J'attends le numéro 62

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J’attends le numéro

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[SO] Green! • 2e trimestre 2021

LD RC


LD RC


J’ATTENDS LE NUMÉRO 1 2011 • 2021 CRÉATION Isabelle Souchet & Ivan Leprêtre DESIGN Ivan Leprêtre CONTACT ivanlepretre@gmail.com PHOTOS 1re ET 4e DE COUVERTURE Greg Rosenke - Unsplash Rishabh Pammi - Unsplash

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SOMMAIRE

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J’attends le numéro 08

ÉRIC RABBIN Capitaine de vaisseau grammatical devie.celine@neuf.fr ISABELLE SOUCHET Artiste numérique couleur-lilas@wanadoo.fr

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ALINE HANSHAW Bricoleuse aline.hanshaw@wanadoo.fr

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RAOUL HARIVOIE Poète raoul.harivoie@laposte.net

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FRÉDÉRIC SCHMITTER Auteur présumé - schmi@club.fr

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ALAIN CRÉHANGE Écrivain alain.crehange.pagesperso-orange.fr

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YVES NIQUIL Ingénieur, chef de chœur, écrivain yves.niquil@gmail.com

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IVAN LEPRÊTRE Directeur de création ivanlepretre@gmail.com ivanlepretre.com

30

COLETTE LE VAILLANT Jongleuse de mots, exploratrice de l’inconscient contacter.colette@gmail.com

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CHRYSTEL EGAL Artiste, écrivaine chrystel.egal@me.com - c-egal.com

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GEORGES FRIEDENKRAFT Écrivain • Poète georges.chapouthier@upmc.fr

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LAURENT VERNAISON Épicurien - lvernaison@wanadoo.fr

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GÉRARD MARTY Artiste - Illustrateur martygetc@free.fr gerardmarty.blogspot.com

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YVES LECOINTRE Érudit yves.lecointre@gmail.com

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KARINE SAUTEL Ellipse formation karine@ellipseformationcom ellipseformation.com

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FRÉDÉRIC ADAM Poète frederic_adam@hotmail.fr

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DO SÉ Unijambiste sur le fil des douceurs - dose.mots@gmail.com

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BIXENTE CABALLERO Épicurien locotwister@gmail.com

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JEAN-MARC COUVÉ Écrivain, critique et illustrateur jeanmarc.couve@gmail.com

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MILICA JANJIĆ Graphic Designer milicajanjic10@gmail.com

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OLIVIER ISSAURAT Enseignant oissaurat@ac-creteil.fr olivier.issaurat.free.fr

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ALAIN DIOT Maître de conférence en arts plastiques alaindiot2@orange.fr

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ÉDITORIAL Alain Diot

GREEN ? OUICHE !! Green, çà vous chagrine parce que

respecte pas la consigne, ou qu’on

les babines dans votre cuisine,

çà fait british, çà, c’est godiche,

se mette trop de cocaïne dans les

allez faire revenir quelques auber-

voire même ricain, là, c’est malsain.

narines quand quelques officines

gines dans la farine, en évitant les

En français, green, soyons sévère,

clandestines se foutent de notre

terrines ou la poitrine, pour la jouer

c’est vert, comme le rumine l’aigre

bobine en nous refilant de la mar-

Végan dans votre cabane, mais ne

au logis ! C’est qu’aujourd’hui le

garine à la chloroquine pour beur-

vous étonnez pas si vos narines

vert est partout, c’est fou, et ses

rer nos tartines. Mais si on badine

envisagent la famine devant ce

échos logiques nous font pis que

avec nos voisines libertines - sur-

type de galantine. C’est que se

nique. Le vert est dans le fruit et le

tout pas avec des gamines même

mettre au vert, en plein vent ou à

développement durable est sur la

mutines ! - il faut chasser la ver-

couvert, faut le faire et comme le

table et nous courre sur le râble,

mine pour éviter que çà patine et

dit sur un ton doux amer le ver à

à nous pauvres lapins misérables !

revenir aux origines pour s’en tenir

soie en s’enfermant, benoit, dans

Cette machine mesquine sur nous

à la vie sûre, même si, des fois,

son cocon d’hiver : « çà ne va pas

s’échine en surveillant la moindre

c’est dur ! Et pour rester vraiment

de soi, ma foi ! ».

bibine anodine, des fois qu’elle ne

dans la combine et vous léchez

Et qu’est-ce qu’on y gagne, qu’est-ce qu’on y perd à vouloir épurer l’atmosphère ? Sans savoir ce que le ver, lui,

pommes, et leurs mamans qui

vert à pied, çà les rassure. Et si le

sent, ni ce que le ver déterre,

nous assomment, osons le vert à

vert olé vous aide à danser, bien

dans les cimetières, prônons

dent pour qu’ils consomment, et

chaud, le flamenco, le vert mi-

le vert à bière pour les grands-

pour faire bonne figure, pour les

fuge mi-raisin, c’est malin pour

mères, pour les Adams, bonnes

grandes pointures, choisissons le

les intestins, et le vert glacé c’est

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rêvé pour ceux qui préfèrent glis-

au vert mi-sot, car parfois le vert

contraire il faut qu’on s’aère en

ser. Et s’il faut savoir au vert s’y fier,

te ment et même le vert tue ! Et

évitant quand même le vert lent,

il y a bien d’autres verts à citer. Il

que penser de ce paradoxe du

ce vert moulu, voire le vert rouillé

faut donc écouter le vert dire, en

vert roux qui vous enferme à l’an

si l’on sent le vert baliser !

faisant attention au vert sot, voire

vert dans un trou vert quand au

Et chers poètes lyriques, au diable vauvert, vos verts bucoliques qui nous refilent des coliques frénétiques de néphrétiques ! Bien sûr, pour la nature il faut que

les colos des écolos, souvent bri-

ou du haut d’une colline divine,

le vert dure et quand on sait que

colos mais pas trop rigolos, voire

quand bien même notre pater

le vert y table, suivons ce que le

un peu barjos. Et ne vous affolez

ne serait pas trop austère quand

vert dicte parce que si celui qui est

pas si vous avez un vieux père vert,

notre tantine danse la biguine,

soûl rate, celui qui est vert sait ! Et

au contraire, c’est super, surtout

mes chères copines toujours co-

que ceux qui ont vu le vert hier se

s’il est resté encore bien bio ! Lo-

quines, mes partenaires si débon-

rappellent de ne pas céder le vert

gique ! Et si votre mère légère est

naires, payons nous de concert

aux niaises, comme ce costaud

un coup lisse, un coup gare, donc

un bon bol d’air dans les senteurs

de Paolo, pas non plus le vert au

un coup secousse, en restant à

câlines des aubépines purpurines

chiot, comme c’est le cas pour An-

tout coup pure, elle à la chance

et surtout quelques verres qu’on

dréa, en se rappelant que laisser

d’être encore un coup verte et de

nous aura offerts, sans oublier de

le vert singer tôt risque de coûter

voir venir, sans mentir, cent coups

remettre le coup vert avec nos

gros ! Bien sûr, nous n’ignorons

férir pour toujours reverdir !

