14 minute read
MASCARPONE: THE RAINBOW CAKE
Maschile Plurale
ALESSANDRO GUIDA
ITALIE / ITALY | 2024 | 105 MIN | VO ITALIENNE STA / ITALIAN EST
Chassé-croisé romain entre un séduisant pâtissier et un tout aussi séduisant ex-boulanger, reconverti dans un refuge pour jeunes LGBTQ+, qui se sont déjà aimés, Mascaporne: the Rainbow Cake est la suite, plus classique mais charmante, du délicieux Mascarpone (I+N34, 2021).
Trois après la mort de son mari et de Denis, colocataire et ami cher d’Antonio, devenu un pâtissier-vedette sur le web, celui-ci tente de reconquérir Luca – de qui il a été amoureux et avec qui Denis et lui ont vécu de folles aventures – et accepte sa proposition d’ouvrir une pâtisserie en plein cœur de Rome. Mais Luca est déjà engagé, professionnellement dans un refuge pour jeunes LGBTQ+, et amoureusement avec un des intervenants du refuge. Antonio parviendra-t-il a ranimé la flamme de son amour passé ou devra-t-il faire face à l’avenir ? Sur un ton plus grave que Mascarpone, Alessandro Guida brode joliment sur les questions qui taraudent les trentenaires, entre post-adolescence et véritable âge adulte. Le charme de Giancarlo Comarre et Gianfranco Saurino opèrent une nouvelle fois dans cette suite, plus classique mais tout aussi plaisante, que le délicieux premier film, et qui s’achève sur une possible trilogie.
In this follow-up to sultry crowd-pleaser Mascarpone (I+N34, 2021), pastry chef Antonio is now social-media famous, yet creatively and romantically dry. When his former lover emerges from a three-year absence, Antonio realizes he’s been missing an integral ingredient and will stop at nothing to win Luca’s inspiring affections.
Not long after reuniting with Luca (Gianmarco Saurino), Antonio (Giancarlo Commare) discovers he’s in a serious relationship with the generous Tancredi (Andrea Fuorto), who Luca works with at a group home for LGBTQ+ teens. Learning this, Antonio goes full-on Julia Roberts in My Best Friend’s Wedding, ready to scheme and claw to get the man who got away, with his best friend and accountant as backup (comedian Michela Giraud) and a hunky, strungalong boyfriend (Giulio Corso) as bait. Like The Empire Strikes Back, which the film winkingly name-drops, this is a darker, feistier sequel rainbow-sprinkled with the original’s humour and hopeful striving. From being a “puppet” of his employer to opening his own bakery with Luca, from running away from commitment to being consumed by it, Antonio experiments with the best way to work with leftovers.
FRANCE | 2024 | 102 MIN | VOF STA / FRENCH
Jérémie est de retour dans son village natal pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Invité à s’installer quelques jours chez la veuve du défunt, il est rapidement confronté aux inquiétudes et menaces d’un ami d’enfance et aux intentions étranges de l’abbé du village. Lorsqu’un voisin disparaît brutalement, le séjour de Jérémie prend une tournure inattendue…
À partir du retour d’un enfant prodigue dans son village natal, Alain Garaudie tisse un surprenant thriller rural, riche en suspense et en revirements inattendus, saupoudré d’humour noir qui lui donne un ton unique dans le cinéma français. Parti depuis 10 ans de son village natal, Jérémie y revient pour les funérailles de son ancien patron, boulanger. Il reste quelques jours chez la veuve, qui l’accueille à bras ouverts, et entre en conflit avec son fils, Vincent, jaloux de l’attention que sa mère lui porte. Jérémie erre dans la forêt, se saoule avec un ami d’enfance, tandis que le curé du village croise son chemin trop souvent pour que ça ne soit pas suspect. Difficile de dévoiler les éléments gays de cette histoire sans vendre la mèche. Avec ce film jalonné de revirements, Alain Guiraudie aborde de front le thriller existentiel. Miséricorde commence comme une chronique rurale et, peu à peu, avec beaucoup de finesse, le suspense et le malaise s’installent, le tout saupoudré d’humour très noir. Un septième long métrage surprenant, qui confirme l’univers et le ton uniques de ce cinéaste révélé par L’inconnu du lac, présenté à I+N26, 2013.
