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A MOTHER APART
LAURIE TOWNSHEND
CANADA | 2024 | 89 MIN | VOA STF / ENGLISH FST
Aux quatre coins du monde, la quête de Staceyann Chin, performeuse et auteure lesbienne, maman d’une fillette de 9 ans, pour mieux connaître sa mère, qui l’a abandonnée toute petite pour partir vivre à Montréal. Aussi inspirant que poignant.
À l’approche de la cinquantaine, Staceyann Chin, auteure et militante LGBTQ+ reconnue, explore la cicatrice originelle sur laquelle s’est fondée sa personnalité combative et blessée: l’abandon de sa mère quand elle était toute petite. Elle part à la recherche de celle qui lui a donné la vie et a choisi de vivre la sienne loin de son enfant. Par le biais d’une caméra sensible et précise, au plus près de son sujet, et de superbes séquences dessinées, la cinéaste suit cette guerrière attachante au fil de sa quête, et des contradictions qu’elle tente de réconcilier : la rancœur qu’elle ressent pour sa mère et l’admiration qu’elle a comme féministe pour celle qui a choisi la liberté coûte que coûte. A Mother Apart témoigne surtout d’une admirable résilience et de la volonté qu’a Staceyann Chin d’inscrire une filiation féminine, forte et complexe, au cœur de sa vie et de son œuvre.
LGBTQ+ activist Staceyann Chin easily identifies as a mother, poet, writer, dissenter, and truth speaker—it is the label of “daughter” that causes her the most pause. Forced to become a sleuth, she attempts to pierce the veil of secrecy around her mother’s life and come to terms with her absence.
After decades pursuing “the career of lesbianism,” Chin is now hot on the trail of her mother Hazel and a more anchored sense of self. Chin travels from Brooklyn to Montreal, where Hazel lived after abandoning Chin in search of a better life, then onwards to far-flung destinations: Germany, Jamaica. Chin talks to neighbours and loved ones, piecing together the puzzle as she goes. With every clue, she is forced to confront past traumas and test the limits of forgiveness, all while caring for her daughter, with whom she famously stages “Living Room Protests” on YouTube. Tapping into the ferocity of Chin’s slam poetry and using digital collage to convey Hazel’s floral allure, director Laurie Tonwshend paints a dual portrait of motherhood. She also practices Chin’s hard-won brand of radical kindness and compassion, finding the grace in failure.
Le travail de l’artiste nêhiyaw (Cree) bispirituel George Littlechild a saisi la réalité des pensionnats autochtones des dizaines d’années avant que celle-ci n’imprègne la conscience collective canadienne. Survivant de la rafle des années 60, Littlechild utilise une technique « fantaisiste » et improvisée pour raconter son exubérance colorée et un traumatisme longtemps gardé pour soi. Le cinéaste Métis Conor McNally fait honneur à son voyage.
Littlechild a reçu le nom de son arrière grand-père, nanekawâsis, à un Powwow en 2001. Le film éponyme incarne bien la signification de ce nom : « enfant rapide ». Alors que nous découvrons une enfance éparpillée par les familles d’accueil successives et l’émergence de Littlechild comme un artiste agile, le documentaire relie gracieusement le passé et le présent. Des images d’archives se fondent avec des interviews en 16mm d’un Littlechild âgé de 65 ans, toujours en évolution dans sa pratique artistique, transmettant encore son savoir sur ses ancêtres et l’esprit « Arc-en-ciel ». Tandis que son partenaire John Powell utilise l’art pour éviter d’avancer en roue libre, Littlechild utilise la peinture pour se libérer du poids de sa vie quotidienne, tteignant ainsi une transcendance éclairée qui le guérit autant que son public. nanekawâsis commence et termine avec l’image d’un ciel coloré, révélant combien la clarté et la noirceur, l’attente et la réflection sont toutes des parties indispensables du cercle de la vie.
The work of Two-Spirit, nêhiyaw (Cree) artist George Littlechild took the reality of residential schools head-on decades before it would enter the collective Canadian conscience. A Sixties Scoop survivor, Littlechild uses his “whimsical,” improvised technique to unlock colourful exuberance and long-held trauma. Conor McNally, a Métis filmmaker, honours his journey.
Littlechild was given his great grandfather’s name, nanekawâsis, at a Powwow in 2001. Both Littlechild and the eponymously named film embody its meaning: “swift child.” As we pay witness to a childhood shuffled between foster homes and Littlechild’s emergence as a fleet-fingered artist, the documentary makes fluid connections between past and present. Archival footage blends with warmly tinted 16mm interviews of 65-year-old Littlechild, still evolving in his practice, still passing on his deeply felt knowledge of his ancestry and “Rainbow” spirit. Whereas his partner, John Powell, uses art to govern his freewheeling tendencies, Littlechild harnesses paint to break free of his circumscribed daily life, healing himself and his audience through enlightened transcendence. nanekawâsis begins and ends with a sky full of colour, beautifully eliding time, revealing how light and dark, expectancy and reflection are all indispensable parts of life’s circle.
