La Papeterie Magazine N°365

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N°365 FÉVRIER-MARS 2020 RÉDACTION Rédactrice en chef VALÉRIE LECHIFFRE valerie.lechiffre@groupenp.com Chroniqueurs CLAUDE ROY JACQUES THIBAUD DIDIER VUYLSTEKE 19, rue du Départ 75014 Paris Tél. & Fax : 01 43 20 18 56 PUBLICITÉ - ANNONCES CLASSÉES FRANÇOIS HÉNIN francois.henin@groupenp.com Tél. : 02 38 42 29 02 Fax : 02 38 42 29 10 ABONNEMENTS-VENTES AU NUMÉRO MATHILDE SEVESTRE mathilde.sevestre@groupenp.com Tél. : 02 38 42 29 00 Fax : 02 38 42 29 10 Abonnements France 1 an 199 €, 2,10 % TVA Etranger 1 an 225 € Le numéro 30 €, 2,10 % TVA COMMANDES TIRÉS À PART, ARTICLES ET PDF MATHILDE SEVESTRE mathilde.sevestre@groupenp.com Tél. : 02 38 42 29 00 Fax : 02 38 42 29 10 MAQUETTE Diego Spitaleri diego@losvagamundos.com DIRECTION-ADMINISTRATION ENP Directeur de la publication STÉPHANE RICHARD stephane.richard@groupenp.com 36, rue Stanislas-Julien 45000 Orléans Tél. : 02 38 42 29 01 Fax : 02 38 42 29 10 • La revue est éditée par ENP • R.C. 59343037735 • SA au capital de 38.122,25 € • Commission paritaire 0623 T 88121 • Dépôt légal 1er trimestre 2020 • I.S.S.N. 0031-1308

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Editeur de La Papeterie, l’Annuaire de la Papeterie 2009, La Carte papetière France, La Carte papetière ibérique, El Papel, l’Annuaire ibérique de l’industrie papetière, Guide papetier de l’Amérique latine, Pasta E Papel, Turkiye Kagit Sanayii, Paper Middleast, PaperFIRST, TissueFIRST et PaperFIRST Mag’

Imprimerie de Champagne Nouvelle ZI Les Franchises Rue de l’Etoile 52200 Langres

E dito En première ligne

L

es industriels du papier-carton veulent pleinement jouer leur rôle dans la crise sanitaire provoquée par le coronavirus. C’est, en résumé, l’idée qui se dégage au moment où nous bouclons cette édition. C’est-à-dire au moment où le coronavirus s’est imposé dans nos vies, redéfinissant nos priorités et nos modes de vie individuels et collectifs. Une situation déstabilisante pour chacun d’entre nous, dans sa vie quotidienne, familiale ou professionnelle. Dans les usines papetières, mi-mars, des sites papetiers étaient cependant en cours d’arrêt. Dans un communiqué qui s’inscrivait dans le cadre de la préparation de la Loi d’urgence que le Gouvernement devait adopter le 20 mars, Copacel demandait « aux Pouvoirs publics que l’industrie papetière soit reconnue, conformément à l’article 15, comme étant l’un “des secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale.” » Selon ce syndicat, cette reconnaissance devait permettre aux sites industriels de poursuivre leur activité. Et Copacel de citer l’importance des papiers & cartons d’emballages pour produire les caisses de conditionnement ou les sacs afin d’assurer le bon fonctionnement des chaînes logistiques (biens alimentaires, médicaments, matériel médical….). Sans oublier les papiers d’hygiène et la pâte de cellulose (mouchoirs, essuiemains...), qui servent à produire « des articles indispensables à la santé publique et permettant la rupture de la propagation du virus. » Enfin, faute de papiers graphiques & spéciaux, les notices de médicaments et les papiers pour masques chirurgicaux ne pourraient plus être utilisés par les industries aval (plus d’informations p. 6). De son côté, la Fefco a également annoncé que les producteurs européens d’emballages en carton ondulé étaient sur le pont et capables de répondre à la demande. Pour autant, la situation apparaît difficile sur certains sites, dans le secteur papetier, mais aussi dans l’agro-alimentaire, le transport ou la logistique, en raison d’une injonction paradoxale : les salariés, à qui il est très fortement conseillé de rester confinés chez eux demandent, légitimement, à pouvoir exercer leur activité professionnelle dans les meilleures conditions, lorsqu’ils doivent se rendre sur site. Dialogue, créativité et sens des responsabilités sont donc requis de part et d’autre, et dans de nombreux secteurs industriels, afin de trouver les meilleures solutions. Plus largement, comment la situation actuelle impactera-t-elle le secteur papetier dans les prochaines semaines ? La demande de biens de grande consommation pourrait globalement reculer et, dans son sillage, la demande de pâte, ce qui génèrera des surcapacités. Sur le marché des PCR, les surcapacités, déjà fortes, devraient encore s’accroître, alimentées par certaines difficultés logistiques. En revanche, le papier tissue (consumer), notamment grâce à ses propriétés barrières, devrait être bien orienté. De même que l’emballage, avec un boom très marqué du e-commerce et des livraisons de tous types de produits à domicile. Enfin, la situation actuelle pourrait aussi conduire à s’interroger et à agir sur bien d’autres sujets : notre modèle de développement économique et de production, la globalisation, les frontières, le rôle de l’Europe, les relocalisations industrielles, l’économie de la proximité ou encore l’étirement des chaînes de valeur.Vaste programme certes, mais, rêvons un peu, l’occasion aussi de sortir par le haut de cette crise sanitaire. En attendant, s’il est très probable que la France plonge en récession cette année, il est crucial de préserver l’ensemble du tissu industriel français – déjà fortement mis à mal – ainsi que les emplois. Pour que la machine économique puisse repartir de plus belle lorsque cette crise sera, enfin, derrière nous.

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INDEX A ABB, 37 Abitibi Bowater, 19 ADF&PCD (Salon), 63 Afifor, 52 Afnor, 42 Ahlstrom-Munksjö, 7, 37, 44 Air Liquide, 18 Alamigeon Papers and Technologies, 7 Albéa, 56, 57 All for Content (Salon), 62 All4Pack, 62 Alliance Industrie du futur (AIF), 53 Allimand, 6 Andritz, 10, 13, 37 Archroma, 10, 13 Arjowiggins, 6, 12, 63 Arkéma, 57 Atip, 25, 62 Atlas Copco, 9 Auchan Retail France, 26 Axchem, 66 B BASF, 10, 37 Be Paper, 8 Bellmer, 11 Bioéconomistes (Club des), 34, 42 Blue Motion Technologies, 6 Bourray (Papeterie Le), 6, 12 BP Agnati, 8 Bpifrance, 18, 53 Bridgewater, 19 Bunzl, 16 Bureau International du Recyclage (BIR), 29, 62 Burgo, 10 C Cadremploi, 53 Canson, 16 Cellulose (La), 57 Cenpa, 10 Cepi, 10, 32, 41, 42, 56 Cepi Eurokraft, 51 CFIA (Salon), 62 CGMP, 12 ChemSystems, 9 Choose Paper, 39 CHT Group, 13 Clairefontaine, 37 CMPC, 13 CNRS, 24 Compact Engineering, 46 Condat, 6 Conseil national de l’industrie ( CNI), 52 Copacel, 3, 6, 22, 37 Cordenons, 63 Cromatos, 13 Culture Papier, 40 D De Pretto Industrie, 27 Delonca, 6 Drupa, 7 DS Smith, 10, 25, 56, 37 Dunapack Packaging, 9

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E EDF, 27, 37 EMGE (Conférence), 62 Emmelev, 42 Ence, 13 Endupack, 57 Engie, 37 ENP, 39, 42, 62 Eqinov, 30 Essity, 42, 57 Eurodia, 18 Europack-Euromanut CFIA, 62 European Paper Recycling Council (ERPC), 33 Eurosac, 51 ExacomptaClairefontaine, 37 Express Découpe, 8 Express Packaging, 8 ExxonMobil, 37 F Fastmarkets/RISI (Conférence), 3e de couv., 42, 62 Federec, 28 Fefco, 62 Fevad, 40 Fibre Excellence, 18, 27 F.I.L.A., 7 Fine Hygienic Holding, 56 Finnpulp, 9 Fosber, 8 FPInnovations, 8 Fregata Hygiène, 53 G Gardner Denver, 33 Gereso, 53 Global Industrie, 62 Gmund, 63 Gondardennes (Cartonneries de), 6 Grenoble INP-Pagora, 18, 56, 62 Group’Hygiène, 13 Guangdong DongFang Precision Science & Technology, 8

ISRA Vision, 9 ITEM Expertise, 65 Itochu, 13 J James Cropper, 10 J&H Sales International, 29 K Kaeser, 32 Kimberly-Clark, 37 Kolb, 10, 64 KPMG, 10 Kruger, 19 L Lecta, 6, 39, 40 LGP2, 56, 57 Luxe Pack, 62 M Mandeure (Papeterie de), 63 MaqPaper, 17 Mare, 66 Mayr-Melnhof Karton, 10 MCAS, 13 Metron, 27 Metsä, 13, 37 Miac, 2e de couv., 62 Minakem, 18 Mondi, 10, 62 Mondial des Métiers, 52 Montségur (Papeterie de), 63 MP Hygiène, 16 N Nalco, 13 Navigator Company (The), 37 Nestlé, 56 Nidec Leroy-Somer, 44 O Ondaine (Cartonnerie de l’), 6 Orapi, 16 Oudin (Cartonnerie), 63

H Hannecard, 8, 13 Harris Interactive, 54 Heegeo, 16 Heibei Minglian New Materials Technology, 7 Heinzel, 8 Hermès, 56

P Paper & Biorefinery (Conférence), 35, 62 Paper Excellence, 18 Paper First, 39, 62 Paper Province, 33 Paprec, 13, 29 Passenaud, 13 Pennakem, 18 Perfesco, 27 I PLD (Salon), 63 IBC Paper Training, 53 Pöyry, 9 ICFPA, 42 Presse au Futur Ilim, 62 (Salon La), 62 Imagine for Margot, 61 Prinzhorn, 9 Imerys, 37 Private Consulting, 58 Inapa, 63 Pro Carton, 33 IndexBox, 38 Produits forestiers Insee, 36 Résolu, 8, 19 Intergraf, 56 PTS, 42, 62 International Paper, 10, 37 IP Morgan Chase, 10 Q Isorg, 57 Qapa, 52

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R Rayonier Tartas, 62 Reno de Medici, 10 Repulping Technology, 33 Robama, 13 Rollin Rollers and Belts, 8 Roquette, 18

S Saica Paper, 65 Sappi, 8, 62 Schäfer Rolls, 15 Schisler, 52 Seemi, 6 Seppic, 18 Sequana, 12 Shift Project (The), 24 Sino Corrugated, 43 Smithers, 38 Smurfit Kappa, 37 Södra, 10, 13, 32, 38, 39, 42 Solenis, 9, 13 Sonoco, 10 SPCI (Conférence), 62 Steiner, 13 Stora Enso, 13, 37 Suez, 37 T The Power of Print (Conférence), 62 Tecno Caucho, 23 Tissue World, 59 Toscotec, 6, 10, 14 Toulouse INP-LCA, 18 Trendeo, 38 Two Sides, 22, 32

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12 Visite guidée de la Papeterie Le Bourray avec son P.-d.g., François Bourdin. Il explique ses projets près d’un an après la reprise du site.

Portrait de JeanFrançois Guillot, D.-g. de Fibre Excellence.

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U Unidis, 60 UniLaSalle, 62 Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), 53 Université du Québec à Trois-Rivières, 19 Université technique Darmstadt, 42 UPM, 6, 9, 10, 29, 37

V Valmet, 4e de couv., 9, 13, 33, 37, 42 Veolia, 13, 37 Voith, 13 VTT, 42

22 Interview de Jan Le Moux (Copacel et Two Sides France) dans notre Dossier Environnement/Energie. Il réagit notamment au vote de la Loi “Economie circulaire” et à ses impacts pour le secteur papetier.

W Wizpaper, 8

Nicolas Le Tiran détaille l’offre d’Eqinov, société spécialisée dans les services de performance énergétique.

Z Zellcheming, 21, 62 Zuber Rieder, 63

Les sociétés et les pages indiquées en gras correspondent à des publicités.

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PAPERBUZZ

◗ UPM a ouvert le processus de consultation pour la fermeture potentielle de Chapelle Darblay ◗ Condat confie à Allimand la reconstruction de la PM 8 et investit dans une chaudière CSR ◗ Cartonnerie de l’Ondaine investit 3 M€ ◗ Ahlstrom-Munksjö finalise la vente de l’usine d’Arches ◗ Sappi en passe de fermer la PM 2 de Stockstadt ◗ Levée de fonds pour Be Paper ◗ Heinzel accroît la capacité de pâte de Pöls ◗ UPM investit dans des produits biochimiques en Allemagne ◗ ISRA Vision conclut un partenariat avec Atlas Copco ◗ Nominations

6 6 7 8 8 8 9 9 10

IN SITU

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PORTRAIT

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◗ L’Usine du mois. Papeterie Le Bourray : c’est la ouate, couleur et aussi recyclée, qu’elle préfère !

◗ Jean-François Guillot : « L’industrie papetière française, bien qu’elle soit

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44 L’usine d’Ahlstrom-Munksjö Specialties de SaintSéverin a récemment ajouté une 4e ligne de production de papier sulfurisé. Toutes ces lignes sont entièrement équipées de motorisations fournies par Nidec Leroy-Somer.

en mutation, présente toujours un beau potentiel pour Fibre Excellence »

DOSSIER ENVIRONNEMENT/ÉNERGIE

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◗ Entretien. Jan Le Moux (Copacel) : « La loi sur l’économie circulaire prend en

compte les bénéfices environnementaux des papiers et cartons mais des points de vigilance persistent » 22 ◗ Conférences Atip. Le consommateur européen face aux défis environnementaux et… à ses contradictions 25 ◗ Economie. Les PCR entre nuages et espoir de rebond 28 ◗ Entretien. Nicolas Le Tiran, ingénieur d’affaires chez Eqinov 30 ◗ Actualités 32 ◗ Tribune de Claude Roy. Le défi des hydrocarbures 34

ÉCONOMIE & MARCHÉS

◗ Tableau de bord ◗ Actualités ◗ Bilan 2019/Europe. Marasme pour les papiers & cartons mais bonne

dynamique pour la pâte

TECHNOLOGIE & ENVIRONNEMENT

◗ Actualités ◗ Motorisation. Les solutions de Nidec Leroy-Somer pour l’usine

Ahlstrom-Munksjö de Saint-Séverin

◗ Séchage des couches barrières : l’approche et les résultats de Compact

Engineering

◗ Etude. Sac papier vs sac plastique : match nul pour la durée

de conservation

RH & FORMATION

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résultats contrastés et un accompagnement nécessaire personnalité : à quoi ça sert ?

◗ Chronique de Didier Vuylsteke/Droit social. Agirc-Arrco : que faire

si ma clef de répartition des cotisations n’est pas 60/40 ?

MANIFESTATIONS

◗ Agenda, Conférence Fastmarkets RISI à Lisbonne ◗ Beau succès pour les Salons ADF&PCD et PLD Paris

Dans sa nouvelle chronique, Jacques Thibaud explique comment les tests de personnalité peuvent être utilisés dans un contexte professionnel.

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◗ Actualités 52 ◗ Etude Harris Interactive. Baromètre de la formation et de l’emploi : des ◗ Manifestations. L’automne animé de Grenoble INP-Pagora ◗ Chronique de Jacques Thibaud/L’art du recrutement (52e). Tests de

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63 Les papetiers et les cartonniers ont fait le déplacement à Paris, fin janvier, pour une nouvelle édition des Salons ADF&PCD et PLD Paris. Photo de couverture : Shutterstock.

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P aperbuzz >>> INFOS EXPRESS n Papeterie Le Bourray a choisi l’italien Toscotec pour reconstruire la caisse de tête de sa PM 4. Le redémarrage est prévu en juin après un arrêt inférieur à une semaine. Le contrat comprend la modification du circuit court avec une nouvelle “Fan Pump” et la fourniture d’une caisse de tête entièrement hydraulique TT (plus d’informations dans le reportage sur cette usine, pp. 12/16 dans cette édition). n Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire afin de rechercher les responsabilités dans l’échec de la reprise de l’usine Arjowiggins Security (usine de Jouy-sur-Morin, en Seine-et-Marne) par le fonds Blue Motion Technologies.

Actualités Papier journal UPM A OUVERT LE PROCESSUS DE CONSULTATION POUR LA FERMETURE POTENTIELLE DE CHAPELLE DARBLAY Fin janvier, UPM a annoncé l’ouverture du processus de consultation en vue de la fermeture de son usine de Chapelle Darblay, près de Rouen. Des rumeurs ont fait état de l’intérêt du groupe VPK pour transformer le site vers la production de papier pour ondulé, mais sans concrétisation officielle au moment où nous écrivons. En septembre dernier, le groupe avait annoncé son intention de vendre cette usine ou de la fermer si « aucune offre crédible n’était reçue avant mi-janvier. » Dans son communiqué, le finlandais indique avoir eu « des discussions continues et substantielles avec les parties intéressées. Bien que ces discussions se poursuivent, nous n’avons jusqu’à présent reçu aucune offre ferme de la part des acheteurs potentiels de l’usine. » Les consultations devraient s’achever à la fin du deuxième trimestre. Toutefois, le processus de vente se poursuivra tout au long de la phase de consultation et UPM déclare qu’il « reste déterminé à vendre l’usine s’il reçoit une offre appropriée. »

>>> L’industrie papetière française demande à être reconnue comme « nécessaire à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale » Le 18 mars, Copacel a publié un communiqué de presse. En voici de larges extraits. « Face à la crise majeure occasionnée par la dissémination du coronavirus, Copacel salue la préparation par le Gouvernement de la Loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19, qui devrait être adoptée vendredi 20 mars. Dans le cadre de l’élaboration de ce texte, Copacel a demandé aux Pouvoirs publics que l’industrie papetière soit reconnue, conformément à l’article 15, comme étant l’un des « secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale ». Cette reconnaissance doit permettre une poursuite de l’activité de sites industriels indispensables à la vie de la Nation. Car, à titre d’exemples, sans papiers et cartons d’emballages, la production de caisses de conditionnement, sacs, cartonnettes, devient impossible et bloque les chaînes logistiques (biens alimentaires, médicaments, matériel médical…) [Copacel rappelle également l’importance des papiers d’hygiène et de la pâte de cellulose ainsi que des papiers graphiques et spéciaux, N.D.L.R.] (…) Cette reconnaissance doit s’accompagner d’une communication de large ampleur de la sphère publique, ceci afin de rappeler l’importance des secteurs productifs nécessaires à la sécurité de la Nation. Une telle démarche permettrait en effet de donner un sens à l’implication professionnelle des salariés, dans un contexte où, de manière compréhensible, beaucoup d’entre eux, en dépit des mesures drastiques de protection prises par les entreprises papetières, se posent la question de savoir s’ils doivent se rendre sur leur lieu de travail. Cette reconnaissance, enfin, doit sécuriser les approvisionnements en matières premières (PCR issus des centres de tri…) et les différentes activités (logistique….) indispensables à ce que, dans les jours à venir, les Français trouvent dans leurs commerces les produits alimentaires et de première nécessité dont ils ont besoin. A l’heure où ce communiqué est publié, plusieurs papeteries sont en train d’arrêter leur production. »

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Investissement CONDAT CONFIE À ALLIMAND LA RECONSTRUCTION DE LA PM 8 ET INVESTIT DANS UNE CHAUDIÈRE CSR Condat peut enfin se projeter dans l’avenir. Au cours d’une visite effectuée le 13 février, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, a indiqué que Lecta, maison-mère du site périgourdin, va transformer la ligne 8, arrêtée en avril 2019, afin de produire des papiers techniques (adhésifs). Le constructeur Allimand a été retenu pour réaliser cet investissement. En outre, la future installation d’une chaudière utilisant des Combustibles solides de récupération (CSR) devrait permettre d’améliorer la compétitivité du site en abaissant significativement ses coûts. L’usine réduirait également ses émissions de CO2 de près de 30.000 t/an. Le projet, dont le montant global s’élève à 36 M€, est cofinancé à hauteur de 14 M€ par l’Etat via le Fonds chaleur opéré par l’Ademe. Cet apport complète le prêt de 19 M€ voté par le Conseil régional de Nouvelle Aquitaine. Enfin, le groupe Lecta a finalisé son plan de recapitalisation. Carton ondulé CARTONNERIE DE L’ONDAINE INVESTIT 3 M€ Filiale de Cartonneries de Gondardennes, Cartonnerie de l’Ondaine a lancé un programme d’investissements d’un montant de 3 M€ sur trois ans. La capacité de cette usine située à Andrézieux-Bouthéon (Loire) augmentera de 15 %, passant de 87 Mm2 par an à plus de 100 Mm2/ an. Ce site est spécialisé dans la fourniture de carton ondulé pour les petites et moyennes séries, avec des délais courts. En 2019, suite à l’installation de nouvelles cercleuses fournies par Delonca, puis d’un nouveau palettiseur automatique, le délai client a été réduit de manière significative grâce à une hausse notable de la productivité. Cartonnerie de l’Ondaine complètera cet investissement l’été prochain, avec la mise en place de tapis de transfert et d’une nouvelle dépose de protections de bas de pile qui seront livrés par Seemi. Ces


Actualités équipements amélioreront la présentation des piles de plaques pour une utilisation optimisée sur les lignes équipées de dépalettiseurs et pré-videurs. Papiers spéciaux AHLSTROM-MUNKSJÖ FINALISE LA VENTE D’ARCHES ET SE RENFORCE DANS LES APPLICATIONS DE FILTRATION ET DE STOCKAGE D’ÉNERGIE Le finlandais a bouclé la vente de ses activités dans le papier fin de son usine d’Arches (Vosges) à l’italien F.I.L.A. pour un montant de 43,6 M€, libre de dettes et de trésorerie. Cette opération avait été annoncée le 30 octobre dernier (cf. notre édition 363, p. 8). D’autre part, Ahlstrom-Munksjö a achevé la phase d’analyse et de conception de son projet visant à renforcer ses capacités dans les applications de filtration et de stockage d’énergie. Afin de répondre à la demande croissante du marché, le finlandais lance

désormais la seconde phase de ce projet. L’investissement total atteint quelque 28 M€ et l’ensemble du projet devrait être achevé au second semestre 2021. La capacité de production de filtration sera ainsi accrue à l’usine belge de Malmedy. De son côté, le site italien de Fabriano étendra ses capacités de production de supports à base de micro-fibres de verre. Une nouvelle ligne entièrement dédiée à ce marché sera également lancée à l’usine de Turin, cependant qu’une autre unité sera reconstruite à l’usine de Binzhou (Chine). Enfin, en fin d’année dernière, le groupe a signé un protocole d’accord non contraignant en vue d’acquérir Hebei Minglian New Materials Technology. Ce producteur chinois de papier décor possède une machine d’une capacité de 50.000 t/an lancée fin 2018. Le montant de cette opération, libre de dettes, est estimé à quelque 60 M€. La transaction devait être finalisée au cours du premier trimestre.

P aperbuzz >>> INFOS EXPRESS n La Papeterie Alamigeon Papers & Technologies est à nouveau à la recherche de repreneurs. Basé en Charente, ce site emploie 28 personnes. Source : “La Charente libre”.

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P aperbuzz >>> INFOS EXPRESS n La grève qui a touché l’industrie papetière finlandaise à partir du 27 janvier s’est arrêtée le 10 février. Après deux semaines de blocage – et après des négociations qui avaient, de fait, débuté à l’été 2019 –, syndicats et patronat ont donc trouvé un terrain d’entente. Parmi les mesures prises : une hausse moyenne des salaires de 3,3 % sur 25 mois et un temps de travail accru de 24 heures au moment des arrêts estivaux. Cet accord est valide jusqu’au 31 décembre 2021. n Hannecard a réalisé l’acquisition de Rollin Rollers and Belts. Ce rachat lui permet de renforcer ses positions sur le marché des garnissages de rouleaux et de sleeves. Elle améliorera également la qualité de ses produits et de ses services tout en élargissant sa gamme et sa présence géographique. Avec son usine de Cernay, qui compte plus de 150 ans de savoir-faire, Rollin est notamment un acteur majeur du marché des garnissages de rouleaux pour l’industrie et la transformation du papier tissue. Rollin Rollers and Belts continuera à produire à Cernay, cependant que la partie administrative et la facturation seront intégrées à la structure Hannecard SAS. n Guangdong DongFang Precision Science & Technology a réalisé l’acquisition de 60 % du constructeur italien d’onduleuses BP Agnati via sa filiale à 100 %, le groupe Fosber. En 2019, BP Agnati a réalisé un C.A. de 40 M€.

Actualités Papiers couchés SAPPI EN PASSE DE FERMER LA PM 2 DE STOCKSTADT Sappi pourrait fermer la PM 2 de son usine allemande de Stockstadt. Pour faire face au recul des sortes graphiques, le groupe a en effet procédé à une revue de ses actifs en Europe qui a conclu à la nécessité de réduire le nombre de machines. Selon cette étude, la meilleure option pour y parvenir consiste à délocaliser la totalité de la production de la PM 2 de Stockstadt (soit quelque 240.000 t/an de papier couché) vers d’autres machines du groupe en Europe. Dans cette usine qui emploie 760 personnes, jusqu’à 150 salariés pourraient être concernés par cette fermeture.

Pâte HEINZEL ACCROÎT LA CAPACITÉ DE PÖLS Le groupe Heinzel investit quelque 42 M€ dans une nouvelle extension de son site de Pöls (Autriche). D’ici à la fin 2021 et en plus de la production de pâte blanchie (NBSK), cet investissement permettra de fabriquer jusqu’à 100.000 t/an de pâte écrue (non blanchie), qui servira à produire du papier kraft brun. A l’issue de cette opération, la capacité de pâte de cette usine dépassera 500.000 t/an. « Nous continuons ainsi notre ambitieuse croissance dans le papier d’emballage durable et jetons les bases de la construction d’une autre machine à papier », a précisé Kurt Maier, P.-d.g. du groupe.

Papier pour ondulé LEVÉE DE FONDS DE PLUS DE 10 M€ POUR BE PAPER Une levée de fonds, qui dépasse 10 M€, va permettre au groupe Be Paper, présidé par Henry Bréban, de poursuivre ses développements. Les banques régionales, LCL, Banque Postale et Crédit Agricole Nord de France, ainsi que la BPI et le Fonds Régional de Garantie (FRG) participent à ce tour de table à hauteur de 6 M€. CAP 3RI, société d’investissement dédiée à la 3e Révolution industrielle en Région Hautsde-France, a pour sa part investi 3 M€. Be Paper est constitué de trois sociétés : Express Découpe, Express Packaging et Wizpaper, qui ont réalisé un C.A. supérieur à 35 M€ en 2019. Lancé avant l’été 2019, le site de WizPaper (ex-usine d’Arjowiggins Papeterie de l’Aa) monte en puissance et devrait atteindre son régime nominal de 200.000 t/an au cours de l’année. Sur ce site, une onduleuse devrait également démarrer en septembre prochain.

R&D LA TECHNOLOGIE DE FILAMENTS DE CELLULOSE DÉVELOPPÉE PAR FPINNOVATIONS SERA PRODUITE PAR RESOLU La technologie de production de filaments de cellulose mise au point par FPInnovations sera à nouveau portée à l’échelle commerciale par Produits forestiers Résolu. Le papetier a en effet annoncé un investissement de 27,7 M$ dans son usine de Kénogami (Québec). FPInnovations interviendra comme partenaire de Produits forestiers Résolu dans le transfert de la technologie. Cette dernière a été développée grâce à la contribution des membres de l’industrie, des gouvernements provinciaux et grâce au financement du gouvernement du Canada (provenant du Programme des technologies transformatrices du Service canadien des forêts). Les filaments de cellulose, biomatériau extrait de la fibre de pâte de bois, possèdent des propriétés uniques qui en font un agent renforçant exceptionnel pouvant être utilisé dans une vaste gamme de produits et d’applications, dont l’amélioration des propriétés des produits en papier. De plus, ces filaments peuvent être mis en application comme agents de renforcement dans les matériaux utilisés dans divers secteurs industriels (transport par exemple) et comme agents rhéologiques afin de modifier la texture et le comportement des peintures.

Sur le site de Wizpaper, une onduleuse doit être lancée en septembre prochain.