Welcome to the French commune of Saint-Martial, where nightmares or sprouting mushrooms may spill your secrets. Returning for a funeral, Jérémie is greeted with the rough touches of a childhood companion and accused of exploiting a widow’s grief, sending him down an ever-contorting path of pansexual frenzy and escalating dread.
At first, Jérémie (Félix Kysyl) is friendly and inquisitive, avoiding the increasingly unhinged Vincent (Jean-Baptiste Durand) but bonding over an alluring photo of the deceased with the widow (the legendary Catherine Frot) and cozying up to a local loner (David Ayala), pastis flowing. Soon, however, a disappearance sets him on edge, invasive police and a perceptive abbot (Jacques Develay) ratcheting up his paranoia. Allies appearing where he least expects them. So that, increasingly, it is unclear whether the village wants him excised or enmeshed there indefinitely. Sprung from the singular genius of Alain Guiraudie, known for his modern-day fairy tales with wicked senses of humour, Miséricorde is as genre-hopping as it is morally ambiguous—it’s Ripley meets The End of Eddy with the psychodrama of Saltburn. A riveting tale of the lengths we go to for love.
DENNIS ALINK
PAYS-BAS / NETHERLANDS | 2023 | 95 MIN | VO NÉERLANDAISE STF + STA / DUTCH FST + EST
Capturant l’insouciance de la jeunesse et l’excitation des libertés sexuelles naissantes dans une cinématographie sensuelle en noir et blanc, Out de Dennis Alink offre une histoire vivante et douce sur la jeunesse et l’homosexualité.
Tom (Bas Keizer, dont la performance est à reconnaître) et Ajani (un Jefferson Yaw Frempong-Manson effervescent) sont des amoureux du secondaire dans le placard qui aspirent à une vie au-delà de leur communauté rurale aux Pays-Bas et à sa mentalité étroite. La solution : Amsterdam, où la scène queer est florissante et où ils peuvent se concentrer sur leur rêve, devenir cinéastes. Rapidement, ils tombent dans la vie nocturne gay de la capitale néerlandaise. Le couple se voit alors frappé de quelques premières sensations fortes : des parties effrontées de « Je n’ai jamais », des promenades en limousine à travers la ville, des visites révélatrices aux bains publics. Mais les défis se succèdent, rapides, et les poussent à se demander séparément : « Qui suis-je et où ai-je ma place ? » Aux airs des films monochromes classiques sur une jeunesse rebelle comme The Last Picture Show et Mala Noche de Gus Van Sant, Alink et ses collaborateur·trice·s queer présentent un portrait vécu et perçant qui prouve que sortir du placard n’est pas seulement une déclaration de sa sexualité, c’est en même temps un voyage joyeux et déchirant à la découverte d’un soi.
Capturing the recklessness of youth and the excitement of newfound sexual liberties in sensuous black-and-white cinematography, Dennis Alink’s Out offers up a vivid and tender tale of being young and gay.
Tom (Bas Keizer, in a star-making performance) and Ajani (an effervescent Jefferson Yaw Frempong-Manson) are closeted secondary school sweethearts who yearn for life outside of their small-minded, rural community in the Netherlands. Their solution is Amsterdam, where the queer scene is thriving and they can work at their dreams of becoming filmmakers. Quickly falling into the Dutch capital’s gay nightlife offers the pair some initial thrills: cheeky games of Never Have I Ever, limo rides across the city, eye-opening trips to the bathhouse. But the challenges quickly follow, pushing them to separately question: “Who am I, and where do I fit in?” Recalling such classic monochromatic films about wayward youth as The Last Picture Show and Gus Van Sant’s Mala Noche, Alink and his queer collaborators present a lived-in, piercing portrait that proves coming out isn’t just a pronouncement of one’s sexuality, it’s a simultaneously joyous and heartbreaking journey of self-discovery.
13 SENTIMENTOS
BRÉSIL / BRAZIL | 2024 | 100 MIN | VO PORTUGAISE STA / PORTUGUESE EST
Dix ans après le touchant The Way He Looks (Film d’ouverture, I+N27, 2014), Daniel Ribeiro signe un film tout léger sur un nouveau célibataire qui, à l’ère des applications mobiles, hésite entre trouver le grand amour et multiplier les aventures sexuelles.
