Actu Santé Hiver 2019/2020

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Edito V

ous qui faites partie du service de santé des armées, avez, cette année encore, démontré votre capacité inégalée de sauver des vies de militaires dans tous les environnements avec un engagement indéfectible et un état d’esprit qui font honneur au Service. Cet engagement, le médecin principal Marc Laycuras l’a porté jusqu’au sacrifice suprême aux côtés de frères d’armes également tombés au champ d’honneur, en cette année 2019 qui marquera douloureusement les mémoires. Ces héros morts pour la France, ainsi que nos blessés dont le courage nous oblige, nous confortent dans notre mission. Nous sommes une “force de santé” en capacité de soutenir tout type d’opération, avec l’efficacité et la réactivité nécessaires. En cela, notre service est un formidable outil pour les armées, moderne et innovant, qui s’appuie sur une chaine de ravitaillement sanitaire mise en lumière dans ce numéro d’Actu Santé. Cette chaîne de ravitaillement assure, y compris dans des conditions extrêmes, des approvisionnements en médicaments, produits de santé et matériels biomédicaux “au bon moment, au bon endroit et au meilleur coût” : un véritable exploit. Maillon indispensable au SSA pour garantir une prise en charge optimale et sans rupture du militaire, depuis les premiers soins sur le terrain jusqu’aux gestes spécialisés au sein des hôpitaux d’instruction des armées, le ravitaillement sanitaire est tourné vers l’avenir pour répondre à l’ambition opérationnelle du service pour 2030, accompagné dans ce défi par les autres composantes du SSA. En cette fin d’année, je tiens à vous remercier, tous, militaires comme civils, pour votre action au service des armées. Votre excellence est à l’image de celle de nos armées. Je vous souhaite, ainsi qu’à vos proches, d’excellentes fêtes de fin d’année. Comme toujours, au nom du SSA et en mon nom propre, j’y joins une pensée pour tous nos personnels actuellement en opérations, ainsi que pour nos blessés, sans oublier nos familles endeuillées. MGA Maryline GYGAX GÉNÉRO

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Sommaire P.28

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Dossier central :

Le ravitaillement EDITO Les établissements de la composante “ ravitaillement sanitaire ” Le ravitaillement sanitaire au plus près des conflits Témoignage de techniciens biomédicaux Ravitaillement opérationnel : préparer le temps de crise avec l’ingénierie des unités médicales opérationnelles (UMO) Le ravitaillement médical : perspectives à l’horizon 2030

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VIE DU SERVICE Visite sénatoriale au CTSA Les journées de la médecine aéronautique et spatiale Leçon inaugurale à l’École du Val-de-Grâce 1er challenge sportif interarmées Ravivage de la flamme et la Saint-Luc Réunion de commandement d’automne à l’HIA Bégin Enquête nouvelle génération (ENG) sur la santé et les besoins en prévention des militaires, de leurs familles et des retraités Inauguration de l’ Antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS)

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LE SSA DANS LES MÉDIAS

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OPÉRATIONS

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INTERNATIONAL

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Vision nocturne : des recherches au service de l’opérationnel Despistage du virus ZIKA : le test ELISA un outil diagnostic très spécifique

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RESSOURCES HUMAINES

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ÇA S’EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

“ Un métier au service des autres, sans routine ” : le parcours de l’ICASP Aurélie Rentrée 2020 à l’École de Guerre pour le Commissaire Principal Estelle

Module optionnel de médecine militaire destinée aux étudiants civils Médecine aéronautique et spatiale : conférence sur les liens entre espace et SSA Rencontre Santé Civilo-Militaire du Sud-Ouest Baptême de la promotion 2018 de l’ESA L’HIA Laveran primé aux journées internationales de la qualité hospitalière et des soins Cérémonie de clôture ULTRAOPS

Opérations du SSA et forces prépositionnées Visite de la directrice centrale du service de santé des armées sur Barkhane

Coopération entre les services de santé français et allemands

INNOVATION / RECHERCHE

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AGENDA

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CHANCELLERIE

DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information : Tél. : 09 88 67 27 20 - dcssa-bcissa.contact.fct@intradef.gouv.fr • www.defense.gouv.fr/sante ; Directeur de la publication : médecin général inspecteur Jean-Bernard Orthlieb ; Directeur de la rédaction Rédacteur en chef : commissaire en chef Karine Sposini ; Graphiste - Maquettiste PAO : Sophie Miellet ; Crédits photos : ©IRBA - ©E. Cherel/©S.Miellet BCISSA - ©CMP-EMSLB - © Olivier RAVENEL / armée de l’Air / Défense - ©JL.Brunet armée de l’Air - ©Bernard Sidler ; Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex - 05 55 93 61 00 ; Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS ; Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ecpad.fr - Tél. : 01 49 60 52 44 ; Régie publicitaire : Karim Belguedour (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 59 47 - regie-publicitaire@ecpad.fr - Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 - Dépôt légal : Mai 2019 ; Tirage : 9 000 exemplaires - 4 numéros annuels ➔ Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

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Service de santé des armées

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Lundi 02 décembre, les personnels militaires comme civils de l’HIA Percy ont rendu hommage aux 13 militaires morts pour la France en formant une haie d’honneur le long du cortège funéraire quittant l’établissement pour rejoindre le pont Alexandre III. Des militaires allemands de l’hôpital d’Ulm, hôpital partenaire de l’HIA Percy, se sont également associés à ce temps d’hommage.

Visite sénatoriale au CTSA Le 14 novembre dernier, la directrice centrale du service de santé des armées a visité le Centre de Transfusion Sanguine des Armées (CTSA), accompagnée de Madame la sénatrice des Côtes d’Armor, Mme PRUNEAU Christine. L’après-midi a commencé avec l’accueil et la présentation de la chaîne de ravitaillement sanitaire par le PHCS CREHANGE, directeur adjoint de la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA), puis par la MG GARRABE, directrice du CTSA. La directrice centrale et la sénatrice ont pu par la suite visiter les salles blanches dédiées à la production de Plasma lyophilisé ainsi qu’à la thérapie cellulaires et tissulaires et assister à une démonstration de deux innovations du CTSA majeures pour les opérations extérieures, le Plasma Lyophilisé (PLYO) et le kit de sang total.

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Les journées de la médecine aéronautique et spatiale

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es journées internationales de médecine aéronautique et spatiale (JIMAS) se sont déroulées les 3 et 4 octobre derniers à Toulouse. Les présentations, riches d’enseignements, portaient sur « l’hôpital hors les murs et la médecine spatiale » le 1er jour et « la médecine aéronautique et la journée nationale du réserviste » le second. A cette occasion, acteurs d’active et de réserve du SSA, rompus à l’exercice de la table ronde, ont présenté leur « retour d’expérience » des conditions particulières d’exercice de leur art, la médecine militaire, en partageant des avis d’opportunité pertinents avec la santé publique, également présente. En marge de ces journées de réflexion, l’institut de médecine et de physiologie spatiale (MEDES) organisait, en présence de la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du SSA, de monsieur Jean-Yves Le Gall, président du centre national d’études spatiales et du spationaute Thomas Pesquet, une cérémonie de dévoilement d’une plaque commémorative en hommage au premier directeur de MEDES suivie d’une visite de la clinique spatiale. L’ensemble de ces temps forts ont confirmé les nécessaires interactions entre santé militaire et santé publique, médecine aéronautique et médecine spatiale. 

Le Plasma lyophilisé Le PLYO est produit par le CTSA pour les besoins de l’armée. Il est le plasma idéal du traitement très précoce des troubles de coagulation du blessé hémorragique grave, du fait de son efficacité, sa sûreté, sa tolérance et ses qualités logistique. C’est le plasma de référence pour une prise en charge immédiate du blessé hémorragique grave en secteur militaire et civil, car il est le seul plasma à pouvoir être disponible sans délai, en tout temps, tout lieu et toute circonstance. Son usage est donc recommandé dans toutes les situations d’urgence vitale. Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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Leçon inaugurale à l’École du Val-de-Grâce

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e jeudi 10 octobre 2019, à l’occasion de la traditionnelle prise d’armes introductive à la leçon inaugurale qui s’est déroulée dans la cour d’honneur de l’école du Val-de-Grâce à Paris, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées a lu les ordres généraux du médecin général Bonnevie et du médecin général Poltini-Degenève, quittant le service. La Directrice centrale a salué l’exemplarité de leur carrière et la force de leur dévouement au soutien médical des forces armées. À l’issue de cette cérémonie, le médecin chef des service Meynard, directeur du centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA), a prononcé la leçon inaugurale devant des invités officiels et la promotion d’internes des hôpitaux des armées. Le thème de cette année était la protection de la santé de la Force, mission essentielle du Service nécessitant une formation solide et une organisation sans failles. 

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VIE DU SERVICE

1er challenge sportif interarmées

“ La volonté et la solidarité franchissent tous les obstacles ” participants de l’HIA Percy pour l’exemplarité de leur engagement et de leur combativité. Cette équipe composée d’une personne à mobilité réduite, Madame Vanessa, a fait preuve d’un sens du collectif remarquable et a su franchir tous les obstacles pendant ces deux jours particulièrement denses. Elle partage avec nous son expérience :

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es 16 et 17 octobre dernier, 54 participants ont porté les couleurs du service de santé des armées lors du 1er challenge sportif interarmées organisé sur le camp des Matelots, à Versailles. Issus des cinq composantes du Service, les athlètes ont relevé avec pugnacité les nombreuses épreuves et défis sportifs, mettant ainsi en avant les valeurs qui fondent l’identité des femmes et des hommes du SSA : engagement, disponibilité et humanité. Le Service félicite tout particulièrement nos trois athlètes féminines qui ont remporté le cross 7km. Par ailleurs, le jury final a remis un prix d’honneur à un groupe de

« Pleine d’enthousiasme, j’ai décidé d’être une des participantes malgré mon handicap moteur qui me contraint à être en fauteuil roulant. Quelques jours plus tard, je rejoignais une équipe constituée de 4 militaires venant de services de soins et administratifs de l’HIA Percy.

handicap. Les autres participants ont fait preuve d’une grande empathie à notre égard, compte tenu des difficultés techniques que nous rencontrions. C’est chose faite, avec en plus la satisfaction d’avoir porté les valeurs du Service jusqu’au podium. Merci infirment à mes équipiers pour cette si bonne entente, cette cohésion et ces si beaux souvenirs. Cette expérience a représenté pour moi, un nouveau souffle de vie, moi, ancienne infirmière militaire, qui avait été arrachée au SSA, par la maladie. » 

“Rapidement, l’esprit de cohésion nous a réuni. Nous étions plus solidaires que jamais...”