écuyères sans crinoline, nous les

pas que le vert est de mise dans

Et du fond d’un désert légendaire

experts du pipeline !

Alain (vert cible) DIOT Avril 2021

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Éric Rabbin

DÉSILLUSIONS DE JEUNESSE Il y a les couleurs et ce que l’on en fait. Extraites de tubes ou de pots, couchées sur une toile, elles peuvent magnifier ou pourrir un paysage, déstructurer un portrait, ou tuer davantage une nature morte. Je ne farfouille pas dans mon histoire pour y mettre les impressions soleil levant de ma mémoire, mais pour faire revenir le souvenir d’une grande désillusion amoureuse, à l’âge où l’on vient de se rendre compte que l’amour existe et que l’on ne sait pas ce que c’est, ni comment l’on s’en sert. Il est inutile d’apprendre à certains comme ces fleurs émotionnelles naissantes peuvent parfois pousser au sein de sa famille, surtout dirigées vers ce soleil que sont nos cousines, qui vivent, grandissent, près de nous et qui d’un coup soudain, se révèle être femelle avec tous les attributs physiques, moraux et emmerda-

toires qui surgissent sous votre nez. Alors, la camarade de jeu vous est alors enlevée, ou s’éloigne d’elle même vers d’autres attraits de la vie, sans que vous ne puissiez rien y comprendre. Stéphanie était ma préférée, jolie, facilement rieuse et du même âge que moi. C’était l’époque où ma famille ne se déchirait pas encore pour de stupides et lointains héritages, on nous avait placé dans les mêmes bacs à sable, traîné dans les mêmes maisons de campagne, du camping du lac de Pareloup vers les chalets sur pilotis de Gruissan. Pour le goûter, nous étions placés devant le même pot énorme de N……. (td) (future athérosclérose aux noisettes), puis jetés en pâture, les dimanches, au sourire mielleux de M. Jacques Martin, pendant que les hommes du clan allaient tuer des petits oi-

seaux et que les dames entre elles tapaient le carton en misant des fèves. Stéphanie poussait comme une plante, me ressemblant assez, comme un faux garçon, ou un presque frère avec toutefois des manies bizarres mais des jouets peu différents. Notre complicité se retrouvait surtout dans l’humour, commençant tôt avec des blagues sur le caca, puis celles de Toto, puis nous nous lisions les blagues C……… (td) (future athérosclérose au caramel) et enfin partagions des observations justes mais grinçantes sur les membres les plus insolites de notre famille. Puis vint un jour, où Stéphanie disparut. Cela avait commencé avec des gênes et des chuchotis avec sa mère et la mienne, des renflements étranges arrivants sous son sous-pull à col roulé, ainsi que d’étonnantes rougeurs lui

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Éric Rabbin

montant au front quand un de mes copains lui parlait. j’en venais à m’étonner des restrictions concernant nos jeux qui venaient d’être brusquement interdits.. Mes parents faisaient comme si c’était normal, mais aucunes informations ne filtraient, à mes questions répétées, je n’avais comme réponse que « - tu com-

prendras plus tard ». Maigre foin à ruminer. Du temps passa. Mes centres d’intérêts commencèrent aussi à changer. Pour faire plaisir à mon seul (pas tout à fait vrai) ami, je m’extasiais fort sur les compétences de combat de Bruce Lee et de Docteur Justice, en ayant abandonné l’espoir de l’intéresser

à Jules Verne ou James Oliver Curwood. Mes voisines avec qui je jouait avant sur les tape-culs commençaient à pouffer pour tout et n’importe quoi à mon approche, et je sentais bien que derrière les portes closes et les mots couverts, un grand secret de la vie se préparait à venir bouleverser mes habitudes.

Et puis un jour, c’était un samedi, Stéphanie revint ! Je sortais de mes lectures et de ma chambre attiré par le bruit de l’arrivée de mon oncle et de ma tante qui venaient (encore une information qui m’étais passée loin au dessus de la tête) pour LE Match ! J’arrivais tout sourire et confiance en avant quand une trombe verte se jeta sur moi ! Je me suis senti soulevé par une ogresse, un monstre totalement vert, échevelé, qui m’inondait de bisous baveux et de mamelles molles. L’inconnue arrêta son agression un moment, et d’une voix de stentor s’exclama « - Hé bé tu reconnais plus ta cousine ? C’est moi Stéphanie ! » Vêtue d’un T-shirt vert trop petit, d’un short de la même couleur prêt à exploser sur des jambons puissants, elle était comme une déesse mère primitive, immense

et généreuse, un chêne humain, une colline irlandaise sur patte. Mon cerveau retrouvant de l’oxygène se remit à fonctionner. Je regardais cet icône féminin essayant de retrouver les traits graciles de ma cousine, mais c’était dur. Un visage qui était rond et si clair, devenu gras et enlaidi par une couche de peinture ou maquillage verdâtre, ses beaux cheveux blonds, retenus par une queue de cheval qui les faisait pendouiller mollement, étaient aussi maculés de cette couleur verte effrayante. Son corps, jadis une tige de fleur fluette était devenu par l’exercice de pratiques sportives intenses, le tronc d’un séquoia, j’exagère à peine, et son nez mutin avait dû certainement rencontrer un poing, tant il en était devenu plat. Éric Rabbin

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Mais surtout, surtout, une évidence m’éclairait alors sur son apparence et me projetait dans le quotidien volontairement écarté. Voilà. Nous étions en 1976. Ils venaient pour voir Le Match en famille. C’était cette année là, où les espoirs de milliers de Français se tournaient vers des Rocheteau, Santini, Janvion, Larqué et autre Curkovic qui allaient nous donner la victoire. Oui, malheureusement, j’avais occulté le fait que Stéphanie était Stéphanoise. Vous comprenez à présent pourquoi, des années plus tard, quand j’appris que la couleur verte était bannie au théâtre, je poussais un soupir de soulagement et me jetais à corps perdu dans cet art qui me comprenais si bien.

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Isabelle Souchet-Leprêtre

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Isabelle Souchet-Leprêtre

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Aline Hanshaw LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

Surprise : mon chapeau vert ne fait pas fuir les vaches robustes quand je les approche. En vert et contre tous : le vert c’est ma couleur en vérité ! Aline Hanshaw

LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte HAÏKU

Ô belle herbe à vache S’allonger prendre le frais Pendant un mois vert Aline Hanshaw

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Aline Hanshaw

Je vis dans le vert entre forêt et canaux

Verlaine est l’un de mes poètes préférés J’ai les yeux verts comme ma mère Vercoquin accompagne le Plancton chez Boris Je m’habille souvent en vert Vercingétorix était courageux Je suis née en septembre là où meurt le vert Vertugadin est un mot rigolo Je serai enterrée au cimetière du Bois Bourillon à l’ombre des vers Veracruz est une ville du Mexique J’aime le vert et les verres de Baccarat Vertigo me donne le vertige Je me souviens de Dumont le premier candidat vert en 1974 Verdi avait pour surnom Le cygne de Busseto Je n’aime ni le vermifuge ni le vermicelle Vermouth est un A.B.V. Aline Hanshaw

Ivan Leprêtre

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Photo : S. Hermann & F. Richter

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Raoul Harivoie LOGO-RALLYE Cuisses Ètroites Préparatifs Perdre Voisine

OUI, J’ENVIAIS LES FÉES VRILLÉES ACCROS AU MARSALA

Oui, j’enviais les fées vrillées -accros au marsala- et l’argent qu’elles gagnaient si facilement. Surtout la fée Mourtari, ma voisine. Un jour, au Havre, il était 20 heures, je les avais invitées toutes dans un restaurant chic. Au moment du dessert, je leur avais alors proposé : un gamay ainsi que l’ouverture avec moi d’un compte joint.

