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AU QUOTIDIEN

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NAUFRAGE

NAUFRAGE

L’essor d’une spécialité

De plus en plus de journalistes se consacrent à l’environnement et font face ensemble.

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Aujourd’hui quand on écrit sur le changement climatique, on joue un rôle de lanceur d’alerte, comme le font les climatologues et les scientifiques », affirme Stéphane Mandard, journaliste au service Planète du Monde. Si, il y a quelques années, les questions environnementales n’étaient pas la priorité des rédactions, aujourd’hui les journalistes spécialisés dans ce domaine sont attendus. «Ce n’est plus un thème marginal, constate Angela Bolis, pigiste. Je n’ai aucun mal à vendre mes sujets.» Cette spécialité suppose d’explorer une multitude de sujets. Aurore Coulaud, journaliste pour la cellule environnement de Libération, a assisté à la naissance de la chronique Fil Vert du quotidien. « On voulait faire des sujets réguliers sur la thématique de l’environnement et nos chefs répondaient positivement», se souvientelle. Un jour est consacré aux animaux, un autre aux actions concrètes à mettre en place, un autre aux bonnes nouvelles. Puis la journaliste et ses collègues se mettent à travailler sur des dossiers qui regroupent décryptages, enquêtes, portraits et reportages. Ils abordent des thèmes comme la chasse, le recyclage ou le réensauvagement. La rédaction accueille à bras ouvert ces nouveaux sujets. Cette diversité passionne Sébastien Billard, journaliste environnement chez L’Obs. Il regrette néanmoins de ne pas pouvoir faire assez de terrain à cause du temps que prend le travail sur le Web. «C’est paradoxal, parce que travailler sur l’environnement veut dire aller voir dehors ce qui se passe», déplore-t-il.

Vigilants mais pas militants Du côté des journalistes scientifiques, l’approche est différente. Clémentine Thiberge, spécialisée dans le domaine, explique: «Je fais surtout des décryptages d’études et de travaux de recherche». Cependant, tous se rejoignent pour dire qu’il faut rester vigilant. «Quand on est spécialisé sur ce thème, c’est impossible

La thématique de l’environnement suppose, pour un journaliste, d’explorer une multitude de sujets. d’être contre la protection de l’environnement, soutient Clémentine Thiberge. Mais on n’est pas pour autant militant. On garde à l’esprit que les sujets qu’on traite sont toujours nuancés.» Pour Stéphane Mandard, «il est important de creuser ce sillon, d’informer, de répéter. Nous sommes face à un bouleversement historique ».Éveiller les consciences et rendre la science accessible à tous, tel est le mantra des journalistes environnement. Marine GACHET

Ultramarins, ultra oubliés

Au cœur des scandales environnementaux, les Outre-mer sont pourtant loin de faire la une.

En matière de solutions à l’urgence climatique, les départements d’outre-mer (DOM) français peuvent servir d’exemple. La Réunion est le département qui produit le plus d’électricité à partir des énergies renouvelables, avec plus de 35 %. Cela s’explique par le fait que l’île n’est pas connectée au réseau métropolitain des centrales nucléaires. Cette exemplarité n’est pourtant que rarement traitée dans les médias nationaux. Et c’est loin d’être un cas isolé: de nombreux faits d’actualité ne sont pas ou peu évoqués dans la presse française. Dans le scandale du chlordécone aux Antilles, en janvier 2021, les juges d’instruction ont laissé entendre aux parties civiles que la procédure pourrait aboutir à un non-lieu. Cet insecticide, interdit aux États-Unis dès 1976 et retiré de la vente en France en 1990, a continué d’être utilisé dans les Antilles françaises jusqu’en 1993. Leurs sols ont été durablement contaminés ainsi que les nappes d’eau souterraines. Toute l’agriculture en est affectée. Les populations locales continuent de subir les conséquences, avec des risques avérés d’accouchement prématurité et de cancer de la prostate. Dans les médias français, les actions en justice contre ce scandale environnemental n’ont pas fait la une. Et en 2020, la chaîne France Ô, dédiée au traitement des informations ultramarines, est fermée. Une fermeture révélatrice: la chaînes n’a pas su ou pu s’adresser à la fois aux Ultramarins et aux Métropolitains. La pauvreté du traitement médiatique des DOM se résume en un chiffre: selon une étude de l’INA publiée en 2018, les Outremer représentent moins de 0,5 % des sujets traités dans les journaux télévisés français en dix ans. «On en parle quand il y a une crise assez importante ou un cyclone, ce n’est pas systématique», analyse Boris Courret, journaliste à BFM TV et ancien de France Ô. Même dans un contexte de crise environnementale, la loi kilométrique n’épargne pas les Outre-mer.

En Guadeloupe, 22,02 % de l’éléctricité est d’origine renouvelable, selon l’Orec. Marielle POUPARD

Le poids du climat dans la balance médiatique

Reporterre, Bastamag ou Kaizen, de nombreux titres se spécialisent sur les enjeux climatiques. Qu’en est-il des médias dits généralistes ? Réponse avec notre baromètre des sujets environnement dans la presse.

Infographie : Grégory Genevrier/EPJT Page réalisée par Nejma BENTRAD, Marion CHEVALET, Gregory GENEVRIER, Chloé PLISSON et Enzo MAUBERT

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