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M e ta l G e a r S o l i d 5 The Phantom Pain
96
C’est le grand truc du moment, le jeu le plus attendu, et il est à la hauteur. C’est une claque magistrale, une expérience ludique éprouvante et gargantuesque, un jeu au gameplay proche de la perfection et à la narration en adéquation parfaite, un pur régal pour les yeux et surtout un excellent Metal Gear : ce cinquième opus, c’est un peu tout ça à la fois. Loin de la rigidité et du manque d’accessibilité qui caractérisait parfois ses prédécesseurs, The Phantom Pain louvoie, sublime sa recette en s’adaptant aux standards du moment et fait l’effort de ne pas
se regarder le nombril. Son scénario ne se perd pas dans l’auto-référence constante et surprend par sa teneur. Dans le même temps, malgré les bouleversements de la structure narrative, le titre d’Hideo Kojima ne renie jamais son héritage et ne perd pas de vue les fans de longue date de la prestigieuse série dont il est issu. Ce grand écart, Metal Gear Solid 5 : The Phantom Pain l’effectue sans sourciller et offre à tous un très grand jeu. C’est sans aucun doute le jeu le plus ambitieux, le plus riche et le plus libre de Kojima. Il n’a jamais autant joué à son numéro d’équilibriste,
mêlant le drame pur et la comédie, tout en gardant son sérieux quand il s’agit de s’interroger sur les exactions de la guerre et de l’esclavage. Tous les Metal Gear Solid répondent à une thématique à décoder que le joueur peut interpréter. Celle de The Phantom Pain est assez claire : la descente aux enfers d’un héros dont on sait d’avance qu’il va mal tourner. Et si le créateur est déboulonné dans le processus, la tragédie n’en est que plus cruelle. En un mot, Metal Gear Solid 5, c’est un Breaking Bad dans lequel on parachute des chèvres dans le ciel.