Elles se récrièrent aussitôt, me traitèrent de "court-jus"", "yéti"... L’une d’elles perdit la raison et arracha ma moumoute. Une autre fit voler mon assiette de fraises et de cèpes d’ambre. Les fées Waouh et Kisscool, sans préparatifs, me plantèrent leur couteau dans la cuisse. Enfin, la fée Mourtari me conseilla de prendre sans tarder un rendez-vous avec le doc Tobre,

un psychiatre renommé, installé dans une ruelle étroite. (Dehors nos vents bredouillaient à cause des cris que l’on entendait jusque dans les royaumes voisins). Je rentrai chez moi les yeux rougis et m’allongeai sous le lit vert, sur les dés sans bretelles. Raoul Harivoie

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Raoul Harivoie LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

SALAMM BOVARY ! Surprise ! Le sujet que j’ai tiré du chapeau à l’oral de Mots-valises, c’était Salammbovary ! J’étais vert ! Je suis sûr que l’examinateur (une peau de vache) avait mis ce sujet sur l’ensemble des papiers... Et pourtant, j’ai rendu une prestation robuste ! J’ai eu la moyenne ! Raoul Harivoie

LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte

MANGEZ DE LA VACHE QUI RIT ! Mangez de la Vache qui rit ! C’est le conseil que je donne aux écrivains en herbe en mal d’inspiration. Prenez-en le matin, le midi et le soir. En un mois à peine, vous écrirez jusqu’à deux pages par jour ! (Attention, ce régime est déconseillé aux femmes enceintes allergiques aux olives vertes). Raoul Harivoie

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Raoul Harivoie LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

PRÉAVIAGRA : PRÉAVIS AVANT UNE PRISE DE VIAGRA « Pendant la pause café, mon collègue m’explique que sa petite amie robuste exige un préaviagra de 48h minimum. Elle n’aime pas les surprises. Il doit toujours porter le même chapeau cloche et le même caleçon vert, et pourtant ça lui va comme un tablier à une vache.» Raoul Harivoie

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Frédéric Schmitter LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

À la surprise générale, comme un lapin sorti d’un chapeau,

LE PETIT HOMME VERT "MORT AUX VACHES !" avait surgi de sa soucoupe en criant

aux forces de l’ordre venues l’accueillir. Un robuste CRS lui asséna aussitôt un coup de

MATR AQUE.

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Alain Créhange LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte [+ goût]

La recette du jour : le carpaccio boucané.

Coupez une vache en tranches très fines. Salez, ajoutez une pincée d’herbes aromatiques, arrosez d’huile d’olive. Attendez. Attendez encore – cela peut prendre des mois. Quand la viande a pris le bon goût et la belle couleur verte des herbes, vous pouvez déguster. Alain Créhange

Ivan Leprêtre

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Alain Créhange LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

LE SECRET D’UN BON PAIN SURPRISE

...

Le secret d’un bon pain surprise, c’est de travailler du chapeau pour varier les garnitures des sandwiches de manière qu’il y en ait pour tous les goûts : salade verte pour les appétits d’oiseau, terrines de ragondin, de kinkajou et de binturong pour les appétits moyens, vaches entières pour les appétits les plus robustes… Alain Créhange

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Yves Niquil

LE PRINTEMPS D’UN AQUABONISTE REPENTI Pendant longtemps, j’ai craint le printemps Le printemps, dit-on, c’est la sai-

de bonbons, qu’ai-je à espérer de

La magie tant espérée, elle n’est

son des amours, la saison où tout

cette saison surfaite ? Vraiment,

pas là. Le miracle attendu, chaque

reverdit. C’est aussi la saison de

on se fout de nous. Tout ça pour

année, ne se produit pas, cette

mon anniversaire. Or, chaque an-

ça : quelques feuilles vertes... c’est

année encore. Pourtant la pub

née, à part le retour des feuilles

juste de la chlorophylle, quoi ! Tout

était bien faite, n’est-ce pas ? Je

vertes et mon anniversaire, rien

ce battage pour un chewing-gum,

me renseigne auprès d’un cabinet

ne se produit. On m’a annoncé le

qui plus est sans aucun goût :

d’avocats : qui attaquer en justice

bonheur, or tout est comme avant.

avez-vous essayé de mâcher une

pour ces promesses non tenues,

On m’a annoncé l’amour, et je suis

feuille de pommier ?

pour cette publicité mensongère ?

toujours seul. Le succès, et rien

« Que c’est triste Venise au temps

Personne, me dit-on. Ma plainte

ne change. Quelle est donc cette

des amours mortes », chante

n’ayant aucune chance d’aboutir,

saison tant vantée qui ne tient pas

Aznavour. Que c’est fade le prin-

elle va être classée sans suite. Un

ses promesses ?

temps lorsque l’on attend le re-

peu comme « L’affaire du siècle »,

Et donc, bien emmitouflé dans l’hi-

nouveau, l’amour, et qu’ils ne vient

tiens. Effectivement, l’idée m’en

ver protecteur, plein de neige et

pas. Pas cette année, pas encore.

est venue, je pourrais attaquer

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Yves Niquil

l’État français. C’est assez facile à

rait-elle pas le fait du magasin Le

de primeurs, qui sait ? Je me perds

faire, et en plus, c’est à la mode.

Printemps ? Ou d’un parti politique

en conjectures. Qui attaquer en

Devant la Cour Européenne, tiens.

qui nous promet depuis long-

justice ? Personne ne peut me

Il faut bien que ces institutions

temps le temps des cerises ? Ou

répondre. Alors, chaque année, au

servent à quelque chose. Mais,

encore d’une marque de cosmé-

printemps, plutôt que de mâcher

me dit-on, cela ne changera rien...

tiques faussement bio ? Le prin-

des feuilles de pommier ou des

Le printemps suivant sera encore

temps, du greenwashing, quoi !

chewing-gums à la chlorophylle,

une blague. Alors à quoi bon ?

C’est peut-être le coup d’une asso-

je ronge mon frein. Qui n’a pas

La pub pour le printemps ne se-

ciation regroupant des marchands

beaucoup plus de goût.

