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DÉVELOPPEMENT URBAIN Revitalisation des artères commerciales L’objectif: créer des milieux de vie

Fête de l’Halloween au centre-ville de Victoriaville

REVITALISATION DES ARTÈRES COMMERCIALES

L’OBJECTIF: CRÉER DES MILIEUX DE VIE

PAR MARTINE LETARTE, JOURNALISTE

«Les artères commerciales doivent se redéfinir, parce que les gens ne les fréquentent plus seulement pour acheter des biens: ils veulent un lieu convivial de rassemblement, où ils trouvent une offre diversifiée qui inclut des produits et services, du divertissement, des espaces verts, un véritable milieu de vie, finalement», explique JoAnne Labrecque, professeure à HEC Montréal, spécialisée dans le commerce de détail et le comportement des consommateurs. On a vu les artères commerciales dépérir pendant plusieurs années, mais des projets de revitalisation ont été achevés récemment, et d’autres sont en cours de réalisation. Alors que les gens magasinent de plus en plus en ligne, il faut faire des pieds et des mains pour les attirer sur les artères commerciales. Sans qu’on ait la recette du succès, plusieurs stratégies se distinguent.

Les rues commerciales ne peuvent donc plus être conçues pour les voitures et bordées d’immenses stationnements. Même le boulevard Taschereau de la Rive-Sud, considéré par plusieurs comme l’exemple à ne pas suivre au Québec, vivra une grande transformation. On souhaite y maximiser le développement urbain qui gravitera autour d’un projet structurant de transport collectif, tel un tramway, entre la station de métro Longueuil et la gare Panama du REM (Réseau express métropolitain), à Brossard.

JOANNE LABRECQUE Professeure HEC Montréal

HEC MONTRÉAL

«Une fois qu’on saura à la fin 2021 quel mode sera privilégié et où seront les stations, on adaptera nos projets de développement résidentiel, commercial et de locaux pour bureaux sur Taschereau, puis on reverra tout l’aménagement du boulevard», indique Jean Bergeron, directeur général de la Ville de Brossard.

«Les commerçants sont des partenaires clés, et nous les encourageons à saisir la balle au bond», ajoute Doreen Assaad, mairesse de Brossard.

SHERBROOKE ET SON DILEMME DE STATIONNEMENT Même si l’automobile ne peut plus être au centre des projets, il faut continuer d’en tenir compte alors que les résidents des banlieues et des villes de moyenne taille en sont encore largement dépen dants. Sherbrook e connaît bien cette dualité. Pendant des années, la Ville se demandait quoi faire de son stationnement étagé en plein centre-ville, ayant atteint la fin de sa vie utile. Après de longs débats, elle a décidé de le reconstruire tout en densifiant le secteur, le Quartier Well Sud.

«A vec un taux d’inoccupation de 30 % pour le commercial et de 25 % pour les terrains, c’est un secteur à 800 mètres de l’hôtel de ville qui a besoin de beaucoup d’amour », indique Philippe Cadieux, c onseiller en partenariats à la direction générale adjointe de la Ville de Sherbrooke.

C’est la proposition du consortium EXP – Custeau qui a été retenue. Le nombre de places dans le stationnement passera de 200 à 720. En contrepartie, DOREEN ASSAAD Mairesse Ville de Brossard

VILLE DE BROSSARD MARIANNE DESCHÊNES

PHILIPPE CADIEUX Conseiller en partenariats à la direction générale adjointe Ville de Sherbrooke

la Ville prévoit en retirer près de 200 dans les rues, dont plus de 80 dans la rue Wellington, afin de créer un environnement convivial pour les piétons avec du verdissement, des aires de repos, de l’animation, des terrasses, la construction d’un stationnement intérieur pour vélos, etc. Le Quartier général de l’entrepreneuriat verra le jour dans une tour construite audessus du stationnement. Toutes les organisations d’aide à l’entrepreneuriat, de développement économique, d’innovation et de savoir s’y installeront pour favoriser une meilleure collaboration. Une deuxième tour abritera des commerces au rez-de-chaussée, puis des bureaux et 60 logements.

COMMERCE SHERBROOKE

CHARLES-OLIVIER MERCIER Directeur général Commerce Sherbrooke

GENA DÉZIEL Directrice générale Trois-Rivières Centre

BUZZ

«Au centre-ville, on a environ 800 emplois actuellement; avec ce projet, on en ajoutera 400, et environ 90 personnes viendront vivre dans les nouveaux logements, affirme M. Cadieux. Oui, il y aura plus de places de stationnement, mais aussi beaucoup plus de gens. »

P our Charles-Olivier Mercier, directeur général de Commerce Sherbrooke, la clé du succès est la densification. « I l faut augmenter le nombre de résidents et de travailleurs à proximité des artères commerciales, parce qu’une fois qu’ils sont sur place, ils achètent, ils mangent, explique-t-il. La cerise sur le gâteau dans tout ça, c’est lorsqu’on attire les autres citoyens et les touristes parce que l’artère est belle, conviviale, vivante.»

LES GENS AFFLUENT À VICTORIAVILLE ET À TROIS-RIVIÈRES Attirer des gens: c’était l’objectif de plusieurs grands projets terminés ces dernières années au centre-ville de Trois-Rivières.

L’Amphithéâtre Cogeco, inauguré en 2015, a accueilli 125000 personnes l’été dernier. Le Centre d’événements et de congrès interactifs de Trois-Rivières a ouvert ses portes en plein centre-ville en 2018. En même temps, différents programmes ont été mis en place pour stimuler l’activité commerciale au centre-ville. Résultat: une trentaine d’entreprises s’y sont établies en 2019. Cet été, trois projets seront réalisés pour construire des terrasses commerciales, créer des tronçons de rue conviviaux où se rassembler et faire de l’agriculture urbaine.

« Nous avons réussi à créer un milieu de vie qui bouge » , affirme Gena Déziel, directrice générale de Trois-Rivières Centre.

À Victoriaville, presque tout le centre-ville a été refait durant les étés 2017 et 2018. Huit millions de dollars ont été investis, notamment pour refaire les trottoirs, la signalétique, le verdisse ment , le mobilier urbain et implanter des program mes de rénovation de façades et d’aménagement de terrasses.

«Avant, le taux d’inoccupation était d’environ 7%, puis il s’est amélioré un peu pendant les travaux qui ont redonné confiance aux promoteurs; on se maintient maintenant autour de 5 %», affirme Annie Verreault, coordonnatrice aux commerces et services à la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région.

Beaucoup d’efforts sont maintenant réalisés pour animer le centre-ville, comme l’événement «On sort en ville!» afin de marquer l’ouverture des terrasses et un marché public saisonnier temporaire avec les producteurs locaux. «Les commerçants doivent travailler ensemble pour créer un sentiment d’appar tenance, une image de marque forte et distinctive pour le centre-ville», affirme Mme Verreault.

S’il est indispensable que les commerçants s’adaptent aux aspirations des consommateurs, ces derniers doivent aussi se questionner sur leurs comportements, croit JoAnne Labrecque : «Si le client se rend dans un commerce spécialisé pour voir le produit et obtenir des conseils, puis retourne chez lui le commander en ligne au prix le plus bas, qui lui donnera ces précieux conseils si le commerce finit par fermer? Le client a aussi une responsabilité. C’est lui qui décide, et ses choix ont un impact sur les commerces locaux. Lorsqu’une artère com merciale est moribonde, c’est tout le milieu de vie qui s’appauvrit.»

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