUIS LE 1ER OCTOBRE 2020, DATE À PARTIR DE LAQUELLE TOUS LES FLACONS D’YVES ROCHER SONT EN PLASTIQUE 100 % RECYCLÉ ET RECYCLABLE.
Le graal des compléments à base d’oméga 3, MorEPA Platinum, est la formule de Minami la plus concentrée en oméga (EPA + DHA), puisque chaque gélule en contient 1 g. Autant dire que ce complément apporte un soutien optimal non seulement à votre cœur, mais aussi à vos yeux et à votre cerveau2. En plus de son dosage élevé en oméga 3, MorEPA Platinum contient de la vitamine D qui con-
tribue au fonctionnement normal des muscles3. Ce complément alimentaire puissant est donc le meilleur allié des sportifs, professionnels comme amateurs. POUR QUE BOUGER RESTE UN PLAISIR
Vous recherchez plutôt une formule qui préserve la souplesse de vos mouvements ? Minami vous offre la solution avec MorEPA Move. Sa formule spécifique à base d’oméga 3 hautement concentrés et de curcuma, cuivre et vitamine C facilement assimilables soutient vos articulations, vos cartilages, vos tendons et votre ossature4.
1. L’EPA et le DHA contribuent à un fonctionnement cardiaque normal par la prise quotidienne d’au moins 250 mg d’EPA + DHA (1 softgel de MorEPA Platinum/jour). Ils contribuent au maintien d’un taux normal de triglycérides dans le sang à raison d’une prise journalière de 2 g d’EPA + DHA (2 softgels de MorEPA Platinum par jour). 2. Le DHA contribue au maintien d’une vision et d’une fonction cérébrale normales à raison d’une prise journalière de 250 mg de DHA (2 softgels de MorEPA Platinum par jour). 3. La vitamine D contribue au maintien d’une ossature normale, et participe au bon fonctionnement du système immunitaire et des muscles. 4. Le curcuma aide à maintenir la souplesse des articulations et contribue à la solidité des os. La vitamine C joue un rôle dans la formation normale de collagène pour le fonctionnement normal des cartilages et des os. Le cuivre contribue au maintien de tissus conjonctifs normaux, notamment les os, les cartilages et les tendons.
Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Minami. www.minami-nutrition.com
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LES FONDAMENTAUX DE
STÉFI CELMA LE SÉRUM
Révélée par la série Dix pour cent, l’actrice et chanteuse* sera bientôt à l’affiche de Le petit Piaf, réalisé par Gérard Jugnot. Elle nous parle de la redécouverte de sa vraie nature capillaire et nous confie ses habitudes bien-être. Par Aurélie Lambillon
SUR MESURE
Très concentré en actifs, il s’applique après le démaquillage et avant la crème pour réduire les taches, les rides ou les imperfections. Notre sélection adaptée à chacune pour trouver celui qui lui convient.
À QUELLE HEURE VOUS LEVEZVOUS LE MATIN ?
Vers 7 h, ou plus tôt si une idée arrive en pleine nuit. Le sommeil m’est important mais je n’arrive plus à dormir tard.
Par Aurélie Lambillon Photo Mélissa De Araujo
SORTEZ-VOUS LE VISAGE NU ?
Je cherche un prix doux
Sérum Correcteur Anti-Taches Luminous 630 de Nivea, 19,90 € les 30 ml.
Pourquoi ce chiffre dans le nom de ce super soin ? Car c’est le 630e actif que la marque a testé sur la tyrosinase, l’enzyme responsable de la production de mélanine, qui s’est révélé le plus efficace pour prévenir l’apparition des taches brunes et minimiser leur intensité.
Je préfère une marque verte certifiée
Sérum Correcteur Anti-Taches de Patyka, 59 € les 30 ml.
Une pépite de green tech qui agit sur trois fronts pour un teint plus homogène : la prévention (baies de goji bios antioxydantes), la régulation (un complexe limite la formation de nouvelles taches) et la correction avec cinq acides de fruits naturels qui estompent celles installées.
Elle a besoin d’être repulpée
J’aime les actifs botaniques
Sérum Anti-Rides Intégral Absolu Merveilleux de Sanoflore, 47,50 € les 30 ml.
Concentrée en plantes médicinales bios du Vercors, cette formule favorise les actifs botaniques anti-âge de référence. Ici, des extraits de pélargonium à l’action « rétinollike », de la mélisse antioxydante, de l’alfalfa stimulant et de l’acide hyaluronique issu du blé.
Je veux un résultat express
Sérum MultiCorrection Rides Time-Filler Intensive de Filorga, 61,90 € les 30 ml.
Inspiré des techniques de la médecine esthétique, ce soin met la peau sous tension pour cibler tous types de rides (d’expression, de déshydratation). Son secret ? Une composition multicorrectrice qui forme un maillage tenseur à sa surface pour lisser et repulper les traits.
MA PEAU N’EST PAS NETTE
FAITES-VOUS DU SPORT ?
Au premier confinement, j’étais très assidue à la maison. Je faisais du yoga, du vélo d’appartement. Avec ma salle de sport fermée, j’ai honte de dire que je le suis moins. Je m’étire, je me relaxe comme je peux, mais ça me manque.
Elle a besoin d’être purifiée
J’ai des points noirs
Sérum Concentré Intensive Propolis + Salicylic Acid d’Institut Esthederm, 53 € les 30 ml.
Composé de propolis cicatrisante et antioxydante, enrichi en acide salicylique anti-inflammatoire et anti-comédons, ce soin ultraléger s’applique le soir, sur les zones à imperfections (front, nez, menton), pour affiner le grain de peau et resserrer les pores.
Je scanne toutes les étiquettes
Sérum Gel Perfect Metabolic de Skin’Minute, 15,60 € les 40 ml.
La marque suisse de soins issus de la dermocosmétique ne craint pas les applications qui analysent les ingrédients. Ici, ce sérum gel, désormais dans un tube « airless », à l’enzyme de grenade exfoliante et à la caféine détoxifiante, affiche un excellent 93/100 sur Yuka.