Mais ça, c’était avant, comme dit une autre pub, une pub pas très printanière Cette année, j’ai observé, l’hiver,

tructure. L’automne, on a jeté tout

ner l’hiver, voici mon nouvel agen-

les bourgeons. Et j’ai une fait une

ce qui devait l’être, on a fait du

da : en automne, je regarde avec

découverte : l’hiver, les arbres, ça

vide, l’hiver on travaille à tout re-

sérénité tomber les feuilles, je les

bosse ! Subrepticement, tout se

construire autrement. S’il n’y a pas

mets au compost ; c’est le calme,

prépare. Dans le secret absolu du

ce travail, le printemps n’aura pas

surtout ne pas trop en faire. Et

bourgeon fermé - non non, on

lieu, les gars ! Alors activez-vous :

l’hiver je fais comme la nature : je

n’ouvre pas, c’est trop tôt, chut,

avant le 20 mars, il ne reste que 9

prépare le printemps. Moi aussi je

n’en parlez pas - ça bosse dur, ça

semaines, 8 semaines, 7... Pas le

lime, je recouds, je repeins, je réor-

turbine sec. Finalement, moi qui

temps de prendre des pauses, ou

ganise. Ainsi la printemps arrivera.

croyait que l’hiver la nature était

à peine ! On compte sur vous pour

Vraiment.

au repos, je me rends compte

nous préparer le plus beau des

que c’est la saison la plus active

renouveaux. Le printemps, quoi !

J’ai fait cela, cette année. Et cela

de l’année. On prépare la réouver-

Alors finalement, me dis-je, pour-

a marché. Je ne vous en dis pas

ture. On scie, on lime, on repeint.

quoi ne pas faire pareil ? Et au lieu

plus...

On organise le vert à venir. On res-

de bosser en automne et d’hiberYves Niquil

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Ivan Leprêtre LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte

LA VACHE EST PASSÉE À TOUTE BERZINGUE DEVANT MOI — Je vous assure, la vache est passée à toute berzingue devant moi sur ses rollers avec son sac à dos rempli d’herbe ! Elle a pris la bretelle d’autoroute pour s’engager sur l’A15, vous me croyez, hein docteur ?

— Évidemment que je vous crois Madame Robert. Tenez, vous allez mettre cette jolie blouse verte avec de longues manches, puis vous suivrez Samantha qui vous donnera des bonbons de toutes les couleurs avec un bon chocolat bien chaud.

Ivan Leprêtre

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Ivan Leprêtre LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

Qu’est-ce que t’as dans ta pochette surprise ? J’AI UN BUSTE DE VACHE ROSE AVEC UN CHAPEAU VERT SUR LA TÊTE ! ET TOI ?

Un robuste chat avec une peau verte de vache sur la tête.

Tu crois que Marcel* va aimer ? Ivan Leprêtre

* Les 5 mots du logo-rallye sont tirés de La Jument verte. 29

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Colette Le Vaillant LOGO-RALLYE Cuisses Étroites Préparatifs Perdre Voisine

Le grand banquet des Verts approche.

Les militants sont aux préparatifs : ils dressent les dessous de table et remplissent les pots de vin. La niche électorale sera étroite pour les candidats cabots, en mal d’électeurs. Ma voisine militante de la première heure rappelle les éléments de langage pour le service : « Fane ou racine ? ». C’est tout simplement la version végétarienne de « l’aile ou la cuisse » camarade ! Sache que c’est toujours dans l’assiette fiscale que se gagne ou se perd un scrutin ! Colette Le Vaillant

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Colette Le Vaillant LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

MAIS JE RÉALISE QU’IL ÉTAIT MANCHOT

...

Une illusion d’haptique ! J’ai cru qu’il m’avait touchée, mais je réalise qu’il était manchot. Il prétendait travailler dans le digital, dans l’énergie verte ! Cela m’évoquait les robustes vaches des verts pâturages de mon enfance, Les artisans de la terre, gironds et railleurs à leurs heures. Mais lui, transpire de surprise en s’éventant d’un chapeau qui n’avait jamais vu le soleil ! Colette Le Vaillant

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Chrystel Égal

SISTER GREEN !

...

A lire d’une traite aigue-marine Je câline le ver bouteille qui me conseille de biberonner le vert à moitié plein pour porter mon esprit au-delà du tunnel confit vert sapin. Faufilade entre belles à ordures, velibs chlorophylle et chance émeraude, des grenouilles pistache sautent plus haut que le lichen et m’encerclent par milliers. Elles m’annoncent la faim de l’autre. Moi, qui n’ôte mon masque turquoise que pour schnouper du jus de kaki, croquer des grannys, fumer la prairie ou pédaler délicatement sur un hooker, je rêve encore de petits hommes olives. Je troque mes green dollars contre le sperme du dragon céleste. Je ne parle plus distinctement sauf chez moi sarcelle. Entourée de mes pierres malachites, je marmotte face à mes murs menthe à l’eau. Ce temps d’isolation

givré est pire qu’un freezer militaire. Errance. Perroquet. Poireau. Anglais. Avocat. Argent. Espérance. Jeunesse. Tout a disparu sous le tapis absinthe. J’entends de plus en plus mal de ne plus toucher la chartreuse. Mes kids en apprentissage comprennent tous les maux de travers de ne point les entendre avec clarté. J’ai beau dire Vert ! : Projetez dans l’air le vert printemps sans frein ! Laissez voler les mots anis, les paroles citrons ! Ces rituels de canards ouvriront nos enlacements sur le gazon ! Demandez à vos tilleuls ! Acceptez les variations smaragdines. Mousse. Véronèse. Opaline. Sauge. Impérial. Rebondissez de beauté en beauté. Ne nous évitons pas de devenir plus fou mais dans la nature ! Signé Petit pois aléatoire mais qui choisit. De rien.

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Georges Friedenkraft

Il fuit, il fuit, le printemps

Au temps où tout se précipite celui qui fuit c’est l’aube entière c’est le printemps vert qui palpite au manteau d’ombre et de lumière Poursuivez-le, foule inconsciente car sa fuite c’est la dernière votre déluge s’impatiente la roue tourne l’astre s’éclaire l’assassin est prêt à frapper le spectre d’un vivant calvaire apparaît dans votre oeil traqué Poursuivez-le, car ses ornières mènent à des chemins légers au vent tiède dans les clairières au parfum mielleux des vergers à l’odeur des fleurs printanières à la séduction des pervenches au caprice des primevères au charme de jacinthes blanches Poursuivez-le, sa traîne est claire la sève à ses lèvres verdit portant le message éphémère d’une planète qu’il perdit glycine entrouvre ta paupière en tes pétales éclatés redonne un espoir à la Terre à ses océans chahutés à ses forêts dans leur mystère quand la feuille verte exhalait l’oxygène où les chiroptères comme les hommes s’envolaient

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Georges Friedenkraft

Il fuit, il fuit, le printemps

Poursuivez-le, foule guerrière craignez la revanche de Flore craignez le silence des pierres le silence des astres morts des bois changés en cimetières pollutions et déchets inclus poursuivez-le sinon misère il ne reviendra jamais plus saveur des oranges amères et pas même vous ne pourrez voguer sur des eaux moins austères vos espoirs seront enterrés dans les carcans de vos galères Poursuivez les timides lueurs qui clignotent sur les barrières ne laissez pas s’écouler l’heure les minutes sont suicidaires pour interrompre l’échéance d’un cataclysme planétaire ne laissez pas passer la chance si les poisons dans l’atmosphère rendent la vie abominable craignez, malheureux, sa colère sans printemps rien n’est supportable sans verdure rien n’est prospère Poursuivez le, foule maudite celui qui fuit c’est l’aube entière c’est le printemps vert qui palpite au manteau d’ombre et de lumière

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Laurent Vernaison LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

JE MONTAIS SÉGOLÈNE, UNE ROBUSTE ÂNESSE DU POITOU

...