Rapidement, l’esprit de cohésion nous a réuni. Nous étions plus solidaires que jamais, partageant ensemble la difficulté des épreuves, dans la boue et sous la pluie. Sans aucun jugement, mes coéquipiers m’ont parfaitement intégrée à l’équipe. Nous étions tous partis avec les mêmes envies : participer à un challenge, se faire plaisir en faisant du sport ensemble et arriver au bout, sans blessure.Nous avons pu associer,certes avec des adaptations, les épreuves aux contraintes techniques liées au Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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VIE DU SERVICE

Cérémonie du ravivage de la flamme Le 17 octobre dernier, veille de la Saint-Luc, saint patron du service de santé des armées, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, a ravivé la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Le protocole du ravivage a permis plusieurs temps forts avec notamment le dépôt d’une magnifique gerbe du SSA, le traditionnel ravivage par l’autorité et le temps de salutations des nombreux

volontaires qui se sont rendus disponibles pour partager ce moment, véritable illustration du lien armée-nation consacré à Paris. Ce temps dédié à la mémoire du Service, et à toutes celles et ceux qui soignent et sauvent pour la France, partout dans le monde depuis trois siècles, a réuni d’importants détachements des établissements de la place parisienne. Ainsi, la direction centrale et les directions déconcentrées, les hôpitaux d’instruction des armées Bégin et Percy, l’IRBA, le SPRA, le CTSA, l’EVDG et le CMA étaient présents en nombre pour ce temps de recueillement. Traditionnellement organisé lors de la Saint-Luc, il est

de coutume de convier également les associations d’anciens combattants du SSA, rappelant le lien nécessaire et indéfectible entre le passé, le présent et la préparation du l’avenir du Service. Rendez-vous le 19 octobre 2020 pour revivre ces instants symboliques qui forgent le souvenir du SSA dans la cohésion et la tradition.

La Saint-Luc Le 18 octobre sur le Fort-Neuf de Vincennes a été organisée une prise d’armes à l’occasion de la Saint-Luc, saint patron des praticiens et du Service de santé des armées. Cette journée a permis de mettre à l’honneur les personnels du Service par la remise de nombreuses décorations. Onze d’entre elles ont ainsi été remises par la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, le Médecin général des armées Philippe Rouanet de Berchoux inspecteur général du SSA et le Médecin général inspecteur Jean-Bernard Orthlieb, directeur central adjoint, lors de la cérémonie des couleurs à Vincennes. Au cours de cette cérémonie, la Directrice

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Après la cérémonie, la directrice centrale a prononcé une allocution rappelant avec fierté l’engagement de l’ensemble du personnel du service de santé des armées. A l’issue, l’ensemble du personnel de la direction centrale s’est rassemblé pour un temps de cohésion et de convivialité.

centrale a également lu les ordres généraux de deux médecins généraux quittant le Service : le médecin général inspecteur Eric DARRE et le médecin général Dominique LECHEVALIER, soulignant ainsi la très grande qualité de leur engagement durant plus de 40 années de service.


VIE DU SERVICE

Remise de décorations par la Directrice centrale à deux médecins militaires en service à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP) Mardi 22 octobre, la directrice c e n t ra l e a p a r t i c i p é à u n e cérémonie de remise de décoration à l’Etat-major de la BSSP. En présence du commandant de la BSPP, le général GALLET, la directrice centrale a remis la médaille de la sécurité intérieure pour l’action d’un médecin militaire lors du décès du SCH LassusDavis, mor t au feu. Un autre médecin militaire s’est vu remettre la médaille d’honneur pour acte de courage et dévouement pour son action lors de l’explosion de la rue de Trévise.

Réunion de commandement d’automne à l’HIA Bégin

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a réunion de commandement d’automne, présidée par la médecin général des armées Gygax Généro, directrice centrale du Service de santé des armées (SSA) s’est tenue le 5 novembre dernier en salle de conférence Meyran de l’HIA Bégin. Moment privilégié d’échanges, la directrice centrale a ainsi pu partager, avec tous les acteurs en haute responsabilité du SSA et en présence des différents conseillers santé, son analyse de la situation du Service, de ses atouts et des écueils qu’il lui faut contourner pour rallier l’ambition SSA 2030 basée sur le développement continu de l’excellence opérationnelle. Les interventions successives ont ainsi permis d’exposer aux autorités présentes la vision opérationnelle 2030 et les nouveaux outils capacitaires à venir, la démarche de conquête de ressources complémentaires mais également la modernisation de l’expertise médicale. Par ailleurs, l’actualité RH et notamment les avancées positives dans le domaine du recrutement et de la fidélisation ont été présentées. Enfin, un bilan à un an a été réalisé par les directeurs des chaines DHOP et DMF issu de la nouvelle gouvernance du Service sur le chemin parcouru et les challenges à venir. La directrice centrale reçoit les PME/ ETI : innover, ensemble, pour améliorer,

toujours plus, le soutien médical des forces armées. Le 7 novembre, sept chefs d’entreprises partenaires ont été accueillis par la médecin général des armées gygax générao, directrice centrale du service de santé des armées en présence de Monsieur Arnaud Marois, délégué aux petites et moyennes entreprises et petites et moyennes industries auprès de la ministre des Armées. La directrice centrale leur a présenté l’enjeu du Service de garantir le soutien médical de tout type d’opérations militaires ainsi que la singularité militaire de ce dernier pour conclure sur le besoin vital de rechercher ensemble des innovations permanentes pour porter la doctrine de médicalisation et de chirurgicalisation de l’avant. Les chefs d’entreprises ont également pu transmettre à la directrice centrale et à Monsieur Marois leurs préoccupations pour être mieux connus et reconnus au sein du MINARM et les défis administratifs auxquels ils doivent souvent faire face. Monsieur Marois ainsi que l’équipe de la directrice centrale leur ont alors fait part de nombreux projets en cours, sources d’assouplissement et de solutions à leurs attentes. Les entreprises ont été particulièrement intéressées par la labellisation actuellement développée par le SSA. 

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VIE DU SERVICE

Présentation des résultats de l’Enquête nouvelle génération (ENG) sur la santé et les besoins en prévention des militaires, de leurs familles et des retraités

Division Expertise et Stratégie santé de défense Bureau “Épidémiologie et évaluation des politiques de santé”

Qu’est-ce que l’ENG ? L’enquête nouvelle génération (ENG) a été menée conjointement par le service de santé des armées (SSA) et la caisse nationale militaire de sécurité sociale (CNMSS) au premier semestre 2019, afin d’évaluer les besoins en santé et d’améliorer les connaissances sur l’état, les attitudes et les comportements de santé des militaires d’active, de leurs familles et des retraités militaires. Cette enquête déclarative aborde des thématiques comme la santé psychologique, les pathologies d’usure, le parcours de soins ou encore les habitudes de vie des militaires, de leur famille et des retraités et contribuera à l’évolution de l’offre de soins et des mesures de prévention proposées à cette population spécifique. Les professionnels de santé du SSA ont également été interrogés sur leur pratique quotidienne en prévention en santé et leur regard sur la santé des militaires soutenus. Le volet auprès des militaires d’active fait partie intégrante de l’observatoire de la santé des militaires (OSM) souhaité par la ministre des Armées en 2018. Cette enquête est complémentaire des autres sources de données disponibles au sein du SSA. C’est en effet la seule composante de l’OSM portant sur la santé « ressentie » des militaires.

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Une méthode rigoureuse et un dispositif efficace L’enquête a été mise en œuvre en conformité avec la règlementation en vigueur sur la protection des données et des personnes. Elle est le fruit d’un travail collectif et d’une collaboration efficace entre différents partenaires militaires et civils. L’ensemble des acteurs s’est mobilisé tout au long de la préparation en amont et pendant la collecte des données sur le terrain afin d’obtenir une adhésion optimale des militaires et ainsi des données de qualité : - l’implication précoce du commandement militaire, déterminante pour la participation et l’adhésion des unités tirées au sort ; - toutes les composantes du SSA, avec la coordination du volet militaire par la direction centrale du service de santé des armées /division expertise et stratégie santé de défense, l’investissement des directions de chaînes organiques

du SSA (notamment de la direction de la médecine des forces) ; des professionnels de santé des forces, véritables relais locaux ayant permis de minimiser l’impact du temps consacré à répondre à cette enquête sur la disponibilité opérationnelle des Forces; des chercheurs de l’Institut de recherche biomédical des armées (IRBA) concernant des thématiques de santé développées dans le questionnaire ; du centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) pour la validation méthodologique de l’enquête et la réalisation d’analyses approfondies des données collectées ; - la collaboration avec la CNMSS, qui a promu et financé cette enquête, travaillé avec le SSA sur le volet militaire et coordonné les volets conduits auprès des familles de militaires, des retraités, et des professionnels de santé du SSA ; - le concours de l’institut IPSOS pour le recueil et l’analyse des données et pour la restitution des résultats lors


VIE DU SERVICE

concernés, qui seront proposés dans les prochains mois à la ministre des Armées.

du colloque organisé par le SSA et la CNMSS ; - et enfin les militaires eux-mêmes et leur famille.

Population d’étude Au total, ce sont donc 5 000 militaires qui ont été tirés au sort en France métropolitaine, appartenant à toutes les forces armées et formations rattachées (Terre, Air, Marine, Gendarmerie et services communs dont le SSA). Un fort taux de participation a été obtenu (86%, environ 4300 militaires) pour cette enquête qui abordait des thématiques sensibles touchant à la vie privée. Ceci témoigne de la qualité de l’investissement des différents acteurs et de la confiance des intéressés pour le SSA et la CNMSS. Par ailleurs 5 000 familles de militaires et 5 000 retraités ont été inclus dans leurs volets respectifs.

Apports de l’ENG L’ENG a permis d’obtenir des résultats fiables, représentatifs de la population militaire, qui constituent un « baromètre santé » s’intéressant au regard porté

par les militaires, leurs familles et les retraités, sur leur santé. Cette enquête permettra également : - de mieux couvrir des domaines jusquelà peu étudiés ; - d’approfondir des thématiques de santé identifiées comme fréquentes par l’ENG ; - et ainsi de contribuer, avec les autres sources de données disponibles, à l’élaboration des futurs plans et actions de santé répondant aux besoins et aux contraintes spécifiques des militaires.

Et après ? Un colloque de restitution des résultats de l’ENG a été organisé à Balard le 20 novembre 2019 en présence de Madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, et des hautes autorités militaires des quatre forces armées et formations rattachées. Les présentations et tables rondes thématiques composant ce colloque ont marqué le début d’une réflexion multidisciplinaire sur les actions à mener et les futurs plans de santé à élaborer conjointement avec le commandement et les acteurs de terrain

Le SSA a d’ores et déjà initié une réflexion pour tirer le meilleur profit des données de l’ENG, mises en regard de données objectives recueillies au travers des autres composantes de l’OSM pour : - identifier les facteurs et populations à risque sur lesquels concentrer les efforts ; - proposer une priorisation des plans ou actions à mener, en fonction de l’importance et de la spécificité militaire des problèmes de santé concernés ; - et enfin travailler en concertation avec le commandement, la CNMSS et tous les acteurs concernés, dans la construction même de ces plans afin que ceux-ci répondent au mieux aux besoins réels des militaires et des armées. L’enjeu est bien de préserver l’état de santé des militaires, population jeune et sélectionnée sur des critères médicaux stricts, pour leur permettre de mener à bien leur mission opérationnelle malgré un contexte d’emploi exigeant et d’envisager une reconversion ultérieure dans les meilleures conditions possibles. 