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Actualités Bioraffinerie UPM INVESTIT DANS DES PRODUITS BIOCHIMIQUES EN ALLEMAGNE UPM annonce un investissement de 550 M€ dans la construction d’une bioraffinerie à Leuna (près de Halle-Leipzig, dans la région du Saxe-Anhalt, en Allemagne). Cette usine fabriquera des produits biochimiques de nouvelle génération, totalement à base de bois. Elle devrait démarrer d’ici à la fin 2022. Une fois opérationnelle, elle vise un objectif de ROCE de 14 %. Suite à cette annonce, UPM a revu ses investissements de 2020 à la hausse, avec une enveloppe de 1,3 Md€. D’une capacité de 220.000 t/an, cette usine permettra de transformer le bois en produits biochimiques de nouvelle génération : le bio-monoéthylène glycol (BioMEG) et les charges fonctionnelles renouvelables à base de lignine. De plus, ce site produira du bio-monopropylène glycol (BioMPG) et des sucres industriels. Les domaines d’applications du bio-monoéthylène glycol comprennent les textiles, les bouteilles en PET, les emballages et les fluides de dégivrage. Le bio-monopropylène glycol est utilisé par exemple dans les composites, l’industrie pharmaceutique, les cosmétiques et les détergents. Le marché mondial des glycols représente plus de 30 Mt et devrait croître d’environ 4 % par an. Actuellement, l’approvisionnement de ces marchés est pratiquement entièrement basé sur des matières premières fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon). Pour leur part, les charges fonctionnelles renouvelables à base de lignine sont utilisées dans différentes applications de caoutchouc, comme alternative durable au noir de carbone et à la silice. Le marché mondial combiné du noir de carbone et de la silice représente plus de 15 Mt, avec une croissance prévue d’environ 3 % par an. Ces nouvelles charges fonctionnelles renouvelables présentent également l’avantage d’avoir un poids plus léger et d’offrir une grande pureté. Habillages VALMET DÉLOCALISE AU PORTUGAL UNE PARTIE DE SA PRODUCTION DE TAMPERE Fin janvier, Valmet a annoncé des changements au sein de sa Business Unit “Fabrics”

qui appartient à sa Business Line “Services”. La production des toiles de sécherie et des toiles de filtration de grande largeur de Tampere (Finlande) sera assurée par l’unité que Valmet possède au Portugal. Au maximum 90 postes seront affectés par cette réorganisation, principalement en 2021. Toutefois, des licenciements temporaires et du travail à temps partiel seront également décidés cette année. La Business Unit “Fabrics” de Tampere emploie environ 500 personnes au total. Valmet rappelle que, ces dernières années, la production d’équipements d’évaporation de Suède et celle des systèmes de contrôle de la qualité (QCS) de Chine ont été relocalisées en Finlande. Valmet emploie 5.100 personnes en Finlande, dont 2.000 à Tampere. Constructeur ISRA VISION CONCLUT UN PARTENARIAT AVEC ATLAS COPCO L’allemand ISRA Vision, spécialiste de l’inspection de surface et des applications de vision industrielle, a noué un partenariat avec le suédois Atlas Copco. Fondée en tant que spin-off de l’Université technique de Darmstadt (Allemagne), ISRA Vision emploie quelque 900 personnes sur 25 sites de par le monde. L’entreprise a été fondée par Enis Ersü qui aura 67 ans cette année. « Nos deux segments “Surface Vision” et “Automatisation industrielle” ainsi que notre présence mondiale offrent un important potentiel de croissance et de synergies avec les activités d’Atlas Copco », a estimé Enis Ersü. Pour sa part, Atlas Copco emploie environ 37.000 employés et réalise un C.A. annuel de 9 Md€. ISRA reste basé à Darmstadt et conserve son indépendance au sein d’Atlas Copco.

P aperbuzz >>> INFOS EXPRESS n Dunapack Packaging (filiale de l’autrichien Prinzhorn) investit 52 M€ dans la construction d’une usine d’emballages en carton ondulé sur son nouveau site de Dunavarsány, à 15 km au sud de Budapest. D’une capacité de 240 millions de m2 par an, cette usine sera mise en service à l’été 2021. Jusqu’à présent, Prinzhorn a investi, en Hongrie, un montant total d’environ 600 M€. Le groupe emploie quelque 1.250 personnes dans ce pays. n Annoncée en 2018, la transformation de la PM2 de l’usine d’UPM Nordland (Allemagne) de la production de papiers fins vers la fabrication de papiers spéciaux est achevée. La ligne peut désormais fabriquer une large gamme de produits, tels que les papiers glassine, kraft et barrières. Sa capacité nominale atteint 110.000 t/an. n Fin 2019, la Cour administrative suprême (KHO) a refusé l’autorisation environnementale de l’usine de bioproduits que Finnpulp souhaitait construire à Kuopio (Finlande). Cette décision est définitive. Selon Finnpulp, le projet avait pourtant été préparé par les meilleurs experts de l’industrie forestière et papetière, tels que Pöyry. Ce processus d’autorisation aura duré près de cinq ans. Cette usine aurait nécessité un investissement de 1,6 Md€ et aurait mobilisé 3.400 personnes.

Chimie SOLENIS ACQUIERT L’ACTIVITÉ “PAPIER” DE CHEMSYSTEMS ET SE DÉVELOPPE EN AFRIQUE Solenis a signé un accord en vue de l’acquisition des activités “Papier” de ChemSystems (division d’AECI). Cette transaction devrait être conclue au deuxième trimestre. Basée à Johannesburg, ChemSystems produit et fournit des solutions chimiques >>> la papeterie 365 Février-Mars 2020

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P aperbuzz >>> INFOS EXPRESS n UPM a confié à Andritz la fourniture de l’essentiel des équipements de sa nouvelle unité de production de pâte qui sera construite près de Paso de los Toros (Uruguay). D’une capacité de 2,1 Mt, cette usine devrait démarrer au second semestre 2022. Le contrat comprend notamment le parc à bois, la ligne de fibres, le séchage, l’unité d’évaporation, la chaudière de récupération et une chaudière biomasse. n Archroma India a finalisé l’acquisition de l’activité OBA (azurants optiques) à base de stilbène de BASF India. L’opération comprend la technologie OBA, le portefeuille de produits ainsi que l’unité de fabrication d’Ankleshwar, qui emploie une centaine de personnes.

Actualités >>> spécialisées pour les industries fortement utilisatrices d’eau, dont les secteurs de la fabrication des pâtes, des papiers et du tissue en Afrique du Sud et sub-saharienne. Jusqu’à cette acquisition, cette entreprise était le distributeur de produits chimiques de spécialités pour les secteurs de la pâte et du papier de Solenis en Afrique. « Il s’agit d’une excellente occasion de conti-

>>> IN MEMORIAM

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incent Bertrand, ingénieur d’applications chez Kolb, est brutalement décédé début février. Vincent était passionné par son métier et faisait preuve d’un engagement sans limites auprès de tous ses clients papetiers. La Papeterie adresse ses très sincères condoléances à ses proches ainsi qu’au personnel de Kolb.

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nuer à consolider notre canal de commercialisation après la récente fusion réussie de l’activité “Papier et produits chimiques pour l’eau” de BASF avec Solenis », a estimé John Panichella, président et CEO de Solenis.

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>>> NOMINATIONS n En janvier, Ignazio Capuano, CEO du papetier italien Ignazio Capuano. Burgo, a succédé à Karl-Henrik Sundström à la présidence de Cepi pour un mandat de deux ans. Vice-président d’Assocarta, association qui regroupe les producteurs italiens de papiers & cartons, Ignazio Capuano a rejoint Burgo en 2016. Il avait précédemment été D.-g. de Saffa et CEO de Reno de Medici (RdM). Il a également travaillé dans d’autres domaines : l’énergie (RWE Italie), la banque (Manufacturers Hanover Trust of New York, aujourd’hui JP Morgan Chase) et le conseil en stratégie (KPMG).

de luxe pour la division des papiers spéciaux de James Cropper, poste nouvellement créé. Tricia Hartmann travaillait précédemment pour Arjowiggins Creative Papers. n Howard Coker a succédé à Rob Tiede, parti à la retraite, au Howard Coker. poste de CEO de Sonoco. Howard Coker était jusqu’à présent SVP de la division “Paper/Industrial Converted Products” du groupe.

n Le 1er avril, Andrew King succèdera à Peter Oswald, au Peter Oswald. poste de CEO du groupe n Après avoir assuré, pen- Mondi. Jusqu’à présent Chief dant plus de sept ans, les Financial Officer (CFO), Anfonctions de président et drew King possède une exde CEO, Lars Idermark périence de 17 ans, au sein du (63 ans) a annoncé son dé- groupe Mondi, au cours despart de Södra. Peter Karls- quelles il a occupé différentes son, actuel CFO du groupe, fonctions stratégiques. Pour assure l’intérim avant la sa part, Peter Oswald sera nomination d’un successeur. le nouveau président et CEO du papetier autrichien n Tricia Mayr-Melnhof Karton à Hartmann a compter du 1er avril pour été nommée un contrat de cinq ans. Il responsable succèdera à Wilhelm Hörmondiale de manseder, qui part à la reTricia Hartmann. l’emballage traite.

n International Paper a nommé Sophie Beckham au poste nouvelSophie Beckham. lement créé de “Chief Sustainability Officer”. Sophie Beckham a rejoint IP en 2013 afin de diriger les actions du groupe en matière de gestion forestière et de développement durable. n Stéphane Delar est le nouveau CEO de la papeterie Cenpa, située à Stéphane Delar. Schweighousesur-Moder (Bas-Rhin). Dans ses précédentes fonctions, il a notamment travaillé pour Progroup, en Allemagne, en Italie et en France. Il a ainsi dirigé l’usine de Douvrin (Prowell). n Stefano Pecchia a été nommé “Energy Technology Director ” de Toscotec.

Stefano Pecchia.

n David Deparis est de retour au sein du groupe DS Smith. Il a été nommé D.-g. de la Papeterie de Rouen. Dans ses précédentes fonctions, il était D.-g. adjoint aux Papeteries de Vizille.



I n Situ

L’Usine du mois

Papeterie Le Bourray :

c’est la ouate, couleur et aussi recyclée, qu’elle préfère ! Un an après le rachat des deux machines à ouate couleur de l’usine du Bourray par la société familiale CGMP suite à la liquidation judiciaire du groupe Sequana (Arjowiggins), le site sarthois créé en 1844 repart de l’avant et lance des projets. Les installations de désencrage sont en cours de redémarrage et, cet été, une nouvelle caisse de tête sera installée sur la MAP 4. Visite guidée avec son P.-d.g., François Bourdin.

François Bourdin : « Il était crucial que cette papeterie poursuive son activité car elle est le principal fournisseur de matières premières de CGMP. Il en allait aussi de la vitalité de notre bassin d’emplois et de l’économie locale. »

O

n pourrait presque dire que l’histoire était écrite. Car si le transformateur CGMP (Comptoir général des matières premières, spécialisé dans les produits en papier pour les arts de la table), s’est installé à Tuffé, dans la Sarthe, en 1974, c’était, à l’époque, pour se rapprocher… de son principal fournisseur, Arjomari-Prioux, installé à une vingtaine de kilomètres. Suite au rachat, fin mars 2019, des machines de la papeterie Le Bourray dédiées à la ouate de cellulose, ainsi que des trois lignes de désencrage et de l’ensemble des bâtiments, la boucle est, en quelque sorte, bouclée.

UNE OPÉRATION DE 11 M€

Après une longue période d’incertitude – consécutive à la liquidation du groupe Sequana (maison-mère d’Arjowiggins) –, au cours de laquelle l’usine de Saint-Mars-la12

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Brière (près du Mans) a été arrêtée deux fois dix jours, le 1er avril dernier, à 4 heures du matin, le site a recommencé à produire de la ouate de cellulose couleur sur ses deux machines (MAP 3 et 4) qui affichent une capacité totale de 30.000 t/an. « Il était crucial pour CGMP que cette papeterie poursuive son activité car elle est notre principal fournisseur de matières premières. Il en allait aussi de la vitalité de notre bassin d’emplois et de l’économie locale », explique François Bourdin, P.-d.g. de l’usine qui a été rebaptisée “Pa- Les deux MAP affichent une peterie Le Bourray”. Le site emploie désor- capacité de production de mais 116 personnes, 30.000 t/an de alors qu’il comptait ouate couleur. 250 salariés précédemment. En effet, la MAP 1 qui produisait 70.000 t à 80.000 t/an de papiers graphiques à partir de Papiers & cartons à recycler (PCR) n’a pas trouvé de repreneur et est donc à l’arrêt. Tous les salariés qui travaillaient, en production, sur les machines tissue et deux personnes employées sur la MAP 1, ainsi que le personnel du laboratoire, ont été repris. Huit autres personnes ont également rejoint le site, en provenance du siège parisien d’Arjowiggins ainsi que de l’autre usine sarthoise d’Arjowiggins, basée à Bessé-sur-Braye (et qui a été arrêtée). « Dans la région, la chute du groupe Arjowiggins a constitué un véritable traumatisme, poursuit François Bourdin. Pour notre part, il nous a fallu retisser une relation de confiance avec les salariés, les clients et les fournisseurs. Par ailleurs, nous n’avons bénéficié d’aucune aide publique. D’un montant global de 11 M€, notre opération a été financée ainsi : 2 M€ placés dans le capital, 1 M€ dans le compte courant et 8 M€ par emprunts bancaires. »

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L’Usine du mois

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INTÉGRATION EN AMONT Avec cette acquisition, CGMP poursuit une stratégie d’intégration en amont. Le transformateur, qui a réalisé un C.A. de 37 M€ en 2019 et qui emploie 140 personnes, produit 12.000 t/an de nappes et de serviettes, imprimées ou pas (blanches et couleur), sur une cinquantaine de machines. Fondée en 1954 par Lucienne Stepak, belle-mère de François Bourdin (cf. encadré p. 16), la société était d’abord spécialisée dans les papiers & cartons récupérés. Vingt ans plus tard, en 1974, elle déméEn 2019, CGMP nage dans la Sarthe afin de s’agrandir et a enregistré un de se rapprocher de son principal fourC.A. de 37 M€ et a nisseur, la papeterie du Bourray, laquelle produit 12.000 t avait été rachetée, quatre ans plus tôt, de nappes et par le groupe Arjomari-Prioux. A cette serviettes. même date, le site se spécialise en effet dans la production de ouate de cellulose. « Le savoir-faire de cette papeterie est exceptionnel avec des personnes très qualifiées dans tous les métiers, notamment pour élaborer la recette de nos 260 couleurs, souligne François Bourdin. Notre gamme Kaleido est très recherchée partout dans le monde. Nous bénéficions pleinement de l’image et du savoir-faire des arts de la table à la française. » « Le carnet de commandes de la papeterie est rempli pour cette année, ajoute François Bourdin. Nous tablons sur un C.A. d’environ 35 M€, à comparer à 26 M€ enregistrés sur les neuf mois d’activité de 2019. Notre premier bilan pour Pour la l’exercice 2019 a été positif. » Les deux mapapeterie, chines tissue produisent des grammages l’exercice 2019 compris entre 16 et 30 g/m2. Le site faa été positif et brique environ 50 % de papier blanc et le C.A. devrait 50 % de papier couleur à partir de pâte atteindre 35 M€ en 2020. marchande (résineux et feuillus). >>>

>>> Repères. Données techniques ■ Equipements. MAP 3 (1966). Laize de 1,80 m, 1.000 m/min, 8.000 t/an • MAP 4 (1985). Laize de 2,80 m, 1.500 m/min, 22.000 t/an • Trois lignes de désencrage (40.000 t/an) • Une station d’épuration • Deux chaudières (cogénération gaz) ■ Principaux fournisseurs. Feutres :Voith, Heimbach et Andritz • Revêtements de rouleaux : Stowe/Andritz (Andritz Fabrics and Rolls), Hannecard, Voith et Valmet • Produits chimiques & colorants : Steiner, Archroma, Robama, Cromatos, Nalco et Solenis. Pâte marchande : CMPC, Itochu, Södra et Ence (fibres courtes) ainsi que Södra, Metsä et Stora Enso (fibres longues)• PCR : Paprec,Veolia et Passenaud ■ Certifications. ISO 9001, 14000, 45000 et 50001. Certificat de “compostabilité” en cours d’obtention ■ 116 salariés dont une quinzaine employés dans l’atelier de mécanique/maintenance ■ Papeterie Le Bourray est membre de Copacel, cependant que CGMP est adhérente à Group’Hygiène et au Club MCAS

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>>> Papeterie Le Bourray : historique

C

réé en 1844, le site de SaintMars-la-Brière était, à l’origine, spécialisé dans la filature du chanvre mouillé. A la fin du XIXe siècle, l’usine est transformée pour produire du papier-cigarette. Après avoir fait faillite en 1924, elle est rachetée, trois ans plus tard, par Pierre Lescop, vendeur de machines à papier. La SA Papeterie du Bourray est créée. La première MAP est lancée en 1928. Elle produit alors 4 t/j. Six ans plus tard, cette machine est convertie à la production de pelure à copier et de bulle corde. En 1948, une 2e MAP est lancée et, en 1951, le site démarre la production de papier recyclé pour I.E. En 1966, la MAP 3, qui produit du papier tissue, démarre. L’usine compte alors trois machines. En 1970, Pierre Lescop vend la société au groupe Arjomari-Prioux. Quatre ans plus tard, l’usine se concentre uniquement sur la ouate de cellulose (100 t/j et 230 salariés). La VP 1 (première unité de désencrage) démarre en 1984 et, un an plus tard, la MAP 4 remplace la MAP 2. L’usine produit alors 165 t/j. Dans les années 1990, le site poursuit ses investissements dans le désencrage (VP 2 et VP 21). En 2001, Arjomari-Prioux entre dans le groupe Arjowiggins et, deux ans plus tard, les Papeteries du Bourray deviennent Arjowiggins Le Bourray SAS. En 2011, une ligne de découpe (format A4) est installée. Le 8 janvier 2019, Arjowiggins est mis en liquidation judiciaire. Le 29 mars, CGMP rachète, à la barre du Tribunal de commerce de Nanterre, les deux machines à ouate, les trois unités de désencrage, la station d’épuration, l’ensemble des bâtiments, ainsi que le stock de matières premières, de produits finis et de pièces détachées.

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>>> Tous les papiers sont vendus en

bobines. Au global, 90 % de la production est destinée aux arts de la table, les 10 % restants desservant les marchés du médical et des spécialités (couches-bébé). « A terme, notre objectif est de mieux équilibrer notre activité entre le secteur des arts de la table et celui du médical », explique François Bourdin.

Chaque machine suit un cycle de production de deux semaines, qui s’étend du noir au blanc, en passant par le rouge et le bleu. L’usine ne propose pas de couleurs standard… mais 260 teintes !

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NOUVELLE CAISSE LA MAP 4

DE TÊTE

TOSCOTEC

SUR

Si le site a bénéficié d’investissements limités au cours des deux dernières décennies, les nouveaux propriétaires ont déjà dépensé 1,5 M€ en 2019 et une enveloppe de 2 M€ est prévue cette année. Une nouvelle caisse de tête sera lancée, en juin prochain, sur la plus 3,5 M€ : c’est grande machine, la MAP 4. le montant Fourni par le constructeur investi dans la papeterie italien Toscotec, cet équien 2019 et pement permettra d’élargir 2020. la gamme de grammages (14 à 34 g/m2). Cette reconstruction comprend la modification du circuit court, avec l’installation d’une nouvelle “fan-pompe” et d’une caisse de tête TT entièrement hydraulique. Conçue pour fonctionner dans la configuration “Tisco Former”, elle pourra, par la suite, être reconfigurée en position “Crescent Former”.Toscotec fournira l’ingénierie de détail, le démontage des composants existants et l’installation des nouveaux éléments, ainsi que la mise en service, la supervision du démarrage et la formation du personnel. Le temps d’arrêt sera inférieur à une semaine. Cette reconstruction vise à améliorer la qualité de la formation de la feuille et du profil de grammage sens travers. La vitesse de la machine sera également augmentée. « Cet investissement nous permettra de développer des nouveaux marchés, indique François Bourdin. Par ailleurs, au cours des deux prochaines années, le cylindre Yankee de la MAP 3 pourrait également être changé. »

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I n Situ

c’est ant ans erie et

La ouate de cellulose est uniquement destinée à être transformée en nappes et serviettes, produits à haute valeur ajoutée.

REDÉMARRAGE DU DÉSENCRAGE Autre annonce : le redémarrage, pleinement effectif d’ici l’été prochain, des trois lignes de désencrage qui servaient précédemment à fabriquer le papier impression-écriture (I.E.) sur la MAP 1. Les travaux de connexion entre la préparation de pâte et les MAP sont en cours. Fin février, une première campagne a été réalisée. « Ces installations peuvent traiter 40.000 t de PCR par an, explique le P.-d.g. En toute hypothèse, si la totalité de notre capacité de désencrage était absorbée par les deux machines, 10.000 t/an seraient alors à vendre sur le marché, qui est demandeur de ce type de pâte désencrée. Mais, bien sûr, dans ce cas, l’investissement dans un presse-pâte serait nécessaire. » La nouvelle gamme de ouate recyclée s’appellera Infinity. Elle sera composée de trois sortes : un tissue blanc (100 % de PCR, gamme Infinity Blanc), un “kraft” (non blanchi, Infinity Kraft, 100 % de PCR) et un tissue couleur (Infinity Kaleido, composé de 80 % de fibres recyclées). « Certains Le site peut pays tels que l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie traiter 40.000 ou les Etats-Unis sont très demandeurs de t/an de PCR. ouate produite à partir de fibres secondaires. La nouvelle Nous ajusterons notre production en fonction gamme de de la demande des clients. » Le site bénéfiouate recyclée s’appellera ciera en tout cas du repli actuel des cours Infinity. sur le marché des PCR.

75 % À 80 % DE VENTES À L’EXPORT

La production de ouate est destinée, pour 20 % à 25 %, à alimenter le marché français. Environ les trois quarts des ventes sont donc réalisées à l’export, par deux commerciaux et trois agents. Les marchés couverts sont nombreux : l’Europe (le premier pays étant l’Allemagne), l’Australie, les Etats-Unis, l’Asie (Chine, Thaïlande…), l’Amérique du Sud ou l’Afrique du Sud. François Bourdin est lui-même très investi dans la stratégie commerciale : « Depuis mon arrivée dans la société CGMP il y a 25 ans aux côtés de mon épouse, j’ai eu le temps >>> la papeterie 365 Février-Mars 2020

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L’Usine du mois FRENCH FAB ET SAGA FAMILIALE

François Bourdin dans l’atelier des produits finis. La commande minimale est de 4 t.

>>> CGMP. Dates clés ■ 1954. Création de la société à Saint-Denis (région parisienne) par Lucienne Stepak, mère de Céline Bourdin. CGMP est alors spécialisée dans la récupération des PCR ■ 1962. Première machine de production de nappes en papier et au format ■ 1970. Première machine de nappes trois couleurs ■ 1974. La société s’installe à Tuffé Val de la Chéronne (Sarthe) ■ 1977. Première machine de serviettes ouate ■ 2005. Céline Bourdin-Stepak devient présidente de CGMP SAS ■ 2013. Obtention du label “Origine France Garantie” et de l’écolabel ■ 2017. Première machine numérique pour serviettes ■ 2019. Certifications FSC et PEFC. Rachat d’Arjowiggins Le Bourray. Aujourd’hui, CGMP transforme 12.000 t de ouate par an sur une cinquantaine de machines, réalise un C.A. de 37 M€ et emploie 140 personnes.

>>> de parfaitement connaître le terrain.

Toutes ces relations m’ont ouvert de nombreuses portes. Elles me permettent aujourd’hui d’expliquer à notre clientèle, dans de très bonnes conditions, les avantages que procure la parfaite maîtrise de notre chaîne amont. » Pour sa part, CGMP réUne société alise 95 % de son C.A. commune a auprès des grossistes été créée avec et des distributeurs MP Hygiène et (Bunzl, Orapi, Heegeo Canson afin de …), le solde alimentant regrouper les la grande distribution. achats de pâte. Papeterie Le Bourray a également créé une société commune avec MP Hygiène et Canson afin de regrouper les achats de pâte. Par ailleurs, la société sera exposante sur le Salon Tissue World, qui se tiendra à Düsseldorf en 2021.

Le nouveau logo réaffirme l’identité et l’histoire du site.

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A l’instar de nombreux papetiers, François Bourdin déplore la désaffection des jeunes générations pour l’industrie. « Notre papeterie a adhéré à la “French Fab”, bannière étendard de l’industrie française, explique le CEO. Mon épouse préside le comité “French Fab” dans la Sarthe et travaille beaucoup dans la région Ouest. Nous souhaitons en particulier montrer aux jeunes que l’industrie propose de beaux métiers, qu’elle a un avenir et qu’elle a besoin de talents. Il faut redonner à l’industrie ses lettres de noblesse. » Notre interlocuteur souligne aussi les vertus de la formation continue, de Papeterie l’expertise, de la polyvalence Le Bourray a adhéré à et de l’apprentissage – la la “French papeterie compte d’ailleurs Fab”. actuellement trois apprentis. Un an après la reprise, l’enthousiasme domine toujours largement chez notre interlocuteur qui se définit comme « un entrepreneur dans l’âme » : « En achetant cette papeterie, nous avons découvert le monde très noble de la production. J’apprécie cette aventure humaine et je me félicite de la qualité, de l’implication et de la fierté du travail bien fait de l’équipe qui nous a rejoints. » Quelles seraient les principales différences entre CGMP et Le Bourray ? « La charge morale d’une usine qui ne doit jamais s’arrêter, dans laquelle la sécurité doit être respectée sans relâche et où toute interruption est très coûteuse ! » Si ce diplômé de l’Ecole des cadres de Paris (devenue EDC Paris Business School) aime parler “cash” et ne mâche ses mots, il sait aussi manifester une certaine humilité, indiquant par exemple qu’il lui a fallu « un peu de temps pour endosser le costume de papetier. » Ce qui est sûr, c’est que ce passionné d’automobiles (en particulier de voitures anciennes), également marathonien, a de l’énergie à revendre ainsi que le goût du risque et de l’endurance. « Avec mon épouse, nous avons racheté CGMP en 2005 et aujourd’hui, l’aventure rebondit, conclut-il. Il y a six mois, mon fils a créé une start-up, UniqPaper, qui commercialise, on-line, des serviettes en papier personnalisées. Nous mettons tout en œuvre pour que notre saga familiale autour du papier se poursuive ! »

VALÉRIE LECHIFFRE



P ortrait

Entretien

Jean-François Guillot :

« L’industrie papetière française, bien qu’elle soit en mutation, présente toujours un beau potentiel pour Fibre Excellence » Depuis 18 mois, Jean-François Guillot est le D.-g. (Chief Operating Officer) de Fibre Excellence SAS, entité qui chapeaute les deux usines de pâte de Fibre Excellence situées à Tarascon et Saint-Gaudens. S’il partage son temps entre le Canada et la France, Jean-François Guillot a prévu de s’installer prochainement dans l’Hexagone où le groupe travaille sur divers développements. >>> Repères ■ Paper Excellence Depuis sa création en 2008, Paper Excellence Canada compte parmi les grands producteurs de pâte d’Amérique du Nord. Le groupe exploite trois usines de pâte NBSK en Colombie-Britannique (Howe Sound, Mackenzie et Skookumchuck), une usine de pâte kraft en Nouvelle-Écosse, Northern Pulp Nova Scotia et une usine de BCTMP située en Saskatchewan, Meadow Lake. L’usine Northern Pulp a été arrêtée en janvier 2020 pour une durée indéterminée. Soit une capacité totale de 1,6 Mt/an. Début 2019, Paper Excellence Canada a également racheté le groupe américain Catalyst Paper (1,3 Mt de papiers et 336.000 t de pâte). Par ailleurs, le groupe étudie le redémarrage de l’usine de Prince Albert (province du Saskatchewan), arrêtée en 2006. ■ Fibre Excellence w Deux sites :Tarascon et SaintGaudens • 555.000 t/an • Plus de 600 collaborateurs • Une filiale commune, Sebso, dédiée à l’approvisionnement en bois w Siège basé à Labège, près de Toulouse, qui compte une quinzaine de personnes, réparties à parité entre les services administratifs et les ventes

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n peu difficile de caler un rendez-vous avec Jean-François Guillot ! Car ce Canadien, jusqu’ici installé au Royaume-Uni, partage son temps entre plusieurs usines, basées au Canada et en France. Autant dire qu’il jongle avec les fuseaux horaires. Toutefois, son installation à Labège, siège de Fibre Excellence SAS près de Toulouse, est au programme de cette année. Car si Jean-François Guillot est responsable des deux usines françaises de pâte, il est aussi en charge d’unités de Paper Excellence en dehors de la Colombie britannique (cf. encadré ci-contre). « Fibre Excellence est une entité indépendante, autonome, avec son bilan, ses clients et son programme d’investissements, explique le D.-g. Elle est, en quelque sorte, la sœur jumelle de Paper Excellence, au Canada ». Dans l’Hexagone, Fibre Excellence possède deux sites : Tarascon (Bouches-duRhône, d’une capacité de quelque 250.000 t/an) et Saint-Gaudens (Haute-Garonne, d’une capacité d’environ 300.000 t/an). En 2019, la société a enregistré un C.A. de 250 M€ (y compris l’activité “Bois”). « Nous estimons qu’en France, l’industrie papetière, bien qu’elle soit en mutation, présente toujours un beau potentiel », estime Jean-François Guillot.