Pour mon initiation à la chasse à courre, on a fait l’attaque surprise d’un troupeau de génisses. Tous avec notre chapeau à plume et notre habit vert, nous n’étions pas loin de rivaliser avec l’académie française. Les vaches ruminaient, impassibles, leurs dernières

frustrations et, les chevaux étant réservés aux moniteurs, je montais Ségolène, une robuste ânesse du Poitou. Au premier coup de trompe ses ruades eurent vite fait de me ramener sur le plancher de notre gibier occasionnel. Sacré Ségolène...

Laurent Vernaison

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Laurent Vernaison LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois verte (+ goût)

Y pleut comme vache qui pisse ! ÇA VA NOUS FAIRE POUSSER L’HERBE QUI VA PRENDRE GENTIMENT SA LONGUEUR

et, si le soleil veut bien se montrer, on pourra couper le foin avant la fin du mois...

Faut qu’on arrose ça, va donc chercher la bouteille de Chartreuse... LA VERTE !

J’aime pas la jaune, elle à un goût. Laurent Vernaison

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[SO] Green!


Gérard Marty

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Gérard Marty

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[SO] Green!


Yves Lecointre LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte

LES PARENTS DÉVOTS DU TAUREAU, SERAIENT LES PLUS VACHES Selon un devin, ancien boucher de Génissiat, les parents dévots natifs du taureau seraient souvent les plus vaches. Ce mage est aussi réputé pour ses interprétations de visions prémonitoires obtenues après avoir mâchonné durant des heures une fameuse herbe lyon-

...

naise au goût de collier persillé, connue seulement par une poignée d’initiés et prise avec une fillette de Fleurie. Il édite ainsi des portraits liés aux douze signes classiques et à leurs relations familiales dans une revue confidentielle,

raillée par la nouvelle équipe verte dirigeant maintenant l’ancienne Lugdunum, qui a défrayé l’actualité récemment au sujet des cantines en décevant les éleveurs charolais voisins. Yves Lecointre

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Yves Lecointre LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

Quelle ne fut pas la surprise du magicien quand de son chapeau vert sortit

UNE PAIRE DE VACHES

et des plus robustes ! Yves Lecointre

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[SO] Green!


Yves Lecointe LOGO-RALLYE Palais ÉclaT Femme Joyeux Ouvrir

À l’entrée du palais,

la presse et la foule écoutent Maître de Cauthé, l’incisif avocat en cravate rose qui avec éclat et une langue bien verte défendra une grosse légume au mol air. Cette végétarienne à table sera jugée, après y être passée, pour avoir dévoré tel un membre de la gent canine son ex-bras droit, en découvrant que cette femme certes joyeuse et pleine de sagesse, n’était qu’un homme de paille infiltré qui s’était ouvert largement à son concurrent principal l’agence Sivhes. Yves Lecointre

Ivan Leprêtre

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Yves Lecointre

SANS SE PRENDRE POUR PRÉVERT

...

Sans se prendre pour Prévert,

Les scaphandriers à l’envers,

D’une flore sans primevères,

Sans l’accent d’un trouvère,

Englués dans un magma vert,

Couleur cristal de verre.

Sans être trop sévère,

Qui ne sent pas le vétiver.

Devenus adultes et pervers,

On peut conter en vers,

Ils sentirent en plein hiver,

Pas l’histoire de la pompe en vair,

Bon j’accouche ce fait divers :

Arrivés à Vancouver,

Ni l’aventure de l’univers,

Cela a commencé en hiver,

Prenant leur repas loin d’une river,

La saga de deux vers

Eclos dans un ventre à Nevers,

Sans l’appui salivaire,

Régals du colvert,

Bien loin du Cap-Vert,

Et sans l’aide de revolver,

Et aussi du pivert,

Sans parents qui les couvèrent,

Une gêne les poussant vers,

Couple solitaire à couvert,

Ils s’allongèrent à Anvers,

L’ovaire et là à découvert,

Vivant telle une paire de convers,

Et traversèrent en mode Land-rover

Face à l’eau il s’avère,

Bien cachés leur calvaire,

Nus sans pull-over,

Que L’humain persévère.

Et pas celui qu’on révère,

Façon Gulliver,

Mais le cauchemar dont jamais rêvèrent,

Un long tunnel recouvert,

Yves Lecointre

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[SO] Green!


Karine Sautel

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Karine Sautel

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Karine Sautel

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Karine Sautel

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Karine Sautel

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Karine Sautel

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[SO] Green!


LE FOCUS Alain Diot

LE MONDE D’Ā (peu) PRÈS Cette fois-ci c’est décidé, du coro-

nom reste sur la liste des vivants

en offrant notre peau mirifique à

na bérézina on n’en parle pas, du

et des bien-portants, surtout que

ses rayons empathiques. C’est

virus qui nous suce on n’en dit pas

maintenant, on le sent, on a le vac-

qu’une fois passé le couvre-feu

plus, et on reste impavide face à

cin dans le sang alors qu’avant, on

sous le couvre-lit, on va se gaver

la covid morbide ! Et si le monde

faisait sans en nous faisant, c’était

à en crever comme des canards

d’après ne présente pas beau-

stressant, du mauvais sang !

bien nourris, assoiffés de nature

coup d’attrait, comme l’avenir sou-

Pour autant il n’est pas encore

âprement désirée, de luxure am-

rit aux audacieux, tournons nos re-

temps de batifoler à satiété mais

plement méritée, sans oublier,

gards vers les cieux si bleus, sans

quand va venir l’été, quand tout

d’aventure,

tenir compte du Bon Dieu qui,

le monde sera piqué et repiqué,

bitures de bonne facture, entre

reconnaissons le, c’est toujours

c’est certain, nous serons tous si

ami.es et pourquoi pas, pour une

bien foutu, le malotru, de notre

sains que l’on mettra nos fesses

fois, avec nos ennemi.es d’autre-

gueule de tordu farfelu, de plus,

et nos seins au soleil vermeil qui

fois, même un peu matois, voire

impunément, le mécréant. Mais

en restera coi de joie de nous voir,

grivois, s’ils sont gentils, s’ils sont

restons optimistes tant que notre

un peu narquois, lui faire la nique

courtois, s’ils sont de bon aloi.

quelques

légères

Espérons toute fois que pour la culture ce sera moins dur… ...et qu’on pourra se taper tous les

des créateurs bénis d’ailleurs ou

celui du tango, de la java, du bal

musées, des plus neufs aux plus

d’ici, à qui on dira : « Merci bien !