QUEL EST VOTRE RAPPORT À LA NOURRITURE ?
Je suis plutôt au taquet et sensible à ce que je mange. Mais après être revenue un peu gonflée d’un tournage en Italie (je m’étais lâchée sur le fromage), j’ai dû passer aux déjeuners flocons d’avoine-fruitsfruits secs-protéines. UN GRAND PLAISIR TOUT SIMPLE ?
Les bains avec sels, huile essentielle de lavande, bougies et musique relaxante.
PATRICK FOUQUE/PARISMATCH/SCOOP. PRESSE (X3).
Elle a besoin d’être unifiée
MA PEAU EST RIDÉE
STYLISME AGATHE GIRE. DÉBARDEUR COURRÈGES. BOUCLES D’OREILLES CHANEL VINTAGE CHEZ VALOIS VINTAGE. PRESSE (X6).
MA PEAU EST TACHÉE
J’essaie de ne pas trop me maquiller en dehors des tournages. Dans la vraie vie, mon make-up se limite à du mascara, un peu de poudre, et de temps en temps un correcteur anticernes de chez M.A.C.
UNE HABITUDE INAVOUABLE ?
Pas vraiment. Si ce n’est parfois une grosse envie de raclette ? CE QUE VOS CHEVEUX DISENT DE VOUS ?
Je fais partie de cette génération que l’on a défrisée enfant. C’était culturel et, à l’époque, il n’existait pas de produits vraiment adaptés à nos cheveux. Je les porte aujourd’hui frisés, mais, il y a dix ans, j’ai dû repartir de zéro en les coupant très courts. Ça a été tout un processus, génial d’ailleurs, pour redécouvrir leur réelle nature ! COMMENT LES SOIGNEZ-VOUS ?
C’est en réalité plus simple depuis que je ne les lisse plus tous les jours. Une fois par semaine, je fais un soin de deux heures. J’achète pas mal de poudres chez Aroma Zone pour fabriquer mes mélanges. Le masque réparateur Blueberry Bliss de Curls marche aussi très bien sûr moi. AIMEZ-VOUS VOTRE ÂGE ?
J’ai 34 ans et j’adore mon âge. La barre des 30 ans passée, j’ai l’impression d’être plus ancrée, plus à l’écoute de qui je suis. LES ODEURS DE VOTRE ENFANCE ?
L’odeur de la tarte au lambi – un crustacé que l’on trouve dans la mer des Caraïbes – que faisait ma mère. J’en suis un peu nostalgique car c’est délicieux et je n’en ai pas mangé depuis longtemps. UNE ADRESSE BEAUTÉ FÉTICHE À PARIS
Ses essentiels 1. « Je trouve ces patches lissants
juste géniaux. »
Masques Express Yeux Lift Fermeté Vital Perfection de Shiseido, 80 € les 12 patchs. 2. « J’ai découvert récemment ce
soin que j’utilise tous les soirs. »
Crème Tisane de Nuit ResveratrolLift de Caudalie, 39,90 € les 50 ml. 3. « Un mascara magnifique sans
dépenser des mille et des cents. »
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Mascara Volume Millions de Cils de L’Oréal Paris, 13,80 €.
Celle de l’acupunctrice Amélie Beaugrand, qui a des doigts de fée. Elle m’a beaucoup aidée à gérer des périodes intenses de boulot. J’ai aussi entendu de bonnes choses sur sa méthode d’aculifting pour lisser le visage.
(*) Le clip de son premier single, Maison de terre, est visible sur sa page Facebook et sur YouTube.
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BEAUTÉ
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BEAUTÉ
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REPÉRAGES
1. Lumineux et à 95 % d’origine naturelle
LES 5 ENVIES DE MAI & JUIN
KissKiss Shine Bloom n° 520 Love Bloom de Guerlain, 38,50 €. 2. Mat et seconde peau
Rouge Allure Velvet Extrême n° 136 Pivoine Noire de Chanel, 37 €.
Un accessoire perfecteur de teint, un parfum qui explore nos humeurs et un soin cheveux boosté par la chaleur. Tour d’horizon des idées qui nous inspirent. Par Aurélie Lambillon
3. Iconique et rechargeable Rouge
2 DE L’EAU POUR TOUS
Crée en 2010 par Giorgio Armani, le programme Acqua for Life* offre un meilleur accès à l’eau potable aux régions arides. Quelque 10,3 millions d’euros ont déjà été investis et plus de 390 000 personnes en bénéficient dans vingt pays. En 2021, trois projets verront le jour à Madagascar, au Malawi et en Inde pour apporter hygiène, assainissement et points d’eau pure dans les zones les plus démunies.
Dior n° 100 Nude Look Matte de Dior, 41 €. 4. Satiné et nourrissant
UNE FRAGRANCE DANS L’AIR DU TEMPS
Color Riche n° 297 Red Passion de L’Oréal Paris, 12,50 €.
Ben Gorham, fondateur de Byredo, traduit les sentiments instables, hauts et bas de l’âme, dans cette distillation épicène de notes qui réconfortent (maté, cassis, thé noir) autant qu’elles bousculent (violette). Une belle façon de ressentir l’époque.
5. Ardent et riche
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Eau de Parfum Mixed Emotions de Byredo, 122 € les 50 ml, sur net-a-porter.com
(*) En partenariat avec WaterAid, Unicef USA et water.org
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UN PINCEAU TOUT DOUX
INSPIRÉS DES OUTILS DE TEINT JAPONAIS, SES POILS SYNTHÉTIQUES COURTS DIFFUSENT LA POUDRE UNIFORMÉMENT POUR UN FINI SECONDE PEAU PARFAIT.
