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Projet La compensation, deuxième lame de la neutralité carbone

perspective

Contact :

Anne Rostaing

Directrice de Coopérative carbone La Rochelle

Projet

La compensation, deuxième lame de la neutralité carbone

La compensation carbone n’a pas bonne presse. À raison quand la plantation de quelques arbres sert de cache-misère, de prétexte pour justifier des activités que l’on ne cherche pas à remettre en cause bien qu’elles soient incompatibles avec nos trajectoires de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Difficile pourtant d’éluder la question quand on vise la neutralité carbone. « On peut faire des efforts, mais on arrive à un palier », estime Stéphane Le Foll, président du Pays du Mans. Avant l’été, la collectivité de la Sarthe a signé un partenariat avec le Pays de Brest pour envisager la création d’un ou deux fonds dont l’objectif sera de collecter de l’argent auprès de ceux qui veulent compenser leurs émissions (des acteurs locaux publics ou privés) et de financer des opérations de stockage de CO2 sur ces territoires. « Avec leur politique RSE, certaines entreprises contribuent déjà à des projets, mais plutôt en dehors de la France. On va leur proposer de financer des opérations dans nos territoires », insiste Thierry Cann, directeur du Pays de Brest. Lesquelles exactement? C’est ce que devra définir l’étude de préfiguration confiée à Coopérative carbone La Rochelle, une structure qui a déjà contribué à l’émergence d’un fonds local sur son territoire d’origine. Seule certitude : Brest et Le Mans ont souhaité s’associer car ils possèdent chacun un bassin agricole important. L’un des objectifs de la politique de compensation sera donc de créer un effet levier pour pousser les producteurs locaux à adopter des couverts végétaux compatibles avec l’ob-

Les Pays du Mans et de Brest commandent ensemble une étude de préfiguration visant à créer un ou deux fonds de compensation carbone. Leur singularité : stocker davantage de CO2 sur le territoire et non à l’autre bout du monde. jectif de neutralité carbone : luzerne, insiste-t-elle. Jusqu’en mai 2022, la chanvre, haies… L’étude devra aussi deuxième étape consistera à entrer entre autres chercher à savoir qui dans les détails techniques, juriparmi « les pollueurs » veut participer diques et économiques puis à établir à la dynamique pour compenser tout des scénarios de mise en œuvre : ou partie de ses émissions. combien d’argent pour faire quoi? Où « La première phase qui se terminera est-ce le plus pertinent de mettre les fin novembre est de déterminer le moyens ? Va-t-on chercher à financer cadre qualitatif et quantitatif », détaille des plantations sur le domaine public Anne Rostaing, directrice générale ou chez tel ou tel type d’acteurs? Enfin, du bureau d’études coopératif. Parmi d’ici l’automne prochain, l’enjeu est les questions à se poser avec les de déterminer si l’on crée un outil agriculteurs, les industriels ou les commun ou deux fonds autonomes, partenaires institutionnels : quelles qui participe concrètement au finansont les zones à forts enjeux et les cement et avec quelle gouvernance. solutions capables de générer des « Notre rôle n’est pas de prendre flux pour que l’on stocke davantage de ces décisions, mais de déterminer carbone qu’auparavant? « On mutua- ce qui est le plus efficace et quels lise la méthode, mais on a bien deux sont les moyens minimums pour études qui déboucheront sans doute démarrer », prévient Anne Rostaing. | sur des orientations différentes », Par Olivier Descamps

Mémo

Porteurs du projet : pôle métropolitain du Pays de Brest (7 intercos, 420 000 hab.) et Pays du Mans (5 intercos, 301 000 hab.). Financement : 55 000 euros HT, financés en grande partie par le programme Leader de l’Union européenne et l’Ademe. Durée : 16 mois. L'étude doit permettre de définir s'il faut financer des plantations sur le domaine public ou privé, par exemple. © Pays du Mans

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