8 minute read

Dis-moi, vitrine

De plus en plus discrètes et de moins en moins énergivores, les vitrines réfrigérées tendent à se fondre dans le décor pour faire la part belle aux produits. en libre-service ou en service arrière, elles deviennent de véritables assistantes à la vente.

F r é D é r i C t H u A l

AuCONSANt © v

Elles sont partout. Omniprésentes dans la grande distribution, la restauration collective, les chaînes de restauration commerciale, chez les traiteurs, dans les boulangeries-pâtisseries, le snacking, la boucherie, les fromageries, les chocolatiers ou encore la vente de sushi…, les vitrines réfrigérées d’aujourd’hui n’ont plus guère de ressemblance avec les modèles d’antan. « Hier, il s’agissait de mettre les produits le plus bas possible et de charger la mule. Aujourd’hui, les produits doivent être visibles, éclatés dans l’espace. L‘objectif est d’avoir une multitude d’articles pas forcément en grande quantité. Et de pouvoir faire un réassort au quotidien et de se fondre dans le décor, observe Patrick Chtepa, directeur d’europrojet, concepteur et distributeur de vitrines réfrigérées. Tout ce qui a besoin d’être réfrigéré et présenté entre dans une vitrine. Pour vendre un produit, il faut le montrer. Mais comme les serveurs chez les tables étoilées, les vitrines doivent se faire oublier. »

une poiGnée De FaBricants tricoLores De lieu de stockage, elles sont devenues de véritables assistantes à la vente. mais la mue est récente pour ces équipements, réputés énergivores, oubliés de l’innovation technologique. Au point que les fabricants ont progressivement disparu de notre territoire pour laisser la part belle aux productions chinoises qui occupent aujourd’hui 80 % du marché. Pour le reste, ils sont une poignée de fabricants français (rGr, OCF, Seda, marrel Concept, Forgel, FmA…) et de distributeurs (eberhardt, europrojet…), appuyés sur des fabrications italiennes, portugaises, espagnoles… à opérer sur des niches très seg-

mentées. « La grande innovation, c’est l’arrivée des portes depuis 2012. La GMS a initié ce phénomène, alors que la restauration et le snacking n’y venaient pas. Or, c’est en train d’évoluer », indique bernard Sautel, directeur du groupe Seda réfrigération, l’un des acteurs majeurs du secteur, filiale du groupe Feedaxess.

pLus écoLos, Mais pLus chers et pour cause, réchauffement climatique oblige, depuis le 1er janvier 2019 et jusqu’au 31 décembre 2022, la loi de finance 2019 a mis en œuvre une aide à l’investissement pour renouveler les équipements frigorifiques. Ce mécanisme de suramortissement, voulu pour faire disparaître les matériels utilisant des gaz hydrofluorocarbures (HFC), permet une déduction fiscale de 40 %. Au-delà de l’intérêt pécuniaire, l’intégration de portes sur les équipements de libre-service générerait de 25 % à 50 % d’économie d’énergie. « Désormais, les gens perçoivent l’intérêt fiscal et économique d’installer des portes », constate le dirigeant de Seda, dont l’évolution de l’activité s’est stabilisée en 2020 en raison de la crise sanitaire. l’autre innovation, contrainte et forcée, des fabricants de vitrines, c’est l’obligation d’utiliser des gaz neutres pour préserver la couche d’ozone et limiter la production de gaz à effet de serre. un impératif diversement apprécié sur un marché où la consommation énergétique est rarement l’argument premier avancé pour le choix d’un matériel. « Les nouveaux gaz nous ont contraints de revoir la puissance des moteurs, à adapter chaque vitrine, à augmenter l’isolation, à utiliser des produits recyclables… Maintenant, on se retrouve avec des meubles écologiques, dont les coûts ont fortement augmenté. Or, tout le monde n’entend pas le discours écologique. Le reste du monde s’en moque. Seuls les grands groupes qui touchent le grand public français y sont sensibles, les autres regardent leur porte-monnaie et préfèrent acheter chinois », regrette Patrick Chtepa. Fort de cet engagement vers la transition écologique, le groupe Seda a fait évoluer l’ensemble de ses gammes vers le propane et a été agréé pour mettre en place l’étiquetage énergétique (A à G) de ses équipements, à l’instar des appareils électroménagers.

eBerharDt: MariLYn sous toutes Les coutures Économe, lumineuse et intelligente. Destinée à la restauration et au snacking, la gamme Marilyn, la dernière-née de TecFrigo, distribuée par Eberhardt, se distingue par un design épuré et un éclairage LED garantissant une mise en avant des produits. Le module de régulation « touch screen » permet d’accéder facilement aux réglages et aux fonctionnalités. À poser sur une table pour le modèle 275 litres, ou sur pied pour les modèles 275, 450, 650 litres, la vitrine Marilyn peut être déclinée en froid positif ventilé, froid spécial chocolat, froid négatif statique ou ventilé et froid bitempérature… Elle intègre la fonction « energy saving » permettant de réduire la consommation électrique pendant les phases de repos.

eberhardt-pro.fr/c/11-tecfrigo

ForGeL, une DouBLe exposition pour réponDre à L’aFFLuence C’est une innovation simple pensée pour accélérer les flux au moment des rushs de midi. Pour répondre aux besoins de l’enseigne angevine de boulangeries-pâtisseries Maison Bécam, le spécialiste en froid commercial et industriel Forgel a conçu et développé une vitrine réfrigérée à double exposition, d’une profondeur de 70 cm, en froid statique, de 2,50 à 3,30 m de longueur. Ce système permet de glisser un second plateau sous le premier pour doubler la capacité, tout en conservant les conditions de préservation du produit.