SAINT-GAUDENS : PROJET BIO2

Suite à l’appel d’offre CRE5, la construction d’une centrale biomasse de 25 MW est en voie de finalisation sur le site de Saint-Gaudens. Les premiers tests de performances des équipements sous pression sont en cours. Le montant de ce

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projet s’élève à quelque « Suite au 32 M€. recul du Sur ce site, Fibre Excel- marché de lence travaille, depuis l’impression2015, sur un projet de écriture, nous recherche, baptisé BIO3, devons étudier qui arrive à son terme d’autres relais cette année1. Objectif : de croissance. valoriser les différents Pourquoi pas composés du bois, en dans la pâte particulier les sucres pour textile (C5 et C6) et le furfural, à Saintpour des applications Gaudens ? » dans les industries de l’alimentaire et de la chimie. Les sociétés qui se sont lancées dans ce projet sont Roquette et Seppic (filiale d’Air Liquide) pour l’utilisation des sucres et Pennakem (filiale de Minakem) pour celle du furfural. Sans oublier Eurodia, spécialiste des procédés industriels de purification des fluides, ainsi que les partenaires académiques (Grenoble INPPagora et Toulouse INP-LCA). Ce projet a mobilisé 5,2 M€ dont 30 % de fonds publics (Région Occitanie et BpiFrance). Par ailleurs, l’usine de Saint-Gaudens pourrait s’orienter vers la production de pâte pour textile, à partir d’un procédé “vert”. « Le marché des papiers impression-écriture (I.E.) diminue partout dans le monde, sauf en Asie, précise JeanFrançois Guillot. En France, suite à la faillite du groupe Arjowiggins, ce segment s’est encore tari. Nous devons donc étudier d’autres relais de croissance. Mais ce projet de diversification dans la pâte pour textile nécessiterait trois à cinq ans de développement. Nous déciderons de lancer ce projet avant la fin de l’année 2021. »

La p sera à de d’e s c Ell ain de graph fo


Entretien TARASCON : LANCEMENT DE LA PÂTE ÉCRUE EN 2019

Sur le site de Tarascon, qui produit de la pâte uniquement à partir de résineux, environ 30 M€ ont été investis ces deux dernières années, en particulier afin que le site se conforme aux normes du Bref papetier2. « Nous avons progressé et nous avons davantage travaillé avec les parties prenantes et les différentes communautés autour de l’usine, précise Jean-François Guillot. Nous avons diminué nos nuisances sonores et nous cherchons désormais à réduire encore davantage les odeurs. » Fibre Excellence traLa nouvelle vaille dorénavant à la pâte écrue commercialisation d’une sera destinée pâte écrue (donc non à produire blanchie) afin de desserdes papiers vir les usines produisant d’emballage, des papiers d’emballage secteur en (carton, papier pour croissance. ondulé…). Ces sortes Elle prendra sont en effet en forte ainsi le relais croissance, en France des papiers et en Europe, et donc graphiques, en à même de prendre fort déclin. le relais du déclin des papiers graphiques. « Selon nous, la pâte écrue présente de belles opportunités, ce qui nous permettra de mieux stabiliser notre activité dans le temps, avec des clients de long terme », indique le CEO. Les investissements en cours ne sont pas destinés à augmenter les volumes mais à s’assurer que les systèmes de tamisage et de raffinage soient les plus performants possibles. Le site de Tarascon, qui dessert surtout, outre le Nord de la France, l’Italie et l’Allemagne, devrait ainsi se développer davantage sur le marché espagnol, fortement consommateur d’emballages.

SÉCURISATION DES APPROVISIONNEMENTS EN BOIS

Les approvisionnements en bois sont différents sur les deux sites, Saint-Gaudens travaillant sur un mix composé de feuillus et de résineux, cependant que Tarascon n’utilise que des fibres longues. Ces deux usines sont par ailleurs certifiées PEFC. « En France, nous avons bâti un modèle de business pérenne et nos approvisionnements sont désormais stables, équilibrés et sécurisés, explique le COO. A Tarascon, nous avons

beaucoup communiqué auprès des propriétaires forestiers sur l’idée que leur exploitation peut leur apporter des revenus et que notre dispositif de mobilisation respecte toutes les règles de l’art. D’autre part, nos approvisionnements sont effectués dans un rayon de 200 à 250 km. Ce qui constitue un atout car nous sommes convaincus que les unités de taille plus restreinte garderont leur place dans un monde où les coûts de transport devront, sans cesse, être réduits. Bien entendu, il est difficile de rivaliser avec, par exemple, les producteurs sud-américains, en matière de coûts sociaux et de production ou encore s’agissant de la croissance des arbres. Mais la régionalisation des approvisionnements en fibres et des marchés-clients contribuera à une certaine stabilité de notre secteur. »

50 % DES VENTES RÉALISÉES EN ASIE ET 50 % EN EUROPE

Au cours de ces dernières années, la structuration des marchés-clients de Fibre Excellence a beaucoup varié, avec un mouvement de balancier entre l’Europe et l’Asie. En 2018, le marché européen a été dynamique et a absorbé jusqu’à 70 % des ventes, 192.000 t sur l’usine de Tarascon et 255.000 t sur celle de Saint-Gaudens, notamment grâce au maintien de son activité dans les papiers I.E. et à la croissance du tissue. Toutefois, en 2019, sur les 450.000 t produites par Fibre Excellence, 50 % ont été exportées en Asie et 50 % ont été vendues en Europe, avec une part importante de l’Italie (17 %), de la France (15 %) et de l’Espagne (10 %). L’année dernière, 53 % de la pâte produite par les usines françaises a servi à fabriquer du papier I.E., 26 % du papier absorbant/ hygiène et 13 % des spécialités, le solde alimentant le marché de l’emballage. « Suite à la liquidation du groupe Arjowiggins, en France, nos ventes se sont rééquilibrées entre l’I.E., le papier tissue et les spéciaux, commente Jean-François Guillot. Nous sommes également très présents auprès des producteurs de papier tissue en Italie, en Espagne et au Portugal. Pour 2020, notre carnet de commandes est plein. » Le marché de la pâte est actuellement impacté par des facteurs endogènes et exogènes mondiaux : fermeture des importations chinoises de PCR, montée du “Plastic Bashing”, tensions commerciales >>>

P ortrait

>>> Bio Express

Â

gé de 54 ans, Jean-François Guillot a effectué toute sa carrière dans l’industrie papetière. Il est aujourd’hui viceprésident du groupe Paper Excellence en charge des usines situées hors de la Colombiebritannique (c’est-à-dire les sites de Northern Pulp Nova Scotia, Prince Albert et Meadow Lake). En octobre 2018, il a également été nommé D.-g. (Chief Operating Officer) de Fibre Excellence SAS qui réunit les deux usines françaises de Tarascon et Saint-Gaudens. Il a succédé à Philippe Gaudron. Diplômé en génie du bois, en 1988, de l’Université de Laval (Québec), il débute sa carrière en enseignant la chimie du bois, pendant quatre ans, à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Il rédigera ensuite des manuels dédiés aux papetiers, rejoindra un centre d’environnement et deviendra représentant technique pour un fabricant de produits chimiques. En 2000, il poursuit sa carrière comme ingénieur de procédé en intégrant le groupe Abitibi-Consolidated. Il gravit ensuite les échelons au sein de plusieurs grandes sociétés forestières et papetières (Abitibi Bowater, Bridgewater, Resolute Forest Products et Kruger). C’est en mars 2018 qu’il rejoint Paper Excellence.

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P ortrait

Entretien

>>> Côté perso… w Qualités. « Je suis passionné dans tout ce que j’entreprends. Je m’adapte bien, j’aime les nouvelles situations et le changement. Je crois également beaucoup à la responsabilisation de chacun : je laisse faire avec des mandats clairs. J’aime également me nourrir de perspectives différentes. » w Défauts. « Impatient. » w Ce qui vous met en colère. « Je ne me mets jamais en colère. » w Ce qui vous met de bonne humeur. « Je suis toujours de bonne humeur. » w Qualités essentielles que doivent avoir vos collaborateurs. « Autonomie, capacité d’analyse, être moteur et prendre du plaisir au travail. » w Meilleur souvenir professionnel. « Avoir une équipe dynamique qui travaille en interdépendance et en collaboration. » w Pire souvenir. « Faire une erreur de procédé et produire 1.800 t de papier journal rose... » w Autre secteur d’activité qui vous aurait plu. « L’activité minière. » w Art préféré. « La musique. » w Plat. « Aucun en particulier : j’aime découvrir des saveurs différentes. » w Films. « Je ne regarde pas vraiment la télévision. J’aime bien les dessins animés qui présentent une certaine forme de valeur morale (comme “Up”) ou ceux qui sont humoristiques (“Flushed Away” par exemple), qui pointent les différences de culture entre Anglais et Français. Les dessins animés ouvrent toutes les possibilités et l’imagination. » w Couleur. « Le bleu marine qui représente la profondeur de la mer. » w Dernier livre lu. « “Douze règles pour une vie” de Jordan Peterson. » w Vacances idéales. « Avec mes filles et mon épouse. » w Hobby. « Le cyclisme que je pratique depuis l’âge de 15 ans. » w Devise. « Toujours regarder plus haut. »

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>>> entre les Etats-Unis et la Chine et, désormais, impact du coronavirus sur la croissance chinoise et l’économie mondiale. « Dans notre secteur, les hauts et les bas sont fréquents et les prévisions de plus en plus aléatoires et changeantes, estime JeanFrançois Guillot. Les cycles sont beaucoup plus rapides et nous devons nous y habituer. Pour notre part, nous prônons la stabilité sur toute la filière. Car toute En 2019, variation trop forte des 53 % de la pâte prix, à la hausse comme produite a servi à la baisse, peut créer à fabriquer du une forme de chaos. papier I.E., Cette situation n’est 26 % du papier pas nouvelle : depuis absorbant/ des décennies, le sechygiène et 13 % teur s’interroge sur la les spécialités, manière de bâtir une le solde industrie plus prospère. alimentant Des progrès ont été le marché de accomplis mais du chel’emballage. min reste à parcourir. »

IMAGE ET COMPÉTITIVITÉ

Selon notre interlocuteur, les enjeux et les façons de penser, en Europe et au Canada, ne sont pas très différents : « Partout dans le monde, les industriels doivent réagir rapidement à des environnements très fluctuants. En outre, les communautés autour des usines (salariés, voisins, associations…) prennent une importance croissante. Il faut de plus en plus écouter et répondre aux demandes afin de lutter contre l’incompréhension que continue de susciter l’industrie forestière. De manière générale, nous devons mieux anticiper les attentes de nos concitoyens, notamment en matière environnementale, d’autant que ces demandes devraient s’intensifier. » De part et d’autre de l’Atlantique, une image plus positive de l’industrie forestière et papetière reste en effet à construire : « Notre secteur travaille une ressource renouvelable et recyclable. Il a également mis en place des certifications et fait preuve d’un grand professionnalisme. Mais il rencontre toujours des difficultés pour faire passer ces messages positifs auprès du grand public. » Dans la gestion quotidienne des sites, JeanFrançois Guillot croit également beaucoup aux vertus du terrain et considère que le personnel des usines est le mieux placé pour savoir comment s’améliorer : « Chaque usine possède sa propre conscience

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sociale. Il faut avoir la philosophie d’une quête sans fin de l’amélioration et le sens du détail. C’est avec des centimes qu’on gagne des dollars ou des euros ! Par ailleurs, je souhaite que nos usines développent le mentorat et qu’elles fidélisent davantage leurs salariés. »

PRODUITS

BIOSOURCÉS ET

INDUSTRIE 4.0

Interrogé sur les évolutions futures, JeanFrançois Guillot estime que l’industrie forestière et papetière saura remplacer, par des solutions biosourcées et donc plus “vertes”, de nombreux produits jusqu’à présent fabriqués à partir du pétrole. Ce qui lui permettra de bénéficier de revenus supplémentaires. « Bien sûr, notre activité de base restera la production de pâte destinée à la fabrication du papier. Mais notre industrie contribuera aussi à la mise au point de solutions plus légères, par exemple des biocomposites. La fibre possède des caractéristiques mécaniques et physiques. Il faut la valoriser au mieux et savoir reconnaître toute sa noblesse. » Enfin, l’Industrie du futur (4.0) apparaît également comme un « Il faut valoriser facteur essentiel de la fibre au progrès : « Dans nos mieux, savoir usines, le processus reconnaître toute d’automatisation sa noblesse. Et a commencé il y a garder l’esprit quelques décennies ouvert. » déjà, avec les premiers systèmes de contrôle-commande. Les progrès actuels, obtenus grâce à l’utilisation massive des capteurs, nous permettront de rationaliser, d’optimiser et, surtout, de stabiliser nos coûts de production. » Fibre Excellence travaille ainsi sur l’Internet des objets (IoT), avec des start-up basées dans la région toulousaine, spécialisées dans des secteurs variés (aéronautique, automobile, communication…). « Il faut garder l’esprit ouvert et s’intéresser à d’autres horizons et d’autres façons de penser », conclut Jean-François Guillot. VALÉRIE LECHIFFRE

(1) Cf. reportage sur l’usine de Saint-Gaudens dans notre édition 337, Juin-Juillet 2015, pp. 30/33. (2) Cf. reportage à l’usine de Tarascon dans notre édition 349, Juin-Juillet 2017, pp. 15/18.



D ossier Environnement/Energie

Entretien

Jan Le Moux :

« La loi sur l’économie circulaire prend en compte les bénéfices environnementaux des papiers et cartons mais des points de vigilance persistent » Directeur “Economie circulaire et Politiques Produits” pour Copacel1 et délégué général de Two Sides2 en France, Jan Le Moux décrypte les conséquences, plus ou moins positives, de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire sur le secteur papetier. Il se félicite par ailleurs de la prise de conscience croissante de l’impact du numérique sur l’environnement.

◗ La Papeterie. La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a été adoptée le 30 janvier. Quel bilan général en tirez-vous pour l’industrie papetière ? ◗◗ Jan Le Moux. Cette loi a été adoptée au terme d’un processus de plusieurs mois auquel Copacel a activement participé. D’un projet initial de 13 articles, la loi est passée à 130 articles, enrichie par les sénateurs et députés pour toucher de nombreux secteurs. De manière globale, elle reflète un profond changement d’état d’esprit des responsables politiques vis-à-vis des attentes des citoyens, même si certaines dispositions, prises à la faveur d’un amendement, n’ont pas fait l’objet d’évaluations environnementales complètes. Sur le matériau papier-carton, nous nous félicitons de l’attention que ce texte porte aux spécificités de notre matériau, biosourcé et recyclable. D’autres exigences entraîneront, à l’inverse, une remise en question de pratiques pour certains usages du papier graphique ou de l’emballage en papier-carton. En effet, plusieurs mesures montrent Plusieurs une approche strictement centrée sur dispositions la production de déchet, qui est un n’ont pas fait des aspects de l’économie circulaire, l’objet d’études mais pas le seul. Par exemple, cette loi d’impacts, prévoit que les repas consommés sur alors qu’elles place dans les restaurants ne pourront apparaissent pas être servis dans des emballages comme économiquement jetables. Vouloir réduire les déchets négatives et est louable, mais est-on sûr que sans bénéfice l’alternative – par les matériaux utilisés, environnemental. l’eau et l’énergie consommées pour le lavage et par le comportement effectif du consommateur – conduira à des impacts moindres sur l’environnement ? L’étude n’a pas été menée. Et pourtant, nous connaissons un antécédent avec la promotion de gobelets consignés dans les festivals. La réalité a montré qu’étant lourds 22

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et épais, ils n’étaient pas toujours effectivement réutilisés car les participants les emportaient comme souvenirs. De la même manière, vouloir réduire la distribution de tickets de caisse est louable, mais hormis les aspects pratiques (justificatifs d’achat, garantie… auxquels les consommateurs peuvent ne pas penser), si cela conduit des enseignes à proposer des tickets soi-disant “dématérialisés”, y aura-t-on gagné, au regard de la capture des données personnelles et des impacts du numérique qui explosent ? ◗ La loi prend en compte l’intérêt environnemental du matériau papier-carton par diverses mesures. Pourriez-vous les décrire et les commenter ? ◗◗ Nous saluons effectivement le fait que la loi reconnaisse les qualités particulières de notre matériau et sa performance déjà remarquable en termes d’économie circulaire. Pour rappel, notre industrie recycle, en France, près de 5 Mt/ an de déchets de papiers & cartons et présente un taux de recyclage global (papiers & cartons) de 80 %. Les deux tiers de nos approvisionnements proviennent de la collecte et du tri des Papiers et cartons à recycler (PCR). Le solde repose sur le bois, matière première renouvelable et issu de forêts gérées durablement. La loi prévoit ainsi que certains matériaux ou produits devront comporter une teneur minimale de matières recyclées. Toutefois, les matériaux d’origine renouvelable, dont les caractéristiques seront définies par décret, sont exemptés de cette obligation. Le législateur reconnaît ainsi qu’un matériau produit à partir d’une ressource renouvelable, pour autant qu’elle soit gérée durablement, s’inscrit pleinement dans un schéma d’économie circulaire. De la même manière, les imprimés La loi reconnaît publicitaires devront, à l’avenir, être la complémentarité imprimés sur du papier recyclé ou fibres vierges/fibres issu de forêts gérées durablement. recyclées.


Entretien

D ossier Environnement/Energie

Copacel accueille également de manière favorable l’encadrement apporté par la loi à la distribution des imprimés publicitaires. Ce texte donne en effet un cadre législatif au Stop-pub, qui permet à un citoyen de ne pas recevoir de publicité s’il ne le souhaite pas, ceci sans déstabiliser la chaîne de valeur des industries graphiques. Dans ce débat souvent idéologique, le législateur ne sait pas que les différents usages du papier sont liés ; fragiliser l’imprimé publicitaire fragiliserait en réalité près de 60.000 emplois et pourrait porter un coup fatal à la presse quotidienne imprimée. Les imprimés publicitaires sont également concernés par une disposition visant à interdire l’usage d’encres minérales d’ici à 2023, une interdiction qui concernera toutes les impressions d’ici à 2025. ◗ Le texte renforce les exigences applicables à certains biens manufacturés. Quelles seront les conséquences sur les produits en papier-carton ? ◗◗ Les mesures de restrictions applicables aux emballages en plastique à usage unique, qui constituent un des volets importants de la loi, auront tendanciellement un effet d’entraînement sur la production papetière, car de nombreuses marques cherchent aujourd’hui des alternatives au plastique –

du fait de la loi, mais aussi pour répondre à une attente de leurs consommateurs. Dans le même ordre d’idée, le législateur semble prendre conscience des externalités environnementales négatives des équipements électroniques L’écocontribution et de la communication digitale. La loi d’un smartphone fixe ainsi de nouvelles obligations à ce ne représente secteur. Cela permettra un arbitrage actuellement plus juste entre médias numériques que 0,01 % de et papiers : l’écocontribution d’un son prix, vs 5 % smartphone ne représente actuellement pour du papier que 0,01 % de son prix, vs 5 % pour du bureautique ! papier bureautique ! Ces mesures votées concernant le secteur des produits électroniques (durée de garantie, fourniture de pièces détachées, interdiction de destruction des invendus et de l’obsolescence logicielle, mise en place d’un fonds de réparation ou information du consommateur sur les émissions de gaz ou effet de serre de l’usage d’Internet) constituent une première étape de régulation environnementale pour le secteur de la communication digitale. Le public, les Pouvoirs publics et les élus commencent à en découvrir les impacts environnementaux considérables.

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D ossier Environnement/Energie ◗ La prise de conscience de l’impact du numérique sur l’environnement semble effectivement enclenchée. Cela vous rend-il optimiste ? ◗◗ De fait, ces derniers mois, les médias ont mis en avant les impacts environnementaux du numérique. Dans cette prise de conscience récente, les journalistes et de nombreuses personnalités réalisent que la dématérialisation n’existe pas : les smartphones et les infrastructures sans lesquelles ils ne peuvent fonctionner ont une réalité physique qui n’est pas neutre pour l’environnement. Bien que cet exercice soit complexe par essence, The Shift Project a évalué à plus de 300 Mt de CO2 par an les émissions associées à l’usage de la vidéo sur Internet. Le Conseil Général du Développement Durable a estimé qu’un smartphone “pesait”, en réalité, 70 kg de matières premières et nécessitait 70 matériaux différents, dont certains rares et précieux, très peu recyclés. Pour leur part, deux chercheurs de l’Université de McMaster en Ontario estiment que l’industrie des Technologies de l’information et de la communication (TIC) devrait représenter 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2040. La complexité du sujet, une moindre matérialité perçue par le citoyen et le peu de transparence pour calculer les impacts écologiques du digital n’empêchent ainsi pas des chercheurs, tels que Françoise Berthoud (CNRS) de s’en inquiéter3. En janvier 2020, le mensuel Alternatives Economiques a également consacré un dossier à la face cachée environnementale du numérique, également évoquée par le chercheur François Gemenne dans Télérama4, qui explique que « l’empreinte carbone d’un e-mail stocké sur un ordinateur est infiniment plus lourde que celle d’une feuille de papier issu d’une forêt gérée durablement ». Les autres impacts, sociétaux, du The Shift Project numérique commencent également a évalué à plus à émerger dans le débat public. Le de 300 Mt de sociologue de l’EHESS, Antonio Casilli, CO2 par an a ainsi chiffré l’ampleur des emplois les émissions précaires, les travailleurs du clic, qui associées à alimentent cette intelligence artificielle l’usage de qui semble tellement fascinante. Son la vidéo sur travail a été repris dans Les Echos5. Internet. Dans le domaine cognitif, les impacts des écrans alertent les éducateurs et préoccupent les parents. Le Point, comme Télérama s’en sont fait l’écho… Economiquement, l’hégémonie des Gafa ainsi que leurs comportements d’optimisation fiscale ont depuis longtemps été mis en avant : la richesse créée par nos comportements et la consommation des Français ne bénéficient donc pas au pays. Au contraire, elle est captée par un nombre restreint d’entreprises dont les moyens pour développer de nouveaux outils digitaux encore plus puissants et consommateurs de ressources naturelles deviennent considérables. Face à cette prise de conscience qui couvre l’ensemble des aspects environnementaux, économiques et sociétaux du développement durable, une dimension manque pourtant selon nous : les réponses se focalisent souvent sur un usage “responsable” du digital ou des conseils pour éviter l’addiction 24

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Entretien

au smartphone, posant comme acquis que les outils de communication numérique sont incontournables. Tous ces médias et de nombreux intervenants institutionnels ne font pas le pas supplémentaire de questionner cet usage et de se retourner vers des moyens de communication alternatifs, respectueux de l’utilisateur, appréciés du lecteur et dont la performance environnementale n’est plus à démontrer. Pour faire un parallèle d’actualité, en cette période de campagne municipale, c’est un peu comme si on ne se préoccupait que de la promotion d’une voiture “responsable” en oubliant que l’on peut aussi développer le vélo ! ◗ Pour revenir à la loi “Economie circulaire”, quelles sont les autres dispositions qui auront un impact important pour le secteur ? ◗◗ La loi apporte de profondes modifications au fonctionnement des filières à Responsabilité élargie du producteur (REP). Si une évolution semblait nécessaire pour tenir compte notamment du “Paquet Economie Circulaire” de la Commission européenne de 2018, la France a fait le choix Parmi les filières d’adopter une logique où n’existe que REP nouvellement l’alternative entre un éco-organisme créées, celle qui et la mise en place d’un système concerne les individuel, par nature complexe à emballages non mettre en œuvre pour des produits ménagers devra collectés chaque jour en quantités être suivie avec faibles et diffuses sur tout le territoire. attention. Pourtant, la Directive européenne prévoit une REP pour les emballages industriels, dont la récupération et le recyclage sont déjà bien organisés et performants : nous aurions aimé que des dispositions adaptées soient prises pour ne pas déstabiliser cet existant, qui ne correspond pas au fonctionnement habituel des filières REP, qui concernent en effet surtout des produits ménagers. Enfin, concernant le sujet polémique de la consigne, notre inquiétude demeure quant à la manière dont cette disposition de la loi sera mise en œuvre après 2023. L’amélioration du recyclage des bouteilles en PET – lesquelles sont déjà parmi les mieux recyclées de tous les emballages en plastique – via un système de consigne ne doit pas provoquer une dégradation du fonctionnement et du financement de la collecte sélective et des centres de tri. Ce qui impacterait le recyclage des autres emballages et du papier graphique et en renchérirait inutilement le coût supporté par les acteurs. n (1) L’Union française des industries des cartons, papiers et cartons rassemble 75 entreprises qui emploient près de 12.500 personnes et qui réalisent un C.A. de près de 6 Md€. (2) Association pour un usage responsable du papier et de l’imprimé, Two Sides est une initiative mondiale sans but lucratif. Ses membres couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur : foresterie, pâte, papier, encres, produits chimiques, finition, édition, impression, enveloppes et opérateurs postaux. www.fr.twosides.info (3) Cf. Entretien au quotidien “Le Monde” du 30 septembre 2019. (4) Cf. Entretien à l’hebdomadaire “Télérama” du 6 janvier 2020. (5) Cf. Entretien au quotidien “Les Echos” du 28 mai 2019.


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Le consommateur européen face aux défis environnementaux et… à ses contradictions En préambule à la table ronde dédiée à l’économie circulaire organisée, fin novembre, dans le cadre du Congrès de l’Atip à Lille, Armand Chaigne (DS Smith Packaging France) a présenté les principaux enseignements d’un nouveau Livre blanc consacré à ce sujet. Pour sa part, Patrice Zirotti (Auchan) a exposé sa vision des achats d’emballages et du matériau papier en pleine période de “Plastic Bashing”.

E

xiste-t-il un consommateur-type d’emballages en Europe ? Quels sont ses attentes et son niveau d’information ? Comment se comporte-t-il ? Ce sont à ces questions, et à beaucoup d’autres, que ce nouveau Livre blanc dédié à l’économie circulaire, publié par DS Smith Packaging France en particulier avec le concours d’ObSoCo (Observatoire Société et Consommation), entend répondre. Après plusieurs Livres blancs dédiés à l’économie du vide, aux tendances de consommation (“Shoppers Trends”), au remplacement du plastique et à la perception, par les Français, du concept d’économie circulaire, c’est cette fois la vision de cinq pays européens que DS Smith a souhaité passer au crible. Réalisée en juillet 2019, cette enquête a été 7.000 personnes conduite auprès de 7.000 personnes ont été (dont 3.734 Français), représentatives interrogées dans de la population (méthode des quotas). cinq pays (France, Elle a concerné la France, l’Allemagne, le Allemagne, Royaume-Uni, la Pologne et la Belgique. Royaume-Uni, Chef de la BU “Industrial Market” et Pologne et “Marketing & Communication” chez Belgique). DS Smith Packaging France, Armand Chaigne a présenté les résultats de ce travail. En préambule, il a rappelé que son groupe a récemment signé un partenariat avec la fondation Ellen MacArthur. « En tant que leader, notre devoir est de sensibiliser nos clients et nos consommateurs sur les évolutions du monde », a-t-il rappelé.

SENSIBILITÉ ET MATURITÉ FLUCTUANTES SELON LES PAYS D’après cette étude, plus de huit personnes sur dix, dans ces cinq pays, considèrent que les questions environnementales sont les enjeux majeurs auxquels les sociétés humaines sont confrontées. Mais si 45 % des Allemands se disent très préoccupés, ce n’est le cas que de 25 % des Français et de 22 % des Belges. Par ailleurs, la France et l’Allemagne sont les pays les plus pessimistes quant à la capacité à relever les défis de demain : environ un tiers des Français et des Allemands interrogés estiment en effet que l’humanité est assez raisonnable pour réussir à faire face, avec succès, aux défis à relever (vs 59 % au Royaume-Uni, 57 % en Pologne et 45 % en Belgique). Si la prise de conscience apparaît donc réelle, qu’en est-il des comportements ? « Moins on est conscient de ce qui se passe, plus on a l’impression de bien agir, répond Armand Chaigne. Globalement, la France et la Pologne sont les pays les plus en retard en matière d’économie circulaire, les plus avancés étant le Royaume-Uni et l’Allemagne. » Armand Le Français est moins préoccupé par les Chaigne : emballages que l’Allemand ou le Britannique « Moins on est (70 % vs 80 %). Par ailleurs, « les Français conscient de ce agissent souvent non par prise de conscience qui se passe, plus réelle mais parce qu’ils ont peur d’être jugés », on a l’impression de bien agir. » observe Armand Chaigne. « Les Français sont-ils insuffisamment informés ? Ou bien ne prêtent-ils pas assez d’attention aux informations indiquées sur l’emballage ? Sans doute un peu les deux », estime Armand Chaigne. En outre, interrogés sur le type d’emballages qui les soucie le plus (une seule réponse possible), seulement 56 % des Français se déclarent préoccupés par les emballages plastiques (vs 74 % au Royaume-Uni et 66 % en Allemagne). La France est le pays le moins sensible sur ce sujet.

TRI ET RECYCLAGE : INFORMATIONS NÉCESSAIRES

Armand Chaigne (DS Smith Packaging France).