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ÇA S’EST PASSÉ DANS LE SSA

Inauguration de l’Antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS)

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e 28 novembre à La Valbonne , la médecin général des armées, Maryline GYGAX GENERO, Directrice centrale du service de santé des armées (DCSSA) a assisté à une présentation de l’ARCS ainsi qu’à une démonstration dynamique de prise en charge de blessés dans la structure au camp de la Valbonne. Le SSA s’était engagé dans le développement d’une capacité chirurgicale en mesure de fournir le niveau attendu de soutien, d’améliorer la mobilité et d’augmenter les capacités de l’antenne chirurgicale et du module de chirurgie de sauvetage. Ainsi a été pensée et créee l’ARCS. Dans le cadre de la prise en charge de

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blessés l’ ARCS, permet de mettre en œuvre la stratégie de réanimation et de réaliser un geste chirurgical au plus près du lieu de la blessure. Antenne totalement interopérable avec l’ensemble des capacités de la chaîne de soutien médicale, elle s’inscrit dans le continuum de soins au profit du blessé. L’ ARCS a été pensée pour se déployer et se redéployer le plus rapidement possible, soit en 2 heures. Elle dispose de 48h d’autonomie logistique, ce qui lui offre une capacité de prise en charge de 16 blessés. Une délégation d’élèves infirmiers, élèves médecins et internes de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Desgenettes a également pu

assister aux démonstrations. Ils ont pu acquérir une vision moderne du Service permettant et s’imprégner du contexte de projection qu’ils connaîtront dans quelques années. La directrice centrale a salué le travail collectif des équipes de toutes les composantes du SSA ( médecine des forces, médecine hospitalière, ravitaillement sanitaire, recherche et formation ) pour rendre cet outil par ticulièrement per tinent dans son emploi au service des Armées. La capacité à opérer 2 blessés simultanément est une innovation majeure et une chance de plus pour la bonne gestion de plusieurs patients en même temps. 


ÇA S’EST PASSÉ DANS LE SSA

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Nov-Dec 2019 Secours mag “L’ambulance des airs” 27/10/2019 Journal télévisé Championnats du monde d’ultra marathon 24h à Albi encadrés par une équipe du SSA étudiant la préparation et la récupération du combattant déployé en conditions extrêmes FRANCE 3 MIDI-PYRÉNÉES

12 300 abonnés

15/12/2019 Journal de la Défense - LCP Le combattant du futur. Focus sur le Block print et le gilet air shock absorber.

17/11/2019 Opex360.Com “ Le Service de santé des armées se penche sur la surcharge cognitive du combattant ”

11/12/2019 Journal télévisé Interview du MC Thibault dans le cadre d’un sujet sur le recrutement des militaires et leurs habilitation santé sur l’archipel wallis-et-Futuna FRANCE Ô

14/11/2019 Allo docteurs - REPORTAGES “ Quelle prise en charge de la brûlure ? ” Deux reportages au CTB de Percy sur l’autogreffe de peau au bloc opératoire et sur la prise en charge par les kinésithérapeutes militaires des grands brulés. FR5

Décembre 2019 Magazine municipal de la ville de Meudon “ Médecin Principal Clément : un citoyen ordinaire au métier extraordinaire ”

26 octobre et 11 novembre Hommage MP Laycuras FR 3 Limousin et FR2

Début 2020, ne manquez pas sur W9 un reportage exclusif sur les soignants de l’opération Barkhane ! Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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OPÉRATION / EXERCICE

Opérations du SSA et forces prépositionnées

Situation décembre 2019

Visite de la directrice centrale du service de santé des armées sur Barkhane

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a directrice centrale du service de santé des armées a consacré quatre jours de déplacement sur Barkhane à la rencontre des éléments du SSA déployés sur le théâtre, en marge des commémorations du 11 novembre, particulièrement symbolique en cette année 2019 pour le Service. Accompagnée du directeur médical (DIRMED) de Barkhane et du chef de l’état-major opérationnel santé, les journées se sont orchestrées autour de ces objectifs, facilitées par l’appui du commandement de la force. ...

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OPÉRATION / EXERCICE

... À Niamey comme à Gao, c’est au contact des postes médicaux avancés (rôle 1) et des antennes chirurgicales (rôles 2) que la médecin général des armées Maryline Gygax Généro a apprécié les évolutions du théâtre et du soutien médical opérationnel, portés avec une technicité innovante (par exemple, transfusion sanguine possible en poste avancé et à bord des hélicoptères grâce aux “golden hour box” et à la réactivité du ravitaillement sanitaire). Par la suite, en base opérationnelle avancée à Gossi et en plateforme désert relai (PfDR) à Tombouctou, la directrice

centrale a pu mesurer les défis médicaux qu’impliquent les conditions sécuritaires et environnementales propres à chaque lieu. La directrice médicale adjointe stationnée à Gao a apporté à cette occasion un complément d’informations relatives à sa zone de compétences. Ce déplacement avait pour objectif premier de commémorer le 11 novembre le décès du médecin principal Marc Laycuras, mort dans l’accomplissement de sa mission, le 2 avril 2019. Un dépôt de gerbe des mains de la DCSSA, du DIRMED et du médecin actuellement projeté à Tombouctou, au cours d’une

cérémonie symbolique sur la PfDR de Tombouctou fut le temps fort du souvenir pour cette visite. Enfin, l’appui du SSA français à la formation médico-militaire de ses homologues maliens a été ébauché avec la visite des locaux du projet de rôle 2 malien à Gao et la remise des diplômes du sauvetage au combat de niveau 2 à trois infirmiers FAMa. Une visite du rôle 1.9 suédois à Tombouctou et du rôle 1 allemand à Niamey a complété les contacts internationaux entretenus au cours de ce déplacement.  Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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Coopération entre les services de santé français et allemands

©JL.Brunet armée de l’Air

Le 29 février 1960, en réponse au séisme qui détruisit Agadir au Maroc, le service de santé de la Bundeswehr se joignait pour la toute première fois à son homologue français sur un théâtre extérieur pour participer aux opérations de secours. Depuis, sous l’impulsion du Traité de l’Elysée de 1963, la coopération militaire entre l’Allemagne et la France a connu un développement important, y compris dans le domaine du soutien médical. Structurée au fil des années, elle se concrétise par des engagements conjoints comme aujourd’hui à Djibouti ou au Sahel.

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usqu’à l’effondrement du bloc soviétique, les services de santé des armées françaises et de la Bundeswehr n’avaient pas développé de relations de coopération, même si des accords binationaux prévoyaient un soutien médical réciproque des soldats des deux pays. Lors des opérations extérieures menées à partir des années 1990, principalement

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sous l’égide de l’OTAN, l’engagement de contingents militaires multinationaux s’est généralisé, avec notamment la mutualisation d’une partie du soutien médical. Ainsi, dans le cadre de la force de stabilisation de l’OTAN (SFOR) en Bosnie-Herzégovine, le service de santé de la Bundeswehr a déployé en 1997 un ROLE 3 sur le camp de Rajlovac au profit de la brigade multinationale centre de la division Sud-Est.


INTERNATIONAL

Depuis, les engagements militaires extérieurs conjoints de la France et de l’Allemagne se sont enchaînés en Europe, en Asie et en Afrique, et les deux services de santé ont développé une connaissance mutuelle et des relations de confiance. Des équipes mixtes franco-allemandes ont armé la cellule de coordination des évacuations médicales de la région centre à Kaboul, des neurochirurgiens français ont été intégrés au ROLE 3 de Mazâr-e-Sharif, et le ROLE 3 français de Kaboul a accueilli plusieurs équipes chirurgicales allemandes. Afin de consolider leur interopérabilité, les deux services de santé ont instauré un cadre formel au sein du sous-groupe « santé » du groupe franco-allemand de coopération militaire (GFACM), donnant lieu à un nombre croissant d’échanges de stagiaires et de participations conjointes à des travaux scientifiques dans le domaine de la médecine militaire.

© Olivier RAVENEL / armée de l’Air / Défense

Depuis quelques années, c’est vers l’Afrique que s’est orientée la coopération médicale opérationnelle franco-allemande. Ainsi, le service de santé de la Bundeswehr déploie chaque année depuis 2017, pendant trois mois, une équipe chirurgicale complète au sein du centre médico-chirurgical interarmées (CMCIA) de Djibouti, au titre de l’opération européenne ATALANTA. Au centre du Mali, l’Opération BARKHANE assure le soutien de niveau 2 du contingent allemand engagé dans la MINUSMA . Dans la région de Bamako, les soldats français de l’opération EUTM MALI bénéficient du soutien assuré par le ROLE 2 allemand déployé à Koulikoro. Enfin, l’armée de l’air allemande déploie deux avions de transport tactique (C160) au Niger et réalise à la demande des évacuations médicales tactiques aériennes au profit du contingent français de l’opération BARKHANE.

Ainsi, les services de santé français et allemands se côtoient depuis soixante ans et développent leur interopérabilité pour améliorer leur coopération sur les théâtres d’opération. Le soutien des unités organiques franco-allemandes, telles que la future escadrille mixte sur l’avion de transport C130-J qui sera basée à Évreux à partir de 2021, contribue également au rapprochement des deux services, et les inscrit pleinement dans la dynamique que la France et l’ Allemagne entretiennent pour faciliter l’émergence de l’Europe de la défense. 

Bernard Sidler©

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INNOVATION / RECHERCHE

Vision nocturne : des recherches au service de l’opérationnel SACE Gabrielle, service communication IRBA

V

ols, missions tactiques ou patrouilles, de nombreuses opérations militaires ont lieu de nuit, avec une visibilité réduite. Les armées disposent de matériels d’intensification de lumière performants pour voir dans l’obscurité. Par exemple, les pilotes d’avions de transport ou de chasse dans l’armée de l’air, les commandos et les pilotes d’hélicoptères dans l’armée de terre sont équipés de Jumelles de Vision Nocturne (JVN). Si la technologie permet aujourd’hui de repousser les limites de la vision de nuit, des difficultés subsistent. Afin de préserver au mieux la santé et la sécurité des militaires qui utilisent ces équipements, l’IRBA mène des

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recherches sur ce sujet en utilisant, en partie, une plateforme expérimentale spécifique à l’étude de la vision nocturne.

