héroïne
elle
du mois
Tous les mois, Céline Pécheux met en lumière une Wonder Woman du quotidien.
KAREN NORTHSHIELD
« J’avais 30 ans et une vie toute tracée... » Le 22 mars 2016 à 7h58 du matin dans le hall des départs de Zaventem, Karen, athlète de haut niveau, s’apprête à enregistrer ses bagages quand une bombe explose à quelques mètres d’elle. « J’allais retrouver ma grandmère aux États-Unis… Arrivée dans la file d’enregistrement, je suis propulsée dans les airs par un souffle d’une violence inouïe. En une fraction de seconde, la fille indépendante, au top de sa forme et épanouie que j’étais est devenue une victime qui se bat pour sa vie. J’ai gardé les yeux ouverts ce matin-là... Une petite voix me disait que si je les fermais, c’était fini. J’ai vu le chaos autour de moi, mais aussi le tri des blessés qui s’opérait. Ceux qui pouvaient être sauvés et qu’on emmenait et puis les autres. J’ai eu la chance d’être secourue malgré mon état désespéré. Et puis l’ambulance, le trou noir. Je me suis réveillée trois mois plus tard aux soins intensifs de l’hôpital Érasme après avoir été ressuscitée plusieurs fois. Si je n’avais pas eu la condition physique d’un soldat, je pense que je serais morte sur le coup. Mon corps était anéanti. Il ne me restait plus que la rage de vivre. Depuis cinq ans maintenant, dont presque quatre passés à l’hôpital, je mène un long combat de reconstruction. J’ai failli mourir 1.001 fois entre les arrêts cardiaques, les infections, les chocs septiques, les complications liées à mes multiples traumatismes… J’ai ingurgité plus de médicaments que
de nourriture. J’ai dû réapprendre à respirer, mâcher, avaler, parler, marcher… Tel un marathonien qui vise la ligne d’arrivée, moi, je voulais retrouver ma vie d’avant. Pour y arriver, je me suis fixé chaque jour des petits objectifs. Au début, je ne pouvais rien faire toute seule. Il a fallu être patiente. Travailler la souplesse de chaque phalange pendant des semaines avant de pouvoir tenir un crayon par exemple. Quand je perdais espoir, c’est mon entourage qui en avait pour moi. Je lui dois beaucoup. »
Souffle de vie « Aujourd’hui, je suis de retour chez moi et je me sens à nouveau femme. Je suis très fière de mes cheveux longs, car ils symbolisent ma renaissance et le résultat d’énormes efforts. L’écriture de mon livre m’a permis de prendre du recul et d’avancer… Même si j’ai encore parfois du mal à accepter ce qui m’est arrivé, je voulais partager le côté positif de mon histoire. Transformer le chaos en lumière. Mes projets ? Traduire mon livre dans d’autres langues (il est déjà disponible en français et en néerlandais) et donner des conférences pour insuffler de la force, du courage et de l’espoir aux gens. Et puis continuer à me reconstruire physiquement, mentalement, socialement aussi. Quand un tel drame se produit, les gens n’osent plus vous aborder, ils ne savent pas quoi dire… Pour beaucoup, ma survie reste un mystère. Les médecins me laissaient zéro chance de survie. Mais je ne suis pas une miraculée ! Si je suis là, c’est parce que je me suis battue comme une guerrière pour prouver que l’impossible est possible. Aujourd’hui, j’ai envie de courir, de danser, de vivre. Au point que les gens se disent : “Mais il ne lui est rien arrivé à cette nana !” Voilà, mon rêve le plus cher, et je vais y arriver. » PRESSE
Cinq ans après les attentats de Zaventem dont elle a été victime, Karen Northshield sort « Dans le souffle de la bombe ». Témoignage poignant de son combat pour retrouver goût à la vie.
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