Si 60 % des Français indiquent trier systématiquement leurs emballages, les Belges sont 82 % à le faire. Et quand 93 % des Belges estiment qu’ils sont plutôt bien ou très bien informés au sujet du tri des emballages, cet avis n’est partagé que par 71 % des Français. Par ailleurs, 86 % des Français et des Britanniques estiment disposer d’infrastructures suffisantes (bacs, conteneurs, services de collecte…) pour recycler les papiers & cartons. Ils sont 93 % en Belgique, 91 % en Allemagne, mais… 75 % en Pologne. Et seulement six Français la papeterie 365 Février-Mars 2020

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D ossier Environnement/Energie sur dix pensent qu’il en est de même pour les films et les sacs plastiques (vs 83 % des Allemands, 47 % des Britanniques, 73 % des Polonais et 63 % des Belges). Sur ce sujet, les avis divergent donc fortement en Europe. « Pour progresser sur ces problématiques, l’information et l’éducation sont essentielles », relève Armand Chaigne. S’agissant de l’emballage et de la recyclabilité, le marché européen paraît globalement assez mature et bénéficie d’une bonne dynamique, avec un degré d’engagement croissant des citoyens en matière « L’enjeu est de sensibilisation écologique et d’informer et de d’attention portée à la santé. mettre en avant « L’emballage est un sujet de les bénéfices préoccupation pour une grande consuméristes et de majorité des pays étudiés, résume pouvoir répondre à Armand Chaigne. Le plastique la question : “Quel devient aussi un enjeu fort pour est l’intérêt pour moi ?”. » plus de 70 % de la population sondée, même si la France semble en retard. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont matures quant à leurs préoccupations en matière d’emballage, cependant que la Belgique est en nette avance en matière de tri. Ces pays disposent de suffisamment d’informations et d’infrastructures. Pour leur part, contrairement à ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et quels que soient les sujets, les Français sont moins matures (avec des écarts de 10 à 15 points). » Une dichotomie étonnante en effet ! « Pour accélérer et toucher les personnes réticentes, en particulier en France, l’enjeu est d’informer, de mettre en avant les bénéfices consuméristes afin de pouvoir répondre à la question : “Quel est l’intérêt pour moi ?”. Pour pouvoir agir, la valeur, c’est-à-dire les bénéfices monétaires ou la valorisation sociale ou sociétale, doit être perçue par le consommateur. »

VRAC, MARCHÉ DE L’OCCASION ET ÉCONOMIE DE LA FONCTIONNALITÉ Autres aspects de l’économie circulaire étudiés dans cette enquête : les marchés de l’occasion et de la location. Seule l’occasion a réussi à s’imposer pour le moment, entre 50 % et 61 % de la population des cinq pays étudiés se déclarant concernée (acheteuse ou Si la propriété vendeuse), notamment grâce au s’efface devant succès de sites tels que Le Bon Coin l’usage, la demande ou eBay. Cependant, l’attachement d’emballages à usage à la propriété reste prégnant dans unique diminuera, l’ensemble des pays. Toutefois, cependant que selon Armand Chaigne, quand plus d’emballages réutilisables l’économie de la fonctionnalité seront requis. Ces sera parvenue à maturité, les emballages devraient impacts sur l’économie globale ainsi présenter seront nombreux : changement de meilleures de modèle (de la fabrication des performances produits au service et à la location, afin de répondre avec, par exemple, des jours aux contraintes d’utilisation pré-définis) ; transfert croissantes imposées d’emplois de la fabrication, au tri, par la Supply-Chain. 26

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au recyclage, à la réparation et au reconditionnement ; sans oublier la réduction des coûts de fabrication. « Sur ce sujet de la baisse des coûts de production, la Fondation Ellen MacArthur a estimé les gains de matières premières à 700 Md€ par an de par le monde, souligne Armand Chaigne. Ce qui se traduirait par une hausse du pouvoir d’achat de 3.000 € par foyer européen d’ici à 2030. » Si la propriété s’efface devant l’usage, la demande d’emballages à usage unique diminuera, cependant que plus d’emballages réutilisables seront requis. Ces emballages devraient ainsi présenter de meilleures performances afin de répondre aux contraintes croissantes imposées par la Supply-Chain. « Les emballages de demain devront résister à des manipulations beaucoup plus importantes qu’aujourd’hui, pronostique Armand Chaigne. Ce qui changera notre façon de les concevoir. »

LA STRATÉGIE “EMBALLAGE” D’AUCHAN EN FRANCE Représentant la direction RSE d’Auchan Retail France, Patrice Zirotti a décrit la stratégie de ce groupe en matière de packagings. Son leitmotiv : moins d’emballages, moins de plastique et plus de recyclage. Auchan travaille sur quatre axes principaux : la conformité réglementaire, la santé, les engagements qui font la différence et la communication. En France, Auchan peut actionner des leviers de préconisation, en particulier pour ses produits à marque de distributeurs (MDD) dans l’alimentaire et le non-alimentaire. Mais, avec, par exemple, plus de 20.000 références dans les produits MDD sur le segment Leitmotiv non-alimentaire et de nombreux d’Auchan : moins fournisseurs basés en Asie – lesquels d’emballages, utilisent des emballages également moins de produits dans cette région du monde –, plastique et plus les préconisations sont souvent de recyclage. complexes à mettre en place.

Patrice Zirotti (Auchan Retail France).


Conférences/Congrès Atip

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En février 2019, Auchan a signé le “Pacte Plastique” qui définit une liste de contraintes pour les plastiques d’emballage. Il s’agit de trouver des alternatives au PVC (en 2022) et au polystyrène expansé (en 2025) dans la fonction d’isolation thermique (produits alimentaires frais par exemple) et dans la fonction “protection mécanique” (produits d’équipement de la maison, etc.). Autres objectifs : remplacer les matériaux complexes multicouches, atteindre 60 % d’emballages plastiques effectivement recyclés (en 2022) et intégrer 30 % de matériaux recyclés dans les emballages. « Pour l’emballage papier-carton, cette situation implique des opportunités et des défis, a estimé Patrice Zirotti. Ce matériau permet d’exprimer beaucoup de créativité, dans les formes et comme support d’impression. Il bénéficie également d’une bonne image auprès de nos clients. Le papier-carton est un matériau léger et qui peut incorporer un taux significatif de matières recyclées. Toutefois, la maîtrise doit être parfaite en matière de contact alimentaire car nous avons été la cible d’ONG sur le sujet des huiles minérales en contact direct. Attention également aux limites techniques : dans certains cas, il est nécessaire d’incorporer des barrières fonctionnelles, avec, souvent, l’obligation d’ajouter des substrats à base de plastiques. Lesquels peuvent être des obstacles à la recyclabilité et se poser en contradiction vis-à-vis de certaines réglementations comme la Directive SUP. Enfin, il faut s’assurer de la pertinence économique de ces solutions. » Auchan est en phase de recherche Patrice Zirotti : et de tests afin de trouver des « Nous travaillons alternatives. Les gobelets plastiques sur des pistes ont été remplacés par du carton FSC exploratoires. (avec revêtement PE). De la bagasse Les marchés ne est également utilisée pour fabriquer basculeront pas les couvercles des gobelets. Pour les nécessairement, de ventes en vrac, l’enseigne propose façon homogène et d’un seul bloc, vers à ses clients d’utiliser des sachets un autre matériau. » en papier ou d’apporter leurs propres contenants. S’agissant des barquettes de fromage (préparées dans ses ateliers), des tests sont réalisés avec des barquettes en carton (en remplacement du PSE), qui imitent le bois et qui sont recyclables et de qualité alimentaire. Pour les produits en vrac, des barquettes en carton, traitées mais recyclables, sont testées, par exemple, pour emballer les olives. En revanche, dans l’emballage des fruits & légumes, la solution des filets en polyester lavables et réutilisables a été retenue. Car après avoir été jugés satisfaisants, les sacs papier avec fenêtre ont finalement été considérés comme trop fragiles à l’usage et sources d’une importante pollution visuelle (phénomène d’éparpillement). « Il n’existe pas une solution unique pour un matériau donné, a conclu Patrice Zirotti. Nous travaillons sur des pistes exploratoires. Les marchés ne basculeront pas nécessairement, de façon homogène et d’un seul bloc, vers un autre matériau. »

Outre Armand Chaigne et Patrice Zirotti, cette table ronde animée par Jan Le Moux (Copacel) a réuni Christophe Dorin (Wepa France), Bertrand Arnault (Carton Ondulé de France) et Gilles Lenon (Centre technique du papier).

>>> Congrès Atip : des conférences sur l’énergie aussi

A

u cours de ce Congrès de Lille, l’énergie était également au programme de certaines conférences. ◗ Aurélie Gonzalez et Lucas Nurdin (Metron) ont présenté leurs solutions digitales destinées à la maintenance prédictive et à l’optimisation énergétique. Metron-Eva® (Energy Virtual Assistance), plateforme d’intelligence énergétique digitalisée basée sur l’IA, a ainsi été détaillée. Cette solution permet d’obtenir jusqu’à 15 % d’économies sur les coûts énergétiques avec un ROI inférieur à un an. Les résultats d’un contrat signé chez un papetier sud-américain (MAP de 175.000 t/an) ont été exposés. Une économie de 190.000 $ par an a été enregistrée sur la consommation de vapeur et des agents de rétention. ◗ De Pretto Industrie (Valerio Martelli) et Fibre Excellence (Patrice Audoin) ont fait le point sur la maintenance préventive et corrective des turbines à vapeur pour la production et l’efficience énergétique. Différents types de contrats de service et de maintenance ont été décrits. ◗ Enfin, Laurent Kraif a présenté Perfesco, filiale d’EDF spécialisée dans le financement de l’efficacité énergétique et de la performance industrielle. Lilian Largillet a fait part de son retour d’expérience sur un site de SKF Aeroengine France. Résultat : des économies sur la facture d’électricité grâce à un éclairage plus performant qui a aussi permis d’améliorer les conditions de travail.

V. L.

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Economie

Les PCR entre nuages et espoir de rebond Selon la Fédération des entreprises du recyclage (Federec), après une année 2018 de transition, en 2019, les nuages se sont amoncelés sur le marché des Papiers & cartons à recycler (PCR). Et l’exercice 2020 risque fort d’être encore chahuté, même si une éclaircie n’est pas exclue.

A

près une année 2018 de transition et un exercice 2019 perturbé, le retour à une certaine sérénité interviendra-t-il en 2020 sur le marché des PCR ? En tout cas, pour les récupérateurs français réunis au sein de Federec, l’exercice 2018 a été marqué par une hausse de 2,1 % des volumes collectés (107,3 Mt vs 105 Mt un an plus tôt). Quant au C.A., il s’est inscrit en léger recul (- 1 %) à 9 Mds €.Les filières papiers-cartons,plastique et métaux ferreux & non-ferreux ont été particulièrement bousculées. En dépit de ce contexte difficile, les entreprises du secteur ont investi 568 M€ (+ 9 %, soit 6,3 % du C.A.). Si le nombre d’établissements est en repli (2.000 vs 2.050 en 2017), l’emploi a progressé de 1,6 %. Fin 2018, le secteur comptait ainsi 28.810 salariés. Malmenées par la décision de la Chine d’augmenter ses standards de qualité pour les matières premières issues du recyclage venant de l’étranger – et, plus largement, par la complication des marchés nationaux et internationaux –, les entreprises de la récupération ont dû faire face à plusieurs difficultés majeures, surtout au second semestre 2018.

PCR : EN 2018, RECUL EN TONNAGE ET EN C.A. « En 2018, le tonnage de papiers-cartons triés et mis sur le marché a chuté de 4,6 % comparé à 2017 à 6,96 Mt, explique Pascal Genneviève, président de Federec Papiers-Cartons. Comme les années précédentes, ce recul affecte les papiers (- 5,6 % et 2,25 Mt collectées/triées) dont le gisement est en baisse chronique. Mais il a également concerné les cartons (- 4,1 % avec 4,7 Mt), ce qui constitue un fait nouveau. » Pour la première fois depuis de nombreuses En 2018, années, le taux de récupération français est les PCR ont chuté de en repli à 79,2 %. Il recule également sur 4,6 % à l’ensemble de l’Europe (de 0,7 % à 72,3 %). Ce 6,96 Mt. recul est en grande partie lié à la fermeture des débouchés asiatiques qui permettaient d’écouler 7,9 Mt/an d’excédents européens. Pour sa part, la consommation papetière française est restée stable à 5,39 Mt. Mais avec son excédent net supérieur à 1,5 Mt, la France a été très affectée par le manque de filière papetière. Selon Federec, compte tenu de ces difficultés, il est probable qu’une partie des fibres n’a pas été extraite des déchets en mélange et qu’une autre a été évacuée avec les refus de tri. Par ailleurs, l’activité de recyclage des papiers continue à souffrir en raison du recul de l’utilisation des sortes graphiques dans ses principaux usages (édition, presse…). La baisse du volume des archives papier se confirme également. L’effondrement des prix (divisés par deux pour le carton) et la diminution des volumes ont conduit à une baisse de 28

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Pour 2020, la création de nouvelles capacités en Europe et la structuration de certains marchés asiatiques (hors Chine) devraient offrir de nouveaux débouchés et permettre d’absorber une partie des excédents.

26 % du C.A. à 729 M€ vs 2017. Les cartons et les “papiers & cartons mêlés” ont été les plus touchés par la baisse des prix. En revanche, ceux des sortes à désencrer se sont maintenus.

REBOND ? En 2019, le marché chinois, déjà très restrictif en quantité et en qualité, s’est totalement fermé aux flux de papierscartons en provenance d’Europe (cf. ci-contre). Les usines papetières du Sud-Est asiatique qui consommaient une partie des excédents européens et américains, ont été saturées et/ ou ont mis en place des dispositifs de contrôle contraignants qui ont entraîné un engorgement du marché mondial. Pour sa part, la France, qui présente un taux de collecte élevé et une consommation papetière très inférieure au volume collecté, est particulièrement affectée par ce manque de débouchés. Outre l’effondrement des prix, il est devenu impossible d’écouler la totalité des matières produites par les centres de tri. Avec une capacité de stockage limitée, ces centres se sont rapidement trouvés engorgés. La situation s’est parfois avérée critique, avec le spectre d’un arrêt temporaire. Quant aux flux issus des collectes sélectives des ménages, dont le niveau de qualité est souvent inférieur, ils devraient être davantage affectés par ces prix bas et ces difficultés d’écoulement. En conséquence, le taux de récupération devrait encore baisser en 2019. Cependant, à partir de 2020, la création de nouvelles capacités en Europe et la structuration de certains marchés asiatiques (hors Chine) devraient offrir de nouveaux débouchés et permettre d’absorber une partie des excédents. n


Economie

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>>> Fermeture des frontières chinoises, impact de la guerre commerciale Etats-Unis/ Chine et… coronavirus : le BIR oscille entre perplexité et inquiétude Dans son rapport trimestriel diffusé fin janvier, le Bureau International du Recyclage fait le point sur l’exercice 2019 et livre ses perspectives pour cette année. n Le marché mondial, avec un focus sur le Sud-Est asiatique, vu

par Ranjit Baxi, J&H Sales International Ltd (Grande-Bretagne) « L’année 2019 a débuté avec des perspectives de croissance positives, qui ont ralenti en raison des incertitudes liées à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. En 2020, ces incertitudes persistantes entre ces deux pays devraient également faire reculer la croissance du PIB chinois à environ 5,5 %. Des mesures budgétaires et un assouplissement monétaire supplémentaires, en plus des réformes structurelles, seront appliqués afin de stimuler la demande intérieure. Les économies mondiales continuent également d’enregistrer un ralentissement progressif, signe précoce d’une possible récession. L’augmentation des tarifs douaniers américains et chinois sur le commerce continue de réduire le volume des conteneurs à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, ce qui se reflète ensuite dans la hausse des coûts du fret maritime. De plus, les tarifs de fret ont augmenté à partir de décembre pour tenir compte de la surtaxe IMO2020 (faible teneur en soufre). Il s’agit de la nouvelle réglementation sur les carburants entrée en vigueur le 1er janvier 2020. Les exportations de PCR au 4e trimestre 2019 ont été régies par l’entrée en vigueur progressive des licences d’importation chinoises, qui ont totalisé environ 11 Mt sur l’année (vs ~ 18 Mt en 2018). Au cours de ce trimestre, les exportateurs qui ont cherché le support d’autres marchés, ont été confrontés à des réglementations tout aussi sévères. L’Indonésie a fermé ses portes aux importations de PCR pendant quelques semaines en novembre et décembre avant de rouvrir les inspections à l’exportation le 17 décembre pour une période de six En 2020, la Chine mois. A cette échéance, son gouvernement importerait de envisage d’instaurer de nouveaux contrôles l’ordre de à l’importation sur la qualité des fibres ainsi 5 à 7 Mt de PCR (vs 11 Mt en qu’une interdiction des importations des 2019 et 18 Mt papiers en mélange. en 2018). En Inde, les autorités douanières ont entrepris des contrôles similaires à l’importation, par l’examen de tous les conteneurs de papiers mélangés arrivant au port de Mundra. Si les PCR importés s’avèrent de mauvaise qualité ou si les papiers & cartons mélangés contiennent des déchets solides, provenant des municipalités par exemple, les conteneurs sont retournés vers leur port d’origine. Ce processus d’inspection s’est traduit par une lente congestion de ce port avec près de 700 conteneurs en attente de dédouanement. Dans l’ensemble, le dernier trimestre 2019 a été difficile pour les exportateurs qui étaient non seulement confrontés à la baisse des prix et à l’augmentation des coûts du fret, mais aussi à la peur de la mise en œuvre soudaine de réglementations unilatérales affectant le fret déjà expédié. (…) Les exportateurs attendent avec impatience la nouvelle orientation du marché après le Nouvel An chinois, en particulier suite à l’annonce que les exportations de PCR (…) ne seront plus autorisées en Chine à compter du 1er janvier 2021. Pour 2020, les marchés anticipent des importations chinoises de PCR de l’ordre de 5 à 7 Mt. Enfin, en ce début d’année, l’Empire du milieu tente de contenir l’épidémie de coronavirus. Reste à voir comment cette crise affectera la Chine et le PIB mondial. » n Les marchés européen et français, vus par Jean-Luc

Petithuguenin, président de Paprec (France) et de la division “Papier” du BIR « Le dernier trimestre 2019 n’a fait que confirmer les tendances : problèmes de vente et prix difficiles. En décembre, les collectes ont

été satisfaisantes mais les papeteries ont cessé d’acheter à partir du milieu du mois. En 2020, le premier Certains papetiers faisaient face à des contingent chinois d’importations de stocks si élevés qu’ils devaient ralentir leur PCR a été annoncé production (…). La logistique a également à 2,8 Mt. La Chine été un problème et l’Asie n’a pas été est de retour sur le très acheteuse. Résultat : nos stocks ont marché et achète augmenté. En ce début d’année, le marché aux États-Unis à des est toujours excédentaire, avec des stocks prix plus élevés, ce élevés dans toute l’Europe et très peu de qui impacte les prix débouchés. Les prix restent soumis à une européens vers l’Asie du Sud-Est. forte pression. La situation reste délicate pour les sortes inférieures, même si les conditions devraient s’améliorer dans les OCC, pour lesquels la demande reste plus ou moins satisfaisante. Des volumes de collecte plus faibles sont attendus en janvier et février, ce qui sera bénéfique sur le niveau des stocks. En parallèle, une légère augmentation de la demande et des prix à l’international est également anticipée. Le premier contingent chinois d’importations a été annoncé à 2,8 Mt. La Chine est de retour sur le marché et achète aux États-Unis à des prix plus élevés, ce qui impacte les prix européens vers l’Asie du SudEst. Espérons que cette tendance se maintiendra. Au-delà de l’OCC, les conditions sont vraiment difficiles et tous les matériaux ne trouveront pas de débouchés. Le marché du désencrage suscite des inquiétudes en raison du manque de débouchés, en particulier pour les sortes 1.10 et 1.11. Il est peu probable que les stocks élevés partout dans le monde diminuent de sitôt car il n’existe pas de demande à l’exportation dans ces qualités. Tous Dans l’Hexagone, les acteurs européens sont confrontés chacun s’interroge au même problème. En France, chacun sur l’avenir de l’usine s’interroge sur l’avenir de l’usine d’UPM d’UPM Chapelle Darblay. Le Sud de Chapelle-Darblay qui pourrait être la France connaît transformée afin de produire du testliner, également une même si rien n’est clair à ce stade. Le période difficile car Sud de la France connaît également une le principal acheteur période difficile car le principal acheteur espagnol a réduit sa espagnol a réduit sa demande. demande. Dans de telles conditions, nous devons plus que jamais nous concentrer sur la production de matières de haute qualité qui répondent aux attentes et aux standards de nos clients. Sinon, le papier des municipalités sera impossible à vendre. Les matières de qualité élevée sont toujours sous pression après une baisse régulière en 2019. Certaines sont difficiles à vendre et les prix ont légèrement reculé en janvier. La pression s’est relâchée sur la pâte, ce qui pourrait alléger la tension sur les sortes supérieures. (…) Quelle sera la situation en 2020 ? Difficile à dire, mais il est possible que le marché revienne à la raison. En Europe, des prix aussi bas pourraient entraîner une baisse des tonnages disponibles, faute d’incitation au tri. Certains emballages peuvent également passer du plastique au carton. La demande sera stimulée par le démarrage, prévu au 2e trimestre, de deux nouvelles papeteries, cependant que l’Asie du Sud-Est continuera également à alimenter la demande. Le problème principal reste le désencrage mais la collecte diminuera nécessairement, ce qui conduira à un certain équilibre. » n la papeterie 365 Février-Mars 2020

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Entretien

Nicolas Le Tiran :

« Eqinov valorise les capacités d’effacement d’environ un tiers des papeteries françaises engagées dans cette démarche » Ingénieur d’affaires chez Eqinov, Nicolas Le Tiran détaille l’offre de cette société spécialisée dans les services de performance énergétique. Environ 80 % de son activité est réalisée auprès des industriels, dont de nombreux papetiers, en particulier pour valoriser leurs effacements électriques.

◗ La Papeterie. La société Eqinov a été créée il y a près de dix ans. Pouvez-vous présenter ses principales activités ? ◗◗ Nicolas Le Tiran. Eqinov a effectivement été créée en 2011 par Sylvain Lagarde et Natacha Hakwik, entrepreneurs engagés dans la transition énergétique. Notre société est un opérateur de services en performance énergétique. Elle emploie une quarantaine de personnes basées à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Environ 80 % de notre activité est réalisée auprès des industriels et 20 % dans les secteurs du tertiaire et de l’habitat. Notre offre est structurée en trois grandes Eqinov est activités.Tout d’abord, le conseil en efficacité présent dans énergétique. Nos ingénieurs d’affaires trois domaines : proposent divers types de missions à nos l’efficacité clients industriels : audits énergétiques, mise énergétique, en place de l’ISO 50001 ou d’un système le financement de management de l’énergie (beaucoup de de projets et l’effacement. papetiers sont déjà certifiés), ainsi que des études plus spécifiques (récupération de chaleur fatale ou bilan thermique par exemple). Notre deuxième activité découle de la première : elle consiste à financer les projets d’efficacité énergétique identifiés lors de ces missions, surtout via le dispositif des Certificats d’économie d’énergie (CEE). Au total, depuis notre création, plus de 1.400 clients (toutes industries confondues) nous ont choisis pour couvrir leurs investissements en efficacité énergétique. La somme de ces projets représente plus de 50 M€ de contributions financières. Notre démarche est exhaustive : nous proposons à nos clients une cartographie globale des projets d’économie d’énergie qui peuvent faire l’objet d’une subvention. Enfin, Eqinov est un opérateur d’effacement : nous valorisons les capacités d’effacement électrique de nos clients industriels, dont environ un tiers des papetiers français engagés dans cette démarche. C’est d’ailleurs au travers de cette activité que nous travaillons le plus avec l’industrie papetière. Nous avons développé une réelle expertise pour identifier et valoriser des capacités d’effacement propres à ces procédés. 30

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◗ Précisément, en matière d’effacement, quelle est votre démarche et comment le dispositif fonctionnet-il ? ◗◗ RTE a mis en place différents mécanismes pour faire face aux pointes de consommation, c’est-à-dire aux situations de déséquilibres qui menacent la sécurité d’approvisionnement électrique national. Les consommateurs d’électricité peuvent participer à ces dispositifs et bénéficier d’une rémunération significative en échange de leur engagement à réduire leur consommation (ce qu’on nomme un “effacement de consommation”) dans les périodes de tension. La disponibilité des industriels pour répondre à un besoin du système électrique a beaucoup de valeur car elle constitue une sorte d’assurance ; cela évite notamment de construire de nouvelles centrales thermiques. Eqinov s’engage donc, avec ses clients industriels, à être mobilisables quelques jours par an, en particulier lors des épisodes de vague de froid. Chaque année, entre novembre et mars, RTE détermine, en moyenne, une vingtaine de jours de tension, au cours desquels quelques effacements sont probables. Les sollicitations effectives d’effacement restent cependant très rares. La rémunération offerte à nos clients comprend une prime annuelle, représentant 80 % à 90 % du total, qui récompense l’engagement que l’industriel prend de s’arrêter, le cas échéant. A cette prime, s’ajoute un complément si l’effacement est effectivement réalisé. La rémunération dépend surtout de la puissance effaçable. Typiquement, La rémunération en papeterie, il s’agira, par exemple, de l’effacement de la puissance des machines à papier dépend surtout ou des lignes de désencrage. Pour de la puissance des équipements d’une puissance de effaçable. En 10 MWe, l’industriel touchera une papeterie, il s’agira, par prime fixe de l’ordre de 200 à exemple, de 300.000 € par an. la puissance Pour notre part, notre offre est des machines articulée de sorte que les papetiers ne à papier ou doivent activer que très peu d’heures des lignes de d’effacement, généralement moins désencrage. d’une dizaine par an, ce qui a été le cas

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Entretien

Pour des équipements d’une puissance de 10 MWe, l’industriel touchera une prime fixe de l’ordre de 200 à 300.000 € par an.

D ossier Environnement/Energie

ces dernières années. En 2019, par exemple, la majorité de nos clients papetiers se sont rendus disponibles sur la période hivernale mais ils n’ont pas été sollicités pour activer un effacement de consommation car la tension sur le réseau n’était pas très forte.

◗ Quels sont les critères pris en compte ? ◗◗ Dans le cadre d’une étude technico-économique, Eqinov accompagne le site industriel pour établir un programme de flexibilité en tenant compte des informations fournies par le site. A l’issue, le papetier considère le coût horaire d’un arrêt, le nombre d’heures potentiellement concernées dans l’année et la rémunération allouée. Selon les sites, la valeur ajoutée d’un tel engagement peut fluctuer. Cependant, nous parvenons à convaincre des sites aux typologies très diverses et c’est la raison pour laquelle la La filière papetière filière papetière représente une représente une grande partie des consommateurs grande partie des engagés à participer à la sécurité consommateurs d’approvisionnement national. engagés à participer Si la puissance électrique constitue à la sécurité un paramètre clé – puisque plus d’approvisionnement national. elle est importante, plus la prime annuelle couvrira le coût de l’arrêt –, d’autres éléments entrent également en jeu : le carnet de commandes, le niveau des stocks ainsi que la modernité des machines, les équipements récents étant plus faciles à interrompre. Nous constatons que des gisements existent, en pratique, sur tous les sites. Aujourd’hui, le gisement français La Programmation d’effacement, tous types de pluriannuelle de consommateurs confondus, est l’énergie (PPE) vise estimé entre 2 et 2,5 GW. Les 6 GW de capacités objectifs fixés dans le cadre de d’effacement d’ici à la Programmation pluriannuelle 2030. de l’énergie (PPE) visent 6 GW d’ici à 2030 : une forte ambition qui devrait conduire à une augmentation de la valeur perçue pour le consommateur, cette tendance étant déjà perceptible depuis plusieurs années. ◗ Travaillez-vous avec tous types de producteurs de pâtes et de papiers & cartons ? Le secteur papetier présente-t-il des spécificités par rapport à d’autres industries ? ◗◗ Nos clients papetiers produisent toutes sortes de papiers (techniques, couchés, sanitaires & domestiques ou papier pour ondulé). La part de l’industrie papetière a progressé dans notre activité globale en raison de l’intérêt de ce secteur pour l’effacement. Par ailleurs, notre offre est construite sur-mesure en fonction du process : chaque papetier est confronté à des contraintes spécifiques et notre programme de flexibilité est calibré pour répondre précisément à ses attentes.

◗ Pour conclure, pouvez-vous décrire votre offre en matière de Certificats d’économie d’énergie ? ◗◗ Eqinov bénéficie d’un agrément lui permettant de valoriser les CEE. Eqinov bénéficie Notre société est donc habilitée à d’un agrément lui permettant verser une contribution financière sur de valoriser des projets d’efficacité énergétique les CEE. Notre et à effectuer des demandes de CEE société est donc auprès de l’administration. Ces CEE habilitée à verser sont ensuite vendus à des fournisseurs une contribution d’énergie et à des distributeurs de financière sur des carburants, qui ont une obligation projets d’efficacité règlementaire d’économies d’énergie énergétique et à remplir. A noter d’ailleurs que à effectuer des demandes de dans les secteurs électro-intensifs CEE auprès de comme la papeterie, les sites sont l’administration. souvent soumis à l’EUTS (Programme européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre) et peuvent, depuis peu, bénéficier de CEE pour tous changements d’équipements éligibles, y compris ceux dans le périmètre de surveillance du plan d’allocation des quotas carbone. Avant de lancer Concrètement, suite à une visite sur l’investissement, un site industriel, nous détectons une convention les projets d’économie d’énergie fixe notamment potentiels éligibles au CEE. L’industriel un prix de valorisation du nous fait ensuite parvenir le(s) devis CEE. L’industriel de ses fournisseurs d’équipements, connaît ainsi que nous analysons techniquement. exactement la Nous établissons une convention subvention qu’il précisant le montant de MWh Cumac recevra à l’issue qui sera généré par chaque opération des travaux. ainsi que le prix fixe auquel nous valoriserons le CEE, en €/MWh Cumac. L’industriel connaît ainsi précisément le montant de subvention dont il bénéficiera. Une fois les travaux réalisés, nous déposons un dossier pour obtenir les CEE. Le versement de la subvention à l’industriel est alors effectué dès la validation. Cependant, un versement anticipé peut intervenir entre la commande de l’installation et la réalisation du projet.