musette, de l’Opéra, du Hip Hop,

usés, tous les concerts avec mé-

Revenez demain, après-demain,

de la Pop, de la chansonnette

mère ou en célibataire, tous les

le soir ou le matin, soyez les bien-

pour conter fleurette, du vrai

spectacles morts ou vivants, de-

venus, habillés ou tout nus, et

blues les pieds dans la bouse,

hors ou dedans, à cinq milles ou à

n’hésitez pas à nous faire le coup,

du rock baroque de cinoque, des

cinq cents, et toutes les fantaisies

pourquoi pas, du n’importe quoi,

acrobates les plus foutraques,

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des magiciens les plus zinzins,

site - le sexe avec Castex, la bête

le Prince Consort qui a failli péter

des danseuses de French-can-

à deux dos avec Bachelot, voire

son ressort, tous ces guignols qui

can et de tout ce qui, à l’encan,

bien pis avec Dupont-Moretti.

caracolent à se faire du pognon

vous viendra dans les bras, même

Et puis il nous reste ces pervers

en s’envoyant de faux fions pour

si des fois çà merdoie ! »

de la cour d’Angleterre qui nous

surtout qu’on ne les oublie pas,

Et on va sauter sur tout ce qui

font rire à pisser par terre, Megan

ces pauvres fadas à qui on aurait

bouge, en bleu, en blanc, en

qui cancane, Harry qui médit, Wil-

du couper la tête tout net depuis

rouge, dans les palais ou dans les

liam qui réclame, Katherine qui

longtemps déjà, voire peut-être

bouges, en évitant quand même

fulmine, Elizabeth qui s’la pète,

même la bistouquette qui se

l’amour à fond les ballons avec

Lady Di qui dit : « oui ! » quand

fait toute petite petite depuis le

Macron – avec Brigitte, on hé-

on la cueille dans son cercueil,

Brexit !

Et pour le monde d’après, on va lui retirer sa tétine… ...à Poutine, le priver de son dodo,

des verres d’Aloxe-Corton, tous

parce que tant qu’il y a de la vie qui

Bolsonaro, lui interdire le tobog-

ces pauvres toquards dans des

ruse, il y a de l’espoir qui s’marre

gan, à Erdogan, lui piquer tous ses

litres de Pommard !

et qu’on peut encore et toujours

strings, à Xi Jiping, l’envoyer dans

Et comme on est encore avant le

boire à notre santé et chanter et

la lune, Kim Jong Un, lui confis-

monde d’après, même si on va y

danser et déblatérer, libéré, débri-

quer ses carambars, à Bachar, lui

regarder de plus près, aux décès,

dé et bien désaltéré, même quand

faire cucul-panpan, à Orban, et

on ne va quand même pas se pri-

on est confiné. Non mais !!

noyer tous ces vilains cons dans

ver et on va continuer à se régaler Alain (patient) DIOT Avril 2021

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[SO] Green!


Frédéric Adam

Le vert a cette touche d’ombre

Qui le pousse au vertige Il faut savoir en retenir le fil La teinte ténue Ce bref moment où le noir se grise Et bascule au delà du ciel Goûtant à la source ce rayon Qui alors l’accomplit Vertement efforçons-nous À dire l’outrance Le paradigme gaillard Le cru vraiment Voiles hautes, bannières levées Sur la houle printanière Où la sève en excès Perce sous la vague Le verdâtre est une dissidence Un biais qui ronge de sa lie La ligne de mire, le temps présent Il se pare des dorures Du flou, de la subversion Pour attirer dans l’âtre Une couleur différente Pour une chauffe délétère Le vert zèbre le bleu Comme un horizon Sabre de ses à-plats, de ses tailles La verticalité, la profondeur Il marque de son sceau Le grain premier D’une forme future Le bourgeonnement. Frédéric Adam

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Frédéric Adam

QU’IL SOIT DÉLUGE OU SÉCHERESSE

...

Qu’il soit déluge ou sécheresse, le vert se décline selon des modes dont la couleur n’a que peu faire. Aussi bien dans le plus que le moins, il se bâtit des offices où le rituel est un grand pont dans l’espace, une branche neuve et souple qui le relie de l’autre côté. Cependant l’étiquette à laquelle il se conforme n’est qu’un calcul, une économie d’échelle. Il s’en couvre comme d’une seconde peau, sans souci de pesée. Cette oscillation l’étoffe: il s’en revêt. La vibration qui le soustend alors, est sa ligne de conduite mais il ne se limite pas à ce chiffre: vert-de-gris il a assez d’empan pour

blanchir toute mesure. Ce blanc en lui est la nervure qui l’irrigue ou plus exactement l’encre sympathique, ce noir très pâle. Il ne porte son costume de fête que lorsqu’il hisse la voile, au quai le vert se tient coi. Quasi nu il clapote doucement, on entend les cordages claqués contre la mâture. À la moindre brise il lève l’ancre et écrit sur l’onde ses nouaisons, ses nodosités qui colorent au rebond d’émeraude l’obole du présent. Voilà, le vert ne se pare de ses canopées que sur le départ, sinon il s’embrunit ou s’abonde tant qu’il devient mémorial.

Frédéric Adam

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[SO] Green!


Do Sé

LE PRINTEMPS DES GUENILLES En été, le soleil brûle, la terre rougit et transpire, l’eau s’évapore, le ciel est moite d’une fumée opaque. En automne, les cendres d’arbres, de feuilles, de graines, de fruits voilent le sol. Cette poussière grisâtre recouvre la faune et la flore d’un manteau imperméable et d’une écharpe de toxines asphyxiantes. Les vents dessèchent des pigments cendrés à défaut de souffler les feuilles mortes. En hiver, l’eau glisse sur ce plaid étanche d’une terre assoiffée. Sous ce manteau glacé par le froid, au coeur de la couche terrestre, le peu de vie ne somnole plus, il agonise, il ne dort plus, il se meurt.

Alors en février, un hic, au parlement des oiseaux, l’état major du printemps a gardé son manteau d’hiver, prêt à quitter la séance. Les oiseaux chantent, gazouillent, mais les arbres ne se rhabillent pas de bourgeons, les boutons fermés, sans fleur, se dénudent de couleurs. Silence ! Une décision présidentielle de mère nature qui supervise cette assemblée. Guignez les guenilles du printemps ! Il n’est vert que de peur ! Où est sa robe verte sous un châle coloré et chatoyant ? Les hommes m’avait promis une transition écologique !

Colombes, portez des rameaux pour que cessent l’épandage d’armes chimiques et nucléaires Mésanges, mes anges, apparaissez aux vitres des chaumières, frappés par la faim. Corbeaux, croassez dans les champs pour le danger imminent des pesticides, insecticides, néonicotinoïdes... Piafs et autres sans abris, squatez les cheminées des bûcherons, les foyers de gratte-ciel en papier... Cygne, assignez à résidence sous les fontaines des villes. Oiseaux soyez les messagers du printemps, mais surtout de son dénuement !

