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reportage
Texte Marie Guérin
SHOE DESIGNERS BELGES MAL CHAUSSÉ·E·S ? Les créateurs et créatrices de souliers belges sont peu nombreux/euses, les écoles (presque) inexistantes, mais les vocations foisonnantes. Alors, comment lancer sa marque en Belgique ?
marque de chaussures, et je me suis tout de suite dit que c’était ma voie. Ma maman a toujours aimé la mode, elle avait une boutique. J’ai été baignée là-dedans ! » Après son stage, elle ne retourne pas sur les bancs de l’université. Elle est engagée par la marque et apprend son métier sur le tas. Elle devient rapidement directrice artistique et reste vingt ans au sein de l’entreprise jusqu’à ce que le vent tourne. Elle décide alors de quitter le groupe pour lancer une collection qui lui ressemble. C’est son mari qui l’encourage à se jeter à l’eau. Ensemble, ils décident de créer Morobé. « Lancer une marque va tellement au-delà du design : la production, le pricing, le financier. Il faut tellement plus qu’une vision créative : il faut des compétences marketing, en business. Penser un design ou le produire, ça n’a rien à voir ! »
Un aller-retour pour l’Italie Olivia Couvreur a choisi une autre voie, celle de l’Italie. Elle s’est envolée pour une formation de huit mois à Cercal, une école située à San Mauro Pascoli, près de Rimini. « J’avais 26 ans quand j’ai commencé mes cours, en 2017. C’était très intensif du lundi
À gauche : la collection de fin d’année de Lise De Smet, diplômée en 2021 à l’Academie Beeld Sint-Niklaas. Au milieu : la paire de loafers signée Cara Rosa. À droite : la collection de fin d’année de Fien Van Damme à l’Academie Beeld Sint-Niklaas.
PRESSE
« Je ne pense pas que la Belgique soit un climat idéal pour devenir un·e designer de chaussures, contrairement à l’Italie qui regorge d’écoles », nous explique Virginie Morobé, qui a lancé sa marque éponyme en 2015. « Il n’y a pas tellement de formations. Il y a Sint-Niklaas, en cours du soir. La bonne chose, c’est que celles et ceux qui le font sont vraiment passionnés. Il faut beaucoup de motivation. » Et sans doute une certaine vocation. Il y a 25 ans, Virginie faisait ses premiers pas dans l’univers de la chaussure, mais ce n’était pas un hasard. Elle avait ça dans le sang. « J’étais en deuxième année de droit et j’ai fait un stage de vacances au sein d’une
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