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UN ALLIÉ CAPILLAIRE
DES LIPSTICKS EN RÉALITÉ AUGMENTÉE
Le shazam du rouge à lèvres ? Merci à la maison Chanel pour cette invention géniale. Lipscanner est en effet une application inédite lectrice de couleur qui permet de scanner la teinte de n’importe quel objet. Elle propose aussitôt le fard dans la nuance correspondante, trouvé parmi ses 350 références. Pratique aussi : la possibilité d’un essayage virtuel, histoire de s’assurer que le ton est le bon. chanel.com/fr/maquillage/lipscanner
Transformer la chaleur des appareils coiffants en atout : c’est la bonne idée de ce soin double action aux huiles nourrissantes (camélia, moringa) et aux protéines de coton fortifiantes. Il protège la fibre jusqu’à 230 °C, puis il active sa réparation grâce à deux polymères ioniques. Le résultat ? Moins de casse, moins de fourches, et une chevelure plus soyeuse. La Crème 230 Hair Rituel by Sisley, 76,50 € les 150 ml. Disponible en mai.
OHMAN & SJÖSTRAND AB. COURTESY OF CHANEL. PRESSE (X2).
Pinceau Teint n° 18 Dior Backstage de Dior, 45,50 €.
FOCUS
LES ROUGES À LÈVRES À porter à la maison ou sous le masque, ces bâtons sophistiqués réveillent l’humeur, le sourire, et s’adaptent à toutes les envies : mat, satiné ou brillant, choisissez votre effet. Par Aurélie Lambillon Photo Cecilia Poupon
Rouge Volupté Shine Burning Chilis n° 131 Chili Morocco d’ Yves Saint Laurent, 36 €.
Une belle journée démarre avec Bel RTL ! Dès 5h, pour vous informer et vous divertir
Le Planétarium de l’Observatoire royal de Belgique, un des plus grands d’Europe, accueille chaque année près de 50 000 visiteurs qui viennent y découvrir une reproduction dynamique de la voûte céleste. Mais depuis peu, ils sont carrément envoyés dans l’espace grâce à huit vidéoprojecteurs qui projettent une base de données de plus de 100 000 étoiles. Les spectateurs sont plongés dans un univers en 3D, voyagent au milieu des planètes, dépassent les limites du système solaire, voire même celles de la Voie lactée : magique ! Par Julie Rouffiange
#vosmeilleursmoments
PRESSE.
STAR TREK Planétarium de l’Observatoire royal de Belgique 10 B avenue de Bouchout, 1020 Bruxelles 02 474 70 50 - planetarium.be
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ÉVASION
NOUVELLE-CALÉDONIE,
UN PARADIS SECRET
Avec ses centaines de kilomètres de plages désertes de sable blanc, ses jungles luxuriantes, ses plateaux bruts et ses vallées fertiles, la NouvelleCalédonie est caractérisée par une douceur aphrodisiaque. Mais curieusement, les touristes sont aux abonnés absents. Par Sebastiaan Bedaux 1
Niché entre la côte est de l’Australie et la ligne de changement de date, le territoire français d’outre-mer de la NouvelleCalédonie scintille sous la Croix du sud. Bien qu’il s’agisse du troisième plus grand territoire du Pacifique (après la NouvelleZ élande et la Papouasie-NouvelleGuinée), l’archipel mélanésien fait figure d’illustre inconnu pour la plupart des voyageurs européens. Une brève enquête – sur la base d’une question unique : où se trouve la Nouvelle-Calédonie ? – parmi mes proches a donné lieu à de nombreux froncements de sourcils et à une seule réponse plus ou moins correcte. Je dois avouer que j’ai également eu besoin de Google Maps pour la localiser correctement : à l’est de l’Australie, au nord de la Nouvelle-Zélande, à l’ouest des îles Fidji et au sud du Vanuatu.
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NOUVELLE-ÉCOSSE
de la Rivière Bleue, un spectacle à ne pas manquer. 2. Le Domaine de Deva offre les paysages les plus variés de Nouvelle-Calédonie. 3. Une cabane d’excellence au Sheraton New Caledonia Deva Spa & Golf Resort.
SEBASTIAAN BEDAUX.
1. Le Parc Provincial
La Nouvelle-Calédonie, encore anonyme à l’époque, a été découverte en 1774 par le loup de mer James Cook, qui avait déjà exploré la Nouvelle-Zélande pour le compte de la Couronne britannique avant de donner son nom aux îles Cook voisines. L’explorateur, manifestement plus doué pour la navigation que pour la création de noms originaux, a baptisé sa découverte « Nouvelle-Calédonie » en raison de la ressemblance entre la côte
nord-est de l’île principale – aujourd’hui appelée Grande Terre – et son pays natal (Caledonia est l’ancien nom de l’Écosse). On appelle ça « prendre ses rêves pour la réalité ». Ou peut-être l’explorateur était-il en proie à des hallucinations provoquées par le scorbut. Car si l’Écosse avait présenté un paysage aussi tropical, exotique et ensoleillé, un vol d’une heure et demie aurait suffi pour atteindre le paradis terrestre. Or, j’ai dû me farcir deux vols désagréablement longs de respectivement onze heures pour Osaka, au Japon, et neuf heures pour Nouméa, la capitale de l’île du Pacifique Sud. Le plus beau coin de France se trouve littéralement à l’autre bout du monde. La Nouvelle-Calédonie représente environ deux fois la taille de la Belgique et abrite quelque 270 000 Kanaks (peuple autochtone), Européens (surtout des Français) et Polynésiens (principalement originaires de Wallis, Futuna et Tahiti). Un tiers de la population vit à Nouméa, la capitale, qui offre un charmant mélange de France et de Mélanésie : des criques paradisiaques bordées de palmiers flanqués d’élégants immeubles, des restaurants de haute voltige alliant gastronomie française et spécialités locales, à la fois sophistiqués et simples, élégants et décontractés. « Nouméa a été fondée en 1854 sur ordre de Napoléon III. Quelques
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années plus tard, ce dernier y a envoyé des dizaines de milliers de criminels et de prisonniers politiques français. Comme l’Australie, la Nouvelle-Calédonie était à l’origine une colonie pénitentiaire », explique Frank, le très sympathique guide de la ville. LA PLUS GRANDE LAGUNE DU MONDE
La principale richesse naturelle du « Caillou » est visible depuis les collines de Nouméa : la lagune. Toutes les îles de
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ÉVASION
l’archipel sont entourées de récifs coralliens qui s’étendent sur environ 1600 km. La Nouvelle-Calédonie abrite ainsi la plus grande lagune du monde et, après la Grande Barrière de corail, le plus grand récif du monde. La beauté de la lagune est déjà remarquable en surface, avec des dizaines de nuances de turquoise et des centaines d’îlots inhabités au large de ses côtes. Mais la splendeur sous-marine est bien plus grande. Le récif corallien accueille plus de 1000 espèces de poissons exotiques, 6500 espèces d’invertébrés et une flore si colorée que les amateurs de plongée et de snorkeling doivent s’appliquer pour ne pas perdre leur tuba lorsque la surprise les laisse bouche bée. UNE BEAUTÉ STUPÉFIANTE
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1. La belle île d’Ouvéa est la perle de l’archipel. 2. Nouméa, capitale exotique de la Nouvelle-Calédonie. 3. Le marché de produits frais de Nouméa. 4. Le capitaine d’une «pirogue», bateau local en bois. 5. Street art dans la capitale.