La perception multi-sensorielle de nuit On ignore encore comment interagissent les différentes modalités sensorielles en environnement visuel dégradé de nuit. Dans des conditions d’observation normale, les informations spatiales visuelles et auditives sont corrélées et facilitent la détection ou la localisation spatiale. Or, les dispositifs d’aide à la vision de nuit (JVN) modifient les conditions de stimulation

visuelle : le champ visuel est réduit, le contraste également, la perception est monochrome et des distorsions optiques apparaissent. A ce momentlà, les informations visuelles peuvent devenir incomplètes, imprécises, ambiguës, et même conflictuelles. L’enjeu est donc de déterminer quels sont les effets d’un environnement visuel dégradé sur la perception spatiale, dans des conditions de stimulation unisensorielle ou multisensorielle. En effet, la diminution de la qualité de l’information visuelle environnante est susceptible d’influencer la perception spatiale et d’accroître l’incertitude perceptive de l’opérateur en condition de nuit.


INNOVATION / RECHERCHE

« Zoom » sur la plateforme vision de nuit de l’IRBA - Simulation de différents terrains (désertiques, montagneux,…) - Possibilité de projeter le rayonnement proche infrarouge (de 800 à 900 nm) - Formation du personnel des forces aux JVN - Expérimentations

Le saviez-vous Les nouveaux visuels de casque monoculaires ne stimulent qu’un seul œil. Entre les deux images, le cerveau balance… entraînant notamment maux de tête, fatigue et baisse des performances visuelles : en vol, le pilote peut perdre de vue le Flight Path Vector ou la piste. Ce phénomène est appelé rivalité binoculaire.

La perception collective de l’espace Quand ils utilisent des dispositifs d’aide à la vision de nuit, les opérateurs sont confrontés à l’usage d’images bien différentes des images naturelles. Au cours de leur entraînement, ils doivent se familiariser à l’interprétation d’indices visuels nouveaux pour eux. « En équipage,les opérateurs doivent aboutir à une perception collective et partagée de l’environnement. Or l’équipage peut être formé d’un pilote chevronné, habitué à la vision de nuit, ayant“fait”sa “bibliothèque” d’images de vision de nuit, d’un mécanicien navigant qui, lui porte des jumelles de vision de nuit, un

autre portant un dispositif d’imagerie thermique.Tous auront potentiellement des représentations différentes mais ils doivent arriver à une représentation collective unique. Dans ces conditions, on se demande comment s’élabore une représentation spatiale collective, unique et partagée » explique le MC Anne-Emmanuelle.

JVN bien réglées, militaire moins fatigué Voler avec des jumelles reste éprouvant. Cer tains opérateurs évoquent de grandes difficultés à remplir leur mission après plusieurs nuits successives d’utilisation de ce dispositif.

Préalablement au vol, les pilotes doivent effectuer des réglages dont la focalisation de l’oculaire ou mise au point à l’infini. « Partant de l’hypothèse selon laquelle un réglage imprécis des jumelles pourrait être l’une des grandes sources de fatigue visuelle, une étude sera menée l’an prochain afin de déterminer l’impact des différentes procédures de réfraction sur les résultats obtenus, afin que les pilotes puissent effectuer leur réglage en fonction de leur réfraction1et non plus subjectivement » ajoute le chercheur Pascaline.  1

La réfraction est modifiée en cas de myopie, d’hypermétropie et d’astigmatisme.

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INNOVATION / RECHERCHE

Despistage du virus ZIKA : le test ELISA un outil diagnostic très spécifique Le virus Zika est un arbovirus (virus transmis par les arthropodes hématophages), émergeant, appartenant à la famille des Flaviviridae (dengue, fièvre jaune, West-Nile virus…) qui co-circulent dans les mêmes zones tropicales. Le virus Zika provoque parfois de sévères complications neurologiques et est responsable de microcéphalies chez les fœtus et nourrissons. En 2016, l’organisation mondiale de la santé a déclaré une urgence de santé publique mondiale due à ce virus, présent dans des zones où sont déployées les forces françaises (ex : Guyane).

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L

a détection sérologique du virus Zika représentait un défi pour l’IRBA. En effet, un individu infecté réagit par une réponse immunitaire non spécifique en produisant des anticorps qui reconnaissent d’autres Flaviviridae comme le virus de la dengue. Tout l’intérêt était donc de mettre au point un outil capable de détecter uniquement le virus Zika. Le virus Zika contient une protéine d’enveloppe formée de trois domaines distincts. L’un de ces domaines, le domaine III, a été produit en bactérie sous forme de protéine recombinante puis purifié pour détecter, par la méthode ELISA, les Immunoglobulines G, induits par ce virus. Seuls les anticorps présents dans le sérum d’individus ayant été infectés par le virus Zika vont reconnaître le domaine III. Les anticorps des individus ayant été infectés par le virus de la dengue ou par d’autres Flavivirus ne reconnaîtront pas ce domaine dont la séquence est retrouvée uniquement chez le virus Zika. Ce test ELISA développé par l’IRBA permet de distinguer les deux virus avec seulement une erreur de 10%. L’utilisation des tests en vente, plus chers, pose problème car leur fiabilité moindre, combinée avec une très forte co-circulation des virus de la dengue et Zika peuvent donner lieu à des faux positifs.

Ce nouveau test a été mis au point grâce aux travaux collaboratifs de plusieurs unités de l’IRBA : l’unité de bactériologie, biothérapie anti-infectieuse et immunité et l’unité de virologie (qui détient le Centre National de Référence des arbovirus). Ont également contribué l’unité des virus émergents de Marseille et le laboratoire architecture et fonction des macromolécules biologiques (Aix Marseille université). Ces laboratoires possèdent une grande expérience des protéines recombinantes et disposent d’une importante base de sérums permettant de réaliser ces essais diagnostics. Cet outil de diagnostic basé sur une protéine et non sur un virus entier, pourrait être développé pour tester d’autres virus, ce qui présenterait de nombreux avantages (transport, stabilité, coût, sécurité…). ASCr Cyril BADAUT

Lire l’article scientifique dans PLOS Neglected Tropical Diseases : https://journals. plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal. pntd.0007747


INNOVATION / RECHERCHE

FOCUS En octobre 2019, trois cas autochtones de virus Zika contractés en France métropolitaine, ont été rapportés à Hyères (Var) puis confirmés en laboratoire (avec plusieurs techniques, dont le nouveau test diagnostic mis au point récemment). Cette découverte, relayée par les médias, a également fait l’objet d’un article dans la revue scientifique internationale Eurosurveillance. Il s’agit de la première isolation de cas de transmission autochtone du virus Zika en Europe par une équipe de l’IRBA, l’équipe de virologie de Marseille (Centre National de Référence - CNR arbovirus).

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Le ravitaillement sanitaire L a composante du ravitaillement sanitaire permet au personnel soignant du service de santé des armées d’assurer le soutien médical des forces armées quel que soit l’endroit où elles se trouvent, et notamment en opérations extérieures, en offrant les meilleures conditions de traitement avec des standards de soins identiques ou se rapprochant au mieux de ceux de la métropole. La prise en charge des blessés sur les théâtres d’opération repose aujourd’hui sur le concept de la présence d’équipes médicales et chirurgicales au plus près des combattants. L’objectif est d’offrir aux blessés une prise en charge à même de leur assurer les meilleures chances de survie et de récupération fonctionnelle, avec un minimum de séquelles. Ce soutien médical de proximité repose notamment sur des approvisionnements constitués de médicaments, de produits de santé et de matériels biomédicaux d’une qualité optimale y compris dans des conditions d’emploi parfois extrêmes lors des engagements opérationnels. Le ravitaillement sanitaire est ainsi la chaine de soutien indispensable aux formations du SSA pour garantir une prise en charge optimale et continue du militaire, depuis les premiers soins jusqu’aux gestes spécialisés au sein des hôpitaux d’instruction des armées.

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Edito A Pharmacien général Pascal Favaro Directeur des approvisionnements en produits de santé des armées

la différence des autres composantes du ser vice de santé des ar mées profondément touchées par la mise en place de la nouvelle gouvernance du Service en septembre 2018, la chaine du ravitaillement sanitaire n’a pas connu de restructuration majeure dans son organisation. Une direction de chaîne préexistante et six établissements déjà bien établis ont pu assurer, sans impact fort, la continuité de leurs missions malgré ce changement très important à l’échelle du Service. Il n’en demeure pas moins que la chaîne du ravitaillement ne peut rester attentiste, se reposant sur ses précédentes transformations, car elle reste confrontée, comme les autres, aux nombreux défis qui devront être relevés dans un environnement en constante évolution, que ce soit sur le plan militaire ou sur le plan de la santé, avec toujours plus d’exigences dans un contexte de ressources contraintes. Le ravitaillement sanitaire devra donc poursuivre son adaptation pour rester le garant d’un soutien médical efficient des forces armées. La réflexion principale porte actuellement sur le soutien des futurs engagements terrestres qui, s’ils constituent une révolution doctrinale pour l’armée de terre, seront également particulièrement dimensionnants pour

le Service jusque bien entendu dans sa chaine de soutien. Les nouveaux modes d’action des forces armées, basés notamment sur la dispersion et la mobilité des échelons tactiques, impliquent de nouvelles contraintes sur les unités médicales opérationnelles, à la fois dans leur conception et dans leurs modalités de ravitaillement. C’est ce défi qui est actuellement au cœur des travaux pour l’adaptation de la chaîne de ravitaillement sanitaire aux ambitions opérationnelles de 2030. Parallèlement, il est évident que ses établissements devront rester conformes aux standards exigés pour assurer la sécurité des soins dans le cadre du respect des règles édictées par le secteur de la santé publique, comme les bonnes pratiques professionnelles, régulièrement vérifiées par des inspections conduites par l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Ainsi, la refonte complète du soutien médical opérationnel impose au ravitaillement de se réinterroger sur son organisation et ses modes de fonctionnement. Cette ambition 2030 doit être vue comme une opportunité, permettant de se saisir notamment des nouvelles technologies disponibles pour une logistique des produits de santé de demain modernisée et performante. 

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Les établissements de la composante “ ravitaillement sanitaire ”

« Fournir aux professionnels du service de santé des armées, les bons produits, au bon endroit, au bon moment, au meilleur coût, pour garantir un soutien santé optimal aux forces armées. »

La direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA)

La DAPSA est un organisme interarmées subordonné à la Direction centrale du service de santé des armées, implanté depuis 1971 sur le site d’OrléansChanteau dans le Loiret. La DAPSA a la responsabilité du soutien logistique santé des forces engagées en opérations extérieures et du ravitaillement des formations du SSA en métropole et en outre-mer, notamment les hôpitaux militaires et centres médicaux des armées. Pour assurer ces missions, elle dispose de 6 établissements subordonnés ou rattachés dont quatre sont localisés sur le camp d’Orléans Chanteau.

L’établissement central des matériels du service de santé des armées (ECMSSA) Au sein d’une infrastructure rénovée autour du bâtiment d’ingénierie biomédicale (BIB) inauguré en 2015,

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l’ECMSSA assure des missions de gestion logistique et de maintenance des équipements santé et la formation des techniciens spécialisés dans leur maintien en condition opérationnelle, au profit des formations du SSA en métropole, outre-mer et en opérations extérieures. Des experts en ingénierie et innovation dans le domaine biomédical y travaillent en appui des autorités de

tutelle et de la centrale d’achat du SSA. Par ailleurs, l’ECMSSA réalise des activités de production en constituant la composante « matériels santé » des unités médicales opérationnelles (UMO) du contrat opérationnel du SSA et en fabriquant des dispositifs médicaux de correction visuelle au profit des forces armées.