Après une relation de dix ans, João, un jeune cinéaste qui a du mal à finir l’écriture d’un scénario, ne sait pas trop s’il veut trouver un nouveau grand amour ou rattraper le temps perdu pendant sa décennie de monogamie. Aidé par deux amis, Alice, une lesbienne qui n’a pas la langue dans sa poche, et Chico, un gay flamboyant, il tente de naviguer dans le merveilleux monde des applications de rencontres. Côté métier, il se résout à réaliser des films pornos privés après que le développement de son film à venir soit stoppé. Sur le ton classique et virevoltant d’une comédie romantique de base, Daniel Ribeiro fait le portrait d’un trentenaire d’aujourd’hui, déjà trop vieux pour ne pas penser au lendemain mais encore trop jeune pour s’engager sérieusement, amoureusement ou professionnellement. Autour de lui, une pléiade de personnages hauts en couleurs composent un film tout léger.
This searching, starry-eyed rom-com is a play of “tension and expectation” with a huge payoff. After ten years in a monogamous relationship, 32-year-old filmmaker João is single and ready to trawl through the apps to find Mr. Next, unprepared for the anxious entanglements to come.
Writer-director Daniel Ribeiro, who wowed with the 2014 (I+N27) Opening Film, The Way He Looks, introduces us to João (Artur Volpi), the Brazilian Goldilocks of dating. A bull-headed Taurus, he speeds through matches, unable to settle on the right rebound and flummoxed by the results when finding himself infatuated. He gets so desperate as to screenwrite his own romance into being and even hallucinate a lost love, with comical results. Throughout, his strongest chemistry is with his besties, gay “love atheist” Chico (Marcos Oli) and move-in allergic lesbian Alice (Julianna Gerais), who lend an ear and dole out advice over the umpteenth coffee of the day. Unexpectedly, it is in the wisdom of exes and the dynamics of partners he meets and—out of financial desperation—agrees to film for their OnlyFans accounts that João learns that love is not a formula. Chemistry speaks for itself.
The Queen Of My Dreams
FAWZIA MIRZA
CANADA | 2023 | 97 MIN | VOA + URDU STA / ENGLISH + URDU EST
Cet hommage à Bollywood et aux liens intergénérationnels est un plaisir des yeux et du coeur couleur bonbon qui remonte le temps, provoque d’énormes sourires et de grands rires tout en abordant les thèmes résonnants des rôles imposés par genre, du racisme passif et des changements sismiques qui accompagnent le fait de grandir.
Azra (la superbe Amrit Kaur) vit un bonheur sexuel avec sa petite amie à Toronto dans les années 90 lorsqu’elle reçoit la nouvelle de la mort de son père. Un plan de coupe voltaïque plus tard et on la retrouve dans un avion direction le Pakistan, pour assister aux funérailles de son père avec son frère (Ali A. Kazmi), où sa mère (Nimra Bucha de Mme Marvel) pinaille et sa culture l’exclut du processus de deuil. Un autre plan et nous sommes à Karachi en 1969, emporté par la romance éclair de la mère de Azra qui enfreint les règles (également jouée par Amrit Kaur, soulignant les parallèles mère-fille) et son père fringant (Hamza Haq) avant leur difficile transition vers la Nouvelle-Écosse de 1989. Chaque saut temporel fait ressortir une autre couche de la façon dont la dynamique familiale d’Azra est née. The Queen of My Dreams est, en soi, le rêve d’un·e cinéphile, regorgeant de visuels époustouflants, d’une belle qualité de production et d’une mode fantastique. Illustrant comment le salut peut provenir de sources improbables, et de manière improbable.
This homage to Bollywood spectacle and intergenerational bonds is a time-hopping, candy-coloured crowd pleaser that induces huge smiles and big laughs while also tackling the resonant themes of enforced gender roles, passive racism, and the seismic shifts of growing up.
Azra (a stunning Amrit Kaur) lives in cohabitating sexual bliss with her girlfriend in Toronto in the VHS-popping 90s when she receives news of her father’s death. One voltaic match cut later and she’s on a plane for the funeral in Pakistan with her brother (Ali A. Kazmi), where her mother (Ms. Marvel’s Nimra Bucha) nitpicks and her culture shuts her out of the mourning process. Then another and we’re in 1969 Karachi, swept up in the whirlwind romance of Azra’s rule-breaking mother (also played by Amrit Kaur, underscoring mother-daughter parallels) and dashing father (Hamza Haq) before their tough transition to 1989 Nova Scotia. Each temporal hop peeling back another layer of how Azra’s family dynamic came to be. The Queen of My Dreams is itself a moviegoer’s dream, chock-full of eye-popping visuals, high production value, and fantastic fashion. Revealing how salvation can come in unlikely ways from unlikely sources.
ITALIE + ÉTATS-UNIS / ITALY + USA | 2024 | 136 MIN | VOA
L’union parfaite entre un auteur brillant et audacieux et un réalisateur qui l’est tout autant. Transposer les écrits de William S. Burroughs à l’écran est une entreprise risquée, mais l’adaptation par Luca Guadagnino (Call Me by Your Name, Film d’ouverture, I+N30, 2017) du roman autobiographique de la légende beatnik est à la hauteur du matériel d’origine de par sa vulnérabilité et son désir de briser les tabous. Queer est une odyssée hallucinogène au cœur du désir.
Dans un Mexico City d’après-guerre, Lee (Daniel Craig) côtoie ses congénères expatriés, fréquentant ses bars gays et ingérant toutes les substances illicites disponibles. Fin conteur, qui n’a aucun mal à trouver son public, ce toxicomane d’âge mûr avec un penchant pour les armes à feu se sent profondément seul. Lee se donne rapidement pour mission de se rendre en Amazonie en quête d’ayahuasca, une plante dont on attribue des pouvoirs télépathiques, et il tient à ce qu’Allerton (Drew Starkey), un beau jeune homme bi-curieux, l’accompagne. Leur périple devient une série de rencontres inattendues qui enseignent à Lee ce que Burroughs appelait « l’algèbre des besoins ». Queer est fidèle au roman tout en le réinventant complètement. Des éléments d’époque se retrouvent contrebalancés par des choix musicaux anachroniques, faisant allusion au drame bien réel qui a mené Burroughs à devenir écrivain. Craig s’approprie Lee, créant un protagoniste parfaitement incarné dont les obsessions débridées le mènent à une sorte d’illumination.
Brilliant, audacious author, meet brilliant, audacious director: it’s risky to translate William S. Burroughs for the screen, but Luca Guadagnino’s (Call Me by Your Name, Opening Film, I+N30, 2017) spin on the Beat legend’s autobiographical novel matches its source material in vulnerability and taboo-smashing adventurousness. Queer is a hallucinogenic odyssey bathed in desire.
Lee (Daniel Craig) mingles with the expatriate set in postwar Mexico City, wandering its streets, frequenting its gay bars, and ingesting whatever illicit substances are available. A consummate raconteur who has no trouble finding an audience, he’s also a desperately lonely, middle-aged addict with an alarming fondness for guns. Early in Queer, Lee sets his sights on traveling to the Amazon in search of the potentially telepathic ayahuasca—and he wants handsome, young, bi-curious Allerton (Drew Starkey) to accompany him. Their travels: a string of unexpected encounters, providing Lee with sobering lessons in what Burroughs dubbed “the algebra of need.” Queer is faithful to the book and a radical re-imagining. Period detail offset by anachronistic musical choices and an eerie epilogue allude to the real-life tragedy that prompted Burroughs’ writing career. Through it all, Craig makes Lee his own, creating a fully lived-in protagonist whose unruly obsessions lead to something akin to enlightenment.
Really Happy Someday
J STEVENS
CANADA | 2024 | 99 MIN | VOA STF / ENGLISH FST
Z, artiste de théâtre musical transmasculin de Toronto, aspire au grand New York. La testostérone qu’il prend a cependant d’autres projets pour lui. Face à des pertes imprévisibles et au sentiment d’étrangeté de son corps changeant, Z tisse des liens qui révèlent que, parfois, nos endroits favoris sont ceux que nous n’avons pas encore découverts.