PAS DE TOURISME DE MASSE
Après avoir exploré deux îles et la capitale, une question continue de me tarauder : où sont les touristes ? La NouvelleCalédonie a clairement le potentiel pour devenir la destination exotique la plus visitée et la plus appréciée au monde, mais le tourisme de masse est loin d’être une réalité ici. « La Nouvelle-Calédonie est l’un des territoires les plus riches du Pacifique Sud », affirme Maud, une jeune Française qui a commencé à travailler
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ROADTRIP
comme comptable à Nouméa il y a six ans. « Le sol de la Grande Terre est riche en nickel, qui est extrait depuis le XIXe siècle. Actuellement, il y a encore trois mines de nickel sur la Grande Terre qui ont participé à la richesse de l’île. Je gagne beaucoup plus ici qu’en France. Et les prix des loyers à Nouméa sont à peu près les mêmes qu’à Paris. Contrairement à des destinations très touristiques comme Fidji et Tahiti, la Nouvelle-Calédonie n’a donc jamais vraiment eu besoin du tourisme de masse. »
SEBASTIAAN BEDAUX.
L’une des escapades les plus populaires au départ de Nouméa est la visite de l’île des Pins, qui se trouve à quelque 20 minutes en avion ou à environ trois heures en ferry de la capitale. L’île des Pins est un paradis ensommeillé de criques turquoise, de plages de sable immaculé et de végétation tropicale, mais la présence de tous ces pins et de ces grottes sombres cachées dans les bois lui confère aussi une certaine étrangeté. En d’autres termes, sa beauté est à couper le souffle ! Tout touriste qui se respecte montera à bord d’une pirogue, une longue barque traditionnelle qui permet de traverser une baie truffée de tortues de mer et infestée de requins pour atteindre la jungle. Une balade courte mais aventureuse vers la « piscine naturelle » de l’île des Pins. Ouvéa, l’une des trois « grandes » îles Loyauté, à l’est de l’archipel, est un autre spot incontournable de la Calédonie. Ici, les bateaux de croisière sont interdits depuis plusieurs années en raison des dommages irrévocables qu’ils causent aux coraux. Sur la côte ouest, en forme de croissant de 50 km de long, on trouve une plage de sable blanc de 27 km, qui est généralement déserte. Sur la côte est, des falaises abruptes émergent de l’eau de mer bleu clair. Dans le ressac des vagues, il n’est pas rare de croiser des requins, mais pour être honnête, il faut rester vigilant partout dans la lagune de la Nouvelle-Calédonie. Avec un peu de chance, on peut d’ailleurs y apercevoir des dauphins et des baleines. Les possibilités d’hébergement à Ouvéa ne sont pas légion, mais étant donné qu’un groupe de cinq touristes sur la plage est déjà considéré comme une foule, y passer quelques nuits ne devrait pas poser problème.
La Nouvelle-Calédonie semble ainsi être le secret le mieux gardé au monde. Si vous faites route depuis Nouméa vers le nord de l’île, puis prenez la direction de la côte est, vous irez de surprise en surprise. Tantôt vous vous croirez au Texas avec ses troupeaux de vaches qui paissent dans de vastes plaines d’herbe jaunie, tantôt vous serez cerné par une jungle qui rappelle à s’y méprendre l’Amazonie brésilienne. Si vous plissez les yeux, vous pourriez même vous croire en Écosse (Cook avait donc raison ?) quelques kilomètres plus loin. Le must absolu ? Un roadtrip. Au programme, un tour de l’île vous permettra de contempler les falaises abruptes longeant la lagune, les lits des rivières luxuriants, les hautes montagnes, et vous arriverez sans peine à la conclusion que la NouvelleCalédonie est sans doute le plus beau pays que vous ayez soumis aux caprices perfides d’une Peugeot ou d’une Renault – après tout, on est encore en France !
EN PRATIQUE
Y aller De Paris, on peut prendre un vol direct avec Air France pour Osaka ou Tokyo et de là, avec Aircalin, pour Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie. Comme il s’agit d’un territoire français, les touristes européens n’ont pas besoin de visa. Se déplacer Il est très pratique de louer une voiture sur la Grande Terre pour explorer l’île. Nouméa n’est pas la ville la plus facile à parcourir en voiture, mais le reste de l’île est traversé par une seule route principale menant vers une multitude de voies transversales. Pour découvrir les autres îles de la
Nouvelle-Calédonie, vous pouvez prendre le ferry ou vous envoler avec Air Calédonie, qui propose ses services à partir de l’aéroport de Magenta, situé à Nouméa même. L’aéroport international La Tontouta se trouve à environ 45 minutes de route au nord-ouest de la capitale. Monnaie La monnaie de la NouvelleCalédonie est le franc CFP, qui est également utilisé en Polynésie française. 1 € = 120 CFP. Quand partir ? La meilleure période pour voyager en Nouvelle-Calédonie s’étend d’avril à janvier.