Propos recueillis par VALÉRIE LECHIFFRE

Pour plus d’informations sur les CEE, cf. article intitulé “Les certificats d’économie d’énergie, un levier de performance énergétique encore sous-exploité par les papetiers”, publié dans “La Revue Atip”, Vol. 73, n° 2, Juillet-Août 2019. la papeterie 365 Février-Mars 2020

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D ossier Environnement/Energie >>> Air comprimé : Kaeser lance le Sigma Air Manager 4.0

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e Sigma Air Manager 4.0 (SAM 4.0) est la nouvelle génération du système de gestion de tous les composants de production et de traitement d’air comprimé de Kaeser. Il optimise la stabilité de la pression et adapte automatiquement le débit de la station d’air comprimé aux variations de consommation. Il améliore également le rendement énergétique en gérant les pertes dues à la régulation, les pertes de commutation et la flexibilité de la pression. Il permet aussi à la station de bénéficier de services futurs, comme le Sigma Smart Air pour la maintenance prévisionnelle. L’algorithme adaptatif 3-D advanced tient compte des pertes de commutation (démarrage/ arrêt) et maîtrise les autres dimensions qui influent sur le rendement énergétique de la centrale, telles que les pertes dues à la régulation ou les pertes en marche à vide. Proposé en 30 langues, le SAM 4.0 est doté d’un écran couleur tactile de 12 pouces qui indique immédiatement si la station se trouve dans la plage de fonctionnement normal sur le plan énergétique. Ce qui permet une exploitation dans le cadre du management de l’énergie ISO 50001.

Actualités

Greenwashing SELON TWO SIDES, EN 2019, 131 ENTREPRISES ONT RETIRÉ LEURS ALLÉGATIONS ENVIRONNEMENTALES INFONDÉES CONCERNANT LE PAPIER 2019 a été l’année la plus active dans la lutte contre le greenwashing menée par Two Sides, en France et dans le monde. En effet, 388 organisations et entreprises ont été identifiées comme mettant en avant des allégations non fondées à propos de l’impact environnemental du papier et de l’imprimé. Ces organisations sont basées dans de nombreux pays et régions : Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande. Parmi ces organisations et entreprises, 131 ont supprimé ou modifié leurs messages l’année dernière. Ce qui porte le nombre total d’organisations ayant corrigé leur communication, notamment par comparaison avec la communication digitale, à plus de 500 depuis le début de la campagne en 2010. En France, depuis cette date, le taux de correction s’élève à 61 %. Rappelons que dans le cadre de leurs efforts constants pour réduire leurs coûts, de nombreuses banques et assurances, des opérateurs Internet ou de télécommunications, et même des services publics, encouragent leurs clients ou usagers à opter pour des factures, relevés de comptes ou formulaires digitaux en utilisant des déclarations environnementales non fondées. Sur ce sujet, lire également l’entretien avec Jan Le Moux, délégué général de Two Sides pp. 22/24 dans cette édition. Changement climatique L’EFFET D’ATTÉNUATION DES FORÊTS EUROPÉENNES ET DES SECTEURS FORESTIERS SUR LE CO2 CORRESPOND À ENVIRON 10 % DES ÉMISSIONS ANNUELLES DE L’UE Début mars, Cepi1 a favorablement accueilli la nouvelle loi européenne sur le climat de la Commission européenne, en estimant qu’il s’agit d’une étape clé dans les efforts destinés à lutter contre le réchauffement climatique. « Notre industrie s’est engagée à faire sa part : nous avons déjà réduit de 27 % les émissions de carbone de 2005 à aujourd’hui, une

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performance de premier plan parmi les secteurs ETS, a estimé Jori Ringman, D.-g. de Cepi. Avec un cadre réglementaire favorable et stable, nous prévoyons de poursuivre et d’améliorer ces résultats, comme indiqué dans l’initiative des P.-d.g. de Cepi2. Notre objectif est d’être le fournisseur de solutions le plus compétitif et le plus durable pour une Europe climatiquement neutre en 2050. » Selon une étude que Cepi publiera prochainement, l’impact climatique positif combiné de la forêt européenne (puits forestier) et de l’effet de substitution net du secteur forestier (industrie forestière et produits forestiers) totalisent plus de 806 Mt de CO2e (équivalents CO2) chaque année, soit environ 20 % des émissions annuelles de l’UE. Une des principales contributions des industries forestières consiste à valoriser et à garantir des forêts saines en renforçant leur capacité à absorber le CO2 de l’atmosphère et en améliorant le stockage du carbone. A cela s’ajoute la contribution des produits sobres en carbone de ces secteurs, presque aussi importante que le puits forestier. (1) Confédération des industries papetières européennes. (2) Cf. le Portrait de Jori Ringman, pp. 14/17 dans notre édition 364.

Changement climatique … ET SÖDRA AFFICHE UN IMPACT TRÈS POSITIF Selon un nouveau rapport, l’impact positif du groupe suédois Södra sur le changement climatique est estimé à 20 % des émissions combinées de la Suède en équivalents CO2 (CO2e). Ces mesures sont basées sur le taux de croissance des forêts détenues par les 52.000 membres de Södra ainsi que sur les effets des produits forestiers lorsqu’ils sont utilisés pour remplacer des produits et de l’énergie à plus forte intensité d’émission. Ces dernières années, de plus en plus de chercheurs se sont intéressés à la meilleure façon de mesurer cet effet de substitution. Pour cette étude, Södra a ainsi utilisé un modèle développé par Holmgren/Kolar et a opté pour une approche prudente. Les mesures ont également été examinées par des chercheurs externes. Les résultats montrent que l’impact positif du suédois sur le changement climatique atteint 9,2 Mt CO2e. Bien que les effets de substitution ne soient pas inclus dans les déclarations d’émissions officielles, ils


Actualités sont reconnus pour leur capacité à ralentir le changement climatique. Ce facteur de substitution varie pour chaque type de matériau. L’aspect mesuré recouvre la quantité d’émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles qui est remplacée par unité de CO2 biogénique dans les produits forestiers. Le CO2 biogénique fait partie d’un cycle naturel du carbone dans lequel les émissions sont constamment réabsorbées par la végétation, tandis que la combustion de combustibles fossiles augmente les émissions nettes dans l’atmosphère. L’utilisation de bois scié pour la construction affiche l’effet le plus important, mais le remplacement des emballages alimentaires en plastique par des plateaux biosourcés ou l’utilisation de biocarburants en lieu et place des combustibles fossiles (gaz naturel, pétrole…) produit également des effets positifs. Le rapport prend aussi en compte les effets négatifs de Södra sur le changement climatique, principalement la fabrication de produits chimiques utilisés dans le process, l’utilisation de matériaux d’emballage, ainsi que le transport des matières premières vers les usines et des produits vers les clients. Maintenance prédictive GARDNER DENVER : L’ICONN OU LA PRODUCTION D’AIR COMPRIMÉ ÉVALUÉE VIA LE CLOUD Avec l’iConn, Gardner Denver a développé une plate-forme basée sur le Cloud qui permet à l’utilisateur de visualiser virtuellement le compresseur et ses données de performances depuis un ordinateur ou un iPad. L’iConn fait partie de l’équipement standard des nouveaux compresseurs CompAir. Il peut aussi être intégré dans des systèmes de compression existants ou être utilisé pour moderniser le matériel d’autres fournisseurs. « Dès le début de nos activités dans les pays à faible densité d’infrastructures industrielles, nous avons appris l’importance de l’approche de maintenance prédictive, explique Marius Breusers, chef de produit après-vente chez Gardner Denver. C’est pourquoi nous avons très tôt développé l’iConn, une plate-forme numérique pour les solutions IoT (l’internet des objets) et Industrie 4.0, pour la surveillance proactive en temps réel des informations des systèmes d’air comprimé. »

D ossier Environnement/Energie

L’iConn Standard est la solution d’entrée de gamme qui fournit un aperçu détaillé et régulier des heures de fonctionnement. Les irrégularités et les instructions d’entretien sont automatiquement signalées à l’utilisateur en temps réel. Pour sa part, l’iConn Universal peut être installé ultérieurement sur n’importe quel appareil d’autres fabricants et pourra surveiller le fonctionnement de ces autres marques. Quant à l’iConn HD, il permet une planification prédictive de la maintenance avec un système d’alerte précoce en cas de défaillance de la machine. L’utilisateur peut ainsi effectuer une maintenance axée sur la demande (maintenance prédictive). Eaux usées industrielles VALMET LANCE UNE NOUVELLE VERSION DE SON “TOTAL SOLIDS MEASUREMENTS” Valmet commercialise son nouveau Total Solids Measurements (TS). Entièrement repensé, le TS est utilisé, partout dans le monde, dans les usines de traitement des eaux usées industrielles et municipales. Il permet de contrôler le pompage, l’épaississement, la digestion et la déshydratation des solides. Dans cette version, l’électronique numérique remplace la conception analogique. Associée à la nouvelle technologie de mesure à détection par balayage direct, elle permet d’améliorer la sensibilité et la précision des mesures avec une résolution plus élevée. Le capteur de débit, totalement interchangeable avec les installations antérieures, est disponible, en version standard, dans différentes tailles (50 à 300 mm) et en version haute pression (100 à 200 mm). Pour les canalisations de plus grand diamètre, un nouveau capteur “Twin Blade” est également proposé. Cette nouvelle version est insensible au vieillissement des composants ou aux effets de la température. Une doublure antiadhésive spéciale offre une résistance accrue à l’accumulation de contaminants. Valmet TS utilise la technologie des microondes afin de déterminer la teneur totale en solides organiques et inorganiques, dans une fourchette de 0 à 50 %. L’étalonnage en un seul point ne nécessite que quelques minutes. Enfin, une interface utilisateur propose un accès facile et intuitif aux opérations de mesure et aux services à distance de Valmet.

>>> INFOS EXPRESS ■ Les gagnants de la 7e édition des European Paper Recycling Awards ont été annoncés, fin janvier, dans le cadre d’une cérémonie organisée au Parlement européen de Bruxelles. Ce concours est conduit, tous les deux ans, par l’ERPC (European Paper Recycling Council). Cette année, Repulping Technology a reçu le Prix dans la catégorie “Technologies innovantes et R&D”. Cette société allemande a inventé le “Cavitation Pulper”, machine qui exploite le principe physique de la cavitation. L’extraction des fibres, à partir de produits mélangeant les papiers à d’autres matériaux, est facilitée, près de 100 % des fibres étant récupérées. De plus, l’efficacité énergétique présente environ 50 % d’amélioration comparé aux autres technologies disponibles. Dans la catégorie “Information et Education”, le Prix a été décerné à l’association européenne Pro Carton pour ses actions en matière de recyclage et d’économie circulaire menées auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans (initiative TICCIT pour “Trees Into Cartons, Cartons Into Trees”). ■ Pour accélérer le développement de la bioéconomie forestière, Paper Province lance un concours international d’innovations, “What Wood You Do”. Dotée de 35.000 € de prix, cette opération est organisée du 16 mars au 27 avril. Après cette date, les cinq idées dont le potentiel aura été jugé le plus élevé seront sélectionnées. Les finalistes seront alors invités dans la région du Värmland (Suède), début juin, pour un hackathon de 48 heures. Ils pourront affiner leurs idées avec des experts et les soumettre à un jury. Ils rencontreront également des investisseurs, des chefs d’entreprises et des clients potentiels. Ce concours est soutenu par la fondation Gunnar Sundblad, Stora Enso et Sveaskog. whatwoodyoudo.eu

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D ossier Environnement/Energie

Tribune

Le défi des hydrocarbures Energie abondante, flexible et au coût modéré, le pétrole a été le principal moteur du “progrès” économique de l’ère moderne. Mais l’impact de l’or noir a également été considérable sur le réchauffement climatique. Aujourd’hui, pour réussir la transition énergétique qui s’impose, quelle pourrait être la part des énergies renouvelables, dont la biomasse agricole et forestière ? Le point de vue de Claude Roy, président du Club des Bioéconomistes*.

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epuis 30 ans, les quantités de pétrole découvertes dans le monde chaque année sont inférieures aux quantités consommées sur la planète. Viendra donc, inéluctablement, le moment où la production mondiale ne pourra que décliner (nonobstant le gaz et le pétrole de schiste, qui ne nous offriront qu’un sursis), quels que soient les investissements qui pourraient être réalisés. Ce sera le Aujourd’hui, le “peak oil” et la date de sa survenance fait pétrole sert de encore débat. carburant pour Le pétrole et le gaz, qui sont substituables 55 %, de entre eux pour beaucoup de leurs usages, combustible assurent près de 55 % de la fourniture (fioul) pour 35 % mondiale d’énergie, avec le charbon (plus et de base pour de 20 %) et le nucléaire (plus de 5 %). la pétrochimie à Cet ensemble est complété, à hauteur de hauteur de 10 %. 20 %, par les énergies renouvelables (ENR), dont les trois quarts proviennent de la biomasse. Aujourd’hui, le pétrole sert de carburant pour 55 %, de combustible (fioul) pour 35 % et de base pour la pétrochimie à hauteur de 10 %. C’est précisément cette abondance du pétrole – énergie flexible et au coût modéré – qui a été le principal moteur du “progrès” économique de l’ère moderne. Mais, avons-nous conscience que nous sommes tous profondément devenus dépendants de cette perfusion pétrolière permanente et croissante ? Que faire, dès lors, pour prévenir un autre “choc pétrolier” et pour s’y préparer, alors même qu’un tel choc sera probablement plus violent que les “alertes conjoncturelles” de 1973 et 1979 ? Pourquoi n’évoquons-nous Avons-nous conscience donc pudiquement qu’un simple enjeu de que nous “transition énergétique”, sans rupture, à sommes tous la mode du modeste slogan bien connu profondément “Prenez une douche plutôt qu’un bain…”. devenus Comment pouvons-nous changer de cap dépendants dans l’addiction énergétique et dans les bid’une perfusion lans de notre habitat, de nos transports, de pétrolière nos comportements et de nos habitudes ? permanente et ◗ La France, qui a massivement fait le croissante ? choix du nucléaire (même si ce choix heurte certains), n’est pas dans la situation la plus critique pour faire face, d’autant que nous avons déjà amorcé une stratégie “énergieclimat” vertueuse. ◗ La sobriété et l’efficacité énergétique sont et resteront le préalable à toute stratégie de succès. A défaut, toute autre solution énergétique alternative, renouvelable ou purement technologique, ne ferait que remplir un puits sans fond. 34

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Alors, en appui aux solutions et aux comportements économes, la recherche de voies énergétiques nouvelles s’impose, notamment renouvelables et “sans carbone”. Il en va, simultanément, de la En appui aux maîtrise du changement climatique… solutions et aux ◗ Les solutions ne manquent pas, comportements certes, mais peu d’entre elles peuvent économes, se substituer aux hydrocarbures. Les la recherche énergies renouvelables “électriques” de voies énergétiques sont toujours mises en avant : nouvelles • La force hydraulique des barrages s’impose, produit de l’électricité, tout comme notamment l’énergie marémotrice ou comme celle renouvelables et des mers, “sans carbone”. • L’énergie éolienne est à la source Il en va, d’électricité intermittente, au gré des simultanément, de la maîtrise vents, • L’énergie solaire directe (dont le du changement rayonnement, sur l’ensemble de la planète, climatique… équivaut à 10.000 fois notre consommation énergétique totale) permet la production de chaleur mais aussi d’électricité, grâce aux technologies photovoltaïques ou à miroirs, • La géothermie, de surface avec les pompes à chaleur, ou profonde grâce à des forages, permet de produire majoritairement de la chaleur, • La biomasse agricole et forestière enfin, comme les biodéchets, fournit à la base des molécules hydrocarbonées issues de la photosynthèse. Ce sont les seules sources d’énergies renouvelables qui soient capables de remplacer directement des hydrocarbures (carburants, gaz, chaleur…), y compris pour la chimie. Et ces molécules hydrocarbonées peuvent aussi générer des matériaux et des bases chimiques. Mais il est certain que, toutes économies confondues et toutes énergies alternatives rassemblées, il serait impossible de faire face à une pénurie pétrolière majeure et brutale. Et ceci, même avec l’appui de la bioéconomie, qui a aussi ses limites. Rien ne sert de courir… CLAUDE ROY (*) Président-fondateur du Club des bioéconomistes et ingénieur agronome, Claude Roy a notamment été directeur exécutif de l’Ademe et coordonnateur interministériel pour la valorisation de la biomasse. Site web : leclubdesbioeconomistes.com E-mail : croy.club.bioeco@gmail.com.



E conomie & Marchés

Tableau de bord

Indices de la production industrielle (base 100 = 2015) Indices mensuels CVS - CJO Industrie manufacturière Industrie du papier et du carton

Indices mensuels CVS - CJO Articles en papier ou en carton Pâtes à papier, papiers et cartons

Indices des prix de base (marché français base 100 = 2015) Pâtes, papiers et cartons

Articles en bois, papier et carton, travaux d’impression et de reproduction

Papier et carton ondulés et emballages en papier ou en carton Articles en papier à usage sanitaire ou domestique

Articles de papeterie

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Pâte NBSK - Prix en US$ à la tonne (Canada)


Tableau de bord PRODUCTION FRANÇAISE DE PAPIERS & CARTONS - (sources Insee/Copacel, en kt)

E conomie & Marchés

PAP 10/PAPER

Cumul Janvier 2020/Janvier 2019 = - 7,3 % Cumul Janvier 2019 Cumul Janvier 2020

PRODUCTION FRANÇAISE DE PÂTES (Sources Insee/Copacel, en kt) Janvier 2020/Janvier 2019 = - 8,9 %

PAP 10/SUPPLIERS

Cumul Janvier 2019 Cumul Janvier 2020

PRIX DES PAPIERS & CARTONS RÉCUPÉRÉS

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E conomie & Marchés >>> INFOS EXPRESS n En 2019, le C.A. consolidé du groupe Södra a reculé de 4 % à 23,18 MdSEK (~ 2,1 Md€). Son résultat opérationnel est passé de 4,5 MdSEK à 2,58 MdSEK (~ 236,5 M€). Soit une marge opérationnelle en recul de huit points à 11 %. « L’état de l’économie est en constante évolution, mais la demande sous-jacente pour les produits forestiers augmentera progressivement, notamment en raison de la croissance mondiale et démographique, a estimé Lars Idermark, président et CEO du groupe. 2020 sera une année plus faible du point de vue financier, du fait des incertitudes pesant sur les prévisions économiques et sur les tendances des prix de la pâte marchande et du bois scié. En conséquence, Södra se concentrera sur les domaines que nous pouvons influencer : mesures d’amélioration de la productivité, innovations, développement de produits et de nos relations avec nos clients, etc. »

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Actualités

Etude IndexBox BONNE DYNAMIQUE POUR LE MARCHÉ DES PLATS, ASSIETTES ET GOBELETS EN PAPIER

IndexBox a publié un rapport consacré au marché européen des plateaux, plats, assiettes et gobelets en papier. Une étude bienvenue alors que ce segment, sous l’effet de l’évolution législative, s’ouvre désormais largement à ce matériau. En 2018, ce secteur était estimé à 1,4 Md$. Ce résultat reflète les revenus des producteurs et des importateurs (hors coûts logistiques, frais de commercialisation au détail et marges des détaillants, qui seront inclus dans le prix pour le consommateur final). Entre 2007 et 2018, la valeur de ce marché a augmenté, en moyenne, de 1,1 % par an. En 2018, les pays les plus grands consommateurs de ces produits étaient le Royaume-Uni (111.000 t/an, soit 376 M$), l’Allemagne (71.000 t, 238 M$) et la France (36.000 t, 128 M$). Ces pays ont représenté 51 % de la consommation totale. Sur la décennie, c’est le RoyaumeUni qui a enregistré la croissance la plus forte. En valeur, ces trois pays représentent 54 % du marché total. L’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne, la Belgique, la Suède, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque assurent le tiers du total. En 2018, la consommation per capita la plus élevée était celle du Royaume-Uni (1.667 kg pour 1.000 personnes), suivie des Pays-Bas (1.396 kg) et de la Suède (1.157 kg). En 2018, 202.000 t de plateaux, plats, assiettes et tasses ont été exportés au sein de l’U.E. (+ 9,9 % vs 2017). Entre 2007 et 2018, le volume total des exportations a augmenté au taux annuel moyen de 4,2 %. En 2018, ces exportations ont été estimées à 791 M$, l’Italie étant le pays le plus grand exportateur avec 64.000 t, soit 32 % du total et une valeur de 276 M$. En 2018, le prix moyen à la tonne s’est établi à 3.914 $. En 2018, quelque 288.000 t de ces produits ont été importées dans l’U.E. (+ 11 % sur un an), ce qui a représenté 912 M$. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas et la France représentent plus de la moitié des importations totales. En valeur, le marché allemand est leader avec 147 M$, suivi par le Royaume-Uni (134 M$) et la France (113 M$).

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Enquête Trendeo

INDUSTRIE PAPETIÈRE : UN SOLDE NÉGATIF DE 22 USINES ENTRE 2009 ET 2019 Selon l’institut Trendeo, en 2019, en France, le solde des ouvertures et des fermetures d’usines est redevenu négatif de 12 unités (119 vs 107), après deux années positives, en 2017 et 2018 (respectivement, + 32 et + 22). L’année dernière, cette baisse a été principalement due aux secteurs des industries alimentaires (- 14 vs 2018) et du papiercarton (- 8). La collecte et le traitement des déchets ainsi que la chimie sont les secteurs qui ont gagné le plus de sites. En revanche, les industries alimentaires ont connu la plus forte détérioration (- 16), suivies par l’industrie du papier-carton et de l’imprimerie (- 5 chacune). Sur la période 2009/2019, l’imprimerie n’est jamais sortie du négatif. Quant à l’industrie papetière, elle a connu un solde positif à trois reprises (en 2011, 2016 et 2018). Mais, au global, le secteur ressort avec un solde négatif de 22 sites sur cette période. Dernières tendances : les nouvelles usines jouent un rôle de moins en moins important dans la création des emplois industriels.Enfin, sur la dernière décennie, les entreprises de taille intermédiaire (ETI), ont été, de loin, les plus créatrices d’emplois, devant les PME, les micro-entreprises et les grandes entreprises.

Etude Smithers

LE MARCHÉ MONDIAL DE L’IMPRESSION ATTEINDRA 874 MD$ EN 2024 Dans un nouveau rapport, Smithers estime que le marché mondial de l’impression passera de 818 Md$ en 2019 à 874 Md$ (+ 7 %) en 2024. Soit un taux de croissance annuel moyen de 1,3 %. En revanche, les volumes d’impression seront stables, avec environ 49,5 trillions d’impressions A4 ou équivalentes. Les volumes des imprimés commerciaux (publicités, produits promotionnels, courriers transactionnels, etc.) seront en baisse. Cette tendance concernera aussi la plupart des publications imprimées (journaux, magazines, annuaires, catalogues, etc.). En revanche, l’impression de livres renouera avec la croissance. Les marchés de l’emballage et de l’étiquetage seront également bien orientés. Autre tendance : c’est dans les économies en transition que les volumes imprimés augmenteront le plus rapidement. Parmi les marchés


Actualités

E conomie & Marchés

qui connaissent ou qui connaîtront la progression la plus rapide entre 2014 et 2024, trois se trouvent en Amérique latine, trois en Europe de l’Est, deux au Moyen-Orient et en Afrique et sept en Asie. “The Future of Global Printing to 2024”. smithers.com

Campagne

CHOOSE PAPER VEUT PROMOUVOIR LES REÇUS PAPIER DANS LE COMMERCE En ce début d’année, l’interdiction de l’utilisation du bisphénol A (BPA) dans le papier thermique est entrée en vigueur au sein de l’UE. Cette substance ne peut désormais plus être légalement produite ou vendue sur le marché du papier thermique (dont la concentration est égale ou supérieure à 0,02 % en poids). « Bien avant l’interdiction du BPA, les fabricants

>>> Hausses de prix

de papier ont mis au point des alternatives qui continuent d’offrir, aux commerçants et aux acheteurs, la sécurité, la commodité et la tranquillité d’esprit qui caractérisent les reçus papier », explique Greg Selfe, porte-parole de Choose Paper, campagne mondiale de sensibilisation aux avantages pratiques et aux caractéristiques durables des reçus en papier. De fait, selon Choose Paper, les commerçants se voient proposer un nombre croissant de reçus papier sans phénol. Innovation la plus intéressante : un papier thermique sans >>>

n Fin janvier, Lecta a annoncé une hausse immédiate, comprise entre 8 et 10 %, selon les pays, des prix de ses papiers thermiques. Par ailleurs, à compter du 20 avril, les prix de l’ensemble de sa gamme de papiers couchés sans bois deux faces et de ses papiers non couchés (feuilles et bobines) augmenteront de 5 % à 7 % sur tous les marchés européens. n Depuis le 1er février, Södra Cell commercialise la tonne de pâte NBSK à 860 US$ (+ 40 $). Selon le producteur suédois, la demande est restée forte depuis le début de l’année, avec des tensions dans la chaîne d’approvisionnement globale. Dans le même temps, les capacités mondiales ont reculé.

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E conomie & Marchés >>> INFOS EXPRESS n Selon la Fevad (Fédération e-commerce et vente à distance), en 2019, le secteur du ecommerce (ventes de services et de produits) a enregistré un C.A. de 103,4 Md€ (+ 11,6 %). En dix ans, les ventes du e-commerce ont ainsi quadruplé dans l’Hexagone. L’année dernière, plus de 1,7 milliard de transactions ont été enregistrées (+ 15,7 %). Si la France compte plus de 190.000 sites marchands (+ 15 % sur un an), une majorité d’entre eux réalisent moins de 100 transactions par mois. Les ventes de produits ne représentent que 10 %, en moyenne, de l’ensemble du commerce de détail, 90 % étant toujours effectuées en magasin. Pour 2020, la Fevad table sur un C.A. de quelque 115 Md€, avec une croissance comparable à celle de 2019 et près de deux milliards de transactions. n Lecta Distribution Group a rénové l’image et les contenus de son site web qui présente ses quatre distributeurs : Torraspapel Distribución (Espagne), Torraspapel Malmenayde (France), Torraspapel Portugal et Polyedra (Italie). lectadistribution.com

Actualités

>>> réaction chimique. Il présente une couche supérieure opaque qui devient transparente avec la chaleur d’une imprimante thermique conventionnelle. Ce qui entraîne l’apparition de la couche noire inférieure, une réaction purement physique. Ces papiers offrent une qualité plus élevée et l’image bénéficie d’une plus longue durée de vie. Ils sont également approuvés pour un contact alimentaire direct. Par ailleurs, cette campagne Choose Paper est soutenue par des recherches qui ont conclu que la plupart des consommateurs préfèrent les reçus papier à leurs alternatives numériques. Ainsi, 54 % des consommateurs européens déclarent une préférence pour les reçus papier (27 % n’ayant exprimé aucun choix) et 59 % les jugent plus pratiques pour faire un retour ou pour obtenir un remboursement1. Cependant, 61 % estiment que les reçus numériques sont meilleurs pour l’environnement et 43 % croient que l’envoi de courrier électronique n’a aucun impact environnemental. Toutefois, 54 % des sondés craignent que l’historique de leurs transactions stocké électroniquement puisse être utilisé par des organisations à des fins publicitaires non désirées. « Choose Paper appelle les commerçants à respecter les préférences de leurs clients et à envisager l´ensemble des arguments environnementaux avant d’adopter des solutions exclusivement numériques », conclut Greg Selfe.

belle plume dans le monde de la création, du théâtre, de la presse, de la littérature et de l’Histoire. L’intrigue se noue autour de Serge Malakoff, dramaturge contemporain en perte de notoriété, qui se lance dans l’écriture d’une nouvelle pièce. Il en est convaincu : elle va le remettre sur le devant de la scène. Cette pièce relate la rencontre conflictuelle entre Chateaubriand et Émile de Girardin, à propos de la publication des “Mémoires d’outre-tombe”, en feuilleton, dans le quotidien La Presse. Entre son ex-femme, Carine, sa nouvelle compagne, Barbara, toutes deux comédiennes, son meilleur ami Ludo, son chat Papillon et sa famille à l’étranger, Serge a du mal à se concentrer. Jusqu’au moment où des hallucinations l’assaillent et où il est projeté dans la vie de ses personnages. Dans ce livre rythmé, bel hommage à Chateaubriand, il est question de papier, d’édition, de lecteurs, du rôle de la presse… Mais aussi du processus de l’écriture et de la création. Le lecteur navigue entre le passé et le présent, la réalité et la fiction, la vie et le théâtre. Pour une confrontation entre deux gloires de la littérature et du journalisme, mais aussi entre deux siècles. Un livre dépaysant et original. Pour conclure, cette citation en guise d’apostrophe de Chateaubriand à Girardin : « Quoi de plus durable qu’un livre ? » V. L.

