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1.2.2 Les représentations sont évolutives
cadres mentaux sont-ils amenés à évoluer ou au contraire à rester immuables ? Si l’on se fiait à
notre bon sens, nous dirions que les représentations n’évoluent pas toutes au même rythme. Nous dirions aussi que certaines représentations sont plus ancrées que d’autres. Qu’elles en seraient les raisons ?
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Abric (1976), à travers sa théorie du noyau central, a montré qu’une représentation est structurée sur deux niveaux distincts : le noyau central et les éléments périphériques.
– Le noyau central est composé de quelques éléments simples,mais néanmoins essentiels à la représentation. Si l’un d’eux est absent ou différent, l’ensemble de la représentation en est transformé. Selon Abric, ceux-ci servent à donner une orientation générale à la représentation, c’est-à-dire à définir la valeur de l’objet (bien ou mal). De plus, les éléments qui composent le noyau central présentent la particularité d’être relativement résistants aux changements.
– Les éléments périphériques, plus nombreux et plus complexes permettent d’une part à l’individu de décoder la réalité et les situations auxquelles il est confronté et d’autre part de traiter les éléments de réalité contradictoires à une représentation. Dans ce dernier cas, les éléments périphériques vont faire tampons et se déformer pour absorber le choc des éléments contradictoires à la représentation. Ainsi, le contenu global ou le noyau central de la représentation est préservé. L’individu aura alors une représentation nuancée dans laquelle sont incorporés des éléments périphériques contradictoires.
De ce fait, toute représentation pourrait potentiellement évoluer sous l’effet d’éléments contradictoires. Cependant, à en suivre le raisonnement cette capacité d’évolution serait tout de même limitée aux éléments périphériques. Comment alors expliquer que certaines représentations soient, au cours d’une vie totalement bouleversée ?
1.2.2 Les représentations sont évolutives
En réalité, lorsqu’un individu est contraint de modifier ses pratiques, ou que son environnement est bouleversé pour diverses raisons, les éléments périphériques d’une représentation peuvent évoluer au point de renforcer ou modifier son noyau dur. Si certaines représentations sont adaptées à une situation pour lui donner du sens ou pour justifier des pratiques, elles peuvent devenir contradictoires dans de nouvelles situations. La représentation peut donc évoluer soit pour s’adapter aux modifications de l’environnement soit pour maintenir une cohérence entre
représentations et pratiques. Autrement dit, les individus sont à la fois capables d’adapter leurs représentations en fonction de leur environnement social qu’ils sont capables de modifier leurs représentations pour assurer la cohérence avec leurs pratiques.
Il serait donc faux d’affirmer que l’évolution des pratiques ne conduit pas à un changement de représentations. En réalité, selon Abric (1976) représentations et pratiques s’influencent et se transforment mutuellement.
Nous avons vu que les représentations sont construites par les individus selon des modèles mentaux simples, cohérents et familiers permettant aux individus de conserver une quantité non excessive d’informations qui peuvent leur être utiles pour décoder les situations qu’ils rencontrent.
Les représentations sont aussi composées d’un noyau central stable et d’éléments périphériques capables d’évoluer au gré des transformations de l’environnement social. La stabilité du noyau central des représentations permet aux individus de lire la réalité et d’agir en situation de façon relativement constante et cohérente. La versatilité des éléments périphériques permet aux individus d’apprendre et de remettre en question leurs représentations en fonction du contexte social.