Do Sé

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Do Sé

HANAMI Un ciel de cerisiers à fleurs Rosé d’un nuage éphémère Le voile de l’arbre charmeur Caresse, furtivement, l’air Soudainement, une rumeur La bise foudroie d’un éclair Toutes les nouvelles fraicheurs Une explosion d’un rose-chair Une pluie de frêles lueurs Un déluge de soie légère Tel un océan de douceur Une allée de pétales erre Do Sé

L’AVÈNEMENT D’UN PRINTEMPS Cœur du rameau détruit Ecœuré d’hiver dur Ecorchure d’un glui Ecorce d’engelures

Fleuve de ciel azur Fleurs sèchent toutes pluies Feu sur le corps bleui Feuillage de dorure

Brin étendu revit Brun, l’être qui s’emmure D’un brise-vent de vie Imbriqué de fleurs mûrs

Après l’hiver, s’ensuit Apprêté d’une arcure Paisible cœur de fruits Paix, rameau, sa bouture

Printemps après les nuits Printemps aux idées mûres Le printemps d’une vie Le prix d’un brise-mur Do Sé

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[SO] Green!


Do Sé

Sous le ciel du printemps

Cliché d’une nuée d’hirondelles Sans un nuage à l’horizon Les massifs aux fleurs d’arc-en-ciel Feu d’artifice du sent-bon Un astre aux reflets Torrentiels Une pluie des premiers rayons Le hamac au toucher de miel Un abri maillé de coton Les poignants tourbillons des ailes Dévisagés par deux yeux ronds Une balançoire en dentelle Berce un corps dans le molleton Do Sé

Ivan Leprêtre

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Bixente Caballero LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste

Ah c’est une robuste, ma Clémentine ! DOMPTER UN TROUPEAU DE VACHES EN CRIANT "ALLEZ LES VERTS"...

Si elle dansait la rumba avec un grizzli en chantonnant "Tata Yoyo, qu’est-ce qu’il y a sous ton grand chapeau ?",

ce ne serait même pas une surprise ! Bixente Caballero

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[SO] Green!


Jean-Marc Couvé

AU VERT « GREEN » En premier lieu, on pense à Green,

quoi « mythique » ? Parce qu’il

La légende du golf est régulière-

Graham de son prénom : Gégé,

n’a été foulé, à ce jour, que par

ment entretenue – un peu comme

pour les intimes ! Ensuite seu-

de rares privilégiés. Ce n’est pas

un gazon : on y saupoudre un nom

lement, mais dans une moindre

vraiment un sport, se pratiquant,

de privilégié par-ci, une apparition

mesure, vient le Julien du même

là, sur ce « green ». Plutôt une

de Tiger Woods par-là. Il paraîtrait,

nom. Et Nelson Algren n’est pas

légende ; vous savez : ces pa-

même, qu’un ancien dirigeant oc-

loin, à condition de mal pronon-

roles d’évangile qui nous viennent

cidental en posséderait plusieurs.

cer la liaison (avec Madame de

toujours d’un tiers, qui les tient

De « greens ». Mais, c’est sans

Beauvoir). Quoi d’autre ? ("What

lui-même du cousin par alliance

doute une rumeur. Car ce per-

else?", in clown english) – Ah oui :

de sa concierge, absente, car elle

sonnage était, avant toute chose,

on pense aussi au « green » du

fut « appelée » (élue, quoi) dans

connu pour son (mauvais) goût

mythique terrain de golf. Pour-

l’escalier.

exagéré pour les fake-news.

Nous voici fort éloignés de notre point de départ. Poétique Nous sommes plus près du trou

l’huile de vidange. Et le gars Big

nonisation… le voici : un jour qu’il

noir que du vers dupé, du pair

Hard est débordé sur son ex-

parcourait un « green » en tous

vert galant. Nous nous trouvons

trême droite. Jugez plutôt : le haut

sens, à la recherche d’une balle

même en présence de piques

dirigeant, ci-dessus, empêché in

qui s’était perdue [Où ? Il avait

humoristiques plus ou moins

extremis de marcher sur les eaux,

un trou… de mémoire], ce saint

douteuses,

l’humour

se décida à marcher sur le Capi-

homme – porté sur lâche ose – vit

gras, sexiste, tient lieu de carbu-

tole, par sue-porc-ter interposés.

passer une balle… rine. Il la stop-

rant. Par essence. Inflammable.

Et, s’il faut un second miracle à

pa tout net. Vous ne devinerez ja-

C’est de l’huile de coude. Ou de

l’Église, afin d’en garantir la ca-

mais comment. Et c’est ici que le

lorsque

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Jean-Marc Couvé

miracle est avéré. Indéniable :

Enfoncé, Big Hard. Bien pro-

la bonne parole : le « green » est

notre

content

fond, même. Et en pire… Empire

grand, et D.D.T. est son prophète.

de stopper la ballerine sur le

d’essence divine, il n’y a pas à

Autrement formulé : où le po-

« green », balle au bond, l’attra-

tortiller du troufignon. Depuis ce

pulisme pousse (au crime), nul

pa – ô viol – et même (je cite) « la

temps, nombreux sont les décé-

« green » ne repousse. C Q F D.

saisit par la lâche-hâte »

rébrés, de par le Monde, à porter

homme,

non

Oh, bien sûr, avec l’anglais, c’est toujours pareil ! Il en va du « green » (Eva Green)

menace de virer verroterie. Le ver-

marris de fournir, ainsi, sans avoir

comme des autres couleurs. Pe-

tige nous guette, non ? Vaut mieux,

été consultés, une publicité gra-

ter Greenaway, fort joli patronyme

donc, ne pas traduire. Sinon, le fa-

tuite et largement diffusée à un

pour un cinéaste, s’il est traduit,

meux Scotch des chiens Fox Black

alcool dont les abus sont par ail-

nous interpelle : car il devient

& White, horreur, deviendrait, en

leurs déconseillés ! Dans le même

Pierre Loinduvert. Ou Pierre Du-

français : Noir & Blanc. Et pourquoi

désordre d’idées, je me demande

vertautour. Et, même si ce n’est

pas : Noiret-Blanc, tant qu’on y

comment traduire le fond de ma

pas pire que Jean Dutourd, il faut

est ? Con. Niais. Les prénommés

pensée sans l’édulcorer ?

bien admettre que cette pierre-là

Philippe et Michel eussent été fort

Verne est pas green. Gulliver n’est pas vert-de-gris… Et Saint Kant, nu, en ce degré (où se hisse ma démonstration), degré élevé – n’était que caca-rente, vos leurres, tout au plus. Foi d’Ali Baba. Balivernes ! Eva lit Berne… C’est Bonny Wright et Blanc Chat-Poney… Jean-Marc Couvé 01 03 2021