Lancée par des producteurs de reçus papier en septembre 2019, la campagne Choose Paper est active au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, aux États-Unis et au Canada. Elle s’adresse aux consommateurs et aux professionnels par le biais de la publicité numérique, des médias sociaux, des relations presse et de la publicité papier. choosepaper.org. (1) Enquête menée en 2019 par la société internationale de sondage Toluna auprès de 6.375 consommateurs dans six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Suède et Royaume-Uni).

Bibliographie/À lire

“VOUS N’AUREZ PAS MES CENDRES !” DE PATRICIA DE FIGUEIRÉDO Dans son second roman intitulé “Vous n’aurez pas mes cendres !”, Patricia de Figueirédo, rédactrice en chef du magazine “Culture Papier” et responsable de la communication de cette association, plonge sa 40

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“Vous n’aurez pas mes cendres !” • Patricia de Figueirédo • Serge Safran Editeur • 176 p. • 16,90 € (version papier) • Vente en librairies et en version numérique


Bilan 2019/Europe

E conomie & Marchés

Marasme pour les papiers & cartons mais bonne dynamique pour la pâte Selon les premières tendances livrées par Cepi1, en 2019, la production européenne de papiers & cartons a reculé de 3 % pour s’établir à 89,5 Mt, dans le sillage du repli de l’économie de l’UE. En revanche, le marché de la pâte marchande a été actif.

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’après les premiers résultats de Cepi, en 2019, la production européenne de papiers & cartons a reculé de 3 % comparé à l’année précédente pour s’établir à 89,5 Mt. Elle passe ainsi sous la barre des 90 Mt pour la première fois depuis 2009. Au cours de cet exercice, des nouvelles capacités ont été L’Europe passe mises en service et des équipements ont sous la barre été modernisés. Cependant, des fermedes 90 Mt pour la première fois tures et des niveaux d’exploitation infédepuis 2009. rieurs ont conduit à un repli global de la production. Cette tendance a été observée dans les principaux pays producteurs. Ainsi, la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la Corée et le Canada ont enregistré des baisses comprises entre 2 % et 4 %, à rebours des croissances des marchés émergents tels que l’Inde, l’Indonésie, le Brésil et la Russie. Au global, l’année dernière, la production papetière mondiale se serait ainsi contractée d’environ 2 %. La consommation européenne de papiers La production & cartons est également en repli d’envipapetière ron 4 %. En cause : le ralentissement de mondiale l’économie de l’Union européenne – dont se serait la croissance est passée de 1,9 % en 2018 contractée à 1,1% en 20192 –, combiné à l’instabilité d’environ 2 %. mondiale et aux tensions commerciales.

STABILITÉ DE L’EMBALLAGE ET POURSUITE DU RECUL DU GRAPHIQUE

Contrairement aux années précédentes, la production de papiers & cartons d’emballage est restée relativement stable ; elle a donc été incapable de compenser la baisse continue des sortes graphiques.Dans l’emballage,seuls les papiers pour ondulé (ppo) affichent une hausse (+ 1,4 %). Les papiers graphiques (journal et impression-écriture) poursuivent leur repli (- 8 % environ). Quant aux papiers sanitaires & domestiques, ils ont progressé de 1 % et représentent 8,5 % du total de la production européenne. La part des papiers & cartons d’emballage ressort désormais à 54,1 % du total produit (+ 1,6 % vs 2018), tandis que celle des sortes graphiques a reculé de 2,1 % à 32,8 %. Par ailleurs, sur les neuf premiers mois, les importations de papiers & cartons sont en repli de 3,9 %, tandis que les exportations ont progressé d’environ 0,9 %.

PÂTE : + 0,8 % À 38,6 MT La production totale de pâte (intégrée et marchande) a augmenté de 0,8 % pour atteindre environ 38,6 Mt. Si la pâte mécanique a reculé de 4 %, la pâte chimique a progressé de 2,7 %. Elle représente 74 % du total produit. Avec près de 15,5 Mt, la pâte marchande a bondi La production de 6,1 %. Cette croissance est tirée par de pâte marchande a l’export. Selon Eurostat, les exportations progressé de pâte marchande ont en effet progressé de 6,1 %. de près de 40 % l’année dernière. Pour répondre à cette demande accrue, l’industrie papetière européenne a en effet considérablement investi afin d’augmenter la production de pâte commerciale et de poursuivre la mise en œuvre du concept de bioraffinerie. Ces investissements combinent une efficacité accrue dans l’utilisation des matières premières et la production de produits biosourcés innovants. Enfin, l’année dernière, l’utilisation des papiers recyclés a diminué d’environ 0,4 % pour s’établir à 48,6 Mt. V. L.

Evolution de la production de papiers & cartons dans les pays membres de Cepi sur les 30 dernières années.

(1) Confederation of European Paper Industries. Pays membres de Cepi inclus dans ces données : Autriche, Belgique, République tchèque, Finlande, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède et Royaume-Uni. A travers ses 18 associations nationales, Cepi rassemble quelque 500 entreprises qui exploitent 895 usines et qui emploient directement plus de 180.000 personnes. (2) Source : Commission européenne.

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T echnologie & Environnement >>> “Les clés de l’audit certification ISO 45001” publié par Afnor Éditions

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a première norme internationale ISO 45001 relative au management de la santé et de la sécurité au travail (S&ST) s’impose progressivement comme un cadre indispensable pour les organisations qui souhaitent agir efficacement sur ces sujets. Publié par l’Afnor et co-écrit par des experts en S&ST de ce groupe, cet ouvrage fournit une vision globale sur les principaux acquis, les renforcements et les nouveautés de l’ISO 45001. Dans une première partie, l’approche et la posture de l’auditeur sont présentées. Dans un second temps, l’ouvrage détaille les exigences de la norme, les questions à poser en audit, les modes de preuves possibles à collecter, ainsi que les enjeux de l’audit pour chaque exigence de la norme. Afnor Editions • 122 p. • 24,64 € HT • Parution en mars 2020 • groupe.afnor.org.

>>> INFOS EXPRESS n Le Club des bioéconomistes, présidé par Claude Roy (chroniqueur pour notre magazine), a remis à jour son site web. Vous y trouverez notamment des présentations allégées et bilingues, une vidéo d’ouverture et 56 articles de fond qui permettent de comprendre l’importance et l’étendue de l’économie biosourcée. leclubdesbioeconomistes.com

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Actualités

Internet industriel Valmet lance une gamme complète de solutions… Le constructeur finlandais a mis au point une gamme complète de nouvelles solutions d’Internet industrielles basées sur les données. Elle est destinée aux fabricants de pâtes, cartons, papiers, tissue, ainsi qu’aux producteurs d’énergie. Ces solutions Valmet Industrial Internet (VII) combinent des applications de surveillance et de prévision, des contrôles de processus avancés (APC), des simulateurs de processus dynamiques et des services à distance (Valmet Performance Centers). Cette offre a été créée afin de répondre aux besoins spécifiques de ces industries. Objectifs : utiliser efficacement les données et l’expertise de Valmet pour réduire la consommation d’énergie, améliorer l’efficacité chimique et environnementale, optimiser la qualité des pâtes et papiers, augmenter la fiabilité des processus, maximiser la production et permettre une gestion efficace du parc-machines. Les services à distance des huit “Performance Centers” de Valmet constituent un élément clé de ces solutions. Les clients peuvent collaborer avec les experts de ces centres, accéder aux applications d’Internet industriel, suivre leurs indicateurs de performance clés et consulter les rapports de performance via le “Valmet Customer Portal”. Rouleaux … et Valmet a mis au point des revêtements en matières premières recyclées Valmet a conçu des revêtements de rouleaux à base de biomatériaux et de matériaux recyclés pour la fabrication des cartons, papiers, tissue et pâtes. Pour mettre au point ces revêtements composites pour rouleaux de presse, de guidage et de calandre, le fournisseur finlandais utilise une résine biosourcée et un durcisseur dans la matrice polymère. La fibre de renforcement et la charge proviennent de plastique et de verre recyclés. Selon le type de revêtement, la teneur en matières premières recyclées ou biosourcées est comprise entre 75 % et 96 %. Mais des nouveaux matériaux sont testés en continu, l’objectif étant d’atteindre 100 %. Valmet a défini des critères stricts pour la matière première utilisée dans ces revêtements. Seuls des matériaux renouvelables dérivés de plantes ou de parties de plantes non-alimentaires ont été retenus. La culture et la récolte

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des plantes ne doivent pas non plus mettre en danger la croissance des forêts naturelles. La lignine peut ainsi être utilisée comme charge de renforcement. « Dans le meilleur des cas, les matériaux biosourcés peuvent être produits à partir de parties de plantes qui seraient autrement des déchets, explique Jani Turunen, responsable R&D pour les revêtements de rouleaux polymères chez Valmet. Nos clients n’ont pas non plus à faire de compromis sur les performances des produits, car les résultats ont montré que dans certaines applications, les performances s’avèrent même supérieures à l’offre traditionnelle. » Pâte Södra lance son biométhanol commercial sans fossile et reçoit deux Prix lors des PPI Awards Södra a construit la première usine au monde de biométhanol commercial, un combustible durable issu de la biomasse forestière, dans son usine de pâte de Mönsterås (Suède). Une première livraison pilote a été effectuée auprès d’un client danois, Emmelev, qui utilise ce biométhanol dans sa production de biodiesel. Le groupe a également reçu deux Prix lors des PPI Awards, qui ont été organisés dans le cadre de la conférence Fastmarkets RISI en mars. Le Prix dans la catégorie “Environmental Leadership” a récompensé OnceMore™ (recyclage des fibres textiles), cependant que la campagne “The Journey” a reçu le Prix “Marketing Campaign of the Year”. Ce Prix a été remis par notre groupe de presse, ENP Publishing-Paper First, un des sponsors de cet événement. Manifestation Cepi a remis ses “European Blue Sky Young Researchers & Innovation Awards” Dans le cadre de la Conférence “Paper & Beyond” qui s’est tenue à Bruxelles fin 2019, Cepi a organisé son traditionnel concours “European Blue Sky Young Researchers & Innovation Awards”. Trois étudiants sur huit finalistes ont été sélectionnés :Ville Rissanen (VTT, en Finlande), Marja Ahola (Université technique Darmstadt/Essity Operations, en Allemagne) ainsi que Birgit Lutsch (PTS, en Allemagne). Ces lauréats pourront concourir pour les “Blue Sky Awards”, compétition mondiale qui sera organisée par l’ICFPA en 2021.



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Motorisation

Les solutions de Nidec Leroy-Somer pour l’usine Ahlstrom-Munksjö de Saint-Séverin La papeterie d’Ahlstrom-Munksjö Specialties de Saint-Séverin a été récemment agrandie avec l’ajout d’une 4e ligne de production de papier sulfurisé véritable*. Toutes ces lignes sont entièrement équipées de motorisations fournies par Nidec Leroy-Somer. >>> Repères ■ Fondée en 1973 au Japon, la société Nidec figure parmi les leaders mondiaux de la fabrication de moteurs. Elle compte plus de 300 filiales, emploie quelque 120.000 personnes et réalise un C.A. d’environ 13,7 Md$. Ses moteurs, variateurs, générateurs et autres produits sont utilisés dans un large éventail d’applications (ordinateurs, usines, robots, etc.). ■ Créée en 1919, Leroy-Somer est une entreprise française qui emploie près de 6.200 personnes de par le monde. Comptant parmi les leaders mondiaux dans les systèmes d’entraînement électromécaniques et électroniques, cette société revendique le leadership mondial dans les alternateurs industriels.

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e site d’Ahlstrom-Munksjö à SaintSéverin (Charente) est spécialisé dans la fabrication de papiers sulfurisés véritables, utilisés dans des secteurs divers (agroalimentaire, électronique, aéronautique…), des marchés en forte croissance et sur lesquels l’usine exporte dans le monde entier.

MAÎTRISER L’OUTIL Du déroulage de la feuille au début de la ligne de sulfurisation à son enroulement, le papier défile à très grande vitesse entre les rouleaux d’acier, disposés dans quatre postes alignés sur une centaine de mètres (sulfurisation, séchage, finition et enroulage). La rotation de ces rouleaux doit être parfaitement synchronisée. Le moindre écart inattendu de vitesse, au niveau d’un seul de ces rouleaux, entraînerait une rupture de la bande et aurait donc un impact conséquent sur les coûts de production. Pour fabriquer un papier “high-tech” de

La bande de papier défile à très grande vitesse entre les rouleaux d’acier, disposés dans quatre postes (sulfurisation, séchage, finition et enroulage). Au total, des dizaines d’axes de rotation doivent être contrôlés avec une grande finesse et un haut niveau de synchronisation.

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grande qualité, il faut Les moteurs certes contrôler fine- et les ment des paramètres motoréducteurs, tels que le degré d’hy- qui assurent grométrie et la poro- la rotation sité. Mais les moteurs des rouleaux et les motoréduc- d’entraînement, doivent teurs, qui assurent la présenter rotation des rouleaux une grande d’entraînement, sont homogénéité de tout aussi importants fonctionnement. et doivent présenter une grande homogénéité de fonctionnement. Cette usine a choisi de concevoir et de fabriquer elle-même ses machines en s’appuyant sur des acteurs locaux. « Nous sommes soucieux de la qualité de nos produits et de la maîtrise de nos coûts, explique Gérard Giry, “Maintenance et Engineering Manager” du site. Nous nous devons d’avoir la maîtrise complète de notre chaîne de production. » C’est dans ce contexte que la solution propo- Nidec Leroysée par Nidec Leroy- Somer a été Somer s’est imposée. retenu pour les Ce fournisseur a été performances choisi pour les perfor- techniques de mances techniques de ses solutions, ses solutions d’entraî- en particulier nement électroméca- la gamme des motoréducteurs niques, en particulier CB3000. la gamme des motoréducteurs CB3000 sur la 4e ligne, récemment mise en service. Sa réactivité a également été appréciée. Par ailleurs, la notoriété de SEFI, son partenaire de proximité et distributeur français spécialiste de la transmission de puissance, a été déterminante. SEFI travaille en effet, dans les usines, avec les responsables des travaux neufs & de la maintenance et/ ou avec les directeurs de production. En outre, l’efficacité et le service du Centre de montage Nidec Leroy-Somer permettent d’accompagner clients, partenaires et dis-


Motorisation

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d’avancée du papier afin d’éviter toute casse. Les motoréducteurs de vitesse Compabloc 3000 à engrenages parallèles de Nidec Leroy-Somer permettent d’adapter la vitesse du moteur électrique à celle de la machine entraînée. La gamme complète comporte dix tailles. Parmi les caractéristiques techniques de cette famille de motoréducteurs, on retiendra : un moment nominal de sortie compris entre 10 N.m et 14.500 N.m, une puissance délivrée s’échelonnant de 0,06 à 110 kW, des rapports de réduction allant de 1,16 à 252 et un rendement élevé (entre 95 % et 98 %). Enfin, ces motoréducteurs sont également réversibles et appréciés pour leur fonctionnement silencieux. ■

Gérard Giry : « Depuis son intégration au sein de Nidec, Leroy-Somer a regagné sa capacité d’attention ; un état d'esprit qui se traduit par une excellente écoute du client. »

(*) Cf. notre reportage sur cette usine dans “La Papeterie” n° 358, Décembre 2018-Janvier 2019, pp. 10/13.

tributeurs dans le service qu’eux-mêmes fournissent, au quotidien, à leurs utilisateurs. « Pour garantir le soin et l’attention que nous souhaitons porter à nos clients, nous devons pouvoir compter pleinement sur nos fournisseurs, observe Gérard Giry. Depuis son intégration au sein de Nidec, Leroy-Somer a regagné sa capacité d’attention ; un état d'esprit qui se traduit par une excellente écoute du client. La fabrication de papier high-tech de grande qualité nécessite de pouvoir nous assurer d’une grande précision des systèmes d’automatisation, à l’échelle de nos machines et avec une grande finesse. »

>>> Une présence dans de nombreux secteurs

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es solutions de Nidec LeroySomer sont présentes dans toutes les industries dès lors qu’il s’agit de produire de l’énergie ou de transmettre un mouvement. Grâce à ses bureaux d’études, la société s’implique au cœur des métiers de ses clients, dès la conception des applications et des produits. Ainsi, Nidec LeroySomer adapte et personnalise ses gammes en intégrant les exigences du cahier des charges ou du process client (contrôle, autodiagnostic, communication, automatisme, surveillance…), les exigences de l’environnement de travail (humidité, corrosion, haute température…), les contraintes de la fonction machine (manutention, pompage, compression, ventilation…) ou encore les standards et les normes de l’industrie (papeterie, chimie…). La société a mis au point des nouvelles technologies dans de nombreux domaines (refroidissement des machines, haute vitesse, compatibilité électromagnétique, réduction des bruits et des vibrations, résistance mécanique des matériaux, etc.).

LA SOLUTION TECHNIQUE Au cours de sa fabrication, la bande de papier – d’une laize de 2,50 m et d’une longueur de 200 m – traverse donc quatre grandes étapes. Elle entre à une extrémité de la ligne et une bobine (d’environ 3 t) s’enroule à l’autre extrémité (35 km de bande par bobine).Au total, des dizaines d’axes Les quelque 180 rouleaux de rotation doivent d’entraînement être contrôlés avec qui équipent une grande finesse la ligne de et un haut niveau sulfurisation de synchronisation. doivent garantir Les quelque 180 la même vitesse rouleaux d’entraîned’avancée du ment qui équipent la papier afin ligne doivent garand’éviter toute casse. tir la même vitesse

Les motoréducteurs de vitesse Compabloc 3000 à engrenages parallèles permettent d’adapter la vitesse du moteur électrique à celle de la machine entraînée.

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Séchage

Séchage des couches barrières :

l’approche et les résultats de Compact Engineering Compact Engineering a mis au point des lampes infrarouges spéciales qui permettent de sécher les couches barrières, en commençant par la couche de sédimentation initiale. Ce dispositif est particulièrement efficace sur le plan énergétique. Des vitesses de production élevées peuvent être obtenues, sans compromettre la qualité du papier. Cet article examine les principes physiques du séchage des couches, en particulier barrières. Il montre qu’un transfert de chaleur effectif et un transfert de masse efficace élargissent l’étroite fenêtre d’action des papetiers dans la production de papiers barrières. Un cas d’application pour le séchage d’une couche spéciale à base d’alcool polyvinylique est également présenté.

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e séchage de la couche représente un élément essentiel de la fabrication du papier. Des difficultés particulières surgissent lors du séchage des couches barrières, car le processus de séchage crée également l’effet barrière. S’il reste de l’eau sous le film formé à la surface de la couche, elle endommagera la surface dès qu’elle s’évaporera. Par conséquent, une courbe de séchage correcte est un élément essentiel du séchage des couches barrières. Dans la plupart des cas, la vitesse de production doit être considérablement réduite par rapport aux couches normales, car les couches barrières ont souvent une dépose humide très élevée. Dans des cas particuliers, la vitesse de production n’atteint qu’un tiers, voire un quart de la vitesse normale. Le séchage optimisé des couches barrières à partir de la couche de sédimentation initiale évite la formation précoce d’un film à la surface et Le séchage toute l’eau peut être évaporée sans enoptimisé des dommager ultérieurement la barrière. De couches barrières plus, cette façon de sécher réduit netteà partir de ment la migration de phase liquide dans la couche de sédimentation le support et ainsi l’énergie nécessaire initiale évite pour le séchage. Et cela non seulement la formation sur couches barrières mais aussi convenprécoce d’un tionnelles. Nous montrons les principes film à la surface. physiques du séchage et leur influence sur De plus, toute le séchage des barrières, mais aussi sur les l’eau peut être couches en général ; nous montrons égaévaporée sans lement comment la fenêtre de travail peut endommager être considérablement élargie, en particuultérieurement la barrière. lier en termes de vitesse de production.

INTRODUCTION De très longues hottes à air chaud sont souvent utilisées pour sécher les couches barrières afin de les chauffer lentement et d’empêcher la formation précoce d’un film en surface. Inconvénients : la taille des machines et la faible vitesse de production. La plupart des fabricants de papiers barrières ont déjà constaté que les émetteurs infrarouges (IR) alimentés au gaz sont contre-productifs. Les émet46

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teurs IR électriques représentent l’outil de choix mais, là aussi, il existe différents concepts qui présentent des caractéristiques distinctes en matière d’efficacité énergétique. Compact Engineering a mis au point des lampes infrarouges spéciales qui permettent de sécher les couches, en commençant par la couche de sédimentation initiale, et qui sont particulièrement efficaces sur le plan énergétique. Avec les couches barrières, il est possible d’atteindre des vitesses de production élevées sans compromettre la qualité du papier. Le rapport coût-efficacité est similaire à celui des émetteurs IR fonctionnant au gaz. Cet article examine les principes physiques du séchage des couches, en particulier ceux des couches barrières. Il montre qu’un transfert de chaleur effectif et un transfert de masse efficace élargissent l’étroite fenêtre d’action des papetiers dans la production de papiers barrières. En outre, un cas d’application pour le séchage d’une couche spéciale à base d’alcool polyvinylique est présenté.

DIFFICULTÉS DE SÉCHAGE DES BARRIÈRES Les couches barrières sont particulièrement difficiles à sécher et les papetiers se plaignent souvent des petites fenêtres de fonctionnement de leurs coucheuses. Outre les difficultés du séchage normal de la couche, le problème réside dans le fait que le séchage active la barrière. Si la surface sèche trop rapidement, elle formera prématurément un film et l’eau ne pourra s’évaporer qu’à travers la barrière, ce qui provoquera des microbulles. C’est pourquoi le séchage avec des séchoirs à air chaud à basse température est devenu la méthode de production établie, dans laquelle la température de surface est maintenue basse au moyen de vitesses lentes et de longs séchoirs. Ainsi, la température dans la couche peut lentement s’égaliser. Cela permet d’éviter la formation précoce d’un film en surface au détriment d’une faible capacité de production. Les fabricants de papiers barrières ont déjà discuté du fait que les séchoirs à IR fonctionnant au gaz et installés devant les hottes à air chaud ne devraient pas être utilisés dans les coucheuses afin de ne pas altérer la qualité de la barrière. Toutefois, la plupart des utilisateurs ne connaissent pas les principes physiques en jeu.


Séchage

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PRINCIPES PHYSIQUES DU SÉCHAGE Le séchage est un processus en deux étapes : le transfert d’énergie vers la matière à sécher et le transfert de masse pendant laquelle le solvant est évaporé. Dans la fabrication et le couchage du papier, l’eau est utilisée comme solvant. Dans l’idéal, lorsque l’eau s’évapore, la majeure partie de l’énergie est retirée de la matière à sécher et la température de celle-ci diminue. Le transfert d’énergie peut être opéré de différentes manières : ◗ Conduction. Dans la fabrication du papier, elle est généralement réalisée à l’aide de cylindres chauffés à la vapeur dont la surface chaude chauffe la matière à sécher par contact direct et ne peut être utilisée pour les couches qu’une fois qu’elles ont atteint leur extrait sec d’immobilisation. ◗ Radiation,généralementparIR.Lerayonnementestnormalement la forme de transmission d’énergie la plus coûteuse, mais dans des applications spéciales, il est le plus efficace sur le plan énergétique. ◗ Convection, au moyen d’un émetteur tel que l’air dans un séchoir à air chaud. ■ Séchage de couche par air chaud Des hottes à air chaud sont utilisées après le poste de couchage, qui soufflent de l’air chaud et sec sur la surface du matériau à sécher et évacuent simultanément l’humidité. Lors du chauffage de la couche, il faut veiller à ce que la température augmente suffisamment lentement dans les hottes afin de contrôler la migration dans le substrat. Si la surface est chauffée trop rapidement, la phase liquide de la couche s’écoule dans le substrat, ce qui provoque des marbrures, de la poussière en surface (par manque de liant), etc. Avec le séchage barrière, l’augmentation de la température doit être plus lente qu’avec le séchage normal. L’énergie gagnée par la couche doit être proche de celle perdue par évaporation. Sinon, la surface de la couche se réchauffe trop rapidement, ce qui entraîne un séchage et une augmentation de la température au-dessus du point de formation du film. Une fois que le film est formé, le séchage s’arrête et l’eau restante est poussée à travers la couche barrière, ce qui provoque des microbulles. ■ Séchage de couche par radiation Pour le séchage des couches, des radiateurs IR sont fréquemment utilisés devant les hottes à air chaud afin d’immobiliser rapidement la couche et d’introduire de l’énergie sous la surface dans le matériau sec. Des émetteurs IR fonctionnant au gaz ou à l’électricité sont utilisés. ◗ Spectre de rayonnement de différents émetteurs IR (fig. 1) L’IR fait partie du spectre électromagnétique. Les différentes bandes d’ondes de l’IR sont déterminées par leurs longueurs d’onde qui, à leur tour, sont régies par la température de leur corps noir. Le rayonnement IR est généralement divisé en trois (parfois cinq) bandes d’ondes : • IR à ondes courtes : contiguës à la lumière visible à une longueur d’onde de 780 nm jusqu’à 2 µm, • IR à ondes moyennes : correspondant à des longueurs d’onde comprises entre 2 µm et 4 µm,

Fig. 1. Le spectre de rayonnement de Planck pour différents radiateurs à corps noir, avec le rayonnement spectral spécifique et la radiance spectrale. Jaune : rayonnement du soleil ; rouge : rayonnement de la Terre lors d’une journée ensoleillée.

• IR à ondes longues : entre 4 µm et 1 mm de longueur d’onde. À une exception près, les émetteurs IR électriques ont leur rayonnement maximal à une longueur d’onde de 1,18 µm dans le proche infrarouge, à une température de corps noir d’environ 2.450 K. Les radiateurs à gaz fonctionnent, selon la version, à des longueurs d’onde de pointe comprises entre 2,5 µm et 3,5 µm. Les émetteurs électriques optimisés de Compact ont leur puissance maximale dans l’IR à ondes courtes à une longueur d’onde de 1,45 µm,ce qui correspond à une température d’environ 2.000 K. Plus la longueur d’onde est courte, plus l’intensité du rayonnement, qui, selon la loi de Stefan-Boltzmann, augmente avec la quatrième puissance de la température absolue, est élevée. Un doublement de la température signifie une densité de rayonnement seize fois plus élevée. Une température plus haute entraînerait donc un meilleur séchage si l’absorption des infrarouges n’avait pas d’importance. ◗ Absorption des radiations Elle n’est que la première des quatre étapes du processus de séchage. L’absorption du rayonnement par le substrat et la couche fournit l’énergie nécessaire au séchage. L'infrarouge à la bonne longueur d'onde stimule les liaisons intramoléculaires dans la couche, l'eau et le substrat.

Fig. 2. Absorption du rayonnement IR par une fine couche d’eau et par du papier de base1.

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T echnologie & Environnement En 1991, Helmut Graab a publié l’absorption du rayonnement IR par une couche d’eau d’une épaisseur de 10 µm et un papier de base de couchage, en comparant différents systèmes d’émetteurs dans le séchage de la couche. La fig. 2 montre que l’eau présente une très forte absorption à une longueur d’onde d’environ 3,25 µm et 6,10 µm. Dans le domaine du proche infrarouge, le pic à 1,45 µm est absent de son graphique, mais il est répertorié pour le substrat. Des publications ultérieures montrent également ce pic dans le domaine du proche infrarouge (fig. 3).

Fig. 3. Absorption du rayonnement IR par l’eau en fonction de la longueur d’onde 2, 3, 4, 5.

Pour le séchage des couches barrières, les bonnes longueurs d’ondes IR doivent fournir un mélange d’absorption et de pénétration de l’énergie à la feuille. La longueur d’onde de crête idéale est de 1,45 µm.

Séchage La fig. 4 montre très clairement que la lumière rouge (780 nm) à la limite de l’IR pénètre très profondément dans l’eau et est à peine absorbée. La lumière IR d’une longueur d’onde de 1.180 nm – sur laquelle les émetteurs électriques commerciaux émettent leur maximum – pénètre également très profondément. À une profondeur de 860 µm, seulement 15 % du rayonnement est absorbé et transformé en chaleur. 80 % du rayonnement des radiateurs électriques optimisés, qui ont une puissance maximale à une longueur d’onde de 1.450 nm, est absorbé par une profondeur de 310 µm. La fig. 5 montre la pénétration de certaines longueurs d’onde du rayonnement IR dans les 20 premiers µm de profondeur. Il est clairement démontré que 80 % de l’IR à ondes moyennes d’une longueur d’onde de 2.950 nm est déjà absorbé à une profondeur de 0,7 µm. Au 2e pic pertinent de l’IR d’ondes moyennes, émises par les émetteurs IR à gaz, à 6,1 µm, 80 % du rayonnement est absorbé à une profondeur de 3,6 µm. Au 3e pic du spectre MIR, à une longueur d’onde de 4.650 nm, 80 % du rayonnement est absorbé dans les premiers 17,3 µm. En moyenne, 80 % de l’énergie des radiateurs IR à gaz est absorbée dans les trois premiers µm. En pratique, cela entraîne un fort réchauffement de la surface de la couche. Le rayonnement ne peut pas pénétrer très profondément, de sorte que le substrat reste pratiquement non chauffé.Avec une couche barrière à base de PVA de 15 à 20 g/m2 de dépose humide, seuls les 15 à 20 % supérieurs de la couche sont chauffés. Cela entraîne un séchage et un chauffage rapides et donc la formation précoce d’un film sur la surface. Toute eau restant dans la couche ou la feuille va rompre la couche et détruire la barrière.