La pharmacie centrale des armées (PCA) La PCA a pour mission de développer et de fabriquer des médicaments répondant à des besoins spécifiques opérationnels mais aussi de sécurité et de défense nationales en l’absence

de spécialités pharmaceutiques disponibles ou adaptées.

Pour répondre à cet objectif, la PCA dispose du statut d’établissement pharmaceutique fabricant, exploitant, titulaire et importateur de médicaments délivré par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Engagée dans une stratégie d’ouverture et de valorisation de sa gamme de produits de santé, la PCA poursuit une démarche d’excellence opérationnelle pour l’optimisation de l’emploi de ses ressources tout en respectant un environnement réglementaire toujours plus contraignant.

La plateforme achats finances santé (PFAF-santé) La PFAF-santé a été créée en septembre 2018 dans le cadre de la transformation du service de santé des armées (modèle SSA 2020). Les missions assignées à cet établissement sont de satisfaire les besoins des établissements du


DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Service en produits de santé, matériels biomédicaux et prestations de service par la mise en place de procédures d’achats et la création d’actes contractuels. La PFAF-Santé réalise aussi le traitement des demandes d’achat au profit

médicaux des armées et les hôpitaux d’instruction des armées, ainsi que les unités outre-mer et les opérations

de l’ensemble des établissements, l’exécution financière des dépenses et des recettes non fiscales ainsi que les opérations relatives à la comptabilité patrimoniale des actifs immobilisés et des stocks du SSA.

Les établissements de ravitaillement sanitaire des armées (ERSA) Les ERSA de Marseille (13) et de Marolles (51) ont le statut d’établissements pharmaceutiques de distribution en gros de médicaments. Ils ont pour missions principales la réception et le stockage des médicaments et produits de santé afin de constituer et entretenir les unités médicales opérationnelles du contrat opérationnel. Ils ravitaillement également au quotidien les formations du SSA de métropole comme les centres

et assure le conseil transfusionnel 24H/24. Différentes activités telles que dispensaire de soins transfusionnel, thérapie cellulaire et tissulaire, production de médicaments de thérapie innovante sont également développées. Il mène aussi des activités thérapeutiques et de recherche dans le cadre de la médecine régénérative. La production de cellules souches (hématopoïétiques et mésenchymateuses) trouve une application directe en hématologie pour les greffes de moelle des patients leucémiques ou irradiés et en chirurgie réparatrice. Celle sur la production des tissus permet la prise en charge spécifique des grands brûlés. L’ e m p l a c e m e n t g é o g r a p h i q u e stratégique du CTSA à proximité

extérieures. Ils disposent chacun d’un atelier de maintenance qui assure le maintien en condition opérationnelle des matériels biomédicaux.

Le centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) La mission essentielle du CTSA est le soutien transfusionnel des opérations extérieures et des ensembles hospitaliers militaires implantés en région parisienne et en région PACA. Le CTSA prodigue un enseignement des spécificités transfusionnelles militaires

immédiate de l’hôpital d’instruction des armées Percy, trauma center de niveau 1 et de son centre de traitement des brûlés confère un sens au CTSA et lui permet de donner la pleine mesure de ses savoir-faire dans la prise en charge des blessés de guerre et des polytraumatisés civils.  Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Le ravitaillement sanitaire au plus près des conflits

L

e pharmacien Mélissa, projeté au Tchad dans le cadre de l’opération Barkhane de janvier à juin 2017, témoigne de son parcours et de son expérience en tant que chef de l’Unité de Distribution de Produit de Santé de N’Djamena.

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ? En aout 2009, j’ai intégré l’École de Santé des Armées de Lyon-Bron en tant qu’élève officier pharmacien. Après une formation intégrant à la fois un cursus universitaire classique dans le domaine pharmaceutique et des stages de formation militaire, j’ai soutenu ma thèse d’exercice et obtenu mon diplôme un an plus tard en 2016 à l’issue d’une dernière année de formation à l’École du Val-de-Grâce. J’ai été affectée en sortie d’école à la

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Pharmacie Centrale des Armées (PCA) au poste d’adjointe au département de contrôle analytique et j’exerce toujours ces fonctions aujourd’hui. La PCA occupe un rôle crucial au sein de la chaîne du ravitaillement sanitaire puisqu’elle permet de fabriquer des médicaments qui répondent à des besoins opérationnels spécifiques. Mon rôle au sein de cette structure est de m’assurer que les médicaments que nous produisons satisfont bien aux critères de qualité, d’efficacité et de sécurité définis par la réglementation.

Pourquoi avoir choisi d’exercer le métier de pharmacien militaire ? Quand j’étais au lycée, mon intérêt pour la chimie et le domaine de la santé m’avait d’ores et déjà permis de m’orienter vers le métier de pharmacien puisqu’il me semblait concilier ces

deux aspects. Mon vœu d’exercer dans l’armée est venu ensuite. Je viens d’une famille de militaire. Les particularités du métier de militaire m’ont donc toujours été familières et m’ont été transmises avec beaucoup d’enthousiasme par mon père. De plus, le métier de pharmacien dans l’armée revêt de nombreux avantages. Il permet de cultiver une grande polyvalence au sein de chacun des postes et tout au long de sa carrière. Les postes sont très diversifiés. Il nous est possible d’exercer en laboratoire d’analyse, en établissement de production, à l’hôpital ou encore dans des structures logistiques. À cela s’ajoute aussi l’opportunité d’effectuer des missions à l’étranger dans le cadre des opérations extérieures. Quand j’ai appris qu’il m’était possible d’exercer ce métier dans l’armée et dans quelles circonstances, c’est tout naturellement


DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

que ce choix s’est imposé à moi. Je ne l’ai jamais regretté.

Pourriez-vous nous expliquer quel est le rôle du pharmacien en opération extérieure ? En opération extérieure, le pharmacien est garant de l’approvisionnement en médicaments, dispositifs médicaux et matériels médicaux des antennes médicales et chirurgicales. En tant que chef de l’UDPS de N’Djamena j’étais responsable de l’approvisionnement du fuseau Est de l’opération Barkhane, un autre pharmacien étant en charge du fuseau Ouest. Pour remplir sa fonction, le pharmacien doit constituer un stock stratégique au niveau de l’UDPS lui permettant de disposer d’une autonomie suffisante pour prendre en compte les délais d’acheminement des produits depuis la métropole et pour parer aux éventuelles ruptures médicamenteuses. À partir de ce stock, le pharmacien répond aux demandes émanant des antennes médicales et chirurgicales, renouvelle les dotations de lots prépositionnés et prépare les trousses individuelles du combattant qui sont distribuées à tous les soldats en opération. L’organisation de l’acheminement des commandes est à sa charge et nécessite des collaborations avec certaines unités supports notamment le CCITTM en charge de la logistique des frets aériens. Pour m’aider dans cette tâche, j’étais accompagnée d’une équipe constituée d’un SASS responsable principalement de la partie logistique, un technicien biomédical qui assurait l’ensemble des maintenances préventives et curatives des appareils biomédicaux et quatre magasiniers dont deux militaires et

deux personnels civils tchadiens pour effectuer les réceptions et la préparation des commandes.

Qu’avez-vous retenu de cette expérience ? Beaucoup de choses. Etant sortie d’école six mois seulement avant cette projection, je n’avais encore qu’une expérience professionnelle limitée. Ce poste était idéal, à la fois intéressant dans sa mise en œuvre au quotidien et stimulant de par les aléas et les difficultés qui pouvaient parfois se présenter. J’ai appris à travailler en équipe et à collaborer avec des interlocuteurs de tous les horizons. Le contexte opérationnel et l’isolement imposent aussi nécessairement

d’apprendre à réagir rapidement et à faire preuve d’imagination pour essayer de trouver des solutions alternatives afin de répondre au mieux aux besoins exprimés par les antennes médicales. C’était une expérience très enrichissante.

Un dernier mot pour finir, quels sont vos projets pour l’avenir ? Une nouvelle mission, je l’espère ! Je commence aussi depuis peu la préparation du concours de l’assistanat « Développement et sécurisation des produits de santé », anciennement PIBM (Pharmacie Industrielle et Biomédicale) pour me spécialiser en industrie. Ces trois années passées à la PCA ont réussi à me convertir. 

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Témoignage de techniciens biomédicaux

L

a politique de prise en charge des malades et blessés en opérations a conduit le SSA à se doter en moyens et équipements répondant aux mêmes exigences qu’en métropole. L’utilisation en ambiance dégradée nécessite un maintien en condition opérationnel soutenu.

Les évolutions technologiques étant constantes, le maintien de leurs compétences se poursuit tout au long de leur carrière par des stages adaptés. Ainsi, pour certains systèmes particuliers tels que les scanners, les TMS sont formés directement auprès des constructeurs et agréés par eux.

Des techniciens du SSA sont chargés de l’installation et de la maintenance préventive et curative des équipements biomédicaux, aussi bien en OPEX que sur le territoire national. Ils sont usuellement connus sous l’abréviation de « TMS » (Technicien des Matériels Santé).

Les opérations de maintenance, découlant d’obligations réglementaires, d e m a n d e n t d e s c o m p é te n c e s notamment pour les matériels relevant de l’art dentaire, du laboratoire, de l’anesthésie, de la perfusion, de la ventilation, de l’électrochirurgie, de la stérilisation, du monitorage et de l’imagerie.

Les TMS sont des militaires soumis aux lois et règlements des sous-officiers. Ils appartiennent, depuis 2005, au corps des Techniciens Supérieurs Hospitaliers (TSH) du statut MITHA. Ils étaient dans un premier temps recrutés au sein de l’Armée de Terre à l’École Nationale Technique des Sous-Officiers d’Active (ENTSOA) d’Issoire, puis à l’ENSOA de Saint-Maixent complété par une formation à l’IUT de Chartres, ils sont aujourd’hui engagés directement au niveau BAC+2 dans le domaine technologique. A l’issue, le Centre de Formation des Techniciens Biomédicaux (CFTB) de l’ECMSSA à Orléans leur dispense toujours une formation de 11 mois qualifiante à l’exercice de leur spécialité.

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Actuellement de 48, l’effectif des TMS est réparti entre les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) pour un quart, les établissements de la chaine de ravitaillement et les postes outre-mer (Guyane, Nouvelle-Calédonie). Bien que de formation commune, le champ d’action des techniciens peut varier selon le type d’affectation. Au sein des HIA, ils sont intégrés dans des cellules biomédicales et mettent en œuvre la politique de maintenance définie localement. Ils développent une polyvalence sur tous les équipements des hôpitaux pour poser un diagnostic de panne ou pour les réparer.


DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

4 836

interventions techniques

88 511 km parcourus

Le territoire métropolitain compte 209 antennes médicales soutenues par 5 ateliers NTI2. Cette répartition permet aux techniciens de découvrir différents milieux avec ses spécificités. Les deux TMS de l’échelon avancé de Brest doivent s’adapter à un environnement souvent exigu lorsqu’ils interviennent au profit de la Marine sur des bâtiments de surface ou des sous-marins. L’atelier de Marseille répond à un besoin spécifique quant au soutien et à l’armement des dotations MORPHEE (kit pour les évacuations aériennes stratégiques médicalisées), tout comme l’atelier d’Orléans soutient les lots opérationnels de l’Escadrille

missions de maintenances préventives et curatives des matériels santé. En contact direct avec les utilisateurs, il est un conseiller technique rappelant les principes d’utilisation et d’entretien des dispositifs médicaux.

Aéro-Sanitaire de Villacoublay. Un technicien détaché de l’ECMSSA assure de façon autonome le soutien de 57 unités dans le secteur sud-ouest. Certains techniciens, experts de 3e degré (scanner, modules techniques...), doivent assurer assistance et interventions avec une réactivité et une disponibilité permanentes. Ils réalisent en outre une dizaine de missions annuelles liées aux contrôles réglementaires. Le TMS met en œuvre des protocoles de contrôle, à l’aide de dispositifs de surveillance et de mesure (DSM), et dispose d’un logiciel de Gestion de la Maintenance des Dispositifs Médicaux Assisté par Ordinateur. En OPEX et en mission courte durée, projeté au contact des rôles 2, tels qu’à Gao, N’Djamena et Djibouti, et intégré à l’unité de distribution de produits de santé, le TMS est le seul soutien des entités du territoire. Il gère en autonomie les

D’autres missions de Renfort Temporaire à l’Étranger sont assurées annuellement, au profit de la Centrafrique, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, Le Gabon, les Émirats Arabes Unis, le Liban et l’Irak. Pour exemple, en 2018 ce sont 7 missions réalisées et près de 1774 dispositifs médicaux contrôlés. Riche de son savoir professionnel de haut niveau et de son expérience opérationnelle, il est amené à devenir formateur.

7

missions

2018

Au sein du ravitaillement, ils effectuent des opérations de maintenance de niveau technique d’intervention de 2e degré (NTI2) sur les matériels des unités médicales opérationnelles stockées dans leur établissement et sur ceux des centres médicaux des armées au cours de déplacements annuels. Par exemple en 2018, 4 836 interventions techniques ont été réalisées et 88 511 km parcourus.

1 774

dispositifs médicaux controlés

De par le maintien de ses connaissances techniques, la diversité des domaines soutenus et la force de l’engagement dont il doit faire preuve pour répondre aux besoins en tous lieux et à tous moments, le TMS contribue pleinement à l’excellence du soutien du combattant par le SSA.  Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Ravitaillement opérationnel : préparer le temps de crise avec l’ingénierie des unités médicales opérationnelles (UMO)

L

e ravitaillement de produits de santé est une spécificité du ministère des Armées. En effet, il n’existe aujourd’hui aucune structure civile ou militaire, publique ou privée, qui soit ainsi en mesure en cas de crise de mettre à disposition et d’assurer l’entretien à la demande de structures médicales offrant un standard de soins de haut niveau, avec des ensembles complets ou des produits de santé à l’état isolé, et ce, quel que soit le contexte de déploiement ou d’engagement. Plus particulièrement, une activité est prédominante au sein du ravitaillement dans la préparation du temps de crise : l’ingénierie des unités médicales opérationnelles (UMO), qui est une remarquable mécanique nourrie par l’ensemble des composantes du Service, ce qui en garantit le niveau de performance. Dès le temps de paix, les réflexions sont menées pour répondre à la difficile équation d’une dotation technique la plus complète possible en produits de santé avec la plus faible empreinte logistique associée. Des équipes projets pluridisciplinaires coordonnées par la direction centrale du SSA assurent ainsi la définition

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du concept d’emploi et des moyens à détenir selon le niveau de soins attendu, en se basant sur les enseignements universitaires actuels et les pratiques médicales récentes tout en prenant en compte les retours d’expérience indispensables des praticiens et équipes médicales déployés en opérations au cours des dernières années. Le travail mené aboutit à une sélection fine d’articles, adaptés au concept décrit et à des conditions d’emploi particulières, rassemblés au sein d’un tableau de composition de l’UMO. Ces choix

bénéficient à l’ensemble des formations du Service car ces produits sont intégrés dans un catalogue du SSA, et donc délivrables par un établissement de ravitaillement sanitaire des armées (ERSA). Les personnels du SSA ont ainsi accès à tous ces articles que ce soit en métropole, en outre-mer, à l’étranger ou en opérations extérieures. Il s’agit alors pour la plateforme achats-finances Santé d’identifier ou de mettre en place les supports contractuels nécessaires à l’acquisition


DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

de ces articles au bénéfice de tous les établissements du Service. Le choix est ainsi de conserver une logique d’ensemble « temps de paix-temps de crise », en offrant aux établissements en métropole les mêmes références que celles gérées pour les UMO, et ce, même si cela peut être interprété comme une baisse de performance économique ponctuelle pour un établissement dans son environnement particulier (comme les groupements hospitaliers de territoire), car c’est la performance globale du Service qui est ici recherchée. La chaîne du ravitaillement a la responsabilité de la constitution de la dotation technique de ces UMO, sous la forme d’ensembles complets, projetables et conditionnés dans des contenants adaptés en facilitant la manutention. Cet assemblage est partagé au sein de la chaîne entre l’établissement central des matériels (ECM) et les ERSA. L’ECM prépare le squelette de l’UMO en intégrant tous les constituants non pharmaceutiques. À ce stade, sont également garanties les opérations de maintenance préventive nécessaires au bon fonctionnement des appareils biomédicaux. Ce squelette est ensuite complété à partir des stocks en ERSA avec des articles pharmaceutiques pour aboutir à une UMO finalisée, prête à être mise à disposition. Les ERSA conditionnent ces UMO dans la perspective de répondre aux exigences attendues en termes

de transport (matières dangereuses notamment comme l’oxygène) et de douanes, tout en respectant les règles relatives aux produits de santé. Une fois constituées, les ERSA assurent l’entretien des UMO pendant leur stockage afin de toujours délivrer des articles avec une validité suffisante lors des déploiements, en effectuant le remplacement des produits avant leur péremption. Cet entretien est garanti par la gestion de stocks effectuée en établissement. En effet, le fait de bénéficier d’articles intégrés dans les catalogues du SSA permet une optimisation de la qualité des stocks détenus : les demandes honorées dans le cadre du service courant par les ERSA génèrent une rotation régulière des articles entreposés et le renouvellement des dates de péremption associées. L’application d’une politique de niveaux

de stocks de précaution et de crise offre en complément la résilience nécessaire au soutien des opérations dans la durée. Ce savoir-faire unique détenu par le Service intéresse également d’autres ministères dans le cadre de l’ouverture prônée par le modèle SSA 2020. Ainsi, le ravitaillement est mis à contribution par le ministère de l’Intérieur pour le soutien de certains de ses organismes, mais également dans la réponse qu’il souhaite apporter dans le cadre de la gestion de crise sur le territoire français. Les perspectives ouvertes par le soutien des armées à l’horizon 2030 confirment la nécessité pour le SSA de conserver la maîtrise de ces capacités d’ingénierie, de conception et d’assemblage autour des UMO pour répondre aux enjeux de demain. 

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DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

Le ravitaillement médical : perspectives à l’horizon 2030

L

es évolutions envisagées de la conflictualité et des modes d’action des forces armées pour la prochaine décennie amènent le SSA à engager une refonte complète de sa doctrine du soutien médical opérationnel, refonte en cours de définition pour atteindre l’ambition opérationnelle 2030. Le ravitaillement médical (RAVMED) est ainsi amené lui-aussi à repenser son organisation et son fonctionnement pour s’adapter à ce nouvel environnement militaire. Parallèlement, il devra se conformer aux standards « qualité » du domaine

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santé afin de garantir la meilleure prise en charge du blessé où qu’il se trouve. Sur le plan militaire, l’élément prépondérant est la révolution de l’engagement aéroterrestre marqué par une très grande mobilité dans des scenarii d’engagements majeurs face à des ennemis hybrides ou symétriques. Le corollaire pour le SSA est de s’adapter à cette mobilité, notamment au travers de l’allégement des unités médicales opérationnelles (UMO). A titre d’illustration, la nouvelle antenne de réanimation et de chirurgie

de sauvetage (ARCS) préfigure ce que devraient être les futures générations d’UMO amenant, pour le RAVMED, de nouvelles modalités de constitution avec augmentation des activités de déconditionnement et reconditionnement pour diminuer l’empreinte logistique. De facto, ces UMO perdront en autonomie, ce qui impose de revoir aussi les flux de réapprovisionnement. En terme d’organisation, ces nouveaux modes d’approvisionnement obligent à repenser l’échelonnement du RAVMED sur les théâtres, avec différents niveaux d’unités de distribution de produits de santé (UDPS) tels qu’une UDPS d’entrée de théâtre, qui réceptionnerait les flux d’entrée et les retours vers la métropole, une UDPS de division, avec une mission renforcée sur le flux reverse et des UDPS de brigade à l’avant, mobiles (potentiellement sur roues ?) et réactives. En effet, si le stock n’est pas présent dans l’unité déployée, ou seulement de manière limitée, alors il devra se trouver dans l’unité de soutien qu’est l’UDPS. La pratique actuelle du flux tiré (commande par l’échelon utilisateur) pourrait se voir remplacée par la pratique du flux poussé (déclenchement par l’arrière). Cette capacité d’approvisionner au plus près, à l’avant, avec un flux poussé au juste besoin, sans alourdir les structures, impose de mettre en place un système d’information permettant


