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GROUPEPOUR SAVOIR ALFIDMIEUX GÉRER
QUELLE NORME POUR LES SMART BUILDINGS ? Patrick Lecomte, P . D. h
Expert invité
Ce n’est pas tous les jours que l’on peut se vanter de voir de ses propres yeux une révolution en marche. C’est pourtant bien ce qui se passe dans le secteur immobilier depuis quelques années sous la pression de perturbations numériques dont les origines sont doubles.
D'
une part, le secteur immobilier se retrouv e au cœur de la révolution technologique, décrite comme la quatrième révolution industrielle par le Forum économique mondial, avec l’émergence de la proptech (Property Technology) qui, avec son pendant dans le secteur financier, la fintech (Financial Technology), a donné lieu à une véritable fièvre entrepreneuriale à travers le monde ces dernières années. D’autre part, et plus fondamentalement, les nouvelles technologies révolutionnent la façon dont les immeubles et les villes fonctionnent et interagissent avec leurs occupants, donnant naissance à une nouvelle génération d’immeu bles appelés « smart buildings ». À défaut d’un terme adéquat en français, nous utilisons le terme smart building pour désigner ces immeubles d’un type nouveau afin de les différencier des immeubles intelligents qui les ont précédés.
Chercheur associé à la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier, Patrick Lecomte est codirecteur à l’Observatoire et centre de valorisation des innovations en immobilier (OCVI2). Il est également professeur en immobilier durable à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM).
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UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’IMMEUBLES À L’ÉCOUTE DE LEURS OCCUPANTS Parmi leurs nombreuses contributions inno vantes, les smart buildings rendent possibles de nouveaux modes de consommation de l’espace, plus personnalisés et flexibles pour les utilisa teurs et potentiellement plus rentables pour les propriétaires. En rupture avec les immeubles de génération précédente, les smart buildings rentrent dans un échange conscient et bidirectionnel avec leurs environnements et leurs occupants. Ils sont intrinsèquement adaptatifs, anticipant les moindres besoins de leurs occu pants, alors que classiquement, les immeubles intelligents sont conçus comme des machines autonomes plus réactives qu’adaptatives. Jusqu’à l’arrivée du concept de smart building, l’intelligence d’un immeuble se jugeait en effet par sa capacité à limiter les interactions avec ses
MAINTENANCE IMMOBILIÈRE : : PRINTEMPS 2021
occupants autant que possible. Avec les smart buildings, c’est exactement le contraire qui est en train de se mettre en place. À l’échelle de la ville, les smart buildings sont un composant essentiel des environnements urbains du futur au même titre que la mobilité intelligente, les infrastructures réseau 5G ou la gestion open source des données. Ils sont, par exemple, appelés à jouer un rôle crucial dans la gestion intelligente de l’énergie au moyen de réseaux électriques intelligents qui promettent de révolutionner la production et la consommation d’énergie au niveau de l’immeuble, de son quartier et de la ville. Ils servent également de plateformes vers le numérique en collectant des mégadonnées qui alimentent des outils d’analyse et de prise de décision de plus en plus sophistiqués, et en permettant de cette manière la mise en place d’un mécanisme de rétroaction en temps réel avec les utilisateurs d’espace. Ce faisant, ces immeubles d’une nouvelle génération sont censés assurer la productivité et le bien-être de leurs occupants tout en promouvant des normes environnementales, tant dans la construction que dans la gestion de l’immeuble, parmi les meilleures au monde. Un smart building sera par essence un immeuble durable, les deux concepts s’appuyant l’un sur l’autre dans une démarche synergétique : le smart au service du durable, et vice versa. Toutefois, afin que toutes ces promesses devien nent réalité, il y a une condition nécessaire qu’il convient de remplir. En dépit de la médiatisation du concept de smart building et de nombreuses recherches approfondies sur le sujet, le secteur immobilier ne dispose toujours pas d’une norme universellement reconnue, et de la certification correspondante, afin de définir ce qui constitue