◗ Pénétration des radiations dans la couche et le substrat À 1,45 µm, le rayonnement est capable de pénétrer la couche et de chauffer la feuille située en dessous. Cela empêche la migration vers la feuille et garantit que la couche commence à sécher à partir de l’interface couche/feuille. L’évaporation continue de la surface de la couche garde la surface fraîche et les couches barrières ouvertes pour une plus grande évaporation. La relation longueur d’onde/pénétration est décrite dans la loi de Lambert-Beer et illustrée dans les fig. 4 et 5 pour certaines longueurs d’onde.

Fig. 5. Profondeur de pénétration et absorption du rayonnement IR par l’eau pour certaines longueurs d’onde des émetteurs à gaz à une profondeur de pénétration de 20 µm.

Fig. 4. Profondeur de pénétration et absorption du rayonnement IR par l’eau pour certaines longueurs d’onde des émetteurs électriques conventionnels et optimisés, profondeur de pénétration 1.000 µm.

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◗ Évaporation efficace Le simple fait de chauffer la feuille ne suffit pas à la faire sécher. Pour qu’il y ait séchage, la vapeur d’eau doit être éliminée. Une très fine couche laminaire repose sur la feuille, qui se déplace avec la bande à une vitesse proche de celle de la production. Si cette couche est saturée de vapeur d’eau, le séchage s’arrête et la feuille se réchauffe. Il est essentiel d’enlever cette couche laminaire avec de l’air turbulent pour éliminer le plus de vapeur d’eau possible.

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Séchage SÉCHAGE DES BARRIÈRES SANS MICROBULLES Pour une immobilisation rapide de la couche de sédimentation initiale, une grande partie de l’énergie doit être émise à des longueurs d’onde comprises entre 1,4 µm et 1,8 µm, afin que la couche soit séchée par en dessous pour éviter la formation prématurée d’un film. Si le support est chauffé efficacement, le séchage de la barrière (comme toute autre couche) commence à partir de la couche de sédiments initiale. La formation du film de la barrière n’est achevée que lorsque l’eau s’est évaporée et que la température augmente. Cela Les séchoirs se produit en dernier lieu à la surface XenTec de de la couche. Les sécheurs doivent être Compact capables d’évaporer suffisamment de Engineering vapeur d’eau pour dissiper la chaleur sont conçus absorbée afin d’empêcher une élévation pour qu’à pleine de la température pour former un film, charge, l’énergie quelle que soit l’humidité. De plus, cela maximale soit minimise la migration de la phase liquide libérée à une longueur d’onde de la sauce de couchage, réduisant la de 1,45 µm. consommation de cette sauce. Compact Engineering a développé ses séchoirs XenTec. Ils sont conçus pour qu’à pleine charge, l’énergie maximale soit libérée à une longueur d’onde de 1,45 µm. Les pertes à des longueurs d’onde inférieures à 1,3 µm sont réduites au minimum, tout en garantissant une pénétration très profonde dans le substrat. En général, les trois quarts ou plus de l’énergie chauffent le substrat. Par rapport aux lampes électriques classiques, qui ne sont efficaces qu’à environ 35 % pour chauffer la feuille, les lampes XenTec convertissent bien plus de 60 % de l’énergie électrique utilisée pour transférer la chaleur au substrat et à la couche. Dans le même temps, la couche limite laminaire est remplacée par de l’air chaud et sec avant que l’énergie radiante ne soit appliquée afin d’augmenter l’évaporation. Sous l’émetteur, la couche laminaire est perturbée par les turbulences de l’air d’impact et à nouveau remplacée directement après l’émetteur. La saturation de la couche limite laminaire est ainsi évitée. L’évaporation rapide contribue au refroidissement de la couche, de sorte que même les couches difficiles – telles que les thermiques – ne sont pas chauffées au-dessus d’une température critique mais refroidies par l’enthalpie d’évaporation, ceci malgré la densité énergétique extrêmement élevée des radiateurs. Pour optimiser la rentabilité, ce séchoir XenTec est idéalement placé comme “booster” devant les hottes à air chaud afin de faciliter leur travail et de laisser l’évaporation principale à l’air chaud, plus économique.

T echnologie & Environnement d’étranglement. Dans certains cas, la vitesse de production est de 60 à 70 % inférieure à celle des couches normales. Un séchoir et contre-réflecteur XenTec Apollo a été utilisé comme “booster” entre le poste de couchage et les hottes à air chaud. Un peu plus de 50 cm d’espace d’installation est nécessaire dans le sens de la machine. Le XenTec Apollo présente une puissance de 160 kW/m et s’évapore autant que les lampes IR classiques avec une puissance de 320 à 350 kW/m. Ceci a été précédé par diverses expériences avec des émetteurs IR afin d’augmenter les performances. On savait que les brûleurs à gaz étaient désavantageux.Avec un émetteur électrique classique, la vitesse pourrait être augmentée de 3 %. À un rendement plus élevé, la qualité du papier était altérée car cet émetteur ne permettait pas l’évaporation immédiate de l’eau. Pour une période de remboursement raisonnable, la vitesse aurait dû être augmentée d’au moins 5 %. Avec le XenTec Apollo, une augmentation de la vitesse de production de 8,8 % et 12,5 % a été obtenue, à 91 kW/m et 115 kW/m respectivement (fig. 6). La qualité globale a également été améliorée (fig. 7).

Fig. 6. Gain de vitesse avec le XenTec Apollo comme “booster” devant les hottes à air chaud.

CAS D’APPLICATION : COUCHE BARRIÈRE À BASE DE PVA Une couche barrière typique à base de PVA à haute viscosité avec une dépose de 1,2 g/m2 et un extrait sec de 8 % – donc une dépose humide de 15 g/m2 et une épaisseur de couche d’environ 15 µm – doit être séchée. La coucheuse dispose de plusieurs têtes de couchage sur les deux faces du papier. Jusqu’à présent, seuls de longs séchoirs à air chaud ont été utilisés. Néanmoins, le séchage de la couche barrière représente le goulot

Fig. 7. Amélioration de la qualité par le séchage à partir de la couche de sédiments initiale et la prévention d’un filmage prématuré de la surface.

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Fig. 3. formatio c


T echnologie & Environnement Cela est dû à la courbe de température pendant le séchage : la température maximale est restée de 3 à 9 °C en dessous de la température atteinte avec l’utilisation exclusive de hottes de séchage. L’humidité a également été réduite de 0,5 %. Signe que la vitesse de production peut encore être augmentée, mais des “boosters” doivent maintenant être utilisés à cette fin sur les autres têtes de couchage.

Fig. 8. Le chauffage du substrat facilite le travail des hottes à air chaud. Celles-ci peuvent évaporer beaucoup mieux si l’on commence le séchage à partir de la couche de sédimentation initiale. Une évaporation efficace refroidit la couche.

Le point critique est le séchage précoce de la couche pendant la phase de réchauffement. La thermographie d’une installation expérimentale (fig. 9) montre clairement qu’un apport énergétique élevé – et donc une performance d’évaporation – est possible si la chaleur est extraite de la couche et du substrat le plus rapidement possible. Avec un concept de séchage approprié, il est même possible d’obtenir une température nettement inférieure à la bobine (fig. 8) et d’éviter le blocage, ce qui est particulièrement fréquent avec les papiers barrières thermo-soudables. Cela empêche la formation précoce d’un film et donc l’endommagement de la barrière.

Fig. 9. Thermographie d’une installation d’essai avec XenTec Apollo comme “booster” après une couche barrière.

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Séchage L’analyse thermique montre que le XenTec Apollo ne chauffe la couche que d’environ 9 °C, malgré l’apport énergétique élevé. Dans cet exemple, cela signifie une augmentation de la vitesse de production d’un impressionnant 20 %. Ceci est assuré par le séchage de la couche de sédiments initiale, qui permet à l’eau chauffée de s’évaporer de la surface de façon optimale.

RÉSUMÉ Dans la production de papiers barrières, Idéalement, les défis résident dans les restrictions le séchoir à IR de séchage et la petite fenêtre de approprié est fonctionnement des coucheuses. Le utilisé comme séchage des barrières entraîne leur “booster” devant pelliculage et donc une réduction de les hottes à la perméabilité à l’eau et à la vapeur. Si air chaud. Cela les conditions physiques mentionnées permet d’obtenir sont correctement mises en œuvre, des vitesses de production elles étendent considérablement plus élevées, un la fenêtre de fonctionnement. meilleur rapport En choisissant la bonne longueur d’onde coût-efficacité et donc la profondeur de pénétration et et des propriétés l’absorption optimales du rayonnement, optimales du ainsi que l’élimination simultanée de l’eau papier. évaporée, les barrières sont séchées de leur couche de sédimentation initiale, ce qui permet d’éviter un filmage prématuré de la surface. Idéalement, le séchoir à IR approprié est utilisé comme “booster” devant les hottes à air chaud. Cela permet d’obtenir des vitesses de production plus élevées, un meilleur rapport coût-efficacité et des propriétés optimales du papier. WOLF HEILMANN, Wolf Heilmann Produkte für die Papiererzeugung (Augsburg) TIM KLEMZ, Compact Engineering Ltd (Thirsk)

(1) Graab, Helmut : “Einfluss der Strahlertemperatur von Infrarotstrahlern auf die Trockenleistung”, Wochenblatt für Papierfabrikation 19, 1991 (2) Hale, G. M. et Querry, M.R. : “Optical constants of water in the 200 nm to 200 µm wavelength region,” Appl. Opt. 12, 555-563 (1973) (3) Irvine, W.M. et Pollack, J.B. : “Infrared optical properties of water and ice spheres”, Icarus, 8, 324-360 (1968) (4) Segelstein, D.J. : “The complex refractive index of water”, Université du Missouri-Kansas City (1981) (5) Zolotarev, V.M., Mikhilov, B.A., Alperovich, L.L. et Popov, S.I. : “Dispersion and absorption of liquid water in the infrared and radioregions of the spectrum”, Optics and Spectroscopy, 27, 430-432 (1969)


Etude

T echnologie & Environnement

Sac papier vs sac plastique :

match nul pour la durée de conservation Les sacs en papier et en polyéthylène FFS (form-fill-seal) offrent une protection équivalente au ciment lorsqu’ils sont stockés pendant 18 mois dans des conditions identiques. C’est la conclusion d’une étude menée par l’organisme de recherche norvégien Sintef à la demande de l’ESG, groupe européen de recherche sur les sacs papier, fruit d’une coopération entre CEPI Eurokraft et Eurosac. bois et recouverts d’une housse en plastique. Soit une situation d’entreposage typique. « Bien que la durée moyenne de stockage du ciment en sac n’excède pas deux à trois mois en Europe, nous souhaitions ici déterminer la performance des sacs sur des durées plus longues, au-delà de 18 mois, précise Catherine Kerninon. Un sac de chaque type a été analysé au bout de trois périodes différentes. » Après prélèvement des échantillons et homogénéisation du ciment, les échantillons ont été soumis à différentes méthodes de test normalisées afin de mesurer la qualité du ciment après chaque période de stockage. Photo d’un entrepôt de Sika, en Allemagne.

«

Le ciment durcissant au contact de l’eau, l’emballage doit impérativement et parfaitement protéger le produit lors de son stockage prolongé afin de préserver sa qualité et ses propriétés, explique Catherine Kerninon, déléguée générale d’Eurosac, la fédération européenne des fabricants de sacs papier à grande contenance. Pour être assurés que notre industrie répond aux exigences des producteurs de ciment et qu’elle a sa place sur le marché pour emballer ce produit, nous avons étudié la durée de conservation offerte par les deux solutions de sacs les plus utilisées : le papier et le plastique. » Au sein de l’ESG, groupe européen de recherche sur les sacs en papier, les parties prenantes affirmaient en effet que les sacs en plastique offraient une meilleure durée de conservation que leurs équivalents en papier. Cette étude a examiné les modèles classiques de ces types de sacs, d’une contenance de 25 kg dans les deux cas. D’une part, un sac papier standard à valve, constitué de deux couches de papier (80 g/m2 et 70 g/m2), avec un film barrière en polyéthylène haute densité (PEHD) de 12 µm. D’autre part, un sac plastique standard composé de trois couches de film PE COEX (PEBD, PEHD et PEBDL) d’une épaisseur totale de 120 µm.

Les sacs ont été remplis de ciment identique et stockés dans un entrepôt extérieur, en Norvège. Les conditions climatiques étaient fluctuantes et extrêmes.

CONDITIONS DE L’ÉTUDE Trois sacs de chaque type ont été remplis de ciment identique et stockés dans un entrepôt extérieur, en Norvège. Les fluctuations climatiques étaient extrêmes : les températures ont varié entre - 17,9 °C et 32,1 °C et l’humidité relative entre 28 % et 96 % (échantillonnage aléatoire pour l’humidité). Les sacs étaient empilés sur une palette en

RÉSULTATS Poids total, niveau d’hydratation, résistance du mortier, comportement de l’écoulement initial ou de la résistance à la compression à 28 jours… : la qualité et la performance du ciment prélevé à différents moments sur les deux types de sacs ont répondu aux exigences de l’industrie cimentière. Par exemple, les tests calorimétriques ont montré que les niveaux d’hydratation dans les 24 heures restaient essentiellement inchangés. En outre, la chaleur cumulée dégagée par l’hydratation après 24 heures – qui correspond à la résistance du mortier sur ce laps de temps – se situait dans les limites de la répétabilité standard (5-7 J/g) sur tous les échantillons testés. Par ailleurs, les sacs papier offrent de grands bénéfices environnementaux. Selon les résultats d’une autre étude réalisée par l’institut de recherche suédois RISE, leur empreinte carbone est 2,5 fois plus faible que celle des sacs en plastique*. « Les sacs papier représentent une solution d’emballage efficace et durable pour les matériaux en poudre et en vrac comme le ciment, conclut Catherine Kerninon. Pour profiter pleinement de ces propriétés, nous avons publié des recommandations sur la façon de manipuler correctement les sacs industriels en papier tout au long de la chaîne d’approvisionnement. » La seconde partie de ce document informe également les fournisseurs et les revendeurs sur les risques et sur les meilleures pratiques à mettre en œuvre pendant la distribution et le stockage. ■ (*) Cf. article sur l’impact comparé du sac plastique et du sac papier sur l’environnement dans “La Papeterie” n° 357, Octobre-Novembre 2018, pp. 72/73. ◗ CEPI Eurokraft est l’Association européenne des producteurs de papier kraft pour sacs et pour d’autres emballages. www.cepi-eurokraft.org ◗ Eurosac est la Fédération européenne des fabricants de sacs papier à grande contenance. www.eurosac.org

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R H & Formation >>> Coronavirus : entre relative inaction et peur diffuse, comment les entreprises et les salariés ont-ils réagi au début de l’épidémie ?

L

a plateforme de recrutement par l’intérim Qapa a interrogé*, fin février, des recruteurs et des candidats sur leur réaction à l’épidémie de coronavirus. Seulement 10 % des sociétés françaises avaient alors mis en place des actions concrètes, de façon formelle (communication interne, affichage ou e-mail) et 13 % de manière informelle. Pour les sociétés actives dans la lutte contre le virus, diverses consignes avaient été mises en place. Ainsi, pour 81 %, les contacts physiques étaient à éviter et près des deux tiers avaient annulé leurs séminaires ou leurs voyages. En revanche, la distribution de solutions hydro-alcooliques et la demande de pouvoir travailler à distance n’avaient été retenues que par 40 %. Par ailleurs, 78 % des femmes et 59 % des hommes interrogés déclaraient ressentir une sorte de crainte ou de tension sur leur lieu de travail. Enfin, 74 % craignaient que l’épidémie ait un impact néfaste sur l’activité de leur entreprise.

Actualités

Salon LA FILIÈRE PAPETIÈRE A EXPOSÉ AU MONDIAL DES MÉTIERS

Plus de 123.000 personnes ont visité le 24e Mondial des Métiers qui s’est tenu, du 6 au 9 février, à Lyon. Un résultat en hausse de 3,5 % comparé à 2019. Quelque 700 métiers ont été présentés et plus de 4.000 professionnels ont fait le déplacement. L’Association Filière Formation de l’Intersecteur Papier Carton (Afifor), dédiée à la formation initiale et à l’alternance, était également présente, avec une équipe composée de représentants de tous les centres de formation de la région AuvergneRhône-Alpes (enseignants, étudiants et entreprises). La filière a ainsi pu rappeler ses atouts et ses potentialités : innovation, variété des métiers, intégration des enjeux de la transition écologique et numérique, etc. « En termes de volume, c’est un tsunami d’opportunités qui va déferler sur nos marchés, explique Frédéric Munoz, responsable “Apprentissage-Ingénieur” à Grenoble INP-Pagora. Nos chercheurs sont de plus en plus sollicités par la grande distribution pour

(*) Sondage réalisé entre le 26 et 28 février auprès de 4,5 millions de candidats et 135.000 recruteurs.

Sur son stand, l’Afifor a rappelé les atouts et les potentialités de la filière : innovation, variété des métiers ou encore intégration des enjeux de la transition écologique et numérique.

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concevoir des emballages “zéro plastique”. Et, en amont de l’emballage, c’est toute la filière papiercarton (production, innovation et logistique) qui sera impactée dans les prochaines années. » Ces conséquences seront majeures, comme le précise Isabelle Margain, directrice de l’Afifor : « Pour faire face au renouvellement des compétences et à l’évolution des métiers, les besoins de recrutement vont s’accroître dans les prochaines années, en particulier en apprentissage. » A vos agendas : le 25e Mondial des Métiers est programmé du 26 au 28 février 2021. Par ailleurs, afin de toucher un maximum de jeunes, l’Afifor a conçu une vidéo avec le Youtubeur Tibo Inshape. Réalisée au sein de Schisler, entreprise basée à Thouars (DeuxSèvres), cette video dure une douzaine de minutes. Dans ce film intitulé “Je fabrique 9.000 sacs écologiques” et monté sur un rythme trépidant, Tibo décrypte et participe à chaque étape de la production. Il interroge également des professionnels sur leur parcours et sur leur métier. Postée le 26 novembre dernier sur Youtube, cette vidéo avait été vue, mi-février, par plus d’un million de personnes !

Politique/Egalité professionnelle LE CONSEIL DE LA MIXITÉ ET DE L’ÉGALITÉ DANS L’INDUSTRIE A LANCÉ SON PLAN D’ACTION

Cet automne, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé le plan d’action et la feuille de route du Conseil de la mixité et de l’égalité professionnelle dans l’industrie. Créé le 5 mars 2019 auprès du Conseil national de l’industrie (CNI), ce Conseil travaille à la mise en œuvre d’actions concrètes visant à augmenter le nombre de femmes dans ce secteur et à faciliter leur accès à des fonctions de responsabilité, opérationnelles et de R&D. Cette démarche cherche donc à valoriser leur potentiel et à élargir le vivier de compétences de l’industrie. Cette feuille de route s’articule autour de trois axes : éducation, orientation et gestion des carrières.Ainsi, de l’enfance à l’âge adulte, il s’agira de lutter contre les stéréotypes et les biais plus ou moins conscients, par exemple dans le choix des jouets, des livres, des activités à caractère scientifique, des


Actualités filières… Diverses actions viseront à faciliter l’entrée et la promotion des femmes dans le monde industriel : partenariats, interventions dans les établissements scolaires, visites de sites, “marrainages” ou encore lutte contre les biais de genre dans les algorithmes de recrutement ou contre les écarts de rémunération femmes-hommes. Le Conseil doit publier, ce mois de mars, un Guide des bonnes pratiques innovantes sur tous ces sujets. Enfin, Agnès Pannier-Runacher a lancé le défi “IndustriElles” qui cherchera à constituer un collectif d’au moins 1.000 femmes impliquées dans la mise en œuvre de ces actions. Divers acteurs ont annoncé leur volonté de participer, tels que l’Alliance Industrie du Futur (AIF), Bpifrance, l’association “Femmes Ingénieurs” ou l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Un site web et un groupe LinkedIn ont été lancés fin janvier. www.industrielles.gouv.fr/ www.linkedin.com/groups/12329140/

Bibliographie FORMATION : COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ ?

Plan de développement des compétences, compte personnel d’activité, conseil en évolution professionnelle, validation des acquis… : tous ces dispositifs ont été créés pour aider chacun(e) à construire sa carrière. Mais, dans la réalité, ils restent largement méconnus. En quoi consistent-ils ? Comment et pourquoi est-on parvenu à un système si complexe ? En effet, malgré leurs bonnes intentions, les réformes successives ont abouti à une trop grande multiplication des dispositifs et à une complexité trop importante des circuits de financement. Pour y voir plus clair, l’auteur, Thierry LegrandBrowaëys, étudie le contenu de chacune des 14 lois votées depuis le début des années 1970, en explique le contexte et analyse leurs points forts et leurs limites. « L’accumulation des réformes n’empêche guère la persistance de fortes inégalités, explique-t-il (…). Les pratiques des entreprises ne vont d’ailleurs pas dans le sens d’une démocratisation puisque les techniques de détection et de gestion des talents incitent à privilégier le développement des compétences des salariés évalués comme étant les plus performants. » L’ouvrage préconise cinq principes afin que la formation

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contribue davantage à la cohésion sociale et à la réduction des inégalités : simplification, responsabilisation, communication, contrôle et digitalisation. “Formation professionnelle : comment en sommes-nous arrivés là ?” • Auteur :Thierry Legrand-Browaëys • 228 p. • 18 € (version papier) et 4,99 € (version numérique) • www.edilivre.com.

Bibliographie LES DERNIÈRES PUBLICATIONS DE GERESO ◗ Manager le travail à distance. Les bonnes pratiques des nouveaux modes de travail. Aujourd’hui, dans les entreprises, un tiers des effectifs travaille à distance, sous une forme ou sous une autre et, à l’horizon 2030, la moitié des emplois seront concernés par cette nouvelle manière de travailler. Le développement de la transversalité, la logique de concentration-décentralisation et la révolution numérique constituent autant d’évolutions organisationnelles qui facilitent le développement de ces modes de travail. Mais quels sont les enjeux, les atouts et les leviers du management à distance ? Comment favoriser l’engagement et l’autonomie, harmoniser les méthodes, planifier les activités et coordonner les travaux ? Cet ouvrage est centré sur les pratiques managériales de savoir-faire et de savoir-être dans une démarche proactive. Auteur : Daniel Ollivier • 24 € • 265 p. ◗ Montez en gamme. Expérience client et qualité perçue : enjeux majeurs pour les entreprises. Le postulat de cet ouvrage : considérer la compétitivité sous le seul angle de la réduction des coûts est délétère. Car cette vision conduit à la guerre des prix, à la réduction des marges, à la banalisation de l’offre et à l’affaiblissement des marques. A contrario, les sociétés qui se préoccupent de “la compétitivité hors-coûts” peuvent, en montant en gamme, atteindre des marges confortables, fortement fidéliser leurs clients et s’octroyer une position solide sur leurs marchés. L’auteur explique les concepts fondamentaux, indique le chemin et désamorce les pièges. Cet ouvrage s’adresse à des publics divers : chefs d’entreprise, directeurs marketing ou qualité, étudiants en écoles d’ingénieurs, de commerce et de management, etc. Auteur : Romuald Vigier • 23 € • 207 p.

>>> Bordeaux, Montpellier et Nantes : le trio gagnant des villes selon les cadres !

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’après une étude de Cadremploi* portant sur les 30 métropoles les plus attractives pour les cadres, le tiercé gagnant est Bordeaux, Montpellier et Nantes. Suivent : Aix-en-Provence, Lyon, Lille,Toulouse, Paris, Annecy et Clermont-Ferrand. Ce travail s’est intéressé aux villes qui ont enregistré des arrivées de cadres au cours des six dernières années afin de comprendre les raisons de ces afflux. Seize critères ont été examinés : démographie, emploi, immobilier, climat, écoles, équipements culturels et sportifs, réseau de transport urbain, cadre de vie, éducation, culture, etc. Enfin, selon Cadremploi, pour 2020, les prévisions d’embauches des cadres restent au beau fixe, cependant que les envies de changer de vie persistent, en particulier chez les Franciliens, comme l’a montré une étude, également réalisée par Cadremploi et parue en août 2019.

(*) Palmarès réalisé par Baptiste Legout (responsable palmarès Figaro Classifieds).

>>> INFOS EXPRESS ■ En France, le regard sur l’apprentissage serait-il enfin en train de changer ? En 2019, notre pays a en effet compté quelque 368.800 apprentis, dont plus de 353.000 dans le privé. Soit une hausse de 16 %, un record. Cette progression a profité à l’ensemble des secteurs. ■ Fin janvier, IBC Paper Training a annoncé avoir achevé la formation d’une partie du personnel de Fregata Hygiène, nouvelle usine de tissue construite à Charavines (Isère), sur un ancien site d’Arjowiggins. Deux groupes de douze personnes ont bénéficié de cette formation qui a débuté en septembre et octobre derniers. Verdict : presque un sansfaute, puisque 23 certificats d’aptitude ont été décernés.

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Etude Harris Interactive

Baromètre de la formation et de l’emploi : des résultats contrastés et un accompagnement nécessaire

Dans un monde du travail en profonde mutation, la formation continue apparaît comme une nécessité pour rester “employable” et comme une opportunité pour évoluer dans sa carrière. Cinq ans après la mise en place du Compte personnel de Formation (CPF), les actifs français estiment être responsables de leur parcours, mais parfois mal armés pour opérer les bons choix. Ils sont donc en attente d’accompagnement. Tels sont les grands enseignements d’une étude réalisée par Harris Interactive.

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entre Inffo1 a mandaté Harris Interactive afin de mettre en place un Baromètre de l’emploi et de la formation professionnelle2. Cet indicateur permettra d’éclairer et de suivre, dans le temps, le regard des actifs sur leur formation ainsi que les enjeux qui y sont associés. Il est constitué d’une partie barométrique et d’un focus spécifique. La vague 1 a ainsi été dédiée aux “Soft Skills”3.

◗ Mais un impératif difficile à concilier avec les rythmes actuels. Si les mérites de la formation sont donc largement reconnus, 60 % des actifs la jugent cependant contraignante car difficilement compatible avec des agendas professionnels chargés.

PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS ◗ Un besoin prépondérant dans un monde en mutation. La formation continue est très majoritairement perçue comme une chance pour évoluer professionnellement (87 %) et comme une nécessité pour préserver son employabilité (84 %, fig. 1). Ainsi, 80 % des actifs interrogés indiquent exercer un métier qui évolue et qui nécessite des formations (fig. 2). En outre, une majorité des personnes sondées se projette, dans cinq ans, dans un autre métier (22 %), ou dans le même métier, mais exercé différemment (42 %). Enfin, la formation continue permet aussi de ne pas se lasser et de prendre du recul sur son quotidien de travail.

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Fig. 1. Réponses à la question : “Estimez-vous que continuer à se former au cours de sa vie professionnelle est… ?”

Fig. 2. Réponses à la question : “Diriez-vous que votre métier…. ?” Un actif sur trois estime que son métier évolue très vite ; un sur deux qu’il évolue mais lentement, cependant que un sur cinq juge qu’il n’évolue pas. Plus on est un actif diplômé, plus on considère que son métier évolue.

