INTERNATIONAL
transport public. Si seulement les gens n’avaient pas à trimbaler tout leur matériel ! », relève l’expert, qui imagine la commercialisation d’un forfait, incluant le matériel et le transport. « En Autriche, et à Verbier, en Suisse, des vestiaires et casiers à skis se trouvent à côté des caisses et au départ des télécabines. En Corée du Sud, dans une station proche de Séoul, les gens arrivent, se changent car ils ont leur casier, et retournent en ville. » Autre sujet problématique pour Laurent Vanat, les gouffres énergétiques, « ces immeubles des années 1970 qu’il vaudrait parfois mieux détruire et reconstruire ». PASS ET PRÉVENTES Aux Etats-Unis, le ski reste élitiste. Le groupe Vail Resorts a été le premier à mettre en place un système de pass saison donnant accès à une trentaine de stations à prix accessible, à des réductions sur l’hébergement, la restauration, les cours de ski, la location de matériel... « Il existe aussi le Magic Pass en Suisse. Des petites stations gérées indépendamment se sont réunies autour d’un pass unique pour encourager la pratique du ski auprès d’une clientèle jeune et locale », signale Kaline Osaki. Val Cenis a adopté la tarification dynamique pour booster l’achat anticipé. Les pré-ventes et forfaits saison aux capacités limitées, incitant à acheter à l’avance, deviennent une tendance lourde qui arrive en France et se confirme en Suisse, annonce Laurent Vanat. Ces capacités limitées, justement, seraient-elles la réponse à une surfréquentation des pistes ? « Une enquête de satisfaction française révèle que les usagers considèrent qu’il y a trop de monde sur les pistes. L’Autriche et la Suisse ont mis en place des mesures pour limiter la fréquentation et bien gérer les flux. N’aurait-on pas intérêt à revenir à un modèle plus raisonnable ? », s’interroge Kaline Osaki.
Projet de recherche européen sur les transitions des territoires de montagne Emmanuelle George, Chercheure, travaille au montage d’une candidature au programme Interreg Espace Alpin avec d’autres pays européens alpins : la Suisse, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie. Cette étude concerne les transitions des stations et des territoires touristiques de montagne, problématiques partagées par l’ensemble de ces pays. Si le projet est retenu, la mission devrait démarrer à l’automne prochain.
« L’idée est d’obtenir une diversité de situations : des stations plus ou moins vulnérables, avec des niveaux de prise de conscience différents. Et dans tous les cas, des territoires volontaires, prêts à se lancer dans ce dispositif associant recherche et acteurs de terrain », indique la chercheure. Une fois constitué, ce réseau de stations européennes permettra un partage d’expériences, la recherche de solutions transposables, adaptées à chaque territoire, en vue de les mettre à disposition des acteurs de stations comme porteurs de politiques publiques.» Emmanuelle George mène déjà des travaux similaires à l’échelle du département de l’Isère. Elle entend bien articuler les deux programmes qui peuvent se nourrir l’un de l’autre.
« L’idée est d’obtenir une diversité de situations » EMMANUELLE GEORGE, CHERCHEURE
S’il y a du bon chez chacune des stations, « aucune ne fait tout bien », tranche Laurent Vanat. La station idéale n’existe pas, et les modèles ne sont pas tous réplicables. Aucune montagne ne se ressemble, et c’est très bien ainsi.
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M O U N TA I N P L A N E T
2022