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REPÉRAGES
NEWS DESIGN
DU LIÈGE… AU PORTUGAL
À L’ÈRE DU « TOUJOURS PLUS GREEN », LE LIÈGE EST LE MATÉRIAU À SUIVRE. ULTRA-DURABLE, IL PEUT VOUS ACCOMPAGNER TOUTE UNE VIE. ON CRAQUE DONC POUR LES CRÉATIONS COOL ET INTEMPORELLES DE CETTE MARQUE PORTUGAISE QUI A DONC DOUBLEMENT TOUT BON.
Par Elspeth Jenkins et Marie Honnay
Tabouret ou table Pirueta en liège, 320 €, et lampe en liège, 65 €, Galula, galulastudio.com
DES BOOTS AU SALON
Jamais à court d’idées, Virginie Morobé, créatrice de la griffe de chaussures belges éponyme, lance sa première ligne déco réalisée en tandem avec l’artiste et céramiste Anita Le Grelle, collaboratrice fidèle de la marque Serax pour laquelle elle signe de nombreuses créations, dont la ligne Terre de Rêves dédiée à l’art de la table. En dessinant les contours de cette collection, Virginie Morobé avait un rêve : transformer Edith, son modèle de boots bestseller, en vase.
ELLE, C’EST CATHERINE
Virginie Morobé « Je voulais trouver une per-
CHAISE.STOEL.CHAIR.
Parce qu’il n’y a rien de plus universel qu’une chaise, le Design Museum propose chaise.stoel.chair., une exposition thématique centrée sur l’esthétique, mais aussi la fonctionnalité de cette pièce de mobilier qui continue d’occuper l’imaginaire des designers du monde entier. Un rendez-vous incontournable pour les amateurs de design, de la fin du XIXe siècle à nos jours. Jusqu’au 29 août au Design Museum à Bruxelles, designmuseum.brussels
Morobé x Anita Le Grelle, disponible sur morobeshoes.com
BELGE + BELGE
Prenez Alain Gilles, le plus adorable des designers belges (élu designer de l’année en 2012). Demandez-lui de créer un luminaire pour Hind Rabii, l’une des marques les plus désirables du pays. Vous obtenez ? Half & Half, une suspension au nom ludique et décalé lancée tout récemment sur le marché. Mélange de céramique émaillée et de verre, elle repose, malgré son look fun et accessible, sur une véritable prouesse technique. Preuve que l’artisanat et l’humour belges font très bon ménage. À deux ou à trois. Half & Half (4 couleurs au choix) sur hindrabii.eu
PRESSE.
Une nouveauté belgo-belge (L 120 cm, H 60 pour 6 ampoules leds), à découvrir sur artmaker.be
sonne dotée du savoir-faire et des connaissances requis pour ce projet, mais aussi d’une vraie vision. C’est pour ça que mon choix s’est porté sur Anita qui se définit d’abord comme une sculptrice. La création de moules aux formes les plus folles ne l’effraye pas du tout. Anita est une artiste qui travaille à l’instinct. En plus, elle me fait beaucoup rire ! » Anita Le Grelle « J’ai fait mes débuts dans la céramique complètement pas hasard. Ma première passion, c’est la sculpture, une activité que j’ai exercée à Londres pendant dix-sept ans. À mon retour en Belgique, je suis entrée en contact avec Serax. Tout est parti d’une tasse que j’ai moulée. Six mois plus tard, ma première collection était en boutique. Virginie et moi avons été présentées par un ami commun. Tout de suite, ça a collé entre nous. Elle m’a donné une chaussure dont nous voulions faire un vase. Comme le cuir est un matériau assez flexible, réaliser le moule n’a pas été simple. D’autres idées ont découlé de cette première pièce, dont la tresse, autre symbole phare de la marque. Nous l’avons utilisé, entre autres, pour créer les anses des tasses à expresso. C’est une collection qui m’a demandé pas mal de travail, mais notre collaboration était tellement agréable qu’elle a donné naissance à une vraie amitié. Virginie est passée à la maison un week-end. Je lui ai fait des propositions. Elle a choisi ce qui lui plaisait. Une semaine plus tard, tout était prêt : une série de pièces en porcelaine noire, blanche et grise. Depuis cette rencontre, je porte les mules en daim marron Emilia et les bottes emblématiques de la marque. »
PRESSE.
La nouvelle suspension en bois durable et papier japonais de l’atelier de luminaires liégeois Art Maker. Cette marque qui s’invite dans les espaces privés, restos et hôtels les plus en vue, en Belgique, mais aussi à l’étranger, est la concrétisation d’un projet de vie : celui d’Yves Dejardin, un créatif plutôt discret dont les luminaires réalisés de manière artisanale dans son atelier n’ont pas manqué de taper dans l’œil des fans de créations éthiques et sexys. En plus de Maxime, son best-seller (conçu au tout début de l’aventure dans son grenier), on craque désormais pour Catherine, toute aussi majestueuse que son grand frère.
ATELIER MURA
Installé en Souverain-Pont, dans le cœur historique de la Cité Ardente, Atelier MURA est le nouveau bébé de France Feltz. En marge de la rénovation d’intérieurs et la création de décors pour le ciné, elle a imaginé cette boutique, condensé de ses coups de cœur belges et étrangers : tapis artisanaux ultra-colorés, plantes exotiques, vaisselle de la céramiste Dominique Deruisseau… Sans oublier les toiles de sa copine Lilie Oma. Centrées sur des dégradés de couleurs poétiques, les œuvres abstraites de Lilie vous entraînent dans de lointaines contrées imaginaires, donc jamais explorées. 19 En Souverain-Pont, 4000 Liège, ateliermura.com
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FOOD
MASTERCLASS
LE COOKIE Cookie chocolat noir & noix de pécan
Pas toujours facile de le sortir du four doré et “chewy”. Le goûter tiède, avec ses pépites de chocolat encore fondantes, est un bonheur. On vous explique comment le réussir à coup sûr. Par Elvira Masson
Les ingrédients Pour environ 11-12 cookies de 60 g
110 g de beurre doux « pommade » (à température ambiante), 180 g de farine, 125 g de cassonade, 25 g de sucre en poudre, 1 œuf, 100 g de noix de pécan, 125 g de pépites de bon chocolat noir, 1 grosse pincée de fleur de sel.