Sabbath Queen
SANDI DUBOWSKI
ÉTATS-UNIS / USA | 2024 | 105 MIN | VOA / ENGLISH
Tourné sur 21 ans, ce film passionnant retrace le parcours d’Amichai Lau-Lavie, rabbin gay, drag-queen, père biologique des trois enfants d’un couple de femmes et défenseur d’un judaïsme farouchement inclusif. Un parcours qui force l’admiration.
Descendant d’une lignée de 38 rabbins, dont son père survivant de la Shoah, Amichai Lau-Lavie, a su très jeune qu’il était profondément spirituel et aussi homosexuel. À la fin des années 90, il quitte sa famille et part vivre à New-York. Dès lors, il se battra pour réconcilier sa foi, sa créativité et son humanisme, créant une drag juive transgressive mais aussi Lab/Shul, une congrégation non-confessionnelle ouverte à tous, luttant pour les mariages inter-religieux et les droits LGBTQ+, mais aussi ceux des Israéliens et des Palestiniens, avant de devenir un rabbin conservateur pour, dit-il, changer le système de l’intérieur. Véritable force de la nature, ce personnage hors-normes n’est pas sans zones d’ombres et Sandi DuBowski (Trembling Before G-d) les montre tout autant que cette lumière qui, au fil des décennies, a mené la vie de cet homme décidé à n’abdiquer aucune des facettes qui le compose.
In Sandi DuBowski’s crucial, decades-spanning documentary (executive produced by Darren Aronofsky), Rabbi Amichai Lau-Lavie takes on the Orthodox regime amid escalating reactions to his experimental spirit. It will take harrowing face-to-face confrontations, heated ideological conversations, and all the Radical Faerie magic he can muster to weather the onslaught.
Part of a line of rabbis stretching back to the 11th century, at age 28 Amichai left his isolated, pressurized upbringing in Israel for the freedoms of late-90s New York. In America, he joined the Radical Faeries and tapped into the feminine divine with his Rebbetzin Hadassah Gross drag persona, finding redemption through transgression, and founding the God-optional congregation Lab/Shul. Still, he encounters a wall of tradition and the pull of his familial dynasty. Enrolling to become a rabbi at the Conservative-leaning Jewish Theological Seminary, he endeavours to change the system from the inside, but soon finds himself at odds with his peers and “co-conspirators,” defending laws he once broke. Will he have the stamina and willpower to remain true to his ideals, or will his lofty goals end up quelling his radical energy and all that he means to others?
/ FRENCH
À travers le parcours de trois aîné·e·s LGBTQ+ qui refusent d’être invisibles, Alexis Taillant donne une voix à cet âge qu’on dit d’or dans ce documentaire aussi subversif que doux. Un film plus révolutionnaire qu’il n’en a l’air.
« Je suis vieille et je vous encule » chante l’iconoclaste Brigitte Fontaine dans une de ses chansons qui donne son titre à ce documentaire subversif et doux. Le ton est donné par le cinéaste, qui suit quelques vieux et vieilles LGBTQ+, entre leur quotidien, leur militantisme, leurs sexualités, leurs angoisses, mais aussi leur colère face à une société qui les rend invisibles, y compris à leurs propres yeux. Certains sont en couple et craignent la mort, d’autres souffrent de solitude et rêvent d’un monde plus juste mais en acceptant de participer à ce film aux images soignées et évocatrices, ils témoignent de la vitalité et de la diversité de cet âge où on n’a plus grand-chose à perdre. Comme Micheline, octogénaire révoltée qui rêve d’orgasmes, Yves qui cherche la tendresse comme il peut ou Francis, séropositif depuis 40 ans et fondateur de l’organisme Grey Pride.
Outspoken Micheline (81) and sensitive artist Yves (68) have “insatiable” longings for sexual and relational intimacy. Francis (70) is a proudly “loudmouth(ed)” activist who wants to ensure that yearnings become reality. All, under the banner of Grey Pride, have no less an ambition than to change the world.
Able to detect, as a minority, things that are unjust to all, queer seniors in France are revealing universal truths about the cult of youth and the medicalization of old age. These Grey Priders are combatting indifference, overhauling the nursing home model, and rethinking how spaces for the elderly accommodate libidos. Micheline, Yves, and Francis may have had their sex lives stifled by repression, loneliness, or AIDS, but they are far from ready to enter “The Zone” of societal relegation. They are prepared to take on embedded prejudices, as well as partners and friends with divergent views on death, in their revolutionary intentions. With stirring poeticism—seasons redolent of adaptation; trees symbolizing how bodies bend or break; desire represented by a glowing red sex toy—filmmaker Alexis Taillant shows us what it means to live “a quiet, wild life.”