Rencontrés au désormais disparu The Beaver, Z (co-scénariste/producteur Breton Lalama) et Danielle (Khadijah Roberts-Abdullah) sont séduits. Danielle le soutient alors qu’il vise la célébrité mais n’y parvient pas : il se voit forcé de devenir bartender au Squirly’s, lieu emblématique de Toronto, après une audition ratée. Là, il est pris sous l’aile de son mignon et charismatique patron, Santi (Xavier Lopez), qui en sait beaucoup plus sur ce qu’il traverse que Z ne le pense. Bien que Z ne puisse plus atteindre les notes d’Éponine dans Les Misérables, avec l’aide de son coach vocal (Ali Garrison) et un objectif digne d’un « monde onirique », il parvient à retrouver une voix plus compatible. Et pendant que nous regardons Z se réinventer, nous voyons l’acteur Breton Lalama faire de même en temps réel, tous deux dans l’acceptation de qui ils sont en train de devenir. Dirigé par le cinéaste non binaire J Stevens, ce cinéma incisif et richement détaillé offre un aperçu d’une vie vécue de manière authentique.
Torontonian Z, a transmasculine musical theatre performer, has NYC aspirations. The testosterone he’s on has other plans. Facing unpredictable losses and the foreign feeling of his changing body, Z forges connections that reveal how, sometimes, our favourite places are those we have yet to find.
Meeting at now-defunct The Beaver, Z (co-writer/producer Breton Lalama) and Danielle (Khadijah Roberts-Abdullah) are smitten. Danielle supports him as he aims for stardom, but falls short: forced to become a barback bartender at Toronto mainstay Squirly’s after a disappointing audition. There, he’s taken under the wing of his cute, charismatic boss, Santi (Xavier Lopez), who knows a lot more about what he’s going through than Z realizes. Although Z can no longer hit Éponine’s notes in Les Misérables, with the help of his vocal coach (Ali Garrison) and a “dream world” goal, he reaches for a more compatible voice. And as we watch Z retrain, we witness actor Breton Lalama do the same in real time, both coming to terms with who they are becoming. Helmed by non-binary filmmaker J Stevens, this is incisive, richly detailed cinema afforded the flow of a life lived authentically.
ROYAUME-UNI / UNITED KINGDOM | 2023 | 111 MIN | VOA STF / ENGLISH FST
À Londres, un écrivain en herbe devient escorte autant pour payer les factures que vivre des expériences érotiques et nourrir le roman qu’il est en train d’écrire. Le portrait délicat, nuancé et frontal d’un travailleur du sexe à l’ère numérique.
Sept ans après le superbe A Moment in the Reeds (I+N31, 2018), le regard de Mikko Mäkelä s’attarde sur une réalité bien spécifique mais explorée avec une telle sensibilité et telle une précision qu’elle en devient universelle. Ce boy next door plus complexe qu’il n’en a l’air cherche à découvrir qui il est, autant dans l’écriture que dans le sexe tarifé, qu’il aborde avec appétit, bienveillance et la honte qu’il a d’en avoir honte. Collant sa caméra au plus près du visage et du corps de son anti-héros, le cinéaste prend le temps de dérouler son parcours initiatique entre douceur et crudité, sans raccourcis et sans temps morts. Tout le film repose sur les épaules du jeune acteur queer Ruaridh Mollica, qui conjugue charisme à l’écran et profondeur de jeu. Le portrait touchant et sans fard d’un Candide du 21e siècle.
Determined to breathe new life into the queer stock character of the sex worker, budding writer Max (masquerading as Sebastian) becomes a “digital hustler” while bathing in the words of Bret Easton Ellis. What starts out as novel fodder becomes a high-stakes balancing act between liberation and exploitation.
Close-lipped and leery of scrutiny, even the publicness of social media, “wholesome boy next door” Max (Ruaridh Mollica) is able to act out his “desire to taste everything” in London bedrooms. First with older men, including the kind and curious Nicholas (Jonathan Hyde), then with more daring configurations. But when shame unexpectedly creeps into his initial, unfettered view of the sex trade, Max finds everything from his book proposal to his very sense of self tested. Before he lets his obsession with how he’s perceived subsume him, he must decide what kind of writer he will be, what kind of lover, what kind of man. His finger on the cultural pulse, Indiewire’s LGBTQ+ Filmmaker on the Rise Mikko Mäkelä (A Moment in the Reeds, I+N31, 2018) pits the coldness of market forces against the beating of a warming heart to see which—in the 21st century—will endure.