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■ Une offre quelque peu 36 % des critiquée. Si les critiques sont actifs minoritaires à l’encontre de la interrogés formation telle qu’elle existe jugent la aujourd’hui, 36 % des répondants formation inutile. la jugent toutefois inutile, parce que la mise en pratique de ce qui a été appris ne leur apparaît guère probante ou parce que rares sont les formations vraiment adaptées à leur métier. En outre, pour 37 % des répondants, l’argent de la formation continue est mal dépensé, ce sentiment étant plus prégnant encore parmi les chômeurs. ◗ La responsabilisation de chacun… A l’heure du CPF, les actifs sont également une majorité à penser que chacun est responsable de son parcours. Ils estiment donc personnellement avoir un rôle encore plus important à jouer (84 %)

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Etude Harris Interactive que les organismes dédiés à ce sujet (78 %), les entreprises (75 %), les branches (70 %) ou les acteurs publics. Cette responsabilisation n’exonère cependant pas les autres acteurs, privés et publics, tant le besoin d’accompagnement est prégnant. ◗ ... mais cette responsabilisation peine à produire pleinement ses effets, cinq ans après la mise en place du CPF. Bien qu’ils s’attribuent un rôle prépondérant, les actifs ne sont guère entreprenants. Si 56 % estiment être acteurs de leur formation, ils ne sont en effet que 16 % à se dire « tout à fait » acteurs, 44 % reconnaissant ne pas être actifs sur ce sujet. En outre, seuls 30 % déclarent avoir déjà émis des souhaits lors des entretiens professionnels, 22 % avoir contacté directement des organismes, 20 % avoir fait des recherches et envoyé ces informations à leur employeur ou encore 18 % à avoir déjà suivi une formation de leur propre initiative, en dehors des heures de travail (cours du soir, Mooc…). ◗ Déficit d’informations et difficulté à cerner les sources. 57 % des actifs s’estiment mal informés. Les plus informés sont les moins de 35 ans et les cadres. Ce déficit concerne les droits, les ressources (lieux d’orientation, possibilités d’accompagnement, organismes, financement…) ou les formations porteuses en matière d’emploi. Le plus souvent, les actifs se tournent vers 57 % des leur employeur ou vers les moteurs de actifs recherche mais ils connaissent peu les sources s’estiment d’informations dédiées à ce sujet. Seulement mal informés un sur quatre déclare ainsi connaître le portail et seulement “Orientation pour tous” et un sur dix l’utilise. un actif ◗ Connaissance du CPF et de l’application sur quatre liée, mais pas nécessairement du montant des déclare connaître le droits. En dépit d’une information qu’ils jugent montant de insuffisantes, 85 % des actifs interrogés indiquent ses droits de avoir entendu parler du CPF et 59 % de formation. l’application “Mon Compte Formation” lancée en novembre dernier. Mais seulement un actif sur quatre déclare connaître aujourd’hui le montant de ses droits. ◗ Un actif sur deux projette de suivre une formation en 2020, avec une idée arrêtée dans six cas sur dix seulement. Sont privilégiées, le plus souvent, les formations en lien avec l’informatique et les nouvelles technologies. ◗ “Soft Skills”3, des compétences comportementales indispensables. Si ce terme n’est connu que par un quart des répondants, il l’est par 40 % des cadres et par 45 % des moins de 35 ans. Pourtant, une fois ce terme explicité, près des trois quarts des sondés considèrent que ces compétences sont importantes pour évoluer et 62 % estiment qu’il est possible de suivre des formations afin de les acquérir ou de les renforcer. Une majorité des répondants juge même que ces formations sont nécessaires pour apprendre à manager, à être chef de projet ou pour être en relation avec les clients. Invités à indiquer les “Soft Skills” sur lesquelles ils aimeraient être formés, les sondés font état de souhaits très disparates (fig. 3). Selon eux, les meilleures manières de se former à ces compétences “douces” sont les mises en situation, le partage des bonnes pratiques et le coaching

R H & Formation

Fig. 3. Réponses à la question : “Si vous deviez aujourd’hui suivre une formation professionnelle dédiée aux “Soft Skills”, quelles sont les trois compétences que vous aimeriez le plus acquérir ou développer ?

individuel. En revanche, ils sont plus dubitatifs sur les “serious games” (jeux vidéo de société, de rôle…). ◗ Plus on est formé initialement, plus on estime qu’il sera nécessaire de se former tout au long de la vie. La variable la plus explicative des réponses est souvent à chercher dans le niveau de formation initiale. Les plus diplômés (niveau supérieur à Bac+2) sont par exemple davantage susceptibles d’avoir entendu parler du CPF (91 %, + 6 points vs la moyenne). Ils sont aussi plus nombreux à afficher un projet de formation pour 2020 (62 %, + 11 points). Ces résultats montrent un besoin d’accompagnement encore plus prégnant Le besoin d’accompagnement des moins diplômés, des membres des catégories populaires et des chômeurs, est plus prégnant pour les moins qui semblent disposer de moins de clefs diplômés, les et d’outils face à cette problématique et membres des qui sont plus nombreux à considérer que catégories c’est aux Pouvoirs publics et au monde populaires et les de l’entreprise d’être responsables des chômeurs. parcours de formation des actifs. Enfin, les salariés des petites entreprises font état d’un niveau d’informations un peu moindre. A ceci s’ajoutent d’autres obstacles, tels qu’une difficulté encore plus élevée pour concilier formation et activité professionnelle. ■ (1) Centre Inffo est chargé du développement de l’information en matière de formation permanente. Il constitue l’échelon national de l’information et de la documentation dans le domaine de l’orientation et de la formation professionnelles. (2) Enquête réalisée en ligne du 16 au 20 décembre par l’institut Harris Interactive. Echantillon de 1.559 actifs. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, statut d’emploi, catégorie socioprofessionnelle et région d’habitation de l’interviewé(e). Cette enquête est téléchargeable avec le lien https://harris-interactive.fr/ opinion_polls/barometre-de-la-formation-et-de-lemploi-vague-1/ (3) Les “Soft Skills” sont des compétences non pas techniques mais comportementales, humaines ou transversales : créativité, intelligence émotionnelle, communication, résolution de problèmes, confiance en soi, gestion du stress, sens du collectif… la papeterie 365 Février-Mars 2020

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Manifestations

L’automne animé de Grenoble INP-Pagora La fin de l’année a été particulièrement dense pour Grenoble INP-Pagora, qui a organisé de nombreux événements.

n PAGORA INTERNATIONAL DAY, UNE PREMIÈRE ÉDITION RÉUSSIE

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et événement qui s’est tenu le 22 novembre était consacré à la découverte des points de vue et au partage des pratiques internationales sur le thème “Compétences & Innovation”. S’inscrivant dans la continuité du Forum qui a réuni une vingtaine de sociétés*, cette première édition a attiré un public nombreux composé d’entreprises, d’étudiants ainsi que de personnels de l’école et du laboratoire. La table ronde consacrée aux recrutements et aux Les participants à la table ronde consacrée aux partenariats et à l’innovation. compétences a été animée par Séverin Van Gastel, chargé des partenariats internationaux de finale d’une innovation. Ils ont également insisté sur le caractère Grenoble INP-Pagora. Ce rendez-vous a réuni Marc Cuglietta, collaboratif d’un tel processus. La contribution importante, mais directeur “Supply Chain” de Fine Hygienic Holding (Émirats pas exclusive, d’un laboratoire de recherche doit en effet être arabes unis), Delia Partescano, “Learning & Development Manager soutenue par les apports (juridiques, financiers, de transferts Europe” chez Albéa (France), Bernard de Galembert, ancien de technologie...) d’autres structures. La démarche d’innovation directeur “Innovation & Bioéconomie” de Cepi (Europe), Frédéric connaît néanmoins une situation contrastée. Des entreprises Munoz, responsable de l’apprentissage (Grenoble INP-Pagora) s’y investissent activement tout en se heurtant à des freins et Annie Scanlan, responsable “Adhésions & Informations” chez structurels : difficulté des industries papetières et graphiques, Intergraf (Europe). plutôt conservatrices, à développer une vision de long terme, Dans leur recrutement de cadres, les industriels sont souvent clients réfractaires aux changements proposés, etc. Cette journée confrontés à la méconnaissance de leurs activités par les candidats s’est poursuivie avec la présentation de Pagora et du LGP2 par ainsi qu’aux attentes des postulants en termes de conditions le directeur, Naceur Belgacem, avec la visite de l’école et du de travail et de développement durable. S’agissant des profils laboratoire ainsi qu’avec l’organisation de réunions BtoB. recherchés par les entreprises, les intervenants se sont accordés sur l’importance donnée aux compétences comportementales (*) Cf. notre édition 364, Décembre 2019/Janvier 2020, p. 68. (Soft Skills). Pour être recrutés et ensuite pour être performants au travail, les seules compétences techniques ne suffisent pas : les n DIPLÔMES 2019 : LES CONSEILS AVISÉS DE recruteurs attendent des ingénieurs d’autres qualités, telles que la CINDY LABAUME créativité, la confiance en soi, la motivation ou le leadership. oujours le 22 novembre, Grenoble INP-Pagora a remis Animée par le directeur-adjoint de l’école, Bernard Pineaux, la table leurs diplômes aux ingénieurs sortis de l’école en 2018. ronde dédiée aux partenariats et à l’innovation a rassemblé Julien La marraine de la promotion, Cindy Labaume, responsable Bras, directeur de département chez Nestlé Research Center “Qualité opérationnelle” chez Hermès, a présenté son itinéraire (Suisse), Evelyne Mauret, ancienne directrice du LGP2, André en soulignant les apports de l’école et en délivrant ses conseils. Dion, directeur de l’Institut des Communications graphiques et Durant ses classes préparatoires, un stage effectué à Clairefontaine de l’imprimabilité (Canada) ainsi que Rémy Botalla-Gambetta, chef a ouvert les portes de l’univers de la fabrication du papier à de projet “Recherche & Innovation” chez DS Smith (France). la jeune Vosgienne, qui a alors décidé de suivre une formation Les intervenants ont souligné la nécessité de déterminer l’utilité d’ingénieure à Pagora.

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Manifestations

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En 2004, diplôme en poche, elle débute sa carrière chez UPM Stracel, comme ingénieure de production puis ingénieure développement. Elle rejoint ensuite Georgia Pacific SER, au poste de responsable de spécifications produits puis qualité. Intégrée à SCA SER, elle prend, en 2012, la responsabilité de l’atelier “Vaisselle jetable”, puis de l’atelier “Hygiène”, avant de prendre en charge les opérations “Coton” chez Essity Hondouville. Après un court passage chez Endupack, elle rejoint Cérémonie de remise des diplômes aux ingénieurs sortis de Pagora en 2018. Au centre, au premier finalement Hermès Parfums & Beauté rang, la marraine de la promotion, Cindy Labaume, responsable “Qualité opérationnelle” chez Hermès. en 2018. Inspirée par le concept japonais de l’ikigai, elle insiste sur la nécessité de trouver un travail qui n ANNÉE CULTURELLE FRANCE-EGYPTE : fait sens : « Soyez persévérants et dites ce que vous voulez faire » ou GRENOBLE INP-PAGORA ET LE LGP2 ONT « Il n’y a pas de honte à essayer et à revenir en arrière » ou encore PARTICIPÉ À UNE CONFÉRENCE SUR LE « Dans la vie, je ne perds jamais : soit je gagne, soit j’apprends ! » DÉVELOPPEMENT DURABLE ET LA SCIENCE Elle cultive l’audace (« Osez prendre des risques »), la confiance ancée en janvier 2019, l’année culturelle France-Égypte a été en soi (« N’ayez aucun doute sur votre valeur ») et le goût de l’occasion de mettre en valeur les patrimoines respectifs des l’apprentissage permanent (« Lisez, lisez, lisez... »). deux pays et de favoriser leur dialogue. C’est dans cet esprit que Dans chacun de ses postes, Cindy Labaume a également aimé le Centre national de la recherche égyptien (NRC) et l’Institut relever de nouveaux défis. Pour y parvenir, elle a utilisé toutes d’ingénierie grenoblois (Grenoble INP) – avec Grenoble INPles connaissances et compétences acquises à Pagora : process Pagora/LGP2 comme maîtres d’œuvre – ont organisé l’ICSSD papetier, procédés d’imprimerie, colorimétrie, chimie, mesures 2019 (International Conference on Science and Sustainable physiques, anglais, plan d’expérience, gestion de projet, qualité, Development) sur le thème “There can never be sustainable analyse de risque, calculs techniques, optimisation des coûts... development without science”. Cet événement s’est déroulé au Mais aussi ouverture d’esprit, rigueur, organisation, veille active Caire, en septembre dernier. La coopération scientifique nouée ou réseau professionnel. En conclusion, Cindy Labaume a lancé de longue date entre le NRC et Grenoble INP-Pagora avait été aux 36 diplômés présents : « Vous avez tous les outils. Vous êtes les renforcée, en avril 2018, par la signature d’une convention. seuls à connaître votre chemin. À vous de jouer ! » Quelque 500 personnes ont assisté à la cérémonie d’ouverture. Au cours de cette manifestation, il a été question d’industrie et d’innovation, de gestion de l’eau, d’environnement et de changement climatique, de sécurité alimentaire, d’énergie ou >>> Des prix pour l’excellence encore de santé. Conférence multidisciplinaire, l’ICSSD 2019 s’est u cours de cette cérémonie, des prix ont également réconcentrée sur les solutions durables apportées par la science compensé la qualité des projets de fin d’études réalisés et visant à assurer aux futures générations un développement par des élèves-ingénieurs en 2018 et 2019. Pour sa 14e édisocialement équitable, sûr du point de vue environnemental et tion, le Trophée Arkema a ainsi été remis par Jérôme Blanc, économiquement prospère à l’horizon 2030. Outre les professeurs R&D Manager, Pulp and Paper Applications, à Benjamin Viard Naceur Belgacem et Alain Dufresne, plusieurs membres de la (promo 2019) pour son projet intitulé “Effect of some loncell-F process parameters on the cellulose dissolution, and délégation, y compris des doctorants de Grenoble INP-Pagora, dope spinnability”, réalisé à l’Université d’Aalto (Finlande). ont présenté les avancées de la recherche menée au LGP2. n Irène Fauconnier, Printing & Color Standardization Specialist, et Valérie Boué, responsable Développement RH, ont décerné le Prix Albéa à Adeline Pongerard (promo 2019) pour son projet consacré au développement d’un procédé d’impression hybride de tampographie digitale réalisé chez Teca Print France.

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Enfin, le Prix remis par Frédéric Munoz, président de l’Association des anciens élèves La Cellulose, a récompensé Jérémy Louis (promo 2018, apprenti) pour son projet dédié au développement de la co-intégration Oled/OPD et à l’évaluation des matériaux réalisé chez Isorg.

Tribune officielle lors de la conférence ICSSD qui s’est déroulée au Caire cet automne.

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Chronique/L’art du recrutement

Entretien de recrutement (52e)

Tests de personnalité : à quoi ça sert ? Les tests de personnalité, vous les aimez sans doute pour vous distraire ! Dans cette nouvelle chronique, Jacques Thibaud* vous explique comment ils peuvent aussi être utilisés dans un contexte professionnel.

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es tests de personnalité sont utiles dans plusieurs cas : principalement, d’abord, pour mieux se connaître soi-même et, bien sûr, dans le cadre d’un recrutement. En surfant sur Internet, on constate le nombre impressionnant de tests gratuits, dont les résultats vous sont communiqués immédiatement. Vous en trouvez également dans de nombreux magazines, sérieux ou racoleurs. Il s’agit d’ailleurs le plus souvent de jeux qui visent à se distraire, sans prétention et dont on ne garde aucun souvenir. Si on sait à quoi on aspire à l’âge de vingt ans, Les qualités on entrevoit déjà à trente ans ce qu’on est et, ou les défauts mieux encore, passé quarante ans. Ce qu’on évoluent avec appelle les qualités ou les défauts (notamment le temps. pour un poste) évolue avec le temps. Quel que soit le contexte, il faut répondre à ces tests avec une parfaite honnêteté, car, sinon, ils seront faussés. Bien sûr, il est tentant de cocher la case “Sait prendre des décisions”, plutôt que celle “Prend le temps de la réflexion avant de décider”. Mais l’important est d’inscrire la vérité du moment. Par ailleurs, les réponses de type “Je botte en touche et je choisis une option bateau” sont immédiatement décelées. C’est pourquoi une approche personnelle permet de prendre réellement connaissance de qui on est – “noir sur blanc” et en tout anonymat – et de mieux se connaître dans sa vie personnelle, sociale et professionnelle. Vous connaissez déjà parfaitement votre fonctionnement, votre mode d’emploi, mais répondre à ces tests peut vous permettre de découvrir le champ des possibles ainsi que des attentes éventuelles non réalisées. La synthèse qui sera communiquée révèle vos domaines d’excellence et ce qui est nécessaire à votre équilibre. Dans le domaine du recrutement, des tests L’important viennent souvent en complément du CV, de est d’inscrire la lettre de motivation, du dossier confidentiel la vérité du rempli par le candidat et d’un entretien moment. approfondi, organisé après plusieurs rendezvous téléphoniques. Par la suite, un contrôle des références des précédents postes occupés, en interrogeant (avec l’accord du candidat) un supérieur hiérarchique, un collègue ou un client, permettront de mieux cerner le mode de fonctionnement du postulant. A partir du moment où toutes ces étapes ont été conduites correctement, les tests interviennent en confirmation, comme outil d’analyse normé, et évaluent de manière impartiale les qualités relationnelles, les motivations et les “Soft Skills” (capacité de communication et d’écoute, empathie, autonomie…). On peut d’ailleurs commenter les résultats avec le candidat. C’est ce que je fais. 58

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Parmi les différents tests, tous d’origine angloLes tests les saxonne, les plus utilisés sont : le test des Big plus utilisés : Five, le MBTI (Myers Briggs Type Indicator, de le Big Five, le loin le plus usité dans le monde, surtout aux MBTI, le PAPI Etats-Unis), le PAPI (Personality and Preference et le SOSIE. Inventory, très utilisé en France), ainsi que le SOSIE. Ils permettent tous, à des degrés divers, d’évaluer l’affinité du candidat au poste, dans son environnement, ainsi que ses possibilités d’évolution dans l’entreprise telle qu’elle est à ce moment-là. w Le MBTI est leader mondial des tests de recrutement (+ de 50 %). Il est principalement utilisé pour les embauches de managers dans les sociétés anglo-saxonnes où des qualités de prise de décision et de responsabilités sont indispensables. Selon les versions proposées, le nombre de questions varie de 93 à 222 avec, à chaque fois, deux propositions au choix. Le résultat du test permet de choisir parmi 16 types de personnalités. w Le PAPI, très utilisé par les recruteurs en France comme je l’ai constaté, évalue les comportements et motivations d’un candidat en milieu professionnel. La version classique propose un choix de 90 phrases avec deux possibilités, parfois sans aucun lien l’une avec l’autre. Quant au PAPI normatif, il offre 128 phrases au candidat, qui doit indiquer sa préférence sur une échelle de valeur allant de “Tout à fait d’accord” à “Pas du tout d’accord”. En résultat, un graphique est établi, comptant 22 échelles réparties en sept dimensions : dynamisme, conscience professionnelle, autorité, recherche de résultats personnels, tempérament, sociabilité et ouverture d’esprit. w Le SOSIE révèle, d’une part, le comportement général et la dimension personnelle et, d’autre part, les aspirations et les objectifs du point de vue de l’empathie et de l’ambition, en adéquation avec les caractéristiques du poste et de son environnement. Il s’agit de choisir parmi trois ou quatre affirmations au sein de 98 groupes. Le profil psychologique établi indique neuf traits de personnalité et douze valeurs personnelles et interpersonnelles. Ainsi, quel que soit le test choisi par le recruteur, il a entre les mains un outil d’évaluation étalonné et comparable pour tous les candidats. Ses seules obligations consistent à prévenir le candidat qu’il passera un test qu’il peut refuser et à lui en communiquer le résultat à sa demande.

JACQUES THIBAUD privatec@orange.fr (*) Jacques Thibaud (Private Consulting) est spécialiste du recrutement pour l’industrie papetière.Vous pouvez réagir à cette chronique en contactant l’auteur (06.30.96.26.57) ou la rédaction (01.43.20.18.56).



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Chronique/Droit social

Agirc-Arrco :

que faire si ma clef de répartition des cotisations n’est pas 60/40 ? Didier Vuylsteke* décrypte les subtilités de la clef de répartition des cotisations Agirc-Arrco. Une chronique riche d’enseignements pour ceux qui naviguent, depuis longtemps, dans un océan d’incertitudes sur ce sujet complexe.

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a fusion Agirc-Arrco, intervenue au 1er janvier 2019, a suscité de nombreuses interrogations de la plupart des entreprises adhérentes à l’Unidis1, mais la question relative à la clef de répartition des cotisations a fait l’objet des inquiétudes les plus nombreuses. Inquiétudes qui perdurent en 2020. Au vu des risques de contentieux, nous Au vu des rappelons notre interprétation initiale des risques de textes qui s’est avérée conforme à celle contentieux, nous de la circulaire Agirc-Arrco du 9 janvier rappelons notre 20192. Les problématiques liées aux charges interprétation sociales étant réputées cryptiques3, nous initiale des textes tenterons d’être le plus limpide possible. qui s’est avérée conforme à celle de la circulaire >>> Principe : une répartition Agirc-Arrco du à 60/40 9 janvier 2019. Les cotisations dues au titre du régime AgircArrco sont réparties entre l’employeur et le salarié à raison de : • 60 % par l’employeur ; • 40 % par le salarié. Cette répartition vaut pour l’ensemble des cotisations4. Elle vaut également pour les tranches 1 et 2 de cotisation.

>>> Trois dérogations potentielles/Deux dérogations possibles

Les entreprises peuvent appliquer une répartition dérogatoire en application : • d’une répartition différente appliquée au 31 décembre 1998 ; • d’une transformation de plusieurs entreprises appliquant une répartition différente et conservant la répartition appliquée dans l’entreprise dont l’effectif des cotisants est le plus important ; • d’une convention ou d’un accord collectif de branche antérieur au 25 avril 1996. Comme il n’existe pas, dans les conventions collectives de la production et de la transformation des papiers et cartons5, d’accord de branche antérieur au 25 avril 1996 définissant une clef de répartition différente6, seules les deux premières dérogations sont possibles. Dans ces deux premières situations, la répartition peut être : • plus favorable au salarié (part patronale supérieure à 60 %) ; • ou défavorable au salarié (part patronale inférieure à 60 %). 60

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Lorsque la répartition est plus favorable au salarié, la part patronale excédant 60 % ne donne pas lieu à réintégration dans l’assiette de calcul des cotisations de sécurité sociale.

>>> Sanctions potentielles à défaut de produire la preuve d’une dérogation

Concrètement, si la clef de répartition appliquée dans l’entreprise n’est pas celle de principe (60/40), les sociétés doivent vérifier si cette répartition s’appliquait dans leur entreprise avant le 1er janvier 1999 ou si elle découle d’une transformation de plusieurs entreprises. En cas de contrôle ou de contentieux, l’entreprise doit pouvoir prouver le cas dérogatoire sur lequel elle se fonde. À défaut, selon le contexte, au moins deux sanctions sont envisageables : • part patronale supérieure à 60 % : la prise en charge de la cotisation salariale sera réintégrée dans l’assiette de cotisations de sécurité sociale ; • part patronale inférieure à 60 % : les salariés pourraient demander l’application du taux plus favorable de 60/40. Cet article ne va sûrement pas réconcilier les personnes hermétiques au calcul de la paie avec cette matière. En revanche, pour ceux qui naviguent depuis longtemps dans cet océan d’incertitude, nous espérons que le voyage s’est révélé instructif, si ce n’est divertissant.

DIDIER VUYLSTEKE didier.vuylsteke@unidis.fr (*) Didier Vuylsteke est juriste en droit social à l’Unidis (Union Inter-secteurs papiers cartons pour le dialogue et l’ingénierie sociale). (1) L’Union Intersecteurs Papiers Cartons pour le dialogue et l’ingénierie sociale (Unidis) est un syndicat professionnel créé spécifiquement par les fédérations professionnelles des secteurs de la production et de la transformation des papiers et cartons avec pour objet la promotion et la défense des intérêts de leurs entreprises adhérentes, notamment dans le domaine du droit social. (2) Circulaire Agirc-Arrco n° 2019-1 DRJ du 9 janvier 2019, pp. 47 et 48. (3) Ce qui explique, d’ailleurs, le fait que, durant les huit années de participation à la revue La Papeterie, nous n’ayons rédigé qu’un seul article en lien avec la paie : « Cadeaux et bons d’achat attribués aux salariés : fin de l’exonération de charges sociales ? », La Papeterie n° 349, Juin-Juillet 2017, p. 56. (4) Cotisation de calcul des points, CEG et CET. (5) IDCC : 700/707/1492/1495. (6) Les accords prévoyaient seulement des montants minima de cotisations désormais dépassés.



Manifestations

Agenda

Suite à l’épidémie de coronavirus, de nombreux événements prévus en ce début d’année ont été reportés ou annulés. En voici une liste non exhaustive. Nous vous conseillons de consulter les sites Internet des organisateurs afin de disposer des dernières informations.

AVRIL

w 29/30. Conférence “International Woodfiber Resource and Trade” organisée par Fastmarkets RISI à Lisbonne. risiinfo.com

MAI

w 6/7. Convention SPCI. spci.se w 6/7. Luxe Pack New York. luxepack.com w 18/20. Conférence du Bureau international du recyclage (BIR) à Istanbul. bir.org w 26/27. Edition spéciale by Luxe Pack au Carreau du Temple, à Paris. luxepack.com w 26/28. Salon CFIA à Rennes (initialement prévu du 10 au 12 mars). cfiaexpo.com w 27/29. Fefco Summit à Amsterdam fefco.org

JUIN

w 9/12. Global Industrie à Paris Le Bourget (initialement programmé du 31 mars au 4 avril). global-industrie.com w 24/25. Zellcheming à Francfort. zellcheming-expo.de

JUILLET

w 7/8. Luxe Pack Shanghai (initialement prévu les 8 et 9 avril). luxepack.com

SEPTEMBRE

w 8/9. Salon All for Content à Paris (initialement prévu les 28 et 29 avril). allforcontent.fr w 8/9. Symposium PTS sur le carton ondulé à Dresde. corrugated-board-symposium.com w 10/11. Ozone Days organisés par Grenoble INP-Pagora/ LGP2 et UniLaSalle à Beauvais. ozone-days-2020.com w 28/30. Luxe Pack à Monaco. luxepack.com w 30. Journée technique de l’Atip à Dax, précédée, la veille, par la visite de l'usine de Rayonier Tartas. atip.asso.fr

OCTOBRE

w 14/16. Miac à Lucca. miac.info w 20. Conférence EMGE à Amsterdam. emge.com w 20/23. Index, à Genève (initialement programmé du 31 mars au 3 avril). edana.org w 28/29. Conférence Paper & Biorefinery à Graz. paperbiorefinery.com

NOVEMBRE

w 3. Séminaire The Power of Print à Londres. powerofprint.info w 23/26. All4Pack, à Paris-Nord Villepinte. all4pack.fr

DÉCEMBRE

w 1/2. La Presse au Futur. lapresseaufutur.com

>>> Conférence Fastmarkets RISI à Lisbonne : le coronavirus s’invite mais la sérénité reste de mise !

M

algré les restrictions de voyage qui ont empêché certains des participants, sponsors et invités de se joindre à l’événement, la Conférence européenne organisée par Fastmarkets RISI du 9 au 11 mars à Lisbonne a réuni quelque 150 personnes, sur les 250 inscrites. Si les Italiens et de nombreux participants venant du Moyen-Orient ont dû annuler leur participation, ils ont pu délivrer leurs présentations, assister à la conférence et même prendre part aux discussions grâce aux connexions à distance. L’impact du coronavirus sur l’économie générale et, partant, sur le secteur papetier, a bien entendu été

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abordé par la plupart des présentations et lors des échanges. Toutefois, un consensus s’est dessiné pour estimer qu’au-delà du court terme et du ralentissement actuel de l’activité, le retour à une croissance soutenue devrait intervenir après cette crise sanitaire, dans un classique mouvement de rattrapage. Reste à savoir évidemment combien de temps cette pandémie durera…

Au cours du dîner organisé le 10 mars, les gagnants des PPI Awards ont été annoncés (photo). Composé de professionnels indépendants de l’industrie papetière (consultants, journalistes, analystes…), le jury était invité à évaluer des projets, des réalisations ainsi que des personnalités. Ksenia Sosnina (Ilim) a reçu le prix de la CEO internationale de l’année, cependant que Klaus Peller (Mondi Syktyvkar) a été récompensé par le Prix du meilleur directeur d’usine et que Susanne Oste (Sappi Europe) a été sacrée femme de l’industrie. Notre groupe de presse, ENP PublishingPaper First, un des sponsors de cet événement, a eu le plaisir de remettre le Prix de la meilleure campagne marketing à Södra. Stéphane RichaRd


Emballage

Manifestations

Beau succès pour les Salons ADF&PCD et PLD Paris Organisés à Paris fin janvier, les Salons ADF&PCD et PLD ont réuni des producteurs et des distributeurs de papiers & cartons destinés au secteur de l’emballage pour la parfumerie, la cosmétique, le luxe ou les boissons. Le coronavirus n’avait pas encore sévi et l’ambiance était au beau fixe. Au total, ces manifestations ont mobilisé plus de 10.000 visiteurs.

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arton plein pour les Salons ADF&PCD et le nouveau venu, PLD, qui se sont déroulés les 29 et 30 janvier à Paris Porte de Versailles. Ces manifestations sont dédiées aux emballages pour les marchés de la parfumerie, du premium packaging, des boissons de luxe, des cosmétiques, des aérosols ou encore des parfums. Organisées par Easyfairs, elles ont réuni 650 exposants et plus de 10.000 visiteurs en provenance de 84 pays. Des représentants de sociétés prestigieuses – L’Oréal, Chanel, LVMH, Unilever, Procter & Gamble, Remy Cointreau… – ont pu assister à de nombreuses conférences afin, notamment, de mieux comprendre les nouvelles tendances de ces marchés. Il a en particulier été question d’environnement, de recyclage, de réduction des grammages ou de mono-matériaux. La prochaine édition de ces Salons se déroulera les 20 et 21 janvier 2021 et 90 % des exposants ont déjà réservé leurs stands ! V. L.

Les stands des papetiers et des cartonniers étaient accueillants, avec des couleurs souvent chatoyantes. Ici, Arjowiggins, Cartonnerie Oudin, Cordenons, Gmund, Inapa, Papeterie de Mandeure (groupe Clairefontaine), Papeterie de Montségur et Zuber Rieder.

ADF : Aerosol & Dispensing Forum • PCD : Packaging of Perfume Cosmetics & Design • PLD : Packaging of Premium & Luxury Drinks.

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