Photos Pierre Lucet-Penato LES MODES VENUES DES ÉTATS-UNIS se font – la saison fut un temps aux muffin, cupcake, whoopie pie, donut, voire cronut – et se défont aussi vite. Le cookie demeure. Indétrônable depuis sa création dans les années 30. Sans doute car il est sobre, rassurant, fréquentable – gras et sucré, certes, mais dans les limites du raisonnable. On l’aime plus ou moins croquant, plus ou moins volumineux, il se prête volontiers au jeu des fruits secs, avec ou sans chocolat, des flocons d’avoine, voire du peanut butter. C’est l’une des premières recettes sucrées dans lesquelles on se lance. Et pourtant, tantôt le dôme de pâte s’étale en flaque, tantôt il devient biscuit casse-dent : le cookie est plus technique qu’il n’y paraît. QUEL RÉSULTAT VEUT-ON OBTENIR ? Telle est la première question à se poser. C’est ce qui nous est apparu quand nous avons demandé à Déborah Dupont-Daguet – boss de La Librairie Gourmande et auteure, avec Géraldine Martens, d’un ouvrage de référence, Le cookie de nos rêves (1) – de nous livrer ses adresses. Sa réponse ? « Ça dépend, tu veux un cookie épais, à l’américaine, ou un cookie plat, à la française ? » Il existe donc plusieurs écoles. Depuis les Laura Todd de notre adolescence, plutôt plats et légèrement souscuits, donc délicieux, détrônés par ceux de Scoop me a Cookie dans la même veine, avec cette petite pointe salée addictive, jusqu’aux versions croquantes que l’on trouve dans les boulangeries françaises. Notre cœur bat à l’heure américaine, plus précisément new-yorkaise. La success story de ces quinze dernières années porte le nom de Levain Bakery. Mondialement connus, les cookies de cette bakery sont décadents : XXL (180 g le cookie !), croustillants ET fondants, ultra-riches mais pas écœurants. La recette est, bien sûr, tenue secrète. Tout comme celle de notre dea-
La recette ultime
Préchauffer le four à 180 °C. Verser les noix de pécan sur une plaque de cuisson et enfourner pour 7-8 min. À la sortie du four, elles doivent être brunies et exhaler une délicieuse odeur de noix grillées. Laisser refroidir. Dans le bol d’un robot équipé de la feuille ou dans un cul-de-poule, avec une spatule, « crémer » le beurre et le sucre, c’est-à-dire mélanger vivement jusqu’à obtenir un mélange crémeux. Ajouter ensuite l’œuf entier et répéter l’opération jusqu’à ce qu’il soit bien incorporé.
leuse préférée. Zélikha Dinga (2) est une jeune cuisinière, ex-cheffe à domicile. La fabrication de cookies sous le nom de Caro Diario lui est venue pendant le premier confinement. Dans l’esprit de ceux de Levain Bakery, mais à sa façon. Le classique pèse 60 g, le copieux 130 g. Elle l’aime irrégulier, avec du volume, une légère sous-cuisson qui garantit qu’il reste « chewy ». « Mes cookies ne sont pas magnifiques, ils sont un peu cabossés », explique celle qui ne travaille qu’avec des produits triés sur le volet : chocolat Original Beans, bio, issu du commerce équitable, écoresponsable, les emballages sont 100 % compostables –, beurre de Pamplie AOP, noisettes d’un petit producteur du Piémont (Altalanga Azienda Agricola). « Un bon cookie, c’est avant tout des ingrédients de qualité », mais c’est aussi quelques règles. LA RÉUSSITE REPOSE SUR L’ÉQUILIBRE ENTRE
LES INGRÉDIENTS. S’il y a trop de beurre et pas assez de sucre, il s’étalera. S’il y a trop de farine, il sera un peu « poisseux ». Quant à la garniture, elle doit être géné-
reuse mais pas trop et ne doit pas dépasser le tiers du poids du cookie. La pâte se travaille à la feuille du robot ou manuellement à la spatule, et brièvement. L’idée n’est pas d’incorporer de l’air. Autre truc imparable : quand la pâte est prête, il faut la passer au réfrigérateur 30 à 60 min avant de « bouler » (faire les boules de pâte) ou de passer les boules au minimum 1 heure au congélateur ( jusqu’à deux semaines à l’avance). Si, dans la pâte, le beurre n’est pas froid, le risque qu’il fonde trop vite sur la plaque de cuisson augmente. Côté poids : à moins de 60 g, la cuisson est difficile à maîtriser, la sécheresse guette et le cookie se transforme en croquant. 10 min au four, guère plus et, indispensable, un repos sur la plaque à la sortie du four pendant 10 à 20 min. « À ce stade, il faut avoir confiance en soi, s’amuse Zélikha. Car le cookie peut paraître très mou. Seul ce repos sur la plaque ou la grille lui permet de devenir ce qu’il doit être. » 1. Éd. First. 2. Les cookies de Zélikha Dinga sont à commander sur carodiarioparis.com, uniquement à Paris pour l’instant.
Puis verser la farine, mélanger rapidement et peu de temps, il faut simplement obtenir un mélange homogène. Puis ajouter les noix de pécan et les pépites de chocolat noir. À ce stade il peut être plus aisé de les incorporer à la main pour s’assurer qu’elles soient également réparties dans l’appareil à cookies. Réfrigérer la pâte pendant 60 min. Préchauffer le four à 200 °C. Sortir la pâte à cookies du réfrigérateur et former des boules d’environ 60 g. Disposer les boules séparées d’environ 5 cm sur une plaque à four recouverte de papier sulfurisé. Enfourner pour 11 min. À la sortie du four, laisser refroidir 15 min sur la plaque, puis déplacer pour 10 min environ sur une grille. Si vous ne disposez pas de grille, laisser simplement refroidir 30 min sur la plaque. Ces cookies sont délicieux tièdes, lorsque le chocolat est encore chaud et fondant à l’intérieur. Cuits, ils se gardent deux à trois jours à température ambiante, avec toujours la possibilité de les réchauffer 2 ou 3 min dans un four chaud.