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Milica Janjić

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Olivier Issaurat

Vert de Gris

Le vert de Gris recouvrait la Seine Saint Denis Où es-tu, usine au ventre gorgé de boulons N’y a-t-il donc plus qu’un hangar abandonné En bordure de la Seine, rue de la Briche Quand sortaient les ouvriers de chez Spiros. Vert de bronze au décolleté plombé, alésage cyclopéen Une odeur de graisse, un savon épais irritant les muqueuses Vert de gris dans les taudis, rue de la Rép. Grand-père ! ne cherche plus, ton pays, ce stalag Où tu laissais ma mère jouer du clavier AZERTY, Archiver les notes et le cancer du chiffre. Que sont devenues vos œuvres éphémères ? Compresseurs enrayés ; frigidaires aux portes béantes ; Ventilateurs d’air desséché dans un désert d’appareils éventrés. Elles peuplent les terrains vagues de mon enfance ! Fallait pourtant du presto, du fissa pour apaiser le chrono Les mains manœuvraient les manettes, les tambours Les abaques rythmaient la danse des corps Au milieu d’un flux de copeaux jaillissant L’acier arraché au métal hurlait son mystère dans la violence Les cadences diaboliques amusaient les dieux du tout là-haut. Mon père, le front noirci de sueur, court Sur la folle matière en fusion tranchée par l’outil. Dans mes souvenirs de môme Instruments vert de cuivre et symphonie des oubliés Une foule déferle encore aux portes de l’usine, Au milieu, des vélos en peloton Course individuelle sur pavés serrés Paris Roubaix, pavasses qui volent. Dans ma tête, résonne aussi Charronne Les grilles du métro terminent une révolte Vert de gris et cottes d’ouvriers Que la production a rendus fous. Olivier Issaurat

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Olivier Issaurat

L’HOMME VERT Je sais bien que ce n’est pas vrai,

cette raison je n’ai pas d’amis, en-

J’ai aussi pris rendez-vous chez un

je ne suis pas tout vert contraire-

core moins d’amies.

psychiatre, il m’a donné des anti-

ment à ce que je perçois, en ce

Au mois de novembre, je rentre

psychotiques pour être comme

moment même, dans le miroir.

chez un marchand de couleurs

tout le monde. Mais à part la

J’ai compris, tout petit, dans le re-

pour acheter de quoi repeindre

couleur, je suis comme tout le

gard de mes parents que ce qu’ils

ma chambre. Le type me de-

monde ! J’ai arrêté de prendre

voyaient ne correspondait pas à

mande « Vous êtes plutôt quelle

ce maudit traitement, il me fai-

ce que j’étais : un petit bonhomme

couleur ? » et moi de lui répondre

sait passer pour un autre. Le plus

vert. Je le sais aussi par le regard

« vert ». Il me tend les pots qu’il

triste, un autre, mais vert ! J’ai aus-

des autres qui me côtoient. Ils

avait « Ça fera 100 francs ! » Je n’ai

si essayé une psychanalyste. Elle

me trouvent bizarre, mais cela n’a

pas osé le contredire et depuis j’ai

était verte ! J’ai eu très peur que ce

rien à voir avec la couleur. Ils me

une chambre entièrement verte.

soit une identification projective,

parlent et je doute. Alors au lieu

Quand je suis tout nu, j’ai la sen-

j’ai mais fin à l’entretien, ça m’a

de leur répondre je regarde mes

sation de ne pas exister. Tout ça

coûté 50 francs quand même.

mains, je cherche mon reflet et je

à cause d’un malentendu avec le

passe pour un être étrange. Pour

droguiste.

Une question persiste, est-elle vraiment verte ? Je suis de retour dans la salle

poléon vient de quitter les lieux.

haut de forme, elle est ressortie

d’attente. Je me suis inscrit sous

Il semble aller mieux, il a retiré la

sans. Sans son pantalon aussi,

un faux nom : monsieur Green. En

main de son giron. Elle doit être

c’était plutôt étrange, mais son

anglais, ça paraît plus normal. Je

efficace. La dernière fois, il y avait

mari, une forte femme, a masqué

crois que c’est bientôt mon tour,

une femme qui croyait être un

sa nudité avec son châle. Il ne

le monsieur qui se prend pour Na-

homme, elle portait un chapeau

reste plus qu’à traiter le mari pour

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[SO] Green!


Olivier Issaurat

que tout rentre dans l’ordre, mais

- Allons faites un effort, vous n’avez

Elle commence à m’énerver sé-

chaque chose en son temps.

pas attendu aussi longtemps pour

rieusement. Après l’amour de ma

Elle me fait signe d’entrer.

vous arrêter en si bon chemin !

psychanalyste, je saute directe-

- Ah c’est vous ! Green m’avait mis

Je fais mon regard bête histoire de

ment à la haine !

la puce à l’oreille. Installez-vous

la rassurer. C’est ainsi que je pra-

- Vous êtes toute verte !

dans le divan, sinon les gens vont

tique avec les autres. Mais avec

Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai

se poser des questions.

une psychanalyste qui a pignon

crié ça d’un coup.

Elle est encore toute verte. Mince

sur rue, ça ne marche pas ! Je dois

- Vous aussi vous êtes tout vert !

alors, voilà que mes sens me

trouver quelque chose à dire.

- Merde alors !

jouent des tours. Ou bien les autres

- Quand j’étais petit je faisais pipi

C’était tout ce que j’ai trouvé à dire.

êtres humains se transforment à

au lit !

- Je vous aime, ce n’est pas déon-

mon insu. Est-ce contagieux ? Il

- Comme tout le monde, allons

tologique, mais je vous aime.

faudra que je retourne voir le mar-

allons, encore un petit effort nom

La voilà qui saute sur ses pieds

chand de couleur. Ma logeuse est

d’une pipe !

et qui se déshabille. En effet elle

toujours la même. Bête avec des

Je me questionne sur le sens de

entièrement verte, y compris les

chaussons usés d’où émerge un

la fin de son propos. A-t-elle glissé

poils pubiens.

gros pouce de pied difforme. Elle

une interprétation cachée dans sa

- Vous n’aimez pas ma couleur !

arbore aussi une tignasse énorme.

phrase ?

C’est ce que je craignais.

Mais à part ça, elle ne verdit pas. Ni

- Dans un rêve érotique, je cou-

Je me déshabille à mon tour et

ses plantes d’ailleurs, elles dépé-

chais avec maman…

nous faisons l’amour et beaucoup

rissent à vue d’œil.

- Moi aussi, y a pas quoi en faire un

de bruit.

- Alors vous êtes revenu ?

plat !

- Je me demande ce que vont

- Oui, je dois vous entretenir d’un

- J’ai rêvé que mon père était ma

penser les autres patients ?

sujet qui m’est très pénible, je me

mère !

- Ils vont être verts de rage ! On re-

vois tout vert, mais pas les autres !

- Moi, que mon père était un imbé-

met ça, il vous reste vingt minutes

- Mais encore…

cile et je me suis rendue compte

de séance…

Je trouvais la situation assez pé-

que c’était effectivement le cas.

nible comme ça, je ne savais ce

Nous n’allons pas faire toute votre

que je pouvais rajouter.

généalogie. Vous passez à côté de

Olivier Issaurat

l’essentiel.

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Photo : Heung Soon

[SO] Green!

LD

RC


J’attends le numéro

62

[SO] Green! • 2e semestre 2021

LD RC


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