forgel.com

AuCONSANt © v

vauconsant, Le MoBiLier MuLti-usaGe Avec la gamme Quadra, Vauconsant a créé un mobilier multi-usage pouvant être à la fois utilisé dans une salle de restauration ou de réunion. Il ne s’agit plus ici d’une distribution sous forme étagère, comme avec la gamme Food Line, mais de tables techniques, réfrigérées, neutres ou chauffantes, personnalisables avec 34 décors au choix et d’une capacité de 2 à 6 GN 1/1, de 20 à 64 assiettes de 150 mm de diamètre, ou de 30 à 105 ramequins de 130 x 90 mm. Coiffée d’un dessus en granit, la version réfrigérée comprend un serpentin en tube de cuivre frigorifique dans sa partie supérieure, un groupe compresseur logé à droite et une régulation par thermostat tactile, permettant des démarrages différés.

vauconsant.com

Accusée hier de refroidir l’ambiance des points de vente, devenue aujourd’hui une digne auxiliaire de vente, la vitrine cherche désormais à s’adapter à des emplacements commerciaux de plus en plus réduits. et où les acteurs devront choisir entre un équipement en libreservice ou en service arrière, avec un groupe froid (moteur, condenseur, ventilateur…) logé dans l’appareil, ou déporté dans un local voisin. Avec, selon les configurations, des avantages et des inconvénients, notamment pour l’entretien et la maintenance. l’exiguïté des lieux a amené des fabricants à réfléchir à des équipements bitempérature qui permettent de faire du froid positif ou négatif selon les besoins. « Pour les boulangeries et le snacking, il est possible de présenter des sandwichs le matin et de basculer en négatif l’aprèsmidi pour exposer des pâtisseries, des macarons… Le plus difficile, c’est que les gens arrivent à se projeter dans son utilisation. Ils sont tellement habitués à avoir une vitrine par température, par type de produit… Et pourtant, au final, cela représente un véritable gain de place et financier », explique Christian tastet, directeur de marrel Concept, spécialisé dans le sur-mesure et le haut de gamme qui, lors du dernier Sirha, présentait une cloche à fromage géante de 2 m de diamètre. Cocktail de haute technologie (température, hygrométrie…), cette vitrine inédite fonctionne comme une cave d’affinage. elle devrait prochainement faire son entrée sur le plateau tv d’une célèbre émission culinaire et être déclinée en plus petit modèle pour répondre à la demande des restaurateurs. l’esthétique, le choix des matériaux (bois, inox…),

Le Groupe seDa passe au 100% propane Engagé depuis trois ans dans la conversion énergétique de ses meubles réfrigérés, le groupe Seda propose désormais un catalogue avec des équipements 100 % en propane (R290). Depuis janvier 2021, tous les appareils bénéficient de l’étiquetage énergétique (A à G). D’importants travaux ont été menés pour améliorer la performance de la ventilation, revoir la forme des étagères, renforcer les flux d’air pour augmenter la performance des appareils, dont certains, faute de pouvoir intégrer la catégorie G, ont été exclus du catalogue.

groupeseda.com

SeDA rOuPe © G aBacoLD, La vitrine passe-partout D’europroJet Polyvalente et passe-partout. Avec la gamme Abacold, Europrojet a conçu une vitrine qui veut répondre aux problématiques d’espaces dans les locaux commerciaux. Proposées sous différentes formes, les vitrines réfrigérées peuvent être en froid positif ou négatif, statique ou ventilé pour répondre aux exigences de la boulangerie et pâtisserie, les charcuteries, les traiteurs, les fromagers, la restauration rapide, les crèmes glacées… Que ce soit pour une cuve pâtissière, une vitrine à glaces, une vitrine extra-plate ou une vitrine à froid statique et ventilé…, la profondeur (600 ou 800 mm) et la largeur sont identiques pour permettre une homogénéité de l’installation. Livrées brutes, elles offrent toute la même esthétique et peuvent être intégrées à des décors spécifiques.

europrojet.fr

l’utilisation de leD, les couleurs, la personnalisation et la mise en scène sont devenus prépondérants dans le choix d’une vitrine réfrigérée. Au point que la société lorraine vauconsant (groupe mafter bourgeat) a choisi de réinventer les codes esthétiques de la distribution de repas en proposant des vitrines… sans vitrine !

Du pratique à L’esthétique Ainsi, à travers les gammes Food line et quadra, vauconsant innove et anticipe les mutations du marché. Avec Food line, l’entreprise développe un concept de distribution de repas modulaire, composé de cloisons et d’étagères réfrigérées, chauffantes ou neutres. « Techniquement, on a du froid ou du chaud dans la cloison, qui circule naturellement dans l’étagère, et maintient la bonne température. Comme on est sur des projets sur mesure, on peut monter la cloison jusqu’au plafond. Ça finit par faire partie de l’architecture du restaurant. Et là, on a vraiment un effet “waouh” très différenciant », indique bertrand Dugardin, responsable communication de vauconsant, présent dans tous les segments de la restauration collective (scolaire, santé, cafétéria, ferry…). « Les gens veulent sortir de l’effet cantine. Ça correspond à une volonté de montée en gamme des sociétés de restauration qui ont toute une offre premium avec du sourcing local, du bio, du mieux-cuisiner… La concurrence est telle qu’il n’y a pas d’autres solutions pour fidéliser les consommateurs. Les clients sont prêts à faire l’impasse sur l’usage et la solution vitrine au profit d’une solution esthétique », conclut-il. —

This article is from: