J’attends le numéro
62
[SO] Green! • 2e trimestre 2021
LD RC
LD RC
J’ATTENDS LE NUMÉRO 1 2011 • 2021 CRÉATION Isabelle Souchet & Ivan Leprêtre DESIGN Ivan Leprêtre CONTACT ivanlepretre@gmail.com PHOTOS 1re ET 4e DE COUVERTURE Greg Rosenke - Unsplash Rishabh Pammi - Unsplash
62
03
[SO] Green!
SOMMAIRE
04
J’attends le numéro 08
ÉRIC RABBIN Capitaine de vaisseau grammatical devie.celine@neuf.fr ISABELLE SOUCHET Artiste numérique couleur-lilas@wanadoo.fr
17
ALINE HANSHAW Bricoleuse aline.hanshaw@wanadoo.fr
20
RAOUL HARIVOIE Poète raoul.harivoie@laposte.net
23
FRÉDÉRIC SCHMITTER Auteur présumé - schmi@club.fr
24
ALAIN CRÉHANGE Écrivain alain.crehange.pagesperso-orange.fr
26
YVES NIQUIL Ingénieur, chef de chœur, écrivain yves.niquil@gmail.com
28
IVAN LEPRÊTRE Directeur de création ivanlepretre@gmail.com ivanlepretre.com
30
COLETTE LE VAILLANT Jongleuse de mots, exploratrice de l’inconscient contacter.colette@gmail.com
32
CHRYSTEL EGAL Artiste, écrivaine chrystel.egal@me.com - c-egal.com
42
GEORGES FRIEDENKRAFT Écrivain • Poète georges.chapouthier@upmc.fr
44
LAURENT VERNAISON Épicurien - lvernaison@wanadoo.fr
46
GÉRARD MARTY Artiste - Illustrateur martygetc@free.fr gerardmarty.blogspot.com
50
YVES LECOINTRE Érudit yves.lecointre@gmail.com
52
KARINE SAUTEL Ellipse formation karine@ellipseformationcom ellipseformation.com
60
FRÉDÉRIC ADAM Poète frederic_adam@hotmail.fr
63
DO SÉ Unijambiste sur le fil des douceurs - dose.mots@gmail.com
62
BIXENTE CABALLERO Épicurien locotwister@gmail.com
66
JEAN-MARC COUVÉ Écrivain, critique et illustrateur jeanmarc.couve@gmail.com
68
MILICA JANJIĆ Graphic Designer milicajanjic10@gmail.com
82
OLIVIER ISSAURAT Enseignant oissaurat@ac-creteil.fr olivier.issaurat.free.fr
[SO] Green!
06
ALAIN DIOT Maître de conférence en arts plastiques alaindiot2@orange.fr
10
05
62
ÉDITORIAL Alain Diot
GREEN ? OUICHE !! Green, çà vous chagrine parce que
respecte pas la consigne, ou qu’on
les babines dans votre cuisine,
çà fait british, çà, c’est godiche,
se mette trop de cocaïne dans les
allez faire revenir quelques auber-
voire même ricain, là, c’est malsain.
narines quand quelques officines
gines dans la farine, en évitant les
En français, green, soyons sévère,
clandestines se foutent de notre
terrines ou la poitrine, pour la jouer
c’est vert, comme le rumine l’aigre
bobine en nous refilant de la mar-
Végan dans votre cabane, mais ne
au logis ! C’est qu’aujourd’hui le
garine à la chloroquine pour beur-
vous étonnez pas si vos narines
vert est partout, c’est fou, et ses
rer nos tartines. Mais si on badine
envisagent la famine devant ce
échos logiques nous font pis que
avec nos voisines libertines - sur-
type de galantine. C’est que se
nique. Le vert est dans le fruit et le
tout pas avec des gamines même
mettre au vert, en plein vent ou à
développement durable est sur la
mutines ! - il faut chasser la ver-
couvert, faut le faire et comme le
table et nous courre sur le râble,
mine pour éviter que çà patine et
dit sur un ton doux amer le ver à
à nous pauvres lapins misérables !
revenir aux origines pour s’en tenir
soie en s’enfermant, benoit, dans
Cette machine mesquine sur nous
à la vie sûre, même si, des fois,
son cocon d’hiver : « çà ne va pas
s’échine en surveillant la moindre
c’est dur ! Et pour rester vraiment
de soi, ma foi ! ».
bibine anodine, des fois qu’elle ne
dans la combine et vous léchez
Et qu’est-ce qu’on y gagne, qu’est-ce qu’on y perd à vouloir épurer l’atmosphère ? Sans savoir ce que le ver, lui,
pommes, et leurs mamans qui
vert à pied, çà les rassure. Et si le
sent, ni ce que le ver déterre,
nous assomment, osons le vert à
vert olé vous aide à danser, bien
dans les cimetières, prônons
dent pour qu’ils consomment, et
chaud, le flamenco, le vert mi-
le vert à bière pour les grands-
pour faire bonne figure, pour les
fuge mi-raisin, c’est malin pour
mères, pour les Adams, bonnes
grandes pointures, choisissons le
les intestins, et le vert glacé c’est
06
rêvé pour ceux qui préfèrent glis-
au vert mi-sot, car parfois le vert
contraire il faut qu’on s’aère en
ser. Et s’il faut savoir au vert s’y fier,
te ment et même le vert tue ! Et
évitant quand même le vert lent,
il y a bien d’autres verts à citer. Il
que penser de ce paradoxe du
ce vert moulu, voire le vert rouillé
faut donc écouter le vert dire, en
vert roux qui vous enferme à l’an
si l’on sent le vert baliser !
faisant attention au vert sot, voire
vert dans un trou vert quand au
Et chers poètes lyriques, au diable vauvert, vos verts bucoliques qui nous refilent des coliques frénétiques de néphrétiques ! Bien sûr, pour la nature il faut que
les colos des écolos, souvent bri-
ou du haut d’une colline divine,
le vert dure et quand on sait que
colos mais pas trop rigolos, voire
quand bien même notre pater
le vert y table, suivons ce que le
un peu barjos. Et ne vous affolez
ne serait pas trop austère quand
vert dicte parce que si celui qui est
pas si vous avez un vieux père vert,
notre tantine danse la biguine,
soûl rate, celui qui est vert sait ! Et
au contraire, c’est super, surtout
mes chères copines toujours co-
que ceux qui ont vu le vert hier se
s’il est resté encore bien bio ! Lo-
quines, mes partenaires si débon-
rappellent de ne pas céder le vert
gique ! Et si votre mère légère est
naires, payons nous de concert
aux niaises, comme ce costaud
un coup lisse, un coup gare, donc
un bon bol d’air dans les senteurs
de Paolo, pas non plus le vert au
un coup secousse, en restant à
câlines des aubépines purpurines
chiot, comme c’est le cas pour An-
tout coup pure, elle à la chance
et surtout quelques verres qu’on
dréa, en se rappelant que laisser
d’être encore un coup verte et de
nous aura offerts, sans oublier de
le vert singer tôt risque de coûter
voir venir, sans mentir, cent coups
remettre le coup vert avec nos
gros ! Bien sûr, nous n’ignorons
férir pour toujours reverdir !
écuyères sans crinoline, nous les
pas que le vert est de mise dans
Et du fond d’un désert légendaire
experts du pipeline !
Alain (vert cible) DIOT Avril 2021
62
07
[SO] Green!
Éric Rabbin
DÉSILLUSIONS DE JEUNESSE Il y a les couleurs et ce que l’on en fait. Extraites de tubes ou de pots, couchées sur une toile, elles peuvent magnifier ou pourrir un paysage, déstructurer un portrait, ou tuer davantage une nature morte. Je ne farfouille pas dans mon histoire pour y mettre les impressions soleil levant de ma mémoire, mais pour faire revenir le souvenir d’une grande désillusion amoureuse, à l’âge où l’on vient de se rendre compte que l’amour existe et que l’on ne sait pas ce que c’est, ni comment l’on s’en sert. Il est inutile d’apprendre à certains comme ces fleurs émotionnelles naissantes peuvent parfois pousser au sein de sa famille, surtout dirigées vers ce soleil que sont nos cousines, qui vivent, grandissent, près de nous et qui d’un coup soudain, se révèle être femelle avec tous les attributs physiques, moraux et emmerda-
toires qui surgissent sous votre nez. Alors, la camarade de jeu vous est alors enlevée, ou s’éloigne d’elle même vers d’autres attraits de la vie, sans que vous ne puissiez rien y comprendre. Stéphanie était ma préférée, jolie, facilement rieuse et du même âge que moi. C’était l’époque où ma famille ne se déchirait pas encore pour de stupides et lointains héritages, on nous avait placé dans les mêmes bacs à sable, traîné dans les mêmes maisons de campagne, du camping du lac de Pareloup vers les chalets sur pilotis de Gruissan. Pour le goûter, nous étions placés devant le même pot énorme de N……. (td) (future athérosclérose aux noisettes), puis jetés en pâture, les dimanches, au sourire mielleux de M. Jacques Martin, pendant que les hommes du clan allaient tuer des petits oi-
seaux et que les dames entre elles tapaient le carton en misant des fèves. Stéphanie poussait comme une plante, me ressemblant assez, comme un faux garçon, ou un presque frère avec toutefois des manies bizarres mais des jouets peu différents. Notre complicité se retrouvait surtout dans l’humour, commençant tôt avec des blagues sur le caca, puis celles de Toto, puis nous nous lisions les blagues C……… (td) (future athérosclérose au caramel) et enfin partagions des observations justes mais grinçantes sur les membres les plus insolites de notre famille. Puis vint un jour, où Stéphanie disparut. Cela avait commencé avec des gênes et des chuchotis avec sa mère et la mienne, des renflements étranges arrivants sous son sous-pull à col roulé, ainsi que d’étonnantes rougeurs lui
08
Éric Rabbin
montant au front quand un de mes copains lui parlait. j’en venais à m’étonner des restrictions concernant nos jeux qui venaient d’être brusquement interdits.. Mes parents faisaient comme si c’était normal, mais aucunes informations ne filtraient, à mes questions répétées, je n’avais comme réponse que « - tu com-
prendras plus tard ». Maigre foin à ruminer. Du temps passa. Mes centres d’intérêts commencèrent aussi à changer. Pour faire plaisir à mon seul (pas tout à fait vrai) ami, je m’extasiais fort sur les compétences de combat de Bruce Lee et de Docteur Justice, en ayant abandonné l’espoir de l’intéresser
à Jules Verne ou James Oliver Curwood. Mes voisines avec qui je jouait avant sur les tape-culs commençaient à pouffer pour tout et n’importe quoi à mon approche, et je sentais bien que derrière les portes closes et les mots couverts, un grand secret de la vie se préparait à venir bouleverser mes habitudes.
Et puis un jour, c’était un samedi, Stéphanie revint ! Je sortais de mes lectures et de ma chambre attiré par le bruit de l’arrivée de mon oncle et de ma tante qui venaient (encore une information qui m’étais passée loin au dessus de la tête) pour LE Match ! J’arrivais tout sourire et confiance en avant quand une trombe verte se jeta sur moi ! Je me suis senti soulevé par une ogresse, un monstre totalement vert, échevelé, qui m’inondait de bisous baveux et de mamelles molles. L’inconnue arrêta son agression un moment, et d’une voix de stentor s’exclama « - Hé bé tu reconnais plus ta cousine ? C’est moi Stéphanie ! » Vêtue d’un T-shirt vert trop petit, d’un short de la même couleur prêt à exploser sur des jambons puissants, elle était comme une déesse mère primitive, immense
et généreuse, un chêne humain, une colline irlandaise sur patte. Mon cerveau retrouvant de l’oxygène se remit à fonctionner. Je regardais cet icône féminin essayant de retrouver les traits graciles de ma cousine, mais c’était dur. Un visage qui était rond et si clair, devenu gras et enlaidi par une couche de peinture ou maquillage verdâtre, ses beaux cheveux blonds, retenus par une queue de cheval qui les faisait pendouiller mollement, étaient aussi maculés de cette couleur verte effrayante. Son corps, jadis une tige de fleur fluette était devenu par l’exercice de pratiques sportives intenses, le tronc d’un séquoia, j’exagère à peine, et son nez mutin avait dû certainement rencontrer un poing, tant il en était devenu plat. Éric Rabbin
09
Mais surtout, surtout, une évidence m’éclairait alors sur son apparence et me projetait dans le quotidien volontairement écarté. Voilà. Nous étions en 1976. Ils venaient pour voir Le Match en famille. C’était cette année là, où les espoirs de milliers de Français se tournaient vers des Rocheteau, Santini, Janvion, Larqué et autre Curkovic qui allaient nous donner la victoire. Oui, malheureusement, j’avais occulté le fait que Stéphanie était Stéphanoise. Vous comprenez à présent pourquoi, des années plus tard, quand j’appris que la couleur verte était bannie au théâtre, je poussais un soupir de soulagement et me jetais à corps perdu dans cet art qui me comprenais si bien.
62
[SO] Green!
Isabelle Souchet-Leprêtre
10
62
11
[SO] Green!
Isabelle Souchet-Leprêtre
12
62
13
[SO] Green!
Isabelle Souchet-Leprêtre
14
62
15
[SO] Green!
Isabelle Souchet-Leprêtre
16
Aline Hanshaw LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
Surprise : mon chapeau vert ne fait pas fuir les vaches robustes quand je les approche. En vert et contre tous : le vert c’est ma couleur en vérité ! Aline Hanshaw
LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte HAÏKU
Ô belle herbe à vache S’allonger prendre le frais Pendant un mois vert Aline Hanshaw
62
17
[SO] Green!
Aline Hanshaw
Je vis dans le vert entre forêt et canaux
Verlaine est l’un de mes poètes préférés J’ai les yeux verts comme ma mère Vercoquin accompagne le Plancton chez Boris Je m’habille souvent en vert Vercingétorix était courageux Je suis née en septembre là où meurt le vert Vertugadin est un mot rigolo Je serai enterrée au cimetière du Bois Bourillon à l’ombre des vers Veracruz est une ville du Mexique J’aime le vert et les verres de Baccarat Vertigo me donne le vertige Je me souviens de Dumont le premier candidat vert en 1974 Verdi avait pour surnom Le cygne de Busseto Je n’aime ni le vermifuge ni le vermicelle Vermouth est un A.B.V. Aline Hanshaw
Ivan Leprêtre
18
62
19
Photo : S. Hermann & F. Richter
[SO] Green!
Raoul Harivoie LOGO-RALLYE Cuisses Ètroites Préparatifs Perdre Voisine
OUI, J’ENVIAIS LES FÉES VRILLÉES ACCROS AU MARSALA
Oui, j’enviais les fées vrillées -accros au marsala- et l’argent qu’elles gagnaient si facilement. Surtout la fée Mourtari, ma voisine. Un jour, au Havre, il était 20 heures, je les avais invitées toutes dans un restaurant chic. Au moment du dessert, je leur avais alors proposé : un gamay ainsi que l’ouverture avec moi d’un compte joint.
Elles se récrièrent aussitôt, me traitèrent de "court-jus"", "yéti"... L’une d’elles perdit la raison et arracha ma moumoute. Une autre fit voler mon assiette de fraises et de cèpes d’ambre. Les fées Waouh et Kisscool, sans préparatifs, me plantèrent leur couteau dans la cuisse. Enfin, la fée Mourtari me conseilla de prendre sans tarder un rendez-vous avec le doc Tobre,
un psychiatre renommé, installé dans une ruelle étroite. (Dehors nos vents bredouillaient à cause des cris que l’on entendait jusque dans les royaumes voisins). Je rentrai chez moi les yeux rougis et m’allongeai sous le lit vert, sur les dés sans bretelles. Raoul Harivoie
20
Raoul Harivoie LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
SALAMM BOVARY ! Surprise ! Le sujet que j’ai tiré du chapeau à l’oral de Mots-valises, c’était Salammbovary ! J’étais vert ! Je suis sûr que l’examinateur (une peau de vache) avait mis ce sujet sur l’ensemble des papiers... Et pourtant, j’ai rendu une prestation robuste ! J’ai eu la moyenne ! Raoul Harivoie
LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte
MANGEZ DE LA VACHE QUI RIT ! Mangez de la Vache qui rit ! C’est le conseil que je donne aux écrivains en herbe en mal d’inspiration. Prenez-en le matin, le midi et le soir. En un mois à peine, vous écrirez jusqu’à deux pages par jour ! (Attention, ce régime est déconseillé aux femmes enceintes allergiques aux olives vertes). Raoul Harivoie
21
62
[SO] Green!
Raoul Harivoie LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
PRÉAVIAGRA : PRÉAVIS AVANT UNE PRISE DE VIAGRA « Pendant la pause café, mon collègue m’explique que sa petite amie robuste exige un préaviagra de 48h minimum. Elle n’aime pas les surprises. Il doit toujours porter le même chapeau cloche et le même caleçon vert, et pourtant ça lui va comme un tablier à une vache.» Raoul Harivoie
22
Frédéric Schmitter LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
À la surprise générale, comme un lapin sorti d’un chapeau,
LE PETIT HOMME VERT "MORT AUX VACHES !" avait surgi de sa soucoupe en criant
aux forces de l’ordre venues l’accueillir. Un robuste CRS lui asséna aussitôt un coup de
MATR AQUE.
ZeNavi2021 23
62
[SO] Green!
Alain Créhange LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte [+ goût]
La recette du jour : le carpaccio boucané.
Coupez une vache en tranches très fines. Salez, ajoutez une pincée d’herbes aromatiques, arrosez d’huile d’olive. Attendez. Attendez encore – cela peut prendre des mois. Quand la viande a pris le bon goût et la belle couleur verte des herbes, vous pouvez déguster. Alain Créhange
Ivan Leprêtre
24
Alain Créhange LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
LE SECRET D’UN BON PAIN SURPRISE
...
Le secret d’un bon pain surprise, c’est de travailler du chapeau pour varier les garnitures des sandwiches de manière qu’il y en ait pour tous les goûts : salade verte pour les appétits d’oiseau, terrines de ragondin, de kinkajou et de binturong pour les appétits moyens, vaches entières pour les appétits les plus robustes… Alain Créhange
62
25
[SO] Green!
Yves Niquil
LE PRINTEMPS D’UN AQUABONISTE REPENTI Pendant longtemps, j’ai craint le printemps Le printemps, dit-on, c’est la sai-
de bonbons, qu’ai-je à espérer de
La magie tant espérée, elle n’est
son des amours, la saison où tout
cette saison surfaite ? Vraiment,
pas là. Le miracle attendu, chaque
reverdit. C’est aussi la saison de
on se fout de nous. Tout ça pour
année, ne se produit pas, cette
mon anniversaire. Or, chaque an-
ça : quelques feuilles vertes... c’est
année encore. Pourtant la pub
née, à part le retour des feuilles
juste de la chlorophylle, quoi ! Tout
était bien faite, n’est-ce pas ? Je
vertes et mon anniversaire, rien
ce battage pour un chewing-gum,
me renseigne auprès d’un cabinet
ne se produit. On m’a annoncé le
qui plus est sans aucun goût :
d’avocats : qui attaquer en justice
bonheur, or tout est comme avant.
avez-vous essayé de mâcher une
pour ces promesses non tenues,
On m’a annoncé l’amour, et je suis
feuille de pommier ?
pour cette publicité mensongère ?
toujours seul. Le succès, et rien
« Que c’est triste Venise au temps
Personne, me dit-on. Ma plainte
ne change. Quelle est donc cette
des amours mortes », chante
n’ayant aucune chance d’aboutir,
saison tant vantée qui ne tient pas
Aznavour. Que c’est fade le prin-
elle va être classée sans suite. Un
ses promesses ?
temps lorsque l’on attend le re-
peu comme « L’affaire du siècle »,
Et donc, bien emmitouflé dans l’hi-
nouveau, l’amour, et qu’ils ne vient
tiens. Effectivement, l’idée m’en
ver protecteur, plein de neige et
pas. Pas cette année, pas encore.
est venue, je pourrais attaquer
26
Yves Niquil
l’État français. C’est assez facile à
rait-elle pas le fait du magasin Le
de primeurs, qui sait ? Je me perds
faire, et en plus, c’est à la mode.
Printemps ? Ou d’un parti politique
en conjectures. Qui attaquer en
Devant la Cour Européenne, tiens.
qui nous promet depuis long-
justice ? Personne ne peut me
Il faut bien que ces institutions
temps le temps des cerises ? Ou
répondre. Alors, chaque année, au
servent à quelque chose. Mais,
encore d’une marque de cosmé-
printemps, plutôt que de mâcher
me dit-on, cela ne changera rien...
tiques faussement bio ? Le prin-
des feuilles de pommier ou des
Le printemps suivant sera encore
temps, du greenwashing, quoi !
chewing-gums à la chlorophylle,
une blague. Alors à quoi bon ?
C’est peut-être le coup d’une asso-
je ronge mon frein. Qui n’a pas
La pub pour le printemps ne se-
ciation regroupant des marchands
beaucoup plus de goût.
Mais ça, c’était avant, comme dit une autre pub, une pub pas très printanière Cette année, j’ai observé, l’hiver,
tructure. L’automne, on a jeté tout
ner l’hiver, voici mon nouvel agen-
les bourgeons. Et j’ai une fait une
ce qui devait l’être, on a fait du
da : en automne, je regarde avec
découverte : l’hiver, les arbres, ça
vide, l’hiver on travaille à tout re-
sérénité tomber les feuilles, je les
bosse ! Subrepticement, tout se
construire autrement. S’il n’y a pas
mets au compost ; c’est le calme,
prépare. Dans le secret absolu du
ce travail, le printemps n’aura pas
surtout ne pas trop en faire. Et
bourgeon fermé - non non, on
lieu, les gars ! Alors activez-vous :
l’hiver je fais comme la nature : je
n’ouvre pas, c’est trop tôt, chut,
avant le 20 mars, il ne reste que 9
prépare le printemps. Moi aussi je
n’en parlez pas - ça bosse dur, ça
semaines, 8 semaines, 7... Pas le
lime, je recouds, je repeins, je réor-
turbine sec. Finalement, moi qui
temps de prendre des pauses, ou
ganise. Ainsi la printemps arrivera.
croyait que l’hiver la nature était
à peine ! On compte sur vous pour
Vraiment.
au repos, je me rends compte
nous préparer le plus beau des
que c’est la saison la plus active
renouveaux. Le printemps, quoi !
J’ai fait cela, cette année. Et cela
de l’année. On prépare la réouver-
Alors finalement, me dis-je, pour-
a marché. Je ne vous en dis pas
ture. On scie, on lime, on repeint.
quoi ne pas faire pareil ? Et au lieu
plus...
On organise le vert à venir. On res-
de bosser en automne et d’hiberYves Niquil
62
27
[SO] Green!
Ivan Leprêtre LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte
LA VACHE EST PASSÉE À TOUTE BERZINGUE DEVANT MOI — Je vous assure, la vache est passée à toute berzingue devant moi sur ses rollers avec son sac à dos rempli d’herbe ! Elle a pris la bretelle d’autoroute pour s’engager sur l’A15, vous me croyez, hein docteur ?
— Évidemment que je vous crois Madame Robert. Tenez, vous allez mettre cette jolie blouse verte avec de longues manches, puis vous suivrez Samantha qui vous donnera des bonbons de toutes les couleurs avec un bon chocolat bien chaud.
Ivan Leprêtre
28
Ivan Leprêtre LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
Qu’est-ce que t’as dans ta pochette surprise ? J’AI UN BUSTE DE VACHE ROSE AVEC UN CHAPEAU VERT SUR LA TÊTE ! ET TOI ?
Un robuste chat avec une peau verte de vache sur la tête.
Tu crois que Marcel* va aimer ? Ivan Leprêtre
* Les 5 mots du logo-rallye sont tirés de La Jument verte. 29
62
[SO] Green!
Colette Le Vaillant LOGO-RALLYE Cuisses Étroites Préparatifs Perdre Voisine
Le grand banquet des Verts approche.
Les militants sont aux préparatifs : ils dressent les dessous de table et remplissent les pots de vin. La niche électorale sera étroite pour les candidats cabots, en mal d’électeurs. Ma voisine militante de la première heure rappelle les éléments de langage pour le service : « Fane ou racine ? ». C’est tout simplement la version végétarienne de « l’aile ou la cuisse » camarade ! Sache que c’est toujours dans l’assiette fiscale que se gagne ou se perd un scrutin ! Colette Le Vaillant
Ivan Leprêtre
30
Colette Le Vaillant LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
MAIS JE RÉALISE QU’IL ÉTAIT MANCHOT
...
Une illusion d’haptique ! J’ai cru qu’il m’avait touchée, mais je réalise qu’il était manchot. Il prétendait travailler dans le digital, dans l’énergie verte ! Cela m’évoquait les robustes vaches des verts pâturages de mon enfance, Les artisans de la terre, gironds et railleurs à leurs heures. Mais lui, transpire de surprise en s’éventant d’un chapeau qui n’avait jamais vu le soleil ! Colette Le Vaillant
62
31
[SO] Green!
Chrystel Égal
SISTER GREEN !
...
A lire d’une traite aigue-marine Je câline le ver bouteille qui me conseille de biberonner le vert à moitié plein pour porter mon esprit au-delà du tunnel confit vert sapin. Faufilade entre belles à ordures, velibs chlorophylle et chance émeraude, des grenouilles pistache sautent plus haut que le lichen et m’encerclent par milliers. Elles m’annoncent la faim de l’autre. Moi, qui n’ôte mon masque turquoise que pour schnouper du jus de kaki, croquer des grannys, fumer la prairie ou pédaler délicatement sur un hooker, je rêve encore de petits hommes olives. Je troque mes green dollars contre le sperme du dragon céleste. Je ne parle plus distinctement sauf chez moi sarcelle. Entourée de mes pierres malachites, je marmotte face à mes murs menthe à l’eau. Ce temps d’isolation
givré est pire qu’un freezer militaire. Errance. Perroquet. Poireau. Anglais. Avocat. Argent. Espérance. Jeunesse. Tout a disparu sous le tapis absinthe. J’entends de plus en plus mal de ne plus toucher la chartreuse. Mes kids en apprentissage comprennent tous les maux de travers de ne point les entendre avec clarté. J’ai beau dire Vert ! : Projetez dans l’air le vert printemps sans frein ! Laissez voler les mots anis, les paroles citrons ! Ces rituels de canards ouvriront nos enlacements sur le gazon ! Demandez à vos tilleuls ! Acceptez les variations smaragdines. Mousse. Véronèse. Opaline. Sauge. Impérial. Rebondissez de beauté en beauté. Ne nous évitons pas de devenir plus fou mais dans la nature ! Signé Petit pois aléatoire mais qui choisit. De rien.
Chrystel Égal
32
Chrystel Égal
62
33
[SO] Green!
Chrystel Égal
34
Chrystel Égal
62
35
[SO] Green!
Chrystel Égal
36
Chrystel Égal
62
37
[SO] Green!
Chrystel Égal
38
Chrystel Égal
62
39
[SO] Green!
Chrystel Égal
40
Chrystel Égal
62
41
[SO] Green!
Georges Friedenkraft
Il fuit, il fuit, le printemps
Au temps où tout se précipite celui qui fuit c’est l’aube entière c’est le printemps vert qui palpite au manteau d’ombre et de lumière Poursuivez-le, foule inconsciente car sa fuite c’est la dernière votre déluge s’impatiente la roue tourne l’astre s’éclaire l’assassin est prêt à frapper le spectre d’un vivant calvaire apparaît dans votre oeil traqué Poursuivez-le, car ses ornières mènent à des chemins légers au vent tiède dans les clairières au parfum mielleux des vergers à l’odeur des fleurs printanières à la séduction des pervenches au caprice des primevères au charme de jacinthes blanches Poursuivez-le, sa traîne est claire la sève à ses lèvres verdit portant le message éphémère d’une planète qu’il perdit glycine entrouvre ta paupière en tes pétales éclatés redonne un espoir à la Terre à ses océans chahutés à ses forêts dans leur mystère quand la feuille verte exhalait l’oxygène où les chiroptères comme les hommes s’envolaient
42
Georges Friedenkraft
Il fuit, il fuit, le printemps
Poursuivez-le, foule guerrière craignez la revanche de Flore craignez le silence des pierres le silence des astres morts des bois changés en cimetières pollutions et déchets inclus poursuivez-le sinon misère il ne reviendra jamais plus saveur des oranges amères et pas même vous ne pourrez voguer sur des eaux moins austères vos espoirs seront enterrés dans les carcans de vos galères Poursuivez les timides lueurs qui clignotent sur les barrières ne laissez pas s’écouler l’heure les minutes sont suicidaires pour interrompre l’échéance d’un cataclysme planétaire ne laissez pas passer la chance si les poisons dans l’atmosphère rendent la vie abominable craignez, malheureux, sa colère sans printemps rien n’est supportable sans verdure rien n’est prospère Poursuivez le, foule maudite celui qui fuit c’est l’aube entière c’est le printemps vert qui palpite au manteau d’ombre et de lumière
62
43
[SO] Green!
Laurent Vernaison LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
JE MONTAIS SÉGOLÈNE, UNE ROBUSTE ÂNESSE DU POITOU
...
Pour mon initiation à la chasse à courre, on a fait l’attaque surprise d’un troupeau de génisses. Tous avec notre chapeau à plume et notre habit vert, nous n’étions pas loin de rivaliser avec l’académie française. Les vaches ruminaient, impassibles, leurs dernières
frustrations et, les chevaux étant réservés aux moniteurs, je montais Ségolène, une robuste ânesse du Poitou. Au premier coup de trompe ses ruades eurent vite fait de me ramener sur le plancher de notre gibier occasionnel. Sacré Ségolène...
Laurent Vernaison
44
Laurent Vernaison LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois verte (+ goût)
Y pleut comme vache qui pisse ! ÇA VA NOUS FAIRE POUSSER L’HERBE QUI VA PRENDRE GENTIMENT SA LONGUEUR
et, si le soleil veut bien se montrer, on pourra couper le foin avant la fin du mois...
Faut qu’on arrose ça, va donc chercher la bouteille de Chartreuse... LA VERTE !
J’aime pas la jaune, elle à un goût. Laurent Vernaison
62
45
[SO] Green!
Gérard Marty
46
Gérard Marty
62
47
[SO] Green!
Yves Lecointre LOGO-RALLYE Vache Herbe Prendre Mois Verte
LES PARENTS DÉVOTS DU TAUREAU, SERAIENT LES PLUS VACHES Selon un devin, ancien boucher de Génissiat, les parents dévots natifs du taureau seraient souvent les plus vaches. Ce mage est aussi réputé pour ses interprétations de visions prémonitoires obtenues après avoir mâchonné durant des heures une fameuse herbe lyon-
...
naise au goût de collier persillé, connue seulement par une poignée d’initiés et prise avec une fillette de Fleurie. Il édite ainsi des portraits liés aux douze signes classiques et à leurs relations familiales dans une revue confidentielle,
raillée par la nouvelle équipe verte dirigeant maintenant l’ancienne Lugdunum, qui a défrayé l’actualité récemment au sujet des cantines en décevant les éleveurs charolais voisins. Yves Lecointre
48
Yves Lecointre LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
Quelle ne fut pas la surprise du magicien quand de son chapeau vert sortit
UNE PAIRE DE VACHES
et des plus robustes ! Yves Lecointre
62
49
[SO] Green!
Yves Lecointe LOGO-RALLYE Palais ÉclaT Femme Joyeux Ouvrir
À l’entrée du palais,
la presse et la foule écoutent Maître de Cauthé, l’incisif avocat en cravate rose qui avec éclat et une langue bien verte défendra une grosse légume au mol air. Cette végétarienne à table sera jugée, après y être passée, pour avoir dévoré tel un membre de la gent canine son ex-bras droit, en découvrant que cette femme certes joyeuse et pleine de sagesse, n’était qu’un homme de paille infiltré qui s’était ouvert largement à son concurrent principal l’agence Sivhes. Yves Lecointre
Ivan Leprêtre
50
Yves Lecointre
SANS SE PRENDRE POUR PRÉVERT
...
Sans se prendre pour Prévert,
Les scaphandriers à l’envers,
D’une flore sans primevères,
Sans l’accent d’un trouvère,
Englués dans un magma vert,
Couleur cristal de verre.
Sans être trop sévère,
Qui ne sent pas le vétiver.
Devenus adultes et pervers,
On peut conter en vers,
Ils sentirent en plein hiver,
Pas l’histoire de la pompe en vair,
Bon j’accouche ce fait divers :
Arrivés à Vancouver,
Ni l’aventure de l’univers,
Cela a commencé en hiver,
Prenant leur repas loin d’une river,
La saga de deux vers
Eclos dans un ventre à Nevers,
Sans l’appui salivaire,
Régals du colvert,
Bien loin du Cap-Vert,
Et sans l’aide de revolver,
Et aussi du pivert,
Sans parents qui les couvèrent,
Une gêne les poussant vers,
Couple solitaire à couvert,
Ils s’allongèrent à Anvers,
L’ovaire et là à découvert,
Vivant telle une paire de convers,
Et traversèrent en mode Land-rover
Face à l’eau il s’avère,
Bien cachés leur calvaire,
Nus sans pull-over,
Que L’humain persévère.
Et pas celui qu’on révère,
Façon Gulliver,
Mais le cauchemar dont jamais rêvèrent,
Un long tunnel recouvert,
Yves Lecointre
62
51
[SO] Green!
Karine Sautel
52
Karine Sautel
62
53
[SO] Green!
Karine Sautel
54
Karine Sautel
62
55
[SO] Green!
Karine Sautel
56
Karine Sautel
62
57
[SO] Green!
LE FOCUS Alain Diot
LE MONDE D’Ā (peu) PRÈS Cette fois-ci c’est décidé, du coro-
nom reste sur la liste des vivants
en offrant notre peau mirifique à
na bérézina on n’en parle pas, du
et des bien-portants, surtout que
ses rayons empathiques. C’est
virus qui nous suce on n’en dit pas
maintenant, on le sent, on a le vac-
qu’une fois passé le couvre-feu
plus, et on reste impavide face à
cin dans le sang alors qu’avant, on
sous le couvre-lit, on va se gaver
la covid morbide ! Et si le monde
faisait sans en nous faisant, c’était
à en crever comme des canards
d’après ne présente pas beau-
stressant, du mauvais sang !
bien nourris, assoiffés de nature
coup d’attrait, comme l’avenir sou-
Pour autant il n’est pas encore
âprement désirée, de luxure am-
rit aux audacieux, tournons nos re-
temps de batifoler à satiété mais
plement méritée, sans oublier,
gards vers les cieux si bleus, sans
quand va venir l’été, quand tout
d’aventure,
tenir compte du Bon Dieu qui,
le monde sera piqué et repiqué,
bitures de bonne facture, entre
reconnaissons le, c’est toujours
c’est certain, nous serons tous si
ami.es et pourquoi pas, pour une
bien foutu, le malotru, de notre
sains que l’on mettra nos fesses
fois, avec nos ennemi.es d’autre-
gueule de tordu farfelu, de plus,
et nos seins au soleil vermeil qui
fois, même un peu matois, voire
impunément, le mécréant. Mais
en restera coi de joie de nous voir,
grivois, s’ils sont gentils, s’ils sont
restons optimistes tant que notre
un peu narquois, lui faire la nique
courtois, s’ils sont de bon aloi.
quelques
légères
Espérons toute fois que pour la culture ce sera moins dur… ...et qu’on pourra se taper tous les
des créateurs bénis d’ailleurs ou
celui du tango, de la java, du bal
musées, des plus neufs aux plus
d’ici, à qui on dira : « Merci bien !
musette, de l’Opéra, du Hip Hop,
usés, tous les concerts avec mé-
Revenez demain, après-demain,
de la Pop, de la chansonnette
mère ou en célibataire, tous les
le soir ou le matin, soyez les bien-
pour conter fleurette, du vrai
spectacles morts ou vivants, de-
venus, habillés ou tout nus, et
blues les pieds dans la bouse,
hors ou dedans, à cinq milles ou à
n’hésitez pas à nous faire le coup,
du rock baroque de cinoque, des
cinq cents, et toutes les fantaisies
pourquoi pas, du n’importe quoi,
acrobates les plus foutraques,
58
des magiciens les plus zinzins,
site - le sexe avec Castex, la bête
le Prince Consort qui a failli péter
des danseuses de French-can-
à deux dos avec Bachelot, voire
son ressort, tous ces guignols qui
can et de tout ce qui, à l’encan,
bien pis avec Dupont-Moretti.
caracolent à se faire du pognon
vous viendra dans les bras, même
Et puis il nous reste ces pervers
en s’envoyant de faux fions pour
si des fois çà merdoie ! »
de la cour d’Angleterre qui nous
surtout qu’on ne les oublie pas,
Et on va sauter sur tout ce qui
font rire à pisser par terre, Megan
ces pauvres fadas à qui on aurait
bouge, en bleu, en blanc, en
qui cancane, Harry qui médit, Wil-
du couper la tête tout net depuis
rouge, dans les palais ou dans les
liam qui réclame, Katherine qui
longtemps déjà, voire peut-être
bouges, en évitant quand même
fulmine, Elizabeth qui s’la pète,
même la bistouquette qui se
l’amour à fond les ballons avec
Lady Di qui dit : « oui ! » quand
fait toute petite petite depuis le
Macron – avec Brigitte, on hé-
on la cueille dans son cercueil,
Brexit !
Et pour le monde d’après, on va lui retirer sa tétine… ...à Poutine, le priver de son dodo,
des verres d’Aloxe-Corton, tous
parce que tant qu’il y a de la vie qui
Bolsonaro, lui interdire le tobog-
ces pauvres toquards dans des
ruse, il y a de l’espoir qui s’marre
gan, à Erdogan, lui piquer tous ses
litres de Pommard !
et qu’on peut encore et toujours
strings, à Xi Jiping, l’envoyer dans
Et comme on est encore avant le
boire à notre santé et chanter et
la lune, Kim Jong Un, lui confis-
monde d’après, même si on va y
danser et déblatérer, libéré, débri-
quer ses carambars, à Bachar, lui
regarder de plus près, aux décès,
dé et bien désaltéré, même quand
faire cucul-panpan, à Orban, et
on ne va quand même pas se pri-
on est confiné. Non mais !!
noyer tous ces vilains cons dans
ver et on va continuer à se régaler Alain (patient) DIOT Avril 2021
62
59
[SO] Green!
Frédéric Adam
Le vert a cette touche d’ombre
Qui le pousse au vertige Il faut savoir en retenir le fil La teinte ténue Ce bref moment où le noir se grise Et bascule au delà du ciel Goûtant à la source ce rayon Qui alors l’accomplit Vertement efforçons-nous À dire l’outrance Le paradigme gaillard Le cru vraiment Voiles hautes, bannières levées Sur la houle printanière Où la sève en excès Perce sous la vague Le verdâtre est une dissidence Un biais qui ronge de sa lie La ligne de mire, le temps présent Il se pare des dorures Du flou, de la subversion Pour attirer dans l’âtre Une couleur différente Pour une chauffe délétère Le vert zèbre le bleu Comme un horizon Sabre de ses à-plats, de ses tailles La verticalité, la profondeur Il marque de son sceau Le grain premier D’une forme future Le bourgeonnement. Frédéric Adam
60
Frédéric Adam
QU’IL SOIT DÉLUGE OU SÉCHERESSE
...
Qu’il soit déluge ou sécheresse, le vert se décline selon des modes dont la couleur n’a que peu faire. Aussi bien dans le plus que le moins, il se bâtit des offices où le rituel est un grand pont dans l’espace, une branche neuve et souple qui le relie de l’autre côté. Cependant l’étiquette à laquelle il se conforme n’est qu’un calcul, une économie d’échelle. Il s’en couvre comme d’une seconde peau, sans souci de pesée. Cette oscillation l’étoffe: il s’en revêt. La vibration qui le soustend alors, est sa ligne de conduite mais il ne se limite pas à ce chiffre: vert-de-gris il a assez d’empan pour
blanchir toute mesure. Ce blanc en lui est la nervure qui l’irrigue ou plus exactement l’encre sympathique, ce noir très pâle. Il ne porte son costume de fête que lorsqu’il hisse la voile, au quai le vert se tient coi. Quasi nu il clapote doucement, on entend les cordages claqués contre la mâture. À la moindre brise il lève l’ancre et écrit sur l’onde ses nouaisons, ses nodosités qui colorent au rebond d’émeraude l’obole du présent. Voilà, le vert ne se pare de ses canopées que sur le départ, sinon il s’embrunit ou s’abonde tant qu’il devient mémorial.
Frédéric Adam
62
61
[SO] Green!
Do Sé
LE PRINTEMPS DES GUENILLES En été, le soleil brûle, la terre rougit et transpire, l’eau s’évapore, le ciel est moite d’une fumée opaque. En automne, les cendres d’arbres, de feuilles, de graines, de fruits voilent le sol. Cette poussière grisâtre recouvre la faune et la flore d’un manteau imperméable et d’une écharpe de toxines asphyxiantes. Les vents dessèchent des pigments cendrés à défaut de souffler les feuilles mortes. En hiver, l’eau glisse sur ce plaid étanche d’une terre assoiffée. Sous ce manteau glacé par le froid, au coeur de la couche terrestre, le peu de vie ne somnole plus, il agonise, il ne dort plus, il se meurt.
Alors en février, un hic, au parlement des oiseaux, l’état major du printemps a gardé son manteau d’hiver, prêt à quitter la séance. Les oiseaux chantent, gazouillent, mais les arbres ne se rhabillent pas de bourgeons, les boutons fermés, sans fleur, se dénudent de couleurs. Silence ! Une décision présidentielle de mère nature qui supervise cette assemblée. Guignez les guenilles du printemps ! Il n’est vert que de peur ! Où est sa robe verte sous un châle coloré et chatoyant ? Les hommes m’avait promis une transition écologique !
Colombes, portez des rameaux pour que cessent l’épandage d’armes chimiques et nucléaires Mésanges, mes anges, apparaissez aux vitres des chaumières, frappés par la faim. Corbeaux, croassez dans les champs pour le danger imminent des pesticides, insecticides, néonicotinoïdes... Piafs et autres sans abris, squatez les cheminées des bûcherons, les foyers de gratte-ciel en papier... Cygne, assignez à résidence sous les fontaines des villes. Oiseaux soyez les messagers du printemps, mais surtout de son dénuement !
Do Sé
62
Do Sé
HANAMI Un ciel de cerisiers à fleurs Rosé d’un nuage éphémère Le voile de l’arbre charmeur Caresse, furtivement, l’air Soudainement, une rumeur La bise foudroie d’un éclair Toutes les nouvelles fraicheurs Une explosion d’un rose-chair Une pluie de frêles lueurs Un déluge de soie légère Tel un océan de douceur Une allée de pétales erre Do Sé
L’AVÈNEMENT D’UN PRINTEMPS Cœur du rameau détruit Ecœuré d’hiver dur Ecorchure d’un glui Ecorce d’engelures
Fleuve de ciel azur Fleurs sèchent toutes pluies Feu sur le corps bleui Feuillage de dorure
Brin étendu revit Brun, l’être qui s’emmure D’un brise-vent de vie Imbriqué de fleurs mûrs
Après l’hiver, s’ensuit Apprêté d’une arcure Paisible cœur de fruits Paix, rameau, sa bouture
Printemps après les nuits Printemps aux idées mûres Le printemps d’une vie Le prix d’un brise-mur Do Sé
63
62
[SO] Green!
Do Sé
Sous le ciel du printemps
Cliché d’une nuée d’hirondelles Sans un nuage à l’horizon Les massifs aux fleurs d’arc-en-ciel Feu d’artifice du sent-bon Un astre aux reflets Torrentiels Une pluie des premiers rayons Le hamac au toucher de miel Un abri maillé de coton Les poignants tourbillons des ailes Dévisagés par deux yeux ronds Une balançoire en dentelle Berce un corps dans le molleton Do Sé
Ivan Leprêtre
64
Bixente Caballero LOGO-RALLYE Surprise Chapeau Vert Vaches Robuste
Ah c’est une robuste, ma Clémentine ! DOMPTER UN TROUPEAU DE VACHES EN CRIANT "ALLEZ LES VERTS"...
Si elle dansait la rumba avec un grizzli en chantonnant "Tata Yoyo, qu’est-ce qu’il y a sous ton grand chapeau ?",
ce ne serait même pas une surprise ! Bixente Caballero
62
65
[SO] Green!
Jean-Marc Couvé
AU VERT « GREEN » En premier lieu, on pense à Green,
quoi « mythique » ? Parce qu’il
La légende du golf est régulière-
Graham de son prénom : Gégé,
n’a été foulé, à ce jour, que par
ment entretenue – un peu comme
pour les intimes ! Ensuite seu-
de rares privilégiés. Ce n’est pas
un gazon : on y saupoudre un nom
lement, mais dans une moindre
vraiment un sport, se pratiquant,
de privilégié par-ci, une apparition
mesure, vient le Julien du même
là, sur ce « green ». Plutôt une
de Tiger Woods par-là. Il paraîtrait,
nom. Et Nelson Algren n’est pas
légende ; vous savez : ces pa-
même, qu’un ancien dirigeant oc-
loin, à condition de mal pronon-
roles d’évangile qui nous viennent
cidental en posséderait plusieurs.
cer la liaison (avec Madame de
toujours d’un tiers, qui les tient
De « greens ». Mais, c’est sans
Beauvoir). Quoi d’autre ? ("What
lui-même du cousin par alliance
doute une rumeur. Car ce per-
else?", in clown english) – Ah oui :
de sa concierge, absente, car elle
sonnage était, avant toute chose,
on pense aussi au « green » du
fut « appelée » (élue, quoi) dans
connu pour son (mauvais) goût
mythique terrain de golf. Pour-
l’escalier.
exagéré pour les fake-news.
Nous voici fort éloignés de notre point de départ. Poétique Nous sommes plus près du trou
l’huile de vidange. Et le gars Big
nonisation… le voici : un jour qu’il
noir que du vers dupé, du pair
Hard est débordé sur son ex-
parcourait un « green » en tous
vert galant. Nous nous trouvons
trême droite. Jugez plutôt : le haut
sens, à la recherche d’une balle
même en présence de piques
dirigeant, ci-dessus, empêché in
qui s’était perdue [Où ? Il avait
humoristiques plus ou moins
extremis de marcher sur les eaux,
un trou… de mémoire], ce saint
douteuses,
l’humour
se décida à marcher sur le Capi-
homme – porté sur lâche ose – vit
gras, sexiste, tient lieu de carbu-
tole, par sue-porc-ter interposés.
passer une balle… rine. Il la stop-
rant. Par essence. Inflammable.
Et, s’il faut un second miracle à
pa tout net. Vous ne devinerez ja-
C’est de l’huile de coude. Ou de
l’Église, afin d’en garantir la ca-
mais comment. Et c’est ici que le
lorsque
66
Jean-Marc Couvé
miracle est avéré. Indéniable :
Enfoncé, Big Hard. Bien pro-
la bonne parole : le « green » est
notre
content
fond, même. Et en pire… Empire
grand, et D.D.T. est son prophète.
de stopper la ballerine sur le
d’essence divine, il n’y a pas à
Autrement formulé : où le po-
« green », balle au bond, l’attra-
tortiller du troufignon. Depuis ce
pulisme pousse (au crime), nul
pa – ô viol – et même (je cite) « la
temps, nombreux sont les décé-
« green » ne repousse. C Q F D.
saisit par la lâche-hâte »
rébrés, de par le Monde, à porter
homme,
non
Oh, bien sûr, avec l’anglais, c’est toujours pareil ! Il en va du « green » (Eva Green)
menace de virer verroterie. Le ver-
marris de fournir, ainsi, sans avoir
comme des autres couleurs. Pe-
tige nous guette, non ? Vaut mieux,
été consultés, une publicité gra-
ter Greenaway, fort joli patronyme
donc, ne pas traduire. Sinon, le fa-
tuite et largement diffusée à un
pour un cinéaste, s’il est traduit,
meux Scotch des chiens Fox Black
alcool dont les abus sont par ail-
nous interpelle : car il devient
& White, horreur, deviendrait, en
leurs déconseillés ! Dans le même
Pierre Loinduvert. Ou Pierre Du-
français : Noir & Blanc. Et pourquoi
désordre d’idées, je me demande
vertautour. Et, même si ce n’est
pas : Noiret-Blanc, tant qu’on y
comment traduire le fond de ma
pas pire que Jean Dutourd, il faut
est ? Con. Niais. Les prénommés
pensée sans l’édulcorer ?
bien admettre que cette pierre-là
Philippe et Michel eussent été fort
Verne est pas green. Gulliver n’est pas vert-de-gris… Et Saint Kant, nu, en ce degré (où se hisse ma démonstration), degré élevé – n’était que caca-rente, vos leurres, tout au plus. Foi d’Ali Baba. Balivernes ! Eva lit Berne… C’est Bonny Wright et Blanc Chat-Poney… Jean-Marc Couvé 01 03 2021
62
67
[SO] Green!
Milica Janjić
68
62
[SO] Green! 69
Milica Janjić
70
62
[SO] Green! 71
Milica Janjić
72
73
[SO] Green!
Milica Janjić
74
[SO] Green!
75
Milica Janjić
76
[SO] Green!
77
Milica Janjić
78
[SO] Green!
79
Milica Janjić
80
[SO] Green!
81
Olivier Issaurat
Vert de Gris
Le vert de Gris recouvrait la Seine Saint Denis Où es-tu, usine au ventre gorgé de boulons N’y a-t-il donc plus qu’un hangar abandonné En bordure de la Seine, rue de la Briche Quand sortaient les ouvriers de chez Spiros. Vert de bronze au décolleté plombé, alésage cyclopéen Une odeur de graisse, un savon épais irritant les muqueuses Vert de gris dans les taudis, rue de la Rép. Grand-père ! ne cherche plus, ton pays, ce stalag Où tu laissais ma mère jouer du clavier AZERTY, Archiver les notes et le cancer du chiffre. Que sont devenues vos œuvres éphémères ? Compresseurs enrayés ; frigidaires aux portes béantes ; Ventilateurs d’air desséché dans un désert d’appareils éventrés. Elles peuplent les terrains vagues de mon enfance ! Fallait pourtant du presto, du fissa pour apaiser le chrono Les mains manœuvraient les manettes, les tambours Les abaques rythmaient la danse des corps Au milieu d’un flux de copeaux jaillissant L’acier arraché au métal hurlait son mystère dans la violence Les cadences diaboliques amusaient les dieux du tout là-haut. Mon père, le front noirci de sueur, court Sur la folle matière en fusion tranchée par l’outil. Dans mes souvenirs de môme Instruments vert de cuivre et symphonie des oubliés Une foule déferle encore aux portes de l’usine, Au milieu, des vélos en peloton Course individuelle sur pavés serrés Paris Roubaix, pavasses qui volent. Dans ma tête, résonne aussi Charronne Les grilles du métro terminent une révolte Vert de gris et cottes d’ouvriers Que la production a rendus fous. Olivier Issaurat
82
Olivier Issaurat
L’HOMME VERT Je sais bien que ce n’est pas vrai,
cette raison je n’ai pas d’amis, en-
J’ai aussi pris rendez-vous chez un
je ne suis pas tout vert contraire-
core moins d’amies.
psychiatre, il m’a donné des anti-
ment à ce que je perçois, en ce
Au mois de novembre, je rentre
psychotiques pour être comme
moment même, dans le miroir.
chez un marchand de couleurs
tout le monde. Mais à part la
J’ai compris, tout petit, dans le re-
pour acheter de quoi repeindre
couleur, je suis comme tout le
gard de mes parents que ce qu’ils
ma chambre. Le type me de-
monde ! J’ai arrêté de prendre
voyaient ne correspondait pas à
mande « Vous êtes plutôt quelle
ce maudit traitement, il me fai-
ce que j’étais : un petit bonhomme
couleur ? » et moi de lui répondre
sait passer pour un autre. Le plus
vert. Je le sais aussi par le regard
« vert ». Il me tend les pots qu’il
triste, un autre, mais vert ! J’ai aus-
des autres qui me côtoient. Ils
avait « Ça fera 100 francs ! » Je n’ai
si essayé une psychanalyste. Elle
me trouvent bizarre, mais cela n’a
pas osé le contredire et depuis j’ai
était verte ! J’ai eu très peur que ce
rien à voir avec la couleur. Ils me
une chambre entièrement verte.
soit une identification projective,
parlent et je doute. Alors au lieu
Quand je suis tout nu, j’ai la sen-
j’ai mais fin à l’entretien, ça m’a
de leur répondre je regarde mes
sation de ne pas exister. Tout ça
coûté 50 francs quand même.
mains, je cherche mon reflet et je
à cause d’un malentendu avec le
passe pour un être étrange. Pour
droguiste.
Une question persiste, est-elle vraiment verte ? Je suis de retour dans la salle
poléon vient de quitter les lieux.
haut de forme, elle est ressortie
d’attente. Je me suis inscrit sous
Il semble aller mieux, il a retiré la
sans. Sans son pantalon aussi,
un faux nom : monsieur Green. En
main de son giron. Elle doit être
c’était plutôt étrange, mais son
anglais, ça paraît plus normal. Je
efficace. La dernière fois, il y avait
mari, une forte femme, a masqué
crois que c’est bientôt mon tour,
une femme qui croyait être un
sa nudité avec son châle. Il ne
le monsieur qui se prend pour Na-
homme, elle portait un chapeau
reste plus qu’à traiter le mari pour
62
83
[SO] Green!
Olivier Issaurat
que tout rentre dans l’ordre, mais
- Allons faites un effort, vous n’avez
Elle commence à m’énerver sé-
chaque chose en son temps.
pas attendu aussi longtemps pour
rieusement. Après l’amour de ma
Elle me fait signe d’entrer.
vous arrêter en si bon chemin !
psychanalyste, je saute directe-
- Ah c’est vous ! Green m’avait mis
Je fais mon regard bête histoire de
ment à la haine !
la puce à l’oreille. Installez-vous
la rassurer. C’est ainsi que je pra-
- Vous êtes toute verte !
dans le divan, sinon les gens vont
tique avec les autres. Mais avec
Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai
se poser des questions.
une psychanalyste qui a pignon
crié ça d’un coup.
Elle est encore toute verte. Mince
sur rue, ça ne marche pas ! Je dois
- Vous aussi vous êtes tout vert !
alors, voilà que mes sens me
trouver quelque chose à dire.
- Merde alors !
jouent des tours. Ou bien les autres
- Quand j’étais petit je faisais pipi
C’était tout ce que j’ai trouvé à dire.
êtres humains se transforment à
au lit !
- Je vous aime, ce n’est pas déon-
mon insu. Est-ce contagieux ? Il
- Comme tout le monde, allons
tologique, mais je vous aime.
faudra que je retourne voir le mar-
allons, encore un petit effort nom
La voilà qui saute sur ses pieds
chand de couleur. Ma logeuse est
d’une pipe !
et qui se déshabille. En effet elle
toujours la même. Bête avec des
Je me questionne sur le sens de
entièrement verte, y compris les
chaussons usés d’où émerge un
la fin de son propos. A-t-elle glissé
poils pubiens.
gros pouce de pied difforme. Elle
une interprétation cachée dans sa
- Vous n’aimez pas ma couleur !
arbore aussi une tignasse énorme.
phrase ?
C’est ce que je craignais.
Mais à part ça, elle ne verdit pas. Ni
- Dans un rêve érotique, je cou-
Je me déshabille à mon tour et
ses plantes d’ailleurs, elles dépé-
chais avec maman…
nous faisons l’amour et beaucoup
rissent à vue d’œil.
- Moi aussi, y a pas quoi en faire un
de bruit.
- Alors vous êtes revenu ?
plat !
- Je me demande ce que vont
- Oui, je dois vous entretenir d’un
- J’ai rêvé que mon père était ma
penser les autres patients ?
sujet qui m’est très pénible, je me
mère !
- Ils vont être verts de rage ! On re-
vois tout vert, mais pas les autres !
- Moi, que mon père était un imbé-
met ça, il vous reste vingt minutes
- Mais encore…
cile et je me suis rendue compte
de séance…
Je trouvais la situation assez pé-
que c’était effectivement le cas.
nible comme ça, je ne savais ce
Nous n’allons pas faire toute votre
que je pouvais rajouter.
généalogie. Vous passez à côté de
Olivier Issaurat
l’essentiel.
84
85
Photo : Heung Soon
[SO] Green!
LD
RC
J’attends le numéro
62
[SO] Green! • 2e semestre 2021
LD RC