DOSSIER : LE RAVITAILLEMENT SANITAIRE

une visibilité, en temps réel, sur les stocks dont chacun dispose, allant de la structure arrière de métropole jusqu’à l’utilisateur final (véhicule sanitaire, soignant…). L’utilisation de technologies modernes (internet des objets, RFID…) devrait permettre de mettre en œuvre cet espace collaboratif et connecté pour le partage d’informations (infocentre et infovalorisation). Parallèlement, ces technologies devraient aussi bénéficier au maintien en condition opérationnel des matériels par l’analyse prévisionnelle. La maintenance prédictive permet ainsi d’anticiper les défaillances avant qu’elles ne surviennent, en indiquant l’état des équipements et en détectant les signes avant-coureurs de pannes. De plus, pourraient être optimisées ainsi la gestion des stocks de pièces de rechanges, ainsi que la mobilisation

au bon moment et au bon endroit des techniciens de maintenance. Enfin, l’impression 3D pourrait renforcer l’efficience de la maintenance en évitant l’absence ou la gestion de stocks trop importants de pièces détachées sur les théâtres. En amont, au sein des établissements de ravitaillement de métropole voire des UDPS de l’arrière, devront être renforcées les capacités de production et accrue la rapidité de regénération des UMO. L’optimisation et la modernisation des établissements de métropole s’imposera pour suivre cette demande et l’arrivée de nouvelles technologies devrait permettre l’atteinte de cette performance : intelligence artificielle, automatisation, robotisation, drones d’inventaires, etc. Enfin, autre volet des enjeux du RAVMED de 2030, la valorisation complémentaire

qui devient un intrant budgétaire primordial. Les contraintes financières des dernières années ont amené le SSA à réfléchir à de nouveaux modes de financements extrabudgétaires et la composante du ravitaillement a débuté dès 2015 la conquête de financements alternatifs reposant principalement sur la vente de ses savoir-faire (contremesures médicales de la pharmacie centrale des armées, plasma lyophilisé du centre de transfusion sanguine des armées, dotations standardisées type UMO fabriquées par les établissements de ravitaillement sanitaire des armées, dispositifs d’optique de l’établissement central des matériels du SSA, droits d’accès sur des marchés publics passés par la plateforme achats finances santé, etc.). Dans un contexte économique difficile, ces actions de valorisation complémentaire associées à l’innovation devront vraisemblablement être poursuivies pour renforcer les capacités d’investissement de la composante. Ceci constitue également un défi pour l’avenir pour concilier l’accroissement d’activité prévisible dans la nouvelle ambition opérationnelle et l’augmentation du volet valorisation. L’ensemble de ces éléments constitue la base des études qui seront menées dans le nouveau projet de transformation qui vient de débuter « Adaptation de la chaine de ravitaillement sanitaire » pour l’horizon 2030.  Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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RESSOURCES HUMAINES

“ Un métier au service des autres, sans routine ” : le parcours de l’ICASP Aurélie

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urélie s’engage dans la Marine Nationale pour la spécialité d’infirmier en 1999. Diplômée d’Etat en 2002, elle choisit de servir dans les services médicaux embarqués de la force d’action navale à bord desquels elle participe à plusieurs opérations principalement au large de l’Afrique et au Moyen-Orient. Orientée ensuite vers l’encadrement, elle rejoint le service de cardiologie de l’HIA Ste-Anne en 2007. Diplômée cadre de santé et master 1 en éducation et formation en 2009, elle rallie l’EPPA de Toulon où elle exerce 5 ans en

qualité de cadre pédagogique. Elle sera ensuite affectée en unité de soins à l’HIA Ste Anne en médecine interne et dermatologie puis rejoindra à nouveau les forces en honorant le poste de cadre de santé, chef de la division RH de la CSS FAN. Promue cadre supérieur de santé, elle choisit de servir au sein du département de gestion des ressources humaines du SSA afin d’élargir ses compétences en gestion de personnel. Chef de section des métiers paramédicaux des « forces » et « autres établissements du SSA », elle souhaite désormais

Pourquoi avoir choisi de rejoindre l’armée et les forces ? « J’ai choisi de rejoindre l’armée et plus particulièrement la Marine Nationale pour 3 raisons. Premièrement, les armées portent et transmettent les valeurs qui ont été la base de mon éducation (bien que mes parents ne soient pas militaires). Ensuite, je souhaitais pour mon avenir, un métier au service des autres, sans routine : on peut dire que je suis exaucée ! Enfin, il faut avouer que les missions embarquées me faisaient rêver par la découverte du monde et le défi que peut représenter le soutien santé d’une unité en situation isolée. » Comment concilier une carrière professionnelle riche avec une vie de famille ? « J’ai rencontré mon mari juste après mon diplôme de cadre de santé. Lui sortait de l’école des chimistes et naviguait dans les sous-marins nucléaires d’attaque. Alors que nous attendions notre deuxième enfant, nous avons compris que

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réinvestir son expérience pour promouvoir les parcours professionnels dans le respect de la politique RH du SSA. L’infirmier cadre supérieur de santé paramédical (ICASP) Aurélie est décorée de la médaille de la défense nationale échelon argent, agrafes « bâtiments de combat » et « missions d’opérations extérieures », de la médaille outre-mer « République de Côte d’Ivoire », ainsi que de la médaille de la reconnaissance de la nation. Elle est mariée et mère de trois enfants. 

pour le bien-être et la stabilité de la famille, il nous faudrait opérer un choix. Il a fait le pari d’une deuxième carrière dans le privé. Depuis, nous sommes très épanouis et disponibles pour nos carrières. Nous arrivons à nous relayer et nous soutenir dans nos projets professionnels que nous réalisons chacun à notre tour. » Forces, hôpital et administratif. Certains choisissent d’effectuer leur carrière dans un seul domaine, vous avez fait les trois. Quelles ont été vos motivations ? « C’est conseillée par mes gestionnaires et ma hiérarchie que j’ai fait le choix d’exercer successivement dans les domaines de la pédagogie, de l’hospitalier, des forces et en administration centrale. Je suis convaincue que ce sont ces passerelles qui ont enrichi mon parcours professionnel et qui font de moi un professionnel accompli. Et c’est bien cette richesse de parcours qui fait à mon sens la richesse du service de santé des armées. »


RESSOURCES HUMAINES

Rentrée 2020 à l’École de Guerre pour le Commissaire Principal Estelle

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itulaire d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en droit, Estelle B. intègre l’École Militaire du Corps technique et Administratif (EMCTA) filière santé en 2004. Après 2 années de formation à St-Cyr Coëtquidan et à l’École du Val-de-Grâce, elle choisit de servir au sein de l’École de santé des Armées de Lyon-Bron. Elle rejoint ensuite l’équipe des OCTA de l’HIA Desgenettes au service contrôle de gestion et contrôle interne. Ses missions extérieures lui

permettent d’appréhender le cœur du soutien administratif opérationnel où chaque maillon de la chaîne se montre indispensable. C’est notamment à Kaboul en 2009 qu’elle trouve les facettes du métier qu’elle cherchait en s’engageant au sein de l’armée française : servir sous l‘uniforme pour des causes justes. Elle ressent ce même sentiment en 2016 au sein de la DICOM des Forces françaises en Côte d’Ivoire où elle est affectée pour la première fois au sein du Commissariat

depuis son intégration dans le corps en 2014. Elle y découvre le fonctionnement d’un Groupement de Soutien dans un contexte sécuritaire tendu avec le soutien d’une Base Opérationnelle Avancée de Barkhane. Depuis 2016, elle occupe le poste de chef de la section de contrôle de gestion de la sous-direction RH puis du Département de Gestion RH du SSA depuis la mise en œuvre de la nouvelle gouvernance. 

Qu’est-ce qui vous a amené à passer le concours de l’École de Guerre ? Dans la carrière des commissaires, l’enseignement militaire supérieur (EMS) tient une grande place et permet de se préparer à l’exercice de fonctions supérieures. La phase de préparation au concours de l’EMS 2 est une remise en question de soi mais surtout une possibilité d’envisager les connaissances du domaine militaire dans un champ plus large que le travail du quotidien. Dans la perspective de dynamiser mon parcours de commissaire, je me suis inscrite dès que j’en ai eu la possibilité dans la préparation. Comment s’articule le concours et à quelles difficultés avez-vous du faire face ? Le concours est organisé en deux épreuves écrites constituant les épreuves d’admissibilité et en quatre épreuves orales pour l’admission. La préparation demande un investissement personnel et familial conséquent mais aussi un soutien de l’environnement professionnel. Il a été difficile pour moi de réussir à concilier en permanence ces trois volets. Mais ce qui a également été compliqué était de s’acculturer au milieu du commissariat et d’envisager son positionnement avec de la hauteur. En tant que commissaire des armées, quelles portes s’ouvrent à vous désormais ? J’espère pouvoir occuper un poste au sein du commissariat en sortie École de Guerre. Cela me permettrait d’envisager des modalités de fonctionnement différentes de celles que j’ai pu observer au sein du SSA. Mais je ne suis pas focalisée sur un poste en particulier parce que l’institution nous permet toujours de changer et propose des choses auxquelles nous n’aurions jamais pensé. Actu Santé n° 156 • Hiver 2020

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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Faculté des sciences médicales et paramédicales de Marseille

Module optionnel de médecine militaire destiné aux étudiants civils Le 24 octobre 2019 ont débuté les premiers cours de l’unité d’enseignement optionnelle « Médecine des forces armées » (UEOMFA) au sein de la faculté des sciences médicales et paramédicales de Marseille. Cet enseignement est un exemple d’ouverture du 10e CMA au monde universitaire régional de la santé depuis 2015.

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ette UEO-MFA est organisée au profit des étudiants civils marseillais de 3 e année de médecine, sous couvert d’une convention signée entre l’université d’AixMarseille, représentée par le Doyen de la faculté de médecine, et l’État, représenté par le commandant du 10e CMA. L’objectif principal de cette UEO est de proposer aux étudiants un socle commun de connaissances sur le service de santé des armées (SSA), dont tout médecin civil est susceptible de côtoyer un représentant, aussi bien au cours de son cursus de formation (stages hospitaliers en HIA ou de médecine générale en CMA) que dans sa pratique professionnelle future (contrat de réserviste ou d’officier

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sous contrat, groupe de pairs ou enseignements post-universitaires avec des praticiens du SSA, maître de stage des universités recevant un interne des hôpitaux des armées…). Le volume horaire de 36 heures s’articule autour des thèmes « métiers » des médecins des armées intégrant aussi bien le quotidien des médecins des forces dans les différentes armées et milieux (aéronautique, plongée, montagne, sous-marins, NRBC, pompiers, parachutistes …) que le large panorama des missions en « OPEX » (du Role 1 au Role 3 en passant par le sauvetage au combat). Les enseignements dispensés, quatre heures hebdomadaires, par des médecins des armées des CMA,

du bataillon des marins pompiers de Marseille, du CESPA, de la FAN et des hôpitaux d’instruction des armées de la région sud-est, rassemblent plus de 80 étudiants civils cette année. Deux visites très appréciées ont plongé les « carabins » de Marseille dans l’univers de la Marine nationale, le 31 octobre 2019 à bord du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle et le 28 novembre au Bataillon des marins pompiers de Marseille. Devant le succès rencontré depuis 5 ans, cet enseignement est appelé à se pérenniser et à s’étendre à d’autres cycles d’étudiants en médecine voire à d’autres catégories de professionnels de santé du la région Sud-Est.  LC ® L.PAPILLAUT des CHARBONNERIES 10e CMA - Marseille


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Liens entre espace et service de santé des armées. Conférence à l’Académie nationale de médecine

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e mardi 17 décembre, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées a prononcé une conférence en séance solennelle à l’ Académie nationale de médecine à Paris portant sur les liens entre espace et service de santé des armées (SSA).

est gravée au fronton des règles d’or de la médecine aéronautique et spatiale : il faut respecter la sécurité des vols, se prémunir d’une incapacité subite ou plus subtile en vol, consolider la capacité de voler dans toutes les conditions, nominales ou dégradées et préserver à court et à long terme la santé du navigant. »