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LIFESTYLE
HOROSCOPE
MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.
ÉMOTIONS Vos désirs sont
des ordres. Merci à Mars, qui vous pare d’une énergie rayonnante et d’une libido contagieuse. Un rendez-vous en vue : misez sur le 6. AMBITION La période est idéale pour faire progresser les choses, prendre la tête d’un projet ou vous affirmer au sein d’une équipe. En prime : un climat intellectuellement stimulant.
Cancer 22.6 – 22.7
ÉMOTIONS Vénus va donner plus d’intensité à vos relations amoureuses. Comptez sur des moments passionnés avec votre partenaire. Une relation naissante pourrait évoluer de façon inattendue. AMBITION Un projet ou des idées en gestation vont vraiment prendre forme vers la fin du mois. En attendant, misez sur un climat propice à la communication et à l’entraide.
Lion 23.7 – 23.8
Par Carole Vaillant
ÉMOTIONS Mercure et Vénus harmonisent vos relations et facilitent la communication à tous les niveaux. À deux, l’alchimie sera idéale. En solo, coup de cœur en vue. AMBITION Comptez sur des occasions de vous mettre en valeur et des échos positifs de votre travail. Une affaire juridique ou financière pourrait trouver une issue favorable (vers le milieu du mois).
Vierge 24.8 – 23.9
ÉMOTIONS Des questions
TAUREAU
21.4 – 21.5
Adieu routine et plans bien huilés, l’amour fait peau neuve et mise sur l’imprévu pour faire valser vos émotions. Une chose est sûre : ce sera neuf, différent et excitant. ÉMOTIONS
Comptez sur un regain d’énergie et un climat propice aux réalisations concrètes. C’est aussi une bonne période pour défendre vos idées et vos valeurs. AMBITION
concernant une relation ou une rencontre récente vont trouver des réponses bien agréables. Au menu : élans romantiques et projets exaltants. AMBITION Vous risquez d’être en conflit avec un supérieur ou un collaborateur. Évitez de vous braquer, la fin du mois vous donnera l’opportunité de faire valoir votre point de vue.
Balance 24.9 – 23.10
ÉMOTIONS Vénus éclaire votre vie sentimentale d’une lumière plus vive et plus excitante. Cette période pourrait être le point de départ d’une rencontre ou d’un rapprochement amoureux. AMBITION La période est vraiment stimulante, comptez sur une belle émulation créative et des associations productives. Vous aurez l’occasion de jouer un rôle plus actif au sein d’une équipe.
Scorpion 24.10 – 22.11
ÉMOTIONS Vénus réinvente vos amours avec le concours d’Uranus. Rencontres, nouvelles options, imprévus excitants : ça va dépoter.
AMBITION Vous devrez parfois être en mode impro ou faire preuve de patience, mais le contexte est très constructif et Mars va apporter un élan bienvenu à vos projets.
RÉDACTRICE EN CHEF Marie Geukens mge@marieclaire.be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Julie Rouffiange jro@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ Charlotte Deprez cde@marieclaire.be DIRECTRICE MODE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be COLLABORATEURS Alexis Alvarez, Sebastiaan Bedaux, Laura de Coninck, Aurélia Dejond, Virginie Dupont, Étienne Heylen, Linda Heynderickx, Marie Honnay, Joëlle Lehrer, Christine Van Laer.
Sagittaire 23.11 – 21.12
ÉMOTIONS Vénus et Mars dynamisent nettement le secteur amoureux. Entre attirances intenses et confrontations inévitables, avril pourrait bien être le mois le plus torride de l’année. AMBITION Comptez sur de réelles opportunités de vous démarquer, mais attendez-vous à un rythme intense et un esprit de compétition marqué. Votre botte secrète : une vraie force de conviction.
DIGITAL RÉDACTRICE EN CHEF MARIECLAIRE.BE/FR Charlotte Deprez cde@marieclaire.be thetinynomad DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE rosaalieeb Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1
Capricorne 22.12 – 20.1
ÉMOTIONS Ce mois-ci, amour rime avec liberté. Vous pourriez éprouver un besoin urgent de changer d’air et d’exprimer votre indépendance. Une rencontre pourrait agir comme un déclic. AMBITION Pas de coup d’éclat spectaculaire, mais grâce à Mercure, vous aurez une idée plus claire de ce qui peut être amélioré au quotidien pour obtenir les meilleurs résultats. En prime, une communication efficace.
Verseau 21.1 – 18.2
ÉMOTIONS Plein de sollicitations, le ciel va vous donner envie de sortir un peu du cadre de votre routine pour explorer de nouveaux sentiers amoureux. À modérer : votre impulsivité. AMBITION Mercure vous inspire, Mars vous donne du mordant et Jupiter, confiance en vous. Conclusion : foncez, imposez-vous, vous avez tous les atouts en mains.
Poissons 19.2 – 20.3
CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Campaign Manager) lmo@editionventures.be Amélie Eeckman (Print Production Coordinator) aee@editionventures.be Charlette Louis (Campaign Coordinator) charlette@editionventures.be Ann-Sofie Van Severen (Campaign Coordinator) avs@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign Coordinator) pdw@editionventures.be EVENTS Ondine Scohier (Event Coordinator) osc@editionventures.be
POUR VOUS ABONNER
IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics
Bélier 21.3 – 20.4
ÉMOTIONS Grâce au Soleil et à Vénus dans votre signe, tout redémarre : le désir, le frisson amoureux, les projets. En duo ou en solo, c’est le bon moment pour amorcer un nouveau chapitre. AMBITION Le contexte, très ouvert et dynamique, encourage les échanges et l’expression personnelle. Soyez audacieuse ! Ce mois-ci, ce sont vos idées et votre singularité qui feront la différence.
CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be
PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be
ÉMOTIONS Ce mois-ci, l’amour se
déguste en mode ludique et un peu intello. À deux, vous serez dans le même élan de changement et de légèreté. En solo, comptez sur des ouvertures excitantes. AMBITION Pas de repos pour les braves : attendez-vous à quelques défis et autres délais urgents mais, heureusement, à quelques occasions de briller. La fin du mois va amorcer une tendance plus cool.
SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be
CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be
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SHUTTERSTOCK.
Gémeaux 22.5 – 21.6
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INTERVIEW
LE GOÛT DONT VOUS AVEZ HONTE ?
AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?
J’ai un œil plus petit que l’autre mais à part ça tout va bien. Ce serait malhonnête de ma part de dire que je n’aime pas mon visage et puis je suis fataliste, je ne peux changer grand-chose. Je me donne 7,5 sur 10. ÊTES-VOUS GARÇON OU HOMME ?
Garçon, et c’est une raison pour laquelle je n’ai pas envie d’avoir d’enfant, un passage où, en principe, on devient vraiment un homme, ce qui ne m’enthousiasme pas particulièrement. À 39 ans, c’est un peu bizarre, mais pour un comique, c’est plutôt bien de rester un peu enfantin… DORMEZ-VOUS LA NUIT ?
Oui, et je le dois à Pierre Arditi, qui a expliqué un jour à la télé comment il laisse son esprit flotter sur son canapé sans combattre l’insomnie, et ça marche. Il se rendort très bien ensuite. Une fois que j’ai eu pigé ça, je n’ai plus eu de problème de sommeil. VOTRE MÈRE ÉTAIT-ELLE DOMINANTE OU SOUMISE ?
Les compétitions de jeux de fléchettes en Angleterre. Des amis sont toujours étonnés quand je refuse un dîner pour regarder à la télé un championnat, mais j’assume ! Ce sport me fascine. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?
Celui de Stéphanie Bataille, ma metteuse en scène, mon amie et ma marraine de métier. Elle a dû voir en moi ce que je ne voyais pas encore. Sans son regard, ma vie aurait été différente. CITEZ TROIS AMANTES ET AMANTS RÊVÉS AU COURS DE VOTRE VIE ?
Sophie Marceau, Pamela Anderson (j’hésite avec Susan Sarandon) et Sandrine Kiberlain.
QUE NE SUPPORTEZ-VOUS PAS QUE L’ON DISE DE VOUS ?
Avec les réseaux sociaux, on apprend à supporter pas mal de choses… Je ne supporterais pas qu’on dise que je ne travaille pas. POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?
VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?
Aller assister, avec mes potes, à un match de foot au stade d’Anderlecht. VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?
(Rires.) Je dirais, au risque de me faire engueuler, qu’elle était plutôt dominante avec les autres et soumise avec moi. Ça a créé entre nous une relation absolument fusionnelle.
Je suis nul en orthographe car j’ai eu une éducation en néerlandais. J’ai cherché l’accord de nous-même(s) et vous-même(s). Quand le nous est un je, il n’y a pas de s. Pour le vous, c’est pareil. Maintenant, je sais.
COMBIEN DE DROGUES VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?
LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?
Les vraies drogues ? Il y en a plein que je n’ai jamais essayées, ce qui ne m’empêche pas du tout de vivre ! (Rires.) Sinon, je dirais l’adrénaline de la scène et l’alcool. Je n’en abuse jamais, comme disent sans doute les alcooliques. J’aime bien les vieux rhums, l’armagnac, le cognac.
ÊTES-VOUS VIOLENT ?
Non, je ne crois pas.
Je le dois à Eddy Barclay, que je n’ai pas connu : « Ne pas avoir de chance est une faute professionnelle dans nos métiers. » Quand un humoriste me dit : « Je comprends pas, j’ai pas de bol, ça marche pas », je lui réponds « Écoute, mon pote, tu peux connaître le succès à condition d’y mettre de la bonne volonté ». LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AYEZ BUE ET MANGÉE ?
Un café noir avec un tout petit peu de miel.
AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?
Oui beaucoup. Je m’appelle en fait Alexandre Wieczoreck mais je trouvais que, pour un comique, ça faisait un peu trop vieux violoniste polonais sur le retour. Alors, j’ai opté pour le plus bref. FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?
Entre fuir et s’adapter. Je ne trouve pas que la pleutrerie soit un défaut total. On perd souvent du temps dans le combat d’idées car chacun campe sur ses positions et ça n’avance pas. Les Français adorent ça. Parfois, j’ai envie de leur dire : « Détendez-vous ! Allez boire une bonne bière ! » LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTI LIBRE ?
Quand ma famille m’a offert une mobylette pour mes 17 ans. LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?
Je suis assez pudique sur cette question… Je dirais que c’est plutôt la question du désir, chez moi. Il me faut être disponible dans ma tête pour que l’envie vienne. La sexualité est une compagne de la béatitude mais je ne suis pas un strauss-kahnien dans la démarche. SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉE ET QUE VOUS POUVIEZ OFFRIR TROIS DONS À UN ENFANT NAISSANT, LESQUELS SERAIT-CE ?
Le sens de l’humour, qui inclut le second degré et l’autodérision, la curiosité, qui tire vers le haut et la patience. Il faut savoir attendre son tour…
LE GRAND HÔTEL
1. Par Jupiter ! du lundi au vendredi à 17 h. Alex Vizorek intervient aussi tous les mardis dans la Matinale de France Inter. 2. Au théâtre de l’Œuvre, Paris 9e. theatredeloeuvre.com
L’EXPÉRIENCE DU LUXE & DU BIEN-ÊTRE AU CŒUR DU PAYS BASQUE.
LE QUESTIONNAIRE
ALEX VIZOREK Tous les jours sur France Inter aux côtés de Charline Vanhoenacker (1), l’humoriste et comédien nous donne rendez-vous en octobre (2) à Paris avec Ad Vitam, son “spectacle comique sur la mort”. Et nous livre ici quelques-unes des clés de son joyeux bouillonnement, entre championnats de fléchettes, mobylette et autodérision. Par Fabrice Gaignault
©Jérôme_Mondiere
LIFESTYLE
ALEX VIZOREK.
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