Après avoir décrit l’espace comme un domaine stratégique aux nombreux défis, la Directrice centrale est revenue sur l’expérience historique et unique du SSA en matière de prévention aéronautique et de règles de sélection des spationautes. « La santé du pilote

En 11 ans, de 1979 à 1998, « treize spationautes seront ainsi sélectionnés par des experts du SSA, en collaboration avec l’Institut de médecine et de physiologie spatiale (MEDES). Neuf spationautes réaliseront 13 missions et cumuleront 432 jours, 4 heures

et 25 minutes dans l’espace avec 5 sorties extravéhiculaires ». La dernière collaboration entre le SSA, le CNES et le MEDES date de 2008 et désigne un Français, Thomas PESQUET, pour réaliser un voyage dans l’espace. À la fin de son intervention, la Directrice centrale est revenue sur les nouveaux enjeux de la conquête spatiale qui impliquent des ajustements dans le parcours de préparation et de soutien médical des futurs spationautes qui doit notamment prendre en compte la dimension psychologique. »

©MC(r) Durrieu Jean-Philippe

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Troisième Rencontre Santé CiviloMilitaire du Sud-Ouest La santé en milieu sous-dense, regards croisés

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a 3e édition des RSCMSO s’est déroulée sur le campus de l’université de Bordeaux au sein de l’UFR d’odontologie. Réalisée conjointement par le collège des sciences de la santé de l’université de Bordeaux et le service de santé des armées, cette journée a bénéficié du partenariat de l’ARS-Nouvelle Aquitaine (ARS-NA), de l’ordre des médecins de la Gironde et de la fondation Bordeaux Université. Elle a été animée par des experts du monde civil, des universitaires-hospitaliers et des experts du SSA de la médecine des forces et de la chaîne hospitalière. Ouverte aux étudiants, elle a permis de leur présenter un shelter « odonto » et un poste médical avancé SSA, supports de la qualité des soins en milieu isolé dispensés par le Service. La journée s’est composée de trois conférences-débats. La 1ère sur l’organisation des soins en milieu sous-dense a permis aux experts du Service d’expliquer la nécessité de couvrir tous les théâtres et de faire face à des extensions considérables qui impliquent le soutien permanent de petites unités isolées, au plus près des combattants. Les solutions à apporter tant pour le monde civil que militaire à cette problématique passe notamment par un rôle renforcé de l’infirmier en pratiques avancées et un recours accru aux internistes pour réaliser le 1er diagnostic et tri des patients.

La 2nde dédiée à l’organisation des premiers secours et à la gestion de l’urgence médicale en milieu sous dense a permis d’aborder l’exportation du « damage control et du mass casualty » du monde militaire au monde civil. Le Service applique doctrine de la médecine de l’avant dans laquelle les avantages du PECC (patient evacuation control center), la formation spécifique à la médecine d’armées et au secours

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au combat ainsi que la redéfinition des compétences et du rôle des auxiliaires sanitaires prennent tout leur sens. Enfin, la dernière portait sur l’apport de l’évolution des systèmes d’information en milieu sous-dense. En effet, les innovations et les nouvelles technologies peuvent contribuer à améliorer les contraintes de ce milieu par la télémédecine associée à l’intelligence artificielle et par la surveillance épidémiologique en temps réel. Le SSA mise sur le projet CMA numérique, AXONE - outil facilitant et sécurisant les pratiques relatives à l’activité médico-militaire interopérable avec les réseaux santé civils - qui intègre les possibilités de téléassistance et de télé-expertise. Cette rencontre a permis d’envisager des possibilités communes d’appréhender les milieux santé sous denses et a confirmé l’importance de cette manifestation annuelle comme support de facilitation des rapports et du rapprochement des communautés civile et militaire de la santé. 


ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Baptême de la promotion 2018 de l’ESA

Cette cérémonie qui marque leur passage au grade d’aspirant médecin/ pharmacien, à la suite de leur réussite au concours de première année de médecine (PACES), s’est déroulée en présence de leur famille, des cadres et des élèves des écoles rassemblés pour ce moment important.

Genoux à terre, les élèves ont reçu leur nom de promotion : médecin colonel Henri Fruchaud. Ils ont choisi ce nom en hommage au courage du militaire médecin. Étudiant en médecine au début de la Première Guerre mondiale, il s’est illustré lors des plus grandes batailles du conflit, a terminé ses études pendant l’entre-deux guerres, s’est engagé comme chirurgien dans les forces françaises libres et a participé aux campagnes d’Afrique et du Moyen-Orient. « L’héritage que vous recevez de votre parrain est celui de la médecine militaire dans chacun de ses aspects : l’adhésion sans limites à la communauté

militaire, en acceptant autant les risques qu’elles encourent que les objectifs qu’elle poursuit, l’adaptation à un contexte dur, jamais choisi, toujours changeant, pour développer et assumer une pratique originale et performante et la nécessité de ne jamais oublier les leçons chèrement apprises » a déclaré le Médecin général Ausset, commandant les EMSLB. Comme le veut la tradition, le fanion a été transmis au major de promotion par la famille du parrain, très émue de participer à cet hommage. 

©CMP-EMLSB

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e samedi 5 octobre 2019 aux écoles militaires de santé de Lyon Bron (EMSLB), 106 élèves médecins et pharmaciens de 2 e année ont été baptisés au cours d’une cérémonie militaire présidée par la médecin général des armées, Maryline Gygax Généro, directrice centrale du SSA.

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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

L’HIA LAVERAN primé pour la réalisation de son poster “ Chaîne de soutien global du militaire blessé de guerre ”

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’HIA Laveran a été mis à l’honneur le mardi 03 décembre aux journées internationales de la qualité hospitalière et des soins pour le poster « Chaîne de soutien global du militaire blessé de guerre », réalisé par la CRC2(R) CHERE Elisabeth et l’InfCaSSP(R) FERNANDEZ Nicole. Le Professeur FABRY Jacques, rédacteur en chef de la revue « Risques et qualité en milieu de soins », épidémiologiste et professeur en santé publique a souhaité, au travers de ce prix, valoriser le travail de prise en charge des patients militaires. Ce poster primé met à l’honneur le service de santé des armées et sa mission première de prise en charge du blessé de guerre. Il valorise la chaîne hospitalière auprès des autorités militaires et civiles à travers la coordination et l’optimisation de la prise en charge des patients militaires. Lors des JIQHS, 8 posters ont été présentés par le SSA sur les 28 travaux exposés dont : • 1 poster de l’HIA Begin sur « L’Évaluation des Pratiques Professionnelles paramédicale d’hémodialyse en réanimation : un moteur d’innovation ». • 1 poster de l’HIA Clermont Tonnerre sur l’ « adaptation du parcours « prise en charge au bloc opératoire » pour l’inclusion des patients souffrant d’un handicap ». • 5 posters de l’HIA Laveran sur : - « La pertinence de l’utilisation des matelas à air dynamique dans la prévention et le traitement ». - « La pertinence de l’utilisation des matelas à air dynamique dans la prévention et le traitement des escarres ». - « L’identito-vigilance : Apprendre en s’amusant ». - « GFACE : Groupe de formation et d’avis en cicatrisation et en escarre ». - « Impression 3D : Apport de l’impression en trois dimensions dans la prise en charge des patients de chirurgie maxillo-faciale ». • 1 poster de la Direction des hôpitaux sur le « patient traceur : La place de la parole du patient et le rôle du représentant des usagers 2014-2019 ». L’ensemble de la chaîne hospitalière du service de santé des armées, par ses travaux, marque toute sa considération sur la qualité et la sécurité des soins dispensés à sa patientèle militaire et civile.

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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Cérémonie de clôture ULTRAOPS : mort de la e é l l Va °C. 56,7 aleur absolu à h c esuré rd de Reco llement m lobe e g offici rface du la su

Le 27 novembre dernier, s’est déroulée la cérémonie de clôture du projet ULTRAOPS 2019, en présence de la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées au sein du Centre de Transfusion Sanguine des Armées à Clamart.

En septembre dernier, suite à une cérémonie franco-américaine de commémoration des attentats de 2001, le sergent Vincent et son équipe ont décidé de relever un défi : la traversée de la Vallée de la mort aux États-Unis. Après quatorze jours, et 309 kilomètres parcourus, c’est un véritable exploit que ces sept blessés militaires ont accompli. Ce challenge, mené par l’association reconnue d’utilité publique “Ultra-Parcours Blessé Militaire”, avait pour objectif de soutenir le CTSA et notamment, d’encourager le don du sang. Dans le cadre de ce défi, une cagnotte en ligne a été mise en place. Celle-ci a permis de récolter plus de 6000 euros. Le soutien d’Ultraops » honore le CTSA qui œuvre pour chaque blessé et assure à chaque patient transfusé une prise en charge 24h/24, dans nos hôpitaux, en mer et en opération.

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ÇA S’EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT

Instantanés 2019 La Journée nationale des blessés du service de santé et de leurs familles (JNBSSA)

La Journée nationale des blessés de l’armée de Terre (JNBAT) Ultraops

Trophée de la Garde nationale 14 Juillet 2019 Baptême de promotion de l’ESA

UED (Université d’été de la défense)

Lancement du nouveau site web de recrutement de médecins militaires

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Hommage à Marc Laycuras

Inauguration de l’ARCS (Antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage) Visites de la Directrice centrale du service de santé des armées sur Barkhane


AGENDA

Un memento habillement pour le SSA

« Depuis août 2019, les militaires du SSA bénéficient d’un mémento habillement ! Celuici a vocation à offrir une vision aux personnels militaires gérés par le Service de santé des armées (SSA) des tenues en vigueur ainsi que leur cadre d’emploi (service courant, cérémonie, prise d’armes, exercices, etc.). Pour chaque tenue de circonstance, il est ainsi offert de se référer à un support à la fois visuel et à la liste détaillée des effets le composant. Un focus particulier est apportée en terme d’utilisation des accessoires et insignes portées au sein du SSA. Ce guide est évolutif est fera l’objet d’une communication aux directions de chaînes. »

A retenir :

Salons grand public à venir : SECOURS EXPO

19-21 mars 2020 Porte de Versailles

SALON DU LIVRE

20-23 mars 2020 Porte de Versailles

SANTÉ EXPO

26-28 mai 2020 Porte de Versailles

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CHANCELLERIE

Chancellerie Ordre national du mérite Commandeur Ordre du mérite agricole

Officier

1

1

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Officier Chevalier

2

Médaille de la défense nationale argent

29

Médaille des blessés de guerre

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Médaille d’honneur du service de santé des armées

Argent

Bronze

24

Médaille de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif bronze Récompense travaux scientifiques ou techniques du SSA Citation avec croix de la valeur militaire Citation sans croix simple

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Lettre de félicitations

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Vermeil

11

Citation avec MODN

Témoignage de satisfaction

34

Chevalier

54

13

193

1

Argent

12

Bronze

16


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